Finalement le jour commençait à se lever. Cette longue nuit d'agitation sur les vagues menant au Pays du Fer venait de prendre fin. C'était un véritablement soulagement pour ma part, sans doute car je supportais mal les transports maritimes. J'aurais tellement préféré venir par les airs, pensais-je tout en observant ce ciel teinté de couleurs chaudes. Cependant, les autorités ont préférés nous déplacer par troupeau sur un bateau. Parfois je me sentais vraiment comme du bétail que l'on vendait sans aucune importance, dés l'instant que cela enrichissait nos commerçants. N'était-ce pas le cas ? Je n'avais aucune motivation à participer à cette guerre qui nous opposait à l'Empire. Sacrifier ma vie pour le bien de mon pays, jamais une pensée aussi noble n'eut traversé mon esprit. Ce qui comptait pour moi, c'était mon paisible quotidien avec tous les potes qui étaient restés à Kumo. Néanmoins, étant donné que je faisais parti d'un illustre clan de shinobis reconnu à travers le monde, je n'avais pas d'autre choix que d'obéir aux ordres. Selon mère, il s'agissait de mon destin, elle qui rêvait de me voir devenir Raïkage comme l'était mon oncle — éloigné éloigné éloigné, mais qu'elle considérait proche. Je ne voulais pas lui causer de la peine inutilement, je hochais de la tête comme quoi j'allais accepter les missions qui m'étaient confiées. Mais tôt ou tard, elle se rendra bien compte que ce titre ne m'allait vraiment pas..

Je poussai un long soupire puis remit mes lunettes sur mon nez, m'étant enfin décidé à me relever. Bien que je n'avais que très peu dormi de la nuit, je tenais encore la forme. Sans doute car j'avais souvent l'habitude de vivre des nuits blanches lorsque je faisais des fêtes nocturnes avec les autres camarades de ma génération. Je me rapprochai du bord de l'eau pour observer de loin ce pays qui allait devenir ma toute nouvelle résidence. On disait qu'il s'agissait d'un pays de guerriers ou quelque chose de semblable, à mes yeux ils n'étaient rien d'autres que des imbéciles qui ne réussissaient pas à maîtriser le chakra. Enfin, mon avis importait peu, seuls les pensées des dirigeants pouvaient influencer l'avenir de notre nation. Si ces derniers décidaient de nous y envoyer, alors ils le feront, c'était ainsi que notre hiérarchie fonctionnait. Qui savait combien de temps j'allais rester à Tetsu, peut-être bien jusqu'à la fin de ma vie, qui sait.. Le bon côté, c'était que je n'aurais plus à revoir mère et père me pleurer derrière. Ils tenaient à ce que je devienne un bon shinobi, pourtant ils avaient peur que je puisse un jour laisser ma vie sur le champ de bataille. C'était assez contradictoire. Pour ma part, je me suis déjà préparé à la mort et cela depuis le jour où j'avais reçu mon bandeau. Il s'agissait d'un destin inévitable, les shinobis vivent constamment avec cette crainte qui les tourmente, à force on finit obligatoirement par s'y habituer.

" Il reste encore quelques heures avant d'arriver ! À tous les kumojins présents, levez-vous et tenez-vous prêt ! " Hurlait un homme qui semblait être le capitaine du navire.

Encore quelques heures à devoir supporter tout ce mal sur ce bateau, le voyage sur ces engins flottants était tout à fait comparable à un enfer..

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" Le bateau vient d'accoster. Vous allez vous mettre par rang dans le calme, et dés lorsque vous entendrez votre nom, vous irez rejoindre l'unité qui vous sera attribuée. Des questions ? Allons-y. "

J'obéis sans aucun mot de plus, simplement car je n'avais rien à rajouter et aussi car je me sentais bien trop mal pour gaspiller de l'énergie inutilement. Même une fois sur la terre ferme, la sensation dans mon estomac ne semblait toujours pas vouloir disparaître. J'aurais vraiment dû prendre des dolipranes ou n'importe lesquelles de ces pilules au contenu louche. Maintenant, il était bien tard pour le regretter. Ces quelques heures étaient réellement de trop, je ne tenais quasiment plus sur mes deux jambes, mon visage était devenu tout pâle et mon corps tremblait. Ce n'était qu'une question de temps avant que je ne me mette à gémir au sol comme un mourant. Sauf que ce n'était vraiment pas le moment, tous ces samurais nous regardaient d'une expression sévère nous faisant comprendre que ça n'allait pas être une partie de rigolade. J'inspirai puis soufflai lentement, me répétant en boucle de prendre mon mal en patience. Respire mec, calme et tout ira bien. Jure également que ça sera la toute dernière fois où tu traverseras un pays à l'autre sur un de ces bateaux à chier, pensais-je calmement dans ma tête. D'apparence j'étais tout à faire serein, me tenant correctement parmi la foule de kumojins. Mon regard parcourrait ces nombreuses têtes à la recherche de celui qui allait devenir mon tuteur, hum..? Puis je me stoppa sur la demoiselle qui semblait être leur cheffe. Et dire qu'il s'agissait d'une nana à la tête de cette bande de brutes, je ne les imaginais pas comme tel pour des guerriers aguerris..

Je priais au plus profond de mon être, afin de ne pas tomber sur un tuteur trop exigeant et trop sévère au point d'oublier que nous sommes encore des hommes avant d'être des machines de guerre. Le premier parmi les innombrables Samuraïs à s'avancer était un guerrier avec une longue chevelure noire. Il suffisait d'observer son apparence, sa manière dont il déroulait le parchemin ou bien la façon dont il se tenait debout, pour comprendre qu'il n'était pas un tendre. Moi comme d'autres de mes camarades kumojins, nous n'espérions vraiment pas nous retrouver dans l'équipe de ce personnage. Son regard effrayait plus d'un, qui savait ce qu'il adviendrait si nous devenions le disciple de ce dernier ? Extérieurement je gardais mon calme naturel, croyant que j'avais plus d'une chance sur cent de tomber dans cette équipe. Pourtant, ma nature malchanceuse qui datait depuis ma naissance me ramena bien vite à cette cruelle vérité. Il suffisait qu'il prononce les syllabes "Ka-do-ria" pour que je comprenne qu'il s'adressait à moi. Qu'avais-je fais pour subir une telle sentence ? Déjà que je supportais très mal le voyage jusqu'ici, je pouvais au moins espérer souffler un peu durant l'appel, mais il semblerait que je fasse parti de la première troupe à partir. Je ne pouvais que soupirer à nouveau, tout en restant discret pour ne pas montrer mon manque d'enthousiasme à mon nouveau chef..

Je remontai mes lunettes puis me dirigeai vers cet homme ainsi que mes nouveaux compagnons. Une fois tout le monde au complet, nous prîmes la route vers les garnisons suivant le chemin tracé par notre meneur. Il passa son regard sur moi, pourtant il n'avait même pas remarqué la pâleur de mon visage, ou bien qu'il ignora simplement mes souffrances ne jugeant pas la nécessité de me proposer de l'aide ? Il nous demanda de faire le trajet à pied, comme quoi le nombre de chevaux était insuffisant. Je sentais ma peine monter, à vrai dire je me sentais incapable de faire tout le chemin jusqu'au Sud du pays qui me paraissait si loin. Mes capacités ne résidaient pas dans mes conditions physique. Je n'étais pas particulièrement mauvais, mais il fallait avouer que ce n'était pas ma spécialité. J'avais l'intime sentiment que j'allais mourrir avant même d'avoir mis un pied sur le champs de bataille, à quel point je pouvais être malchanceux ? Cependant je me voyais mal me plaindre, je me contentais d'obéir et de suivre tout le monde dans le silence. Le vent commençait à se lever et la température à baisser. Un blizzard... Personne n'avait prévenu que nous allions devoir supporter une telle épreuve ? Je n'avais rien prévu et bientôt cela va faire une heure que l'on marche au gré de ce climat. Finalement, notre chef se retourna pour se présenter, Yashiro, un daisho de l'armée du fer. Si nous avions des questions, il fallait le poser tout en avançant, disait-il. J'avais effectivement quelques doutes concernant mon emploi du temps à venir, puis mes modes de vie sans oublier l'enfer qui m'attendait. Enfin, avant cela je me sentais comme gelé sur place à deux doigts d'agoniser. Je laissais mes camarades me devancer afin de me retrouver en fin de file. Je m'adressai alors au dernier juste à côté de moi à voix basse pour que notre chef ne nous entende pas.

" Yo.. Fis-je d'un air détendu. Tu es Dentô Kirio si je ne me trompe pas. Par le plus grand des hasards, tu n'aurais pas des médicaments contre le mal de ventre..? "

J'avais retenu son nom sur le navire, le sien ainsi que tous les autres. J'avais pu observer leurs comportements et Kirio était un jeune homme tout à fait banal sans être asocial. Parmi tous, il était actuellement le plus apte à me venir en secours. Il ne s'agissait pas d'une honte de demander, car j'avais tout à fait conscience que si je ne le faisais pas maintenant, dans les minutes qui suivent je serai au sol comme un mourant en train de mordre la poussière.

" Hé toi au fond ! Mange ça et ne traîne pas si tu veux pas geler sur place ! "

Je me tourna vers la source de cette voix pour me recevoir une pomme que j'attrapa tout juste avec ma main gauche. Je me retins de commenter "joli lancé", ce qui n'était pas le discours le plus adapté à ma situation.

" M-Merci. "

M'avait-il entendu ? Peu de chance avec un tel vent, mais s'il avait réellement l'ouïe très fine sans doute aurait-il dû entendre au moins brièvement ma voix. De plus, il avait réussi à me repérer alors que je me suis retourné tout au fond de la file. Il avait ce que l'on pourrait appeler "l'allure d'un chef". Il semblait avoir ses sens extrêmes développés, et il résistait très bien au froid, je dirais presque mon contraire. Je soufflai silencieusement, observant ce fruit que j'avais dans ma main. J'ai toujours aimé les pommes même si je préférais les pêches, mais là n'était pas la question. Actuellement, ce que je désirais le plus était de voir un sachet de Doliprane me voler à la figure plutôt qu'un fruit, mais je ne pouvais pas me plaindre. Je pense m'être assez fait remarqué.. J'échangeai un dernier regard avec Kirio, qui par grande discrétion me fila justement quelques herbes contre les mals de transport, les derniers qui lui restaient. Je le remercia avant de retourner vers l'avant de la troupe. J'avalai d'une bouchée le médicament, qui avait plus que mauvais goût. Si je devais le comparer ça serait à du vomi de cheval et encore.. Mais qu'importe, car sinon ça serait bientôt moi qui serais sur le chemin entrain de vomir mes boyaux. Tant bien que mal, je savourais cette amertume sans pour autant faire de grimace, j'avais passé l'âge même si j'aurais bien aimé. Puis j'entama ma pomme qui était nettement plus délicieuse, bien que par ce temps elle me glaçait d'avantage les dents.. Un peu d'espoir ? Je tentais de me convaincre que nous n'allions pas tarder à arriver et afin de soulager mes peines, j'essayais d'y croire sincèrement jusqu'à voir apparaître au bout du chemin notre destination. Je continuais de me créer des illusions juste pour me forcer à avancer, mais lorsqu'il annonça qu'il restait encore une heure de marche, il s'agissait comme d'un kai qui me sortit de mon genjutsu. Une nouvelle qui fit baisser le morale de la troupe, moi de même. Je fus le premier à tomber dans la neige, mort épuisé, qui pourtant dû se faire ressuscité pour continuer le chemin. Je n'avais que le choix de continuer à avancer, c'était sans doute le peu de fierté que j'avais en moi qui me poussait vers l'avant. Père et mère se riraient de moi en me voyant dans un tel état.. J'avais honte pour eux d'avoir honte, car ce n'était pas ma faute si j'atteignais mes limites..

Finalement, enfin ! Nous arrivâmes au temple de Seiriu. J'avais bientôt les larmes aux yeux, me félicitant de ne pas être mort durant le trajet. Même si extérieurement je gardais un minimum de sérieux qui laissait mon visage de marbre. Les Tetsujins nous accueillies chaleureusement, bien que j'étais assez perturbé par un tel comportement. Je n'étais pas vraiment habitué à une approche trop amicale dés les premières rencontres, j'étais assez froid aux premiers abords moi aussi. Intérieurement, j'étais vraiment heureux de manger un bon plat chaud. Je ne dirais rien concernant leur nourriture, j'étais déjà suffisamment mal vu pour me permettre de critiquer.. Je mangeais tranquillement et sympathisais avec mes camarades kumojins. Ma nouvelle demeure, donc ma nouvelle famille mh ? J'allais devoir m'habituer à leur mode de vie, il s'agissait d'une consigne de la mission. Je me plierais aux règles qui les régissaient, néanmoins je n'espérais sincèrement pas avoir à porter ces boîtes de conserve qu'ils avaient tous. Tellement lourd, vous m'imaginez moi qui suis déjà assez faiblard avec un truc de cette envergure ? À quelle vitesse je serais alors ? Ça serait comme enfoncer une sardine dans une conserve taillée de fer.. Mais cette pensée, je la gardais pour moi-même. Si cette traversée était notre première épreuve, je me demandais bien à quoi pourrait ressembler le reste de notre aventure.. Il suffisait simplement de se l'imaginer pour commencer à broyer du désespoir. Je préférais alors ne plus y songer, si ce n'était que pour me faire souffrir moi-même.

En attendant, je parlais assez facilement avec tous les autres membres, il s'agissait d'un bon point. Kirio se montrait très amical, je pus le remercier convenablement pour l'aide apportée plus tôt. Puis certains samurais se mêlèrent également à notre discussion, ce qui ne s'annonçait pas être une mauvaise chose. Ils nous proposèrent des bières, par simple politesse je bus un verre. À présent je n'avais pas à craindre de subir de la xénophobie de leur part comme "aaaah ! un jaune tout moche qui sent mauvais le ninja !" qui était également l'une de mes peurs lors de mon départ. Enfin, je pensais également la même chose d'eux: des jaunes tout moches qui ne méritaient pas leur couleur, tous portant du féraille comme fringues, vous connaissez la mode ? C'est de porter un bandeau encore plus gros que votre front et d'attacher à sa jambe des kunais, avec des sandales très peu esthétiques. Sans oublier la vraie class, porter des lunettes ! Enfin, je savais me tenir correctement évitant toute conversation qui pourrait engendrer une dispute. S'il me souriait gentiment, j'en faisais de même à leur égard.

Lorsque notre chef prit la parole, les chuchotements diminuèrent et se transformèrent en un silence, afin de n'entendre plus que la voix du samurai. Il semblait être très respecté parmi les siens, un homme qui savait commander les troupes d'une main de fer. Il s'agissait sans nul doute de l'image que mère avait de moi lorsqu'elle me voyait. Cependant, elle avait bien tord, même si je paraissais tellement calme extérieurement, cela ne faisait pas de moi un guerrier comme certains. Je ressentais trop souvent une flemmardise naissante en moi et je n'avais que très rarement la force de la combattre. Je ne le faisais que lorsque j'avais des obligations, car je savais que refuser certaines missions pouvaient m'attirer des ennuis plus graves encore. J'écoutai son discours silencieusement, tout comme mes autres camarades. Je me suis permit un simple chuchotement afin de répondre à Kirio, mais nous avions vite cessé. Une fois qu'il eut finis, nous nous dispersâmes au fur et à mesure que des samurais venaient nous chercher. Je me remémora les dernières paroles de l'homme, concernant notre emplois du temps de demain. Avec un peu de chance je m'occuperais de la cuisine ? Je ne dirais pas cela ainsi, déjà car j'étais plutôt malchanceux, mais même si dieu me souriait pour la première fois de ma vie, je ne serais pas plus joyeux non plus. Les tâches ménagères m'avaient l'air tout aussi ennuyants. D'autant plus que, je n'avais jamais touché une seule fois une casserole de ma vie, je ne savais même pas cuir le riz correctement. Lorsque je vivais au sein de mon clan, mère s'occupait de tous ces détails pour moi. Cependant, il semblerait qu'il allait falloir que j'apprenne à manier la spatule et le balais. Cela faisait sans doute parti de l'apprentissage d'un bon samurai, tout comme le maniement du sabre. À la fin de mon séjour, je deviendrais sans aucun doute musclé avec le volume de mon corps doublé..

Mon tuteur ne tarda pas arriver, bien qu'il était plus lent que les autres, il était à l'heure. Ils avaient pour coutume de ne jamais arriver en retard et cette habitude allait devoir devenir mienne. Demain, j'avais intérêt à me lever à l'heure pas comme je le faisais à Kumo.. Il me salua, je le saluai, il me montra ma chambre, je m'y installai. J'observais le tatami avec un léger regret lisible dans mon regard. Je venais d'abandonner un magnifique lit double fait de bois, pour venir dormir sur des draps posés au sol. Leurs coutumes étaient vraiment différentes des nôtres, bien trop différentes je dirais même. Cependant, je n'avais pas le choix, ce n'était pas un petit chunin portant le nom Kadoria qui viendrait refaire les règles d'un pays. Ainsi, je retira ma veste et me reposa sur le lit. Je vis le kimonos lavé et repassé, plié convenablement posé sur le bord — au moins ils avaient le sens de la propreté.. Il semblait quelque peu trop grand, j'étais plutôt maigre pour mon âge. Enfin, demain je pourrais aller le changer, mais il allait falloir dormir tôt, surtout qu'hier la nuit sur le bateau fut un véritable cauchemars. J'observai ce plafond qui me semblait bien bas, ces environs qui m'étaient inconnus, voilà donc ma nouvelle vie ? Toujours est-il si je vivrais suffisamment longtemps, haha.. Levant ma main devant moi comme pour atteindre la lampe, je ne ressentais rien de spécial. Mon pays natale ne me manquait pas spécialement, car j'étais déjà prêt à supporter le futur qui m'était réservé. La vie d'une shinobi ne s'achèvera que par la mort et je n'y ferais pas exception. Il avait dit que je pouvais garder mon bandeau, mais je ne ressentais rien pour cette simple plaque de fer. En tant qu'élément décoratif pour suivre la mode, je préférais d'avantage mes lunettes. Je souris, c'était ce bandeau même qui m'avait fait arrivé là où j'étais actuellement et qui m'emmènera vers ma mort également, car être shinobi signifie être prêt à mourrir.

HRP: