Je ne savais pas réellement quelles étaient les motivations de Jinto. Si son intérêt pour mes dons claniques étaient compréhensibles, ainsi que celui pour ce pouvoir démoniaque, l’assemblage des deux n’avait pas produit quoi que ce soit de particulier. Je me dis alors qu’il ne l’avait pas fait pour cela, mais parce qu’il voyait en moi un animal sauvage en plein dressage. Il était vrai qu’il avait insisté à plusieurs reprises lors de nos entraînements que je ne devais pas chercher à contrôler l’animal qui était en moi. En tout cas, si ces questions resteraient sans réponse, grâce à Raito et Yasahiro, je découvris la nature de mon nouveau pouvoir. Celui-ci était effrayant puisque j’avais déjà démontré que je pouvais perdre le contrôle et exploser d’une rage qui n’était pas la mienne.

Si Karyuudo voulait que je cherche un moyen de m’en débarrasser, ce n’était pas vraiment l’avis de l’Institut. Je les comprenais bien, d’un côté j’étais effrayé à l’idée de perdre l’emprise sur mon corps et mon esprit, mais de l’autre, je savais qu’une fois maitrisé, ce pouvoir pouvait se révéler bien utile. Après un débat entre nous deux, nous parvînmes à un compromis. J’allais m’entraîner avec Yasahiro, qui avait déjà démontré être capable de me contrôler, et je n’utiliserais en aucun cas mon pouvoir en dehors de ces entraînements.

Malheureusement, après l’attaque du quartier général, on ne pouvait pas vraiment dire que j’étais la priorité de tout le monde. En partie par ma faute, le bâtiment avait été partiellement détruit et il n’était plus en état de remplir sa fonction. D’autant plus que l’affrontement avait dû être remarqué par les habitants les plus proches. Il fut donc complètement détruit et toutes les preuves de sa présence également. Comme il fallait désormais un nouveau lieu adapté, je mentionnai la présence de l’ancien village des Bannin dans les montages. S’il y avait quelques travaux à faire et que l’entrée n’avait rien de pratique, les installations déjà présentes et la discrétion de sa position en faisait un endroit idéal. D’autant plus que le départ de Kumo du clan réduisait quasiment à néant les chances que l’un d’entre eux décide d’y revenir.

Évidement, ce ne fut pas de tout repos, si retrouver mon chemin dans les galeries n’était pas bien compliqué, surtout avec la lumière de Raito, faire venir tout le matériel nécessaire au fonctionnement de l’organisation était une autre paire de manche. Il fallait bien dire que c’était un nouveau départ pour l’Institut. Une bonne partie de ses membres avaient péri et parmi les survivants, beaucoup décidèrent de ne pas se ranger derrière un enfant aussi jeune que le Dentô. Il fallut environ deux semaines pour l’aménagement de ce qui était nécessaire. Du matériel médical et de recherche expérimental fut apporté, ainsi que des vivres. Les capacités particulières de chacun des membres permirent d’avancer bien plus rapidement en créant du mobilier et des pièces rudimentaires.

La réhabilitation entière du lieu n’était pas encore possible, mais j’étais ravi de voir que l’oeuvre du regretté Kisen avait été reprise. L’ancien chuunin aurait probablement tenté de nous en empêcher par tous les moyens, mais les intentions de l’Institut n’étaient pas aussi mauvaises que ses méthodes. Et pendant que tout le monde s’attelait à la tache, je restais seul avec le Monjara à m’entrainer dans l’immense arène de métal qui occupait encore une grosse partie du lieu.

- Dépêche toi de te transformer Otoke, sinon je vais devoir t’y contraindre.

Yasahiro savait très bien que nous n’avions pas le temps à perdre. Je sentais sa présence en permanence et le garder le plus calme possible était une lutte permanente. Cependant, j’avais toujours une crainte de le laisser sortir, je ne savais que trop bien où cela pouvait me mener.

- Tu es sûr que tu arriveras à me contrôler ?

- Ne t’inquiète pas pour ça, ce n’est pas une bête sauvage qui arrivera à me passer sur le corps.

Le Monjara était l’un des rares Kumojins à qui je faisais encore confiance, mais c’était également une des raisons pour lesquelles j’étais réticent.

*Tu veux lui montrer pourquoi il se trompe ?*

Toujours présente, cette voix qui m’empêchait de dormir, l’idée de lui céder le contrôle de mes actions était horrible, mais je n’avais pas vraiment d’autres choix.

*Fais toi plaisir…*

Si j’avais du mal à le contenir lorsque j’étais dans le feu de l’action, il m’était beaucoup plus simple de le faire venir. Il me suffisait de lâcher le contrôle pendant un instant et de ne plus lutter. D’un seul coup, je sentis une vague de chakra déferler en moi et ma vue qui s’améliorait. La pénombre qui recouvrait l’arène n’affectait plus ma vision. Tout mon corps se mit alors en position d’attaque, je n’étais qu’à la première étape de ma transformation, mais je me sentais déjà perdre le contrôle.

Je me propulsai alors en direction du Monjara qui fit apparaitre un mur Doton sur mon trajet. Je concentrai alors mon chakra raiton dans mon poing droit avant d’exploser le mur sans interrompre ma course. Tandis que je traversais les débris du mur, je remarquai bien trop tard les fils organiques cachés derrière qui vinrent s’enrouler autour de moi. Il m’avait capturé en l’espace d’une seule attaque et je me retrouvai bloqué dans ces fils. L’usage de la force brute contre ceux-ci était évidement inutile.

Puis soudainement, les fils qui me retenaient prisonniers se resserrèrent peu à peu, devenait assez vite un problème à régler. Ce fut à ce moment-là que mon hôte, poussé par son instinct de survie et mon manque de résistance, se décida à vraiment entrer en jeu. J’entamai alors ma deuxième phase de transformation. Mon corps fut alors recouvert par une épaisse carapace noire et deux tentacules sortirent de mon dos. Ceux-ci se chargèrent alors immédiatement des fils qui me restreignaient en les découpant avec du chakra.

Je me retrouvai alors face à Yasahiro qui semblait être bien préparé à la situation. D’un bond, je traversai la distance qui nous séparait, puis, après avoir concentré mon chakra dans ma jambe droite, je vins le frapper violemment à l’abdomen. Si l’attaque fut très violente, le Monjara avait plus d’un tour dans son sac. La cible que j’avais frappé n’était autre qu’un clone de fil, je me retournai alors vers l’originel derrière moi.

- Tu voulais un combat non ? Alors affronte moi !

Tout ceci jouait beaucoup sur ma patience et ma stabilité, la voix du démon avait totalement pris le pas sur la mienne. J’envoyai alors mes deux tentacules dans sa direction pour le saisir, mais ceux-ci se plantèrent dans ce qui était apparement un autre clone de fil. L’instant d’après, je l’aperçus à l’autre bout de l’arène. C’en était trop, je le connaissais suffisament pour savoir ce qu’il manigançait. Joignant mes mains, j’utilisai une technique de dissipation d’illusion. L’instant d’après, le Monjara avait changé de position et il venait d’invoquer une de ses créations claniques.