Je regardai vaguement par la fenêtre de ma chambre d’hôpital, m’ennuyant à mourir. Un magazine sur les différents types de katana reposait sur mes genoux, terminé depuis au moins deux heures. Raaaahhh !! Je m’ennuyai tellement ! Une chose à retenir de cet examen, toujours éviter au mieux de se blesser. Car non seulement, on souffrait tout d’abord le martyr, mais en plus on devait ensuite rester immobile pendant plusieurs jours. Et cela ne passait absolument pas avec moi. Je ne pouvais pas rester sans courir pendant plusieurs jours.

Ça faisait maintenant deux jours que j’étais cloîtrée ici à cause de mon pied et je devais encore rester ici cinq jours. Ensuite, il faudrait encore attendre un mois pour que je puisse reprendre un rythme d’activité normal. Déjà je sentais mon envie de courir se faire ressentir, alors que mon pied était bien enfermé dans son plâtre. Selon les docteurs, j’avais de la chance de ne pas avoir de séquelles après avoir traîné cette blessure pendant plusieurs jours sans soins adaptés.

Je tapai nerveusement mes doigts sur ma couverture, mon regard allant de la fenêtre à la porte, faisant des aller-retour réguliers. L’inactivité n’était pas ma seule préoccupation. Après tout ce temps écoulé, je me doutai que ma mère n’allait pas tarder à faire irruption dans la pièce pour me rappeler à quel point je n’étais pas faite pour ce métier et bla bla bla… Et franchement, après le coup qu’elle m’avait fait après mon entraînement avec Shizu, je ne pourrais plus supporter une seule des ses remarques. Cela faisait d’ailleurs un petit moment que je songeai à déménager pour vivre seule.

J’avais vraiment envie de sortir de cet espace confiné. Ne serait-ce que pour quelques minutes, voire heures. Ce n’était pas cela qui allait aggraver ma blessure, vu que j’étais dans le plâtre. Prenant ma décision ( j’en avais ras le bol de rester immobile), je me relevai doucement du lit, et en sortis. Je pris les béquilles qui étaient posées près de mon lit, et entrepris le court chemin jusqu’à la fenêtre, que j’ouvris rapidement. C'est une très mauvaise idée louveteau. J’ignorai le commentaire de ma louve, alors que je m’apprêtai à enjamber la fenêtre (je n’étais qu’au premier étage). Jusqu’à ce que j’entende des pas derrière ma porte et que celle-ci s’ouvre subitement.

Voilà maintenant à peine deux jours que l’examen chuunin s’était terminé. Que j’ai réussi ou pas, mes parents étaient très contents et fiers que je sois allée jusqu’à la fin des trois épreuves. Cela avait été une très bonne expérience pour moi, c’était tout de même la première fois que je me retrouvais dans des situations réelles. La deuxième avait été particulièrement épuisante, non, éprouvante était plus le mot. Près d’une semaine dans un labyrinthe plongé dans le noir, avec des bestioles plus agressives les unes que les autres, si on m’avait dit que je la réussirai, j’aurai eu de grands doutes.

Malheureusement, Izumi avait eu plus de problèmes lors de cette épreuve. Je n’avais pas encore eu l’occasion de la voir et je ne savais pas ce qu’il s’était passé, mais elle avait un pied sérieusement touché. À cause de sa blessure, elle avait été obligée d’abandonner, même si avec du recul je pensais qu’en réalité il n’y avait pas de « réel » abandon dans l’histoire. L’examinatrice m’avait d’ailleurs appris à la fin de ses questions qu’il y avait un moyen plus efficace pour réussir. Seulement j’avais dormi pendant les deux derniers jours, complètement vidée par ces jours intenses.

Maintenant que mes compagnons et moi avions bien récupéré, il était temps d’aller voir comme se portait la grande blessée. Nous étions en début d’après-midi et les visites commençaient tout juste. En plus, j’étais sûre qu’elle devait en avoir marre d’être enfermée dans sa chambre, personne n’aimait ça après tout. Je saluai mes parents et leur expliquait que j’allais voir Izumi. Ils me demandèrent de lui souhaiter un bon rétablissement, ce que je ne manquerais pas de rapporter. Une caresse à mes loups qui ne pourraient pas entrer de toute façon, puis je partais.

Je marchai à travers le village bien réveillé jusqu’au gigantesque hôpital de Konoha. Une fois arrivée, je demandai la chambre de la Gekei aux réceptionnistes puis montait au premier étage. Je trouvai rapidement la chambre que je cherchais, un grand sourire apparut sur mon visage alors que je toquais pour ensuite ouvrir subitement la porte en passant ma tête à travers l’ouverture. Je vis la jeune femme près de la fenêtre ouverte et je devinais par sa posture qu’elle se préparait à l’enjamber.

« Izumi tu crois faire quoi là ? On ne va quand même pas devoir mettre des barreaux à tes fenêtres ? » Lui dis-je d’un ton amusé.

