ps:

« Natsuki, vous avez un instant ? »
« Oui Keiji, bien entendu. Je vous écoute. » répondit le Nara tatoué alors qu'il s'apprêtait à quitter son restaurant.
« Pouvez me rappeler pour quelles raisons vous m'avez embauché ici? »

Natsuki marqua un court temps d'arrêt en réalisant que la discussion n'allait pas être anodine. Il connaissait assez Keiji pour savoir que c'était une question piège. Malheureusement, ne voyant pas lequel, il était obligé de marcher dedans.

« Pour superviser l'équipe des serveurs, et assurer avec elle le service en salle. »
« Il me semblait bien. Du coup, pouvez-vous m'expliquer pourquoi je dois aussi assurer relativement régulièrement le rôle de courrier ? » questionna-t-il en tendant une feuille pliée en deux. « Certaines de vos connaissances ont la fâcheuse tendance à croire que je suis votre interlocuteur privilégié, et à laisser des messages privés au personnel pour qu'il vous les fasse remonter. De fait, je souhaiterai vous faire savoir qu'à moins que les termes et engagements de mon contrat soient renégociés, j'apprécierai grandement que vous informiez vos aimables connaissances de cesser ceci. »

Au ton et au visage froids de Keiji, cela sonnait presque comme une menace insinuée, mais Natsuki savait qu'il n'en était rien. Le chef de l'équipe des serveurs était quelqu'un de particulièrement protocolaire, et méticuleux. Il ne tolérait pas les écarts, mais son degré d'exigence était sa manière à lui de pousser son équipe vers le haut. Et c'était justement pour ces qualités que Natsuki l'avait engagé. Il était droit, intègre, et d'une efficacité inégalée. Il n'était pas méchant dans le fond, et aucun client ne s'est jamais plaint de lui, que ce soit sur la qualité de son service, ou son relationnel. C'était juste que le sourire était en option.

« Je vois où se situe le problème. » répondit le Nara tatoué avec un sourire cordial.« J'ignore où ils ont prit cette habitude, mais je vais leur faire savoir que ma boite à lettre se situe juste à côté de l'entrée directe à mon bureau. Désolé pour le dérangement jusqu'à présent, Keiji. »

Pour ce qui était de la lettre en elle-même, il s'agissait d'un simple mot signé de la main de Notsuu, qui lui demandait de le retrouver le lendemain au parc du Mont Rien Du Tout. Curieux. Natsuki n'avait plus vraiment eu de nouvelles de lui, depuis que le Gekei avait fait le choix de quitter Matsudaï, faute d'y trouver l'équipe et les repères qu'il cherchait. Cela s'était passé juste après le sinistre incident au Pays des Vagues. Bien entendu, il savait toujours plus ou moins ce que Notsuu faisait en voyant occasionnellement son nom dans des rapports ou des événements – comme le Colisée – mais cela se limitait à cela. N'ayant pas de raison de refuser, il se présenta donc à l'endroit convenu, Notssu étant déjà installé dans l'herbe.

« Bonjour Notsuu, cela faisait longtemps. J'ai cru comprendre que vous vouliez me voir. Que puis-je pour vous ? » annonça-t-il en guise de salutation.

Natsuki haussa faiblement les épaules.

« Je ne sais pas Notsuu. Nous nous sommes séparés sur des circonstances un peu floues, et j'ignore où nous en sommes aujourd'hui, toi et moi. Je n'ai pas de soucis avec le fait que l'on se tutoie, si tu te sens plus à l'aise. Nous avons quand même fait un morceau de chemin ensemble, qu'importe comment cela s'est fini. Je veux dire, ce n'est pas une divergence d'opinion qui altère l'estime que je te porte, mais je sais que tout le monde ne pense pas ainsi... »

Enfin, là n'était pas la question : Notsuu ne lui avait pas demandé de venir juste pour savoir comment il allait l'appeler. Le Gekei était en recherche de plusieurs réponses, et l'un d'entre elles concernait son équipière de l'époque, Leika.

« Ta question sur Leika est légitime, peut-être même plus que les raisons qui m'ont incité à la faire venir avec nous à Nami. Figure-toi que mon choix était avant tout motivé par une sorte d'exaspération. Je suis à la tête de l'équipe Matsudaï depuis des années, et j'ai vu beaucoup d'étudiants défiler. Et depuis trois ans, ce défilé s'est fait particulièrement intense. J'en avais assez de m'investir envers des jeunes diplômés qui ignorent tout de la vie, et qui mettent un terme à leur carrière sitôt qu'ils réalisent que le métier de shinobi impose de suer et de souffrir. Beaucoup trop de gamins fantasment cette profession qu'ils trouvent '' cool '' juste parce que l'on peut devenir '' fort '', le tout sans même comprendre le sens véritable des mots qu'ils prononcent. Alors j'ai décidé de dorénavant rompre tout nouvel étudiant à la réalité du métier dès le début. La plupart se brisent, et je fais gagner du temps à tout le monde. Leika a été la première à éprouver cette nouvelle méthode de ma part. Après, croire que je l'ai laissé sans défense là-bas serait une erreur de ta part. »

Natsuki invita Notsuu à regarder dans sa propre ombre sur le ôté. Les contours d'un visage incertain émergèrent à peine de l'ombre, avec de réellement découpé seulement deux globes oculaires d'un jaune d'or. Une main à l'index et au majeur dressés issu de cette même flaque pointa tour à tour deux fois ses yeux dorés dépourvu de pupille puis le visage de Notsuu tout en retournant d'où elle venait, jusqu'à disparaitre.

