Ça fait quoi? Cinq ou six mois? J'ai quelque peu perdu la notion du temps depuis que Dastan a décidé de me transformer en niche humaine. L'ambiance de ces lieux m'est familière et étrangère à la fois. J'en déduis que Shukaku ne s'est jamais aventuré jusqu'ici auparavant. Ce n'est guère étonnant vu la taille qu'il avait encore quelques semaines plus tôt. Une brève introspection m'assure que c'est bien la surprise qui domine l'habituelle colère du Tanuki. Mais cette dernière est semblable aux vagues s'écrasant sur les rivages de Kaze: perpétuelle, infatigable et dévastatrice. C'est une évidence avec laquelle j'apprends toujours à composer. Si tant est que ce soit possible...

J'observe les reliefs profondément gravés dans le sable solidifié tandis que j'avance dans le couloir sombre. Je lève de temps à autre ma torche pour apprécier les détails d'une fresque murale et le travail des artistes. Mais mon esprit est déjà focalisé sur la discussion qui ne saurait tarder. Ou plutôt sur ses conséquences. Ma cousine peut vouloir une discussion à l'abris des oreilles indiscrètes ou souhaiter m'y ensevelir. Les deux options me semblent probables. Et je me suis préparé aux deux. Mais j'espère tout de même que Tsukiko est bien disposée à mon égard. Ce qui est difficile à dire dans la mesure où ça fait un certain temps que je ne l'ai plus revue.

J'en suis toujours à apprécier l'art subtilement inscrit dans le silicium quand un courant d'air suivi d'un bruit de pattes m'indique que je ne suis plus seul. Je les avais oubliés ceux-là... Je me tourne pour découvrir un fennec qui se tient à quelques pas de moi. Ce dernier m'observe avec l'air désapprobateur qu'on réserve d'ordinaire aux intrus. Ces serviteurs ont toujours été trop zélés. Ma cousine semble les apprécier. Et c'est réciproque pour ce que j'en sais. Par contre avec moi le courant ne passe pas du tout. En même temps je ne vois pas pourquoi je m'emploierais à maintenir de bonnes relations avec les serviteurs du clan. Je laisse ça à ceux qui ont du temps à perdre.

"J'suis pas d'humeur, là!" difficile de faire plus clair. "Je dois déjà me taper un clébard à plein temps alors les fennecs peuvent aller se faire foutre chez les konohajins! Je passe mon tour!"
"Tsukiko veut te voir!"
"Si je recevais un ryos à chaque fois qu'on me la sortait celle-là..."

Je lève les yeux au ciel et poursuit ma route après avoir contourné l'obstacle aux grandes oreilles. Il croit que je me balade ici parce que je m'emmerde ou quoi, lui? Si je crapahute sous le désert c'est bien parce que l'autre se sent plus et qu'elle croit qu'elle peut me convoquer quand et où elle veut. Bon, ok... Techniquement c'est bien dans ses prérogatives. Mais faut pas pousser non plus! Une fois, ok. Deux fois, pourquoi pas. À la troisième, elle bougera ses petites fesses toutes blanches jusqu'à moi!

L'autre demeuré me rejoint et trottine à mes côtés comme pour s'assurer que je ne vais pas m'enfuir ou commettre une bêtise. Je tente de l'ignorer mais ça devient rapidement agaçant. J'en suis à calculer l'angle idéal pour lui défoncer sa truffe luisante quand nous débarquons dans une salle plus grande. Tiens, je ne l'ai jamais vu celle-là. Il faut croire que ma cousine a poursuivi ses travaux d'excavations. Je découvre enfin la demoiselle et je glisse mes mains dans mes poches avant de m'approcher d'elle.

"Si tu m'as fait venir ici pour me parler de l'abomination Saibogu que tu veux faire passer dans les ruines je préfère être clair: j'en ai strictement rien à foutre!" autant nous faire gagner du temps hein? "Et si c'est pour prendre des nouvelles du bébé alors tu peux être rassurée: je gère! Il donne deux-trois coups de pieds de temps à autre mais l'heureuse maman se porte bien, merci!"

Je caresse le tatouage qui macule mon torse et me donne en même temps l'envie de gerber. Manquerait plus qu'il m'arrive une couille du genre maternité. Paternité? Bref, peu importe! Je lève la main et un trône de sable s'érige en face de ma cousine. Je m'y installe avec toute la simplicité qui me caractérise et commence à rassembler ma patience. Qu'est-ce que j'ai encore fait?

Elle ne dormait plus. Ses rêves s’intensifiaient chaque nuit à tel point que quelques fois, elle avait l’impression qu’ils étaient « réels ». L’affaire gagnée en étrangeté lorsqu’elle se rendait compte que certains signes, ou gestes, vus – et souvenus – du « rêve » en question correspondait en fait à une technique suiton particulière. La situation frôlait clairement le paranormal or, c’était impossible dans un monde comme le leur. Elle pensa aussitôt à une « possibilité » : les « Mamoru », ce clan manieur de démons et d’esprits.

« Van n’a pas usé d’une quelconque technique Shinobi, et ma maison n’était pas piégée à ce moment-là. J’ai tout fait vérifier après son départ » s’était-elle déjà dite. Elle était presque à souhaiter que le blond du Shukai ait mis un sceau particulier, presque invisible, qui la possède, la rende folle … dans un but bien à lui. Malheureusement, et B-man – son expert Saibogu en sceau – était clair : il n’y avait aucune ruse dans son ancienne demeure à Suna, si sur elle.

A croire que ses propres soucis ne suffisaient pas, elle avait à gérer plusieurs autres aspects : le clan et ses problématiques quotidiennes, les demandes incessantes de Suno de Suna, le peuple et ses plaintes, les accidents ou meurtres et enfin, Kira et Ichibi. C’était « trop ». Vingt-quatre heures étaient insuffisants, et malgré qu’elle délègue, elle n’était pas plus secourue ou aidée. Bon gré, mal gré, elle en conclut qu’il était peut-être temps de faire quelques alliances bénéfiques et « déléguer » « réellement », en abandonner bien certaines prérogatives.

Chef de clan, elle avait décidé de lancer prochainement la « course aux héritiers », soit le choix du prochain chef de clan. Lorsqu’il sera choisi, elle le confiera à Suno pour qu’il lui indique les « trucs et astuces » d’un chef de clan Kawaguchi, et elle abandonnera ainsi ce titre important à des mains plus disponibles et compétentes.

Restez « Ichibi ». Elle s’était dite à plusieurs reprises : pourquoi devait-elle être la seule à porter ce fardeau ? Ou tout simplement à prendre des décisions ? C’était peut-être un secret militaire à garder mais, plus les jours avancés, et plus les problématiques grandissaient, et plus elle se rendait compte que la situation ne pouvait pas perdurer. Une décision avait à être prise … et elle avait pris la sienne.

- Tu gères, je suis heureuse de l’entendre, dit-elle avec sincérité, le ton las, et les traits tirés. Bien, prouves-le moi.

A ces mots, elle craqua un peu la nuque et se mit en position de combat. Pour ses partenaires habituels, une chose pouvait attirer l’attention : elle n’attendait pas comme un piquet comme à son habitude – preuve qu’elle allait utiliser le ninjutsu – mais optait pour une position de départ du style Taijutsu. Aux dernières nouvelles, la demoiselle n’était pas très douée pour cet art et pourtant, sa tenue, la position de ses pieds … tout était parfait. Avait-elle eu un prof ? Ses rêves pouvaient compter comme « prof » ?

- Je m’entraîne au Taijutsu, donc, uniquement le Taijutsu est autorisé, indiqua-t-elle d’un air un tantinet sévère.

Le ninjutsu nécessitait un plus grand terrain et – plus important – risquait d’inonder ces galeries. Ce n’était pas vraiment son but. De plus, le Taijutsu était clairement l’art par excellence pour titiller plus d’un nerf, voire même énerver – ou enorgueillir – un homme. Et elle voulait voir comment « se gérer » Kira avec quelques émotions fortes, en plein combat. Elle n’avait guère envie d’avoir une surprise le jour où elle sera en plein combat. Elle ne voulait pas avoir à se limiter à former un « O » de surprise, ou de peur, de sa petite bouche à chaque action bonne – ou mauvaise – du blond.

S'il y a bien quelque chose que je ne peux pas enlever à Tsu c'est sa capacité à m'étonner. La sincérité qu'elle exprime en parlant de mon état me touche mais je la camoufle derrière mon air blasé. C'est surtout la raison de ma présence en ces lieux qui focalise mes pensées. C'est quoi son délire? Elle s'est découvert un penchant pour le suicide? Je veux bien l'amocher un peu s'il faut lui remettre les idées en place mais elle n'est tout de même pas sérieuse lorsqu'elle dit vouloir m'affronter au corps à corps. Si?

"Tu t'entraînes au Taïjutsu? Toi?" ce dernier mot marque bien mon scepticisme. "Je suis ravi que tu aies choisi de jouer dans la cour des grands mais tu devrais oublier cette idée. Tu vas te péter un ongle ou j'sais pas quoi..."

Je suis parfaitement sérieux. Je ne tiens pas à ce qu'elle soit blessée lors de combats pour lesquels elle n'est pas taillée. Elle devrait plutôt approfondir ses connaissances existantes. Est-ce que je perds mon temps à apprendre la sensorialité, moi? Non! Peut-être que le pouvoir lui est davantage monté à la tête encore et qu'elle souhaite se lancer dans des défis qui n'ont pas la moindre raison d'être. Ceci dit l'attitude et le regard de Tsukiko montrent clairement qu'elle est sérieuse elle aussi.

"Je suis pas un prof patient! Et puis si on combat il y a forcément un moment où j'aurai envie de te déglinguer..." je me connais dans le feu de l'action. "T'auras quelle tronche dans ta chaise roulante? Je dois penser à l'image que tu donnes de notre nation Tsuki-chan."

Une excuse, rien de plus. Une dernière tentative pour la refréner dans ses ardeurs. Mais je sais qu'elle est têtue comme une chamelle et que rien de ce que je pourrai dire ne la fera changer d'avis. Tant pis... Elle ne viendra pas me dire que je ne l'avais pas prévenue. Je dissous mon trône de silicium et m'avance vers elle. Inutile de perdre du temps à s'échauffer. Ce sera réglé en deux-temps trois mouvements. La première règle du Taïjutsu, c'est de ne pas faire de cadeaux à l'adversaire.

"Trois minutes..." je lève un nombre de doigts équivalent. "Je ne te donne pas plus de temps pour me convaincre que je ne perds pas mon temps ici! ! Et je vais être bon prince: je n'utiliserai que mon bras gauche! Vas-y cousine, montre-moi ce que tu as dans le ventre!"

Va falloir que j'évite de lui puncher le visage. Mais j'imagine que je peux me lâcher sur les parties de son corps habituellement recouvertes de vêtements. Comme ça les hématomes resteront bien planqués! Et j'éviterai d'avoir une foule de conseillers revanchards sur le dos. Mais un doute m'assaille: est-ce que Tsukiko a réellement envie de me défoncer? Parce que je la sais très persévérante lorsqu'il s'agit d'atteindre les objectifs qu'elle s'est fixée. M'enfin, qu'est-ce que je risque. Au pire on m'accusera d'avoir tapé sur les deux derniers Daimyo...

- J’ai déjà expérimenté une chaise roulante, et un combat avec une canne , dit-elle d’un ton stoïque et véridique.

Elle ne le disait pas clairement mais depuis qu’elle était Daimyo, elle ne connaissait plus que la rigueur de la surface de sa « chaise » ou son trône ou son fauteuil selon les points de vue. Autant dire, handicapée ou non, on remarquera à peine. Plus important, Daimyo n’était pas le genre de boulot qui nécessité de se montrer sur une arène de combat aussi souvent. Par contre, le scepticisme de Kira eut le don de la blesser dans son orgueil : pourquoi un tel doute à son sujet ? Certes, elle était connue pour être douée en sensorialité et ninjutsu – et être nulle en taijutsu et en fuinjutsu – mais les choses pouvaient changer, n’est-ce pas ?

- Il faut apprendre à être patient pour savoir diriger un jour, Kira. Autrement, cet impatiente t’aidera à descendre de ton trône de sable aussi vite que tu es monté. Tout ne sera plus que sable et solitude, continua-t-elle d’une voix douce et sincère ses leçons de « leadership ». Et Ichibi en toi est déjà un être impatient : il faut savoir instaurer une juste balance.

Elle soupira lorsqu’il donna ses conditions. La position correcte de la blonde ne semblait apporter aucune inquiétude à Kira, l’obligeant à se demander si elle prenait les bonnes positions. C’était étrange, ce sentiment qui s’emparait d’elle : elle avait l’impression de connaître ce mouvement – ou plutôt son corps – mais les années de manque d’entrainement l’avaient rendu gauche et incertaine. Elle tenta un premier coup de poing. Il le bloque sans aucun problème, et donne même un coup de coude suffisamment fort pour l’obliger à reculer après avoir chanceler trois secondes. Supposons qu’elle avait la technique, la forme physique manquait dangereusement. Elle tenta un autre coup, il répond avec une force toujours plus croissante.

- Fais un effort. Je n’ai pas du temps à perdre, et je dois sincèrement maîtriser l’armure de sable Kawaguchi. J’ai une idée de technique, et l’armure est une nécessité absolue …. Allez, petit roi de pacotille au trône de sable, tu sais pas faire mieux ?

A distance, elle réfléchit : il n’utilisait pas le bras droit, ce qui faisait un point faible. Ensuite, de front, c’était stupide. Il fallait attaquer d’un autre angle. Elle prit une décision, le genre le tout pour le tout : elle se mit en face, à nouveau, et leva son pied gauche légèrement en signe qu’elle allait attaquer par-là. Lorsqu’elle avait la certitude que le garçon l’avait vu, et qu’il se préparait déjà à un coup venant de ce pied-là, elle sautilla à la dernière minute pour atterrir sur le pied gauche qui aurait dû frapper, et frapper en fait avec le pied droit. Une feinte, en somme. Simple feinte pour certain, une feinte qui lui a valu quelque chose comme deux jours d’entraînement intensif, entre deux parloirs, deux jugements, deux plaintes Kazejin… Bon, il fallait avouer, ce n’était pas encore vraiment les gestes ou signes pour obtenir cette fameuse armure de sable des Kawaguchi mais ses longues années de Shinobi lui avaient appris une chose essentielle : toujours, et toujours, commencer par les bases ! C’était ces fameuses bases qui pouvaient vous sauver votre vie. On ne se rendait pas compte à quel point la solution se trouvait dans les choses les plus simples de la vie, ou du combat …

Quant au « roi de pacotille sur trône de sable », c’était volontaire. Il voulait prouver qu’il se contrôlait : qu’il le prouve en montrant sa réaction s’il était en colère, ou pas. C’était risqué mais elle préférait prendre le risque maintenant que demain, lorsqu’il s’exposera à la vue d’innocents. Si le sang avait à couler, qu’il coule maintenant et non demain.

Elle ne peut pas s'en empêcher hein? Genre je suis quand même là pour l'entraîner il me semble. Du coup ça fait de moi son senseï! Logique! Alors qu'elle vienne pas me rabâcher les oreilles sur les responsabilité inhérentes au pouvoir ou je ne sais pas quoi. Ouais, je suis pas très très patient. Et Shukaku l'est encore moins que moi! Je le sens d'ailleurs s'agiter comme s'il cherchait à me déchiqueter de l'intérieur. Il déteste toujours autant Tsu. Et franchement il y a des fois où je le comprends. Mais putain ce qu'elle est chiante quand elle s'y met!

Et voilà qu'en plus elle me traite de - je cite - petit roi de pacotille! Ha ouais? Roi, je veux bien. Petit... Bon ok, il me manque peut-être quelques centimètres. Mais alors de pacotille? Non mais elle veut que je la défonce elle en fait? C'est ça hein? Parce qu'elle me connaît. Elle sait très bien que ces choses-là m'irritent. Alors si elle agit ainsi c'est qu'elle est consciente des risques qu'elle encourt. C'est un peu stupide de sa part, nan? Ou alors elle s'est découvert une passion pour le masochisme. Ouais, c'est possible! Sinon pourquoi en redemande-t'elle à chaque fois? Elle n'est pas obligée de me convoquer!

"Bon alors déjà tu vas me parler plus souple, la gueuse!" non mais ho! "Sinon j'arrête de gaspiller mon temps! Daimyo ou pas Daimyo!"

Non parce que je m'en branle de son titre, soyons clairs. Bon il est vrai qu'il m'apporte des avantages. Le fait d'être le cousin de la Daimyo vous offre une foule de possibilités. Et la plupart sont distrayantes. Par exemple je ne savais pas qu'il y avait autant d'alcools différents à Kaze. Et les femmes d'Odaichi... Mouah, le bohneur! Ok, j'avoue: je serais quand même triste si Tsukiko ne l'était plus. Mais n'empêche que ça lui donne pas le droit de se prendre pour ma supérieure. Le seul dieu de ce désert, aux dernières nouvelles, c'est encore moi! Et la chose qui squatte mon petit bidon naissant! Oui y'a un peu de laisser-aller. Mais avec tout ce que je bouffe c'est un miracle que je puisse encore passer les portes.

N'empêche que je me suis perdu dans mes pensées et que la feinte de Tsukiko manque de peu d'abîmer mon merveilleux visage. De peu... Car le sable qui se craquelle là où le poing de ma cousine s'est écrasé montre clairement que c'est mon armure qui a mangé. Héhé! Ouais parce que contrairement à elle, moi je sais comment l'utiliser. Et bim! Supériorité prouvée fois mille! Me manque juste les lunettes de soleil pour me la jouer thug life!

"Tu sais comment mon grand-père m'a appris à utiliser cette protection?" trois, deux, un... le temps de réponse est écoulé! "Il m'a tabassé jusqu'à ce que j'y parvienne. Pour le taïjutsu il faut te fier à ton instinct avant toute chose. Tu es une Kawaguchi. Et du coup tu sais déjà comment former une armure de sable. Il faut juste que tu t'en rendes compte!"

C'est vrai! Bon ok j'étais un sacré garnement! L'archétype même du gamin turbulent. Et je dois reconnaître que je n'ai pas volé la plupart des coups reçus. Mais, hé, ils ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui: le Kawaguchi qui représente à lui seul l'honneur et la fierté du clan. Comme quoi se prendre des coups, ça aide. Et tant pis pour les mauvaises langues qui disent que ça a eu quelques effets secondaires sur ma santé mentale. J'suis pas dingue! Je suis Kira! Nuance!

"J'ai pas besoin de te faire un dessin je suppose?"

Non parce que si elle veut uniquement apprendre à former une armure j'ai pas besoin d'échanger des coups tout mous avec elle. Il suffit de la puncher et d'attendre que le miracle se produise. Bon Tsukiko est une bâtarde et ça aussi il faut que je le prenne en compte. Vu qu'elle est à moitié dégénérée ça risque de prendre... ben... deux fois plus de temps. Calcul élémentaire!

"On va faire comme les maso ok? Tu me donnes un code clef pour arrêter la souffrance!" je me passe la main sur le menton. "Va pour "J'abdique en faveur de Kira"! ok?"

Ça me semble pas mal tout ça. En tout cas je vais pas trop trop lui donner l'occasion de dire non. C'est ainsi que je bondis dans sa direction à une vitesse bien plus impressionnante que tout à l'heure - et vous n'avez encore rien vu! - avant de lui décocher mon genou en plein ventre. Il est aussitôt suivi d'une série de coups de poings destinés à sa poitrine - ouais ben désolé mais c'est le seul moyen que j'ai trouvé pour la peloter - et à son visage. Finalement je vais prendre un certain plaisir à entraîner ma cousine je pense!

Kawaguchi Kira était la preuve même qu’elle n’en restait pas moins une bâtarde de son clan. Sa façon de penser, ou de faire, ou de parler était à des années lumières de la sienne, et pourtant il avait plus de facilité à s’insérer au sein du clan que Tsukiko elle-même. Il semblerait que malgré ses efforts, le conservatisme restait et dominait même cette vieille famille noble du désert.

- Daimyo, ou pas Daimyo ? Je pense que tu me dois davantage de respect Kira, au vu de tes nombreuses frasques dont tu fuis les conséquences en prenant l'excuse d'être le "cousin de la Daimyo".

Le pouvoir rendait fou, disait-on. Elle avait pensé que c’était pour ceux qui s’en emparaient, et non ceux qui vaquaient autour sans la moindre chance de l’obtenir. On pouvait dire que Tsukiko était faible, ou naïve, mais elle savait que Kira à la tête d’un pays – ou d’un clan – signifierait la fin même de ces deux groupes. Il n’avait aucune patiente à l’égard de la population et aucune empathie pour le malheur d’autrui. Elle ne doute pas cependant de sa capacité à diriger en temps de crise : c’était des caractères forts, qu’il fallait. Cependant, la plus grande force – et ce qui maintenait Tsukiko des plus patiences à son égard et malgré ses erreurs – c’était Shukaku. L’incertitude qui entourait la condition Jinchuriki rendait les affaires assez compliquées et elle dormait toujours moins à l’idée qu’un jour, il perd contrôle et que ce démon refasse surface en plein milieu de la Capitale, de ses orbes vides par ses propres soins – du moins par son acide. Elle abandonna bien vite ses réflexions pour se concentrer sur son entrainement. Elle toucha bien le visage de Kira, mais sa cheville manqua de se fouler tant la surface rencontrée était dure et non molle comme elle s’y était attendue. Une armure de sable, sans aucune surprise. Une technique qu’elle tentait désespérément de développer. Une technique que Kira semblait vouloir apprendre au travers de coups violents et sans retenus.

***

Elle pourrait prétendre qu’il y avait eu un combat spectaculaire et fabuleux, où les coups s’échangeaient. Nullement. Tsukiko accusait plus qu’elle n’apprenait, à vrai dire. Kira avait sûrement pris pied à voir la blondinette qui ne contrôlait nullement la situation mais le sentiment fut vite détruit lorsqu’elle frappa le sol et le brisa en mille morceaux non loin de lui, le déstabilisant. Sous le coup de la colère, elle s’était couverte inconsciemment la main de sable dur, concentrée son chakra sur et ainsi relâcher le tout à même le sol, sans souffrir de dommages grâce à ce début de protection. Lorsqu’elle vit son « œuvre », elle en fut « presque » heureuse : elle était apte à développer l’armure de sable, malheureusement elle aurait besoin de plus de temps qu’un Kawaguchi traditionnel. Décidément, ce sang mixte était à la fois une bénédiction et une malédiction : elle n’avait aucune affinité particulière – ou facilité, si l’on voulait – mais lorsqu’elle apprenait, il n’y avait pas meilleure qu’elle dans ce domaine-ci.

« Le temps … J’en manque », se disait-elle tristement. Il fallait qu’elle maîtrise entièrement, et totalement, l’art Kawaguchi et plus que jamais. Le futur était bien trop imprévisible, et sa position trop précaire. Elle ne pouvait se reposer sur ses lauriers, ou sur ce trône, à se contenter d’écouter encore et encore. Il fallait s’entrainer davantage que lorsqu’elle était Shinobi. Elle en soupira. Elle qui avait espéré avoir échappé à cette satanée destinée, la voilà recouverte de bleus …

- Arrêtons-en là, ordonna-t-elle d’une voix autoritaire. Et non, je n’abdiquerai pas, dit-elle dans un soupire exaspéré, anticipant déjà les paroles de Kira.

***

On pourrait imaginer que ce repos où le chakra de chacun était restauré allait être mis à profit pour retourner dans le Palais mais nullement. Tsukiko était debout, et faisait face à Kira d’un air sérieux.

- J’exige une petite revanche, à arme égale. Toutes les techniques et les coups sont permis, finit-elle par dire.

Il était hors de question qu’elle en reste à une séance où elle avait été davantage une punching ball qu’une partenaire ou un « élève ».

Et qu'est-ce que j'avais dit, hein? Qu'est-ce j'avais dit? Que c'est en s'entraînant à la dure - ou, en l'occurrence, en se faisant durement taper dessus! - qu'on obtient les meilleurs résultats. Tsukiko a beau avoir une mine qui ferait pâlir d'envie un zombie, elle a tout de même réussi à envelopper son poing d'une couche de terre. Ce qui, en soit, est un exploit pour une non-initiée à la pratique du corps à corps. Il faut croire que je suis un bon professeur. Même si c'était déjà couru d'avance! Pourquoi je suis si étonné alors? Bah peut-être parce que je m'attendais surtout à lui faire mal et pas vraiment à lui être utile. C'est un peu... ennuyant! Parce que si elle voit qu'elle progresse avec moi ben elle voudra qu'on s'entraîne plus souvent. L'angoisse!

"C'est... heu... bien!" tellement pas crédible mon ton... "Non non sans déconner c'est très bien! 'Fin, non... C'est bien tout court! Faut pas exagérer non plus!"

Même si elle a quand même réussi à faire exploser le sol! C'est pas rien! Et ma cousine s'en est également rendue compte vu l'air satisfait qu'elle arbore. Ouais bon qu'elle s'endorme pas sur ses lauriers non plus! Il y a encore beaucoup à faire. Mais c'est un bon début... Meilleur que ce que j'imaginais. C'est qu'elle est tout de même douée la bâtarde! Sûrement son côté Kawaguchi qui s'exprime! N'empêche que j'ai gagné!

"Alors tu vas abdi...?"

Elle me coupe la parole et précise qu'elle ne me laissera pas sa place sur le trône. Tiens, elle maîtrise même l'anticipation maintenant... Tant pis, j'aurai essayé. Une autre fois peut-être! En attendant il convient de prendre un peu de repos. Faut qu'elle reprenne des forces. Et moi aussi d'ailleurs parce que - croyez-le ou non - ça demande une certaine énergie de taper sur Tsukiko. Elle a la tête dure ma cousine. Ho que oui!

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Et en plus elle reprend vite des forces. C'est parce qu'elle a l'habitude de se faire défoncer, ça, je crois. À force son corps a du s'adapter et se régénère plus vite. Ouais ça doit être ça! Pendant qu'elle se ressourçait j'en ai profité pour me vider une bouteille d'alcool. Ouais ok ça peut sembler beaucoup! Mais gardez à l'esprit que je l'ai bue en plusieurs heures tout de même. Je suis pas un sauvage. N'empêche je titube tout de même un peu. J'aurai qu'à faire croire à ma cousine que je développe ma propre technique de l'homme ivre et ça passera comme une lettre à la poste.

Sauf que ma cousine, ben elle est chaude bouillante. Elle veut se battre à armes égales qu'elle dit. Mouais... Pardonnez-moi mais je n'arrive pas vraiment à retenir un rire qui se transforme bien vite en un véritable torrent de ricanements. Elle, elle a quand même un sacré don: me faire rire! Et c'est pas donné à tout le monde. En fait, à personne sinon elle. C'est pour ça que je ne la tuerai pas si un jour je dois la remplacer sur le trône. Elle deviendra ma femme! Juste assez Kawaguchi pour perpétuer le sang sacré de notre clan mais pas assez pour donner naissance à un dégénéré consanguin. Faudra d'ailleurs que je lui parle un jour des projets que je nous réserve. Elle sera sûrement emballée...

"Si t'existais pas je t'aurais tricotée!" Ça veut rien dire mais je me comprends! "T'es un sacré numéro toi quand même..."

Moi je veux bien l'affronter "pour de vrai", hein? Ce sera un entraînement sympathique et tout. Et pas que pour elle, cette fois. Je pourrai évaluer mon niveau - que je sais excellent - en charmante compagnie. Mais bon on va m'accuser après coup d'avoir voulu assassiner la Daimyo. Et c'est putain de mal vu ça! Je devrais lui faire signer une décharge vous croyez?

"Ouais alors comment je vais te dire ça sans te vexer, moi..." parler aux femmes c'est tout un art. Un art qui d'ailleurs se révèle souvent dangereux! "Tu vois ce que c'est un lion hein? Ok alors imagines-toi que tu en as un en face de toi présentement! Ça ne devrait pas te poser trop de problèmes!"

C'est plus fort que moi: je bombe le torse pour faire le beau gosse. Mais c'est histoire qu'elle puisse bien se représenter la chose. Bon voilà pour la partie facile! Maintenant il s'agit d'aller au charbon! Heureusement j'ai pris soin de reformer mon armure de sable. On est jamais trop prudent! Ho que non!

"Et maintenant tu t'imagines que tu es une gazelle d'accord? Une bonne gazelle tu vois? Gracieuse et tout et tout! Attention hein, de la gazelle de compèt' quoi!" je crois que je tiens le bon bout! "Mais bon... Une gazelle quand même! Alors bon, partons du principe que tu es cette sublime gazelle et que je suis un fier lion... ben... tu vois quoi? On peut pas combattre à armes égales! Ce serait... bizarre! Contre-nature, même!"

La nature a doté chacun des êtres vivants d'armes différentes. C'est pas pour rien hein? Elle fait rien par hasard, la nature! C'était pour hiérarchiser un peu tout ça! Du coup moi qui suit au sommet de la chaîne alimentaire et Tsukiko ne pourront jamais régater dans la même catégorie. Impossible! Et avant de me traiter de salaud souvenez-vous que j'y suis pour rien, moi, si mère nature a décidé de faire de moi son favori! Adressez-lui vos plaintes directement ok?

"Non mais sérieusement je comprends pas trop ce que t'essaies de me dire, là! Tu veux que je te tapes plus fort?"

Cette question est simplement motivée par la curiosité et le désir de comprendre ce qu'elle a derrière la tête. Je n'ai malheureusement pas été livré avec le décodeur homme-femme intégré. Donc bon, je galère. Tout comme vous! Même un Dieu à des faiblesses...