Le calme et la tempête. Deux entités tout aussi merdiques l’une comme l’autre qui, au lieu de trouver le mariage parfait qui serait capable de porter une destruction fatale et imprévisible, préfèrent s’affronter. Si l’un doit forcément précéder l’autre, j’espère que la putain de tempête de merde ne tardera pas à arriver, car à ce rythme-là je suis tout bonnement en train de rouiller et perdre tout le positif de mes entraînements, et ce qu’importe à quel point j’en augmente la quantité. Sans compter l’autre pétasse qui habite chez moi désormais – même si je n’ai clairement pas à m’en plaindre, nous nous entendons tout de même assez bien. Jour après jour, j’ai tout bonnement l’impression que je m’enfonce plus encore dans la même routine. N’importe quoi que je puisse apporter pour la rendre ne serait-ce qu’un peu plus coloré perd rapidement de son entrain et devient fade, réduisant à une vitesse faramineuse la quantité de choses qui m’intéressent dans ce village de débiles. Soupirant lourdement, je continue d’avancer vers les terrains d’entraînements – ce n’est pas que c’est inutile que je dois arrêter de le faire, et il y a toujours un idiot ou deux pour me déranger et permettre un peu de distraction.

Oh ? Vulgairement, j’entrevois une silhouette perchée sur une falaise surplombant mon terrain d’entraînement usuel. Une groupie de plus ? Ou quelqu’un de trop timide pour m’approcher ? En suis-je vraiment arriver au point où les gens me guettent ? C’est ridicule putain. Je pourrais leur tordre le cou. A chacun. Séparément. Toujours est-il que mon ennui a raison de moi avec une facilité déconcertante et je me précipite à escalader la distance nous séparant à l’aide de mon Chakra. Non. Il n’y a aucun signe de curiosité. Aucun signe d’envie. Rien. Un néant absolu est la seule chose que je lis sur le visage de la jeune femme qui a décidé d’élire domicile ici. Si je la frappais pour forcer le réveil ? Après tout, c’est un terrain d’entraînement non ? Hochant rapidement la tête, je me consolide dans l’aspect de la gentille petite connasse que je m’efforce de prendre en permanence. Dire que j’ai des idées tellement débiles à cause de cette lassitude ambiante. Je me déçois moi-même.

« Si tu veux te perdre dans tes pensées à ce stade, je te conseillerai de ne pas le faire ici. Tu risques de devoir encaisser une technique égarée. »

Franchement, ils ont quoi tous à être cons ? C’est le seul critère réellement commun que j’ai trouvé à tous les Genins de ce village.

Oh ? Que d’allégresse dans l’aigreur de ses mots. De l’insolence et du caractère. Hélas, tâché par un traditionnel stoïcisme et un ton bien trop calme, enlevant beaucoup du charme que pourrait avoir cette réponse. Dommage. Toujours est-il que l’identité, supposée jusque-là de la jeune fille, s’est clairement faite entendre dans sa façon d’être. Ca doit être la fameuse moniale – ou du moins quelqu’un qui essaye de se faire passer pour elle. Il n’y a que les gens de foi pour être aussi barbant en essayant de remettre quelqu’un a sa place, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un supérieur. Enfin, je serais totalement hypocrite de lui en vouloir de me manquer de respect, et s’il y a bien un Chûnin qui puisse accepter ce genre de choses, c’est moi. Il n’y a que du défi là où il y a du caractère, et tout l’intérêt est de voir à quel point il est possible de frapper dedans de toutes mes forces avant que ça ne se brise comme une vulgaire poupée en porcelaine qui se serait trop faite prendre. Esquissant un sourire flamboyant de provocation, je replace une mèche de mes cheveux à l’aide de ma main gauche.

« Si tu as besoin qu’on te dise ce que tu dois penser, tu n’irais jamais très loin. »

Sans la moindre hésitation à la fin de mes paroles prononcées sur un ton doux et basané, je me retourne sans craindre qu’elle ne m’attaque par derrière et, alors que je suis sur le chemin du départ, je tourne ma tête vers elle une fois de plus. Putain que je déteste les moines. Ainsi que tout ce qui se rapporte à eux. Ils sont tous là, toujours, à jouer au plus calme, au plus serein, au plus sage – qu’ils aillent se faire foutre. C’est à cause de gens comme eux et des doctrines qu’ils portent que le monde est si ennuyant. Tout le monde est habité par une sorte d’éthique qui oblige à faire le bien ou que sais-je. Comme si nous n’avions que ça à faire. Est-elle aussi détachée du monde que ce qu’on dit d’eux ? Conne comme un pied à jouer à la pure pendant qu’elle laisse ses propres « frères » se faire égorger ? Je pourrais la briser en deux avec tellement de facilité…