« Rassure-toi, je n'ai qu'une seule ombre, et je ne l'utilise pas pour te surveiller. Après, pour en revenir à Nami, c'est vrai que cela n'aurait pas suffit pour faire face à ce que nous y avons vu. Mon travail inclut de prévoir l'imprévisible, mais là, c'était au-dessus de mon imaginaire... Je ne suis d'ailleurs plus trop sûr de ce que j'y ai vécu la nuit qui a précédé le chaos sur la ville portuaire. » mentit-il.

Il se souvenait très clairement avoir franchit toutes les inhibitions possible, et poussé sa métamorphose monstrueuse à son paroxysme. Si Notsuu ne gardait pas de souvenir de sa forme cornue à six bras couverte de carapace et rongée par une frénésie sans commune mesure, ce n'était pas plus mal.

« Et entre nous, je ne suis pas sûr de vouloir m'en souvenir exactement. Les vagues traces d'un monstre tentaculaire colossal en train de me briser l'esprit pour tenter de le dévorer ensuite, cela me suffit amplement. Ce que j'ai ressenti à son contact, une peur primaire comme je ne l'ai jamais vécu au préalable, je préfère n'en garder que des bribes, sans creuser davantage. Nous avons survécu, et sans conséquence je crois, c'est déjà pas mal. C'est dommage pour la mission qui fut un échec, mais cela arrive aussi hélas. Mon dossier, contrairement à ce que pourrait éventuellement en imaginer, n'est pas un historique irréprochable emplit seulement de victoires et de succès. Je maintiens cependant que cela se serait mieux passé si les travaux avaient commencé du côté du Pays du Feu. »

Mais bon, parce que la main d’œuvre était moins chère au Pays des Vagues, que le contexte était là-bas, et que ci et que cela, les scribouillards en avaient décidé autrement. Grand bien le fasse...

« Si si, j'étais là pour ton combat. Ces derniers sont organisés pour que chaque ninja puisse étudier les affrontements, et gagner en expérience par l'observation. Moi aussi, j'ai encore besoin d'apprendre, de réfléchir, de développer des stratégies et de connaître des méthodes que je n'aurai même pas imaginer. Je ne rate jamais les combats du Colisée lorsque je suis à Konoha pendant leurs déroulements. »

La suite lui fit froncer les sourcils.

« Je ne crois pas t'avoir enseigner cela, Notsuu. Ou alors tu n’interprètes que les parties qui t'arrange, ce qui est encore pire. Si tu fais références au jour de notre rencontre et de notre combat d’essai sur le terrain d'entrainement, je t'avais dit, mot pour mot, que '' l'honneur est une valeur qui nous est essentielle, et la jeter aux orties finit toujours par nous conduire sur une voie dangereuse. Ce que tu dois apprendre, c'est où le placer. Attaquer un adversaire en traitre et user de subterfuges pour l'emporter n'est clairement pas ce que l'on peut qualifier de loyal. Pour autant, est-ce déshonorant d'agir ainsi au nom de ton Village ? ''  J'aurai pu ajouter '' et de ce que tu défends. ''»

Quand Natsuki disait qu'il avait bonne mémoire.

« Dans ce cas là, je faisais référence à toi, Notsuu, dont tu me dépeignais ton honneur et ta vertu comme te faisant agir uniquement de front, sans détour ni avantage. Ta conception de l'honneur est très différente de la mienne, tout simplement parce que nous n'avons pas le même vécu. Toi, tu as grandit sur un ring, et moi sur un champs de bataille. Notre honneur est adapté à notre milieu. Pour un boxeur, tu me trouves honteux à frapper fourbe, et dans le dos, avant même que le combat commence. Et moi, en tant que ninja, je te trouve idiot de foncer tête baissé dans un piège tendu sans prendre la moindre précaution. C'est un fait. Pour moi, l'honneur se résume à servir mon Village, et à accomplir ce qui m'est demandé. Mes méthodes sont peut-être différentes des tiennes, mais comme je te l'avais dit la dernière fois, les enjeux le sont aussi. Et ce n'est pas pour autant que je me permets n'importe quoi non plus. L'actualité récente en est un parfait exemple. »

Et Notsuu ne la suivait pas, Natsuki était ravit de lui en faire un résumé.

« Comme tu le sais, nous sommes en guerre contre Suna. Es-tu au courant des raids, et des combats par interpositions qui ont été menés ces derniers mois ? Konoha par exemple, a dépêché des escouades pour neutraliser l'infrastructure militaire ferroviaire souterraine afin de paralyser les déplacements du Village du Sable. De leur côté, ils ont envoyé leurs propres escouades à Nami pour brûler l'ensemble des bateaux – militaires et civils – ainsi que massacrer la population sans défense sur place. Yamada Kioshi enfin, ancien Kazekage, a ni plus ni moins que prit en otage la population civile de deux villes du Pays du Feu, en menaçant de les exécuter et de continuer avec d'autres si son Oncle ne lui était pas restitué – Oncle capturé alors qu'il s'en était prit au clan des Yôgan en représailles pour ne pas avoir rejoint l'armée de Suna après qu'ils les ai botté hors de leur Pays. »

A peu de chose près, c'était cela.

