Plusieurs jours après notre rencontre, je pensais toujours à Notsuu-san. Bien sûr, une fois que nous nous étions séparés je m’étais empressé à faire ma petite enquête personnelle sur lui et dans les deux jours qui suivirent, un tableau un peu plus représentatif du jeune homme commença à se dessiner. Ce faisant, je comprenais un peu mieux le Gekei et revoyais certains événements de notre entraînement sous un nouvel angle. Entres autres, je comprenais pourquoi sa forme animale était quelque chose qu’il voulait éviter et pourquoi cette dernière avait agi comme elle l’avait fait lorsque je l’avais croisé. Cela dit, je persistais à croire que pour qu’il atteigne le maximum de son potentiel en tant que shinobi il lui fallait être capable de prendre toutes les facettes de sa vie et en tirer le plus d’avantages possibles. Qui sait quel genre de chose un kangourou pourrait offrir à Konoha que Notsuu-san l’humain ne pourrait pas? Il avait tant à bénéficier d’accepter cette partie de lui qu’il en devenait maintenant presque ma tâche de lui faire éveiller ce côté qui lui est que trop peu connu. Maintenant que Shine-kun avait rejoint ma Meute, il lui fallait des coéquipiers avec qui il pourrait grandir et je pensais justement qu’il pourrait être l’addition parfaite à mon équipe.

Je savais toutefois que c’était quelque chose de plus facile à dire qu’à faire puisque lorsque j’avais fait ma chasse aux infos, j’avais appris qu’il n’en était pas à sa première équipe et qu’il avait déjà fait partie de Matsudai, l’équipe de Natsuki-san. De ce que j’avais pu lire du rapport qui avait été fait lorsqu’il avait désisté de l’équipe, le jeune Gekei semblait avoir de la difficulté à créer des liens avec les autres et à adhérer à l’autorité. Enfin, ce n’était qu’un bout de papier puisque le Notsuu que j’avais rencontré était loin d’être ainsi, mais je gardai néanmoins cette information dans un coin de ma mémoire. Malgré ne pas l’avoir vu de mes propres yeux, je pouvais tout même concevoir que les problèmes du Gekei avec son animal totem pouvaient très bien se répercuter sur ses relations extérieurs. Une autre raison de le prendre sous mon aile et de façonner cette facette de lui pour qu’elle devienne une arme redoutable. Maintenant que ma décision était prise, il ne me fallait qu’aller chercher l’approbation du principal concerné. Je ne pouvais tout de même pas décider pour lui et le forcer d’être dans mon équipe!

Retrouver le jeune homme me prit quelques instants puisque je devais retrouver son odeur dans l’entièreté de Konoha qui, on va se l’avouer, était loin d’être un petit village. Normalement j’aurais commencé par orienter mes recherches vers le quartier Gekei, mais je savais maintenant qu’il était à Konoha avant l’arrivée de son clan entre nos murs, il pouvait donc habiter n’importe où comme n’importe quel autre villageois; quelque chose me disait que c’était précisément le but. Sauf que l’odeur qui parviendrait à échapper à mon nez n’était pas encore arrivée puisque rapidement j’arrivai à sentir l’odeur caractéristique des Gekei que j’étais parvenu à identifier après avoir rencontrés plusieurs Gekei. Premièrement Senwashi-san, puis Pô-san et finalement Notsuu-san, tous les trois avaient cette odeur corsée que j’associais avec leur relation avec la Nature. Lorsque cette odeur parvint à mes narines, je me concentrai à retrouver l’odeur du kangourou – sa fourrure, sa sueur, son haleine – et après quelques minutes je m’élançai en direction de Notsuu, Aka et Sei sur mes talons.

Ce n’était peut-être pas la première fois que j’allais parler à une future recrue, mais c’était la deuxième donc nous n’étions pas si loin et c’était pour dire l’inexpérience que j’avais. Au moins dans les deux cas j’avais eu l’avantage de connaître d’avance la personne – la première pour avoir fait une mission avec et maintenant celui que j’avais déjà entraîné – j’étais donc épargné le premier malaise. Suivant inconsciemment l’odeur de Notsuu-san, mon esprit était totalement concentré sur le petit discours que j’allais lui sortir pour qu’il joigne mon équipe. Étant celui qui avait de son propre chef pris la décision de quitter Matsudai, je savais très bien qu’il pouvait d’un moment à l’autre réduire toute mes chances d’éveiller le potentiel en lui. Il fallait donc que je choisisse mes mots en conséquence. Mes pas m’amenèrent finalement devant une maison que je ne pouvais deviner qu’être celle de Notsuu-san et de sa famille, s’il ne vivait pas seul. Je pris une grande inspiration et cognai à la porte. Quelques secondes passèrent sans qu’il ne se passe quoi que ce soit puis une odeur me vint de derrière la porte et celle-ci commença finalement à s’ouvrir.

