Décision finale

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Suspendue pour un temps indéterminée. Autant dire, qu'à partir de maintenant, Ema était aussi utile qu'un vendeur de babouches à Suna. Cette punition pouvait être compréhensible, cependant, Ogami n'avait même pas pris la peine de la comprendre ou d'avoir des explications. Il l'avait juste puni, sans savoir de quoi relevait ses actions. Peu importe, Ogami n'avait jamais pensé plus loin que le bout de son nez. Tout du moins, c'était ce qu'elle pensait à présent. Avec un peu de chance, il n'irait pas raconté à Isnajh qui avait réellement tué Aare. Il ne manquerait plus que ça...

La Kunoichi s'était donc rendu dans la maison familiale qui appartenait à son mari. Pour son plus grand bonheur, elle n'était ni suivie, ni escortée, ni surveillée. Mais il était clair que les gardes en charge de la surveillance des murs de Suna ne la laisseraient pas passer. Bien que jeune dans ses fonctions, Ogami était respecté.

Pour le moment, tout ce qu'elle avait en tête était de s'enfuir de Suna. Elle ne pourrait jamais suivre un leader comme Ogami qui n'avait rien fait pour son Senseï et Kazekage, autre que punir sa femme pour l'avoir cherché et aidé, ou encore l'exil, mais ne radotons pas. Le seul soucis dans son envie de déserter était Kibō. De lui dépendait la manière dont Ema allait quitter son village natal, mais également la manière dont elle allait rendre visite à son fils.

Elle l'attendait avec une patience inconnue à la Kunoichi jusqu'à présent. Assise dans le sofa de son salon, elle était assise, les bras croises sur ses jambes, dont l'une passait au-dessus de l'autre, tenant un livre de sa main gauche.

Elle avait élaboré plusieurs plans pouvaient la conduire hors de Suna, mais Kibō restait la clé de tous ces plans. S'il refusait, elle n'aurait pas d'autre choix que d'aller tenter une approche directe, ce qu'elle n'avait absolument pas envie de faire. Elle savait déjà pertinemment qu'elle devait lui mentir, mais cela lui importait peu. Si elle devait devenir plus forte, ce n'était pas en restant dans ce village meurtri qui n'avançait pas. Entre Tetsui qui n'était plus là pour sa meilleure amie, Ogami qu'elle ne supportait plus et son indifférence total envers son mari en lequel elle n'avait plus confiance, le constat était pathétique. Yami était toujours en vie, cette personne était d'une grande puissance et avait pu abandonner son amour et ses sentiments pour acquérir du pouvoir. C'était cette personne qu'Ema devait joindre, par n'importe quel moyen.

L'approche serait culottée, mais Ema s'enfichait royalement. Elle avait déjà perdu tout ce en quoi elle espérait. Satomu ? Pour Ema, elle l'avait déjà perdu en l'abandonnant contre son gré à la Nation à laquelle ils faisaient la guerre depuis si longtemps. Quant à Kibō, oser lui voler son fils... Rien ne la retenait, et surtout pour le gouvernement Sunajin actuel.

En parlant de gouvernement... Kibō allait-il reprendre sa place... ? Même si cela paraissait stupide, si Kibō devenait Kage ou Daymio, Ema jouerait de cette position pour en tirer le plus d'avantages possibles.

Tournant la page de son livre, une bourrasque de vent en fit virevolter une dizaine de plus. Kibō venait d'arriver. Levant son regard vers son mari, son visage sans émotion tira un sourire neutre en sa direction.

« Des bonnes nouvelles de la Capitale ? » fit-elle, fermant son livre sur ses cuisses.

Je venais de terminer mon restaurant avec Ogami. Nous avions fêté sa nomination. Je lui devais bien ça, il était mon élève après tout, j’étais fier de lui et heureux, mais ma situation neutralisait cette joie. Je me téléportais chez moi, après avoir passé une éternité hors de ma demeure, depuis combien de temps vagabondais-je ailleurs ?

Je surpris Ema en train de lire tranquillement sur le canapé. Elle avait bien pris la décision de notre nouvelle Ombre. Le Toshiro m’avait tout expliqué et je trouvais que mon épouse s’en sortait bien, enfin, elle m’avait sauvé, mais sa punition n’était pas cruelle. Elle était simplement suspendue pour une durée déterminée, mais cela pouvait être bénéfique, elle pouvait désormais se reposer après toutes ces aventures.