« Dis-moi maintenant, Notsuu, où se situe l'honneur dans ces histoires ? Est-ce déshonorant pour un homme de s'attaquer à des installations plutôt que de chercher un combat direct ? De massacrer des civils en plus de neutraliser l'infrastructure d'un Pays ? De menacer des innocents sans défense dans le seul but d'obtenir un moyen de pression pour récupérer ce que l'on désir ? De s'en prendre à tout un clan uniquement pour pousser son chef à sortir de ses gonds afin d'assouvir une vengeance personnelle ? »

Natsuki n'attendait pas vraiment de réponse, seulement de la réflexion.

« Pour ma part, je sais déjà quoi répondre. Mais encore une fois, comme je te l'avais dit, '' Rien n'est entièrement blanc ou complètement noir. L'honneur est relatif à chacun, et sa définition est différente autant d'un individu à un autre, que dans le métier dans lequel l'on se l'accorde. '' Tu as le droit de penser que les shinobi n'ont ni règles, ni honneur, ni quoi que ce soit de respectable, mais je t'interdit de prétendre que c'est moi qui te l'ai enseigné : je n'en pense pas un mot. Dans le domaine sportif aussi, il y a des tricheurs et des vicieux, ce n'est pas pour autant que je vous place tous dans le même panier. Alors épargne moi la même, je te prie. Chaque shinobi a son propre concept de l'honneur et de ses règles. Mais jamais, je ne m'en prendrai à des civils innocents pour faire flancher un Pays, jamais, je ne m'attaquerai à une population dans le simple but d'une vengeance personnelle, et jamais, Konoha ne donnera l'ordre à un de ses soldats de le faire. Nous valons mieux que cela. »

Et c'est pourquoi il était encore à Konoha. Parce que ses valeurs étaient en accord avec sa Famille, son Village, et sa Nation.

« Cela toutefois, tu ne pourras le comprendre que si tu acceptes d'ouvrir tes horizons, et que tu cesses de voir le monde ninja uniquement à travers tes yeux de sportif. Si tu n'acceptes pas de comprendre et de t'adapter au nouveau milieu dans lequel tu veux évoluer, tu n'y survivras pas. Tu serais semblable au plus féroce des loups, persuadé qu'il peut vivre en meute sans branchies avec des requins. »

Natsuki réalisa quelque chose en lui disant cela.

« Au final, ton discours n'a pas tellement changé depuis deux ans. Si le monde shinobi te débecte tant, pourquoi insister à vouloir en faire partie ? Pourquoi ne pas rester sur les ring, là où tu sembles bien plus à ta place ? »

Ce n'était pas un reproche, simplement une réalité que Natsuki avait l'impression de voir chaque fois qu'il débattait avec Notsuu. Il comprenait le point de vue du Gekei, et ne cherchait pas à lui imposer le sien. Mais il ne comprenait pas son acharnement à vouloir vivre dans un univers allant à l'encontre de tout ce en quoi il croit et pourquoi il se bat.

ps:

« J'entends ce que tu me dis, Notsuu, mais malgré tout, je ne peux m'empêcher de voir d'autres voies dans lesquelles tu pourrais accomplir autant, sans te sentir autant altéré par le monde shinobi. Je ne cherche pas à te pousser à faire autre chose de ta vie, simplement je veux savoir si tu es vraiment confortable avec ta décision. N'as-tu jamais envisagé de devenir soldat du Daimyo, ou de parcourir le continent en électron libre afin d'apporter de l'aide à ceux qui en ont besoin ? Ce sont d'autres manières de mettre tes talents au service d'une cause que tu penses juste. Des possibilités à plus petite échelle, et avec moins de moyens, mais plus de liberté. Les Villages sont avant tout des mercenaires, même si Konoha a largement prouvé par le passé que sa politique est loin d'être belliqueuse. »

La Feuille n'était certes pas agressive, mais ressemblait pas mal à un nid de guêpes : vivant sa vie dans son coin tranquillement, celui qui hasardait à mettre un coup de pied dans la ruche se retrouvait avec un enfer de dards sur la figure.

« Tu me demandes aussi de t'aider à simplifier ce que tu compliques, mais comme je te l'avais dit, c'est rares que les choses soient simples. Rien n'est blanc ou noir uniquement, rien n'est acquit, pas même ce en quoi un homme peut croire. La preuve en est : toi qui me clamait un honneur de sportif inébranlable capable de briller dans le monde des ombres, te voilà déjà dans le doute après ton combat dans l'arène. »

C'était cela aussi, mûrir et évoluer.

« Je peux t'apprendre à comprendre ce qu'est un ninja, et à réfléchir comme un ninja, mais je ne peux pas te faire accepter d'être un ninja si la nécessité du métier entre en conflit avec les valeurs auxquelles tu crois. Et tu ne peux pas t'épanouir dans une idéologie que tu ne partages pas, tu ne peux pas éprouver et affermir tes valeurs si tu te forces sans cesse à aller à leur encontre. Alors qu'est-ce que tu attends réellement de moi, Notsuu ? Que je te réintègre à Matsudaï pour t'entrainer sous ma direction ? Que je te fasse la liste des coups fourrés qui existent pour que tu puisses te préparer une sortie à chaque situation envisageable ? Cela ne marche pas juste ainsi. Si tu te contentes de subir et riposter, tu vas droit dans le mur. Tout comme à la boxe, tu dois mener le combat et créer l'opportunité, pas attendre qu'elle s'ouvre d'elle-même. Mais bon, là n'est pas la question pour le moment. »

Un problème après l'autre.

« Je peux t'apporter une partie de ce que tu cherches à apprendre, et je connais des noms pour compléter ce qu'il manque, mais es-tu sûr que tu es prêt à adhérer à ce système ? Comme je te l'ai dit, tu as d'autres possibilités pour ce que tu désires accomplir. »

C'était un peu court, et cela tournait en rond, mais Natsuki en avait assez de contempler sa page word depuis deux heures sans arriver à avancer plus loin. Autant boucler ainsi le post et limiter la casse.

A travers ses réponses devant les pistes que lui avait lancé Natsuki, Notsuu lui prouva qu'il n'était pas simplement venu les mains dans les poches et l'esprit dans les nuages pour se lancer dans des projets sur un coup de tête.

« Je vois que tu as bien réfléchis à la question, et que tu as déjà pesé le pour et le contre de chaque chose. J'apprécie l'initiative. De fait, je suis d'accord pour t'aider du mieux possible à compenser ta plus grande faiblesse en tant que ninja. Toutefois, si ce n'est pas sous l'égide de Matsudaï, sache que tu ne seras pas ma priorité. J'ai malgré moi un emploi du temps de ministre, et un temps défini à consacrer à chaque chose : mon équipe entre autre est prioritaire sur toute leçon individuelle que je pourrai donner à un tiers. »

Sans compter qu'il sera aussi moins susceptible de contracter des dettes auprès d'autrui afin d'aider le Gekei là où lui-même n'avait pas moyen d'agir.

« N'y vois pas là une forme de chantage Notsuu, ce n'est absolument pas le cas. Je t'explique juste la réalité des choses afin que tu n'aies pas de mauvaises surprises, ou que tu ne puisses pas dire que tu n'as pas été prévenu. N'importe comment, je doute que tu te sentirais à l'aise dans Matsudaï. Nous ne choisissons jamais nos équipiers en mission, et il faut faire avec, mais j'ai déjà pu remarquer que Leika et toi ne vous entendiez pas très bien. Genshiki étant décédé par inactivité à Nami – et sa réincarnation suivante s'est faite incarcérée - , la place qu'il a laissé vacante est maintenant occupée par un autre, qui lui aussi a quelques difficultés à se trouver des atomes crochues avec notre représentante du beau sexe. Alors je t'avouerai que dans le fond, ce n'est pas plus mal : j'ai déjà assez de chamailleries de gosses et de tension à gérer pour en rajouter une couche. »

Enfin, il n'y en avait eu qu'une seule officielle, mais une équipe vivait en permanence, même entre deux pans d'histoires couchés sur le papier. Et tout était encore trop récent pour croire à une moindre amélioration de l'ambiance. De toute façon, tant qu'ils restaient professionnels, Natsuki déplorait la situation, certes, mais s'en contentait.

« Si tu cherches une équipe autre, je te conseillerai celle de Takeo Inuzuka. J'ai déjà eu l'occasion de l'entrainer lorsqu'il était plus jeune, et même si je n'ai que peu de nouvelles de lui dernièrement, je pense qu'il est devenu un très bon formateur. Si mes informations n'ont pas encore refroidit, je crois qu'il y a des places disponibles chez lui. N'importe comment, cela ne te coûtera rien de lui demander. Il faudra juste éviter de lui faire des infidélités de tutorat s'il est en mesure de te les apporter lui-même. »

Cela ne se faisait pas trop de manger à plusieurs râteliers si la nourriture était la même partout.

« Bon, si nous tombons d'accord là-dessus, et qu'il n'y a rien de plus que tu souhaites ajouter, je vais te laisser. Je te donne rendez-vous dans neuf jours, sur le terrain d'entrainement numéro cinq en bordure de forêt à 17 heures. Si tu as un empêchement d'ici là, fait le moi savoir au plus tôt : tu sais où sont mes deux boites aux lettres. »

Natsuki lui tendit une main à serrer.

« Cela m'a fait plaisir de t'avoir revu, et de discuter avec toi Notsuu. A bientôt. »

Et si empêchement il n'y avait pas, Natsuki l'attendit donc à la date et l'heure convenu, sur le terrain numéro cinq. Celui-ci était essentiellement de nature forestière, bien qu'une clairière d'un kilomètres² en ponctuait l'orée. Le terrain était plat sur cette partie, ponctué seulement par deux rocs espacés l'un de l'autre d'un mètre, à l'image des trois bûches verticales sur un autre secteur d'entrainement bien connu. Et c'était justement ici qu'était le Nara tatoué, installé en tailleur sur l'une de ces deux pierres.

