Alors que Gekido dormait d’un sommeil de plomb, ce sont des bruits de casseroles se fracassant les unes contre les autres qui réveilla le Kirijin et ces « camarades » de chambre. Comme tous les matins dans la forêt de la brume, les jeunes Kirijins devaient se réveiller avant même que celle-ci ne soit visible, tant il faisait noir. Les cris agressifs du Chûnin étant chargé de la tournée matinale n’avaient plus une réelle signification, cela faisait déjà 4 ans que Gekido se réveillait ainsi, il était habitué à être choqué ainsi au réveil.

Une fois le Chûnin sorti de la chambre, les jeunes Kirijins allumèrent leur bougie de chevet et s’habillèrent silencieusement, leurs visages n’affichaient aucune expression, comme s’ils étaient somnambules. L’un d’eux s’habillait même les yeux fermés, mais malgré cela parvenait à enfiler son uniforme à cause de l’habitude. Une fois habillés et après avoir fait leurs lits, Gekido et les autres formèrent une ligne à l’extérieur de leur chambre de six, se mirent en gardent et attendirent leur supérieur.

Au lieu du chûnin qui avait l’habitude de les diriger, c’était cette fois-ci un homme qu’ils n’avaient jamais vu dans le camp qui marchait en leur direction, portant sur son bras une mallette de cuir foncée. Ce dernier avançaient vers chaque groupe aligné devant leur chambre et leur donnait des colliers, ces derniers avaient une sorte de carte de passage attachée et sur laquelle le nom de chacun était inscrit.

Une fois tous les colliers distribués, l’homme pris parole.

- Bonjour à tous, dit-il. Aujourd’hui nous avons décidé d’annuler votre routine quotidienne pour vous emmener dans les prisons de Kiri. Vous y verrez le fonctionnement du système d’emprisonnement, les interrogatoires… et évidemment les tortures.

Les jeunes kirijins demeuraient silencieux, alors que l’homme les regardaient en attendant de poursuivre.

- Je serais votre guide pour la journée, et vos supérieurs seront également présents, poursuit-il. Vous devez gardez vos colliers en tout temps, nous partons tout de suite et prendront une pause à mi-chemin pour manger.

Les Kirijins partirent donc en route avec le guide en tête, ils avaient l’habitude de s’entrainer à jeun pour plus d’intensité.

La route aura prit au total 2 heures, la prison n’était pas si loin mais la brume était si épaisse ce jour-là que même le groupe, pourtant adapté à ces conditions, eut sa vitesse ralentie. Une fois parvenus au bâtiment à l’allure macabre, Gekido et ses confrères suivirent le guide à l’intérieur sombre, les faibles torches accrochées au plafond étant à peine suffisantes pour éclairer leurs pas.

Le Suzurane préférait cependant cette excursion à son entrainement habituel, comme tous les autres disciples d’ailleurs. Si les shinobis des autres nations avaient une passion pour leur formation, ce n’était pas le cas du groupe de kirijin du camp de la brume, puisqu’ils n’eurent jamais d’autre choix que de se plier au régime militaire dès leur enfance.

Perdu dans ses pensées, Gekido se ressaisit pour voir que son groupe était orienté vers une geôle en particulier, le guide fit un pas en la direction de celle-ci et inséra la clé pour la déverrouiller. Les chûnins changèrent d’expression, eux qui maintenaient une posture droite et une attitude calme avaient maintenant fléchis légèrement les genoux et pris un pas en arrière, les Genins en firent de même.

Le groupe se rapprocha de la grille pour mieux voir ce qui se passait à l’intérieur, les Chûnin firent signent aux plus grands enfants de rester en arrière pour laisser les autres voir. Le guide, voyant que le groupe étaient plus ordonné, ouvrit la porte et s’approcha d’une sombre silhouette qui se tenait dans une position de croix au fond de la geôle. La silhouette s’avérait être un homme d’âge mature, et ce dernier s’exclama avec un grognement qui semblait exprimer la souffrance qu’il a subite. Il avait la tête baissée, il ne bougea pas d’un poil au son du guide qui ouvrait la porte, comme s’il était indifférent à ce qu’il pouvait lui arriver. Le guide s’approcha de l’homme et tendis le bras pour attraper une petite poignée au dessus du bras gauche de ce dernier, puis tira dessus pour ouvrir ce qui était une petite fenêtre.

La geôle s’éclaira et laissa paraitre le corps balafré et pâle du prisonnier, des tâches de sang encore humides pouvaient être vues sur son torse, tandis que ses paumes cloutées était recouvertes de sang coagulé. Ce prisonnier était loin d’être récent, on le croirait mort s’il n’avait pas parlé, son visage était recouvert par de long cheveux bruns, gris, et également tâchés de son jus corporel. Les Genins se crispaient tour à tour en voyant l’état dans lequel se trouvait l’homme, et Gekido était pour la première fois depuis plusieurs années pris d’une sensation de dégout. Il s’imaginait la souffrance de l’homme, et sentait qu’il pouvait presque la ressentir lui-même, contrairement à ses camarades il ne se crispait pas mais se tenait plus droit, comme s’il était motivé par ce portrait abominable, et ouvrait grand les yeux pour comprendre ce qu’il voit et ce qu’il ressent.

Le guide posa le poing de son index sous le menton du prisonnier, et lui releva la tête en laissant libre vue au groupe, comme s’il voulait afficher un trophée de chasse.

Spoiler: