HRP:

Avec toute la douceur que tu peux ordonner à tes yeux, tu penches délicatement ta tête sur le côté avant de rigoler de façon niaise. Regarde-toi, à toujours être sur tes grands chevaux alors que personne d’autre autour de toi ne l’est : n’as-tu pas l’impression d’être d’un ridicule presque forcé ? Tu soupires délicatement en reprenant une posture sérieuse, le noir de tes yeux croisant celui du Tetsujin sans que l’étincelle de joie candide n’en disparaisse.

« Raikage-sama l’a dit pourtant, non ? C’est grâce à ma parole et ma politique que je suis connu à Kumo… J’aime bien que les choses soient dites de façon propre, le fait que tu m’appelles par ton prénom n’a pas dû me marquer mais de mon côté… Quoiqu’il en soit, je pense en effet que nous tutoyer est une bonne option. »

Tu grattes calmement ta nuque en répondant au jeune garçon. Il est évident que cela simplifiera les relations entre vous – combien même cette idée ne serait jamais venue de toi. Tu es plus de ceux qui préfèrent garder une distance orale fictive entre les interlocuteurs. Vieil adage et cruelle déformation du beau parleur que tu es en général. Alors que le jeune homme accepte de rencontre Shigeru, tu lui adresses un sourire bien plus marqué – cela fera plaisir au premier et pourra certainement être profitable au deuxième. Sans compter que tes intérêts, dans l’histoire, seront on ne peut plus défendu et mis en exergue. Une vraie petite combine digne de cette chère Hak. Tu hausses calmement les épaules et indique la voix vers l’hôpital au Sabakyô, l’accompagnant.

« Ne te sens pas obligé, bien sûr – même si je ne peux que voir d’ici la candeur de Shigeru. Il peut paraître… Etrange au premier abord. Mais c’est quelqu’un de vraiment bien, très doué de surcroit. Je suis certain que vous arriverez à vous entendre. »

Rapidement, le trajet se passe. Pas le moindre grincement, seulement deux hommes – aussi séparés par l’âge soient-ils – parlant de banalités. Faire connaissance. Ce genre de choses que tu n’as tellement plus l’habitude de faire, sachant plus que tes interlocuteurs qu’eux-mêmes lorsque tu décides d’aller les voir. Cruelle vipère, te mordras-tu enfin la queue un jour ? Adressant une salutation joviale à l’accueil de l’hôpital qui ne te connais que trop bien à cause du temps passé avec le médecin, tu entraînes derrière toi comme un enfant excité à l’idée de rentrer chez lui et déballer un nouveau jouet le blond vers ton brun. Tu ne prends pas même la peine de frapper à son bureau que tu débarques, de ton pas serein, calme et rythmé comme les tic d’une montre. En l’espace d’une fraction de seconde, le terne du visage amaigri cesse et il t’adresser un discret sourire avant de retourner dans sa stase habituelle.

« Shigeru, j’aimerai te présenter quelqu’un qui aura certainement à gagner de tes connaissances, tout en étant capable de les enrichir. Sabakyô Ryu, voici Enko Shigeru. »

Sur un dernier sourire, tu te mets délicatement en retrait alors que le médecin se lève, trainant devant sa fatigue et la noirceur qui le ronge de nouveau. De tous, c’est probablement lui le plus touché par la guerre…

« Je… Bonjour... »

Calmement, tu le regardes tendre la main vers le nouvel arrivant à Kumo. Sont-ce les prémices de quelque chose de fructueux ? Ton intuition te dit que oui.

HRP:

Tu souris doucement devant le surplus d’entrain du jeune homme. Veut-il vraiment s’intégrer à ce point ou est-ce un stratagème ? Il est tôt pour toi de juger, et combien même tout ton corps appelle à vouloir lui faire confiance, tu te dis qu’une rencontre entre lui et Hak serait bien utile pour lire un petit peu les intentions du Tetsujin. Un Sabakyô, à Kumo, n’est pas une chose fréquente – elle se ferait certainement un plaisir de disséquer les moindres mensonges et secrets du petit au crible. Enfin, secouant délicatement la tête devant l’étincelle croissante dans les yeux du Médecin, tu te dis que ce ne sera pas pour le moment. S’il veut s’intégrer, il n’aura pas le choix que de passer par cette furie à un moment ou un autre, ne serait-ce que car elle vous fréquente tous les deux avec Shigeru en permanence et que tu n’es pas le genre de personne à laisser le hasard faire. Presque paternellement, tu t’approches de ton nouveau compagnon d’arme et lui chuchote à l’oreille ces quelques mots.

« Ne t’inquiète pas – il ne t’en voudra pas de le tutoyer si tu le laisses faire de même. C’est… Shigeru. Tu comprendras bien vite. »

Souriant calmement, tu t’éloignes tandis que ton meilleur ami – sois honnête avec toi-même, tu ne peux pas l’appeler autrement – s’approche du Sabakyô, le petit éclat si rare dans ses yeux s’éteignant bien vite au profit du néant habituel que l’on y trouve dernièrement. La calme tempête, sérénité absolue qui n’annonce que de grandes choses : c’est le Shigeru scientifique aguerri qui sait mettre de côté sa joie et sa dépression devant une opportunité pour rendre le village meilleur. Dire que c’est toi qui la lui tend sur un plateau en or !

« Je… En êtes-vous sûr ? Je sais que Daï peut se montrer très… Convainquant… Mais vous n’êtes pas obligé, vous savez… Je ne veux que… »

Tu regardes Shigeru soupirer calmement. Depuis le début de la guerre, tu as l’impression qu’il a régressé à ce que Hak disait de lui… Ou bien ne se comporte-t-il comme ça qu’en ta présence ? Hak ne t’a rien signalé du genre. Discrète quinte de toux et il se redresse, affichant bien plus d’assurance – son regard fuyant ta présence.

« Je pense que, si vous l’acceptez, nous pourrions avoir une collaboration très profitable au village… J’ai entendu beaucoup de choses… Sur votre clan. C’est un sincère privilège de vous rencontrer. Venez, installez vous ! Si vous m’expliquiez un petit peu, pour commencer… D’où vient exactement ce pouvoir ? J’ai entendu des bruits qui disent qu’il est possible de le transmettre à des gens qui ne font pas partie du clan. »

Habilement, Shigeru s’installe à son bureau – invitant d’un geste de la main Ryu à s’installer en face de lui. Sans cesser de sourire, tu te permets une petite quinte de toux avant de te diriger vers la sortie.

« Vous préférez certainement que je vous laisse en tête-à-tête. »

Calmement, tu écoutes ce que peut bien raconter ton coéquipier à ton ami, prenant calmement des notes dans ton esprit. Il ne faudrait pas que tu sois trop saillant sur ton approche, néanmoins tu ne caches pas non plus ta curiosité – surtout qu’il t’a permis de rester, Shigeru t’aurais fait sortir sans la moindre hésitation. Malgré les quelques étrangetés de caractère qu’il peut avoir, il reste un excellent médecin croyant avec ferveur au secret médical. Compte tenu du contexte, c’est on ne peut plus justifier. S’il a été élevé enfant à Tetsu, il y a peu de risque que Konoha ne souhaite le récupérer un jour de façon trop évidente – du moins, tu te confortes dans cette idée. Il y a déjà trop de fronts de guerre à tenir, tu sais qu’il sera difficile de s’en permettre un de plus. Après tout, Konoha est une réelle puissance dans le Yuukan et tu en es plus que conscient.

Un pouvoir basé sur l’instinct et le contrôle de son propre corps. N’est-il pas, quelque part, semblable au tien ? Calmement, tu serres ton poing droit, forçant la langue de ta bouche à effleurer ce tissu blanc auquel elle répugne tant. Tu avais énormément de mal, dans le temps, à contrôler ces parties de ton anatomie – surtout que tu n’es qu’un politicien, et il n’y a aucun charme à se faire lécher la main lorsqu’on échange une poignée. Et quant à l’instinct… Il y a énormément de cela lorsque tu fais une créature d’argile. De quelques coups de langues, tu donnes une forme précise et définie – sans maîtriser exactement l’envie qui est tienne, tu n’y arriverais pas. Sous ton nez, tu souris discrètement – voir que les hérédités sont si proches malgré les frontières et différences géographiques te semble tout à coup bien plaisant. Y en a-t-il d’autres ? Est-ce un axe à explorer avec Shigeru, pour comprendre quelles sont les spécificités de chacun ? Peut-être y voir ce qu’il y a de si héréditaire que ça ? Relevant la tête, tu croises le regard du Médecin, pensif.

« Avoir la possibilité de déplacer des choses matérielles avec ce gaz… Hmmm. C’est extrêmement intéressant que votre corps soit capable de produire des toxines et des poisons de façon innée, sans compter qu’il y est immunisé. Je me dis… Peut-être accepteriez-vous que je prélève quelques échantillons du gaz que vous expirez, de votre sang ainsi que des divers poisons que vous êtes capables de produire ? Cela me permettrait de voir s’il ne s’agit là que de particularités liées à la maîtrise du Chakra ou bien si votre corps est en proie à la mithridatisation… »

Le regard fixe vers l’avant, le brun attend une réponse avant la moindre interaction. Tu conçois que dans sa vision, il serait déplacé de donner les pots à prélèvements ou préparer quoi que ce soit sans l’accord du jeune homme. Amicalement, tu soupires pour attirer l’attention sur toi.

« C’est déjà rassurant de pouvoir admettre que tu n’es pas un criminel ayant fui Konoha qui risque de nous ramener l’intégralité du pays. Quant à Shigeru… »

Tu adresses un sourire ravageur au Médecin alors qu’il te porte un regard interrogateur, et très vite il concentre toute son attention sur le jeune blond. Quel petit gêné fait-il.

« S’il ne te dit pas beaucoup des – j’imagine nombreuses – hypothèses et possibilités qui se creusent dans son esprit, c’est qu’il est un homme de science. L’un des meilleurs du village. Il préfère certainement être assuré d’aller dans le bon sens avant quoi que ce soit. »

Discrètement, Shigeru hoche la tête une unique fois, comme pour confirmer cet étant pensif qui s’affiche tant sur son visage. Tu le sais, de toute façon – à force de le fréquenter, ses moindres lubies ne t’échappent plus. C’est seulement loin d’être le cas de tous au village, surtout lorsqu’il s’agit de science et non de soins.

« Je… Oui, désolé. Il est vrai que j’ai l’habitude de Daï qui me comprend alors que je ne dis que les choses à moitié donc… Au moins, s’il m’est possible de faire circuler mon Chakra dans votre corps ? Il s’agit d’une approche de technique diagnostique de base en Médecine Ninja. »

Calmement, tu souris une fois de plus devant la réponse de ton partenaire. Si tu ne sais pourquoi, quelque chose te dis que vous arriverez à bien vous entendre – ne serait-ce que pour les potentielles relations avantageuses qu’il peut t’ouvrir avec les Samouraïs. Alors qu’il remplit, un à un, les bocaux que Shigeru possédait sur son bureau, tu t’empêches de rire de plus belle. Ce n’était certainement pas la raison pour laquelle ils se trouvaient ici, mais tu ne sais que trop bien que ton cher ami préférera rentabiliser les quelques échantillons obtenus – le voilà d’ailleurs à se précipiter pour étiqueter les flacons et ne rien perdre du peu d’informations qu’il a obtenu. Curieusement, il te semble que le Sabakyô est extrêmement d’accord avec toutes les propositions de Shigeru, et cela te perturbe quelque peu. Combien même tu es capable de concevoir qu’il veuille prouver toute sa volonté au village, tu ne sais que trop bien – pour en avoir été un – à quel point le Médecin, sorti du nuage de cendres et de dépression qui l’accompagne généralement, sait être entreprenant dans un examen médical. Aucun secret. Aucun mystère. Il s’efforcera éperdument de tout découvrir – et cela t’amuses, tu ne le nies pas. Seulement un goût amer est laissé dans ta bouche, comme si l’on te privait d’une exploration longue et pleine d’histoires en l’espace de quelques heures.

Alors que le jeune médecin se lève et s’apprête à poser sa main sur le Sabakyô, tu laisses faire, voyant le regard concentré de ton ami, avant qu’il ne relâche brutalement.

« C’est… Particulier comme sensation. Comme si l’intégralité de votre corps… Je n’arriverai à rien ainsi. J’ai besoin de… »

Sans la moindre hésitation, tu interviens dans la discussion.

« De temps, n’est-ce pas Shigeru ? »

Il relève brusquement la tête et croise ton regard, plein de détermination. Discrètement, il hoche la tête devant ton sourire amical et, quelque part, il te semble qu’il rougit – même si tu ignores cette information. En l’espace de quelques mouvements, il réalise un prélèvement sanguin et avant qu’il ne puisse faire autre chose, tu attires le jeune garçon à toi.

« Shigeru… Je pense qu’il a été assez volontaire, n’est-ce pas ? Nous savons que tes intentions sont louables, mais je suis persuadé que tu as de quoi travailler pour le moment. Et puis, Ryu restera à Kumo pendant un long moment – tu n’es pas pressé par le temps. »

Devant un sourire amical de plus, tu sens le médecin acquiescer gentiment. Toi, mieux que quiconque d’autre dans ce village, sait le retenir dans les ses poussées – parce que toi, plus que tous les autres, a eu à les vivre sur ta propre personne. T’empêchant de grimacer à ce souvenir, vous échangez tous les trois de solennelles salutations avant de vous séparer. Qui sait quand le médecin aura des résultats ?

HRP: