La journée avait été épuisante, vraiment. Elle avait tout d’abord éconduit un intervenant qui se disait du Johoukokan venu expressément à la Capitale pour négocier elle ne savait trop quels accords avec elle, demandant à ce qu’il soit redirigé vers le Palais du Hokage à quelques kilomètres d’ici, comme à l’époque où cette entité magouilleuse avait décidé de joindre le pouvoir militaire du pays -elle.

Puis elle avait joué au scrabble avec son intendante, veillé au bon développement des nombreuses ruches dans son jardin et bu trois thés à intervalles espacés respectivement devant l’étang à carpes et le lac aux hérons. Ce jardin … enfin ce parc était bien trop vaste pour une seule personne. Et l’entretien méticuleux ne lui laissait aucune opportunité d’occupation. Elle comptait d’ailleurs toucher quelques mots à l’équipe chargée du jardinage... Ayant passé la nuit sur sa terrasse à lire son roman éclairée par la lumière des lampions qu’on avait disposé tout autour, elle était finalement allée se coucher.

Le lendemain matin n’avait pas été plus original que la veille jusqu’à ce qu’elle reçoive la visite d’un filament noirâtre qui voleta jusqu’à son épaule. Tendant l’oreille, l’Aburame sourit, laissant les insectes s’envoler prévenir le Village caché des Feuilles. Levant la main dans la direction indiquée plus tôt, elle la reposa une fois les insectes sortis et se munit de la théière qu’on avait disposé à son attention. Il était temps d’enfin faire de un peu d’exercice. Elle toucherait définitivement deux mots au jardinier… Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas mis la main à la patte pour arracher les mauvaises herbes de son jardin.

* * * * *

Gensou était une ville paisible. Abritée pas les montagnes de Yu no Kuni qui la surplombaient, peu nombreux étaient les étrangers à venir pointer le bout de leur nez ici. Yu no Kuni étant un pays neutre, aucune puissance ninja ne menaçait directement le village même si bandits et nukenins restaient craints. Comme toute ville du pays, celle-ci était alimentée en gardes mais la puissance du chakra ressenti par ses insectes avait de quoi lui creuser quelques rides sur le front.

Deux sources aussi puissantes rentrées sur son territoire presque en même temps depuis la même zone géographique ? Il y avait de quoi craindre quelques problèmes au vu de la situation dans laquelle ils étaient. Ce n’était pas qu’elle n’avait pas confiance en ses hommes sur place … Mais en tant que gardienne de son pays, elle ne pouvait s’en empêcher. Peut-être un jour prendrait-elle réellement sa retraite en tant que Kunoichi. Mais ce jour n’était pas encore arrivé.

Arrivant dans la ville, le clone d’insectes se constitua devant la petite fille, à une dizaine de mètres environ. Que … Ce chakra. Elle le connaissait. Que faisait-il ici ? Nukenin reconnu depuis sa désertion du village de Suna en tant que traître, elle regardait la fillette qui paraissait pouvoir s’écrouler à la moindre bousculade. Fronçant les sourcils alors que la masse noirâtre finissait de constituer son clone, elle leva les deux bras en les écartant pour en faire sortir d’autres insectes. Deux autres silhouettes de la Daimyô du pays se constituèrent à quelques mètres d’écart de part et d’autre. Cet homme. Elle le savait dangereux. Et ce même avant leur combat contre cet Edo tensei ridiculement puissant. Mais ce combat lui avait appris une chose en tout cas : n’étant pas un PNJ, affronter Kioshi seul et ses illusions aurait été délicat.

Cela faisait un moment que nous ne nous étions pas vu fillette. Que nous vaut cette visite si soudaine et sous des traits … que je ne te connaissais pas ?

Loin d’être discrète, l’Aburame et ses deux clones avait fait se retourner sur son passage de nombreux badauds qui s’étaient éloignés de la scène, interrompant leurs activités pour regarder l’étrange face à face. Analysant la situation, Miko devait s’avouer bien embêtée. Entourés comme ils l’étaient, si la petite fille souhaitait faire des dégâts, elle en ferait sans que l’Aburame puisse pleinement réagir. Ancien Sunajin, sa désertion et ses aveux n’avaient jamais eu aucun sens. Et à présent que Tsukiko et le chef des Yamada étaient capturés et que Konoha commençait à attaquer Kaze no Kuni, l’ancien Kazekage débarquait comme par magie ? Bien trop opportun pour n’être qu’une simple coïncidence …

Si tu le souhaites, nous pourrions continuer cette discussion en privé, je suis certaine qu’on pourra nous trouver une toile et quelques piquets pour aller nous asseoir et papoter comme au bon vieux temps à l’écart de toutes ces familles innocentes.