Je rentrais dans la pièce et refermais la porte derrière moi. Je m’approchai ensuite du lit et m’appuyai au pied de celui-ci sur les avant-bras.

« Alors, comment tu te sens ? Qu’est-ce qui t’es arrivée ? J’étais tellement crevée que j’ai dormi deux jours d’affilés. » Dis-je en riant.

Je sursautai en entendant la porte s’ouvrir, manquant de tomber en me retournant vivement vers celle-ci. A mon grand soulagement, ce n’était que Shizu qui ne se gêna pas pour me taquiner. Bah ! On verra bien quand ce sera elle qui se retrouvera coincée sans pouvoir rien faire pendant plusieurs jours.

Soupirant, j’allais m’asseoir sur le lit. Au moins, cette visite impromptue avait l’avantage de me distraire. Sans compter que ça me faisait plaisir que mon amie soit venue aux nouvelles. Il est vrai que je n’avais eu aucun contact avec le monde extérieur depuis mon transfert ici, donc je ne savais pas vraiment ce que faisait l’Inuzuka. On m’avait juste dit qu’elle s’en était aussi tirée, et ce sans autant de difficultés que moi. Pfff, je me demandai toujours ce qui m’avait pris de monter sur ce rocher, au lieu de simplement courir sur le mur comme je l’avais fait plusieurs fois avant. Sans doute l’adrénaline. Je finis par me tourner vers ma partenaire, en croisant les bras et avec un sourcil arqué.

- Quand tu auras passé deux jours dans l’immobilité totale, je suis sûre que tu auras aussi envie de sortir. Mais ça fait plaisir de te voir ici Shizu, simplement parce que tu apportes une distraction suffisante.

La chanceuse, elle avait pu dormir deux jours d’affilé. Tandis que j’étais coincée dans cet endroit sans pouvoir rien faire. Cependant, j’étais contente qu’elle n’ait rien eu de grave. Une handicapée dans l’équipe, ça suffisait ! Sauf si elle est une handicapée d’un autre genre. Intervint ma louve en riant. Mes lèvres tiquèrent, mais je restai neutre. J’étais pratiquement sûre que l’Inuzuka n’avait pas ce genre de problèmes. Enfin, je l’espérai. Ma louve pouvait vraiment avoir un de ces humours des fois. Je finis par répondre à Shizu, avec un vague geste de la main en désignant mon pied.

- Comme tu peux le voir, je me suis blessée au pied. Je me suis amusée à courir sur un rocher roulant, et voilà le résultat. J’ai dû abandonner à la troisième épreuve. Enfin, je pense que je l’aurai fait même sans ça, avec le pauvre homme. De plus, avec la question que m’a posé le médecin, je suis pratiquement sûre que je serai jugée sur ça aussi. Je repris un peu mon souffle, avant de continuer sur mes propres questions. Et toi ? Comment se sont passées tes épreuves ? Et comment vont tes loups ?

En me voyant entrer, Izumi arrêta son action et retourna s’asseoir sur son lit. Je gardai mon sourire amusé sur mes lèvres alors qu’elle se tournait ensuite vers moi. Les bras croisés et un sourcil arqué, elle ne perdit pas de temps pour me répondre. Bien que le ton n’y fût pas, je savais que c’était une plaisanterie par rapport à ce que je lui avais dit en entrant.

« Une distraction suffisante ? Je suis vexée ! » Dis-je d’un ton faussement blessé.

Bien sûr je préférai ne pas imaginer si j’avais été à sa place. Ne pas pouvoir bouger pendant deux jours, pour une personne comme moi qui aimait être constamment en mouvement cela aurait été un enfer. Je m’estimai très chanceuse de m’être sorti de cet examen juste avec des égratignures aux genoux et une morsure pour Yoi, qui avait guéri avant la fin d’ailleurs. Il restait maintenant à connaître les résultats, je ne savais pas du tout à quel moment ils seraient annoncés.

Les choses n’avaient cependant pas été de tout repos pour la brune. Un piège s’était déclenché sur son passage et elle avait dû tenter de l’éviter en roulant sur une pierre qui menaçait de l’écraser. Rien que penser à la scène où elle s’était fait avoir, une grimace prenait forme sur mon visage. Malgré une telle blessure elle avait continué l’épreuve et donc atteint la troisième étape. Izumi avait fait face au minotaur avec un pied cassé, elle avait vraiment du courage et j’étais contente de voir qu’elle allait bien.

« Tu as réussi à passer le colosse du centre malgré ta blessure, chapeau ! »

Ce qu’elle dit sur la dernière épreuve me fit cependant tiquer. Elle aussi avait eu un genin à sauver. Est-ce que c’était une coïncidence ou est-ce qu’on parlait de la même personne ? Si c’était le cas, l’intuition que j’avais à la fin était vraie.

« L’homme que tu as vu, est-ce qu’il avait une jambe arrachée ? J’ai choisi de l’aider puis de continuer l’épreuve pour ma part. Lui demandais-je intriguée. Ça s’est relativement bien passé, j’ai failli me faire bouffer par un oiseau à poils, puis nous sommes tombés dans un nids de serpents, le sol a cédé sous nos pieds. Yoi s’est fait mordre à la patte d’ailleurs, mais il a vite guéri grâce à un baume que j’ai toujours sur moi. Ensuite je suis tombée sur une femme qui m’a demandé d’expliquer mon choix, j’avoue ne pas savoir ce que ça a donné. »

Je souris à la réaction de Shizu. Enfin, je pouvais converser avec une personne que je connaissais ! Cela me faisait vraiment du bien. Bon sang ! J’étais maintenant beaucoup plus détendue, et je n’avais plus vraiment envie de courir partout. J’étais posée.

J’écoutai avec attention le résumé de Shizu. Apparemment, elle avait aussi rencontré le minotaur dans la dernière ligne droite, ce qui ne m’étonnait pas trop, puisque nous étions censés être tous passés par le même endroit.

- Ah, le colosse. Il me reste une jolie cicatrice sur l’épaule de cette confrontation. J’ai même cru que j’allais y passer. Heureusement, le sceau au centre était bien le moyen de sortie.

J’écoutai ensuite le récit de son parcours dans le labyrinthe, préférant ne pas l’interrompre. Elle avait aussi rencontré quelques soucis et rencontré les mêmes créatures que moi. Un de ses loups avait même été blessé, mais elle avait pu le soigner grâce à sa prévoyance. La chose suspicieuse était la fin de l’examen, Nous avions toutes deux eut le même blessé à aider ou abandonner. Et on nous avait ensuite interrogé sur notre choix.

- Oui, il avait aussi une jambe arrachée. C’est bizarre. Tu croix qu’il s’agissait d’une épreuve cachée ? Pour qu’ils nous demandent de choisir pour ensuite nous interroger sur notre choix ? Et je suis contente que tu t’en sois si bien tirée et que Yoi n’ait rien de grave.

Je m’apprêtai à enchaîner avec d’autres questions en lien avec l’examen, quand un bruit de pas plus que familier me parvint du couloir. Je me tendis. Je n’avais aucune envie qu’elle déboule alors que j’étais enfin détendue, surtout avec mon amie encore présente. Une scène était suffisante, merci bien. Calme toi, tu vas inquiéter l’Inuzuka si tu continues. Plus facile à dire qu’à faire !

Il ne fallut que quelques secondes pour que la porte s’ouvre de nouveau, mais cette fois sur une personne dont je me serai bien passé.

- Izumi ! Tu vas bien ?!

Ah. Elle était assez calme pour le moment. Elle se précipita vers moi et me serra dans ses bras, alors que je restai sans réaction. Je finis par lui répondre d’une voix neutre.

- Ça va maman. Tu peux me lâcher maintenant.

Lentement, ma mère se détacha de moi, avant de saluer Shizu d’un signe de tête assez sec. Il faut dire que leur dernière rencontre ne s’était pas passée sous les meilleures hospices. Bien vite, ma charmante maternelle mis ses mains sur ses hanches et m’adressa un regard hautain. Je serrai les poings, m’attendant à la remarque cinglante qui allait suivre.

- Ne t’avais-je pas dit que ce métier était trop dangereux pour toi ? Regardes-toi, enfermée dans une chambre d’hôpital.

Je respirai calmement, tachant de garder mon sang-froid. Puis, un sourire narquois se dessina sur mes lèvres.

- Eh bien, je ne suis pas morte que je sache. Et si tu es venue juste pour me faire la morale, tu peux repartir.

Le visage de ma mère se contracta de colère, et je sus tout de suite qu’elle s’apprêtait à exploser. Je gardai néanmoins mon sourire narquois. Ses propos ne me touchaient plus, et j’avais pris ma décision à partir du moment où ses mots étaient sortis quelques secondes plus tôt.

L’hôpital avait bon nombre de patient ces derniers temps et l’un d’entre eux était son élève : Gekei Izumi. A la fin de l’examen, le directeur avait minutieusement étudier chacun des rapports des participants et c’était ainsi sans mal qu’il avait appris les circonstances des blessures de son élève.

Il avait tenu donc à venir lui rendre visite, c’était la moindre des choses en tant que professeur. Bouquet à la main, il longea les couloirs jusqu’au numéro qu’on lui avait indiqué. Cela faisait un petit moment qu’il n’était plus venu dans ce bâtiment à titre « privé ». Il y venait régulièrement pour affiner le partenariat et aussi avoir un œil sur les recherches. Mais là… Il toqua.

« Bonjour… »

Il entra lentement dans la pièce tout en remarquant alors les différentes personnes présentes. Il adressa un sourire à ses deux élèves et les salua avant de se tourner vers ce qui semblait être la mère d’Izumi.

« Hayashi Kihran, enchanté. Je suis le senseï d’Izumi.»

Il s’inclina poliment et respectueusement face à la femme avant de donner le bouquet à son élève. Il lui sourit doucement tout en baladant son regard sur elle afin de checker son état.

