- Si j’en crois vos propos … Daimyo, je devrais débloquer une somme importante pour restaurer un village qui sera à nouveau détruit dans quelques semaines ? demanda avec arrogance et ironie le Conseiller en charge des Finances du Pays.

Lorsqu’elle avait accepté – hier soir – la fonction de Daimyo, elle n’avait pas pensé tomber sur des Conseillers aigris et habitués à un luxe et à un confort de vie qu’elle n’avait jamais réellement expérimenté malgré son rang de chef de clan. Cependant, heureusement, tout le monde n’était pas comme celui-ci.

- Ichibi s’est présenté, et a mis fin à cette abomination. Il est temps de reconstruire une sainte ville.

Tsukiko arqua les sourcils dangereusement face à ces derniers propos. La personne qui venait de parler était un haut représentant religieux de la religion … d’Ichibi. Elle se retint de l’insulter copieusement car, lorsqu’elle était en face d’Ichibi, il était tout sauf un dieu. Plus important, elle se méfia dangereusement de lui : elle devait le renvoyer loin d’ici, avant qu’un certain blond ne commence à être bavard pour attirer l’admiration de ce dernier.

Hormis ces cas « extrêmes », le reste des Conseillers était globalement d’accord pour apporter de l’aide à Suna. C’était une force militaire – la seule, à vrai dire – du pays et la laisser si affaibli était une erreur stratégique monumentale. Cette constatation s’affirma lorsqu’on annonça la venue du Kazekage : il était rare qu’il se déplace, après tout. La situation devait être grave. Quant à Tsukiko, il fallait admettre qu’elle était un tantinet « mal à l’aise ». Elle allait faire face non pas comme une cheffe de clan, mais comme Daimyo … soit son supérieur.

« Il n’y a jamais d’heures propices pour grandir, aux yeux de tous. Profites de chaque opportunité, pour grandir » s’ordonna-t-elle, s’armant de traits de politicienne. Elle ne doutait pas un seul instant que lorsqu’on l’invitera dans une salle plutôt restreinte – ce n’était nullement la salle de « trône » -, il sera surpris de la voir.

- Kazekage-sama, salua quelques conseillers avec quelques sourires hypocrites. Nous avons eu vent du malheur qui a frappé Suna, et nous partageons vos peines, et vos pertes. Votre Shino… Oh, je veux dire, notre nouvelle Daimyo nous a raconté cette affaire avec détails. Nous étions horrifiés.

« Eh bien. Ces Conseillers … Chacun a son caractère » soupira-t-elle. Lorsque le Chambellan avait prétendu que les prochains jours risquaient d’être compliqués, elle n’avait clairement pas saisi « l’étendue ». Cependant, comme tant d’autre chose, elle survivra bien à quelques bureaucrates qui n’avaient pas tenu un seul Kunai en main toute leur vie. Avant même que Kioshi ne puisse demander « comment » et « pourquoi » elle était devenue Daimyo, elle prit la parole pour expliquer cette affaire.

- Asseyez-vous, je vous prie. La situation doit vous paraître étrange., demanda-t-elle. Comme vous savez, ou vous l’apprendrez, je me suis chargée de protéger de mon mieux le Daimyo, et l’évacuer du chaos qui régnait à Suna. Malheureusement, en cours de route, nous avons eu le malheur de croiser Ichibi. Le combat était perdu d’avance, il avait déjà lancé une première attaque sur Suna, et il était sur le point de lancer une seconde attaque dévastatrice. Une boule noire, d’une puissance phénoménale qui allait anéantir Suna… Le Daimyo l’a également senti, et il a alors révélé son talent caché : son expertise dans l’art des sceaux. Il a scellé Ichibi mais il a eu à sacrifier sa vie pour. Quand à ses dernières paroles, c’était pour que je devienne sa digne héritière et que je continue ses projets, que j’accomplisse la vision que nous partagions.

Elle se tut, laissant le Kazekage assimiler toutes ces informations.

- Quel homme courageux ! commença un Conseiller.
- Il a toujours eu à cœur chaque personne de Kaze no Kuni, enchaîna un autre.

Nous pouvons épargner tous les autres mots doux, évidemment. Elle attendit encore un peu mais, pressée comme toujours, elle se racla à nouveau la gorge pour parler de la suite.

- Les affaires d’Etat n’attendent pas, par contre. Suna doit être reconstruit au plus vite. Kaze no Kuni a besoin de vous, et surtout vous êtes des citoyens de ce Pays. La Capitale apportera l’aide nécessaire, annonça Tsukiko en ignorant le regard désapprobateur du Conseiller des Finances.

Pourtant, elle n’allait rien offrir si aisément, évidemment.

- Suna sera reconstruit mais vous ne pouvez nullement quitter cette table tout de suite, Kazekage-sama. Je souhaiterais que vous m’expliquiez comment vous avez pu laisser un tel événement se produire. Vous saviez qu’un grand événement allait avoir lieu, à Suna, mais il semblerait que la sécurité n’a pas été assurée.

Comment de tels radicalistes ont-ils pu infiltrer Suna dans un moment où la Sécurité ne devait que plus importante ? Est-ce que l’excuse de la « foule » était justifiée ? Non, absolument pas, car elle-même avait été kidnappée, au final.

- Quant à nos « alliés », cet examen était censé nous rapprocher davantage de Konoha, et pourtant des trois puissances venues, personne n’est resté pour prêter main forte. En somme, quelle est la situation du village ? Lorsque j’enverrais une lettre pour demander des ressources en urgence, qui nous sera amical ?

Elle avait eu droit d’être ignorante : elle n’avait été qu’une humble Kunoichi, une « simple » cheffe de clan jusqu’à maintenant. Aujourd’hui, elle était Daimyo, et plus que jamais elle voulait savoir ce qu’il se passait. Et oui, elle avait remarqué que pas un seul village n’était resté pour apporter ne serait-ce qu’une pierre pour reconstruire le village caché du sable.

- Dans les prochains jours, nous allons annoncer la mort du Daimyo face à Ichibi. Son acte ne sera pas oublié, assura Tsukiko en répétant un tantinet les paroles du Chambellan. Ils avaient passé une longue soirée à parler des implications de son nouveau rôle, ou encore à étudier la véracité ou non de ses paroles. Quant au sceau, il sera étudié en temps et en heure par les experts du clan Kawaguchi. C’est inadmissible qu’un tel être ait pu surgir du désert. Il a sûrement du vivre quelque part, peut-être dans les Ruines Kawaguchi. Des recherches vont être faites pour s’assurer que le danger n’existe plus, assura-t-elle.

Elle laissa Kioshi se reposer, et s’hydrater suite à cette longue marche hâtive. Elle écoutait la suite. Il faut dire que son sourcil s’arqua, et ses joues rougirent d’énervement au fur et à mesure. Venait-il de rejeter toute la faute de la destruction de Suna sur « elle » ? A son sens, il atteignit un tout autre degré d’impertinence en voulant prendre congé. Cependant, à qui la faute ? Suna a été trop autonome bien longtemps, et elle avait failli être conseillère économique et développement, pour dire.

- Vous ne pouvez pas prendre congé, car la reconstruction de Suna implique quelques changements politiques également. Vous avez souligné un fait bien pertinent : la politique est du domaine de la Capitale.

Elle se tut, reprenant contenance.

- Vous critiquez mes tracts où je dénonce la meurtrière de la Godaime, celle que vous aviez aimée, et dite que je serais la cause d’une grande perturbation au sein de la sécurité. Cependant, vous vous égarez. La Sécurité n’était nullement optimale : j’ai été kidnappé bien avant, les perturbateurs avaient infiltré en amont nos murs et nous avons été attaqué à nos portes par un criminel kumojin. Je doute sincèrement que mon tract a apporté un réel impact. A moins qu’Ichibi soit féru de « Suna News » et apparaît que quand il apprend que deux demoiselles sont sous surveillance.

Elle leva la main pour intimer le silence pour chacun.

- Mais vous avez raison sur un point : chacun avait un rôle, et chacun a failli. Suna a gagné en autonomie ces dernières années mais, il semblerait que le surplus de missions l’ait éloigné de son rôle essentiel : protéger le pays efficacement. Les activités de chacun vont être recentrées.

Les Conseillers étaient tantôt heureux, tantôt inquiets. C’était toujours un « pile ou face » ce genre de discussion.

- Cette guerre d’idéaux à briser Suna, et pourrait briser la nation entière. Après cet événement, et suite à la décision d’Isagoji, j’ai longuement réfléchi. Il souhaitait sûrement allier deux idéaux en une seule personne : shinobi et civil … Shinobi devenant une Daimyo. Cependant, à moi seule, je ne représenterai jamais cette paix et cette collaboration.

Son regard se tourna vers Kioshi.

- Suna sera dorénavant solidement ancré dans la politique du Pays, cela aura plusieurs impacts. Dorénavant, le Kazekage ou son bras droit siègera au Conseil de la Capitale, et apportera son regard sur certaines futures décisions. Par contre, comme les autres conseillers, il n’aura pas de pouvoir décisionnel sur moi ou sur le pays.

Ce n’était nullement une « rétrogradation ». Au contraire, c’était une participation active dans de futures décisions, c’était une collaboration saine et durable entre l’Ordre et la Nation. Une preuve, au monde, que ce conflit interne ne rendait le pays que plus soudé et plus fort.

- Quant à vous Kazekage, votre rôle se centrera sur le militaire uniquement, ce qui signifie la formation de nos armées, les stratégies à établir en cas d’attaque ou en cas de conquête nécessaire et le développement militaire. Vous-même, ou votre bras droit me communiquera tout besoin en termes de matériels, ou d’alliances.

Concentré sur cet aspect, elle espérait que ce sera la fin de certaines intrigues et complots qui ont affaibli et envenimait Suna. Ne craignait-elle pas que ces conflits allaient finir en plein milieu de la Capitale ? Absolument pas, car un simple regard aux conseillers présents, et elle comprit qu’ils étaient plus dangereux que quiconque ici, versés dans ces arts de manipulation obscures.

- Cela implique que l’abolition ou le changement du Conseil de Suna. Il n’y aura aucun rôle qui touche de près ou de loin à la politique étrangère. Ce sera dorénavant une décision prise avec vous, le Conseil de la Capitale, et moi-même. J’abolie également le système instauré par Zanshi qui pose plus à confusion : vous serez seul décisionnaire de Suna, et vous n’aurez de compte à rendre qu’à la Capitale. Si vous tenez à avoir des « conseillers », soit, mais ils ne seront qu’un conseil et non une source de décision.

Une autre volonté pour orienter tout complot qu’à la Capitale, le temps que Suna se renforce. C’est également un moyen de continuer à vivre dans Suna, et en mesurer la température – pour ou contre certaines futures décisions ?-.

- Il faut prouver au monde que notre Pays ne se laissera pas abattre par les agissements d’une minorité extrémistes, et que nous savons travailler main dans la main, en respectant les idéaux de chacun. Nation ou Ordre, chacun sera écouté.

Elle se tut et regarda Kioshi.

- Acceptez-vous ces changements, Kazekage-sama ?

A bien réfléchir, il gagnait plus qu’il ne perdait. Mais le comprendra-t-il ? Un court instant, elle lança un regard doux, un regard qui semblait l’inciter à saisir « l’opportunité ». Allait-il être pour, ou contre ?

Un rictus amusé s’étira sur les lèvres d’un conseiller, l’un maintenait un sourire cordial, et un autre gardait un air extrêmement sérieux et désolé. Cependant, quel que soit la façade, chacun avait une seule et unique pensée : ce Kazekage était-il fou ? La Daimyo l’appelait à la Capitale pour devenir un acteur non négligeable des futures décisions du pays, et elle ramenait en état son pouvoir d’antan, et il ne semblait nullement apprécier tout cela. Aucun ne comprenait le principe de partager avec autant d’altruisme et de bonnes volontés le pouvoir. A bien réfléchir, ils désiraient étendre ce modèle sur le conseil de la Capitale car il était fort triste de n’être qu’une voix, et non un décisionnaire. Pourtant, malgré la confiance qu’elle avait en la Godaime de l’époque, Tsukiko ne rétablira plus ce pouvoir en des temps troubles. Les décisions prenaient du temps, les rôles n’étaient plus assumés correctement à la moindre absence ou trahison, et l’humain n’était pas totalement infaillible.

- Vos conseils sont justes, Kazekage. Auriez-vous une proposition à fournir pour l’explication à donner au peuple de Kaze no Kuni ? demanda Tsukiko, dans un dernier effort de communication avec cet homme qui semblait défendre un bien … Qu’elle ne pillait pas. Etait-ce un mal de récupérer le droit de regard sur la politique, soit son domaine laissé bien trop longtemps en prêt à Suna, autonome ?

La suite lui plut encore moins. Il imposait une condition. Et une condition peu brillante : il voulait qu’elle assume ses décisions. Evidemment que Tsukiko allait assumer ses décisions, et non se cacher derrière la figure d’un conseil. La condition n’avait même pas à être posée. Elle n’était pas effrayée de ses décisions, et elle croyait aux bonnes répercussions sur l’avenir.

- J’assume parfaitement mes décisions, et je comptais annoncer comme il se devait au peuple de ce fonctionnement. Je n’ai pas peur de mes idées. Je n'en ai jamais eu peur, disait-elle sincèrement en plantant son regard attristé par une telle attitude dans celui de Kioshi. Vous semblez croire que j’abolie totalement la décision laissée au peuple. C’est mal me connaître. J’écoute les besoins, avant d’écouter les caprices, une phrase adressée tant à Kioshi qu’aux conseillers dont le cœur était clairement rongé par un vice ou deux.

Elle se tut un court instant.

- Quant à votre question, c’est votre choix Kazekage : soit vous ferez les voyages, soit vous assignez votre bras-droit à cette tâche. Quant aux Kawaguchi, ils me suivront. Le clan et le chef ne peuvent être séparés. Quant à une éventuelle succession, il peut être envisagé, mais voilà une affaire interne que même les Conseillers ici présents n’auront pas voix. Cependant, mon but n’est nullement de brider les rêves de mes semblables, ou de priver Suna d’une force essentielle. Ceux qui désirent rester à Suna resteront pour assurer cette fonction militaire. Eventuellement des rotations peuvent être imaginées pour qu’ils puissent voir leur famille, en étant remplacé par d’autres volontaires. Cette organisation sera pensée.

Elle indiquait, à nouveau – et plus explicite, il était difficile – que son but n’était pas d’affaiblir Suna, mais de recentrer sa force et la reconstruire au plus vite. Concentré uniquement à remonter les bâtiments, à former son élite et à rassurer les civils restants, elle espérait que la base militaire sera à nouveau protéger efficacement le pays.

- Pour finir, terminons avec un sujet qui semble vous tenir à cœur : le procès de Ketsueki Yami. Un tel procès n’aura pas lieu. Nous parlons sûrement du procès de Saibogu Oniri : tout dépendra d'elle, celle qui est accusée du meurtre de la Godaime, et celle qui a impliqué Yami dans mon Kidnapping, la recouvrant de soupçon et d’opprobre. Apportez Saibogu Oniri et Ketsueki Yami à la Capitale pour un Tribunal afin que votre ex-conseillère confesse son implication dans l’affaire de la Godaime, et avoue ou non la complicité du chef du Kakumeigun dans un quelconque crime.

L’affaire était, à son sens, close. Quant aux motivations d’Oniri et de la Godaime, au peuple de l’apprécier. Pour sa part, elle en avait fini des complots, des intrigues et des non-dits. C’était naïf peut-être, mais la transparence, la justice et le bien-être du peuple auront son importance. Car c’était ce qu’elle devait faire, disait une petite voix intérieure.

« C’est le mensonge qui a envenimé Suna, Kioshi » avait-elle envie de répliquer mais elle se tut. Elle préférait écouter la suite, peser les pour et les contres, et prendre une décision avec tous ces éléments. Elle avait la terrible sensation qu’en acceptant ce mensonge, elle allait finir dans un cercle vicieux où on allait la poignarder dans le dos. On n’avait pas hésité à mettre une partie des soupçons de la mort de la Godaime sur son dos, mine de rien et il était de notoriété publique que Kioshi aimait Yami. Jusqu’où savait-il être impartial ? Les frontières étaient floues entre raison et sentiment avec lui.

Elle tiqua un tantinet face aux paroles de Kioshi. Il semblait mine de rien davantage tenir à cette histoire de procès, au point d’en oublier la situation.

- Suna est en ruine, se contenta-t-elle de dire. Avez-vous encore le luxe d’avoir un bâtiment vide, non écroulé, non rempli de cadavres ou de blessés et de monopoliser des Shinobis pour assurer la sécurité dans le cas où Yami est effectivement coupable, dans le cas où le clan Ketsueki montrera son désaccord … ?

Elle avait demandé ce procès pour deux raisons : d’un point de vue symbolique, le fait que ce n’était pas au Daimyo de se déplacer au pied d’une plausible coupable – si victime, Tsukiko était innocente, elle n’avait rapporté que des paroles – et d’un point de vue matériel, les bâtiments de Suna ne se prêtaient plus à un jugement dans de bonnes conditions.

- Un procès est un luxe que Suna ne peut se permettre mais que la Capitale peut. Il y a des juges présents, des gardes aptes à détecter aussi bien le mensonge que nos shinobis et votre présence et votre décision finale assurera toujours « votre » juridiction. Si vous tenez tant à ce que le projet se passe à Suna, alors j’attendrais la reconstruction d’un lieu apte à supporter le clan Ketsueki, des membres du clan Kawaguchi, des membres éminents de la Capitale ainsi que des membres de Suna, souligna-t-elle volontairement pour indiquer le nombre. Elle n’était plus une simple « Kunoichi » que l’on pouvait balloter partout dans Kaze no Kuni au gré des caprices.

Elle se tut, et se concentra sur un sujet final.

- Saibogu Oniri est une trop bonne combattante pour faire partie des pertes, nous le savons très bien Kazekage. Vous avez deux possibilités : soit vous amenez Ketsueki Yami ici pour un jugement rapide si elle est innocente afin qu’elle puisse mettre sur pied une équipe de recherche pour Oniri, soit vous trouvez un remplaçant qui assurera ses fonctions. J’ai souvenir que Toshiro Ogami avait été un excellent recru et qu’il pourra reprendre le rôle efficacement.

Entre temps, on était rentré dans la pièce, avec une multitude de papiers, d’encres, et une liste assez longue. D’un coin de l’œil, on pouvait lire des noms, des matériaux, des prix … C’était les fournitures pour la reconstruction de Suna.

- J’attends dans les plus courts délais une réponse de votre part, ainsi qu’une liste des besoins. Ce qui a été détruit, ce qui est prévu à construire… J’enverrais pour ma part un communiqué sur la nouvelle organisation dans les jours à venir.

- Vous n’étiez pas à Ki no Kuni, le coupa-t-elle.

Elle avait perdu une amie là-bas, et elle-même avait failli mourir. Elle devait sa survie avant tout à cet arbre et à son impulsion soudain, et aux premiers soins de Ketsueki Yami. Pour ce fait-là, elle ne pouvait nullement jeter la pierre sur la brune, mais cela ne rachètera pas une quelconque erreur sur sa personne.

« Nous savons parfaitement de quoi est capable Oniri, Kioshi » pensa la Daimyo en fixant d’un air neutre le blondinet. Espérait-il la bercer d’illusion en lui faisant croire que la grande conseillère n’avait pas su se défendre ? Ou alors se laissait-il berner, n’ayant nullement compris les compétences et capacités de la Saibogu ? Précisément, elle avait assez vu et affronter pour savoir qui arriverait à survivre, et à mourir, dans le chaos que fut Suna.

- Avant que vous ne partiez, je souhaiterai connaître tous les engagements pris à l’égard des autres puissances tant d’un point de vue politique, militaire et économique. Il est important de savoir où vous vous êtes placés, et où vous avez également placé Kaze no Kuni.

A sa connaissance, il n’existait que l’alliance économique avec Hi. Cependant, suite à la concentration des grandes puissances du Yuukan en un même lieu, sûrement des choses avaient été discutées et pensées. Qui passerait devant de telles opportunités ? Si Kioshi lui disait non, elle croirait vaguement. Malheureusement comment faire autrement ? Elle ne pouvait pas envoyer des lettres ouvertes, pour s’enquérir des agissements du village. Cela serait la preuve d’un clivage qui ne devrait pas exister.

- Et vous m’expliquerez ce qui vous intéresse dans cette alliance, à quel besoin cela pourrait répondre. Comme signalé, vous aurez voix au chapitre, et je ne désire rien d’autre si ce n’est répondre aux besoins de Kaze no Kuni. Et vous faites partie de Kaze no Kuni, insista-t-elle.

Elle profita de cet instant pour lire la petite feuille en question. Elle cherchait à savoir à quel montant tout cela allait s’élever. Il était important qu’elle se mette au courant des finances de l’Etat … Kaze no Kuni était-il en excédentaire, ou en déficitaire ? Si déficitaire, auprès de qui les prêts se font ? Elle pensait également en parallèle à l’affaire d’Oniri, ou à tout autre criminel qui a pu fuir de Suna suite à cet événement.

« Le terrain de recherche est grand … ».

Des idées émergeaient, doucement mais sûrement. Pour pallier à tout futur problème.

Tsukiko arquait les sourcils devant les propos de Kioshi au sujet de l’Empire : un laisser-passer sans aucune condition, en plein milieu d’une terre en pleine reconquête ? Elle pensait plus à une blague qu’à une vérité mais au vu du regard de Kioshi, elle comprit que ce n’était pas le premier mais bien le second. Des choses se passaient entre Suna et l’Empire, et elle ne saurait dire quoi : un seigneur de guerre qui apprendrait l’art secret ancestral des marionnettistes contre une pauvre promesse de paix, un Empereur qui invite presque « gratuitement » des non-alliés à des terres inconnues et encore faibles … Soit Suna se faisait manipuler, soit des transactions inconnues du Daimyo même avaient eu lieu (car elle n’avait pas eu vent de la moindre information sur l’Empire de la part du Chambellan, et de son rapide récapitulatif).

« Il n’y a nul fumé sans feu. Je finirais par découvrir les véritables termes ou intentions de chacun » se promit-elle. Cependant, à son sens, le plus important avait été fait. Soudainement, le décor changea et ils n’étaient plus qu’eux deux, dans une même pièce. A la question de Kioshi, elle soupira et leva les yeux au ciel. Le sentimentalisme de Kioshi exaspérait Tsukiko. Peut-être qu’à une époque, elle avait été aussi sensible mais ce cœur l’avait plus perdu qu’aider.

- Quelle haine, mon dieu, ironisa-t-elle. Dis-moi en quoi je te haïrais en restaurant ton pouvoir, et en t’intégrant dans mon conseil ? Quant à nos différents passés, ils resteront au passé. Rien ne pourra être changé, et tout a été dit et fait, coupa-t-elle bien vite. Je veux me concentrer sur le futur, et uniquement sur celui-ci.

Elle se tut. Kioshi n’allait pas être content, elle le savait. Cependant, non, elle n’ira pas dans ses bras. Non, elle ne s’excusera pour elle ne savait quoi au vu de son regard. Non, elle ne changerait en rien ses décisions. Et non, elle ne laisserait plus ses sentiments prendre le pas. La raison était tout ce qui comptait, et les intérêts étaient tout ce qui importait.

- Si je t’avais autant haï, Kioshi, tu l’aurais su.

Une telle personne … n’aurait plus eu le moindre droit à paraître à ses yeux, tout simplement.

- Nous ne sommes plus amis car chacun a commis ses impairs, chacun a un caractère propre … et surtout je ne peux vivre avec l’idée d’avoir trompé la confiance de Zanshi. Elle leva la main pour le couper. Pour toi, rien n’est trompé. Pour moi oui. Nous serons alliés, voilà tout. Cessons de bavarder sur ces choses du passé. Le Village attend son leader, et le Pays de même.

Elle ne lui laissa pas le temps suite à cette tirade car déjà elle dispersait l’illusion. Une seule seconde était passée, certes, mais elle était déjà de trop pour la blondinette. Elle soupira, se remit dans le contexte, se racla la gorge et annonça plus ou moins la fin de la séance.

- Vous serez appelés à nouveau, Kazekage, pour les futures décisions du pays. Si personne n’a rien à ajouter, je suppose que nous avons chacun un travail à accomplir, conclut-elle.