Quelques Konohajins assignés à la protection du village s’étaient approchés de la scène et se tenaient à la limite du cercle les entourant. Résignés qu’ils étaient à protéger les civils simplement venus au marché, elle savait leur pouvoir ridicule en comparaison de celui de Kioshi.

Alors ma puce, qu'en dis-tu ?

Affichant un sourire de façade, l’Aburame voulait se montrer décontractée et à même de parler si légèrement à cet homme qui avait tout d’une menace directe pour les siens. Mais la situation la tendait au plus haut point… et à raison.

Spoiler:

Deux bras hein ? Avait-il été réparé entièrement ou tout comme elle trichait-il par un subterfuge qui expliquerait qu’il était aussi serein en territoire ennemi et en sa présence.

Quel mélodramatique tu fais, quel sens du spectacle... Bien asseyons-nous ici-même, si c’est ce que tu désires vraiment.

Le clone principal s’asseyant en tailleur, ce dernier l’invita à s’asseoir à son image.

T’es-tu déguisé en fillette dans l’autre ville également ? Ou mes hommes devront-ils te trouver eux-mêmes ? Vois-tu Kioshi. Tu es persuadé de pouvoir mettre à mal villes importantes sur villes importantes de Hi no Kuni. Malheureusement pour toi je suis au courant de toutes les menaces existantes sur ce territoire et un peu de motivation permettrait d’étendre mon influence sur les pays avoisinants. Sais-tu pourquoi je ne le fais ? Car mon objectif principal reste avant tout de protéger mon peuple à qui j’ai juré protection et prospérité. Jusqu’à présent Hi a été épargné par la guerre entre nos deux nations, mais crois moi que je mettrais tout en œuvre s’il arrivait malheur à ne serait-ce qu’à l’une des personnes ici présentes. Tu ne me crois peut-être pas, tu crois peut-être pouvoir me faire chanter. Mais ton marché, dis-moi, y as-tu réellement songé ?

Marquant une pause, ses doubles étaient aux aguets, prêts à intervenir sur un caprice du Yamada.

Tu es un adversaire puissant, et malgré ce que murmuraient les raconteurs à ton propos, je me doute que ton cœur est resté attaché à ton village. Dis-moi, si je te rendais Arashi comme tu le demandes … Que ferais-tu ? C’est une vraie question que je t’adresse ici mais avant d’y répondre laisse-moi finir s’il te plait. Pour moi, si Arashi était relâché, il retournerait rejoindre les rangs des Yamada de Suna et reprendrait là-bas sa situation de chef de clan. Étant un guerrier accompli et fidèle à son village, il continuerait à combattre et finirait par tuer les miens et se ferait tuer en retour éventuellement, une énième triste fatalité des guerres. Ce cycle infernal te pousserait à te venger si déjà à l’époque tu ne combattais pas pour ton village. Et ainsi tu finirais par attaquer lâchement les miens, à t’en prendre aux innocents et non aux soldats comme tu le menaces aujourd’hui. Car si je ne le relâche pas, le résultat serait le même n’est-ce pas ? Venger l’emprisonnement d’un soldat en tuant parents et enfants, innocents dans ce conflit qu’ils n’ont sûrement jamais souhaité.

Pause, le silence autour.

Arashi pourrait rester notre prisonnier jusqu’à la fin de la guerre, cela garantirait sa sécurité en tout cas. Tu as été Ombre avant, tu sais pertinemment que la guerre ne durera pas des décennies. Mais dis-moi Kioshi … En toute honnêteté. Comment peux-tu soutenir ton élève dans tout ceci. Ce n’est certainement pas de cette manière que tu l’as élevé. Fut un temps où vous aspiriez à une paix internationale. Et alors que nos nations prospéraient de concert, son désir de pouvoir a initié ce mouvement macabre. Kibo, Yamuro, peu importe comment il se fait appeler dorénavant est maintenant craint des siens, s’oppose à son Daimyô qu’il renversera tôt ou tard -une autre élève à toi d’ailleurs, le laisseras-tu faire ?- et assimile de force ceux que tu avais juré d’aider à savoir le peuple de Ki no Kuni. Trouves-tu vraiment tout ceci normal ? La folie du pouvoir d’un homme vaut-elle vraiment la peine que tu te battes pour elle ? Tu protégeais ton peuple fut un temps en tant que Kage et tu les as laissé en plaçant cet homme qui depuis ton départ a visiblement arpenté un chemin dangereux. Fut un temps j’étais déserteuse de mon village, de mon pays, comme toi à ce jour. Mais ce qu’ignoraient tous ces gens, c’est que j’avais fait tout ceci pour eux, pour infiltrer l’organisation qui semblait tant nuire à notre village et au monde ninja à l’époque : le Shoraizen. Je ne devais que surveiller l’activité de l’organisation, leurs idéaux me paraissaient même nobles à l’époque. Mais sur ce si beau tableau d’espoir et de volonté de paix, une tâche commençait à grossir petit à petit et à teinter les choses qui l’entouraient, de la même noirceur, de la même folie. J’ai donc pris sur moi pour couper moi-même cette mauvaise herbe, qui aurait entraîné dans sa longue chute dans les ténèbres tant d’innocents. En tant que sensei et ancienne Ombre tu as toi aussi ce pouvoir, tu es en mesure d’empêcher Kibo de plonger dans les ténèbres avant qu’une guerre ouverte n’éclate. J’espère pour toi que tes responsabilités ne te forceront pas à le tuer. Mais tu dois voir la vérité en face. L’ennemi de la paix ce n’est pas les civils que tu menaces, ni les Konohajins, ni moi. L’ennemi vient de ton ancien foyer et s’est développé à cause de ton absence. Sauve les tiens comme je ferais tout pour sauver les miens.

En tailleur jusqu’à présent, les mains posées sur ses genoux, l’Aburame rectifia sa position pour se mettre à genoux, assise sur ses talons, avant de s’incliner devant son interlocuteur, posant ses mains par terre. Par ce geste, elle souhaitait se montrer dans toute son humilité, montrer qu’elle croyait véritablement en chacune de ses paroles. Auprès de Kioshi, mais également auprès des personnes ici présentes qui risquaient d’être mêlées à un conflit qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Elle n’avait pas l’habitude de montrer ses faiblesses à autrui mais toutes ces années l’avaient changé. Toutes ces responsabilités l’avaient façonné. Ces personnes qui comptaient sur elle et qui avaient placé leur confiance et leur vie entre ses mains.

Qu’elle s’incline, elle, la fameuse Reine Cafard afin de prier un étranger d’épargner les siens pouvait paraître inouï. Elle ne le faisait pas par peur, mais car elle refusait de sceller le sort de tant de personnes par son seul orgueil. Si ce signe de soumission était le prix à payer pour transmettre sa sincérité à son interlocuteur, elle l’acceptait. Que Kioshi s’enorgueillisse par la suite ne l’importait que peu. Elle voulait sortir de ce cercle de violence qui avait pris la fâcheuse habitude d’alourdir les épaules de ceux qu’elle avait juré de protéger. Sa famille déchirée par la guerre, elle avait trouvé dans l’ensemble des Konohajins et des habitants de Hi un substitut qu’elle refusait de perdre à nouveau. Mais si pour assurer prospérité et liberté aux siens il faudrait se battre, elle se battrait. Et écraserait toute menace sur son passage, qu’elle soit présente sous la forme d’un nukenin isolé, d’un groupuscule mystérieux, d’un village ninja virulent ou d’un Empire oppressant. Rien ne l’empêcherait d’atteindre son but. Et sa fureur serait dévastatrice.

Une femme à côté du caricaturiste arracha violemment la page du croquis qu’il venait de dessiner. Ce gamin immature et stupide n’avait-il aucun respect pour leur Seigneure alors qu’elle faisait tout pour sauver leurs vies menacées par cet homme inconnu ? Froissant le dessin en boule, un garde le lui prit pour le faire s’enflammer. Non mais vraiment. À croire qu’une intervention divine faisait tout pour ruiner ce rp qui se voulait sérieux et qui n’arrivait visiblement pas à saisir la solennité de l’instant.

Tu parles comme un enfant Kioshi, à insister encore et encore pour que je te remette ton parent. Je ne te demande pas de te baser sur mon seul ressenti et ma seule vision des choses pour t’en prendre à un élève que tu as vu grandir. Nulle personne au monde autre que moi-même ne pourrait ne serait-ce que m’influencer dans mon choix si un jour je devais retourner ma lame contre ma propre disciple. Mais peut-être serait-il bon que tu retournes auprès des tiens afin d’attester par tes propres yeux et tes propres oreilles ce que tu peines à voir et à entendre… D’ici là, j’accepte de te rendre Arashi.

S’étant redressée de sa position inclinée, l’Aburame regardait de nouveau son interlocuteur droit dans les yeux. Se relevant, elle continua à toiser le Yamada.

Mais seulement à condition que tu rappelles immédiatement ton autre attaque, ce sera ma seule condition. Si personne n’a souffert de tes idioties alors je t’amènerai à Arashi et demanderai à mon élève de te le remettre en main propre, afin de te voir t’adresser à ton cousin et lui dire ce que tu m’as dit à l’instant. Une discussion sur la situation de ton ancienne nation avec quelqu’un en qui tu as placé ta confiance te sera sûrement bénéfique…

En prononçant ces mots, elle avait en tête la Daimyo de Kaze no Kuni encore à Konoha sous la responsabilité de Mizuki, mais elle n’allait pas jouer cette carte devant tant de personnes.

Avons-nous un accord Kioshi ? Annule ton autre attaque immédiatement, aucun blessé, aucun mort, et je t’amènerai à Konoha pour te remettre Arashi. Toi ou l’un de tes clones, cela m’importe peu.

Haussant un sourcil, elle attendait la réponse du Yamada, prête à aller confirmer par elle-même s’il lui annonçait que l’autre attaque avait été étouffée dans l’œuf.

Les voilà qu’ils tournaient encore autour du pot. Le temps était compté ? Qu’il oublie pendant un moment son fameux kilomètre. Elle s’était déjà montrée peu intéressée par le fait que l’original ne viendrait pas lui-même. Quant à la santé mentale d’Arashi … tout cela devait être bon. Son esprit avait sûrement dû être … examiné … Mais connaissant Mizuki, il ne devait pas avoir fini comme Demon. Son chakra avait dû être prélevé, les réponses à certaines questions avaient dues être obtenues, et ce devait être tout. Et à moins que Kioshi n’ait de Yamanaka sous la main, au pire, il ne devrait pas se rendre compte de quoique ce soit si en effet il y avait eu des petites coquilles.

Comme dit, un clone ou autre, peu importe. Arashi est sain et sauf. Cependant je te le redis : « peut-être est-il déjà trop tard », c’en serait dommage pour toi car mon accord ne tiendrait plus si l’un de mes citoyens avait péri. Marché donc conclu à cette unique condition alors : que personne n’ait été tué.

Clone, original, tout cela lui importait peu. Elle avait donné son ultime réponse et attendait la suite pour réagir. Chaque seconde comptait oui, et bien qu’il réponde.

Et maintenant ?

Bon … Si c’était un clone, qu’il disparaisse pour informer son copain ailleurs instantanément. Qu’est-ce que c’était pénible de devoir faire des lignes pour ne rien dire. On sentait que le Yamada avait été bref … il n’avait rien eu à dire non plus malgré son accord qu’elle avait donné sur Skype. Peut-être aurait-il pu le prendre en compte ce dit accord et lui donner matière à écrire ? Les Yamada clochards étaient vraiment les pires personnes au monde.

Poussant un long soupir, tout le monde autour restait silencieux, respectueux de cette rencontre improbable à laquelle ils avaient assisté. Jamais personne ici n'aurait pensé vivre un tel moment de tensions entre deux pointures du monde ninja alors qu'ils avaient pris leur cabas pour aller au marché ce matin.

Un soldat Konohajin prit l’initiative et décida de retrousser ses manches et d’égorger méticuleusement tous les caricaturistes de la ville. Un autre s’occupa des graveurs, une troisième des peintres etc etc jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne dans l’audience qui pourrait avoir été influencé par un Nukenin vagabond dégoûté de ne plus avoir de sous-fifres qu’il pourrait contrôler dans sa narration comme il le souhait.

Tu ne me rends pas la tâche facile… Et le format Haïku était tout sauf nécessaire.

Ses deux clones moins importants se désagrégeant en direction de l’autre source de chakra identique plus loin, tandis que la doublure initiale regarda le Yamada disparaître à son tour mais lui dans un nuage de fumée. Toujours aussi simplet. Roulant intérieurement ses yeux, elle leva sa main en direction du message chakratique qu’il avait laissé derrière lui. Une large fumée noirâtre s’échappa alors ses manches, se ruant vers le liquide gorgé en chakra de l’ancien Kazekage qui resta encore en suspension jusqu’à ce que ses insectes en boivent la dernière goutte. Se tournant vers les Konohajins présents ainsi que le reste de la population, l’Aburame s’adressa alors à eux.

Je sais qu’aujourd’hui je n’étais peut-être pas à vos yeux à la hauteur des espérances que vous placiez en moi. Sachez cependant que je continuerai à dévouer ma vie pour votre prospérité et votre sécurité. L’important reste pour moi qu’aucun d’entre vous n’ait été blessé, et je vous promets qu’un tel accident ne se reproduira pas. Des mesures seront prises quant au renforcement de la sécurité de ce côté du territoire malgré la mobilisation de nos effectifs ailleurs et cet homme, en tout cas, ne représentera plus jamais un risque pour Hi no Kuni, je vous le garantis.

Souriant d’un sourire amical et chaleureux, les gardes présents s’inclinèrent devant elle alors, que son corps se désagrégeait pour retrouver son apprentie. Juste à côté, un moineau agita sa tête dans un sens puis dans l’autre comme s’il semblait réfléchir, son regard perçant scrutant l’Aburame avant de s’envoler à tire d’aile dans la direction où les insectes s’étaient dirigés. Big Brother nous observait donc. Quelle surprise.

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