Depuis ma désertion de Kumo, beaucoup de choses avaient changées. Je n’étais plus du tout la même. Mes actions n’étaient pas moins réfléchis qu’auparavant. Bien au contraire, je me montrais bien plus radicale. J’avais appris durant les mois derniers à être moins naïve. Je ne me laissais plus faire, j’avais du répondant, et j’avais appris à manier avec une meilleure dextérité mon arc que je gardais constamment en bandoulière autour de moi. Mes sens étaient plus en éveil que jamais ! Ma vue s’était améliorée, mon ouïe aussi. Une vraie femme de la jungle ! Je ne pouvais prétendre être un bon senseur. Je ne restais pas moins qu’une spécialiste au combat à longue distance. Au corps à corps, je me débrouillais. J’avais appris les bases. C’était bien suffisant puisque la plupart des assassinats que j’avais accompli jusqu’à ce jour, n’était autre qu’une flèche en pleine tête sur plusieurs vingtaines de mètres de distance !

Dans un vieux bar miteux au Shûkai, l’un des seuls qui étaient encore tolérant à ma présence ici – les autres étant tous effondrés ou en absence d’un propriétaire suite à une saute d’humeur – je buvais seule et tranquillement un simple café. Sans sucre, au passage. C’était un bon remède contre la fatigue, et la caféine présente améliorait la vigilance. Mes doigts s’étaient entrelacés autour de la tasse. Un petit frisson. Il faisait froid, j’avais besoin de me réchauffer. Le coin du bar était mon endroit favori. Souvent à l’ombre, à l’abri des regards indiscrets, peu convoités par les clients… Enfin bref, je me retrouvais avec moi-même. Je ressassais sans cesse cette discussion que j’eue avec mes parents avant ma désertion. Un jour, ils subiront la mort. Je la leur réserve. Comment pouvait-on renier sa fille ainsi ?

Je bus une gorgée de caféine qui me brûla légèrement la trachée. Un homme d’une grosse corpulence me bouscula et du café se renversa sur la table en bois. Par chance, j’avais évité une légère brûlure. Il ne s’excusa pas. Au contraire, il me jeta même un regard méprisant. L’adrénaline se fit ressentir aussitôt. Mon cœur s’accéléra, mes muscles se contractèrent involontairement… Avec calme – du moins, autant que je le pouvais – je dégainai mon arc, et pris une flèche banale présente dans mon carquois. Je tendais le fil de mon arme et je brandis le projectile au niveau de sa nuque. La pointe, froide, provoqua un léger frisson sur le corps gras et transpirant de ma prochaine victime. Le propriétaire du bar me lança à son tour un regard noir comme pour m’ordonner d’arrêter… Mais je n’étais plus maître de moi-même…

Ma main relâcha l’étreinte laissant la flèche partir dans la direction désirée… Ce-dernier arracha la gorge du gros, et heurta le crâne du propriétaire. Les deux tombèrent, morts. L’ensemble du bar commença à s’agiter. Un bar remplit de macho visiblement… Rapidement, et sans attendre de me faire avoir par un bain de foule, je brisais la vitre en sautant à travers tout en me protégeant le visage. Je sautais rapidement sur l’arbre voisin, tandis que je décochais une seconde flèche. Elle fut projeter près de la porte de l’établissement et un signe incantatoire plus tard, explosa. Le bâtiment ne tint pas le choc et s’effondra sur les personnes restantes à l’intérieur. Mon regard noir devint plus amical. Je commençais à reprendre mes esprits, et cet événement me rappelait Kumo… C’est ainsi que j’avais du déserter mon village natal… Quand est-ce que cela allait cesser ?

Peut-être était-il temps de déguerpir du Shûkai… Je ne devais certainement pas rester davantage de temps… Il ne fallait pas que je me fasse identifier… A l’heure actuelle, je ne savais même pas s’il y avait des survivants… Dans le doute, partons !

Les affaires reprennent ! Après quelques semaines de calme, on commençait à s’ennuyer. Enfin non, on ne s’ennuie jamais avec le Shuakï, c’est ça qui est bien. Il y a toujours un truc à faire, toujours un pont à saboter, toujours une réserve de munition à vider, toujours une population à secourir quand les forces impériales sont curieusement occupées ailleurs. Héhé, cet archipel est à nous les mecs, retourner sur le continent !
Ça faisait quelques mois maintenant que j’étais revenue du Kyomu, que l’attaque contre le Shukaï avait été un franc succès, enfin presque. Voir même pas du tout … Plusieurs de nos membres avaient été capturés, d’autres étaient mort et Hiriko était porté disparu. Est-ce que finalement il aurait fait comme avec le Shoraizen ? Se planquer sitôt que ça chauffe un peu trop et revenir plusieurs mois ensuite comme une fleur ? Sincèrement, si je le revois je lui enfonce mon poing dans la figure en guise de bonjour. Ça lui apprendra à ce sale lâche frimeur. Il aura eu beau raconter ce qu’il voulait, il a quand même fuit quand Konoha est venu mettre un terme à l’organisation, et là, alors qu’il avait une mission claire et une alliée certainement très puissante avec lui, il avait trouvé le moyen de se faire dessus et de disparaitre. Ce qui d’ailleurs avait conduit à la capture de sa coéquipière … Tss grosse déception, très grosse déception.

Bref ! Ne parlons plus de lui, de toute manière il n’en vaut pas la peine. Non ça ne vaut pas le coup, pour le moment on a un cas plus intéressant et curieux. Quelqu’un qui fout en ruine tous les bâtiments où elle passe, via des explosions équivalents à de la dynamite. Des explosions ? Qu’est-ce que c’est que ce bordel ? Il a des pyromanes maintenant à Mizu ? C’est nouveau ça. Vous voyez, que je vous disais qu’on n’a pas le temps de s’ennuyer ici ! Si jamais vous vous faites chier chez vous, ou ailleurs hein, ou si vous n’avez plus de boulot, que votre vie vous emmerde et tout ce qui vous entoure n’est que désespoir et décrépitude. Venez nous rejoindre ! L’archipel ne rejette personne ! Vous adorez votre séjour au point de ne plus jamais en repartir, garantit !
Voilà, une petite annonce pour les pigeons et touristes en mal d’action, revenons à notre histoire d’explosion. Avec un petit groupe de Kaguya, nous nous dirigeâmes le plus rapidement possible vers un petit pâté de maison trop petit pour mériter de porter un nom, au nord de la plus grosse île de Mizu no Kuni. C’était dans cette région qu’ont été rapportées le plus récemment les péripéties destructrices de ce personnage encore inconnu. Enfin, pas tout à fait inconnu mais les infos ne sont pas totalement fiable. Il s’agirait d’une femme, déjà c’est un point non négligeable. Ensuite il se peut qu’elle ait les cheveux bruns et longs. Mais d’autres disent blonds et courts. Vous croyez que ces abrutis l’auraient confondu avec moi ? Ce serait un comble quand même … Enfin beaucoup s’accorderait pour dire qu’elle ne vient pas d’ici.

Voilà le peu d’info récoltée, autant dire que ça va être difficile. Pas de renseignement sur ses capacités, ni sur son équipement, ni même ses vêtements. Pas même sur quelque chose qui attire souvent le regard de certains, comme le tour de poitrine. Hey on fait avec les moyens du bord hein, me traiter pas de perverse. Et mon orientation sexuelle n’a rien à voir là-dedans !
Nous voilà arrivé à destination, et en effet le bâtiment est en ruine, calciné exactement comme s’il avait explosé de l’intérieur. Mmh, ouvrons l’enquête. D’abord, les témoins. J’ordonnais à mes petits Kaguya de faire le tour des civils et récolter le plus possible d’info, pendant que j’allais moi-même vérifier plus en détail ce qui restait de la bâtisse. Qui sait, il y aura peut-être des indices.
Les premiers moments ne furent pas agréables, des corps partout, du sang, un vrai massacre. Les morts furent évacués, les rares blessés encore en vie filèrent à l’hôpital le plus proche et oh ? Mais qu’est-ce que c’est ? Une pointe de flèche ? Ça existe encore ce truc ? Boh, certainement juste un bijou de famille, en souvenir d’un passé lointain. Rien de très intéressant … Me relevant je soupirai en me tenant les hanches au milieu des débris. C’est à ce moment-là qu’un des jeunes du clan vint m’informer que la personne responsable de cet hécatombe était à la fois bien une femme brune aux cheveux longs, mais qu’elle portait aussi un arc et des flèches.

