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| (#) Sujet: Javelot Mer 15 Juin 2016 - 19:17 | |
| En un craquement sourd, la porte cédait et se vit violemment propulsée contre le parquet de la forge.
- BOUYAAA !! Yô'ken ! T'es où ?!
En un éclair, ce dernier sautait à la gorge de Mikami et y pressait ses mains en brûlant ses yeux jaunes du feu ardent qu'il avait dans les siens.
- Enfoiré !! On t'a jamais appris à frapper avant d'entrer et non pas frapper pour entrer ?!! - Mm... mais j'ai... prévu de quoi la réparer... ! Cette fois !!
Réussit finalement à dire le sabreur en se dégageant de son étreinte et lui présentant un sachet plastique contenant la totalité du kit nécessaire à la réparation d'une porte fracturée. Yô'ken le frappait directement au visage en s'exclamant :
- C'est le kit que je garde en prévision de ta venue, abruti !! Tu viens de le prendre sur le comptoir !
Et il lui jetait un deuxième coup de poing, visant le nez cette fois-ci. Mikami le para de son avant-bras, effectuant une prise dont il avait le secret pour d'une rotation de son poignet attraper celui de son advers... camarade, et le lui bloquer. Ce dernier ne démordait pas, multipliant les coups de pieds vers le flan de son genoux et de sa cuisse, y allant le plus souvent avec la pointe pour lui causer davantage de douleur.
- Tu vas me réparer ça tout de suite !!! - Oui ! Mais... non !! Il saisissait le forgeron par le col, approchant son visage du sien... Tu comprends pas !! Je suis super excité ! Chaud comme la braise ! J'suis comme... comme... ! Comme un enfant le soir du réveillon de noël face à une horloge qui s'est bloquée à 23h51 !! - Le réveillon de quoi ? - Référence inter-dimensionnelle, tu peux pas comprendre !! - Excusez-moi... est-ce que tout va bie... - Parfaitement ! - Comme d'habitude VOUS VOYEZ PAS ?!
Les quelques passants qui s'étaient inquiétés détalèrent aussitôt comme une nuée d'oiseaux se sépare à l'arrivée d'une meute de chasseurs - ivres - vidant leurs munitions dans le ciel pour fêter une prise.
- Il... Il m'faut un javelot Yô'ken !! Un putain de javelot ! Lourd ! Long ! Solide !! Un truc capable de résister à un lancer de plusieurs centaines de mètres !! - Commence-par-me-lâcher-alors !!
Mikami s'arrêta net, stoppant les nombreuses et rapides secousses qu'il lui affligeait de ses avant-bras et se rendit compte qu'il l'avait assez soulevé de manière à ce que ses pieds ne touchent plus le sol et ballent d'avant en arrière, décrivant une vague dont l'épicentre se trouvait au niveau du col et de la ferme emprise que le Yorurai y appliquait... et dès lors relâchait.
Tous deux se calmaient, haletaient en se laissant aller contre le sol. Des deux jeunes hommes, c'était sûrement le shinobi qui était le plus éreinté.
- T'as failli me briser le genoux... - C'est que j'ai pas frappé assez fort... Bon... qu'est-ce tu veux ?
Mikami se relevait - ou du moins s'asseyait - appuyant ses avant-bras sur ses genoux, regardant son ami en modérant petit à petit sa respiration. Sans en rajouter, il se mit debout en s'appuyant au comptoir, ramassa la porte et la remis en place. De quelques mudras et d'un mouvement vertical adressé d'une main plate, il interposa une barrière isolant leurs prochaines paroles de l'extérieur. Yô'ken, se relevant à son tour, ne l'avait pas remarqué. De plus en plus familier avec ce savoir-faire, l'amnésique commençait à s'atteler à la réparation de la porte.
- Un javelot, comme je t'ai dit. Il me faut vraiment du solide cette fois... - Un design ? - Non, absolument pas. Pas même ta marque. Il me faut le plus lambda possible, aucune trace de quelque chose qui pourrait reconduire vers toi, moi, ta forge, ou quoi que ce soit. - Ok, à partir de maintenant je commence à avoir des doutes. C'est pourquoi faire ? - Si je te le dis... il tournait un regard malsain vers le forgeron : je serai obligé de te tuer. - Écoute, si tu me tues, je viendrai te hanter toutes les nuits, où que tu sois, peu importe ton âge, peu importe les choix que tu feras dans ta vie... et chaque nuit, je t'harcèlerait de vision cauchemardesque où tu seras pris au piège de visions zoophiles... - Quel genre d'animal ? - Aaaarh stop tout c'est moi qui vais faire des cauchemars !
Souvent tous deux se livraient à un jeu assez particulier : qui serait le plus malsain. Aujourd'hui, Mikami remportait la manche.
- J'ai peut-être un truc pour toi.
Le forgeron disparut dans l'arrière salle. On put l'entendre retourner tout un barda, dans une musique rythmée par les coups de tournevis donnés par le shûkaijin. Il revint avec une barre de fer marquée plus que par le temps, de nombreuses traces de violence avec.
- Pratiquement deux mètres de longs, si on l'aiguise comme il faut elle devrait avoir une bonne pénétration dans l'air. - D'où est-ce que ça vient ? - Je l'ai extraite avec les dents du cou d'une girafe en décomposition.
Sale, point à Yô'ken pour l'effet de surprise. Score de un partout.
- En fait... ça date de l'époque pré-shûkai. Comme j'avais pas beaucoup de fond pour lancer ma forge, je parcourais les champs de bataille pour y récupérer des matériaux pouvant m'être utile... C'est drôle de dire ça mais... ces cimetières à ciel ouvert étaient une véritable mine d'or pour moi. ... Bref. Quoi qu'il en soit, ça venait de la structure d'un bâtiment officiel. C'est du solide, crois-moi. Si c'est encore là, c'est parce que je n'ai pas réussi à en travailler la matière. C'est ce qu'il te faut. Tu devrais pouvoir l'aiguiser avec un kunai chargé d'électricité.
Mikami sonna la fin de sa séance de réparation d'un dernier coup de marteau avant de se retourner vers l'objet que son ami lui tendait. Il l'inspecta un instant, le retournant sous ses diverses coutures, remarquant qu'il avait été nettoyé et notant les traces de sang coagulé dans les micro-fissures. Du côté des horreurs que les shinobi laissaient dans leur sillon, Yô'ken en avait vu des belles ; et cette histoire de champs de bataille était loin d'être la première. Pas étonnant qu'il ne souhaite pas mettre à contribution ses capacités spéciales pour autre chose que la construction de portails, d'ornement, et que les détails qu'ils puissent y insérer soient chargés d'autant d'histoires et d'émotions...
- C'est parfait. - Alors, c'est pourquoi faire ? - Héhé... il lui adressait un grand sourire. Tiens toi à Shozaichi, après-demain dans l'après-midi, et tu comprendras. Ça fait aucun doute. - ... bien. Tu viens boire un verre ? Misaki n'est pas là ce soir. - Décidément, je compte plus le nombre de chassé-croisé qu'on a du faire...
* * * Après une longue nuit à enchaîner les verres et les histoires, Mikami arrivait à la lisière de la forêt faisant front à l'endroit où il s'était installé, la barre de fer sur l'épaule et enroulée dans un drap blanc-cassé. Entre-temps il avait pu l'aiguiser et y creuser deux trous à des emplacements bien précis. Refermant la porte, il le déposa contre le mur de l'entrée et se tournant vers ce qui était maintenu de quatre clous sur le plafond... esquissant un léger sourire en coin qui transcendait fatigue et toutes formes de violence. |
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