— Oui, Ogami est devenu Hachidaime Kazekage.
Il s’agissait d’une bonne nouvelle, mais malheureusement, il y en avait une mauvaise. Je ne parvenais pas à imaginer la réaction de ma femme après ce que j’allais lui annoncer. Je pris le temps de m’asseoir sur un fauteuil à côté d’elle. Je me frottais le menton, je ne savais pas comment attaquer le sujet, cette blessure était encore trop fraiche pour en parler tranquillement.

— Je devais être élu Daimyo de Kaze no Kuni, mais… Les hautes instances de Kaze ont voté le Chambellan.
Je n’étais qu’un simple Jônin dorénavant. Mon poing se resserra, je voulais tout fracasser, quelle déception. Plus j’avançais et plus j’avais l’impression de reculer. Je devais à nouveau gravir une montagne pour retrouver ma gloire d’antan et l’image que j’avais forgée de l’ancien Kibō. Je n’étais plus que l’ombre de moi-même. Je plongeais ma tête entre mes mains, le regard contre le sol.

— Pourquoi moi, qu’ai-je fait pour mériter ça ?
Me questionnais-je à basse voix. J’avais sûrement commis une erreur quelque part pour que le destin s’abatte ainsi sur moi. Le pire, était que j’entrainais ma famille avec moi dans cette descente en enfer. Ema était la seule sur qui je pouvais compter et elle me haïssait pour avoir laissé notre fils à Miko. Il me fallait du repos pour encaisser tous les récents évènements. Je devais me ressaisir, sinon j’allais vraiment mal finir.

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Les nouvelles de la nomination avait en effet déjà parcourut Suna. C'est donc sans grande surprise qu'Ema constata l'échec de son mari quant à sa nomination de Daimyo. Ses chances de regagner son trône étaient infimes en de telles circonstances, étant donné qu'Ema également avait à présent cette image de paria collée à la peau. Le fait de savoir Ogami Kazekage la répugnait au plus haut point. Il n'avait pas l'étoffe d'un leader, ou peut-être que si, seulement, Ema ne le respecterait jamais. Il l'avait bien trop déçu en si peu de temps.

Kibō était différent à présent. Il ne montrait plus sa fierté et sa force. Il était brisé. À lui aussi, on avait tout enlevé. Peut-être que cette pensée amènerait la Kunoichi à le pardonner plus rapidement qu'elle ne se l'était imaginée.

La jeune femme se leva doucement, posant le livre sur la table devant elle, puis s'avança jusqu'à hauteur de son mari. Ce n'était pas le moment de le lâcher, mais pourtant, elle ne pouvait plus supporter cette vie. Ils étaient tous deux répugnés de Suna, haïs de Kaze et répudiés de l'ordre Shinobi. Bien qu'il était Nanadaime Kazekage et Jônin, il semblait plus être redevenu un Shinobi lambda qu'une Ombre ayant fait monts et merveilles pour sa patrie. Ogami n'aidait en rien, lui qui avait si subtilement volé la place de son ancien Maître. Ema n'arriverait jamais à jouer les bonnes Kunoichi après tout ce qui était arrivée. Son respect pour cette Nation s'était envolée au moment où elle s'est fait renvoyée à Ki, une promotion qui avait eu l'air plus d'une punition et d'une éviction.

Regardant son mari dans les yeux, lui relevant la tête en prenant doucement son menton entre ses mains douces, elle lui sourit.

« Nous savons tous les deux qu'ils te sous-estiment tous. Tu ne mérites rien de ce qui t'arrive et tu le sais aussi bien que moi. Ta place est aux commandes de Suna. »

Lâchant son menton, la jeune femme continua, perturbée par le manque flagrant d'un petit bambin dans ses pattes.

« Aucun membre de cette si grande Suna n'est venu à ta rescousse. Tu es le dommage collatéral de l'incompétence de ton Bras Droit, de tes subordonnés, de moi, qui n'ont rien vu de ta descente aux enfers. »

Bien qu'elle le haïssait toujours de lui avoir volé son fils, cette émotion n'était absolument pas palpable. Elle était calme, posée, incroyablement reposante. Elle n'était ni pressée, ni énervée, ni déçue.

« Et c'est à cause de nous que tu vas devoir affronter seul ce qui t'arrive à présent. »

Oui, seul. Allait-il remarquer ce subtil mot qui allait changer la tournure de la conversation ? Ema était décidée à partir, bien qu'à présent, l'idée de le quitter la répugnait. Mais la présente réputation de la Kunoichi n'allait pas en faveur de son homme, bien qu'en le quittant, les gens parleraient encore plus. Cependant, malgré son évidente envie de quitter le village, savoir qu'elle devrait abandonner son mari dans cet état devenait plus difficile encore. Elle avait encore en tête l'abandon forcé de son fils, mais en voyant l'homme qu'elle aimait toujours, malgré les circonstances, être ainsi dépossédés de ses moyen était quasiment insupportable. Sachant qu'en plus, laisser Satomu devenait bien plus logique à présent. Ema percevait Suna comme une entité hostile aux Matsunos, chose qu'elle ne s'était jamais imaginée dans les pires de ses cauchemars.

Mais son manque de sentiments et d'émotions prenaient le pas sur l'ancienne Ema naïve et amoureuse qui s'imaginait la vie en rose. Satomu n'était plus là, par le peu de confiance que son mari lui avait accordé. Lui qui avait tant défendu Konoha pour leur laisser Satomu, argumentant que Suna n'était pas une place sécurisée pour leur enfant, pourquoi s'obstinait-il à rester dans ce Pays qui n'arrivait même pas à voir sa valeur ? Toutes ces actions passées n'étaient que manipulations, si Ema avait pu le comprendre, pourquoi pas le monde entier. Elle avait perdu son meilleur ami et son propre fils dans cette histoire, elle était la meilleure placée pour jauger d'une telle décision, non ?

« Ogami m'a suspendu de mes fonctions. »

La Kunoichi s'enfichait de l'avis sur la question, elle devait simplement transmettre cette information à son mari afin de savoir s'il était déjà au courant de cette mise à pieds et des détails qui la suivaient. S'il ne les connaissait pas, elle aurait peut-être sa chance...

Heureusement, elle était là. Elle représentait ma seule source de motivation maintenant que Satomu n’était plus à nos côtés. Grâce à elle, j’avais évité de sombrer à plusieurs reprises et l’histoire se répétait, malgré les décisions prisent seul et qui avaient blessé ma femme. Au fond, elle savait très bien que je le faisais pour le bien de notre famille. Notre retour à Kaze lui avait sans doute ouvert les yeux, n’avait-elle pas vu les regards noirs des villageois ? Nous étions traités comme des parias par ceux qui ne nous connaissaient pas et ils n’auraient pas hésité à s’en prendre à notre fils.

Ses mots me firent chaud au cœur, mais le village venait de trouver une Ombre sans passé flou. Ogami était l’homme parfait à la tête de Suna, aucune erreur, il n’avait jamais quitté le village, il était prédestiné, contrairement à moi. Cependant, elle avait raison sur un point et je n’avais aucun argument pour la contredire, personne au village n’avait tenté de me sauver alors que j’étais toujours le Kazekage, j’avais eu de la peine à accepter cette vérité, mais je m’en étais fait une raison, je n’étais pas respecté, alors ils m’avaient laissé seul. C’était moi qui avait échoué et non pas eux.

— Je suis le seul responsable, si le peuple m’avait aimé, ils seraient venus me sauver. Je ne me méritais peut-être pas ma place de Kazekage.
Et oui, j’allais à nouveau devoir me battre seul pour regagner la confiance et me faire respecter par les Kazejins. Mon épouse n’allait pas pouvoir m’aider dans cette tâche, enfin, j’avais besoin de son soutien moral, j’avais besoin de la voir, de lui parler pour aller de l’avant sans m’écarter du droit chemin. Elle était l’unique attache qui me tenait lié à la lumière. J’avais encore Satomu, mais je ne pouvais pas le voir ou du moins très rarement. Ogami pouvait également être un point de repère, mais cela allait dépendre de son comportement et de ses décisions.

Ema m’annonça être suspendu de ses fonctions et je le savais. Le Toshiro m’en avait parlé juste avant que je ne rentre. Il devait y avoir punition pour les gestes de la Kunoichi et la décision fut raisonnable, mais je ne savais pas comment elle l’avait pris.

— Ogami me l’a dit. La peine te convient ? Je pense que tu peux t’estimer heureuse, cela aurait pu être bien pire, non ?
Il y avait une autre question que je voulais lui poser, elle était plus délicate. Ema n’avait jamais dû vivre avec de tels regards sur elle, on la voyait comme une traitresse, elle était la femme de celui qui avait déclenché la guerre.

— On ne te regarde pas trop mal dans la rue ?
Nous devions ignorer ces personnes, cela n’allait pas être chose aisée, mais nous devions le faire si nous voulions être pardonné au plus vite.

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Le fait de savoir que Kibō s'imaginait être le seul fautif la déstabilisait et l'énervait. Cependant, les sentiments qu'elle pouvait ressentir n'avait aucun intérêt à ce moment, il pensait et agissait comme il l'entendait. Il avait toujours été comme ça, un bon petit soldat pour Suna. C'était indéniable. La Kunoichi aussi, il y a quelques temps.

« Le peuple t'a élu au poste de Kazekage. » fit-elle en regardant avec lassitude son mari se plaindre.

« Que veux-tu de plus pour te prouver ta valeur. Et même si ce n'était pas le cas, tu n'as besoin de personne pour te dire ce que tu vaux ou non. »

C'était éreintant de le consoler, sachant qu'elle ne faisait que ça pour la forme. Satomu lui manquait et c'était de sa faute. Tetsui lui manquait et c'était la faute de l'incompétence d'Ogami. C'était un festival de la déception qui se propageait à Suna comme une bouchée de pain entre trois clochards. Les mots suivant agacèrent Ema.

« Si ma peine me convient ? Oh oui, j'adore ne rien faire, surtout maintenant que je n'ai plus mon enfant. Je peux lire des livres sur les stratégies de combat, sans pratiquer, imagine le bonheur. » répondit-elle avec une toute petite pointe de sarcasme.

« Oh oui, ça aurait pu être bien pire. Après tout, je suis partie sauver la vie du Nanadaime Kazekage en mettant uniquement ma vie en péril pour le bien du Village, parce que l'incapacité de Suna à protéger les siens est une plaie purulente que personne n'arrive à soigner. » fit-elle, amère en repensant encore et toujours à Tetsui ou Arashi.

« Ogami a joué de ses relations pour ne pas que je finisse en cellule. Imagine ce que j'aurai eu si tu n'étais pas revenu en vie. » dit-elle avec ironie.

Ema avait changé, il pouvait le remarquer. Le respect de ses supérieurs s'était envolé en même temps que son respect pour son ami Ogami. La jeune femme s'en alla prendre un verre d'eau dans la cuisine, restant attentive aux paroles de son mari.

« Cela fait un an que je vis avec le regard en colère et haineux des civils et des militaires. Je crois que rajouter à ça une probable traîtrise ou une désertion pour sauver le Nanadaime fou ne va pas changer grand chose à ma vie. » finit-elle avec un sourire faux.

« Mais je te remercie de te soucier de moi. »

La jeune femme finit son verre d'eau en quelques gorgées.

« J'ai décidé de te léguer le Marteau. Je ne l'utilise que très peu et je ne me sens pas à l'aise avec. Et ça t'évitera de redire que tu ne mérites la confiance de ton peuple. »

Près du canapé, la jeune femme prit des papiers qui semblaient avoir une certaine valeur.

« Je suis au courant que tu as décidé de payer ta rançon à Miko. Et je sais que tu n'as pas l'argent nécessaire, donc que tu vas vendre cette maison pour la payer. »

La jeune femme tendit les papiers au jeune homme, puis continua.

« Je t'ai ajouté comme co-propriétaire de ma maison, en sachant pertinemment que tu n'accepteras pas mon argent. C'est non négociable. » fit-elle, lançant un regard dur sur son mari. Si cela ne lui rappelait pas une certaine conversation au sujet d'une certaine liste, il avait vraiment la mémoire courte.

Il était certain qu'elle le haïssait encore, mais son amour pour lui était toujours présent. Elle allait partir, elle se devait de lui donner tous les avantages possibles pour qu'il continue sans elle, du moins temporairement. Elle n'avait aucune volonté de quitter son mari, de l'abandonner, ce qu'elle abandonnait était une Nation qui n'en avait que faire de ses hommes.

« Et toi, tu penses que ça va aller ? Maintenant que tu as conscience de tes actes passés, tu penses survivre seul face à ses regards ? » demanda-t-elle, se rasseyant dans le canapé, lui incitant à en faire de même.

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