Il fallut plusieurs minutes pour retrouver la coupable, même si ce n’était pas très difficile du fait qu’un tel équipement ne passait pas inaperçu.
Arrivant dans son dos, je tournai la pointe de flèche métallique calcinée entre mes doigts :

« Vous pouvez m’expliquer ça ici, ou six pieds sous terre mademoiselle. Choisissez. »

Bon. Deux choix s’offrent à moi. Soit je devais dire à la gonzesse au gros boobs devant moi pourquoi je venais de faire péter un bâtiment, soit elle tenterait de m’envoyer six pieds sous terre… Le choix était vite fait, bien fait. J’allais effectivement lui raconter la terrible histoire de ce défunt bâtiment, et si elle tentait quoi que ce soit à mon égard, elle verrait alors qu’une simple flèche peut devenir un terrible dragon ! J’observais dans les alentours que nous étions bien seules. Et ce n’était que trop peu le cas : la moindre explosion pouvait faire ameuter toute la cavalerie et me mettre dans une position délicate !

Je toussais rapidement. La poussière qui s’était élevée suite à la destruction du bâtiment me chatouillait la gorge. Je l’observais rapidement avant de commencer à justifier mon acte.

« Victime d’harcèlement. Je n’ai eu aucun autre choix que de punir ses manants. » Dis-je d’une voix à la fois féminine mais avec assurance. « Et je suis persuadé que tu aurais réagis de la même manière. »

En effet, nous les femmes avons le don pour se mettre dans des situations de merde. J’aurais pu éviter ça si ce connard n’avait pas fait son malin. Le bar aurait encore été debout, j’aurais fini mon verre tranquillement, et je serais parti sans avoir d’emmerde… De toute évidence, ce ne serait pas aujourd’hui que je serais tranquille ! Mais nan ! Ce ne sera jamais le cas ! Le fait de penser à tout cela commençait à augmenter ma tension… Je commençais à avoir envie d’en découdre quitte à prendre une rouste.

Je me calmais lentement, tranquillement… Je ne pouvais continuer à subir les emmerdes et être victime de mes émotions… Je repris peu à peu mes esprits tandis que je continuais de parler.

« Ce bâtiment qui s’est effondré n’est qu’une partie de ce que j’aurais pu faire si je m’étais laissé aller entièrement… »

Un brin sûr de soi ? Peut-être. Mais j’étais quand même consciente de mes capacités et je savais que si je ne me contrôlais pas, je pouvais faire mal… Même très mal ! Pour le moment, j’espérais simplement qu’elle me laisse partir tranquille. J’avais d’autre chat à fouetter pour le moment… Et je voulais partir d’ici le plus vite possible.

« Si tu ne vois pas d’inconvénient, j’aimerais partir d’ici avant que les choses ne se corsent un peu plus pour moi… Je ne suis pas spécialement fière de ce que j’ai fait, mais je ne peux désormais rien y changer… »

J’attendais son approbation pour partir… Et si elle ne me laissait pas filer, alors j’allais devoir employer la manière forte…

La jeune femme toussa dans un premier temps, puis invoqua la légitime défense pour expliquer son geste. Selon ses dires, elle avait été victime de harcèlement et ainsi elle s’était défendue. Son tutoiement sonna étrangement mal à mon oreille, en plus de son attitude assez effrontée.

« Harcèlement hein ? Se défendre ça il n’y a pas de souci mais vous ne croyez pas qu’il y un juste milieu entre défoncer les dents de celui qui vous importune et faire effondrer la totalité d’un bâtiment sur des gens dont la plus part ne vous ont sans doute même pas vu entrer ? »

C’est qui cette nana sérieusement ? À croire qu’elle utilise aussi peu sa cervelle que ses homologues mâles. Enfin, ne faisons pas de conclusion trop hâtive. On a tous nos moments de faiblesses, moi la première, alors là c’était peut-être le sien et ça ira mieux ensuite. Même si je reste pas mal étonnée de l’énergie dépensée pour une simple crise. Cette femme n’est pas faite pour vivre en société, ce qu’elle sortit ensuite le confirmait. Y aller plus fort aurait été nettement plus problématique.
Elle réclama de pouvoir partir, ce à quoi je répondis par un signe de tête négatif.