La ponctualité était une qualité que Natsuki appréciait énormément, et à laquelle il avait pourtant beaucoup de mal à se tenir. Professionnellement parlant, il avait apprit à se montrer très en avance sur ses rendez-vous, comme si cela pouvait lui permettre de repérer le terrain par avance, et cela découlait sur sa vie privée – même s'il arrivait à se montrer plus raisonnable de ce côté-là. Ces temps d'avance, lorsqu'ils n'étaient pas entièrement utilisés en précaution, étaient consacrées à l'organisation mentale du reste de sa journée, des tâches qui ne nécessitaient alors plus que la main pour les exécuter sans la réflexion qui allaient de paire normalement avec - cette dernière étant déjà effectuée en amont, et mémorisée. Aujourd'hui ne faisait pas exception à la règle, à plus forte raison que le Nara tatoué avait eu fort à faire en préparer afin d'introduire Notsuu aux bonnes pratiques du monde shinobi.

Le concerné arriva lui à l'heure, et s'installa face à Natsuki pour lui faire part de ses souhaits plus en détails après l'avoir salué.

« Hum... oui, j'ai vu cela pendant les combats du Colisée mais... est-ce que tu as bien conscience que le genjutsu n'est pas le seul danger que tu as à craindre ? Je veux dire, regarde toi par exemple. Tu as rendez-vous en extérieur, ton interlocuteur est déjà là et installé, et toi, devant la disposition des lieux qui te semble naturelle, tu prends place exactement là où je m'attendais à ce que tu le fasses. Du coup, sans avoir fait attention, tu te retrouves maintenant avec les fesses sur un sceau explosif. Alors je ne vais pas le faire exploser – ne c'est d'ailleurs qu'un sceau inactif juste pour voir si tu le remarquerais – mais je pense que tu as saisi l'idée. »

Il désigna du pouce la forêt par-dessus son épaule.

« J'en avais prévu d'autres du genre pour la fin d'après-midi, mais si tu préfères le genjutsu, je n'ai pas de problème avec cela. Sache juste que c'est un domaine dans lequel je suis loin d'être un expert. Mes connaissances dessus sont très empiriques, et essentiellement limitées à comment s'en défendre au mieux. Et '' au mieux '' ne signifie pas '' de la meilleure manière qui soit ''. Bon, maintenant que tu es au courant de cela, fais-moi déjà part de ce que tu sais sur le domaine du Genjutsu : cela m'indiquera par où commencer avec toi. »

Inutile en effet de revenir sur les connaissances qu'il avait déjà.

« Ne t'inquiète pas Notsuu, je ne te reproche pas de négligence. L'on ne peut pas être tout le temps sur le qui-vive, c'est un coup à se faire des cheveux blancs cela. Regarde moi, ils étaient bleues avant... » dit-il en faisant la moue, alors qu'il roulait l'une des mèches de son front entre son pouce et son index. « Je te donne juste un exemple de ce dont tu peux te méfier en mission. Les plus classiques en tout cas. Mais bon, là n'est pas le sujet. »

Et au moins, Notsuu en connaissait un minimum sur le sujet, ce qui allait déjà faciliter les choses à son formateur, qui n'avait qu'à compléter.

« C'est à peu de choses près cela, oui. Le Genjutsu est l'art qui permet de brouiller les sens de l'adversaire en perturbant la circulation de son énergie. Il agit par l'un des cinq sens, et un seul suffit pour altérer entièrement la perception du monde. Une illusion véhiculée par l'odorat par exemple peut tout à fait te faire halluciner visuellement. La plupart du temps, c'est par l'ouïe et la vue que les Genjutsu s'activent, car ce sont les modes de transmissions vers le cerveau les plus accessibles. Certains utilisateurs y parviennent à travers l'odorat, mais ils sont relativement rares. Quant au goût, je n'ai jamais connu quelqu'un qui se soit embêté à tenter cela, puisque c'est impossible par objet interposé. Mais bon, l'un dans l'autre, pour le commun des shinobi, qu'importe le vecteur, car quand tes sens t'alertent, c'est généralement déjà trop tard. »

Et cela, c'était quand le sens en question alertait, ce qui n'était pas toujours le cas.

« Après, comme tu l'as très justement fait remarquer, les genjutsu ne génèrent pas toujours des hallucinations visuelles, bien qu'elles soient les plus marquantes. Certains peuvent te décupler l'intensité d'une sensation douloureuse, alors que d'autres t'empêchent purement et simplement de percevoir une partie de la réalité, comme des projectiles devenant '' invisibles ''. Pour ce qui est des Genjutsu de la branche des Yamanaka, c'est encore une toute autre catégorie, complètement à part. J'avoue d'ailleurs, encore à ce jour, ne pas comprendre pourquoi leurs techniques claniques ne sont pas dans la catégorie Ninjutsu, mais bon, ceci est un autre débat. »

Et puis, viendra forcément un jour où la roue tournera, et où le genjutsu n'aura plus le vent en poupe. Une nouvelle spécialité régnera alors en maître pendant un temps, et le cycle reprendra.

« Pour ce qui est de se libérer d'une illusion, la technique la plus efficace que l'on emploie est effectivement le Kaï. Toutefois, bien qu'elle soit extrêmement utile, elle est aussi diablement compliquée à apprendre. Disons que n'importe qui n'y arrive pas, et qu'il encore moins aisé de pousser sa maîtrise du Kaï jusqu'à être capable de se sortir de n'importe quelle illusion. Si tu veux arriver à ce niveau , il faudrait que tu t'entraines jusqu'à te spécialiser dans le domaine du Fuinjutsu, de la Sensorialité, ou du Genjutsu. Le premier te permettrait de créer des sceaux de chakra en avance, dont la rupture court-circuiterait la circulation perturbée de ton énergie, la remettant ainsi en état. En d'autres termes, sortir de l'illusion. La Sensorialité quant à elle t'habitue à la fluctuation du chakra, ce qui te permet très vite de te rendre compte si tu es affecté par un genjutsu, et en conséquence, d'ajuster ton chakra pour le neutraliser. Le Genjutsu enfin, par habitude de créer des illusions, fait que tu sais très vite en reconnaître une lorsque quelqu'un t'en prépare. »

Le problème du Fuinjutsu était que contrairement aux deux autres, il ne permettait pas de reconnaître de façon instinctive un genjutsu lancé. Le déclenchement du Kaï de cette manière est donc très hasardeux, car lorsque l'on se rend compte de l'illusion, c'est en général que l'on en a déjà subit une bonne partie des effets, si ce n'est la totalité.

« Toi qui est du genre à détester te faire prendre à revers, et qui veux être capable de repérer quand un adversaire essaye de te la mettre profond derrière l'oreille, la sensorialité me semble être un domaine tout indiqué. Car bien évidement, cette voie ne se limite à la pratique du kaï. »

Même si dans un soucis d'honnêteté, Natsuki était à peu près sûr que si Notsuu restait frontal, il n'utilisera jamais les capacités de cette branche aux maximum de leurs possibilités. Mais si cela pouvait le rendre plus efficace dans d'autres, pourquoi pas?

« Pour ma part, je sais pratiquer des sceaux faisant office de Kaï. Je pense être en mesure de t'apprendre comment faire, et ce, en l'adaptant à n'importe laquelle des trois spécialités que j'ai cité plus haut. La question est donc : '' comptes-tu développer ton taijutsu jusqu'à sa forme la plus pure, ou souhaites-tu élargir ton domaine de compétence avec d'autres spécialités ? '' »

Natsuki pour sa part préférait la variété, surtout lorsqu'il arrivait à combiner les deux.

Spoiler:

« Je vais commencer par te parler un peu plus en détails de la sensorialité, même si cela va rester très superficiel : mon savoir dessus est purement théorique. Dans cette branche, l'on regroupe grosso modo deux voies. La première regroupe la dissimulation, là où je n'y connais quasiment rien. C'est l'art de supprimer de la perception des autres un aspect de soi, comme le chakra, le corps, le son etc... La seconde inclus tout ce qui concerne sa propre perception du monde. Ce sont des techniques qui décuplent tes sens jusqu'à une certaine intensité pour percevoir ce qui t'entoure et qui échapperait à l'individu moyen. J'ai déjà affronté des adversaires dont la perception de leur environnement était telle qu'ils parvenaient à '' sentir '' toute attaque rapide ou invisible, comme s'ils avaient une seconde d'avance sur le temps. »

Suite à quoi il suffisait d'adopter la tactique dite de la '' tortue bicentenaire '', qui fonctionnait une fois sur trois en moyenne.

« En général, les individus ayant des facilités avec la sensorialité sont capable de le faire avec leur cinq sens jusqu'à un point donné. Ensuite, cela dépend des gens, et de leur héritage génétique. Tu verras rarement quelqu'un d'autre qu'un Inuzuka te flairer une grillade à six kilomètres de là, ou un Hyûga compter les puces sur le dos du Ninken parti chercher les grillades en question. Onpu Myakudon, le Hokage qui a précédé Miko Aburame, ne comptait pas d'attribut clanique, mais avait une excellente oreille : il pouvait s'occuper des grillades et entendre compter le Hyûga. Quelques individus toutefois se montrent doués partout, sans attribut particulier. »

Les '' sensorialité + '', comme on les appellerait si le monde était un jeu vidéo ou de rôle.

« Ton niveau en sensorialité ne dépendra pas donc pas seulement du temps que tu t'investira dedans, mais aussi de ce que ton corps pourra supporter et te permettre – sauf si tu fais parti des exceptions citées plus haut. Et dépendamment de ton niveau dépendront la qualité de tes Kaï. Mais nous verrons plus tard – ou plutôt, tu verras avec quelqu'un d'autre – si ton héritage génétique te permet d'aller au-delà de la limite moyenne. Avec toi, je vais simplement aborder la partie qui t'intéresse, à savoir la perception de l'énergie pour utiliser le Kaï. Allez, merci de ne pas t'être endormi pendant la théorie, maintenant tu passes à la pratique. »

Ce qu'il savait que Notsuu préférait amplement. Cela lui manquait quand même un peu parfois, les étudiants '' spirituels ''.

« Pour commencer, tu vas fermer les yeux, et te laisser guider par ma voix. J'aimerai que tu te concentres uniquement sur les sensations de ton corps, de sorte à ce que je ne sois qu'un murmure faisant office de fil d'Ariane. »

Sa voix se fit effectivement beaucoup plus basse, de sorte que le Gekei puisse entrer en méditation sans qu'il ne le perturbe.

« Détends tes muscles, et inspire calmement. D'abord, sens l'air qui entre dans tes poumons, perçois les odeurs qu'elle amène avec elle : les pins, l'herbe, la mousse la terre, l'été. Souffle. Laisse l'air filer entre tes lèvres deux fois plus lentement qu'à l'inspiration. Recommence. Maintenant, centre ton attention sur toi-même, isole-toi du monde extérieur. Tout proche de l'oxygène qui filtre dans tes bronches, tu dois commencer à le sentir, le chakra qui parcourt ton corps, palpitant dans un réseau similaire au système lymphatique. Inspire doucement, et souffle. Reste encore passif pour le moment. Efforce-toi simplement de juste prendre pleinement conscience de cette circulation, de la comprendre, de capter ses ramifications et de visualiser son étendu. »

A ce stade, les paroles de Natsuki n'étaient plus que des murmures, portés par un courant d'air jusqu'aux oreilles de son étudiant. L'exercice dura une bonne demi-heure, durant laquelle il finit par se taire afin que Notsuu puisse se concentrer totalement, sans perturbation extérieur. Il ne soufflait par instant que quelques mots pour le guider dans son voyage intérieur.

« Doucement maintenant, inspire grand une dernière fois, et souffle en ouvrant les yeux. Voilà. Cela, c'est un exercice de méditation de base, il sert à trouver la force en soi en même temps que la sérénité. Personnellement, je l'utilise aussi avec ceux qui ont du mal dans l'utilisation du chakra. Dans ton cas, comme en bon pratiquant du taijutsu que tu es, il servira à prendre conscience de ta circulation de chakra. C'est la base pour tout prétendant à la sensorialité : être conscient de l'état de son réseau. Car si tu n'es pas capable de le sentir aussi aisément que tu respires, alors tu ne seras pas en mesure de te rendre compte quand il sera perturbé par un genjutsu. Alors selon les écoles, certains te diront qu'il faut une technique pour sentir avec certitude quand ton chakra est perturbé, d'autres affirmeront que c'est automatique. Personnellement, je ne sais pas trop, il faudra que tu vois cela avec un valideur technique. »

Ou n'importe qui d'autre mieux renseigné que Natsuki.

« Mais l'un dans l'autre, l'on s'en fiche pour le moment. Si je te fais ressentir ta circulation, c'est pour que tu sois capable d'effectuer le kaï dessus. Déjà jusque là, est-ce que tu m'as suivit ? »

C'était déjà pas mal de savoir s'il avait toujours Notsuu avec lui, ou s'il l'avait perdu dans les limbes de ses interminables explications sur la théorie des techniques.

Spoiler:

Comme après un long voyage, Notsuu revint à lui sous le regard de Natsuki. Un regard qui avait changé pour le Gekei, dont les pupilles s'étaient teintées de la couleur de l'or, pour des yeux qui rappelaient ceux de Miko maintenant – la cruauté en moins. Malgré tout, il s'agissait là du seul changement relevé, Notsuu restait ce qu'il a toujours été.

« Très bien. Dans ce cas, nous allons passer à la seconde étape, à savoir manipuler le chakra du corps depuis l'intérieur. C'est ce qui permet entre autre de réaliser le Kaï. Alors sur le plan strict, oui, il suffit de lancer la technique. Mais cela à dire qu'il suffit de faire pour lancer la boule de hado. Or comme tu t'en doutes, il y a tout une mécanique physiologique et énergétique à mettre en route qui la précède. Une mécanique qui devient un automatisme à force de pratique, si bien que l'on finit par ne même plus y penser en l'exécutant. C'est à ce niveau de perfection que tu dois hisser l'essentiel de tes techniques, car en réaliser une comme cela à l'aise tout seul est une chose, et y parvenir en plein combat, sous l'effet du stress et de la pression tout en devant penser à tout en est une autre. »

Surtout quand l'échec entrainait des conséquences vraiment fâcheuses, ce qui survenait essentiellement dans le deuxième cas de figure. A défaut de pouvoir toujours compter sur ses alliés, un shinobi devait au moins pouvoir compter sur lui-même.

« Nous allons faire comme avant, je vais t'expliquer la marche à suivre au fur et à mesure. Ferme à nouveau les yeux pour commencer. Le but ici est de parvenir à influencer ton chakra en exerçant une emprise dessus. C'est assez similaire à du renfort musculaire à l'aide de son énergie. Pour cela, tu vas te concentrer à nouveau dessus, mais avec beaucoup moins de passivité. Le plus simple, c'est de l'imaginer comme un torrent, ou un courant d'air. Imagine-toi maintenant plongé dans celui-ci, sens-le couler sur toi. Sens le communier avec toi, ne faire plus qu'un avec ton être. Quand ce sera bon, tente de lui imposer une direction, une vitesse de parcours, puis enfin de le canaliser dans ton abdomen. »

L'exercice avait beau avoir l'air simple, il était très complet, et servait autant à affiner la maîtrise de son chakra que de développer son réseau d'énergie. Dans la situation présente, c'était le premier cas qui intéressait les deux concernés.

« L'abdomen est la plaque centrale par laquelle passent toutes les ramifications chakratiques du corps. C'est à travers elle que tu auras le plus de facilité à rétablir ton énergie en cas de dysfonctionnement. Essaie de bloquer le courant, de l'y concentrer comme si tu dressais un barrage pour ne pas que le chakra s'échappe ailleurs une fois qu'il arrive. Puis lorsque tu en as accumulé, relâche tout, laisse-le se déverser dans tout ton organisme. Fondamentalement, un Kaï, c'est ceci. »

Mais alors vraiment, fondamentalement seulement.