« Alors Izumi, comment te sens-tu ? Ton pied te fait plus mal ? »

Il n’attendit pas la réponse pour exécuter un mudra qui lui permettait de scanner son patient et vérifier que sa blessure était sur la bonne voie. Et c’était le cas, fort heureusement. L’état de son pied lors de son arrivé était critique et l’opération fut assez périlleuse… mais cela semblait appartenir gentiment au passé.

« Et toi Shizu, tu as pu récupérer ? »

Dit-il finalement en tourna son regard sur celle-ci. Les deux avaient passé pratiquement la totalité de la semaine dans ce labyrinthe… de quoi les exténuées et leur laisser de bons souvenirs, il en avait aucun doute.

Maintenant que j’étais là pour la distraire, Izumi avait rangé au placard son envie d’aller se promener à l’extérieur sans autorisation. Contrairement à lorsque j’étais arrivée et où j’avais pu sentir sa frustration, elle me paraissait beaucoup plus détendue. Comme si sa blessure au pied n’avait pas suffi, le minotaur était parvenu à la toucher à l’épaule avant qu’elle n’arrive au centre de la grande salle.

« Eh ben, t’en as vraiment bavé. Comparé à toi j’étais en vacances ! » Dis-je réellement impressionnée.

Elle avait vraiment fait preuve de détermination en allant jusqu’au bout malgré son état. J’espérai sincèrement qu’elle aurait réussi l’examen dans sa globalité. Ça me faisait du bien de discuter de cette semaine éprouvante. J’en avais parlé avec mes parents, mais cela n’avait rien à voir. Izumi et moi avions traversé les mêmes épreuves, je comprenais de quoi elle parlait et inversement.

La brune confirma mes doutes pour de bon, l’homme blessé de la salle blanche avait en réalité fait partie de la troisième épreuve. Notre choix constituait l’élément à analyser et avait donc donné lieu à un court interrogatoire. J’étais incapable de dire si je l’avais réussi ou non, je penchais plutôt pour la deuxième possibilité en fait.

« J’en suis même persuadée, d’ailleurs je suis incapable de dire si je l’ai réussi. Une moue apparut sur mon visage. Oh oui moi aussi! » Finissais-je en souriant.

Ma coéquipière allait me poser une autre question, quand je la vis se tendre subitement. Je fronçai les sourcils, ne comprenant pas ce qu’elle avait d’un seul coup. C’était à ce moment-là que j’entendis enfin des pas se rapprocher rapidement. J’en déduis à la réaction d’Izumi, que ce devait être sa mère avant même qu’elle ne franchisse la porte. Il se trouvait que j’avais juste, bon facile me diriez-vous. La blonde se rapprocha de la Gekei, inquiète pour elle. Sa mère la prit dans ses bras mais elle n’eut aucune réaction. Je répondis à son hochement de tête à mon égard avec un autre. Je craignais le pire pour la suite...J’avais vraiment un don pour les déductions, la veuve ne perdit pas de temps pour faire des reproches à ma camarade.

L’attitude et la réponse d’Izumi me surprit, je ne m’attendais pas à ce qu’elle emploie un ton si moqueur, elle devait vraiment être à bout. J’avais de la peine de voir les deux femmes se déchirer alors qu’elles devraient s’entraider, sa mère n’essayait pas de la comprendre. Elle préférait se murer dans sa colère. Quelqu’un toqua à nouveau à la porte et nous pouvions dire que nous étions sauvées par le gong.

Kihran-sensei avait lui aussi décidé de rendre visite à la louve et passa lentement la porte. Il nous adressa un sourire que je lui rendis, puis se présenta à la mère d’Izumi. Je sentais qu’elle n’allait pas se retenir de lui passer un savon à lui aussi. D’ailleurs en parlant de savon, le roux devrait payer pour toutes ces épreuves, j’espérais pour lui que son porte-monnaie soie rempli, mais ce n’était pas le moment pour ça. Il scanna le pied de l’hospitalisée tout en prenant de nos nouvelles.

« J’ai passé les deux derniers jours dans mon lit. On se demande à cause de qui... »

Ma deuxième phrase avait été dite dans un murmure mais peut-être assez fort pour qu’il entende avec un ton boudeur. Tout compte fait, mieux valait essayer de changer de sujet. Même si je me doutai qu’il reviendrait bien vite sur le tapis.

Avant que ma mère ne puisse répliquer quoi que ce soit, la porte s’ouvrit de nouveau. Décidément, ils arrivaient tous en même temps ! Il s’agissait cette-fois-ci de mon senseï, et je fus presque soulagée de le voir arriver. Tout simplement parce que cette rencontre allait peut-être enfin montrer la réalité des choses à ma mère trop protectrice. Il entra lentement dans la pièce nous adressant un sourire, que je lui rendis, même s’il était un peu tendu. J’acceptai les fleurs, tandis qu’il s’introduisait à ma mère.

Je laissai Kihran-sensei m’examiner le pied, même si une infirmière était déjà venue ce matin pour me dire qu’il était en bonne voie de guérison. Il faut dire que j’avais eu de la chance. Les médecins chargés de l’opération n’avaient pas été trop confiants lorsque j’étais arrivée entre leurs mains. Mon pied avait subi tellement de dommages qu’ils n’avaient tout d’abord pas été certains que je puisse marcher normalement de nouveau, voire retrouver l’usage de mon membre.

- Je vais bien, j’ai juste envie de sortir de cet hôpital de malheur. Bien sûr, je suis obligée de porter ce plâtre, sinon, les efforts des médecins pour réparer les dégâts se révéleraient inutiles. Ce qui serait bien dommage. Je continuai avec un sourire narquois. D’ailleurs, cet examen vous vaudra beaucoup de repas senseï.

Mon sourire s’élargit quand Shizu en rajouta une couche. Vraiment, on était faites pour s’entendre. Je me demandai comment Kihran-senseï allait se sortir de ce piège. Après tout, il avait participé à l’élaboration de cet examen. Il devait donc traiter ses élèves au restaurant pour se faire pardonner.

Il y avait cependant un détail qui troublait ce tableau et il ne tarda pas à se faire remarquer. Ma mère avait observé les échanges de sa position, croisant les bras, tout en fronçant des sourcils. A sa position tendue, je pus deviner que l’explosion était proche. Et vu où ses yeux s’étaient posées, je grimaçai intérieurement pour mon senseï.

- Vous êtes donc le senseï de ma fille ! Vous devez bien mal faire votre travail si ma fille se retrouve dans cet état alors qu’elle se trouve sous votre aile ! Votre stupide examen aurait très bien pu lui coûter la vie ! Vous les ninjas, vous n’êtes qu’une bande d’irresponsables ! Vous traitez vos élèves, vos camarades, comme de simples pions sur un échiquier ! Vous ne vous souciez pas réellement de leur bien être !

Je serrai les poings, la colère remontant en moi à une vitesse alarmante. Comment osait-elle insulter ainsi notre profession, mais surtout mon senseï qui, justement, m’apprenait à ne pas me faire tuer ? Elle se montrait injuste envers celui qui m’aidait. Et cela, je ne pouvais l’accepter. La fusillant du regard, son expression de dédain me dégoûtant au plus haut point, je l’interrompis d’une voix glaciale.

- Ne parles pas de choses dont tu ne sais rien. L’examen était parfaitement sécurisé contre les dangers de mort. Et Kihran-senseï est justement celui qui m’empêche de me retrouver six pieds sous terre.

Je me tus, craignant de m’emporter. Ma mère avait le don de me mettre sur les nerfs en ce moment, mais aujourd’hui elle dépassait les limites du raisonnable. Et j’espérai que si mes propos ne l’atteignaient pas, peut-être que ceux de l’Hayashi, ou même ceux de Shizu, le feraient.

« A cause de qui, mh ? »

L’Hayashi croisa les bras en lui renvoyant la question. Qu’elle n’envisage même pas de le rendre fautif de ses propres erreurs. Et il espérait bien qu’elle prenne conscience… qu’elles prennent consciences que leur état étaient les conséquences de leur propre action. M’enfin, tous deux s’étaient tout de même bien tirées et le rouquin était assez satisfait, même s’il s’était fait du soucis pour Izumi. Celle-ci semblait finalement en forme, encore quelques semaines de rétablissement et elle serait comme neuve !

Finalement, ce fut la mère de cette dernière qui vint faire paraître son mécontentement. Ce n’était pas vraiment étonnant, elle s’inquiétait et cela était tout à fait normal. Silencieux, le rouquin écouta et observa les échanges entre la mère et la fille. Il lâcha un soupire avant de reprendre d’un ton sévère, l’air très sérieux.

« Les shinobis sont des militaires, Madame. Leur rôle est de protéger les citoyens, le village, le pays aux prix de leur vie. C’est une voie qui comprend de nombreux risques… Izumi, n’est plus une enfant, élève aspirante de l’Académie. Elle fait officiellement partie des forces militaire de Hi no Kuni et cet examen permet d’évaluer les capacités de chacun. »

Le rouquin jeta un rapide regard sur ses deux élèves avant de continuer avec un sourire discret.

« Elles sont encore jeunes et naïves... L’examen comportait des risques bien réels. Ce n’est pas pour rien qu’elles sont dû signer des clauses avant leur participation. Le but est de pouvoir déceler les faiblesses de chacune afin de les combler après coup, avant qu’elles commettent des erreurs en situations réelles, face à un ennemi… »

Le visage de Kihran s’adoucit alors tout en regardant Izumi.

« Elle a commis une erreur et s’est blessée lors d’une épreuve. Pourtant, elle s’est accrochée et a refusé d’abandonner. Elle a traîné cette blessure durant plusieurs jours jusqu’à finalement atteindre son but. J’ose à peine imaginer la douleur qu’elle devait pourtant ressentir. »

Il se retourna vers la mère.

« Ceci prouve à quel point votre fille est déterminée à défendre tout ce que vous chérissez. Vous pouvez être fière d’elle. »

Il jeta un regard à Shizu.

« Il en va de même pour toi. Vous pouvez toutes les deux êtres fières de vous. Vous avez commis plusieurs erreurs, mais n’avez pas abandonné malgré toutes les difficultés. Continuez ainsi et vous deviendrez des shinobis respectées.»

Raaah, Kihran-sensei n’avait pas saisi que j’avais dit ça pour changer de sujet et retarder le moment électrique où la mère d’Izumi lui passerait un savon. Ma bouche s’étira en une moue alors que je lançai de rapides coups d’œil entre lui et la femme blonde fulminante. Sinon, comme on disait, après l’effort, le réconfort donc je ne dirais pas non à quelques tours au restaurant. Où bien sûr nous aurions l’occasion de discuter de l’examen...au calme...

Et il n’était pour l’instant pas prêt de refaire surface, car aussitôt que la mère de la Gekei avait su que le roux était notre sensei, elle ne se retint pas de lui cracher son venin. Les ninjas, des êtres irresponsables ? Je fronçai mes sourcils, n’appréciant pas du tout ses propos. Si le village se retrouvait attaqué, j’étais certaine qu’elle serait heureuse d’avoir un petit shinobi irresponsable pour lui sauver la vie au péril de la sienne. Je préférai ne rien dire car j’avais déjà tenté de lui expliquer les choses sur le terrain d’entraînement et cela avait été comme parler à un mur. J’observai la réaction du rouquin du coin de l’œil, ce dernier, après un soupire, reprit la parole d’une voix autoritaire.

Le jeune directeur tâchait de lui rappeler le rôle des shinobi au sein de Konoha et l’engagement que nous avions pris Izumi et moi en participant à cet examen. J’avais toujours du mal à comprendre comment il parvenait à rester aussi calme alors qu’il était très désagréable de se faire dénigrer de la sorte. L’Hayashi jugea bon de souligner le courage et la détermination dont avait fait preuve ma coéquipière malgré sa blessure. Seulement j’avais peur que sa mère ne voit cela que comme un acte stupide, vu ce qu’elle pensait de nous...

Le jeune homme se tourna tour à tour vers la louve et moi et nous félicitai pour avoir achevé l’examen. Ça faisait du bien à entendre, je savais qu’il me reste encore des tonnes de choses à apprendre, mais j’étais contente d’être parvenu jusqu’au bout et que notre sensei soit fier de nous malgré nos erreurs. Un sourire remplaça ma mine renfrognée de tout à l’heure alors que je le remerciais.

Spoiler:

J’écoutai les arguments de mon senseï, un discret sourire se formant sur mes lèvres au fur et à mesure qu’il posait ses points. Non seulement il contredisait toutes les accusations de ma mère, la remettant bien à sa place par la même occasion, mais en plus, il avouait qu’il était fier de nous. Et cela, c’était sans doute ce dont j’avais le plus besoin d’entendre. Avec une mère qui ne supportait pas le fait que j’ai décidé de devenir kunoichi et un père parti, Kirhan était la seule personne, le seul adulte dont l’avis comptait maintenant réellement. C’était pour cela, que malgré le fait que je n’en montrai rien, cela me touchait, tandis qu’à côté, ma mère se montrait de plus en plus enragée. Je pouvais la voir serrer les poings. Et bien sûr l’explosion tant attendue ne mit pas longtemps à arriver.

- Oh ?! Vous trouvez ça normal donc, d’envoyer des gamines de quinze ans dans des combats sanglants ?! Même dix-neuf est trop jeune. En réalité, je ne comprends même pas comment vous pouvez former des enfants à devenir des assassins ! Pourquoi vous les ninjas, vous ne pensez qu’à faire la guerre ! Elle reprit son souffle, tremblante de rage. Et si ça n’avait pas été une simple blessure comme celle-ci ? Vous auriez eu votre élève morte sur les bras ! Parce que vous auriez été trop buté pour voir que ce métier n’est pas fait pour des jeunes filles comme elle, ou même son amie !

Ce fut à ce moment que je décidais d’intervenir. Cela commençait à bien faire qu’elle reste ainsi aveugle à nos sentiments. Oui nos, parce que Shizu, tout comme Kirhan et moi, avait choisi cette voie de son plein gré. Comme la plupart des ninjas, nous étions poussés par notre volonté de protéger les civils, le village. Ce même village qui nous avait accueilli alors que nous étions persécutés à Kiri. Pour moi c’était juste un devoir que de rendre la pareille à ce village. De plus, j’avais appris à l’apprécier, raison de plus pour vouloir le protéger. C’était avec ces pensées en tête, ma louve se mélangeant à moi tant elle était aussi furieuse que moi, que je levai un regard d’un bleu furieux et glacial sur ma mère.

- CA SUFFIT ! N’en as-tu pas assez de dénigrer notre travail ?! Si nous n’étions pas là, qui protégerait ce village à qui nous devons tant ?! Qui te protégerait toi ?! L’objectif d’un parent n’est-il pas censé être le bonheur de son enfant ?! Depuis que papa est mort tu ne fais que dénigrer mes choix, m’empêchant d’aller de l’avant, tout comme de pleinement m’épanouir! Il n’y a que depuis que j’ai connu Shizu, puis Kihran-senseï que j’ai pu me détendre ! Tu fais un pauvre boulot de mère, laisses-moi te le dire ! Finis-je limite avec un grognement animal.

Remarquant le regard effrayé de ma mère, je fermai les yeux, me rendant compte que j’avais presque perdu le contrôle. Punaise, je ne pensais pas que ça arriverait à ce point là. Pourtant, Senwashi m’avait bien prévenu contre ça. Cependant, ma louve et moi avions toutes deux été en colère, nous laissant peu le choix quand à notre contrôle. Cela ne m’empêcha pas de rajouter d’une voix glaciale.

- Tu m’as encore plus prouvée que tu n’étais une mère si bonne que ça. Quelle genre de mère es-tu pour oublier que l’anniversaire de ta fille était deux jours plus tôt, et que donc je n’ai pas dix-neuf, mais vingt ans ?

Cela sembla la calmer d’un coup et elle se mit à reculer en me foudroyant du regard. J’avais touché un point sensible, et tout le monde le savait. Et pourtant, ma très chère mère tenta tout de même une dernière chose pour me culpabiliser.

- Si tu veux finir comme ton père, continues sur cette voie. Fille ingrate !

Je serrai les poings, un éclair de bleu traversant mes yeux alors que je me forçai à garder mon sang froid. Un BAM me fit relever le regard, pour voir ma mère s’éloigner un peu de la porte fermée en titubant. Puis, comme si de rien n’était, elle ouvrit la porte, sortit de la pièce sans un regard en arrière, avant de claquer la porte. UN grand silence s’en suivit, et je n’osai pas le briser, la situation étant encore bien trop fraîche.

L’Hayashi observa en silence la dispute entre mère et fille. C’était un problème qu’il n’avait jamais rencontré avec sa famille. Au contraire, les Hayashi formaient des shinobis d’excellence, il n’y avait pas la place pour ceux qui refusait de suivre cette voie. Néanmoins, il avait déjà dû faire face à des civils partageant cette pensée. Il était toujours difficile pour eux d’accepter cette réalité.

Lorsque le silence revint, la mère d’Izumi partit. Kihran vint poser sa main sur la tête son élève afin de l’ébouriffer très brièvement tout en la rassurant.

« Vous rencontrerez encore beaucoup de personnes partageant son point de vue. Et on ne peut pas leur en vouloir. Les shinobis sont souvent associés au sang et à la guerre, les citoyens ne sont pas toujours capables de comprendre la nécessité de nos actions. Il vous faudra accepter cette vision et faire avec dans le futur. Parfois on reçoit des remerciements pour nos actions, parfois non. C’est ainsi, il ne faut simplement pas perdent de vue notre objectif : leur protection avant tout. »

Il observa un bon moment la jeune femme avant d’ajouter.

« Aucune mère n’est parfaite, Izumi. Néanmoins, quoiqu’il arrive, elle reste la femme qui nous a mis au monde et ça, jamais rien ne le changera. Ne l’oublie pas, d’accord ? »

Pour les Hayashi la famille était une chose très importante, presque sacrée. Ils suivaient des éducations sévères, dures, mais le respect des anciens, le lien de sang était important. Il trouvait donc dommage de voir son élève s’éloigner de sa famille.

« Bien, je ne vais pas te déranger plus longtemps. Repose-toi, prends soin de ton pied. Montre-toi patiente, il serait bête que tu te blesse à nouveau car tu n’aurais pas su attendre ta guérison complète, mh ? Izumi, je repasserai prendre de tes nouvelles, j’espère te revoir en forme pour les entraînements. Shizu, prends également soin de toi. »


Ce fut sur ces dernières paroles que le Directeur prit congé. Il gardait un horaire chargé, mais ses élèves restaient la bienvenue à son bureau si nécessaire et elles le savaient. Il espérait aussi les voir toujours aller plus en avant.

La mère d’Izumi n’était absolument pas réceptive aux explications que lui donnait Kihran-sensei, pire que cela, elle enrageait littéralement. J’observai attentivement ma coéquipière et remarquai qu’un sourire avait pris place sur ses lèvres aux mots du rouquin. C’est sûr qu’il y avait un contraste énorme entre les deux discours. J’ignorai comment j’aurais réagi si ma mère s’était mise à me parler, me critiquer de cette façon. Il n’y avait rien de plus douloureux que de ne pas se sentir soutenu dans ses projets. Mon regard se tourna ensuite de nouveau vers la femme blonde, il n’y avait pas que sur le point physique que mère et fille étaient complètement opposée. Si l’une tâchait de rester le plus calme possible, l’autre se laissa exploser sans retenue. J’en avais assez de l’entendre déblatérer comme si nous avions eu un couteau sous la gorge nous obligeant à devenir kunoichi et à ensuite participer à cet examen.

« C’était notre choix depuis l’Académie de devenir shinobi, personne ne nous y a forcé. C’est à nous de voir si on se sent capable de l’être ou non, on a passé toutes les épreuves de l’examen et on est toujours là, et croyez-moi, ce n’est pas un coup de chance ! Mais si vous préfériez que le village se retrouve sans défense si un jour il est attaqué, et donc mourir sans que personne ne vous vienne en aide, il fallait le dire tout de suite ! »

Malgré mon énervement, je restai relativement calme, même si Izumi pourrait pour le coup, être étonnée de me voir moins joviale soudainement. M’enfin si elle n’était pas elle aussi arrivée à la limite de son self-control. Comme la dernière fois sur le terrain d’entraînement, la jeune brune laissa exploser sa colère envers sa mère. Toute sa frustration ressortait dans ses mots, mais surtout, la douleur de ne pas être épaulée par sa génitrice. J’avais envie de poser ma main sur son épaule mais je sentais qu’elle allait surtout m’envoyer paître si je la touchais. Mon amie ne s’arrêta pas là et j’appris à ce moment la date de son anniversaire, oui ce n’était pas un sujet que nous avions abordé, nous nous étions contenté de notre âge.

Lorsque sa mère se rendit compte de son erreur, elle afficha une mine renfrognée. Et en rajouta une couche en parlant du père de sa fille. Décidément elle ne comprenait absolument rien. Au moment où elle se retourna pour s’en aller, la femme se cogna lamentablement à la porte restée fermée. Un gloussement moqueur traversa mes lèvres et je plaquai instinctivement ma main sur ma bouche, tout en baissant la tête. C’était puérile oui, mais avec la scène qu’elle nous avait fait, je m’en fichai totalement !

L’élément perturbateur ayant enfin quitté la pièce, ce fut un lourd silence qui embauma la chambre d’hôpital. Kihran-sensei brisa cette atmosphère pesante en allant poser sa main sur les cheveux noirs d’Izumi, comme il aimait si bien le faire. Ses mots étaient justes, mais aussi difficiles à accepter. On allait être amené à risquer nos vies pour les citoyens de Konoha, et certains parviendraient à nous dénigrer malgré cela. Un soupir cette fois, sortit de ma bouche alors que je hochai la tête.

Après quelques mots pour réconforter ma coéquipière, le roux devait maintenant y aller. Il avait pris le temps de venir la voir mais devait avoir bon nombre de choses à faire.

« Vous aussi, sensei. » Lui répondis-je en souriant.

Le Directeur s’en alla ensuite, nous laissant toutes les deux avec un sentiment d’amertume assez désagréable. Étant toujours appuyée sur le rebord du lit sur mes avant-bras, je me redressai et me rapprochai de la Gekei, la mine déterminée.

« Si ta mère trouve que tu n’es pas capable d’y arriver, tu lui prouveras le contraire ! »

L’intervention de Shizu me surprit un peu, puisque j’étais habituée à la voir calme et généralement joviale. Cependant, elle avait employé un ton dur et sérieux, montrant son agacement envers ma mère. Heureusement, je pus retrouver un peu de ma co-équipière quand la blonde se prit la porte, l’Inuzuka laissant échapper un gloussement moqueur. Je lui envoyai un sourire amusé en retour, légèrement plus détendue maintenant que la fauteuse de trouble avait quitté la pièce.

Me replaçant plus confortablement dans le lit, je levai les yeux vers Kihran-senseï quand celui-ci posa une main sur ma tête avant de prendre la parole. J’écoutai sérieusement ce qu’il avait à dire, même si je connaissais déjà ce raisonnement. Ça avait été la même chose à Kiri. Je suppose que c’était la même histoire partout. Certains ne se rendaient tout simplement pas compte de notre travail. J’adressai ensuite un faible sourire à l’homme.

- Je sais qu’elle restera toujours ma mère. Mais je pense que pour le moment, on a besoin d’un peu de distance. Prenez soin de vous aussi senseï.

Maintenant que le rouquin était aussi parti, il ne restait plus que Shizu qui, elle aussi, après s’être positionnée au pied du lit, tenta de me remonter le moral. Et un sourire faussement arrogant s’étira sur mes lèvres.

- Evidemment que je vais lui prouver le contraire ! Je ferais un bien piètre boulot de fille rebelle si je ne le faisais pas !

Je repris une expression plus sérieuse après. Je voulais vraiment prouver à ma mère qu’elle avait tort. Lui prouver que j’étais bien dans ce métier, même si il était dangereux. Mon père avait beau y avoir laissé la vie, il m’avait transmis sa volonté de protéger les innocents. Et je n’allais certainement pas le décevoir pour les beaux yeux de ma mère. Une lueur déterminée s’afficha dans mon regard. J’allai lui prouver qui avait raison.