Passant son doigt sur les quelques meubles qui restaient dans cet espace délaissé depuis de nombreuses années, elle laissa la poussière s’accumuler dessus avant de le relever, effritant la saleté avec son pouce. Son regard erra un instant sur un recoin rayé avant de tomber sur un enchevêtrement de câbles sectionnés, autant de rappels de ce que cet endroit avait été. Les installations électriques avaient principalement été laissées et éclairaient la grande pièce blanche de leur lumière blafarde. Attendant dans le sous-sol de l’Hôpital, elle espérait qu’on la trouverait.

Ah, te voilà enfin.

S’appuyant sur la table d’opération qui trônait encore au milieu de tout ça, elle fixa l’entrée de laquelle son élève venait d’apparaître. Elle avait une importante nouvelle à lui annoncer et cela devait se faire dans la discrétion la plus totale. Mais elle ne l’avait pas convoqué ici seulement pour parler de sa personne … elle l’avait faite venir suite à une longue réflexion sur son comportement qu’elle avait pu relever ces derniers mois et qui tendait à l’inquiéter de plus en plus.

Je suis contente de voir que tu as pu trouver le complexe sans aucun soucis. Mais tu te demandes probablement pourquoi je t’ai faite venir ici dans cet endroit clairement abandonné. Plusieurs raisons. Tout d’abord, j’avais besoin de te parler en privé, à l’écart des oreilles indiscrètes, et cet endroit étant autrefois le laboratoire secret du Yondaime, il dispose encore de toutes les protections nécessaires pour garantir la sécurité de ce qui se dira ici.

Ça, plus les nano-insectes répartis partout dans l’hôpital et même autour.

La deuxième raison est que je viens tout juste de voir Nozomi pour parler avec elle de l’extension prévue de longue date du rayonnement médical de Konoha à l’ensemble du pays et des pays sous notre tutelle. Et la troisième … Car à mes yeux cette pièce, autrefois centre de recherche dans la médecine militaire, est un symbole.

Craquant son auriculaire, elle marqua une petite pause avant de reprendre.

Vois-tu, Suguato avait un assistant un peu particulier que nous connaissons toutes les deux très bien. Il faisait d’ailleurs le lien entre ce complexe et un organisme interne à Konoha. Indépendant de l’autorité du Kage, ce groupuscule était chargé d’agir sous le manteau afin d’assurer la prospérité du village et du pays quitte à contourner quelque peu la déontologie du code ninja.

On y venait.

Mais tu sais déjà tout ça j’en suis sûre, du moins la fin. Après tout tu en fais maintenant partie. Comment je le sais ? J’aurais bien ramené un microscope pour te permettre de voir mes nano-insectes répartis certes dans tout le pays, mais également dans le village. Non pas que tu ne les as jamais vu d’ailleurs. Pensais-tu pouvoir me le cacher longtemps ?

Craquant son annulaire puis son majeur, le ton de sa voix restait calme alors qu’elle se redressait de son support.

Tu n’étais qu’une gamine pleurnicharde quand je t’ai prise sous ma tutelle. Effrayée par ses propres insectes, superficielle au possible, tu n’étais pas vouée à être ninja. Et pourtant regarde toi. De gratte papier quelques mois, tu es maintenant la Seconde du village. Et trop fière que j’étais de penser t’avoir fait évoluer sur la bonne voie, je n’ai pas remarqué tous ces petits signes qui auraient dû me mettre la puce à l’oreille, ou ne leur ai pas accordé toute l’attention qu’ils méritaient. Mais ton combat récent contre Kihran et cette aspirante ainsi que tes plans vengeurs prévus pour Kusa no Kuni m’ont aidé à y voir plus clair. À me souvenir de tous ces petits sourires en coin quand il s’agissait de venger le village ou de rappeler que Konoha serait maintenant intransigeant. Tu es devenue cruelle, insensible, froide et prête à tout pour le village … Tu es devenue exactement ce que je refusais de te voir devenir. Tu es devenue celle que j’étais.

Sa voix se faisait plus marquée, plus présente, plus empreinte de remontrance.