« Hélas ça ne va pas être possible mademoiselle. D’ordinaire j’aurais été bien moins calme que là, mais il faut croire que dans votre crise d’adolescente explosive, vous m’avez libérer de quelques points dérangeants. Des gens pas sympa, pour rester vague. Cependant je ne peux pas vous laisser partir, vous me semblez être quelqu’un à problème, qui est prompt à la violence sans la moindre retenue. Enfin quasiment aucune retenue. » Un petit regard aux alentours suffit pour spécifier que le reste du village civil était encore debout. « J’aimerais déjà savoir qui vous êtes, votre nom, votre clan, ce que vous faites à Mizu no Kuni et qui vous accompagne. »

Je fis ensuite un rapide signe de tête à l’un de mes Kaguya placé à quelques mètres derrière la brune, tandis qu’il me montrait un porte-document à moitié calciné. Ne rajoutant rien à ce propos, je poursuivis comme si de rien n’était :

« Car voyez-vous, je m’efforce de protéger les habitants de cet archipel, et quelqu’un d’aussi explosif que vous, sans vouloir faire de mauvais jeu de mot, il me semble évident que je ne peux le laisser vagabonder dans la nature. Donc en fonction de votre réponse, soit je vous demanderais de quitter le pays de la brume pour une durée indéterminée, sous peine de représailles plutôt violentes. Soit je vous proposerais un job … Cela ne dépend que de vous. »

Un autre Kaguya vint me chuchoter à l’oreille qu’il avait trouvé d’autres blessés sous les gravats, et qu’ils étaient conduits en vitesse à l’hôpital de la ville voisine malgré leur état préoccupant.

« Bien, au moins il semble que votre colère n’est pas tuer la totalité des occupants de ce défunt bar. Du coup, votre réponse ? »

Je n’oubliais pas que le Kyomu avait besoin de bras et de main d’œuvre. La ramener là-bas pourrait être une bonne opportunité, elle ne se fera draguer que par Ozaï et avec un peu de chance elle se chargera tout seul de le castrer. Et puis les autres seront bien assez forts pour la maintenir si elle n’en fait qu’à sa tête. C’est une bonne option pour garder un œil sur elle tout en l’éloignant de mon pays. Restera plus qu’à voir si Red est ok pour la prendre de l’organisation ou non.
Mais dans un premier temps, attendons de connaitre sa réponse.

J’avais un peu de chance. Elle n’allait pas me défoncer la tronche… Et je n’allais pas devoir lui exploser les dents. Nous parlions, simplement. Entre adulte. Cependant, je lui posais des soucis : j’étais une source à problème pour elle et son pays qu’elle défend. En outre, je devais faire attention à mes mots. Parler lentement. Faire attention aux mots employés. Le moindre faux pas, nous amènerais tout deux à se battre sans retenir les coups… Et inutile de dire que si cela arrive, son pays qu’elle aime tant aura un grand trou en son centre…

Une flopée de question fut posée. J’avais le devoir d’y répondre. Je ne pouvais rien lui cacher. Néanmoins, je n’avais aucune envie de lui dire que j’étais un membre du clan Bakushô. Je n’aimais pas que ça se sache… Je préférais garder certaine chose pour moi. N’étant pas du genre à me confier facilement, je préférais lui dire simplement mon prénom. Elle pourra – avec un peu de réflexion – savoir de quel clan je proviens.

« Je m’appelle Mitsue. » Dis-je toujours avec assurance. « Je ne compte pas être une menace pour ton pays. Ce n’était qu’une crise d’adolescente. » Je remis de mon index une mèche de cheveux qui me tombait sur le visage. « C’est une chose qui arrive malheureusement dès que je me sens contrariée. »

Je n’en étais pas fier. Mais c’était une partie de moi. Lorsque je suis contrariée, une sorte de poison commence à couler dans mon sang… Mon cœur s’accélère, mon pouls augmente, je commence à trembler et je finis par exploser. Je ne peux malheureusement rien y faire… En effet, lors d’une dernière tentative de contrôle, je m’étais évanouie. C’était embêtant, et j’essayais tant bien que mal de contenir ma colère pour en faire une véritable force, mais ce n’était pas la chose la plus facile.

