Aujourd’hui était un jour important pour moi. Du moins, ce l’était devenu depuis les années. Je dois admettre que lorsque j’avais reçu cette assignation du Conseil, je ne m’étais pas réjoui. Je n’avais pas eu une très belle expérience de mentorat de mes années à Kirigakure, alors j’avais fait une croix sur les équipes et les pupilles et tout ce que cela impliquait. On m’avait tout de même mandaté avec un pupille, un jeune shinobi du clan qui venait tout juste de graduer de l’académie et qui faisait ses débuts dans le monde des shinobis. C’étais ainsi que j’avais rencontré Yamarashi, ne sachant pas qu’il ne s’agissait là que d’un premier test. Les années se sont écoulés depuis et le voilà maintenant rendu Chûnin, s’apprêtant à son tour à prendre une équipe en charge. M’étant acquitté de ma tâche, il était maintenant temps de faire mon rapport. J’avais passé plusieurs semaines à rédiger un rapport complet des dernières années passé à mentorer le jeune Yamarashi, habitude de shinobi. J’y fais mention de nos missions accomplis ensemble au départ puis avec les autres membres de l’équipe Jisedaï, des liens créer au fil du temps avec ses co-équipiers et ce que j’avais pu lui transmettre de mes propres expériences. Tout ça écrit en long et en large et j’ignorais même si elle le lirait.

Je quittai donc mon appartement avec mon rapport entre les mains, fermant la porte derrière moi avant de me diriger vers le Manoir du Conseil. Il s’agissait de l’ancienne demeure du Chef de Clan Hyô qui servait maintenant de maison commune aux trois conseillers. Le Manoir abritait aussi le Salon du Conseil, où les Conseillers Jinbei, Akamis et Minami prenaient les décisions en l’absence de Pô-sama. J’avais pour ma part été convoquer au bureau de la Conseillère Minami, ma supérieur immédiate en quelque sorte au sein du clan. Étant la Conseillère de l’Air, il était logique que je m’en reporte à elle. Sortit depuis à peine une semaine d l’hôpital, je m’étais rendu là-bas à pied, aussitôt parce que ce n’était pas très loin d’où je demeurais. Je marchai donc dans le quartier Gekei, le rapport sous le bras, saluant d’un petit signe de tête littéralement tous ceux dont je croisais le regard. Ça ne paraissait peut-être pas avec un simple coup d’œil, mais quelqu’un qui m’observait pour plus de trente secondes voyais comment je cherchais presque frénétiquement le regard de mes voisins. J’étais nerveux de rencontré la Conseillère et de faire mon rapport. Pourtant, je savais que je ne m’en étais pas si mal tiré puisque Yamarashi était maintenant Chûnin. Je savais qu’il avait du potentiel pour faire un excellent shinobi en plus d’un futur atout pour l’A.N.B.U. Peu importe comment je me convainquais, je ne pouvais empêcher mon rythme cardiaque d’accélérer.

Je fus finalement devant le Manoir puis m’arrêtai quelques instants devant lui. Il portait très bien son nom, étant de loin la plus grosse maison du quartier. Je pris une grande inspiration puis je montai les quelques marches et entrai dans le manoir. La première chose que l’on voyait en entrant était un petit comptoir avec une réceptionniste assise derrière. Puis, de chaque côté d’elle, deux escalier montaient au deuxième avec un couloir qui s’étendait de droite à gauche. Je me trouvais dans le hall d’entrée du Manoir. Il y avait deux salles à ma droite et à ma gauche, mais je me dirigeai tout droit vers le comptoir. Une fois arrivée, j’attendis par politesse que la jeune femme termine d’écrire, mais après environs deux minutes, elle semblait loin d’avoir terminé et ne semblait pas prêt de s’arrêter. Je toussai pour annonçai ma présence avant de prendre la parole.

- Je suis ici pour voir la Conseillère Minami.

Elle écrivit encore quelques secondes puis leva finalement les yeux vers moi. Je reconnus alors Usanagi-san, une Gekei lapine qui travaillait pour le Conseiller Akamis. Elle avait la réputation d’être l’une des plus jolies Gekei à s’être installée à Konoha, et comme de fait elle faisait honneur à sa réputation. Je demeurai tout de même attentif et compris que la Conseillère m’attendait dans son bureau. Ce n’était pas la première fois que je venais et elle le savait puisqu’elle ne prit même pas la peine de m’indiquer le chemin. J’empruntai alors l’escalier de droite puis je me rendis jusqu’au bureau pour m’arrêter au seuil de la porte. Tenant fermement mon rapport entre mes mains, je pris une dernière grande inspiration puis je cognai à la porte avant d’entrer dans le bureau. Je la trouvai assise derrière son bureau, elle aussi la plume à la main. Tout comme pour la réceptionniste, je dû prendre la parole pour m’annoncer, un coup à la porte n’étant pas suffisant pour la tirer de ses pensées.

- Conseillère Minami?, l’interpellai-je.

Dans le quartier du clan Gekei se trouvaient plusieurs bâtiments, la partie résidentielle et dans une autre partie, tout ce qui était militaire et administratif. Il fallait croire que les Gekei commençaient à avoir de l’influence au sein de Konoha. Non seulement ils avaient été acceptés par les membres du village, mais ils avaient aussi pris leurs marques désormais. Un grand bâtiment ressemblant grandement à un manoir se dressait dans le quartier dédié au clan. Dans ce manoir, à l’étage, se trouvait le bureau de chaque conseiller, dont celui de Minami, la conseillère des airs. Cependant, malgré l’avancé remarquable des Gekei au sein du feu, le clan avait subit il y avait un an de cela, un gros coup dur. L’homme qui avait été à la base de toute cette avancée, le seul homme qui avait réussi à unifier le clan Gekei sous une seule et même bannière avait été capturé par l’ennemi au sein de Tsuchi jusqu’à ce qu’une troupe de Konoha envoyé par Aburame Miko, l’ancienne Hokage actuellement Daimyo ne réussisse à le libérer. L’homme était donc actuellement vivant, mais en très piteux état, dans le coma, dans l’hôpital principal de la capitale du pays du feu.

Mais en son absence, les trois conseillers, Akamis des forêts, Jinbei des mers et océans et Minami des airs régnaient sur le clan Gekei. Mais aucun des trois n’avait réellement l’étoffe ni la poigne de cet homme : Gekei Pô. Le clan tout enter était traumatisé par la disparition momentanée de Pô, mais la plus affecté était bien évidement Minami. Bien que ce secret n’ai jamais été révélée à qui que ce soit, Pô et Minami entretenaient une relation conjugale et affectueuse, intime et amoureuse depuis maintenant quelques années. Les dirigeants du village l’ignoraient, les conseillers du clan Gekei l’ignoraient, tous l’ignoraient, sauf Minami, qui restait impassible bien que très affectée par l’état actuel de Pô. Mais revenons en à nos moutons. Les trois conseillers cherchaient à développer, comme l’aurait voulu l’actuel chef, le clan Gekei. Mais ils n’arrivaient pas souvent à s’entendre. Ils ne voulaient élire un nouveau chef tant que Pô n’était pas officiellement mort, même si la longueur de son coma le laissait présager. Il ne serait dans l’entretien d’aujourd’hui pas question d’élire un nouveau chef pour le clan Gekei, mais bien d’améliorer le clan, d’avoir un œil neuf.

Une voix vint perturber la réflexion de Minami qui était dans son bureau en train d’écrire sur un parchemin vierge. En levant la tête, elle vit Senwashi, un membre du clan Gekei et qui plus est de la section des airs. Minami le connaissait déjà et avait entendu beaucoup de bien de cet homme. Membre des ninjas d’élite du village, il avait fait sa place au sein du village et du clan, comme Pô l’avait fait à son époque. En le voyant, elle se redressa sur ses jambes flageolantes. Elle ne dormait pas beaucoup, passait ses nuits aux côtés de Pô, ou transformée en aigle, posée sur la branche d’un arbre, d’où elle pouvait avoir un œil sur la chambre et le lit ou dormait son tendre. Elle leva doucement la paume de sa main en désignant un siège en face d’elle, de l’autre côté de son bureau. Elle demandait à l’homme de s’asseoir.

« Bonjour Senwashi. J'espère que tu vas bien. Je vais être franche mon ami, mais avant, j’aurai besoin de ta lumière, de ta vision des choses. Que penses tu du clan Gekei ? Que penses tu du chemin que nous avons fais ? Mais surtout, penses tu que nous avons pris la bonne direction ? » Dit-elle la voix pleine de.. mélancolie.

Malgré le fait que je me rapportais directement à elle dans tout ce qui concernait le clan, je ne pouvais pas dire que je connaissais Minami-sama très bien. Nous nous étions vu à plusieurs reprises pour des raisons professionnelles, mais rien de plus. Lorsque je franchi le seuil de la porte et entrai dans le bureau, j’eu l’impression de la déranger dans ses réflexions alors qu’elle tenait une plume à la main. Elle leva de petits yeux sur moi puis se leva de sa chaise lorsqu’elle me reconnut. Je pouvais voir qu’elle était vaincue par le manque de sommeil, je me rendis donc directement à la chaise qu’elle me présenta. Je pris place sur la chaise, déployant mes ailes pour les replier par-dessus le dossier de la chaise. Je déposai la chemise contenant mon rapport complet, m’attendant à être questionner brièvement sur celui-ci une fois feuilletée par la conseillère. Elle me prit toutefois au dépourvue lorsqu’elle m’avoua qu’elle serait franche. Redoutant instinctivement ce qui allait suivre, elle me demanda toutefois ma vision des choses avant d’en dire plus. Arquant le sourcil, elle me demanda simplement ce que je pensais de notre clan et plus précisément de notre cheminement. Le ton de sa voie laissait croire qu’elle en doutait, mais j’étais d’un autre avis.

- Bien sûr, Minami-sama, quelle question. Nous ne sommes définitivement plus la tribu disparate et pourchassée qu’étaient autrefois les Gekei. Nous nous sommes battus et nous avons souffert, certes, mais nous avons grandi grâce à cela. Grâce à Pô-sama, notre chef incontesté, et Myakudou-sama, qui nous a généreusement offert un endroit que nous pouvons maintenant appeler chez-nous, nous n’avons jamais été aussi fort et aussi uni.

Je pris une petite pause, me demandant si le moment était judicieux pour lui parler de la petite initiative que j’avais que j’avais commencé à mettre au point. Ce n’était pas grand-chose pour le moment, mais je n’en étais qu’à mes débuts. C’était elle qui m’en avait donner l’idée, alors aussi bien déballer mon sac.

- La supervision que vous m’avez mandaté de faire, dont le rapport se trouve dans la chemise devant moi, m’a beaucoup fait réfléchir, vous savez. Nous avons eu un départ houleux, mais il a fini par comprendre que j’étais là pour l’aider et non le contraindre. J’étais peut-être stricte, mais au moins j’étais efficace. Je m'écatre toutefois du sujet, pardonnez-moi. Là où je veux en venir est que depuis sa nomination au rang Chûnin, j’ai commencé à tuteurer d’autres jeunes Genins du Clan comme je l’ai fait avec Yamarashi. Izumi Gekei, une Genin possédant la totem du loup, montre beaucoup de potentielle. Je travaille aussi sur le jeune Kurowaka de façon un peu plus encadré, mais il est loin d’être prêt pour le grand saut.

Je me demandais bien comment elle allait réagir, espérant une réaction positive. Elle qui semblait douter de la direction de notre clan, moi je la voyais très bien. Je n’avais pas la prétention de pouvoir dire que je pouvais mieux diriger le clan que eux, mais j’avais une idée concrète de la direction que Minami-sama semblait avoir perdu de vue.

- Nous ne pouvons pas oublier le sort que nous ont fait subir les humains pure-souches d‘autrefois, mais nous ne sommes pas obligé de leur répondre de la même façon. Nous pourrions sans doute consolider nos rangs ici pour ensuite partir en croisade sur le monde, mais combien des nôtres tomberaient simplement pour prouver un point? Ce qui selon moi ferais du sens serait de nous consolider en tant que clan et briller par notre excellence et notre savoir-faire. Nous possédons tous des dons qui nous confèrent des habilités inimaginables aux humains ordinaires! Nous allons leur montrer ce dont nous sommes capables et rendre évident aux yeux de tous notre supériorité.

Ce ne fut qu’une fois terminé que je réalisai que je m’étais peut-être laisser un peu emporter. Je n’étais pas vraiment du genre à me laisser emporter de la sorte, étant habituellement d’un calme olympien. C’était toutefois un sujet qui apparemment me tenait très à cœur à en juger par réaction. Je tenais effectivement mon clan très à cœur puisqu’elle était la seule famille que j’avais depuis le cataclysme qui a détruit une bonne partie de l’Archipel.

