Hokage-Sama,

Si je vous écris cette lettre, que vous verrez sans doute le lendemain de l’exécution de Yamada Tetsui, ce n’est que pour vous confirmer ce que vous savez sans doute déjà, en l’apprenant directement par le seul témoin resté sur place, à savoir, l’aigle qui a servi de bourreau. Oui, la personne qui a repoussé l’oiseau et qui a perturbé la torture (car ne nous le cachons pas, c’en était) du condamné n’est nul autre que moi. Je suis bien conscient que vous auriez eu vent de cette affaire bien avant l’arrivée de ce courrier, mais je tenais à vous confirmer les faits de ma propre parole, plutôt que d’essayer de dissimuler mon acte.

Je pourrais très bien faire en sorte de justifier cette action dans cette lettre, essayer de « défendre ma raison », mais les faits sont là. J’ai désobéi à un ordre, défié votre autorité… Mais j’assume ce choix, et en suis prêt à en assumer les conséquences s’il le faut. Je vous demanderais cependant, dans un acte une nouvelle fois égoïste, de ne point mêler mes proches à ceci. Je me doute qu’il s’agissait déjà de votre intention première, de faire en sorte de réduire au maximum le nombre de personnes au courant de la vérité, mais je ne peux m’empêcher d’éprouver une quiétude à leur égard. A l’opposé de Yamada Kioshi, je ne veux mêler personne d’autre à cette escarmouche qui nous concerne que nous deux.

Si toutefois, vous souhaitez connaître les raisons qui m’ont poussé à cette contestation, ou souhaitez annoncer la sentence qui en découlerait, je répondrai présent lorsque vous me demanderez de venir à vous. Sachez cependant qu’en aucun cas, je n’aurais commis un tel acte si je savais que cela pourrait nuire au Village de la Feuille, ou aux pays de la Coalition du Feu. Je suis et resterai un fidèle protecteur de notre « Foyer », qu’importe la sentence que je mérite.

A Yôgan Yusei, chef du clan Yôgan, Jônin de Konoha, chef du département de sécurité du territoire au sein de l’ANBU et sans doute tout un tas de trucs que j’ai oublié tant la fatigue m’empoigne.

Vous m’excuserez de ne pas avoir cité tous vos titres acquis grâce à votre dévotion et votre fidélité à Konoha, je n’ai pas la force et l’énergie de me remémorer tous vos faits d’arme. J’aurais pu être moins pompeuse, me contenter de votre nom et de votre prénom : après tout, nous nous connaissons mieux qu’on ne le fait croire. Vous n’êtes pas un proche, vous êtes à peine mon ami, mais sachez avant tout que je vous considère comme l’élite de ce village, son présent et son avenir.

Je me rappelle parfaitement de notre dernier entretien privé, le jour où vous êtes arrivé avec votre clan aux portes du village. Je me rappelle chaque mot que vous avez dit, et chaque réponse que je vous ai apporté. Le choix, la justice, ce qui semble être le mieux : je vous sais intelligent, Yusei, et je sais que vous avez compris le sens de mes mots. Je ne doute en aucun cas du fait que vous ayez agi pour ce qui vous semble être bien, juste et légitime, et les murmures rapportés par l’aigle ne m’avaient en aucun cas fait douter de votre loyauté. Oui, la mort infligée était précédée d’une phase de torture, réfléchie et voulue. Je pouvais le tuer comme vous, d’un kunaï dans le cœur, sans être obligée de faire toute cette mise en scène. La douleur qu’il aurait ressenti l’espace de quelques heures n’aurait été rien comparée à celle que les familles des victimes vont endurer pendant, pour certaines, toute leur vie. C’était une leçon, et une justice, de ne pas lui accorder une mort douce et rapide. Inutile de me donner vos raisons, elles ne me concernent pas.

Entendons-nous bien : je ne remets en rien en cause votre décision. Elle a été prise, elle a été faite et vous l’assumez. Sauf que cette situation est comme un jeu : vous avez agi en ramenant les Yôgan, j’ai agi en acceptant, vous avez agi en arrêtant la torture de Yamada Tetsui. C’est à mon tour de répliquer, en faisant à mon tour ce qui me semble juste, pour moi mais aussi pour le village. Et pour cette raison, aucune vague ne sera faite quant à cet acte de miséricorde que vous avez accordé au Sunajin ; et croyez-bien que mon autorité n’est en rien la cause de ce silence, mais merci de vous soucier de ce que les Konohajins pourraient penser de moi.

Cependant, Yôgan Yusei, vous êtes coupable d’insubordination. Vous l’avez dit vous-même : vous avez défié un ordre direct et l’autorité de vos supérieurs. Il m’est impossible de fermer les yeux sur cela. Un déserteur peut bien avoir toutes les bonnes raisons du monde pour quitter Konoha, il n’en restera pas moins un criminel. Je comprendrais son choix, mais serais tout de même encline à le condamner. Parce que ce sont cette fois-ci mes convictions qui sont en jeu, ainsi que mon rôle de protectrice de Konoha.

Pour cela, sachez qu’à compter de la réception de cette lettre, vous êtes rétrogradé Chûnin, et vous êtes mis à l’épreuve durant un temps indéterminé. Vous êtes également mis sous tutelle d’un gradé qui vous supervisera et vous observera un temps. Vous le connaissez déjà, il s’agit de Rakuzan Satochi, votre chef ANBU. Vous ne prenez plus aucune décision sans l’en informer, vous ne partez plus de Konoha sans qu’il soit au courant, vous n’agissez plus sans qu’il vous en ait donné l’ordre et vous ne respirez même plus si tant est que cela n’est pas sa volonté. Vous gardez vos titres et vos rôles, bien entendu. Au terme de cette mise à l’épreuve, si les rapports sont concluants, alors vous aurez la rédemption, et tout sera rétabli comme avant.

Mes sentiments sont mitigés. En tant qu’Hokage, je suis déçue qu’un de mes meilleurs éléments ait agi contre ma volonté. En tant que personne, je ne vous blâme pas le moins du monde pour avoir agi comme votre raison et votre cœur vous le dictaient. Mais il y a des moments où le choix s’impose malheureusement à nous. J’espère de tout cœur, en tant qu’Hokage et en tant que personne cette fois-ci, que votre mise à l’épreuve sera rapide, efficace et concluante. J’ai encore et toujours besoin de vous au sein de Konoha.

Hokage-Sama,

Je vous remercie de la réponse rapide à ce courrier. J’avais choisi de conserver mon nom d’emprunt pour éviter de devoir trainer la chose en affaire publique, mais étant donné la sentence qui m’est appliquée, je n’en vois plus l’utilité. Je vous suis reconnaissant de m’avoir informé de ce changement de situation en privé, et non d’avoir fait une annonce publique qui aurait provoqué plus de vagues que cette affaire ne devrait avoir. Je ne mérite point toutes les éloges que vous semblez m’accorder, je ne fais qu’agir pour le bien de mon pays, en faisant les actions que je pense nécessaires. Comme aujourd’hui.

Comme vous vous en doutez, j’accepte cette rétrogradation que vous m’imposer. Il est en effet triste que la situation fasse que nous en soyons arrivés là, mais en aucun cas je n’aurais agi autrement. Il n’y a pas de bons ou mauvais choix, mais seulement des justes… Et la vôtre correspond à votre propre justice que je respecte et admire. Il est toujours difficile d’agir pour le bien de tous, et c’est une qualité que je ne peux que reconnaître en votre personne de Kage. Je reste néanmoins heureux d’apprendre que vous n’êtes pas cependant rancunière face à mon acte, et que cela reste uniquement une action d’ordre militaire.

Si ce n’est pas fait, j’en informerais Rakuzan Satochi moi-même de cette nouvelle situation. Je le sais juste, et sais qu’il ne fera une évaluation ni laxiste, ni totalitaire sur mon cas. Je le laisserais également décider concernant mon appartenance aux forces spéciales, ainsi que concernant mes responsabilités nouvellement acquises. Bien que vous m’accordiez encore cette confiance, je respecterais les choix qui sont les siens en tant que Chef de l’unité de l’ANBU. J’ose espérer ne pas vous décevoir dans vos attente, et pouvoir ainsi reprendre pleinement mes fonctions, sans une nouvelle fois provoquer un incident de ce genre.



PS : Je profite également de l'occasion pour vous recommander de discuter avec votre disciple, Riba Yell, concernant les idées de surveillance qu'elle a proposé lors de son examen Jônin. Cela nous permettrait d'éviter qu'une nouvelle tragédie comme celle de Nami no Kuni ne se produise.