En tout cas, j’étais entourée. Et au vue de la personne qui vint chuchoter dans l’oreille de mon interlocutrice, il s’agissait très certainement de ses sbires. J’étais d’ores et déjà dans la merde ! Devais-je me défendre et tenter le diable pour m’enfuir ? Etrangement, ça semble être une mauvaise option, mais en avais-je une de meilleure ?

« Je suis seule. Personne ne m’accompagne. Je fais généralement cavalière seule. »

C’était la vérité. J’étais très rarement accompagnée, et les seules fois où c’était arrivé, nous nous étions très mal entendues. Il fallait avouer que mon ancien partenaire était quelqu’un d’arrogant, de fier, et surtout avec un ego surdimensionné. Je ne pouvais faire équipe avec cet être abject.

« Un job… Ca fait longtemps qu’on ne m’en avait pas proposé un… »

Ma main fut tendue vers elle en guise d’acceptation, mais aussi en guise de pacte. Comme pour signer un contrat par un geste des plus sociaux.

« J’accepte l’offre que tu me proposes, qu’importe ce qui en découle. Je ferais le nécessaire pour contrôler mes crises de nerfs. Tu peux considérer d’ores et déjà que je ne suis plus une menace pour ton pays. » Je la fixais droit dans les yeux pour prouver ma loyauté. Prouver que je suis une personne sur qui on peut compter… « En quoi consiste t-il ? »

Elle s’appelait Mitsue et elle mettait toutes ces destructions sur le compte d’une crise d’adolescence. Pourtant à voir son physique tout à fait mature et convenablement formé, elle avait quitté cette période depuis un moment. Ou alors elle faisait plus âgée qu’il n’y paraissait, c’est tout à fait possible aussi. Certaines personnes font plus jeunes, d’autres plus vieilles, c’est ainsi. Elle ajouta également être seule, une chose dangereuse sitôt que l’on fait parler de soi. En général on essaye plutôt de se faire oublier sans un soutien ou une échappatoire certaine. En cela cette jeune femme était étrange, insouciante et caractériel. Oh putain on dirait moi ! Nan ça c’était avant. Oui c’était avant.

Bref, elle acceptait l’idée du job avant même que je lui explique les tenants et les aboutissants. Bon au moins elle n’est pas difficile à convaincre. Parfait, voyons voir comment tourner cela du coup.

« Alors il consiste à effectuer diverses actions au sein d’un groupe, une petite organisation en somme. Des missions dangereuses, où à chaque fois tu auras deux chances sur trois de ne pas en revenir. Ces deux chances étant de te faire capturer et d’en mourir. » Un petit sourire aux lèvres, je faisais exprès de bien appuyer sur les détails, histoire de tester sa motivation. « C’est risqué mais c’est justement ça qui est bien, le côté un peu suicidaire et maso. Je pense que ça pourrait te plaire. Évidemment il s’agit là d’un boulot, pas d’une colonie de vacances. Vous devrez obéir à des ordres et suivre des consignes, même si elles ne vous plaisent pas. Car souvent vous aurez à faire équipe et il est hors de question de mettre en danger vos compagnons, peu importe que vous ayez un caillou dans votre botte ou que ce soit la mauvaise période du mois. » Je levai l’index pour bien attirer son attention. « Que ce soit clair, si vous faites des conneries je viendrais personnellement vous remettre à votre place. Puisque c’est par moi que vous aurez fait vos premiers pas dans le groupe, je serais en quelque sorte responsable de vous … Faites-la moi à l’envers et il se pourrait que vous ne reverriez jamais la lumière du jour. » Après quoi mon visage s’éclaircit d’un sourire amical. « Évidemment avant d’officialiser ça, il vous faudra passer plusieurs étapes, et la plus importe c’est celle d’un rendez-vous celle qui dirige le groupe. »

Dans un sens je me demandais si je faisais bien de parler ainsi du Kyomu à une étrangère, surtout que Red n’a pas donné de consigne particulière à ce sujet. Bon, si je reste à côté ça devrait aller.

« Des questions ? Des réclamations ? Si rien, suis-moi. »

Et j’entamai le chemin en direction du port d’attache le plus proche, à seulement une dizaine de kilomètre d’ici. Et juste avant, un petit briefing rapide avec mes Kaguya, juste pour être réglo avec ce qui s’est passé.