Si il y avait bien une personne à qui Rukia accordait toute sa confiance, il s'agissait bien de son mentor Masazane. C'est de cet homme qu'elle tenait ses connaissances et ses aptitudes au combat, elle lui devait tout. Alors aujourd'hui elle comptait bien être honnête avec lui en lui dévoilant tout ses plans et ses ambitions en espérant qu'il comprenne, peut-être même qu'il pourrait lui apporter son aide et ses conseils toujours avisés.

Respectueuse des traditions, Rukia se retrouva agenouillée dans le dojo du vieil homme, l'observant pendant qu'il s'entraînait au maniement de la Yari, une arme que la jeune femme appréciait particulièrement. La Conseillère du Daimyô resta immobile presque deux heures admirant son maître qui malgré son âge faisait preuve d'une légèreté et d'une vitesse surprenante, lorsqu'il eu finit il se tourna alors vers sa fille et se figea, son seul oeil valide dévisageant la samouraï.

♦ Enfin tu t'es débarrassée de ce masque... Tu es devenue une très belle femme. - dit le vétéran d'une voix rauque tout en rangeant soigneusement son arme. - Il était temps que tu t'assumes, je ne comprends toujours pas ce qui t'a poussé à porter ces crocs d'or si longtemps...

♦ Je vous l'ai pourtant expliqué plusieurs fois Maître, je souhaitais être jugée seulement sur mes capacités et ne pas être avantagée par mon physique et j'ai réussi. Je suis officiellement Conseillère du Daimyô, j'ai appris la nouvelle il y a deux jours en rentrant de Kijousuifou où j'ai du régler un soucis avec des marins un peu trop violents. D'ailleurs je vous ai ramené quelque chose.

D'un geste de la main Rukia désigna un petit paquet posé sur une table,

♦ Des ramens au poisson, je sais que vous aimez ça, j'ai pu récupérer les épices à Kijousuifou et j'ai demandé aux cuisines que l'on vous prépare ce plat.

Masazane la remercia d'un hochement de tête avant d'aller s'asseoir sur une chaise dans un petit jardin derrière le dojo et il invita la jeune femme à faire de même, la samouraï se retrouvait donc assise en face de son mentor.

♦ Sinon, quel bon vent t'amène ? J'imagine que tu dois avoir beaucoup de travail et peu de temps à perdre avec un vieil homme comme moi. - lança Masazane.

♦ Je viens pour vous parler, de mes projets pour moi et le pays. Vous êtes la seule personne ici en qui j'ai suffisamment confiance pour discuter sereinement.

Le vétéran resta silencieux, il attendait d'entendre la suite pour réagir.

♦ En vivant à Kumo pendant plusieurs années, j'ai pu constater que Tetsu fournissait de plus en plus de troupes, sans jamais rien demander en retour. Alors j'ai mené mes petites recherches et j'ai finalement pu mettre la main sur les accords passés entre Kumo et le pays du Fer, des centaines de pages que j'ai parcouru en retenant une seule chose, le pays du Fer est bridé. Nous pouvons faire tellement plus que de simples échanges commerciaux et du prêt de troupes. Le gouvernement actuel se repose sur des acquis depuis dix ans sans rien tenter pour faire évoluer la situation.

♦ Et alors ? - coupa sèchement Masazane - La situation actuelle est stable, le pays connait une période de paix sans précédent et le commerce est bon. Si Kira Muzashi ne fait rien c'est parce qu'il estime qu'il n'a rien à faire.

Rukia soupira, elle s'attendait à cette réaction de la part de son mentor, aveuglé par la loyauté des Samouraïs.

♦ On peut faire plus ! J'ai rencontré des personnes très intéressantes avec qui j'ai échangé de bonnes idées à Kumo. Je compte aller en parler avec le Daimyô très bientôt maintenant que je suis en position de proposer mes idées. Sachez que Kaminari se rapproche de Shimo, bientôt ce pays sera sous le contrôle de la Foudre, je ne veux pas voir le pays du Fer être obligé de se soumettre à une puissance qu'elle ne peut pas combattre.

♦ Ah oui ? - lança le vieil homme d'un air moqueur. - Et que comptes-tu faire ?

♦ Lors d'une discussion avec un ninja de Kumo avec qui j'entretiens régulièrement le contact, nous avions évoqué l'idée de créer un pont ralliant notre pays à celui de la Foudre, cet axe terrestre pourrait permettre aux deux pays d'échanger plus rapidement des ressources et même d'envoyer des troupes en cas de besoin, surtout dans le contexte actuel. Mais j'ai pensé à autre chose, si nous créons ce pont, cela nous permettrait de créer et de protéger un port d'une envergure encore jamais vue.

Mais ce n'est pas tout, si le Daimyô me donne son accord, je me rendrais d'abord à Ta no kuni et je leur expliquerais la situation, ils sont en position de faiblesse avec la défaite du Patriarche contre les shinobis de Kumo et de l'Empire. Si ils veulent profiter des avantages d'une telle installation et ne pas se voir privés de tout commerce maritime, ils seront dans l'obligation d'accepter mon offre et de se soumettre au pays du Fer.

Quand Ta no kuni sera rallié au pays du Fer, je me rendrais alors à Yu no kuni pour leur proposer le même marché, il sera plus difficile de négocier des accords avec eux car ils possèdent deux frontières maritimes, mais ils devront choisir entre nous et Kaminari qui compte probablement avancer ses frontières jusqu'à Hi no kuni après avoir récupéré les territoires du Givre. Il faudra alors qu'on propose des accords plus alléchants que ceux de Kumo. Si tout se passe bien, Ta et Yu seront sous le contrôle du Fer, nous pourrons alors canaliser nos ressources et créer une flotte de guerre importante dans l'enceinte de notre port.

Kumo est en guerre contre l'Empire, nous sommes voisins avec l'ennemi de notre allié ce qui fait de nous une cible importante pour l'Empire et nous tenons une place stratégique redoutable que Kumo devra défendre. Si nous parvenons à créer ce pont, à prendre le contrôle de Yu et Ta, nous serons alors en position de force, notre flotte et notre position géographique seront des avantages indéniables pour Kumo, nous pourrons alors compter sur leur soutient et leur collaboration totale.

Rukia laissa son regard se porter vers l'horizon en prenant une longue inspiration, elle attendait maintenant de voir la réaction de son mentor.

Le visage de Rukia était impassible tout comme celui de son mentor qui se caressait calmement la barbe, pourtant la Conseillère n'était pas à l'aise et elle espérait vraiment que Masazane comprenne qu'elle souhaitait simplement rendre le pays du Fer plus fort. Après quelques minutes, la voix grave et sévère du vétéran brisa le silence pesant qui s'était installé entre les deux Tetsujins,

♦ C'est un beau projet, très ambitieux... Mais penses-tu sincèrement que Kumo et Kaminari ne remarqueront rien et laisseront un allié actuellement inférieur agrandir son territoire de la sorte ? Qu'ils vont laisser le pays du Fer s'élever à un point où ils ne pourraient plus contrôler la direction que prendront les choses ? Si tu parviens à réunir Ta et Yu no kuni, tu deviendras aussi une menace pour Hi no kuni qui verra sa frontière nord entièrement contrôlée par un allié d'un village ennemi ? Et Kaminari pensera la même chose, le pays du Fer deviendrait la cible de toute les invasions pour contrôler une partie stratégique du nord du Yuukan, un territoire qui donne accès aux frontières du pays du Feu et de la Foudre et aussi un pays de l'Empire.

Et le Daimyô, tu ne sais pas comment il va répondre à tes propositions, si tu veux voir tes plans se réaliser, tu vas devoir agir vite et être très convaincante à chaque négociation pour qu'elles aboutissent le plus rapidement possible, à commencer par celle avec Kira Muzashi.

Rukia esquissa un léger sourire, même si il ne voulait pas l'avouer clairement son père adoptif était entrain de lui donner des conseils.

♦ C'est pour ça que je compte renforcer les liens unissant Kaminari et Tetsu, si le pays du Fer devient si important, il faut que l'on puisse compter sur un allié de taille. J'ai vécu à Kumo pendant des années, je connais leurs façons de vivre et de réfléchir, leur nouvelle ombre semble être une personne de confiance d'après ce que j'ai entendu, il comprendra à quel point Tetsu est important pour l'avenir de son pays et nous pourrons alors renégocier une réelle alliance, les Kumojins sont loyaux et malgré les échecs et les périodes difficiles qu'a connu le village il est toujours là, on peut compter sur eux. Même si l'on doit grandir sous la protection de la Foudre, l'important c'est que le pays du Fer grandisse.

♦ On ne peut pas faire confiance aux shinobis. - Grogna le vétéran - Ils n'ont pas les mêmes valeurs que nous, ils sont guidés par la soif du pouvoir et de la domination, ils bondiront sur la première occasion de prendre le contrôle du vaste territoire que tu comptes créer. Je crains que tu ne réalises pas à quel point tes projets feront du Tetsu une cible pour tout les pays. Si encore tu parviens à réaliser tes fantasmes car oui il ne s'agit que de fantasmes...

Rukia hocha légèrement la tête, elle en était totalement consciente, il lui faudrait des années pour mettre en place les bases d'un tel projet, mais la guerre entre l'Empire et Kumo était une occasion en or pour accélérer les choses, Kaminari ne pouvait pas se permettre de perdre Tetsu maintenant pour une histoire de territoire alors que le pays du Fer offrait à Kumo la possibilité de placer des troupes en toute liberté aux frontières de l'Empire.

♦ Je sais maître. C'est pourquoi je suis venue vous révéler mes plans, je compte sur votre sagesse pour que vous puissiez me donner des conseils éclairés comme vous l'avez toujours fait. Je ne cherche pas le pouvoir, je veux simplement voir mon pays s'élever au rang des autres grandes puissances.

Y-a-t-il une quête plus honorable pour un samouraï ?

C'est alors que le vieil homme se leva, d'un geste il invita Rukia à rester assise alors qu'elle s'apprêtait elle aussi à se lever et il retourna dans le dojo, sans dire un mot. La Conseillère resta muette, attendant de voir ce que préparait son mentor.

Rukia resta alors quelques minutes à contempler le ciel qui se remplissaient doucement d'étoiles au fur et à mesure que la nuit s'installait au dessus de Tetsu. Toujours sans un mot Masazane revint à sa place, tenant dans ses mains le plat de ramen qu'avait ramené la Conseillère. En silence il commença à manger, une situation assez gênante pour la Samouraï qui attendait toujours d'entendre l'avis de son mentor. Après avoir tranquillement mangé son repas, le vétéran se décida à prendre la parole,

♦ Tu pourras compter sur moi. Je ne sais pas comment cette histoire va se terminer pour toi, tu devras être très attentive et toujours avoir un œil sur tes alliés comme tes ennemis, dans ce genre de jeu de pouvoir, la trahison est une pratique courante.

Rukia afficha un léger sourire en hochant la tête pour signifier qu'elle était bien consciente de ce à quoi elle allait s'exposer. Elle était contente de savoir qu'elle pouvait désormais compter sur son mentor pour la suite des événements.

♦ Merci maître. Une fois que j'aurais convaincu le Daimyô de me laisser mettre en place mon projet, j'enverrai un message à mon correspondant à Kumo pour qu'il prépare un rendez-vous avec le Raikage et qu'il mette l'ombre de la Foudre en bonnes conditions pour accepter mon offre. En me rendant à Kumo je passerais à Yu et Ta où je demanderais à voir les Daimyôs pour leur proposer de se rallier au pays du Fer.

Si tout se passe bien j'arriverai à Kumo en pouvant promettre un soutient absolu de la part de Tetsu et ses alliés, la promesse de la création d'un port réunissant les pays du Nord et surtout le soutient matériel pour la création d'une flotte de guerre. Quand l'accord entre Tetsu et Kumo sera signé, nous pourrons débuter la construction du pont. Il faudra faire vite car l'Empire ne laissera pas une telle coalition se former si facilement. Et si nous parvenons à vaincre l'Empire, peut-être que l'on pourra demander le droit d'étendre notre territoire vers l'Ouest en prenant les pays comme Taki en premier lieu et ensuite Kusa, mais chaque chose en son temps...

Pour l'instant tout n'était que des mots lancés dans le vide, mais Rukia était persuadée qu'elle pouvait faire bouger les choses en faveur de son pays. La jeune femme se leva, elle n'avait plus rien à révéler à son maître pour le moment et elle sentait qu'il était temps pour elle de le laisser. Après s'être inclinée respectueusement, elle quitta le dojo pour se rendre dans ses appartements, elle devait encore beaucoup réfléchir aux arguments qu'elle comptait mettre en avant pour le Daimyô.