Sa première réaction fut de tomber, le cul directement contre le sol. Ses bras ballèrent contre deux jambes de ce fait reposées aléatoirement, les épaules lâches, les yeux tournés vers le haut. Ce fut un instant de contemplation, marqué par le silence dominant de telles altitudes et les allées et venues de sa cage thoracique. Bruyante était sa respiration à l'égard du calme qui régnait perpétuellement ici avant qu'il n'arrive. Un calme tel que le vent semblait porter les complaintes des villages bien loin en contre-bas jusqu'ici, les dispersant dans l'air face à l'indifférence des sommets. Ces piques montagnards qu'il lui semblait pouvoir toucher du bout des doigts, qui chaque jour semblaient chercher à se rapprocher un peu plus du ciel mais qui en vérité s'en éloignaient, pris au piège de l'érosion.

Un, deux, trois, quatre... sept mètres. C'était à peu près la distance séparant le pied à terre du Yorurai du sommet de l'ouverture creusant discrètement le flan de la montagne. Dire qu'agrippé seulement deux mètres plus bas, cette fente creusée directement dans la roche était encore cachée par le porte-à-faux qui la précédait ; ou qui la suivait, selon qu'on se place à l'extérieur ou l'intérieur de la grotte sur laquelle elle ouvrait. Mikami se releva péniblement, s'appuyant longuement sur l'un de ses bras. Debout, il engouffra une main dans une poche attachée à sa ceinture et en sortit un senbon qui tournoyait entre ses doigts alors qu'il s'avançait à l'intérieur de la caverne. Violemment, il l'enfonça profondément dans la roche, y laissant une fente et dégringoler quelques graviers de là où se trouvait dès lors l'infime extrémité d'un métal noir.

* Ici ce sera parfait. *

C'était l'endroit rêvé. Plus de mille mètre au-dessus des altitudes qu'il avait l'habitude de côtoyer, invisible à l'œil nu à moins de s'aventurer au gré des cols périlleux qu'il avait du emprunté et dont il avait suivi les éboulements, au climat assez rude pour avoir éloigné toute vie animale et végétale. L'oxygène était ici bien plus rare et les températures bien en deçà de celles qu'affichaient les derniers villages habités que sa route avait croisé. De plus, la grotte se scindait en deux cavernes. La première était totalement fermée, orientée vers le Nord. Peu humide, fraîche, à se croire dans une cave. C'était bien plus qu'escompté. La seconde se tournait vers le Sud-Ouest. Plus humide que la précédente, un peu moins fraîche aussi. Quelques modifications allaient être nécessaire dans celle-ci...

L'amnésique s'en retourna à l'entrée, là où les rayons du soleil avaient encore la chance de pouvoir pénétrer, puis s'approcha du vide. Il prit une grande inspiration en retraçant du regard le chemin parcouru et le nombre de falaises escaladées avant de pouvoir fouler du pied cet important massif. Même Shozaichi, lointaine, n'avait l'aspect que d'une nouvelle tâche au milieu d'un décor qui n'avait cessé de se mouvoir au fil des millénaires et qui un jour ou l'autre finirait par l'avaler à son tour. Mikami lui tourna le dos, et glissa deux doigts sous son t-shirt pour attraper une feuille de parchemin collée à sa peau. Il la détacha en un profond soupir, se permettant à nouveau d'avoir accès aux forces prodigieuses que lui conférait sa réserve de chakra.

La frontière entre la norme et le surnaturel se fracturait, laissant chacun s'écouler l'un dans l'autre après que le shûkaijin ne retrouve enfin ses pouvoirs au terme d'une escapade menée comme l'un des mortels les plus exposés au risque. Suite à quoi il dégaina la seule arme emportée pour l'expédition... une putain de pelle. Tout de même fatigué, il fit volte-face en direction de la seconde caverne, la plus grande, celle exposée vers le Sud, tout en laissant traîner la partie métallique contre le sol rocheux. Il se dirigea jusqu'au fond, leva le manche en bois, colla son oreille contre la paroi et y frappa deux fois légères de son outil...

* C'est plus fin que ce que je pensais... *

Et ça aussi, c'était parfait. Son chakra s'étendit d'un côté de la pelle comme de l'autre et celle-ci fut subitement recouverte d'électricité. Ainsi, pendant de longues minutes et depuis le ciel, on put observer les lueurs d'un tonnerre grondant au sein d'une montagne, dévoilant les contours de la brèche qui s'y trouvait par de multiples à-coups lumineux et électriques.