Alors que j’avais retiré cette fameuse coiffe de ma tête et que la cape s’affalait sur le sol, je me sentais subitement plus léger. J’avais un poids en moins sur les épaules, mais mon cœur demeurait lourd. Je savais que j’avais pris la bonne décision, et pourtant…
En une semaine à peine, j’avais tout perdu. Saibogu Oniri, pour qui j’étais allé jusqu’à sacrifier un bras et qui ne me faisait pourtant toujours pas confiance. Ketsueki Yami, kidnappée par le Nidaime Kazekage. Suna, ravagée et en ruine. Et à présent mon titre, ma réputation et mon futur.
Etrangement, le dernier point était le moins douloureux. Un homme aux milles poignards plantés dans le thorax et qui ne cesse de s’en ajouter d’autres au fur et à mesure. Je n’avais plus d’avenir. Je venais de tout plaquer pour Yami, alors que ses sentiments à elle s’étaient amoindris suite à son changement de cœur. Alors qu’elle avait refusé ma demande en mariage. Mais c’était bien mes sentiments qui posaient problème. Comme toujours. Ne rien faire me tuerait davantage que d’agir en me tuant volontairement. Le résultat est pourtant le même. Triste paradoxe.
Au moins, alors qu’ils liront mes adieux un peu plus tard dans la journée, dans le village, je ferais de mon existence une dernière bonne action : j’innocenterais Saibogu Oniri. Après tout, elle avait porté le poids de son deuil suffisamment longtemps. Et même si je n’avais pas appuyé sur la détente, dire que j’avais tué Zanshi ne passerait pas pour un mensonge même pour le plus expérimenté des senseurs. Car finalement, si elle était morte, c’est parce que je n’avais su l’aider. Lorsque j’avais appris pour l’esprit influençant encore une fois son corps, nous nous étions disputés et j’avais fui. Bien que ses mots furent des plus rudes, j’aurais dû insister. J’aurais pu l’aider, la sauver. Si elle n’était plus, ça n’était pas de la faute d’Oniri, mais bien de la mienne. J’ai tué Habashi Zanshi, la femme qui était mon soleil. Je n’étais plus qu’un Yamada sans son astre…
Mais j’en avais trouvé un autre, brillant tout autant que le premier. Un second soleil. Mon remède et mon poison, ma maladie et ma santé. Ketsueki Yami… La source de mes bonheurs et de mes malheurs. Elle, je ne l’abandonnerais pas comme j’ai pu le faire avec Zanshi. Elle, je la sauverais. J’ai tout sacrifié pour elle, ne me reste que ma vie que je lui offrirais volontiers.
Mais avant tout, je devais m’entretenir avec deux personnes particulières. Bien que ce soit dur, ils doivent l'apprendre de moi, et non par quelqu’un d’autre.
« Je vais devoir quitter Suna… Et je serais donc traité comme un criminel… » « … Quel est son nom ? » « Maman ? » « Tu ne quitterais jamais les tiens pour toi, donc c’est pour quelqu’un d’autre. Qui est-ce ? » « Ketsueki Yami… » « Surtout ne t’inquiète pas, tu resteras notre fils quoiqu’il arrive... Fonce et ne te retourne surtout pas. » « … Merci. »
Nul besoin d’explication. Les parents ont toujours su comprendre leurs enfants à travers leur regard, et ils savent également quand il ne sert à rien d’argumenter. D’ici quelques heures, je serais un hors la loi, et le Nidaime aura obtenu ce qu’il voulait. Mais je le retrouverais, lui qui a osé poser la main sur Yami. Le destin m’a tout pris, mais il ne m’enlèvera pas mon dernier soleil.
« Tu penses qu’il a trouvé la bonne cette fois ? » « Je ne sais pas, mais il semblait plus désespéré encore. S’il ne la retrouve pas, il en mourra sûrement… »