J’ai pensé à tort que tous ces petits aspects changeraient quand tu gagnerais en maturité, en responsabilité, en compassion. Voilà pourquoi je me suis réjouie de te voir t’épanouir, de te voir à la tête de l’examen Chûnin puis à mes côtés dans la gestion du village, ou même de te voir apprendre l’art de la médecine. Mais je me suis trompée, je m’en rends bien compte maintenant. Ta maturité t’a rendue forte, tes responsabilités t’ont rendue indépendante, et la médecine t’a permis d’innover de nouvelles manières de tuer tes cibles plus efficacement et plus sournoisement.

Index, pouce. Elle hésita à faire craquer son cou également, sentant les tensions s’accumuler dans sa nuque.

Je voulais pour toi que tu ne me suives pas dans cette voie de trop grosses responsabilités et de décisions souvent lourdes sur la conscience. C’est pour cela que le jour de mon départ pour le Shoraizen je ne t’ai rien dit, et que même après j’ai continué à te cacher ce genre de choses. Mais avec le temps et en voyant ton implication je me suis dit que ce serait une bonne chose, un jour, de passer le relais à quelqu’un qui aurait une vision différente de la mienne sans pour autant tomber dans la naïveté maladive d’Onpu ou de Nikkou. Mais tu t’es assombrie, et ce à seulement 22 ans, alors que ta curiosité, ton dynamisme et ta volonté flamboient comme jamais.

Soupirant longuement, l’Aburame conclut son monologue… Enfin. Prononçant ses derniers mots le plus solennellement possible, elle se lança.

J’en suis donc venue à la conclusion que l’une de nous était de trop dans ce village. Moi te freinant et toi agissant derrière mon dos, prête à déclencher une guerre et à détruire tout ce que j’essaie de construire… J’aimerais que tu vides ton bureau le plus rapidement possible.

Son coeur se serrait à mesure que Mizuki parlait, sa voix se brisant à un moment alors que les larmes commençaient à couler sur les joues de celle qui était son élève depuis tant d’années. Elle n’avait pas été tendre avec elle, elle devait l’avouer, mettant l’emphase sur certains points de ses accusations pour que la jeune fille n’arpente jamais certains passages tortueux desquels elle n’en ressortirait pas indemne. Mais aussi poignant et justifiant qu’était son discours, la brune ne restait pas convaincue par les excuses de la jeune femme devant elle.

Encore et toujours ce même discours où tu te rabaisses, te dévalorises. Tu n’es plus une petite fille Mizuki.

L’agrippant par les épaules, elle la tint fermement, l’obligeant à croiser son regard.

Et il est grand temps que tu arrêtes de te voiler la face. Tu es devenue cette femme fière, forte et courageuse. Cette femme prête à tout pour son village. Cette femme puissante et bientôt crainte dans tout le Yuukan. Cette femme qui a su diriger ses hommes pour des intérêts autre que les siens et qui lui ont accordé toute leur confiance. Tu es devenue cette femme et bien plus encore. Car comparée à la femme dont tu parles, tu as toute la vie devant toi pour évoluer normalement, grandir, mûrir et t’épanouir.

Recoiffant une mèche qui pendait lamentablement de la crinière de la jeune Aburame, Miko s’autorisa un petit sourire malgré son cœur brisé. La laissant l’étreindre, elle continua à lui parler, se rappelant au cours des secondes de cette démonstration d’affection toutes ces années à s’occuper d’elle depuis son plus jeune âge.

Reste toi-même, je ne suis pas un modèle et ne le serai jamais. Je t’ai appris à être forte, à ne pas fléchir, à être impitoyable quand il fallait mais tu as toujours su t’ouvrir plus facilement au monde qui t’entourait, tu as toujours su tracer ton propre chemin même si tu ne t’en rendais pas compte. Mais tu n’as jamais su réprimer pour toi tes émotions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Et tant mieux, c’est ce qui te rend plus humaine, plus à même de comprendre tous ces gens qui comptent sur toi, plus à même de protéger cette famille qu’est Konoha. Il est temps pour toi de t’affirmer… Une fois ton bureau vidé… Tu iras vider le mien et t’installer à ma place, toi, Mizuki. En tant qu’Hachidaime Hokage.

Souriant un peu plus à son élève, elle la libéra alors qu’elle se dégageait comme figée par la nouvelle.

Ne t’en fais pas, l’heure de ma retraite n’a pas encore sonné, et aux dernières nouvelles je tiens encore la route niveau santé même si les contrecoups de toutes ces années à combattre commencent à se faire sentir.

Les substances militaires qu’elle consommait, le va et vient de ses insectes, toutes ces heures de sommeil perdues, toute cette douleur aussi bien physique qu’émotionnelle …

Je continuerai à veiller sur toi … en tant que Daimyô du Pays du Feu. Le Conseiller Ueshiyomi s’est avéré étrangement coopératif une fois confronté à toutes les manigances qu’il avait pu commettre au fil des années. Hi no Kuni et ses pays sous tutelle ont besoin plus que jamais de se montrer forts, que l’autorité féodale et l’autorité militaire se montrent unies et que l’une ne domine plus l’autre … Tu feras un travail remarquable, à vrai dire cela fait quelques temps déjà où je ne suis plus qu’une figure devenue obsolète ici. Il est temps pour moi d’arrêter de te freiner et te prouver à quel point j’ai toute confiance en tes talents et capacités… Qu’en dis-tu Mizuki, puis-je compter sur toi ?

La respiration haletante, coupée. Le cœur battant comme jamais. Les yeux écarquillés, regardant droit devant, sans vraiment voir. J’écoutais sans vraiment entendre. J’étais revenue une enfant de douze ans. Plus aucune dignité, plus aucune fierté, plus aucune force. Statique, tout semblait être sombre autour de moi. Seule, dans les ténèbres, face à Miko qui me tenait par les épaules. Durant toutes ces années, je n’ai eu en face de moi qu’un mur infranchissable, une géante incassable. Et aujourd’hui, la première brèche. La première fois qu’elle laissait entrevoir autre chose qu’une indifférence totale. La sensation était indescriptible : un mélange d’émotion, de plaisir, de soulagement, de fierté, de réussite. Mais je restais immobile, écoutant la Nanadaime, sachant que tous ces moments de liberté, d’innocence étaient terminés ; sachant que plus jamais je ne pourrais être cette gamine qui hurle à la vue d’un de ses insectes ; sachant que plus jamais je ne pourrais l’énerver volontairement parce que ça m’amusait de la voir en colère ; sachant que jamais plus je ne pourrais aller la voir en pleurant. J’essayai de lui répondre, mais ma gorge était bien trop serrée pour sortir le moindre son. C’était la fin d’une époque et d’une relation. Je me contentai d’hocher la tête, toujours sonnée par ce qu’il venait de se passer…

***

- OBA-CHAN, ENLEVEZ MOI CA DE LAAAAAAAAA !

Hurlant et courant dans le salon de ma grand-mère, j’essayais tant bien que mal d’enlever une espèce de mite qui s’était accrochée dans mon dos. Assise dans son fauteuil à siroter le thé, Chō Aburame souriait, me regardant me débattre avec ce que j’aurais dû maîtriser. Après quelques secondes de combat dantesque, de batailles titanesques et de techniques incroyables, la mite l’emporta. J’étais à terre, et ma grand-mère se leva lorsqu’on frappa à la porte, tendant la main pour rappeler son insecte en un rien de temps. Se dirigeant vers la porte alors que je reprenais mes esprits, à genoux au sol, elle revint quelques minutes plus tard aux côtés d’une femme aux airs sévères, aux cheveux noirs de jais et à la tête qui donne pas trop envie de rigoler.

- Mizuki, je te présente Miko Aburame. Elle sera ta senseï à partir d’aujourd’hui.

***

J’étais sortie de l’hôpital, seule, toujours déboussolée. Certaines images me revenaient en tête, la nostalgie m’envahissait. Autour de moi, les gens marchant dans la rue, insouciants et heureux. Certains me saluaient, et je ne pus répondre autre chose qu’un sourire que je rendis le plus chaleureux possible. Je n’avais pas envie de retourner chez moi. Je n’avais pas envie de retourner au palais. Je n’avais envie de voir personne, en réalité. Je n’avais envie de rien, pour être honnête. J’errais sans but dans ce grand village qui serait bientôt mien, ressassant tous ces anciens souvenirs d’une époque qui était, au fond, bien plus simple que celle d’aujourd’hui

***

- Et donc en fait, je dois faire sortir des insectes de mon corps ? Sérieusement, ils sont pas bien où ils sont ?
- Fais-le.
- « Gnahgnahgnah Fais-le ». Ok tata !

Et finalement... je ne le fis pas, hurlant dès que trois pauvres insectes noirâtres sortirent de mon bras. Restant assise sur les fesses, je respirais rapidement, maudissant les abrutis ayant inventé le pouvoir des Aburame, et insultant celui qui m'avait fait naître au sein de ce clan. Miko, elle, ne disait rien. Elle me regardait juste, indifférente, comme à son habitude. Sans un mot, elle partit du terrain d’entraînement, m'invitant d'un regard à la suivre jusque chez elle.

- Assis-toi.

Autant d’habitude elle rigole moyen, autant là elle avait l’air carrément dépitée. Oui bah hein, j’y peux rien si j’ai peur. Je suis sûr que des Inuzuka ont peur des chiens, hein. D’une main, elle créa un scalpel de chakra.

- Non attends, j’te jure que j’vais essayer et que je vais finir par ré...

Trop tard, elle avait déjà commencé son abominable besogne. D’un coup sec, elle trancha mon bras. De son autre main gorgée de chakra, elle toucha la césure. Ce ne fut pas très agréable : je sentis des espèces de boules entrer en trombe dans mon organisme. Puis elle referma la blessure.

- Tu n’as étrangement pas peur des coccinelles. Ton organisme va désormais en produire. Fais en sorte de les utiliser à bon escient. Tu peux t’en aller maintenant, on reprendra l’entraînement plus tard.
- Demain ?

Ce jour-là, elle ne me fit qu’un vague sourire. Le lendemain, j’étais au rendez-vous, prête à utiliser mes coccinelles fraîchement acquises pour enfin pouvoir être utile en tant que shinobi. Mais le lendemain, elle ne fut pas là. Miko Aburame avait déserté le village de Konoha. Je suis restée seule de longues journées sur le terrain d’entraînement habituel, espérant qu’elle sortirait de nulle part pour me toiser de ce regard sévère... Mais elle ne vint jamais. Et je finis par ne plus retourner sur ce terrain.

***

J’avais sorti quelques coccinelles de mon organisme, les regardant s’amuser sur mes mains d’un air mélancolique, après être passée devant le fameux terrain d’entraînement. Quelques shinobis s’y entraînaient d’ailleurs, des très jeunes pour la plupart. Peut-être même pas encore diplômés de l’académie. Un des gamins m’aperçut, et me fit de grands signes. Là encore, je répondis avec un sourire que je voulus chaleureux et un petit signe de main avant de tourner les talons et reprendre ma marche vers l’inconnu.

***

Jamais un voyage ne m’avait paru aussi long. J’avais tellement hâte d’arriver sur les lieux que j’en étais devenue insupportable. La nouvelle avait vaguement circulé : Miko n’avait pas réellement déserté, mais était en fait partie en mission secrète au nom de Konoha. Une rumeur qui enfla très vite et qui me valu d'être assignée à la mission finale du démantèlement du Shoraizen par l’Aburame. Satochi menait les troupes, à l’époque, et j’avais été avec lui une gamine que l’on aurait dû priver de desserts.

A Yu no Kuni, j’ignorais ce que j’avais espéré. Discuter avec elle ? Lui demander pourquoi ? En tout cas, la seule chose à laquelle j’avais eu le droit au pays des sources chaudes, c’était un regard, qui n'avait pas changé depuis tout ce temps. Indifférent et austère, alors qu’elle m’avait abandonnée sans aucune raison et m’avait laissée m’apitoyer sur mon sort. Un simple et unique regard, avant qu’elle ne reparte vers l’infini et au-delà pour faire ce qu’elle avait à faire, qui devait être bien plus important que de me parler.

***

Je grimpai la montagne surplombant le village, alors que le soleil commençait à descendre dans l’horizon, teintant le ciel d’une lueur flamboyante. Le vent fit voler mes cheveux, alors que je regardai l’horizon d’un air un peu perdu. Auparavant trônaient trois Hokage sur cette montagne, avant que Natsuki, Soma et moi-même ne les renvoyons outre-tombe sur ordre de Miko. Je m’assis contre une paroi rocheuse, une jambe tendue, l’autre pliée. Ma tête était posée sur mon genou, et j'admirai Konoha qui s’étendait à perte de vue.

***

- J’ai appris que tu t’étais trouvée un travail ? Contente de savoir que tu as enfin su te rendre utile au lieu de continuer tes chouineries dans ton coin.

Elle aura tenu dix secondes avant de commencer son mépris habituel. Mes poings se serrèrent. Je voulais hurler, je voulais la frapper, lui demander pourquoi elle m'avait abandonnée du jour au lendemain, exiger des excuses, des explications. Je me rapprochai un peu plus d’elle, et finalement… Je m’assis à côté d’elle, prenant une bouffée d’air frais. Une discussion banale plus tard, la sentence était tombée.

- Onpu ne reviendra pas à Konoha. Il m’a demandé de prendre sa suite en tant que Hokage.

La fin d’une époque, le début d’une autre. Miko allait prendre le rôle de sa vie. Le rôle pour lequel le monde allait la craindre, la respecter et parfois même l’aduler. L’Aburame hésitait encore à ce moment, mais ses doutes furent rapidement ôtés. Ma première réussite pour ce village, finalement. Convaincre celle qui allait rendre Konoha aussi grand… de le rendre aussi grand.

- J’aurai besoin de quelqu’un en qui je peux avoir un minimum de confiance. Et de préférence quelqu’un qui s’y connait. Une deuxième paire de mains. Une assistante. Un larbin. Appelle ça comme tu voudras.

***

Les larmes recommencèrent à couler sur mes joues, les images ne cessant de défiler. Le mandat de Miko avait été des plus exceptionnels : jamais Konoha n’avait autant rayonné. Jamais la Feuille n’avait été aussi crainte. Malgré les difficultés, malgré les ennemis, malgré tout ce qu’on a pu nous mettre au travers de notre route, Konoha s’est toujours tenue debout, fière, forte. On ne partageait pas toujours les mêmes visions au sein du village, ni les mêmes idées ou les mêmes idéologies, mais Miko a toujours su nous rapprocher et nous unir. C’était dans l’adversité qu’on était les plus forts, et la Nanadaime a su nous insuffler la volonté d’avancer ensemble. Jamais une Hokage n’aura été aussi grande.

Serrant les poings et les dents, tentant de refréner ce vide que je ressentais alors qu’elle n’était même pas encore partie, j’essayais par la même de sécher ces larmes qui ne voulaient pas cesser de couler. Elle ne partait pas loin, elle n’abandonnait personne. Mais je savais au fond de moi que jamais rien ne serait plus pareil.

***

L’examen Chûnin battait son plein, au cœur du village de Suna. Examen que j’avais la chance de pouvoir organiser aux côtés de Kibō grâce à la bonne volonté de Miko et à l’alliance entre nos deux villages. J’étais dans un bar étrange, lors d’une soirée karaoké plutôt malaisante, en compagnie d’un jeune homme dont le regard n’avait rien de vraiment charmeur. Miko venait d’arriver à Kaze, et elle avait décidé que le premier rapport se ferait dans le Heaven’s Night, bar appartenant à la future Daimyo du Vent – Kawaguchi Tsukiko. Plusieurs sujets furent abordés : Kumo et son Raikage hors du commun ; l’examen ; les chances de Konoha ; la nouvelle main de Miko… Puis ce sujet qui allait une nouvelle fois faire prendre une tournure à la relation entre l’Hokage et moi.

- Avec le début de l’examen proche, je me doute que tu dois plutôt appréhender sa réussite … Tout devrait bien se passer et au pire si la chose devait déraper, tu n’aurais qu’à reporter la faute sur la sécurité de Suna. Je suppose que maintenant que tu as abattu ce travail plus que colossal, je vais pouvoir me reposer d’avantage sur toi une fois de retour à Konoha …

***

Le vent se levait. Je me remis debout, les larmes commençant à s’arrêter. A l’horizon, le soleil s’était presque couché, ne laissant qu’une traînée de lumière orangée dans le ciel sombre, comme un symbole du Feu qui vainc les Ténèbres. Dominant tout le village, je l’observai. Prenant une grande respiration, je fermai les yeux, m’imprégnant de l’air frais du crépuscule.

J’étais Hachidaime Hokage.