« Mais comme je suis là et que tu es là, autant que l’on rentabilise notre temps et que l’on s’entraîne ensemble ? Qu’en dis-tu ? »

Un sourire sonnant plus que vrai dans le mensonge qu’il est. J’aide assez de débiles à s’entraîner uniquement dans le but de les entraîner – je veux plus. Plus de distraction. Plus de sueur. Plus de larmes. Moins de moine. Sans même attendre sa réponse, je me jette dans le vide afin de me réceptionner sur le terrain d’entraînement, profitant de ces quelques minuscules secondes où le vent fouette mon visage et le plaisir de vivre se faire ressentir à nouveau. Il faudrait que je vois avec Rin si elle est capable de mettre au point un médicament qui fasse ce genre d’effet.

Je l’observe brièvement décoller son gros cul du sol et choisir enfin de me rejoindre sur le terrain d’entraînement. Au moins, elle semble ne serait-ce qu’un peu volontaire – c’est déjà mieux que beaucoup des choses que j’aurais pu espérer. Il ne manquerait plus qu’une moniale totalement stupide et pacifiste qui préfère rester à méditer et grossir comme la pire des putes que l’on aurait engrossée plutôt que de s’entraîner au combat. Surtout que j’ai entendu dire qu’ils avaient un style de combat particulier et honnêtement : je demande à voir. Je penche légèrement ma tête sur le côté à entendre sa remarque, décidément elle doit vraiment être prévenue car je la vois d’ici se ruer dans un piège qui lui coutera la vie avec son comportement arrogant. Qu’importe qui elle ou en qui elle croit – ici, elle n’est qu’une débile de plus comme tous les membres du village de toute façon. Et c’est sur l’échelle de la stupidité que tout se joue, de toute façon.

« Me défoulée ? Jusqu’à preuve du contraire, la seule qui se défoule pour le moment – c’est toi. J’ignore pour qui tu te prends, mais il y a une relation hiérarchique dans ce village et selon cette dernière, je suis ta supérieure. »

Je lui adresse un regard un tantinet sévère avant de recommencer à sourire comme avant, plissant légèrement les yeux avec ma tête inclinée sur la droite – telle une amie qui se confierait à une autre.

« Ensuite, je préfère clairement ça à quelqu’un qui fait de la lèche comme si sa vie en dépendait. Après tout, si vous êtes obligés de limiter votre caractère face à vos supérieurs pour bien vous faire voir, vous n’irez nulle part et vous enfermerez progressivement dans une cage totalement stupide. Mais c’est mon avis – d’autres t’auraient déjà remise à ta place donc fait attention à toi. »

Inspirant profondément, je m’assois par terre sans afficher la moindre hostilité et la regarde calmement, droit dans les yeux. J’espère qu’elle a compris qu’il n’y avait qu’une légère boutade derrière ma remarque – je suis la première à considérer que les relations de hiérarchies ne devraient pas exister, et je crois que cela transparait bien en mission avec mes élèves. Je leur laisse l’autonomie maximale possible sans que la mission n’échoue : ça forge leur caractère et les pousse à faire autre chose que suivre bêtement ce qui est dit. Toujours est-il que ce n’est pas une de mes élèves mais seulement une pétasse de moniale – même si elle a le privilège d’avoir autre chose que de la merde molle dans son caractère.

« Qu’est ce qui te vaut cette rage ? Non, en réalité ça ne me fait ni chaud ni froid de savoir, chacun a ses raisons. Quitte à manquer de respect à un supérieur, manque-moi de respect. Je suis bien la seule qui ne t’en tiendra pas compte… Et si tu souhaites tant que ça te défouler, alors vas-y, frappe-moi la première. Montre-moi ce que tu as dans le ventre, avant que je ne l’ouvre. »

Lui adressant un léger sourire, je ferme les yeux une fraction de seconde – suffisante pour qu’une armure de roche recouvre l’intégralité de mon corps, me permettant seulement de la regarder. Arrivera-t-elle à la briser avant que je ne me lasse ? On verra bien si l’art de combat des Moines est aussi spectaculaire qu’on le dit…

Un moment de démence partielle frôlant la schizphrénie? A moins qu'elle soit juste folle. Ou bien manichéenne emotionnelle? Etrange sensation. Pourquoi ce sourire après lui avoir parler comme à un chien. ça fait pas du bien les hauteurs à long terme, n'est-ce pas? Elle semble si sincère et honnête, c'était à s'y méprendre. Quelle était cette intuition, cette incohérence... Pourtant elle la voit, l'entend et constate des réactions qui ne coincident pas. Sa sincérité apparente, mêlée à ces visuels instables, lui donnait la vague impression qu'elle devait se méfier plus que de raison. Un jeu. C'était ça que la plus puissante voulait? On dirait... ok. Jouons... De toute façon.... elle se méfiait de tout le monde ici. Surtout des femmes. La plupart d'entre elles finissent pas se prendre le chignon comme des furets surexcités, Koa n'a jamais compris ça. Elle ne comprend pas toutes les subtilités de la femme de toute façon, son maitre ne l'a pas éduquée pour en être une. Elle ne sait pas trop ce qu'elle est à l'évidence alors comment pourrait-elle comprendre les subitilités de celle qu'elle avait face d'elle? Mouais. Rien à foutre? Non pas vraiment , ça l'intrigue un peu , de savoir comment les autres fonctionnent, elle qui est particulière ou décalée, parfois trop insensible, ou juste volontairement détachée? Un truc qui a cramé la haut peut-être. Elle ne le saura jamais, et c'est à prendre ou à laisser... Du moins c'est ce qu'on dit.

-J'ignorais que la franchise était un manque de respect. je n'le ferai plus.

Enfin si elle y pensait bien sûr. Mais non, elle se refusait à dire le contraire de ce qu'elle pensait et peu importe si les autres moines étaient différentes d'elle, elle n'avait pas été formée pour faire dans la dentelle, et la fleur fermée qu'elle était n'avait pas encore choisi de sa couleur. Une couleur qu'elle prendrait en fréquentant les autres. Elle ne bougeait pas davantage, immobile à ramasser chaque détail qu'on lui donnait en pature, docilement. impossible que ce soit du hasard, tout était calculer. Ses paroles froides avaient tinté avec une lueur de "trop imbue" dans les oreilles de la blonde, qui avait un peu penché la tête, suivant ses mouvements sans en perdre une miette... Les voila toutes les deux à pencher la tête, le tableau aurait pu être sympa si la tension n'avait pas été présente à ce point. Se montrer soumise, sans l'être. Respectueuse en enfermant le monstre en soi. Sois humble aux yeux d'autrui et nettoie le cambouis du monde dans leur dos. Voilà un des nindo rustres de son maitre. Tellement de choses restaient à comprendre dans ce qu'il lui avait laissé en héritage dans ses écrits, lui qui était trop vieux. Koa commençait à comprendre. Son maitre n'était peut-être pas si parfait mais... il y avait un coté étrangement ... picotant qu'elle ne saurait identifier dans chaque page lu nouvellement par jour... Cette nana en face d'elle l'intriguait. Oserait-elle? Sous son masque, un léger sourire naquit en coin... plaisante contradiction. Son regard reste pourtant solidement fixé sur cette silhouette dominante. Elle passe ses doigts doucement sous sa muselière, et la déclipse, pour la virer simplement, le couvre chef tombant avec dans la poussière. A quoi cela servait de se cacher? Son maitre l'avait obligé à porter ce cache visage durant des années et le vent lui toucha le visage. Elle ferma les yeux un instant, écoutant les mots de la shinobi et fit un léger oui de la tête. Elle s'attendait à morfler aussi. Mais rien n'est venu. Etrange, à moins que cette shinobi cache bien plus que son air mal embouché et prétentieux? Elle aimait bien ce jeu bizarre. Une sensation nouvelle. Un frisson le long de ses bras. L'attaquer? Pourquoi s'assit-elle? Un sourcil haussé, mais elle ne va pas poser de questions. C'est inutile. On ne lui demande pas d'en poser, ni ne la force, alors pourquoi le faire.

De quelle rage parlait-elle? Elle l'observa. De quoi pouvait-elle être sûre? Ce gène de la foi lui permettait de lire dans les coeurs? Elle ne savait pas elle-même ce que son coeur voulait d'elle-même, et elle était tellement habitué à brimer son esprit qu'il y avait des chances pour qu'elle voit juste ce qu'elle s'autorisait à voir. Cette shinobi assise dans la poussière n'a qu'à lire plus profond encore si elle veut des réponses, parce qu'elle ne lui répondra pas. Une censure qu'elle ne peut entraver de toute façon. Arrive un jour où on accepte simplement ce qu'on est et ça prend bien plus de temps sur ceux qui partent dans les sens dans leur propre tête. Aussi elle préfère garder de l'ordre tant qu'elle le peut encore. Un dernier discours et Koa comprend. Peut-être est-ce un test? peut-être pas. Juste un entrainement. Une fin inévitable de toute façon. Elle réfléchit un instant, immobile, puis finit par s'approcher de la masse rocheuse. Près. Trop près. peu importe le risque. Elle s'accroupit devant la masse et passe lentement sa main sur la structure rugueuse, le regard suivant le geste, penchant la tête.

- J'n'ai jamais dit vouloir me défouler.
Elle ote sa main, posant ses coudes dans une position peu équilibrée, qui lui permettrait néanmoins de faire une acrobatie en arrière si le besoin en était. Loin de là le moine lourd et lent, son maitre l'avait aussi entrainé à l'art des acrobaties de haut vol, et elle aimait ça, mais ça aussi c'est un secret. Personne ne révèle jamais ses pêchés mignons n'est-ce pas...?
- Je refuse votre ordre.
Son regard fixe le rocher. Elle sait qu'elle est derrière. Ses iris se font plus animés, plus froids, plus vivants, loin du petit moine glandu perdu dans son monastère.
- Rien ne me prouve que vous êtes ma supérieure.
De la pure provocation? Elle savait qui elle l'était , elle le ressentait et connaissait son nom mais dans les faits immédiats, Koa n'avait aucune preuve concrète que c'était le cas.

Je regarde calmement ses mouvements tout en parlant, m’enquérant de la connerie profonde et néfaste qu’affiche son visage. A croire un putain de poisson de merde que l’on aurait sorti de l’eau et qui se retrouve à gasper pour espérer de survivre. Elle venait de quelle planète, sincèrement ? Et la voilà qui enlève l’espèce de muselière qui lui couvrait le visage, se dévoilant un peu à moi. C’est quoi l’étape d’après ? Elle se déshabille totalement ou elle termine entre mes jambes ? Honnêtement, je préfère ne pas savoir, mais putain qu’elle est perturbée. Comme tous les moines d’ailleurs. Franchement, leur utilité dans ce monde est plus que négligeable et j’ai l’impression qu’ils ne font tout bonnement aucun effort pour s’intégrer.

Je hausse un sourcil lorsqu’elle me dit n’avoir jamais dit qu’elle voulait se défouler, son ton retombant et le calme la regagnant. Voilà qu’elle retourne dans son cocon idéaliste de merde, comme s’il y avait une quelconque utilité à jouer à la plus sereine et la plus calme. Quoi, hein ? Cela fait mal de se dire qu’on n’est pas aussi zen qu’on aimerait le faire croire ? Que même à travers les prières on est soumis aux mêmes réflexes humains que n’importe qui d’autre ? Je soupire lourdement. Putain elle est vraiment bouchée et têtue quand elle le veut – mais je n’ai pas envie de porter le premier coup. Je pourrais la tuer en l’espace de celui-ci, et Shigeru m’en voudrait tellement… Mais là, je pense que je suis incapable de me contrôler pour retenir ma force. Pétasse !

« Je n’ai jamais dit que tu as dit vouloir te défouler – tes actes parlent pour toi. Quoi que je te dise, tu m’oppose résistance et m’oblige à frapper de toute la force de mes mots contre un mur épais que tu reconstruis à ton gré afin de toujours être dans le conflit vis-à-vis de moi. »

Je réajuste calmement ma position, le ton de ma voix perdu entre le cinglant glacial des remarques que je fais et l’amusement général délicatement menti que cette situation fait naître en moi. J’ignore si j’arriverai à rester sympathique pendant encore longtemps face à ce genre d’attitude – c’est tellement l’opposé de ce que je suis. Tellement l’inverse de… Je secoue la tête avant de me perdre dans mes pensées.

« Un ordre ? Où vois-tu un ordre ? On a bien dit que l’on allait s’entraîner ensemble, le principe de l’entraînement reste encore de s’exercer à l’art d’être Shinobi. Et crois-moi, rester assis à faire la discussion en se regardant calmement c’est à des lieux de ce qu’est censé être notre vie. Quant à moi… Cesse de mentir. Je vois clair dans ton petit jeu de provocation, et je n’ai pas spécialement envie de rentrer dedans. Le village entier sait qui je suis, de toute façon – toi également. Et notamment tu devrais savoir le fait qu’il est probablement impossible de me mentir. »

M’étirant quelque peu à travers l’armure, je me lève et croise son regard, une fois de plus. Qu’importe l’abcès qui lui ronge le cerveau en le remplissant de merde et de pus, il est temps de le crever avant que je ne la crève tout bonnement en lui arrachant la tête à mains nues. Les gens ignorent vraiment les efforts que je fais pour contenir l’impulsivité de mon comportement, et putain elle va en avoir un avant-goût si elle n’arrête pas tout de suite. Une dégustation qui lui fera probablement regretter d’être née, tout bonnement.

« Alors je vais te le demander en face. C’est quoi ton problème avec moi ? Qu’est-ce qui te perturbe tant ? Parce que si je dois rester ici à perdre mon temps pendant que tu t’imagines des choses ou je ne sais quoi… Autant que je parte. »