Kaze, son sable, son étendu limpide et calme lorsque les tempêtes ne se manifestaient pas. C'était toujours un pur bonheur de fouler l'étendu dorée pieds nu, le soleil à son zénith pour bien sentir la lourdeur de la chaleur et que son corps souffre à chaque pas. Plus il pourrait endurer ce supplice, plus il deviendrait fort.
Aujourd'hui il avait décidé de s'entraîner dans le désert seul, avec pour seule réserve d'eau ce qu'il transporterait dans son sac. Il avait fait pire, mais pas en plein désert, il l'avait fait à Odaichi, avec une gourde pour une semaine.

Son œil croisa le reflet du soleil dans le ciel et il le plissa avec une pensée pour son maître et son clan.
Avance et ne te retourne pas.
Secouant son visage, Amano avança de plus belle dans le désert jusqu'à courir et croiser une caravane qui, d'après sa direction, partait de Suna pour aller vers Ki. Pouvait-il les accompagner une partie de leur route ? Il pourrait bien tirer ou pousser les marchandises, leur éviter de tomber dans les pièges des mirages, les sauver des quelques rares sables mouvants. Il pourrait, il ne fit que passer à côté d'eux sans s'arrêter jusqu'à ce qu'une voix l'interpelle.

- Excusez-moi, mais... ne seriez vous pas un shinobi de Suna ?

Le blond se stoppa et se retourna, laissant briller sous l'astre de feu son insigne du pays du vent. Il ne prononça pas le moindre mot et attendit, le regard fixé dans la direction de la personne qui avait parlé. Une jeune femme, somme toute banale, avec une jolie natte châtain et de grands yeux noisettes en amande.

- Ne pourriez-vous pas nous escorter jusqu'à la prochaine oasis ?

Alors que c'était tout sauf sa direction, c'est en haussant les épaules que le fils du sable accepta. La route fut calme mais lorsque la nuit arriva, des cris se firent entendre.
Un groupe, de brigands semblait-il qui connaissaient bien les lieux puisqu'ils ne se firent pas remarquer de suite. Ils venaient d'égorgés quelques membres de la caravane. Les vivants se regroupèrent près du ninja et ce dernier passa furtivement sa main sur l'épaule de chacun d'entre eux avant de se poster devant les assassins.

- Vous devriez vous méfier de ce qui se cache sous le sable...

Murmura Amano le regard emplie d'une haine sans nom. A la lueur pâle de la Lune, ses yeux étaient semblables à deux ronds blancs, tant leur couleur était délavée.
En une fraction de seconde sa main se couvrit de sable et se planta dans le cœur du premier brigands sur sa route. Le sang coula abondamment, gorgeant le sable de sa couleur pourpre.

- Vous souillez notre si paisible désert par votre simple existence...

Le Kawaguchi fit virevolter quelques grains de sable autour de lui puis il accéléra et un autre tomba, la tête roulant jusqu'en contrebas de la dune où il se trouvait. Les trois autres commencèrent à prendre la fuite, en premier celui qui était couvert du sang de ses victimes. Il le garderait pour la fin.
Rattrapant rapidement l'un des hommes, il s'amusa un peu avec lui et son cri résonna dans l'immensité du désert silencieux. Le prochain laissa plus de trace à même le sable, traînant derrière lui quelques boyaux, puis finissant en un amoncellement d'organes qu'il se vit retirer de son intérieur et présenter de son vivant, jusqu'à ce qu'il donne son dernier souffle.
Couvert d'un sang qui n'était pas le sien, le blond fit un bon, à l'allure d'un félin venu pour déchiqueter sa proie, et termina sa course en attrapant les jambes du dernier brigands vivant.

Pour le garder près de lui, il sortit d'abord un kunai et vint sectionner ses tendons aux chevilles, de même pour ses poignets. Le hurlement strident de l'individu fit sourire le fils du désert d'une manière peu commune. C'était comme s'il avait soif de sang et que cette soif ne serait jamais étanché. Personne ne viendrait troubler le désert de son maître. Personne ne viendrait souiller les terres de son maître. Personne ne chercher à faire de l'ombre ne serait-ce qu'à un grain de sable appartenant à son maître : Kawaguchi Kira.
Amano en vint à commencer une séance d'horrible tourment, prenant bien garde à ce que la douleur ne fasse pas s'évanouir sa victime ni ne la tue. Écorché, évidé, l'homme rendit son dernier souffle alors que des bruits arrivent dans le dos du blond qui se tourne lentement, l'envie de sang encore présente.
Pour autant, en voyant la silhouette tomber sur le sable froid du désert, et la boule de poile à ses côtés, Amano ferma les yeux et prit une longue inspiration. Il ne pouvait pas tuer n'importe qui, il ne devait causer aucun tord et personne ne pourrait le remettre à sa place.
Essuyant le sang de son visage du revers d'une main, sa voix s'éleva, calme après ce moment de folie.

- Bonsoir...

Que devait-il dire ? Se justifier ? Elle n'avait rien demandé, elle avait juste été incapable de parler et été tombé contre le sable, le cœur au bord des lèvres. Vrai, l'odeur de mort n'était jamais quelque chose d'agréable et pourtant, à force, oui, à force de la côtoyer, on apprenait à ne plus s'en soucier.
Portant son attention sur l'étrange bête aux côtés de la jeune fille, l'enfant du sable se décala du corps, dévoilant l'entièreté de son œuvre aux yeux de la lune et des deux nouveaux arrivants.

- Il y a une oasis non loin... se serait sans doute mieux que de rester parmi les morts...

Oui, il avait rangé dans un coin de sa tête son envie de sang, car elle, elle n'avait pas la tête de quelqu'un de fourbe. Elle ne semblait pas du coin, et pour elle, il devait paraître cruel, pire même peut-être. Hors, à défaut d'être vrai lorsqu'il s'attaquait à des personnes du genre de ces brigands, il pouvait être assez posé. Son entraînement ? Il aura bien le temps de le faire une autre fois. S'approchant lentement de la jeune fille et de la bête blanche, Amano avait les bras le long de son corps et tout dans sa démarche démontrait qu'il était sur le qui vive. Après tout, peut-être était-elle une espionne à la solde d'un pays puissant, venant s'infiltrer parmi eux pour tous les tuer dans la plus grande des discrétions.
L'expression sur son visage était calme, mais aucun sourire ne vint adoucir ses traits. Il n'y parvenait plus ou presque plus ces derniers temps.