- Bonjour, est-ce que je pourrais voir Notsuu-san? demandai-je alors que la porte terminait de s’ouvrir.

Spoiler:

Kororo:

Après un coup d’œil plus attentif, je me rendis compte que ce que j’avais en face de moi n’était pas une maison ordinaire puisque juxtaposé au domicile se trouvai ce qui m’avait tout l’air d’un dojo, je ne pouvais que présumer qu’il s’agissait d’un dojo de boxe. Je cognai à la porte et quelques secondes plus tard, cette dernière finit par s’ouvrir devant moi. Apparut alors une jeune femme aux grands yeux de biches et un air timide, comme si elle faisait quelque chose qu'elle n'aurait pas due. Elle ne devait pas être plus âgée que Notsuu-san et aurait très bien pu passer pour sa petite sœur si on excluait le fait qu’ils n’avaient absolument aucun air de famille. Une amie? Une cousine? Un peu plus? Rien ne me permettait de tirer une conclusion et nous nous fixâmes quelques secondes avant de faire un pas de côté pour me laisser entrer. Sans dire le moindre mot, celle-ci me guida jusque dans une salle dans laquelle je trouvai Notsuu-san, recouverts de bandages là où mes ninkens avaient laissé des marques. Avec le recul je devais avouer que ma méthode avait été plutôt drastique, mais elle avait néanmoins porté fruits. Dès que je fus à l’intérieur de la salle, elle fit un petit signe au Gekei et s’éclipsa je ne savais où. À peine avait-elle disparue que le jeune homme me demandait immédiatement ce qui m’amenait chez lui.

- Bonjour, Notsuu-san. Je ne doute pas que tu sois étonné de me voir ici, mais je tenais à venir voir comment tu allais après ce qui est arrivé. Je ne le réalisais peut-être pas sur le coup parce que je voulais tant t’aider, mais je crois avoir été un peu trop loin.

Je pris une petite pause pour lui laisser le temps de digérer l’information, mais sans doute était-il arrivé à la même conclusion lors des derniers jours. C’était toutefois loin d’être la seule raison de ma venue ici.

- Si tu me permets de parler sans retenue, avec ce que j’ai assisté l’autre jour, je pense avoir une idée d’où tu viens. Façon de parler, évidemment, mais passons. J’ai peut-être eu tort d’agir ainsi – si c’est le cas je m’en excuse – mais cela m’a permis de comprendre certaines choses. Je n’irai pas dans les détails ni dans les procédés de mon analyse, je dirai simplement que pour une raison ou une autre tu ne développes pas ton plein potentiel. Avant que tu ne dises quoi que ce soit, laisses-moi terminer.

Je m’étais empressé de lui demander de ne pas m’interrompre puisque je savais que j’allais prendre quelques secondes afin de rassembler mes pensées et je ne voulais pas qu’une de ses remarques fassent partir cette conversation en vrille. J’avais pensé à ce que j’allais dire à de nombreuses reprises depuis les deux ou trois derniers jours et pourtant maintenant que nous étions j’avais de la difficulté à trouver mes mots.

- Tu es un shinobi qui est déjà doué et qui a déjà fait ses preuves, j’ai lu ton rapport de l’incendie à Awashima et ce que tu es parvenu à trouver. Je sais également qu’à cause de ton… ascendance, tu n’es pas quelqu’un qui va forcément aller chercher le contact des autres. Pourtant, cela ne t’empêche pas d’avoir des personnes proches de toi comme celui qui t’a rafistolé ta machine à balle ou encore la jeune fille que je viens tout juste de voir. Je ne sais pas ce qui te retient, mais je sais que tu es capable de bien mieux. J’espérais qu’il n’y verrait pas là une critique puisque c’était simplement un constat, un fait. Je n’irai donc pas par quatre chemins : je pense être capable de t’aider à aiguiser cette partie de toi qui te rends si insécure. Que penses-tu de rejoindre mon équipe?

Et voilà. J’ignorais si j’avais bien fait ça ou non, mais je ne trouvais rien d’autre à rajouter qui pourrait m’aider à le convaincre. Je savais bien qu’ultimement le choix reviendrait à lui, mais j’avais tout de même tenu à lui faire comprendre le fond de ma pensée et, peut-être, faire réveiller quelque chose en lui. Ce n’était pas la première équipe dans laquelle il était et même là il avait lui-même demandé à être retiré, qui savait s’il ne se disait pas qu’il avait déjà tout vu ce qu’il y avait à voir des équipes, mais je ne pouvais pas abandonner puisque j’avais l’intime conviction qu’en faisant partie de ma Meute, les choses pouvaient certainement être différentes.

Pendant quelques secondes, j’eus l’impression que le temps s’était arrêté autour de nous tant rien ne bougeait autour de nous. Aucun de nous deux ne faisait le moindre geste suite à la bombe que je venais de lancer, chacun prisonnier de nos propres pensées, et l’espace de quelques instants je fus presque convaincu que tout ce que je venais de dire s’était déroulé dans ma tête et que je n’avais en réalité rien dit encore à Notsuu. Heureusement pour moi, ce dernier brisa l’enchantement et me convainquit que mon discours avait bien eu lieu en lâchant un soupir. Il n’y avait rien d’exaspérant derrière ce soupir; au contraire, on aurait dit que ce dernier venait d’être délesté d’un poids et je me rendis compte que j’avais retenu mon souffle depuis que j’avais terminé de parler qu’une fois que le jeune homme en face de moi expira de manière si exubérante. De la façon la plus normale que je pus, je commençai peu à peu à reprendre des respirations normales.

En l’observant un peu mieux je vis qu’il était un peu inconfortable et me rendis compte qu’il ne s’était certainement pas attendu à cela. Se grattant derrière la tête – signe immanquable que l’on était mal-à-l’aise – il expliqua que je n’avais pas à m’excuse pour ce qu’il disait être sa faute. Bien que je comprenais son point, je ne pouvais m’empêcher d’y voir ma part de responsabilité mais décidai de ne pas relever pour ne pas commencer une querelle inutile. J’allais le laisser à chacun voyant sa part de responsabilité et tout le monde s’en tirera mieux ainsi. C’est pourquoi lorsque vint le temps de discuter de ce qui s’était passé à Nami, je l’écoutai simplement alors qu’il me disait que tout avait été de la chance. Je commençai à voir quelque chose ressortir chez le Gekei, mais décidai de le garder en tête sans pour autant en parler tout de suite. Je ne me voyais pas sortir cela de nulle part, déjà que j’avais trouvé mon avancée de plus tôt audacieuse. Je pris le fait en note en hochant simplement la tête et le laissai continuer, car je lui avais laissé amplement à parler. Pour l’instant je n’avais pas prononcé le moindre mot, me contentant simplement de le laisser s’exprimer sans l’interrompre. C’était bien la moindre des choses que je pouvais lui faire après qu’il l’ait fait pour moi.

Prochain sujet en liste était le plus important, ce pourquoi j’étais venu ici, soit l’intégration à son équipe. Sans pour autant dire non d’office, ce dernier savait toutefois précisément ce qu’il cherchait dans une équipe et ce n’était pas quelque part où apprendre les bases comme il l’avait dit. Soit, en tant que Chûnin il avait déjà fait ses preuves et n’avait plus besoin d’un apprentissage de base. Cela serait toutefois présomptueux de dire que nous n’avions plus besoin de guidage, même Chûnin. À dire vrai, il m’arrivait à moi aussi de me faire conseiller et j’étais Jônin alors là n’était pas le point. D’après mon expérience je pouvais dire que Notsuu-san avait beaucoup de potentiel et j’étais prêt à faire quelques compromis. Comme s’il avait lu dans mes pensées, ce dernier me mettait en garde contre ce que je souhaitais puisqu’il arrivait souvent que l’on regrette la même chose que plus tôt nous voulions ardemment. Malgré ce qu’il disait, j’étais confiant d’être capable de faire quelque chose de lui. Ainsi, lorsqu’il mentionna l’équipe d’intervention, je vis là mon issue de ce bourbier. Je me mis aussitôt à repasser l’idée en tête, l’adaptant un peu à chaque fois pour qu’elle convienne à ce que je souhaitais en faire. Je restai silencieux quelques instants après qu’il eut terminé de parler, ramassant une dernière fois mes idées avant de lancer ma deuxième offre.

- Je peux comprendre qu’en tant que Chûnin tu ne veuilles pas d’une équipe où on te tient par la main. Toutefois, cela ne veut pas dire qu’il ne reste pas un petit bout de chemin à faire où tu auras besoin de quelqu’un pour te guider. Mon but n’est pas de te faire stagner et de t’empêcher de te développer, c’est tout à fait l’opposé. C’est pourquoi je te propose non pas de rejoindre mon équipe, mais plus quelque chose comme un…mentorat. Tu resteras sous ma tutelle et je t’aiderai à maîtriser le côté instable de toi que tu as négligé jusqu’à présent jusqu’à ce que j’ai jugé que tu tiennes les rênes sur cette partie de toi, que tu ne la laisseras plus prendre le meilleur de toi.

Le gars était dur en affaire et ne voulait rien savoir d’une relation élève-enseignant conventionnel, mais en même temps il y avait peu de choses de conventionnelles chez le Gekei. Peut-être qu’au final c’était ce qui lui conviendrait le mieux et c’était ce que je croyais. Dès qu’il avait dit qu’il ne voulait pas d’une équipe entouré de Genins l’idée avait commencé à germé puis dans les derniers instants j’étais finalement venu avec cette contre-offre pour Notsuu-san. Sans pour autant avoir un apprentissage de base avec des shinobis plus… débutants, j’arrivais tout de même à le suivre dans sa progression et l’aider comme je le pouvais. En même temps, je ne délaissais pas mon autre projet de côté.

- Cela dit, je ne m’empêcherai pas de prendre de jeunes genins sous mon aile également, que je tiendrai dans une équipe distincte et à qui je ferai les enseignements de base. Peut-être même que je t’inviterai à y participer et à m’aider pour certaines leçons; après tout, tu es Chûnin et en règles pour avoir une équipe à toi-même.

Bien sûr je lançais l’idée en l’air et savais que nous traverserions ce pont rendus-là, mais je trouvais l’idée intéressante et encore plus intéressant de lui implanter l’idée dans la tête. Si tout se passait comme je le souhaitais – ce qui, je me rendais compte, arrivait peu souvent – peut-être que viendrait un jour où je le verrais réellement. Enfin, cela ne servait rien de se perdre dans des fantaisies et des rêves éveillés si la source de tout cela n’arrivait pas à croitre. Avant de pouvoir même souhaiter à tout cela, il fallait que Notsuu-san accepte le projet que j’avais à lui offrir.

Spoiler:

Au fur et à mesure que je lui expliquais ma proposition, je pouvais voir les expressions défiler sur son visage, chacune m’apportant un repère sur où se situais le jeune homme devant ce que j’avançais. Je m’attendais déjà à ce que certains points fassent grimacer plus que d’autres – pour ne pas dire qu’un seul – mais dans l’ensemble ce dernier ne semblait pas avoir si mal réagi que cela. Ça ou il cachait très bien son jeu. Enfin bref, quelques instants de silence passèrent pendant lesquelles il médita probablement sur les nombreuses ramifications de notre entente et pendant lesquelles je m’attelai à cacher de mon possible la nervosité qui me nouait l’estomac. S’il n’était toujours pas intéressé, je ne savais pas quoi lui offrir de plus afin de pouvoir l’aider. D’un autre côté, je ne voulais rien lui forcer alors s’il ne voulait pas de l’aide que j’avais à lui donner c’était bien tout l’étendue de ce que je pouvais faire pour lui. Puis, après ce qui me parut comme plusieurs minutes, mais qui en réalité devait être que quelques secondes, Notsuu-san tendis la main devant moi et me sourit. Malgré son rire, je ne fus qu’à moitié convaincu qu’il dise cela à la blague, mais je décidais de laisser tomber pour ne pas m’empêtrer alors qu’il venait tout juste d’accepter et y allai même de ma propre blague.

- Tu as encore le choix, mais une fois que tu t’embarques il n’est pas question de faire marche arrière. Je vais t’avoir sous mon nez et tu ne pourras pas te défaire de moi facilement!

Pendant l’espace d’une seconde je resserrai ma poigne sur celle de Notsuu-san avant de me relâcher et de rompre la poignée de main. Cela n’allait que pour aller avec ma blague et lançai un rire bref pour ne pas qu’il me prenne trop au sérieux. Une fois que notre pacte fut scellé ce dernier se rassit et avec raison puisqu’il enleva une bonne partie des bandages qu’il avait pour révéler de nombreuses cicatrices parsemant son corps. Je ne sais pas qu’elle expression je devais afficher puisque j’étais encore en train d’hésiter par la surprise et l’horreur. Était-ce notre entraînement – ou plutôt sa transformation – qui avait causé toutes ces blessures? Si non comment étaient-elles arrivées? Une vague de soucis m’envahit lorsque je me rappelai alors que je n’avais pas devant moi un des élèves et gardai mon inquiétude pour moi-même. Je ne pus en croire mes oreilles lorsqu’il voulut savoir, après avoir fini de retirer ses bandages et mis un chandail, quand nous commencions. Je ris de nouveau, même si je savais que cette fois-ci ce n’était pas une blague.

- On va commencer par te laisser te reposer encore quelques jours; ces bandages n’étaient certainement pas là simplement pour faire beau. Comment tu t’es fait toutes ces blessures, d’ailleurs? Ensuite, on va commencer par des choses simples pour aller de plus en plus compliqués. Ce que je veux dire par là, c’est qu’on ne va pas se faire une session de combat aussi intense que la dernière fois… Enfin, pas tout de suite.

Loin de moi l’idée de le décourager, mais je ne voulais qu’il s’attende immédiatement à ce qu’on combatte l’un contre l’autre sous sa forme animale. D’un autre côté, je ne pensais pas rien lui apprendre puisqu’il savait sans doute mieux que moi-même qu’il ne pouvait pas tenir le coup pour un combat complet sans laisser son totem prendre le dessus. Le mieux pour lui serait de commencer par la base, à savoir se transformer en kangourou et être capable de garder le contrôler sur cette apparence. J’ignorais comment cela fonctionnait avec son animal totem, s’il s’agissait d’une personnalité distincte ou simplement un état qui influençait la personne, mais il faudrait qu’il parvienne à maîtriser cette partie de lui afin de canaliser son plein potentiel. Ce n’était toutefois pas aujourd’hui que nous allions commencer ce long processus.

Je savais que le jeune homme avait été amoché à travers les missions – ou plutôt qu’il n’était pas du genre à reculer devant quelques coups – mais dans ma tête ses blessures avaient toutes guéries et non laissées toutes sortes de cicatrices sur son corps. Malgré les dires de Notsuu-san comme quoi la jeune femme de plus tôt s’inquiétait un peu trop de lui et des patients en général, je pouvais tout de même voir d’où ce sentiment venait à voir l’état qu’il était. J’ignorais la nature de leur relation, mais ils semblaient être assez proches pour qu’elle s’occupe de lui et s’inquiète pour lui sur une base régulière. Le Gekei m’assurait toutefois être fait dur en plus de pouvoir en prendre beaucoup et demanda même à ce que le prochain entraînement soit aussi intense que celui que nous avions fait sinon plus. Je restais sceptique sur ce point et devrais y réfléchir de façon plus approfondie maintenant que je savais qu’il embarquait dans l’aventure, mais je doutais que nous y allions aussi fortement dès les débuts.

- La méthode sera certainement à revoir, commençai-je avec un sourire, mais je suis confiant de trouver quelque chose qui fera l’affaire.

Si je n’avais pas de problèmes à ne pas utiliser la peur – j’avais vu ce que ça donnait avec Notsuu-san – je me demandais s’il serait possible de développer cette partie de lui sans raffiner ses instincts. Après tout, ce n’était qu’en étant de plus en plus en accord avec cette partie de lui-même qu’il parviendra à en tirer profit. Enfin, c’était ce que je pensais et j’allais occuper les prochains jours à essayer de vérifier si c’était bien le cas. J’irais peut-être parler à Senwashi-san du sujet, je me rappelais que nous avions déjà longuement parlé de nos clans respectifs autour d’un sukiyaki, peut-être voudra-t-il retenter l’expérience. Cependant, je devais pour l’instant me concentrer sur le Gekei qui commençait un exposé sur ses blessures de guerres. J’avais dit cela à la moitié à la blague, mais je ne dis rien lorsque ce dernier me montra celles qu’il gardait de Nami. Le mieux je le connaissais, le mieux je pouvais l’aider alors j’avais tout à gagner à voir ce qui lui était arrivé; peut-être trouverais-je quelque chose pour m’aider à travers les expériences du Gekei.

J’étais loin d’être sans cicatrices moi-même – j’avais eu droits à mes propres aventures – mais je devais avouer qu’aucune ne rivalisait avec celles qu’il gardait de Nami. Je regardai avec un mélange d’étonnement et d’horreur l’immense brûlure laissée par l’incendie de Nami ainsi que l’effondrement du palais. Ce dernier ne semblait pas se soucier de toutes ses blessures et sortit même une petite blague en parlant de celles-ci. Lorsqu’il eut terminé de tout me montrer, je ne pus m’empêcher de me demander si le jeune homme faisait au moins un effort pour ne pas se lancer tête première. Je n’avais rien contre l’audace et le courage, mais lorsque ces dernières se transformaient en témérité et en insouciance cela pouvait être plus dangereux. Je me fis une note mentale de mentionner le sujet à un moment donné.

Comme si les deux sujets étaient reliés, il reprit soudainement son sérieux et commença à me parler de sa transformation. Je vis rapidement où il venait en venir alors qu’il me racontait que sa transformation était douloureuse pour lui, un peu comme lorsqu’on faisait travailler un muscle atrophié depuis longtemps. Non seulement cela, mais le changement de physionomie ouvrait certaines blessures dû au mouvement de ses muscles et sa structure osseuse. Ce qu’il me révélait-là ne faisait que renforcer ma conviction que nous n’irions pas aussi fort dès le début, le but n’était pas de le rendre infirme. Bien sûr, comme c’était moi le professeur je n’étais en aucun cas obligé de partager cette information avec lui aussi le saurait-il seulement une fois l’entraînement commencé. Malgré tout, c’était une information très pertinente à savoir si je voulais l’amener là où je voulais et très intéressante, moi qui étais très curieux à propos de ce clan.

- Ouais, je vois… En tout cas une chance que tu me l’as dit, c’était quelque chose que je n’avais pas du tout pris en compte!

C’était idiot de ne pas y avoir pensé maintenant que je le savais. Évidemment que la transformation entre sa forme animale et sa forme humaine ne se faisait pas sans heurts et les blessures sous une forme devaient évidemment avoir un impact sur l’autre forme. Je savais qu’il était capable d’en prendre beaucoup – son corps le montrait très clairement – mais je ne ferais tout de même pas exprès de lui faire mal dès le début. Mon regard se voila quelques secondes alors que je pensais aux différentes implications de cette nouvelle information dans ce que je voulais faire avec lui. Je pensais déjà avoir ma petite idée de l’objectif de notre première leçon, mais je me laisserais les prochains jours pour affiner cette idée.

- Bon… c’était pas mal la seule raison qui m’amenais chez toi aujourd’hui; je vais donc te laisser à tes occupations, te connaissant tu ne pourras pas rester longtemps couché à récupérer. Tu salueras Kororo de ma part.

Plus aucune raison ne me retenait chez le Gekei, je ne voulais pas non plus étirer mon séjour chez lui aussi pris-je tranquillement la direction de la sortie. Sans doute que Notsuu-san avait-il d’autres choses à faire que de discuter avec son mentor et je ne voulais pas m’imposer plus longtemps. La proposition que j’avais eu en tête pour lui n’était pas nécessairement ce avec quoi je ressortais et si cela ne me dérangeait pas le moins du monde je devais tout de même modifier certaines choses sur l’ébauche que je m’étais fait déjà dans l’espoir qu’il accepterait. Non seulement j’avais des modifications à faire, mais j’avais également une conversation à planifier avec mon ami ailé que je n’avais pas vu depuis un certain temps déjà. Si ce dernier avait quelque chose qu’il voulait partager c’était maintenant ou jamais, sans quoi je disparaîtrais par l’embrasure de la porte.

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