Un point lumineux incandescent se baladait dans l’obscurité naissante. Le mouvement qu’il décrivait était régulier, tel un balancier, hypnotisant. Il émettait un faible signal au travers de l’épais brouillard qui luttait pour mettre fin à l’existence de cette lueur. Elle survivait tant bien que mal, attisée par le souffle de son propriétaire qui se trouvait au bout de la cigarette. Une volute de tabac se dissipa parmi la brume épaisse. Un recoin moins envahi par la purée de pois laissa apparaître le Fossoyeur qui continuait sa marche silencieuse au clair de lune.

Mains dans les poches, les sens en alerte, il progressait vers sa destination en savourant une de ses rares clopes qu’il s’accordait pendant ces moments de temps libre. Il avait justement profité de cette nuit d’accalmie pour se rendre sur son lieu de recueillement favori. Les arbres laissèrent place à une vaste place dégagée jonché de débris. Il marcha comme s’il connaissait par cœur le chemin menant à cet angle de bâtiment en ruine où il s’asseyait presque toutes les nuits pour observer les restes du village. Son séant se positionna sur le grès abîmé par le temps et un nouveau soupir emporta la vapeur de nicotine sous son nez. La Lune crachait sa lumière blafarde sur les lieux. Elle avait peine à se maintenir avec les nuages qui défilaient plus haut. Mais ses rares épisodes permettaient à la scène de rester suffisamment éclairée. Non pas que le nécromancien avait besoin de lumière pour savoir ce qui se tramait autour, ses dons s’en chargeaient à sa place. Mais il préférait avoir une image bien gravée dans la rétine.

Cette pratique quotidienne pouvait passer pour une manœuvre masochiste qui ne faisait qu’accentuer le malheur de l’ex-Kirijin. Mais cela faisait bien longtemps qu’il ne souffrait plus de la destruction de son village. Ce sentiment avait été remplacé par une volonté inébranlable. Malgré les épreuves passées, elle tenait encore et il espérait qu’elle le guiderait encore longtemps. Il en avait besoin pour supporter tout cela. Le Shûkai, les responsabilités, les ordres, les politiques. Autant de variables qui jonglaient avec ses humeurs diurnes mais qui ne l’écartaient jamais de la voie. C’était aussi à cela que lui servait ces escapades nocturnes. A la fois se détendre et se ressourcer pour ne pas oublier pourquoi il faisait tout ça une fois le jour levé. La cendre brûlante éclaira une part de son visage pour venir se refléter dans le verre de ses lunettes. Puis le noir se fit. La cigarette tomba au sol, inerte et éteinte.

Un bruit sourd tira le nécromancien de sa rêverie. Il avait ressenti des présences dans cette même direction. Plusieurs âmes. Jusque-là mineures et inoffensives, il avait préféré ne pas y faire attention. Mais ses talents l’alertèrent d’une chose qu’il ne connaissait que trop bien. La dépouille fraîche d’un corps laissé à l’abandon dans ce monde. Son esprit devait déjà se rendre dans l’au-delà alors que le Shinda accourut sur la position où il découvrit un petit groupe de truands. Va savoir ce qui les avait poussé à se déchirer et à venir à supprimer un des leurs. Mais ils feraient parfaitement les affaires de Michiki qui arborait déjà un sourire carnassier.

Le travail rondement mené, il prit place au sol, entouré par les corps des vulgaires bandits qui s’étaient sûrement retrouvés ici pour un autre deal un peu louche. Leurs dépouilles gisaient aux alentours du Gouverneur qui profita d’être assis par terre pour rallumer une nouvelle cigarette. Après l’effort, le réconfort. C’était en tout cas ce qu’il pensait jusqu’à ce qu’une nouvelle présence ne s’invite dans ce lieu où s’était de nouveau muré un silence de plomb. Savourant sa latte, il s’adressa néanmoins à son nouvel invité :

- Me dites pas que vous étiez un de leurs amis.. J’ai pas envie de me lever pour recommencer ça…dit-il en désignant d’un doigt nonchalant le tas de carcasses.

Que ce passe-t-il quand un super méchant est engagé pour taper sur du super méchant ? Et bien je vais vous le dire moi. Du bottage de fion de la mucha qualité. Et ouais messieurs dames, c’était d’ailleurs pour cette raison que le super méchant en lycra rouge avançait en courant vers sa destination. C’était la toute première fois qu’il se rendait dans ce territoire shinobis, enfin, anciennement shinobis. Il paraissait qu’un super méchant encore plus méchant était venu pour détruire la capitale de l’eau et tout ses occupants. Triste hein ? Maintenant, il ne restait rien d’autres que des ruines, même s’il devait encore y avoir de la flore et de la faune, voir quelques mecs. Bah quoi ? Vous regardez pas les infos ? La faune qui survit à Tchernobyl. Bande d’inculte. Là, c’était pareil, sauf que visiblement, une belle bande de branque de truands impies avaient tous élus domicile au sein de l’archipel de Mizu no kuni. Il fallait donc quelqu’un pour les déloger et leur faire payer leurs crimes commis. Cette personne, c’était bibi, ou plutôt le célèbre et sournois Yadokai, le pourfendeur de c** de tête. C’était donc avec cet objectif clairement dans l’esprit que vint alors Yadokai, sabres dans le dos, en direction des brigands. Comment pouvait-il connaître la position des brigands alors que lui n’était qu’un simple samurai ? Car eux ont développés une autre sorte de sensorialité. L’aura.

Mais alors que notre ombre rouge arrivait dans cette petite clairière éclairée uniquement par la lumière blanche de la lune, il vit sans stupeur un amoncèlement de cadavre étrangement vêtu comme les gens qu’il recherchait. Comment avaient-ils pu mourir seuls ? Bien entendu, seul n’était pas le terme adéquat, car assis sur le sol, se trouvait un homme à l’étrange apparence. Qui mettait encore des lunettes violettes de nos jours ? Cet homme à chemise blanche et aux semi-longs cheveux brun, avec une cigarette à la bouche. Immédiatement, Yadokai tentait de sentir cet homme, et une puissante aura émanait de lui. Son interlocuteur n’était visiblement pas n’importe qui, il devait avoir une puissance égale au samurai, peut-être un peu plus, peut-être un peu moins. L’homme avait planté son regard dans celui du samurai de rouge vêtu avant de lui adresser des mots quelques peu menaçants. Il espérait que ces cadavres n’étaient en rien ses amis, car il n’avait guère envie de se redresser pour tout recommencer. Et par là il entendait qu’il ne voulait pas tuer à nouveau. Comment prendre cette remarque ? Plusieurs solutions. La première, une menace, en gros, il était certain qu’il réussirait facilement à tuer Yadokai, laissant alors au samurai le bénéfice de lui planter son sabre dans le conduit. La deuxième était qu’il était sérieux, et qu’il ne voulait vraiment pas se battre de nouveau. Humm, délicat choix.

« Nan ! Nan ! Nan ! J’étais censé traquer ces trucs là ! Comment je fais moi si on me mâche le travail ? C’est foutu ! Foutu ! Foutu ! Foutu ! Foutu ! Je vais pas ramener des cadavres en prétextant que le travail est fait. Nooooon ! Dit-il en remuant rapidement ses deux poings et en utilisant une voix un peu plus aigu. T’es qui toi déjà ? »

L’habitude du ronin était de beaucoup bouger, de gesticuler tout en parlant, surtout lors d’un coup de gueule. Ici, à cet instant, s’en était un, un bon coup de gueule. Il n’aimait guère le travail mal fait, il voulait donc l’effectuer lui même de A à Z lorsqu’on en lui donnait un. Malheureusement, ce binoclard violet s’était chargé de ses cibles avant lui et avait tout salopé le travail en plus, une vrai boucherie, aucun art ni aucun plaisir de tuer dans ces cas-là. Prenant une pose très masculine, il avait ses poings fermés, les phalanges sur chaque côté de la taille avec les bras bien écartés et le buste légèrement penché. Il avait aussi le pied gauche qui sautillait tout en frappant du sol. Vous savez, comme une mère qui engueule son enfant.

L’énergumène qui s’était présentée était pour le moins…atypique. Une tenue tape-à-l’œil aussi rouge que noir, de quoi faire pâlir Stendhal. Un sabre à portée de main. D’où l’interrogation du Shinda quant à la potentielle nature belliqueuse de son interlocuteur. Non pas que porter une arme signifiait forcément être violent. Mais disons qu’on était plus susceptible de l’être.

Le regard capta les deux fentes blanches qui devaient servir au bretteur à voir. Difficile à envisager cela dit. Était-ce ses yeux ou bien un tissu dressé devant ses yeux ? Pas facile à deviner à cette distance. Il avait un accoutrement vraiment particulier. Michiki voyait mal comment il pouvait se mouvoir et évoluer convenablement avec une telle tenue. Sûrement une question d’habitude. Toujours est-il qu’il savait faire des entrées remarquées. Aussi bien par sa tenue vestimentaire que par sa tenue corporelle.

Il constata le massacre et se lamenta de l’état de ces malheureux. Il n’était pas lié à eux dans le sens où il était un de leurs alliés. Il était celui chargé de les traquer. Pour le coup en effet, Michiki lui avait épargné la sale besogne. Un service qu’il avait rendu sans même le réaliser. Entre ce bonhomme et la Natsumi, le Shinda commençait à devenir le bon samaritain. Il s’inquiéterait presque lui-même.

Mais après quelques brèves lamentations sur son contrat, l’homme s’enquit de savoir qui était celui qui lui avait ôté le pain de la bouche. Sa posture était assez extravagante, comme le reste du personnage, et lui conférait l’air d’une maman en colère plutôt que de celle d’un shinobi traqueur. Le contraste était à la fois saisissant et amusant. Au moins le Shinda ne devrait pas se justifier ou le combattre. Du moins pas pour le moment. Peut-être exprimerait-il sa frustration de manière plus agressive d’ici les prochaines secondes. Le Fossoyeur se tenait donc sur ses gardes, privilégiant la parole dans un premier temps en répondant à l’interrogation du monsieur tout rouge :

- Je me nomme Shinda Michiki. Et vous ?

Il désigna alors machinalement les cadavres l’entourant d’un geste de main circulaire où se tenait figé sa cigarette :

- Je vous prie de croire mes plus sincères excuses quant à ce malentendu. Je supporte mal les querelles intestines sur ces terres. Votre employeur les voulait vraiment vivants ?! Ils sont bien plus agréables dans cet état je trouve.

Cet homme était peut-être au courant de la situation de l’archipel ou même de l’identité du Shinda et son rôle confié par le Shûkai. Ce qui devrait le mettre sur la voie. Sans quoi il allait encore demander des précisions auxquelles Michiki préférait répondre plutôt que de se battre.

Notre homme boudait ! Oui notre homme avait le trentaine, mais il boudait. Comme quoi la maturité vient à tout âge.. Ou pas. M’enfin, il était contrarié que ses cibles ne se soient volatilisées dans un premier temps avant qu’il ne les retrouve totalement dénuées de vie dans un second temps. Ils avaient été tués par cet homme en chemise blanche qui se trouvait devant lui. Une apparence étrange, surtout ces lunettes violettes. Mais qui était-il lui, le Calciné pour pouvoir juger sur l’apparence ? Cependant, cet interlocuteur avait au moins l’amabilité d’être courtois, polis, et Dieu seul sait à quel point Yadokai aimait ça. Il se présentait, tout en le vouvoyant, comme était Michiki de prénom et Shinda comme nom de famille. Shinda Michiki, inconnu au bataillon. Pourtant, le Père Noel se mit à chercher, se mettant droit comme un « i », les yeux vers le ciel avec deux doigts en V en-dessous du menton, l’air pensif. Mais non, rien à faire, il ne connaissait cet homme ni d’Eve ni d’Adam. « Bon, au moins, tu es poli mon mignon. J’aime beauuuuucoup les gens poli. Tu aimes les licornes ? »

Dit-il sans aucune pression alors que le Shinda reprenait de plus belle qu’il était désolé que les cibles de son interlocuteur aient été ainsi malmenées par sa propre personne. Cependant, il agissait pour garder un semblant de sécurité sur ces terres, ce qui était en soit quelque chose de noble. Une bonne chose ? Bonne question, et il en avait strictement rien à foutre, c’était ses oignons. * Hey ! J’ai une question existentielle à toi qui es en train de lire mon con. Comment on écrit le légume de merde qui fait pleurer tout le monde quand tu lui pèle le cul ? Oinion ? Oignon ? Ognon ? Ooooh pardon chéri je me disperse, revenons à notre histoire * Laissant ce dénommé Michiki continué de parler, il se mit à avancer lentement, les épaules tombant, comme s’il était déçu. Il s’avançait vers un corps avant de le soulever avec légèreté, jusqu’à ce que celui-ci ne décolle du sol. Il mit le visage du cadavre proche du sien avant de lâcher un « Non, pas lui » et de l’éjecter avec nonchalance sur le côté, le laissant s’écraser sur le sol. Il réitéra cette action avec un autre corps. « Pas lui non plus » Puis encore avec un autre. « Aaaah te voilà pétrichou ! » Dit-il avant de le laisse retomber juste devant lui, allonger proprement sur le sol. Sortant une seule arme de son fourreau, l’attrapant avec la main droite, il se mit à prendre de l’élan avant de la lancer sur la gorge du cadavre. « Nooon attends stop ! Je ne me suis pas présenté. Moi mon chou, c’est Yadokai. Mais tu peux m’appeler Yado, j’aime bien. Ou Kai. Ou Père Noel. Ou Papa. » Dit-il avant de finalement abattre une première fois le sabre sur la gorge de l’homme qui ne se trancha qu’à moitié. Le sabre s’étant partiellement planté dans le sol, il manqua de découper sa cible d’un seul coup. Levant de nouveau son sabre, il le regarda avec dégout. Regardant le Shinda. « Oh putain, j’ai tué un ver de terre ! ». Puis il mit un second coup, tranchant nette la tête de son homme.

« Dit moi Michou, que fais tu sur ces terres à part voler le travail d’honnêtes braves hommes ? Femmes ? Gens ? » Finit-il alors qu’il mettait la tête de sa cible principale dans le manteau de ce même mec, réquisitionné pour service de sac, afin de ne pas salir sa tunique rouge avec du sang.. rouge. Oui et alors ? Il est tatillon !

L’énergumène en question était décidément bien étrange. Son comportement quasi enfantin dénotait avec le côté « dramatique » de la présence de cadavres. Michiki gardait un œil sur lui alors qu’il continuait ses gesticulations et vociférations. Ce qui était encore plus bizarre, c’était le niveau de l’homme en question qui semblait être au moins aussi puissant que le Shinda. Pourtant il possédait un quelque chose que le Fossoyeur n’avait jamais vu chez un autre shinobi, il n’aurait su dire quoi cependant.

Il s’était maintenant approché des corps inanimés pour les ausculter minutieusement. Il regardait le visage de chacun et semblait en chercher un en particulier. Après trois tentatives, il finti par dégoter celui qu’il cherchait. Il saisit alors un de ses sabres avant d’interrompre son geste pour enfin se présenter au Gouverneur. Yadokai. Un nom qui ne lui disait rien. Au moins il ne s’agissait pas d’une célébrité même s’il en avait toutes les attitudes de fausse princesse. L’arme décrivit un brusque mouvement rectiligne pour venir trancher la tête du malheureux qu’il tenait à bout de bras. Mais il loupa son coup pour n’en taillader qu’une moitié. La lame s’était fichée dans le sol et c’est en la retirant que le bonhomme rouge s’indigna lui-même de son odieux acte de barbarie envers un ver de terre qui passait par là. Il était rare que quelqu’un s’offusque pour un tel meurtre. Ce n’étaient pas des animaux particulièrement appréciés. Certains même semblaient en avoir une phobie. Comme beaucoup d’autres phobies, il était difficile d’en comprendre la raison. Un animal aussi insignifiant, qu’avait-il d’effrayant ? Un mystère de plus de ce monde. Michiki avait autrefois rencontré une personne souffrant de ce mal : Bakuyaka.

Toujours est-il qu’après s’être inquiété de l’état du nuisible, il acheva son œuvre pour emballer son précieux colis dans la veste du cadavre sans tête. En même temps qu’il s’attelait à son rangement, il prit la peine de questionner un peu plus le Shinda sur sa présence ici. Le regard azuré derrière les lunettes ne quittaient pas les fentes blanches du masque de son interlocuteur avant de se décider à répondre avec la plus grande honnêteté :

- Je suis ici en mission pour le Shûkai. J’ai pour priorité d’exterminer les misérables qui nuisent ici afin de réaliser un rêve…d’enfant ? ironisa-t-il. Et vous quel bon vent vous amène sur l’archipel ? Pas que ces bougres j’espère. A moins que vous ne soyez un de ses véritables chasseurs de prime qui manquent tant dans ce monde ! Pardonnez ma curiosité c’est juste qu’en comparaison, vous en savez déjà plus sur moi en quelques minutes que je n’en sais sur vous.

« L’argent Michou ! L’argent bien sûr ! D’ailleurs si tu me payes, je veux bien me débarrasser de cette vermine à ta place. Je te ferais un prix mon chou. » Dit-il tout en ressentant une présence grandissante qui approchait dangereusement. Mais il n’en laissa rien paraître au shinobis en face de lui. Trois possibilités. La première était que ce Michiki n’était pas tout seul et son compagnon et lui allaient se débarrasser de Yadokai. La deuxième était qu’il s’agissait encore de ces enfoirés de Tetsu. La troisième ? Wolverine en collant orange avec un beau moule burnes ! « Je suis un mercenaire, je me vends au plus offrant. Pour touuuuuuutes les situations, même les dégorges poireaux ! Oui ca m’arrive ! » Dit-il, plaisantant une nouvelle fois en attendant que les différentes aura qu’il ressentaient n’arrivent. Un premier mouvement obligeait alors le super-méchant à réagir. Prenant sa lame en main, il vit le visage de Michiki devenir sombre. Devait-il l’attaquer lui ou attendre l’attaque de ces sacs à merde ?

Un simple mouvement en arrière pour éviter la lame venant essayer de trancher la tête de Yadokai. Une épée lancée à une main. Il connaissait ce style de combat, et il ne s’agissait pas d’un shinobis, mais bien d’un samurai. Contre-attaquant d’une main également, il trancha net le bras de l’arrivant qui se mit à hurler de douleur. « Ouuuuuu, du sang sur des vêtements blancs.. Difficile à faire partir au lavage ça ! » Dit-il en constatent que la personne à qui il venait de trancher le bras était tout de blanc vêtu. Peu de temps après, une bonne trentaines d’hommes et de fesses entièrement vêtu de blanc entourant Yadokai et Michiki menaçaient de leurs sabres. « Attendez Dit-il en mettant ses deux mains en avant, dans une position de jambe très fécale. Cet homme n’a rien à voir dans notre comb… Dit-il avant de se faire violemment couper par un des généraux. C’était une femme, il ne la connaissait pas, mais elle portait l’uniforme blanc des généraux Ôda. Il mourra de toute manière, avec toi ! » Déclarait-elle alors avant de sortir sa propre arme, une lance, et de la brandir en l’air, signe pour tous les soldats d’attaquer. Ce qu’ils firent..

« Ce n’est pas poli de couper la parole aux autres.. Dit-il en se saisissant d’un de ses katanas avec une voix très aigue. Et je n’aime pas les malpolis. Désolé Michou. » Conclua-t-il avant de partir au combat. Sans attendre, le moule burnes rouge et noir se lançait sur l’adversaire. Il s’agissait là de chasseurs du clan Ôda. Tout comme le reste des clans de samurai de Tetsu, ils chassaient Yadokai pour ses crimes. Il n’y avait que le clan Sanada qui n’essayait pas de le tuer et qui voyait en lui un allié potentiel malgré le fait que lui ne voulait absolument se mêler des affaires de Tetsu.

Malheureusement, Michiki se faisait également attaquer..

Le Fossoyeur avait donc affaire à un pur mercenaire dans toute sa splendeur dont la simple obsession de l’argent devait en faire un guerrier redoutable. Son niveau d’énergie particulière pouvait en attester. Michiki n’avait jamais ressenti ça avant. Il n’était certes pas senseur depuis très longtemps mais il n’avait pas souvenir d’un tel sentiment. Il y avait bien une forme de puissance semblant sommeiller en cet homme comme tout shinobi avait en lui et se manifestait sous la forme de chakra. Mais dans le cas de ce monsieur tout rutilant, il semblait qu’il s’agissait d’autre chose.

Mais il n’eut pas le temps d’éclaircir cette question puisque d’autres sources d’énergie similaires convergeaient vers le duo. Fixant sombrement son interlocuteur, Michiki comprenait enfin pour quel dessein ce vaurien se trouvait là : il avait gagné du temps en attendant l’arrivée de ses petits compagnons. Un mouvement rapide fit frémir le Shinda qui ne s’était pas préparé à ça, l’ouverture de ses sens débuta à partir de cet instant. Une autre erreur dans ce goût-là et c’en était fini du Fossoyeur et de tous ses rêves de grandeur. Sautant en arrière, il prit le recul nécessaire pour observer la scène.

Un homme vêtu de blanc termina avec le bras tranché par les soins de Yadokai. Puis ce fut une ribambelle d’autres petits bonhommes habillés en blanc qui les encerclèrent. Ils déclarèrent alors ostensiblement leur volonté d’éradiquer la présence du duo qui s’était retrouvé là par hasard. Michiki pouvait remercier son invité surprise pour ça. Pestant dans sa barbe, son chakra s’agitait déjà sous le coup de la colère. Il fit pivoter son regard pour mieux appréhender tous les angles avant de regarder à nouveau devant lui, accrochant alors le regard du bonhomme rouge.

- On va se marrer…soupira-t-il.

Puis il lança l’assaut sans attendre. Une vive secousse sismique ébranla alors le terrain pour le fracturer en plusieurs endroits. Une véritable marée de roches se disloqua pour s’amonceler sur la position du nécromancien qui s’éleva alors sur un monticule de terre compactée. L’édifice ainsi formé prit la forme d’un golem imposant dont la silhouette jeta son ombre sur les protagonistes. La création terrestre poussa alors un beuglement grossier étouffé par les gravas alors que son bras s’abattit sur deux malheureux passant par là. Ils avaient été parmi les premiers à lancer l’assaut et les premiers à mourir. Le géant se mit à balancer ses bras un peu dans tous les sens pour atteindre le plus de cibles. Laissant donc cette force de la nature se déchaîner, Michiki sauta de son estrade improvisée pour rejoindre le combat en personne. Il atterrit d’une lame dans le crâne d’un garde pris par surprise. Le corps s’écroula au sol alors que le Shinda le réinvoquait déjà pour l’envoyer dans le tas.

Une main sur l’épaule équipa le macchabée d’un parchemin explosif qui fit beaucoup de dégâts et de victimes. Mais les adversaires continuaient d’affluer. Combattant vaillamment, Michiki croisa même Yadokai aux prises avec deux hommes. Il lui jeta alors :

- Encore merci pour la surprise je savais pas que tu attendais des amis !

La lame vint le désarçonner alors qu’un blanc-bec lui était arrivé dessus par surprise. Une estafilade sur le bras, Michiki pouvait s’estimer heureux de s’en sortir avec ça. L’arme avait l’air tranchante et le maniement de ces gars était surprenant. Ce qui fit tilter le Fossoyeur un peu plus tard :

- Des samouraïs…grommela-t-il.

Définitivement merci Yado !

« Wowoooooo, j’aime quand ça se passe comme ça bordel ! »

Le bonhomme en rouge avait actuellement un blanc vêtu au bout de son sabre alors qu’il avait tourné la tête en direction de Michiki. Après avoir entendu un grand tremblement de terre suivit par des grommèlements sourds et lourds, il s’était rendu compte que la terre elle-même bougeait, de déchirait et grâce à cette magie que les shinobis appellent le « chakra », la terre prit une forme de grand géant de terre, entièrement marron, avec une tête, un corps, des jambes, mais surtout, des bras lourds qu’il abattait avec hargne sur les adversaires de blanc vêtu. La création de terre écrasait des Tokugawa, les faisait valser dans les corps, les déchiquetait, et tout ça dans la joie et la bonne humeur. Pendant toute sa vie, Yadokai avait croisé et affronté bon nombres de shinobis, avec des potentiels plus ou moins différents, mais c’était bien la première fois qu’il voyait une telle création, à la fois lourde et rapide, avec des coups dévastateurs et un style d’enfer !

Mais le plus à craindre, était qu’en invoquant cette immense créature, le Shinda ne semblait pas vraiment affecté par cette dépense lourde en chakra. Et en plus, il allait au combat de lui même. Descendant avec classe du géant de pierre, il retombait pile sur la boite crânienne d’un Tokugawa qui mourut sur le coup. Comment en être certain ? Le Ronin avait vu son âme quitter son corps. Se concentrant sur son adversaire du jour, il le fit retomber lourdement sur le sol avant d’effectuer un tourné sur lui-même, tranchant par la même occasion d’un coupe nette et précise la tête et le sabre d’un blanc vêtu passant par là. Un regard vers Michiki avant de se reconcent… Quoi ? Tournant rapidement sa tête de nouveau vers l’homme vêtu d’une chemise blanche. L’homme qu’il venait d’abattre d’une lame dans la boite crânienne se trouvait debout à ses côtés, en train de combattre les siens. Il avait une étrange expression du visage, comme si celui-ci n’était plus que l’ombre de lui même. De la nécromancie ?

« Oh le fils de pu.. ! »

Il se fit malheureusement plaquer au sol par un homme un peu plus massif que les autres et répondant au nom de « La Bête ». Il n’était pas extrêmement fort, mais assez pour hériter d’un surnom au sein de la famille Tokugawa. Cet homme avait la particularité d’avoir la peau impénétrable et de combattre à mains nues, par la seule force de ses bras. Mais Yadokai, sentant un réel potentiel dans cette bataille, décidait d’en finir avec cette querelle vaine et stupide. Il avait trouvé un allié de choix. Il avait démontré suffisamment de puissance pour rallier YAdokai à son camp. Il fallait désormais que les rôles s’inversent. Le rouge devait montrer sa puissance. Se concentrant, même face à la bête, il fit un saut en l’air, se propulsant à une grande vitesse, aider par l’explosion de son aura avant d’atteidre une bonne vingtaine de mètres de hateur. En redescendant, sabre en avant, une immense lumière blanche se formait autour du Ronin, prenant la forme d’un grand dragon blanc.

« SEIRYUUUU »

Au contact du sol, une immense explosion se fit sentir dont l’aura balayait absolument tous les Tokugawa. Yadokai avait frappé fort, extrêmement fort. La puissance dévastatrice de l’aura avait pulvérisé les soldats près de lui et balayé tous les autres. Sur la quarantaine de soldats encore debout, très peu furent en état de marcher, de prendre la fuite, en hurlant de douleur, en injuriant et en promettant de revenir. Même le Golem de pierre de Michiki avait morflé en protégeant son utilisateur. Dans ce champ de cadavre, Yadokai rangea son sabre dans son fourreau avant de s’approcher de Michiki. Avec une voix dépassant les habituelles boutades et conneries en tout genre, il prononça ces mots, qui marqueraient un tournant futur.

« Ta puissance m’impressionne Michiki. Allions nous. Offre moi ta protection contre shinobis et les familles de Tetsu. En échange, je te protégerai, je t’obéirai, et je tuerai quiconque sera en travers de ta route. »

Les petits amis de Yadokai étaient obstinés et cherchaient clairement à mettre fin aux jours du duo. Pourtant pour une fois, Michiki n’avait rien fait pour mériter ça. Il ignorait parfaitement ce que le Rougeoyant avait fait pour se coltiner un tel fanclub mais ça ne devait pas être du joli. En même temps il semblait avoir un caractère bien particulier. Du genre qui ne s’attire pas que des amis. Voir très rarement. Voir jamais. Connaissait-il seulement le terme d’allié ?

Brièvement pendant cet instant, les deux hommes aux prises avec l’équipe blanche pouvaient s’estimer alliés dans leur malheur. Se battant comme des lions chacun de leur côté, ils se croisaient par moment dans la bataille par le regard ou même par un coup donné à portée de l’autre. Les cadavres s’enchaînaient et s’amoncelaient à leurs pieds, renouvelant ainsi la main d’œuvre du nécromancien qui n’hésitait pas à se servir de cet avantage de terrain. Le niveau des adversaires restait correct et puis ils avaient tout de même l’avantage du nombre. Mais ça c’était juste avant que Yadokai n’intervienne vraiment.

Aux prises avec un robuste gaillard, il parvint à s’en dépêtrer pour finalement sauter dans les airs. Il poussa un hurlement avant de s’abattre au sol et de balayer toute cette joyeuse assemblée comme un jeu de quilles. L’impulsion avait beau être forte elle n’était pourtant pas venu à bout du Shinda. Ils avaient fait face à plusieurs de ces gars-là et ils étaient toujours debout. La différence de niveau était donc claire et c’est ce qui devait expliquer que l’attaque du samouraï pourpre n’avait pas affecté le Fossoyeur plus que ça. Se faisant maintenant face, la tension restait palpable. Michiki ignorait encore ce qui avait amené ces hommes blancs à s’en prendre à lui également. Si Yadokai était derrière tout ça, il était lui aussi un ennemi à abattre.

Un scalpel à la main, il ne lâchait pas du regard l’énergumène qui le regardait également derrière son masque aux yeux aussi blancs que les tenues de ses petits copains. Puis il se passa quelque chose d’étrange. La voix jusque-là guillerette et presque énervante de Yado s’était transformée pour donner quelque chose de plus solennel et plus sérieux. Ses mots aussi furent empreints d’une certaine maturité. Il proposait un marché au Shinda. En l’échange d’une protection contre ce qui s’avérait être des sous-fifres de Tetsu, Yadokai servirait ses intérêts loyalement. Une proposition alléchante lorsqu’on voyait le niveau du samouraï. Car cela ne faisait plus aucun doute. Traqué par des hommes originaires de Tetsu no kuni, reconnaissable par une importante quantité d’énergie différente du chakra. Cet homme était en fait utilisateur de l’Aura, l’énergie des samouraïs. Son aide pourrait être apprécié dans les plans du Shinda. Les samouraïs avaient leur avantage et pouvaient offrir un effet de surprise pour leurs adversaires. Yadokai devenait donc un allié de choix. Et il ne semblait pas contre l’idée de servir aveuglément un homme comme le Shinda. Chose rare par les temps qui courent ! Rallumant alors une cigarette, Michiki tira une bouffée de tabac qu’il souffla par la suite :

- Tu es quelqu’un d’étonnant Yadokai. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’on ne s’ennuie pas à tes côtés. Et j’ai le même problème à vrai dire. Une alliance est donc propice à un joyeux bordel…Mais c’est ce qui m’attend dans tous les cas et un guerrier de ton niveau ne me ferait pas de mal.

Otant la main de sa cigarette, il la tendit vers l’homme rougeoyant, un sourire aux lèvres :

- Alors bienvenue sur les terres de ce qui sera bientôt ta future patrie : Kiri !