Elle ne s’attendait pas à une aussi forte réaction elle non plus. La Conseillère me connaissait très bien et savait elle aussi que ce n’était pas mon genre. Elle ne put retenir un sourire, mais son visage en paraissait pas moins épuiser pour autant. Depuis le temps que je la connaissais et que je travaillais pour elle, je ne l’avais jamais vu dans un tel état. La faucone parut lire dans mes pensées, puisque son visage s’aggrava de nouveau avant qu’elle ne détourne le regard. Lorsqu’elle posa de nouveau les yeux sur moi, la Conseillère m’avoua ce qui la tenait éveillée la nuit. Je ne cachai pas ma surprise lorsqu’elle m’avoua que c’était Pô-sama. Elle venait travailler de jour en tant que Conseillère et la nuit elle allait au chevet du Chef de Clan, ne s’accordant qu’un maigre trois heures de sommeil par nuit. Elle n’eut pas besoin d’en dire plus, je pouvais deviner ses motivations : ils étaient amoureux, ou du moins elle de lui. Je baissai les yeux, ne sachant quoi faire de cela.

- Comment va-t-il? fut la seule chose que je trouvai à dire.

Minami-sama lâcha un petit soupire avant de me répondre que son état était stable, mais qu’il n’était toujours pas sorti du coma. Rien de nouveau donc, aucun progrès. Je ne pouvais pas prétendre comprendre ce que c’était que de voir celui que l’on aime sur un lit, immobile, entre la vie et la mort. La Conseillère me sortit alors de mes pensées en m’annonçant que mon rapport ne l’intéressait peu. La regardant d’un air interrogateur, elle poursuivit en disant qu’elle avait vu de ses propres yeux ce que j’avais fait avec Yamarashi ainsi que son cheminement dans les rangs de Konoha. La faucone m’avoua qu’au départ, elle avait douté de sa décision quant à le laisser entre mes mains, mais qu’aujourd’hui elle ne regrettait pas d’avoir suivi son instinct. Non, le rapport n’était apparemment qu’un prétexte pour ne pas m’alerter puisque la raison de ma convocation était pour plus important que cela. Je sentis aussitôt mon cœur accélérer dans ma poitrine. La Conseillère avait une annonce à me faire, quelque chose qu’elle avait parlé avec les autres Conseillers. Je fus le premier, en dehors du Conseil des Marais, à apprendre qu’elle allait donner sa démission du poste de Conseillère de l’Air.

Une chance que j’étais assis, parce que je ne m’attendais pas du tout à cela. La Gekei m’expliqua qu’elle n’avait plus l’énergie de s’occupé du Clan comme il était attendu d’elle. Je ne pouvais pas la contredire là-dessus, elle avait l’air et devait être épuisée. Minami-sama continua en m’annonçant qu’elle partait le plus tôt possible pour la Capitale, mais pas avant régler tous ce qui la rattachait ici. Le plus grand de ceux-ci était sa succession, le prochain Conseiller de l’Air. Mon cœur accéléra de plus belle alors qu’elle m’annonçait qu’elle avait demandé à ce que ce soit moi qui lui succède et qui prenne le poste de Conseiller de l’Air. Je sentis la température monté, conscient que ce n’était que moi. Je restai muet pendant quelques secondes avant de finalement prendre le parole.

- Sérieusement? Je… Merci. Ce sera pour moi un honneur.

Ce n’était toutefois pas encore officiel. Il fallait que les deux autres Conseillers acceptent la candidature. Si l’un des deux refusait, alors il devra y avoir élection. J’espérais que ça n’en arriverait pas là, mais j’étais aussi conscient que je n’entretenais pas les meilleures relations avec les Conseillers des Forêts, Akamis. Je ne pouvais que prier et espérer pour le mieux. Minami-sama me rassura en me disant que c’était pratiquement sûr qu’ils votent pour. Elle avait bien vendu son cas et le Conseiller Jinbei lui avait presque déjà donné son vote. Akamis avait affirmé vouloir y réfléchir, mais il n’y avait aucun intérêt à diviser le Clan ainsi. Le vote était alors presque dans le poche. J’avais peine à croire je serais bientôt l’une des têtes dirigeantes du Clan tout entier. Étais-je prêt pour une telle charge? Je n’avais pas vraiment le choix de l’être. J’avais subitement une tonne de question à lui poser.