« C'est vous, Saha ? »

Allongé dans une périmètre de hautes herbes juste à côté de la jeune femme, Natsuki la regardait droit dans les yeux.

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Deux heures plus tôt

« Non, je n'ai pas cela en stock. » répondit le boucher devant l'insistance du Nara tatoué. « Je vends de la viande à la pièce, pas des animaux en entier, et encore moins un de la taille que vous demandez. »

Natsuki soupira de résignation. Il avait décidé d'étendre son commerce en y ajoutant de la livraison de repas à domicile depuis quelques mois, et l'idée en elle-même n'était pas mauvaise jusqu'à ce qu'il se retrouve à aujourd'hui : des amis du clan Akimichi proches de sa famille lui avait demandé pour une occasion particulière de livrer un sanglier à faire cuir à la broche. Sur le principe, il ne pouvait pas le leur refuser, mais c'était ensuite que l'affaire s'était compliquée. Déjà d'une part, car ses clients désiraient l'animal entier – simplement dépecé -, et de l'autre parce qu'ils ne voulaient pas n'importe quelle bête. Elle devait être assez massive pour les nourrir convenablement, et surtout, il était hors de question pour eux de se contenter d'une prise d'élevage, laquelle était probablement gavée chaque jour, maintenu immobile pendant des mois dans un enclos ridiculement petit avec des muscles tous flasques, et égorgée atrocement dans un immense vacarme à l'arrière d'un entrepot loin des habitations pour ne pas déranger les honnêtes citoyens.

Juste avant de partir toutefois, le boucher lui confia que de temps à autre, une jeune femme passait le voir dans l'atelier pour lui vendre des prises qu'elle chassait elle-même. S'il tenait donc à avoir quelque chose correspondant à son cahier des charges, c'était vers elle que Natsuki devrait se tourner. Faute d'avoir plus qu'un nom et une description physique cependant, il dû d'abord changer de cap pour retrouver où elle était.

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Une demi-heure plus tôt

Natsuki avait stoppé sa course, et observait maintenant son environnement. D'après les informations qu'il avait pu récolter, celle qu'il cherchait avait l'habitude de chasser dans la région. Si elle se trouvait ici, il n'y avait plus qu'à la trouver maintenant. Heureusement, la traque tombait davantage dans son domaine de compétence.

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Une minute plus tôt

A détour d'un talus, il repéra étonnement bien camouflé dans des hautes herbes une silhouette humaine. Par crainte d'être confondu avec du gibier, Natsuki avait prit toutes les précautions nécessaire pour se faire le plus discret possible, à plus forte raison qu'il savait qu'un chasseur n'aimait guère que l'on dérange ses proies. Il s'approcha donc furtivement de la jeune femme, étouffant le bruit de ses déplacements jusqu'à se retrouver à côté d'elle.

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Maintenant

« J'aurai besoin de vos compétences pour un travail. Vous avez du temps à m'accorder ? »

Il se passa simultanément deux événements lorsque Natsuki se révéla à la chasseresse, et que celle-ci le remarqua. D'un côté, Saha exprima sa surprise de s'être laissée approchée ainsi, et probablement son déplaisir aussi d'un grognement interrogateur. De l'autre, le Nara tatoué encaissa un tutoiement de première intention. Toutefois, après quelques secondes où chacun accusa le coup et digéra la situation telle qu'elle l'était, ils firent la part des choses de leur côté et décidèrent d'aller de l'avant sans incident. C'est ainsi que Saha manifesta sa curiosité quant à la tâche que Natsuki souhaitait lui confier, et que ce dernier ne lui tint pas rigueur de l'une des rares choses qu'il détestait le plus.

« Je m'appelle Natsuki, du clan Nara, et sans rentrer dans des détails qui n'intéresse personne, je souhaiterai que vous chassiez pour moi un sanglier. Je me dois de mettre la main sur une bête d'un calibre qui ne se trouve pas dans les boucheries de Konoha, et laquelle n'a pas été davantage traitée par l'homme que le dépeçage qui suivra son décès. »

Cela, c'était l'accroche pour capter son attention. Maintenant, il convenait de la conserver.

« Et si je fais appelle à vous plutôt que de m'en occuper moi-même, c'est pour deux raisons. La première est que vous m'avez été conseillée par l'un des commerçants que vous fournissez en viande : j'en déduis donc que vous êtes capable et compétente. La seconde touche au domaine de la chasse en elle-même. J'ai beau connaître les territoires approximatifs des animaux qui peuplent les environs, ce n'est pas pour autant que je suis à même d'en traquer et d'en abattre un selon les rituels de convenance, contrairement à vous. »

L'introduction terminée, il enchaina avec le cœur du sujet.

« Si vous êtes donc intéressée par tenter la chasse d'un suidé de plus de deux mètres cinquante de haut pour sept cent kilogrammes – au bas mot – au sein de la Forêt de la Mort, vous avez juste à me dire '' oui '', et je vous conduirai dès que serez équipée comme il convient de l'être sur le territoire des sangliers, sous couvert de mon escorte. Je vous payerai une coquette somme en récompense de vos efforts, cela va sans dire. »

Une somme sur laquelle il ne fera que très peu de marge, mais en même temps, l'on ne demandait pas à n'importe qui de mettre les pieds dans cette forêt sans de bonnes raisons – des raisons en général fuient comme la peste. Car même s'il restera avec elle, Saha devait se douter qu'elle ne sera pas en sécurité là-bas, au vu de la réputation qui régnait sur l'endroit. Et même à son propre niveau, Natsuki aussi sera très loin de l'être. Il comprendrait donc si elle refusait l'opportunité, ou qu'elle propose d'aller chasser ailleurs, si par aventure elle connaissait une bête répondant aux critères précédemment énoncés. Assurément, c'était une tâche périlleuse, peut-être même beaucoup trop pour une simple barbecue-party, mais ses commanditaires Akimichi n'en avaient pas forcément conscience.

Forcément, lorsque l'on peut grandir jusqu'à trente mètres de haut et posséder la force de détruire une ville juste en faisant un pas dessus, la notion de danger est toute relative.