Kamikaze venait de passer les portes du village. La batterie de tests effectuée, le Jônin laissa son colis aux mains des médecins du village et de quelques spécialistes en sceaux. Ces derniers allaient s’occuper de faire une petite autopsie au corps de la Samui, le rendre présentable avant la décision finale du Régent. Bien évidemment, Yoite allait lui toucher un mot par rapport à ce qu’il serait indiqué vis-à-vis de la défunte dirigeante du pays de la Neige. Il était important que le corps de la Samui demeure intact, ou du moins en l'état. Dans sa tête, le plan était tout tracé. Mais, à moins que le moine convainque le Bakusho d’adopter une autre stratégie, la sienne serait probablement effective car elle permettrait d’obtenir quelques garanties. Kumo devait préserver la main dans son jeu de dupes vis à vis de l’Empire. Une guerre avec cet Empire serait tout sauf profitable aux deux pôles shinobis, qui s’observaient, quasiment en chiens de faïence, depuis les combats à Mizu no Kuni lors de l’invasion de l’archipel par le Shukai. Cette forte méfiance risquait de s’accentuer d’ailleurs, d’autant plus que le Shukai, par le biais de ses représentants, laissait entendre que c’était un kumojin qui était la cause de l’attentat suicide dans la capitale.

Aidé d’un médecin, le Jônin s’avança jusqu’à l’hôpital du village. Quand bien même Kamikaze possédait quelques notions, pour ne pas en dire plus, en matière de soins, procéder aux soins de grande ampleur lui était impossible. Alors oui, il s’était soigné, mais non, il était encore loin d’être totalement opérationnel. Pour retrouver totalement la forme, le seul moyen pour lui était d’être pris en charge par plus spécialiste que lui en la matière. Il avait besoin d’un diagnostic sur l’ensemble du corps car si les os brisés étaient réparés, sa chair devait être meurtrie en certains endroits, sans compter les poches de sang dues à d’éventuelles hémorragies internes –résorbées depuis lors- qu’il faudrait évacuer du corps du Jônin.

On trouva donc une chambre bien placée, un lit douillet et deux médecins du village qui allaient s'occuper de lui. L’un était un Chuunin reconnu, médecin compétent du village : Enko Shigeru. Ce dernier était accompagné d’un Genin que Kamike ne connaissait pas. Un sourire en guise de bonjour, comme s’il souhaitait la bienvenue aux deux médecins et comme s’il voulait souligner qu’il était loin d’être mort malgré sa présence en ce lieu. Prenant le document qu’il était en train de compléter, il posa l’objet sur sa table de chevet. Il s’agissait là du rapport de son déplacement à Ta no Kuni. Le rapport contenant l’ensemble des faits liés à l’affaire comprenant au départ les shukaijins et le moine Hashiru et lui. Bien entendu, après avoir échangé avec Hashiru, il avait été convenu de ne pas évoquer la mort de la troisième personne membre du trio shukaijin. Après tout, qui saurait prédire la réaction du Bakusho ? Tout le monde sait combien il est impulsif et à vrai dire, les échos de son discours d’investiture laissent penser que c’est quelqu’un de spontané et de direct. S’il n’appréciait pas l’initiative, alors le moine et Kamikaze pourraient prendre cher. Un risque à ne pas courir, d’autant plus que la shukaijine crasseuse –la Mamoru- était désormais six pieds sous terre. Un sourire donc vers les deux nouveaux venus. Un sourire franc histoire d'installer d'office une bonne ambiance entre les médecins et lui.

_ Bonjour Shigeru San ! Puis se tournant vers le médecin Genin Salutations !, Kamikaze poursuivit : On va dire que ma semaine commence mal. Quelques douleurs par ci par là. J’ai quelques os qui étaient brisés, mais je les ai ressoudé, peut –être pourriez-vous regarder si tout est en ordre ? Je suis très loin des standard de ce que l’on pourrait considérer comme un vrai médecin, même si je me débrouille on va dire.

Un large sourire, une main caressant le haut de la nuque en signe de gêne, Yoite devait ressembler à un gamin que l’on aurait pris sur le fait. Pris après une bêtise.

Spoiler:

Regard las, yeux vides et cernes – Shigeru était là dans toute sa splendeur, son corps étiré par une alimentation plus qu’incorrecte et un surplus de travail. Le repos, il n’en avait plus. Déjà qu’il ne dormait pas bien avant, perdu dans sa dépression… Là, il travaillait tout simplement trop pour être capable de ressentir quoi que ce soit. Sa mort, si elle doit venir, sera liée à une surcharge de travail, comme Hak aime si bien le rapporter. En parlant de cette folle, par ailleurs, elle avait demandé un service au médecin qui n’avait – pour une fois – rien à voir avec le fait de la soigner. En soit, il était certain qu’elle cachait quelque chose, mais il n’en avait que faire. Le jeune Mizu Ikumo l’accompagnait, lui rappelant les démons de son passé avec son frère – ils n’étaient qu’un sang après tout, et il avait échoué avec le premier. Il inspira profondément, soupira délicatement et rentra dans l’hôpital à nouveau. Tout autour de lui empestait tellement la cigarette que l’air en devenait dense et difficilement respirable, mais il ne pouvait rien redire. C’était une réelle addiction qu’il avait obtenu, étant capable de monter jusqu’à cinquante par jour. Décharger. Elles lui servaient à décharger – chacune était une pause miniature et une piqûre d’énergie suffisante pour tenir jusqu’à la prochaine. Il récupéra son kohai dans le hall de l’hôpital et le dirigea vers une chambre de soin. C’était de plus en plus rare qu’en tant que légiste de Kumo, il soigne encore des gens – cependant, c’était plus simple ainsi pour entraîner la jeunesse et il avait laissé soin du service à son assistante. Si jamais quelque chose d’important ou grave se produisait, de toute façon, elle le contacterait immédiatement.

A l’arrivée du Jônin, il prit la peine de détailler son corps – en surface, rien de particulier, mais les mouvements étaient étranges. Amoindris. Il y avait des cals vicieux. Des dommages internes encore absence. Kamikaze était un médecin offensif et il le savait – c’était fréquent d’avoir des relations entre personnes du corps soignant, peu importe à quel escient cette science était utilisée. Pour qu’il ait été blessé au point de ne pas pouvoir tout refaire tout seul… Shigeru lui adressa un maigre sourire et une révérence d’office à son grade, s’empêchant de se précipiter sur son corps pour le soigner.

« Kamikaze-sama. Dire que quelqu’un a réussi à vous mettre dans cet état… Je vous présente Mizu Ikumo, c’est un apprenti en formation pour le moment – il n’est que Genin. Si cela ne vous gêne pas, j’aimerai qu’il assiste au soin pour voir un petit peu. Pourquoi pas le laisser soigner un petit peu sous ma surveillance également ? C’est à vous d’en juger. »

Il lança un regard au jeunot, lui indiquant clairement qu’il serait mieux qu’il se fasse bien voir. Après tout, il fréquentait cette dégénérée de Hak et ça… C’était rarement une bonne nouvelle. Sans attendre plus que l’activité ne reprenne, il fit un pas vers le Jônin et apposa une main sur ce dernier, laissant son Chakra circuler dans son corps à la recherche des blessures. Nombreuses. Elles étaient extrêmement nombreuses entre les muscles lésés, les os possédant quelques faiblesses, microfractures ou cicatrisation dans de mauvaises positions – il n’était pas passé loin de la mort à en croire son état. Ensuite, il était réaliste de dire qu’il s’était déjà soigné en partie seul, donc la convalescence ne serait pas longue. Même presque entièrement absente en réalité, vu qu’il est encore capable de marcher et respirer.