« Ouvre les yeux. Lors d'un genjutsu, la circulation de ton énergie est affectée, et se déplace avec difficulté de façon naturelle. Vois cela comme des troncs d'arbres et des rochers qui se planteraient au milieu d'une rivière. Cela n'empêche pas le courant de couler, mais cela le gène fortement. Le Kaï est une concentration d'énergie que tu libères soudainement, à l'image d'un barrage qui cède, et dont l'eau brutalement libérée en quantité emporte tout sur son passage pour libérer son chemin. Le Kaï que je forme à partir d'un sceau n'est ni plus ni moins qu'une accumulation de chakra que je peux relâcher au besoin pour rétablir mon énergie grâce à la décharge. Et dans ton cas, tu peux simplement concentrer ton énergie en un instant quand tu en reçois le besoin, et la laisser exploser pour te libérer des illusions. La force de la déflagration nécessaire variera en fonction de l'intensité de la perturbation, que tu apprendras à reconnaître et évaluer avec le temps. »

Sauf s'il mourrait avant. Beaucoup de gens talentueux sont morts avant d'avoir pu exprimer leur talent.

« Et c'est jusque là que je peux te permettre de t'exercer avec efficacité. Car passé le point de la manipulation à exécuter , je ne te suis plus vraiment utile. Comme je ne maîtrise pas le Genjutsu, je ne peux pas te plonger dans des illusions pour t'apprendre à procéder à un Kaï en conditions réelles. Pour cela, il va te falloir trouver un ou une partenaire. Mais une fois le coup de main assimilé à vide, c'est relativement simple à reproduire sous genjutsu. La pratique te permettra seulement d'apprendre à reconnaître la perturbation de ton énergie, et d'évaluer la quantité de chakra nécessaire à déployer pour la restaurer. »

Ce qui était déjà beaucoup.

« Tu as des questions ou des remarques dont tu souhaites me faire part peut-être ? »

Outre le fait qu'il parlait beaucoup, ce qui lui semblait essentiel dans un apprentissage hélas.

A son expression, Natsuki devina que Notsuu était en train d'ouvrir de nouvelles routes dans son réseau d'énergie, des routes qui jusqu'à présentaient que des allers simples vers les poings et les pieds, probablement. La méditation ne devait pas être son fort, ce qui était bien dommage : elle était source d'une puissance incroyable, autant spirituelle que physique.

« Il faudrait que je t'apprenne à méditer sous une cascade à l'occasion. Pour renforcer le physique et le mental, tu trouveras difficilement mieux. C'est aussi le nec plus ultra pour se dégager les chakra lorsqu'ils se rabougrissent. »

C'est alors que Notsuu lui posa une curieuse question, une fois revenu dans la réalité. Natsuki resta quelques instants silencieux à l'observer, comme s'il réfléchissait quoi répondre, avant de se fendre d'un sourire.

« De deux choses l'une, Notsuu. Les Jinchuuriki n'existent pas, ce sont des légendes. Que je sache, personne n'a inventé la technique pour sceller quelqu'un en lui, sans quoi plus d'un aurait cherché une pseudo immortalité en enfermant son essence vitale dans un corps plus jeune. Quant aux Démons à Queues, le seul qui a été vu ces quinze dernières années est Ichibi. Il se balade encore dans la nature, probablement. Et au regard du bestiau que c'était, je doute que qui que ce soit ait envie de se lier à cela. »

Surtout quand l'affrontement était en scénarium, un élément contre lequel il était impossible de lutter.

« Ensuite, à poser des questions à moitié, tu risques de te retrouver avec des demi-réponses, quand elles correspondront ne serait-ce qu'un peu à tes interrogations. Je ne vais pas jouer au bête avec toi, alors tu seras donc aimable de faire de même avec moi. Car en définitif, tu te fiches des Démons à Queues et des Jinchuuriki, n'est-ce pas ? C'est plutôt en rapport avec ton totem que tu t'inquiètes. »

Il se tut un instant, pour s’assurer qu'il avait fait mouche.

« Je ne sais pas, honnêtement. » répondit-il finalement en sentant qu'il ne valait mieux pas s'aventurer trop loin sur cette voie-là. « Vous les Gekei êtes un clan très singulier : il n'y en a pas deux qui vivent leur totem de la même manière. Chez certains, l'animal en eux est une entité à part entière, alors que pour d'autres, il s'agit d'un instinct, voire uniquement d'une capacité. Donc j'imagine qu'en partant de cela, chacun à une manière différente de répondre à un genjutsu violent. Le mieux serait encore de questionner ton clan à ce sujet. »

Natsuki aurait eu tendance à lui dire que si, c'était possible, mais il n'était pas du tout en mesure d'argumenter ses propos. Tout ce qu'il savait, c'est que lui-même à l'époque, alors que chaque jour était une lutte pour garder le contrôle sur son corps et sur ses pulsions, le moindre relâchement d'attention pouvait forcer l'issu de son duel mental. Et le genjutsu était prédisposé à cela...

Mais n'était pas encore née celui qui arrachera cette information.

Spoiler: