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 La traîtrise a parfois du bon ...

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Iwa
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Message(#) Sujet: La traîtrise a parfois du bon ... La traîtrise a parfois du bon ... EmptySam 7 Jan 2017 - 18:18

Spoiler:

Maintenant encore, quand j'y réfléchis, les termes de l'ordre de mission me reviennent en mémoire avec une étonnante clarté. Etrange, comme certains mots peuvent marquer un homme après des années. Mais, quand on sait les événements qu'ils entraînèrent, il semble logique, sans doute, qu'ils aient eu cet impact sur moi. Tous ces bouleversements, tous ces inattendus ... Quand j'ouvrai le rouleau la première fois, je n'y lisai que des lignes somme toute assez banales pour un Shinobi. Il s'agissait d'une mission qui, quoique d'une importance capitale pour Kumo et Raiun, restait dans le domaine du normal, de l'habituel. Les groupes de brigands étaient assez fréquents, même à l'époque, et il n'était pas rare pour les voyageurs d'en croiser sur les routes. Alors, ils n'avaient qu'à mettre à l'abri leurs biens les plus précieux, protéger femmes et enfants, et prier du mieux qu'ils le pouvaient. Dans ces conditions, il paraît tout à fait compréhensible que les autorités cherchent à faire disparaître un tel fléau. D'autant qu'aujourd'hui, il s'agissait d'une obstruction aux manoeuvres de Kumo même. L'attitude des pillards était intolérable, et devait être punie sur le champ.

Cela, je ne pouvais que l'approuver. Encore aujourd'hui, les bandits de grands chemins font des ravages sur le territoire. Je sais l'importance de réduire à néant ces organisations de fortune qui n'ont d'autre effet que de tourner en ridicule le pouvoir des gardiens de l'ordre. Mais leur croissance est exponentielle, et impossible à stopper, semble-t-il. Face à ça, je me dis que la seule solution doit être de recruter plus qu'eux. Mais le problème n'étant pas majeur en temps de guerre, les forces ne sont pas dirigées vers la sécurité intérieure du pays en premier lieu. Bref, depuis cette époque, il y a six ans, les choses n'ont pas vraiment évolué. Et je suis certain que je pourrais à nouveau être appelé pour mener à bien une mission du même ordre que celle qu'on me confia à l'époque.

Je ne devais pas être seule dans cette tâche. On m'avait confié le commandement d'une troupe d'une douzaine d'hommes, que je retrouvai aux portes du village. Tous montaient des destriers à l'allure fière. L'un d'eux me tendit les rênes d'une monture que je devinai être la mienne, et sur laquelle je grimpai sans tarder. Desserrant les sangles de mon sac et l'attachant un sac sur le flanc de mon cheval, je jetai un coup d'oeil attentif aux douze hommes qui attendaient mes ordres. Il n'y avait en effet pas une seule femme parmi la troupe. Impossible pour moi de déterminer la cause de cette situation, mais je devinai qu'elle n'était pas anodine. Peu importe, nous nous débrouillerions bien de toute façon. Parmi les visages, j'en reconnus quelques-uns. Des camarades dans le cadre d'anciennes missions, ou de simples connaissances de vue. Tous étaient armés. Je distinguai des sabres cachés sous de longs manteaux, et haches dissimulées dans des sacoches et l'attirail habituel du Shinobi à la ceinture de chacun des guerriers: kunaïs, shurikens et parchemins explosifs. Moi-même, à ma taille, j'avais attaché le même arsenal. Cette inspection muette faite, j'adressai la parole à mes hommes:

"Messieurs, bien le bonjour. Je suis Seki Wataru. On m'a demandé de diriger cette troupe dans l'expédition que nous devons mener contre les pillards qui font souffrir Raiun. Nous devons partir au plus vite, aussi serai-je bref. Ce qui ont déjà travaillé avec moi connaissent mes méthodes. Discipline et ordre sont mes maître-mots, et je saurai les faire respecter dans mes rangs. La réussite de la mission est l'objectif prioritaire et absolu. Aucun obstacle ne sera toléré. Je me suis fait comprendre ?"

Les douze hommes hochèrent la tête de concert.

"Dans ce cas, en route."

Et nous prîmes la route du Nord au trot.

Il était assez insolite de voir une troupe de Shinobis montée sur des destriers, je le concède. En fait, il s'agissait d'une méthode d'approche discrète de notre objectif. En se déplaçant à cheval et en cachant au mieux leurs armes, nous espérions passer pour un groupe banal de voyageurs. Du reste, nos talents de combattants demeuraient, et nous étions prêts à nous défendre à tout instant. Qu'une brigade de bandits s'en prenne à nous et elle aurait certainement regretté sa témérité.

Le voyage fut cependant calme. Assez, en tout cas, pour que je me rende compte que je n'étais décidément pas un cavalier né. Chaque parcours que je faisais en selle me rappelait douloureusement que les Shinobis ne faisaient pas toujours des maîtres d'équitation. Fort heureusement, le destrier qu'on m'avait attribué se montra tout à fait coopératif. La bette répondait à chacun de mes ordres dans la seconde, et se révéla être d'une docilité remarquable. La route, elle, était d'un calme olympien. Nous ne croisâmes aucun voyageur, ni aucun marchand, même après avoir traversé Raigeki. Nous arrivâmes à la cité perdue dans les plaines vers midi. Nous en profitâmes pour laisser nos bêtes se reposer, et pour nous restaurer nous-mêmes. Puis, nous reprîmes aussitôt la route. Dans le cas qui nous occupait, nous ne pouvions nous permettre de faire de longues haltes. Chacun de nous savait qu'une ville comptait sur le succès de notre mission. Un succès qui devait être total et rapide.

Notre destination finale nous apparut alors que le soleil se couchait derrière les hauts sommets du Mont Raijin. Nous parvenions à la lisière de la forêt, là où nous pensions trouver un petit village qui nous accueillerait probablement pour la nuit. Au lieu de ça, ce que nous vîmes déclencha en nous tous un frisson glacial. Certains hommes grognèrent de rage, quand d'autres commençaient nerveusement à tâter le manche de leurs armes.

Le bourg que nous pensions trouver était en cendres.

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Message(#) Sujet: Re: La traîtrise a parfois du bon ... La traîtrise a parfois du bon ... EmptySam 7 Jan 2017 - 18:58

Le souvenir de la clairière encore imprégnée de l'odeur âcre de fumée me revient en même temps que je le raconte, et le goût terrible de la chair brûlée reprend possession de ma bouche comme il le fit alors. La pestilence olfactive était tellement forte qu'elle s'insinuait même dans la bouche, et nous faisait ressentir la sensation terrible d'avoir les joues pleines de chair humaine grillée. Troublés, l'énervement commençant à monter en nous, nous nous approchâmes des ruines du petit village. Au milieu des maisons roussies -dont il ne restait plus que les fondations noircies par la cendre- un groupe de femmes et d'enfants était rassemblé autour d'une marmite biscornue. Tous avaient l'air faméliques, et si leurs visage n'exprimaient pas de détresse, ce devait certainement être qu'ils en avaient déjà épuisé tous les ressorts. Non, au contraire ils s'apparentaient déjà à des fantômes. Je fus frappé de constater que quelques-uns des enfants étaient très jeunes. Ils ne dépassaient pas dix ans d'âge, et je vis même un nourrisson aux cheveux d'un roux flamboyant attaché à la poitrine de la femme qui mélangeait le contenu de la marmite. J'eus un frisson d'horreur en pensant au destin de cet enfant. Nul doute, en effet, que ces gens-là étaient voués à mourir dans les bois, au milieu des restes de ce qui avait été leur foyer, si on ne leur venait pas en aide.

Je m'approchait encore un peu avant de descendre de cheval. Je confiai les rênes de ma bête à un de mes hommes, avant d'interpeller les rescapées de l'incendie du bourg:

"Bonsoir mesdames. Est-ce que ... C'est bien ici qu'était le village Takayama ?"

J'eus droit au silence pour toute réponse, dans un premier temps. Finalement, une vieille femme leva ses yeux faibles vers moi, et me répondit d'une voix rendue rauque par les âges, la maladie ou la tristesse:

"Oui. Ici, il y a encore une semaine, se dressaient des maisons et un bourg tranquille. Mais le malheur nous a frappés. Que venez-vous faire ici, voyageurs ? Accroître notre peine ou nous en délivrer ?"

Je me sentis aussitôt mal à l'aise, sans pouvoir dire pourquoi. Sans doute la détresse ultime met-elle toujours un écart trop grand entre celui qui souffre et celui qui est en pleine forme pour que la relation soit toujours normale. Mais d'instinct je savais que rien ne serait plus normal pour ces gens-là. Leur vie se résumait maintenant à un cauchemar, les yeux grands ouverts.

"Que s'est-il passé ?

-Une troupe de brigands est arrivée, qui a mis le feu à nos maisons, et tué nos hommes. C'est tout. Notre malheur est résumé dans ces quelques mots, tu vois ?"

Une fois encore, je frissonnai. Mais je devinai également que la mission qui nous occupait ne devait pas être complètement étrangère aux événements dont me rendait compte la doyenne des rescapées. En effet, même s'ils sont généralement imprévisibles, les brigands ont cette manie parfois arrangeante pour ceux qui les combattent de se faire la guerre entre eux. Ils ne tolèrent pas la présence de concurrents à moins d'une certaine distance, afin de garder leur champ d'activité pour eux-mêmes. C'est pourquoi on ne trouve jamais d'alliance de bandits. Mais c'est également la raison pour laquelle chaque fois d'une bande tombe, une autre naît sur ses ruines qui attendait de prendre sa place.

"Nous sommes des soldats de Kumo. Nous venons justement traquer les brigands qui vous ont attaquées. Si nous ne pouvons rien vous donner pour l'instant, sinon la promesse que nous réussirons dans notre tâche, je peux cependant vous proposer d'envoyer chercher du secours dès que nous aurons éradiqué la bande de malfaiteurs. Qu'en dites-vous ?

-Tu sembles bon, mais c'est en vain, hélas. Le temps que vous fassiez le chemin vers la prochaine ville, et que les secours se mobilisent, nous serons déjà morts de faim. Je ne nous donne plus que quelques jours à vivre. Nous n'avons plus rien à manger que ce que nous faisons cuire maintenant. Demain, il faudra priver les enfants, et nous aussi, car nous n'aurons que des mots à leur donner. Mais si nous pouvons mourir en sachant que nos hommes ont été vengés, alors nous serions plus heureuses encore que si tu nous avais sauvées."

Un murmure sourd dans l'assemblée des femmes hagardes confirma les dires de la doyenne. Je compris aussitôt que ces femmes plaçaient leur honneur bien plus haut, à présent, que leur propre survie. Le déclic se fit dans mon esprit que je n'avais plus pour mission de traquer ces brigands, mais qu'il s'agissait maintenant d'un devoir. Jamais plus je ne serais en paix sans avoir livré jusqu'au dernier d'entre eux à la justice.

"Rassurez-vous, alors."

Je me retournai vers mes hommes, et leur indiquai une clairière dans laquelle nous passerions une partie de la nuit avant de lancer l'assaut sur les brigands. Nous ne pouvions décemment pas demander l'hospitalité aux femmes survivantes. Nous passâmes quelques heures à dormir -trois tout au plus. Je tenais à ce que ma troupe soit en forme pour attaquer. Nous ne savions pas si nos ennemis seraient organisés, aussi devrions-nous être le plus efficaces possible. Une demi-heure avant mes camarades, je me réveillai et partai explorer les environs.

Le traître à ses brigands de camarades nous avait révélé avec une exactitude parfaite l'emplacement du repaire de ses anciens pairs. Je repérai la caverne au bout d'une dizaine de minutes, et me tapissai dans l'ombre d'un bosquet pour l'observer. L'entrée de la grotte rougeoyait de la lueur de lanternes. Deux sentinelles montaient la garde, armées de lances -du moins ne distinguai-je que cet arsenal-là. J'entendais le son de voix fortes résonner jusqu'à moi. J'estimai à une quinzaine le nombre d'hommes à l'intérieur. Parmi eux devait se trouver le leader du groupe. Sa capture et son interrogatoire seraient essentiels. Pour les autres ... Ils pouvaient aller au diable.

Je m'en retournai auprès de mes hommes dans la clairière, et leur expliquai le plan d'attaque: il s'agissait d'éliminer silencieusement les sentinelles, pour s'engouffrer d'un coup dans la caverne. Sous la surprise, les assaillis ne devraient pas avoir le temps de réagir correctement. Du reste, il nous faudrait seulement compter sur nos propres capacités au combat pour résoudre le problème le plus vite possible, et en évitant le plus les pertes de notre côté. Face à des soldats entraînés, ils ne pouvaient pas faire le poids.

"Faisons-leur payer. Une seule restriction: on garde le chef en vie."

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Message(#) Sujet: Re: La traîtrise a parfois du bon ... La traîtrise a parfois du bon ... EmptyDim 8 Jan 2017 - 17:58

Nous nous avançâmes en silence vers la grotte, treize ombre mouvantes et muettes dans la nuit noire. Chacun était aux aguets, et je savais que mes hommes avaient déjà la main sur la poignée de leurs armes. Il faudrait agir vite pour éliminer les sentinelles. L'erreur n'était pas permise: si une seule d'entre elles survivait assez longtemps pour déclencher l'alarme, on pouvait s'attendre à des complications. Même si je croyais en les capacités de mes hommes, je préférais éviter de nous mettre dans une situation périlleuse. L'échec n'était pas tolérable, la difficulté ne le serait donc pas non plus. Il fallait agir vite, et aveuglément. La pitié auprès de ces gens-là n'était plus de rigueur. En nous arrêtant devant l'entrée de la grotte, où retentissaient encore les bruits d'une ripaille joyeuse, nous franchissions la ligne de l'indulgence. Désormais, nous devions rendre justice à ces femmes que nous avions vues rendues démunies à cause du courroux injustifié de quelques brigands.

Je tendai deux doigts en l'air, avant de les diriger vers l'entrée de la grotte. Mes ordres étaient clairs: deux fléchettes partir de derrière les buissons où nous nous tapissions pour atteindre les gardes au niveau du cou. Ils ouvrirent la bouche, et je crus qu'ils allaient crier. Mais c'est à peine s'ils émirent un gémissement rauque, qui dut passer inaperçu en comparaison du bruit qui régnait dans la caverne, avant de s'écrouler sur le sol, morts. Nous sautâmes d'un même mouvement hors de notre cachette, moi en tête. Après avoir vérifié que les sentinelles étaient bien mortes, je lançai l'assaut d'un nouveau signe des doigts.

Les hommes s'engouffrèrent un à un dans la grotte, dans le silence le plus parfait du Shinobi entraîné. Déjà, les bruits de festin joyeux s'étaient arrêtés pour laisser place à des cris. J'entrai en dernier, un kunaï à la main, prêt à passer à l'action à tout instant. Un regard rapide me permit d'évaluer le nombre de nos adversaire. Ils étaient plus que je ne le pensais, mais pas trop. Une vingtaine était encore en vie, qui essayait du mieux qu'ils le pouvaient de lutter face aux Shinobis expérimentés de Kumo. L'avantage était cependant clairement de notre côté. Mes camarades faisaient tomber leurs adversaires les uns après les autres, et se tiraient de chacun de leurs duels sans une égratignure, ou presque. Je salua intérieurement leur esprit combatif et leurs capacités. Eux aussi devaient avoir été touchés par le sort des rescapées du bourg voisin, car je décelai une forme de colère combative dans leur attitude.

Les corps s'empilaient dans les coins de la grotte. Nos ennemis étaient trop imbibés d'alcool, ou encore trop pris de la surprise de l'instant pour combattre correctement. Mais déjà leurs esprits commençaient à se délier, et ils reprenaient du poil de la bête. Fort heureusement, il ne restait plus qu'une demi-douzaine d'entre eux, dont un avait l'air particulièrement revêche. Leur petit groupe faisait maintenant face au mur de mes hommes. Je sautai par-dessus ces derniers, et, prenant pour cible le brigand à la mine la plus patibulaire, lançai un kunaï dans sa direction. Je pensais m'attaquer au chef du gang, et je devais certainement avoir raison: l'un de ses subordonnés dévia le projectile d'un coup de sabre. Trop tard, la diversion était déjà faite. D'un même mouvement, mes hommes se ruèrent sur le peloton des brigands. Le chef de leur troupe, lui, recula de quelques pas, encourageant les derniers de ses sbires d'une voix rauque qui envahissait l'espace de la grotte.

C'était cet homme-là que je devais capturer, afin de le soumettre à interrogatoire. Secrètement, je dois avouer avoir eu, à ce moment, l'irrépressible envie de le torturer pour lui faire avouer les pires des crimes, qu'il les ait commis ou non. Contournant la masse des cinq brigands encore aux prises avec les miens, je jetai à la volée quelques shurikens. Le chef en évita la plupart -ceux qui menaçaient son visage et sa poitrine- et s'en tira avec quelques égratignures simples. Le temps de son inattention était suffisant pour que je puisse préparer ma prochaine attaque. Une série de mudras rapide et un long sabre de chakra vermillon apparaissait dans ma main droite. Je me ruai alors vers l'ennemi, cette arme en main. Celui-ci arbora un sourire carnassier, et je compris qu'il avait confiance en ses propres capacités au corps-à-corps. Si je ne l'affichai pas aussi ostensiblement, j'étais moi aussi confiant. J'assénai un coup de sabre. Pour s'en protéger, il leva lui-même sa propre épée. Au moment où les deux lames devaient se toucher, la mienne disparut dans un éclair rouge, avant de réapparaître, un instant après, derrière le sabre de mon adversaire. Une simple ruse, mais qui marchait toujours avec celui qui ne s'y attendait pas.

Je frappai du plat de la lame sur le torse du chef des brigands, l'étourdissant quelque peu sous le choc. C'était un homme robuste, cependant, et mon attaque ne l'ébranla qu'un instant. C'était suffisant pour que je m'approche plus encore. Avec la paume de ma main, je visai successivement le plexus, la gorge et enfin le visage. Ces trois coups portés avec précision, mon adversaire recula, chancelant, à moitié sonné. Je décidai qu'il était temps d'en finir avant de l'abîmer plus. Il devait rester en état pour répondre à mes questions, tout à l'heure. Je composai une série de mudras, et fis apparaître dans ma main droite un javelot de chakra, que je lançai sans attendre dans la direction du chef, acculé contre une paroi de la grotte. En l'air, le projectile se divisa en quatre lances plus fines, qui se plantèrent dans les bras et les jambes de ma cible. Un hurlement retentit dans la caverne. L'homme était maintenant cloué au mur de pierre, sans espoir de s'échapper.

Je repris ma respiration. Mine de rien, la joute avait tout de même était assez intensive. Si je n'avais eu à souffrir aucun dommage, mes hommes étaient cependant blessés, pour certains. Mais ils avaient réussi dans leur mission, et je constatai avec une sorte de fascination morbide qu'une trentaine de cadavres s'entassait dans la grotte. Nul doute qu'à l'aube les prédateurs de la forêt viendraient se repaître de ce festin. Je ne leur souhaitait pas meilleur repas. Ces gens-là avaient ce qu'ils méritaient, en finissant mangés par les bêtes. Ils ne valaient pas mieux que du gibier. Déjà mes hommes commençaient à panser leurs blessures. Je m'approchai de ma proie, toujours clouée au mur. Le chef s'était évanoui. Je me retournai vers un de mes hommes qui n'avait pas été blessé.

"Passe-moi ta gourde."

Il s'exécuta et me tendit l'objet. J'en versai tout le contenu sur le visage du prisonnier, qui se réveilla en sursaut. La bataille avait été rapide, et elle était maintenant terminée. L'interrogatoire pouvait commencer.

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Message(#) Sujet: Re: La traîtrise a parfois du bon ... La traîtrise a parfois du bon ... EmptyDim 15 Jan 2017 - 16:43

Les interrogatoires n'ont jamais été des tâches faciles à mener, et elles ne le seront probablement jamais. De tous les souvenirs que je parviens à rassembler, pas un ne me vient en mémoire qui aille à l'encontre de cette théorie. La logique est inévitable: durant un interrogatoire, l'inquisiteur doit se faire inhumain, se dénuder de toute émotion pour arborer le visage et l'attitude les plus neutres possible. Ce n'est pas un juge, ni même un questionneur que l'interrogé doit avoir en face de lui, mais bien une pierre, une statue, quelque entité de glace au coeur de pierre, sourd à toute protestation et témoignage de douleur. Y a-t-il plus dure épreuve pour un humain que de se dépouiller de son humanité ? Je ne le crois pas. Ou alors n'y en a-t-il qu'un petit nombre, quelques rares exceptions. Pour ma part, j'ai toujours autant de mal à me faire le plus impartial et neutre des questionneurs. Qui plus est quand l'inquisiteur doit laisser les méthodes douces pour y préférer la torture physique. Laquelle est la plus glaçante ? Celle de l'esprit ou du corps ? Seule une personne ayant vécu les deux pourrait répondre, et rares sont celles-ci qui acceptent de parler de leur expérience de douleur.

Je me tenais donc assis sur un roc saillant, face à mon prisonnier encore aux prises avec ses entraves. De minces filets de sang coulaient de ses blessures. Je savais qu'elles ne lui seraient pas fatales, pas dans l'immédiat, du moins. Je rassemblai mes esprits, et en chassai toute trace d'émotion, colère comprise. Ce n'était plus un homme en souffrance que j'avais face à moi, ni même un criminel responsable de la mort de nombreux innocents. Ce n'était plus qu'une chose. Un pantin qui pourrait répondre à mes questions.

"Ne te rendors pas. Je te réveillerais dans la seconde."

Ma voix s'était naturellement faite glaciale et puissante. Elle résonna en écho dans la caverne pour s'évanouir uniquement dans le silence de la nuit.

"Comment t'appelles-tu ?"

Je n'eus droit qu'à un silence pour toute réponse. C'était le début de l'interrogatoire, il était normal que l'interrogé présente quelques réticences à collaborer. Je me contentai de répéter la question, sur le même ton froid et calme.

"Comment t'appelles-tu ?"

Toujours aucune réponse. Je compris que je n'en obtiendrais aucune de cette manière. J'en arrivai déjà à user de la force, pour une question si innocente ? Je me levai de mon siège improvisé, tirai de mon étui un kunaï dont je parcourus la lame du bout du doigt. Je m'approchai d'un pas en direction du prisonnier, et posai doucement la pointe de l'arme contre la base de sa gorge.

"Une dernière fois. Comment t'appelles-tu ?"

L'homme hésita un instant. Je sentais sa respiration haletante, comme celle d'un boeuf, et son regard plongé dans le mien.

"M ... Murakami.

-Bien."

J'ôtai l'arme de sa peau, et fis à nouveau un pas en arrière.

"Un de tes hommes t'a balancé. Tu es fini."

La nouvelle d'avoir été trahi sembla l'interpeller. Je vis ses pupilles se dilater un bref instant. Il poussa un grognement sourd, avant de reprendre tout le calme dont il était capable.

"Qui ? Qui a osé ? Donne-moi le nom de ce chien !

-Non. Pas si facilement."

La calme régnait dans la grotte, mais c'était un calme imprégné d'une tension extrême. Tous les hommes étaient aux aguets, prêts à sauter sur un intrus ou sur le prisonnier à n'importe quel moment.

"Réponds à mes questions honnêtement et je te promets de t'emmener avec nous à Kumo. Là-bas, tu retrouveras ton homme."

Je l'interrogeai du regard. Murakami prit un instant pour réfléchir, peser le pour et le contre de cette proposition. Le calcul fut vite fait.

"Très bien.

-D'où viens-tu ?

-D'un village, près de Raiun.

-Comment s'appelle-t-il ?

-Il n'a pas de nom. On l'appelle le village, c'est tout.

-Quel âge as-tu ?

-Quarante trois ans."

Là-dessus je fis une pause. Le but de ces premières questions était de déterminer de quel environnement pouvaient émerger les groupes de bandits comme celui qui venait d'être décimé par ma brigade. Maintenant, je voulais savoir ce qui les avait mené sur la voie de la pègre et de l'illégalité.

"Pourquoi avoir volé les ressources destinées à Raiun ?

-Pour les revendre. Nous avions besoin d'argent.

-Où sont-elles, maintenant ?

-Ici, dans une niche cachée par un rocher, au fond de la grotte."

Je fis signe à trois de mes hommes d'aller fouiller à l'endroit indiqué.

"Pourquoi aviez-vous besoin d'argent ?

-Pour vivre, tiens ! Que voulez-vous qu'on fasse avec de l'argent ? Nous avions besoin d'acheter de la nourriture, des vêtements, des armes.

-Pourquoi ne pas travailler ?

-Parce que seule les faibles travaillent ! Nous sommes puissants ! Pourquoi nous abaisser à la basse besogne quand d'autres peuvent le faire à notre place et nous offrir le fruit de leurs efforts ? Pourquoi trimer quand on peut piller et en rapporter une satisfaction dix fois plus grande ?"

Je restai muet devant un esprit si corrompu par le mal. Je m'étais imaginé que les intentions criminelles de ce groupe devaient être motivées par la famine, ou quelque chose comme ça, mais certainement pas par la volonté d'être simplement mauvais. Derrière moi, j'entendais le bruit de mes hommes ramenant les ressources retrouvées. Je laissai le silence se prolonger un instant, jusqu'à ce que toutes les caisses de marchandises et autres produits aient été ramenées du fond de la caverne et sorties, sous la surveillance de mes hommes, de l'antre. Finalement, je me levai. La grotte était maintenant déserte, à l'exception de moi-même, des cadavres des bandits éparpillés de-ci de-là, et de mon prisonnier.

"Une dernière question: as-tu de la famille ?

-Non.

-Très bien."

Je m'approchai de lui, et souris froidement avant de murmurer à son oreille:

"C'est toujours un supplice de leur annoncer la mort d'un proche."

Je m'écartai finalement. J'attendis une seconde ou deux, le temps qu'il comprenne. Son visage commença à se déformer dans une sorte de grimace, mélange de terreur et de haine, et il proféra une volée de jurons qui auraient fait trembler le plus aguerri des esprits. Je m'éloignai déjà, et sortis de mon étui trois parchemins explosifs que je posai sur les parois de l'entrée de la caverne. Murakami criait toujours. Je plongeai alors mon regard sur lui, le fusillant avec les yeux du rapace, et effectuai un unique mudra. Les parchemins explosèrent en même temps.

Le bruit de la pierre qui s'effondre s'accompagna des cris du prisonnier en proie au désespoir le plus atroce. Un grondement sourd retentit, et tout se tut. Le silence de la nuit revint. Tout était de nouveau calme et paisible.

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Message(#) Sujet: Re: La traîtrise a parfois du bon ... La traîtrise a parfois du bon ... EmptyDim 15 Jan 2017 - 17:59

Nous ne restâmes pas longtemps devant les décombres de la grotte, encore fumants. D'un commun accord, nous estimâmes qu'il était préférable de porter le plus vite possible les paquets de ressources à Raiun. Nous chargeâmes les caisses sur nos montures, et prîmes le chemin de notre arrivée en sens inverse, à travers la forêt, jusqu'à retrouver la route principale. Inévitablement, nous croisâmes à nouveau le village abandonné que nous avions trouvé si démuni à notre arrivée. Mais je n'en étais pas mécontent, bien au contraire. J'avais hâte de retrouver ces femmes et ces enfants pour leur apprendre que leurs époux et pères avaient été vengés, et qu'ils n'avaient plus à craindre aucune menace. Même s'ils semblaient déjà tous résignés à mourir ici, au milieu des ruines de leurs anciens foyers, j'espérais leur apporter du réconfort avec la nouvelle de la mort de leurs oppresseurs. Je descendis donc de mon cheval sous les yeux pleins d'indifférence des veuves. Je m'approchai de la même vieille femme à laquelle j'avais parlé la veille. Elle me semblait plus flétrie encore, et plus fatiguée.

"Ils sont morts. Tous. Il n'y a pas un survivant."

Je crus entendre un soupir général de soulagement s'élever du groupe des rescapés. Quelques-unes commencèrent à pleurer. La doyenne, à qui je m'adressais, sourit doucement.

"Il est mauvais de se réjouir de la mort d'autrui, car la vie est toujours préférable à la mort. Mais ..."

Une larme roula le long de ses joues creusées par l'âge.

"Ces hommes-là méritaient de mourir. Vous avez bien fait. Merci, messieurs."

C'étaient des remerciements sincères, et encore aujourd'hui ils font vibrer mon coeur. Ils m'ôtèrent instantanément tout scrupule quand à mes actions. Si je regrettais quelque chose, ces remords-là s'envolèrent aussitôt. J'étais convaincu d'avoir agi pour le mieux, d'avoir rétabli l'équilibre de la justice en punissant ceux qui le méritaient. Je m'inclinai devant ces dames, conscient de n'avoir plus rien à faire pour elles, et me préparai à remonter en selle quand une jeune femme m'interpella:

"Attendez !"

Elle tenait dans ses bras un enfant, un bébé à peine né, mais dont les rares cheveux brillaient déjà d'une rousseur flamboyante. A voir la chevelure brune de la femme, je devinai que ce n'était pas son enfant.

"Prenez-le, je vous en prie."

Que voulait-elle dire ? De quoi parlait-elle ? Je dus m'y prendre à deux fois pour comprendre qu'elle me tendait le nourrisson. Etait-elle réellement en train de me supplier de prendre cet enfant ?

"Mais ... Je ... je ne peux pas. Cet enfant à des parents, de la famille ...

-Non, il n'en a pas. Sa mère est morte dans l'attaque et son père ... Il a disparu voilà des mois de ça, vers le Sud. Il est seul. S'il reste avec nous il va mourir. Prenez-le, par pitié."

Je sentis mon coeur battre la chamade. Elle me confiait véritablement cette vie, cette toute petite vie à peine arrivée dans ce monde. Mais je ne pouvais pas accepter, pas comme ça. Il s'agissait d'un enfant, nom de Dieu, pas d'un quartier de pomme ! Et soudain je réalisai que si je refusais j'exposais ce nourrisson à une mort certaine. Cette pensée me percuta l'esprit comme un obus. Je ne pouvais plus penser que ça: si je ne le prenais pas maintenant, je le condamnais. Si je ne me faisais pas son tuteur, je le perdais. Je me sentis comme paralysé à cette pensée. Lentement, je tendis les bras. La femme déposa l'enfant dans mes mains. Maladroitement, d'abord, je le pris contre ma poitrine. Peu habitué au contact avec les bébés, je pris un instant pour réaffirmer ma position et celle de l'enfant. Finalement, il sembla installé à peu près confortablement. Je reportai mon attention vers la femme. Elle pleurai à chaudes larmes, mais silencieusement. Sans savoir pourquoi, j'eus moi aussi subitement envie de pleurer.

"Est-ce qu'il a un nom ?"

Elle remua la tête en signe de négation. Je regardai à nouveau l'enfant. Motoo, voilà son nom. Je sentais qu'il serait à l'origine d'une nouvelle étape, pour moi.

Je donnai un coup d'éperon à mon cheval, qui prit la direction de la route au pas. Je restai retourné un moment, regardant disparaître les silhouettes de ces femmes condamnées à la pire des morts mais soulagées du poids des âmes de leurs époux, frères et pères. Finalement je me tournai à nouveau. Je désignai la moitié de mon groupe pour aller porter les ressources récupérées à Raiun, et pris moi-même la direction de Kumo avec l'autre moitié -les blessés et les plus fatigués. Nous fîmes halte à plusieurs reprises, dans des auberges ou des petites fermes, pour nourrir le bébé. Je me pris à aimer ce rôle de tuteur. Je ne m'imaginai pas qu'il me faudrait me séparer de l'enfant à notre arrivée au village.

Cette pensée-là ne m'apparut qu'en passant les portes de Kumo. Si elle pouvait paraître raisonnable pour n'importe quel autre soldat, elle me sembla stupide. Il était hors de question que je confie cet enfant à qui que ce soit. C'était à moi, à moi seul qu'on avait confié sa garde. Comment aurais-je pu trahir la confiance d'une femme désespérée qui m'avait confié ce petit bout d'enfant ? Je congédiai mes hommes, les remerciant pour leur attitude exemplaire. Puis je me dirigeai vers ma propre maison, l'enfant toujours dans mes bras. Je ne l'avais pas lâché depuis que nous avions quitté le village. Je l'allongeai sur mon lit, m'allongeai moi-même à côté de lui, et le regardai. Il s'agitait dans son sommeil. Rêvait-il de ses malheurs passés ? Intérieurement, je me jurai qu'il n'aurait pas à subir une nouvelle fois une telle malédiction. Je me projetai d'instinct dans mon nouveau rôle de parent.

Doucement, timidement, comme s'il avait été de la porcelaine, je caressai sa joue du bout des doigts.

"Mon fils, Motoo ... Mon fils venu de l'ombre."

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