Spoiler:

Shigeru présenta d’entrée de jeu son accompagnateur. Un Genin du nom de Mizu Ikumo. Un apprenti médecin. D’un coup d’œil, le Jonin détailla la stature du jeune homme. Evaluer l’état d’esprit et le caractère de son interlocuteur aux premiers abords, savoir si le Genin, malgré son statut de débutant dans les arts médicaux, disposait d’assez d’expérience pour pouvoir se permettre d’afficher une assurance de tous les instants, tel était le but de ce premier coup d’œil. Toujours l’air détendu –elle il l’était en réalité-, le Jonin salua à son tour Ikumo. Puis il reporta son attention vers Shigeru. Il remarqua que le médecin s’inquiétait quelque peu pour son état de santé.

«Je ne dirai pas non pour qu’Ikumo me prenne pour cobaye ! J’ai confiance ! »

Un clin d’œil vers Shigeru. En réalité, oui il avait confiance. L’attitude du Genin laissait croire qu’il avait déjà été confronté à ce type de situation. La confiance qui émanait de lui ne pouvait que trouver écho envers ses patients.

« Sinon les gars vous me faites trop d'honneur ! Je ne mérite pas ce Sama ! Appelez-moi Kamikaze et si vous tenez vraiment à un suffixe, un Senpai suffira ! »

Alors qu’il souriait encore, cette image radieuse du Jonin, malgré ses blessures –en surface peu visible- fut progressivement remplacée par une mine plus sérieuse. Une fois n’est pas coutume. Le regard du Kamikaze se perdit un instant devant un détail du mur devant lui tandis Ikumo commençait à le soigner après lui avoir demandé quelles pouvaient être les causes de ses blessures.

« Hashiru San et moi sommes tombés sur un combattant hors pair. Le Patriarche, le leader des moines de maskine. En réalité à aucun moment ses techniques ne m’ont touché. Seulement, le résultat de mes blessures est lié au souffle d’une technique maskine… Je ne saurai l’expliquer autrement. »

Un moment de silence. Kamikaze se remémora le bref instant pendant lequel il s’opposait au Patriarche. Rapidité, combo puissants et difficilement parables… Il allait sans dire qu’il serait difficile de concurrencer sur le seul plan du taïjutsu, le moine de maskine. Il en va de même pour ce qui est de la maîtrise du fuinjutsu probablement. Éliminer cet homme serait ardu. Très ardu…

Le sourire sembla revenir sur le visage du Jônin. Il sembla retrouver des couleurs et son enthousiasme habituel. Son regard sur le Genin, le Jonin enchaîna :

« Tu penses qu’il me faudra du temps pour retrouver toutes mes sensations ? »

Question importante, car une mission personnelle de Kamikaze allait probablement l'obliger à enquêter sur le Patriarche. Dès lors que le Yuukan apprendrait son affiliation au mouvement de la nation, alors il deviendra une cible. Car le fait que le Patriarche penche pour un camp au lieu de rester neutre entraîne un déséquilibre hors du commun dans le Yin Yang.

Un léger regard sévère de la part de Shigeru fut sa seule réponse à la question du jeune Genin. Leur objectif était de soigner, pas de refaire l’intégralité de l’historique des blessures de leurs patients – sa curiosité maladive, si elle pouvait certes aider à comprendre la situation, ne changeait rien dans les soins compte tenu du fait qu’ils y aillaient au Chakra devant l’étendue des blessures. Il soupira lourdement, non sans être quelque peu impressionné par la réponse si spontané du Jônin. Une seule technique, non orientée sur lui qui plus est – pourtant, tellement de dégâts. C’était un adversaire redoutable qui avait été combattu, il n’y avait aucun doute. Hashiru-sama également ? Il n’avait pas eu vent d’un quelconque passage de ce dernier, aussi s’était-il soigné seul ou est-il venu de façon officieuse ? Les deux étaient possibles, et seul le résultat comptait. Intérieurement, le Chûnin espérait que le moine aille bien. Faisant parcourir encore un peu de son Chakra diagnostic dans le Jônin, il admirait l’intégralité des blessures et la rencontre de son Chakra avec celui de son élève du jour.

« Pour la convalescence… Je dirais une semaine de rééducation à priori où il faudra vous ménager quelque peu. Vous marchez déjà seul et vous avez appliqués les premiers soins, plus serait étonnant. Ensuite, cela dépendra de nos soins. »

Il se tourna vers Ikumo.

« Tu ressens toutes les zones dans les os où ton Chakra est comme bloqué dans sa circulation ? Ce sont de petites fractures. Il y en a… 48. Maintenant concentre toi sur celle du radius gauche, parce que c’est toi qui va les soigner. C’est assez simple, et je vais me consacrer à reconstruire les muscles endommagés entre temps. »

Enlevant sa main du Jônin, il effleura avec deux doigts l’os de l’avant-bras gauche qu’il avait mentionné à l’apprenti et, avec une toute petite concentration de Chakra, il passa son bras sur l’intégralité de la longueur de l’os, stimulant les corticales à se reformer et se consolider. En termes de soin, c’était extrêmement léger et indolore, vu qu’il ne s’agissait que de stimuler la croissance naturelle de l’os afin qu’il reprenne sa solidité normale - aussi il était tout à fait acceptable qu’un Genin, même après plusieurs années à ne rien avoir fait et devant réapprendre à partir de bases plus ou moins solides, puisse y arriver seul.

« Voilà. Fait pareil au niveau des côtes d’abord, puis tu te chargeras des autres membres. Si jamais tu as un problème, préviens-moi. Quant à vous, Kamikaze-sama… J’ai envie de dire que la partie moins plaisante commence. »

Ignorant la requête du Jônin à être appelé différemment, il inspira profondément puis soupira de façon insistante, comme à son habitude. Se lavant les mains de façon abondante, il sorti brièvement de la pièce afin de demander qu’on pose une perfusion au Jônin. Remplissage hydrique, substrat ionique et renforcement hyper-protéiné ninja. Reconstruire le muscle n’était pas quelque chose de compliqué pour lui, mais il avait besoin de renforcer l’état protéique – le muscle n’était pas créé à partir de rien, seulement d’une activation des cellules de l’organisme. Sans le substrat nécessaire, il risquait seulement de le dénutrir et ne pas être très efficace. Croisant le regard d’Ikumo et l’incitant à continuer ses soins des fractures, Shigeru inspira une dernière fois avant de poser ses mains sur le premier muscle sérieusement endommagé et de commencer à lui insuffler de la croissante à l’aide de son Chakra. Une sensation particulièrement désagréable, il le savait – c’était comme si on arrachait et recollait la chaire à vif.

Le Kamikaze laissa faire les deux médecins tout en prenant bonne note des informations qu’ils voulaient bien lui laisser. A priori, malgré les soins qu’il s’était lui-même octroyé, le Kamikaze était encore loin de sa forme optimale. La chose venait d’être approuvée et explicitée. En réalité, son chakra ne parvenait pas à circuler normalement et c’était là la principale cause de son affaiblissement général. Dès lors que ses blessures internes seraient soignées, il pourrait de nouveau être libre de ses moyens, libre d’aller et de venir. Il restait bien des choses à faire et demeurer alité était tout sauf la meilleure des choses à faire à l’heure actuelle. Le Kage devait être alerté de la situation avec le Shukai. Si la question de la rencontre avec le Patriarche n’était pas vidée dans les plus brefs délais et de la meilleure manière, alors il se pourrait que Kumo entre en guerre contre l’Empire. Une guerre qui n’avait pas eu lieu du temps du Godaime, il y a un an maintenant. Les relations avec l’Empire sont comme gelées en attente d’un tournant qui les ferait basculer en un sens ou un autre. Le tout ne tient qu’à un fil.

« Une semaine c’est long Enko San ! Dès lors tu m’auras ressoudé ces fractures, je prendrai le temps d’un repos nécessaire et je reprendrai les activités. Je ne peux me permettre de rester aussi longtemps alité. »

En gros, Kamikaze avait en tête de demeurer, tout juste, trois jours couché. Pas plus.

« T’aurais pas un moyen d’accélérer la guérison ? Je ne ferai rien de dangereux après le délai que je me donne. Pas dans l’immédiat quoi. Histoire de me refaire totalement. Rester inactif… Je ne peux pas ! »

Un regard vers le Genin qui commençait déjà à s’appliquer, le Jonin constata qu’effectivement, le Ikumo ne tremblait guère. Il semblait sûr de lui. Bien. Kamikaze reporta son attention vers le médecin principal. Ce dernier sorti de la pièce, puis en revint peu de temps après. Visiblement il souhaitait mettre sous perfusion le Jonin. Kamikaze se laissa faire, sans en placer une. Silencieux, il observait. Jusqu’à ce que Shigeru ne commence son travail sur le muscle sérieusement endommagé. Dès que ce dernier lui apposa les mains il comprit. Et c’est là qu’il ressentit une sensation qui ne lui était plus commune depuis plusieurs années. Depuis l’époque où, encore jeune, il se faisait former par le Yuukan aux arts médicaux tournés vers l’offensif. Dans sa tête, ses hurlements de gamin, trop sensible à la douleur, emplissait son esprit. Et bien malgré lui, le bonhomme fut obligé de serrer les dents et au bout d’une minute de relâcher un souffle contenu un peu trop longtemps. Il avait mal, très mal. Mais il avait vécu pire. Il pouvait supporter cette sensation, comme il l’avait déjà supporté par le passé. Comme ces fois où il s’était fait sérieusement secouer lors des séances d’entrainement du Yuukan.

A aucun moment le Jonin ne lâcha un cri. Tout juste s'agrippa t-il au drap, puis à la monture du lit. Et lorsque le soin fut terminé, il laissa échapper un rire empreint de gêne. Il avait beau mener une vie d’assassin, il avait connaître et côtoyer la douleur régulièrement, la subir n’est guère amusante. Encore que là, il n’était pas chaud. Il n’était pas dans un contexte de combat. Du coup sa sensibilité venait à se rapprocher de ce que pouvait ressentir un Jonin « normal ».

« Je crois que la prochaine fois que je croiserai le Patriarche… Je m’enfuirai direct ! Ça m'évitera ce genre de désagréments. »

Le Jonin éclata de rire.

Il cligna des yeux quelques fois, hésitant à s’arrêter devant les signes manifestes de douleur qu’exprimait le Jônin – pourtant, Shigeru savait pertinemment que s’arrêter en milieu de soin ne lui ferait aucun bien. C’était comme mettre à plat un abcès, il fallait un mouvement déterminé et le plus bref possible, sans interruption. Inspirer. Expirer. C’était tout juste si le médecin ne se contentait pas de suivre la respiration de son patient afin de se calmer soi-même. Fibre par fibre, le muscle se reconstruisait : une technique bien élaborée et particulièrement efficace, mais nécessitant énormément de concentration. Il ne pouvait pas la montrer et l’expliquer à Ikumo, c’était tout juste si son cerveau enregistrait ce qui se disait autour de lui. Il cligna des yeux, conscient qu’il a été mal compris et qu’il sera nécessaire de réexpliquer mais pour le moment… Le brun adressa un sourire sincère au Jônin, fier de ce qu’il venait de faire. Seulement pour tester, il passa sa main sur la zone qu’il venait de soigner, serra légèrement le muscle entre ses doigts, fit passer un peu de son chakra. Ce n’était peut-être pas aussi parfait que la nature elle-même, mais c’était fidèle et utilisable – le muscle était un tissu en perpétuelle mouvement et il s’adaptait à l’utilisation qu’on en faisait. Plus rapidement déjà, il traita de la même façon les deux autres endroits où le muscle était lésé et où les os avaient été réparés par le jeunot.

« Quand je parle de convalescence, je parle de limiter les efforts physiques et faire quelques exercices, pas de rester alité. Vous pouviez bien vous déplacer quelque peu avec vos blessures, ce serait horrible que nos soins vous obligent à rester au lit. »

Il se tourna vers le Genin pour regarder ce qu’il faisait et, posant sa main sur la sienne, le retira de ses soins.

« J’ai rétabli le muscle lésé, mais ce n’est pas parfait. Il va s’assortir à vos mouvements, mais si vous forcez trop il ne tiendra pas. C’est surtout la chose à éviter – fermer des fractures n’est pas compliqué, mais recréer un tissu à partir de protéines perfusées… »

Son regard fixait intensément le Jônin et le Genin, se disant qu’à trois, ils arriveraient peut-être à terminer les soins le plus rapidement possible – il était clair que Kamikaze-sama avait des choses à faire d’après son discours, et les malades n’avaient pas arrêté de venir en ces quelques instants. Shigeru soupira extrêmement lourdement, se disant que cette partie-là serait également désagréable pour son aîné : heureusement, c’était la dernière.

« Ikumo-kun, j’espère que tu t’es fait la main avec les petites fractures. Kamikaze-sama, avec vos soins de première approche vous avec consolidez deux os dans des positions vicieuses. Ils limiteront un peu vos mouvements et seront douloureux à terme, donc je me propose de les remettre en place. Pour ce faire… Je vais les fracturer à nouveau et Ikumo les fera cicatriser pendant que je les tiendrais dans la bonne position. En vous distrayant le plus possible j’espère, car ce ne sera qu’un peu moins désagréable que le soin des muscles. »

Rapidement, il posa ses deux mains sur le fémur du Jônin et fixa son apprenti du jour. Au premier signal, il fracturait l’os et le remettait en place pour que les soins se fassent.

La douleur était grande et les soins semblaient durer une éternité. Un long moment que Kamikaze fut obligé de supporter bien malgré lui, vaille que vaille. Les médecins procédaient à une reconstitution des muscles endommagés du Jonin. Un processus pour le moins complexe dont Kamikaze connaissait les tenants, mais certainement pas la totalité des aboutissants. Etant lui-même médecin de base, mais tourné vers les arts offensifs, le Jonin disposait d’assez bonnes connaissances en médecine. La preuve, n’était-ce pas lui qui s’était soigné tout seul comme un grand ? Ces soins qui lui avaient permis de réparer –de manière imparfaite certes- des os et des muscles blessés ? C’était bel et bien lui. Seulement, ses connaissances et son art de la médecine défensive avaient des limites que seul le manque de pratique pouvait expliquer. Tout est question de choix dans la vie. Le choix de Kamikaze, depuis belle lurette, était de s’orienter vers les arts offensifs. Sans regrets !

_ Je ne forcerai pas. Je me reposerai le temps qu’il faudra, sans prendre de missions ni quitter le village. Ce sera déjà ça…

Un regard perdu dans le vide, un bref moment. Yoite profitait de l’accalmie qui lui était accordé par les médecins. Très brève. Son corps douloureux vint rapidement lui rappeler dans quel état il se trouvait. Etre blessé est un état qu’il n’appréciait guère de vivre. Ralenti, bloqué, obligé de devoir mettre en stand-by toute activité. Le Jonin soupira puis toute de suite après, il s’intéressa aux propos du médecin en chef, Shigeru. Ce dernier lui souligna qu’une partie des soins qu’il s’était appliqué n’avait pas été réalisée de la meilleure manière. Automatiquement, le Jonin comprit. Il regarda la zone touchée concernée et se souvint. Sur le champ de bataille, à cet instant précis. Il cherchait à gagner du temps face à ce Patriarche aux attaques à distance d’une puissance effarante. Son premier réflexe était alors de réparer cet os brisé. Cet os qui aurait pu lui valoir une défaite à plate couture en cas de second assaut du leader de Maskine. Yoite soupira. Si le prix a payer pour retrouver toutes ses sensations est de briser cet os… Soit. Ce ne sera que la énième fois qu’il aura un membre brisé de toutes façons.

_ Vas-y ! Je tiendrai le coup.

Un clin d’œil plein d’assurance. Le Jonin souffla un coup à nouveau. Les soins de Shigeru étaient peut être douloureux, mais ils offraient l’avantage d’être définitifs avec une quasi assurance d’être sur pied en peu de temps. Regardant l’apprenti médecin Kamikaze lui lança :

_ Tu vas y arriver. Ça ne te videra pas à mon avis.

Il fallait espérer. Une tape amicale sur l’épaule du Genin. Kamikaze avait hâte d’en finir. Le signal était donné. Le jonin ne put s’empêcher de laisser s’échapper un râle. Il s’était redressé malgré lui, par refléxe, mais avait pu garder ses jambes dans la même position. Son buste décollé du lit, il grimaçait en serrant les dents. La sueur sur le front, un œil fermé, la respiration haletante, le Jonin attendait que le Genin n’appose sur l’os fracturé remis en place par Shigeru afin de l’aider. Après tout, réparer un os brisé était dans ses cordes. Le hic, c’est qu’il s’y était mal pris dans un contexte de combat…

Au bout des souffrances… le repos. Encore une semaine et Kamikaze serait sur pied.

Calmement, le médecin soupira devant la réponse de son apprenti. Mal gérer son flux de Chakra devant quelqu’un n’était pas une bonne chose et, quelque part dans son esprit, il nota de lui apprendre à faire mieux. C’était l’essentiel ici comme en mission de savoir le faire – et il ne se rappelait que trop bien de ses premiers débuts, où il préférait soigner sans user de son Chakra pour éviter la panique de ces moments… Tandis que le Jônin essayait d’encourager le petit, Shigeru se déplaça rapidement devant ce dernier et apposa sa main sur sa tête, inspirant profondément dans une grande concentration. Transférer du Chakra n’était pas vraiment compliqué, d’autant plus pour un médecin, mais c’était quelque chose qu’il fallait faire avec précision – ne pas se vider, ne pas trop en donner à l’autre, adapter les deux flux pour éviter tout rejet. La sensation était étrange, particulièrement désagréable pour lui – comme s’il donnait son sang et le transfusait à quelqu’un directement. Lorsqu’il sentit, au bout de quelques instants, qu’il était arrivé à termes de son transfert – gardant juste ce qu’il fallait pour se donner la force de briser cet os – il s’éloigna et se remit en place.

« Voilà – tu devrais en avoir assez maintenant. On ne va pas s’amuser à prendre des risques et être poussifs sans raison. Je t’apprendrais à mieux gérer tes dépenses plus tard… Bien – allons-y. »

Lorsqu’Ikumo fut en place, le fumeur concentra son chakra dans ses mains et d’un mouvement léger, comme s’il brisait une brindille d’herbe, il déplaça l’os au cal vicieux. Un lourd craquement résonna dans la pièce et Kamikaze serra les dents – le pire était passé et les deux parties de l’os désolidarisées. Jouant un peu sur la position de ses mains et gardant une vision interne grâce au Chakra, le Chûnin replaça l’os dans le bon axe et, d’un geste de la tête, invita le Genin à commencer. Ce n’était pas quelque chose de faisable seul – les deux mains devaient maintenir l’os, l’une avec plus de force tandis que l’autre servait de contact pour savoir ce qu’il se passait réellement à ce niveau. Il n’appréciait guère faire souffrir les gens, même pour les soigner – c’était tout juste s’il était plus mal en point que le Jônin auquel il venait de fracturer un os consolidé. Heureusement pour Shigeru, le processus touchait à sa fin…

Une minute – peut-être deux – et c’était enfin terminé. S’éloignant du membre du Jônin, le médecin lui adressa un maigre sourire avant de rédiger et lui donner un certificat signalant qu’il était censé se reposer et ne pas partir en mission durant les quelques jours à venir. C’était à faire valoir devant les autorités du village si jamais il était réquisitionné, mais une sensation d’amertume ne permettait pas au brun de croire en l’honnêteté du Médecin Offensif. Il était du genre à se surmener, après tout.

« Voilà qui devrait être tout bon pour vous, Kamikaze-Sama. Vous pouvez rentrer et vous reposer. Si jamais vous ne vous sentez pas bien, n’hésitez pas à repasser, ou au moins me contacter. Heureusement, tout de même, que vos capacités vous ai permis de tenir le coup et de prodiguer les premiers soins. Sans, vous risqueriez de ne plus être avec nous… »