J’étais assis à une table d’un restaurant, attendant patiemment. J’étais un peu stressé, c’était la première fois que je réalisais un contrat privé. Sur le fond, cela ressemblait beaucoup aux missions que le village me donnait parfois, mais cette fois-ci, cela provenait d’une riche marchand. Je savais que ce genre d’activité était parfaitement interdits par le village, mais j’avais de bonnes raisons. Si la récompense à la clé était conséquente, c’était surtout le seul moyen que j’avais trouvé pour soutirer des informations qui m’étaient précieuses au commanditaire. La mission qu’il m’avait confiée n’était pas simple en plus, je devais assassiner un homme.

Évidement, ce n’était pas quelque chose qui me dérangeait particulièrement, mais d’après le marchand, cet homme n’était pas n’importe qui. Ma cible était le chef d’une milice privée qui faisait dans le mercenariat. Ils ne faisaient, officiellement, rien d’illégal, mais officieusement, c’était une autre histoire. Le commanditaire n’entra pas dans les détails, qui ne m’intéressaient pas des masses, mais il parla d’extorsions, de chantages et d’enlèvements.

Là où cela devenait intéressant était que si la plupart des individus de la milice n’avaient que peu d’importance, certains étaient des shinobi. Évidement, aucun d’entre eux n’était réellement fort, mais leur nombre pouvait être un problème. Je ne pouvais pas prendre le risque d’y aller tout seul, je décidai donc de faire appel à une connaissance qui pouvait m’aider. J’avais d’abord hésité à faire appel à Raito, mais je commençais à douter de ses liens avec son organisation. Je savais que celle-ci m’observait et je ne voulais pas prendre de risque. Ce fut donc à Senritsu Hak que j’envoyai un message. Elle était la seule autre personne que je connaissais qui pouvait être en mesure d’accepter un tel travail. Ne voulant pas m’attirer de problème, je lui indiquai seulement l’heure et le lieu de rendez-vous ainsi que le fait que j’avais besoin de son aide pour un travail non-officiel. Je ne savais même pas si elle allait venir et il fallait encore la convaincre de m’aider.

J’attendais donc dans un restaurant que j’appréciais, c’était un peu exagéré comme rendez-vous, mais je ne voulais pas discuter de cela en public et cet établissement était suffisament tranquille.

Tsss. Apprendre que Dôbutsu Otoke désire me voir au calme, en tête et dans un restaurant a bien failli, pour quelques instants, remettre la totalité de ma vie en question. Ce garçon n’avait aucun tact, mais je n’étais vraiment pas la mieux placée pour en juger. Nous deux c’est… Une histoire compliquée. Beaucoup de combats, d’entraînements aussi – depuis le temps que nous nous connaissons, il doit bien être l’un des rares dans la confidence de mon identité. Me voir. Ces quelques mots sont suffisant pour que je sache qu’il a une idée derrière la tête, ou alors un projet et qu’il a besoin de mon aide, certain que j’accepterais ce qu’il me propose – plutôt mourir que de penser qu’il veuille me déclarer sa flamme. Le pire dans tout ça ? A chaque fois que je retourne le message dans ma main, je me dis que je vais accepter, qu’importe ce qu’il me propose : une source de motivation suffisante pour me faire rentrer plus vite de ma mission et voir le tout avec lui. Comment puis-je en être aussi certaine ? Nous avons le même fond, à partir de là ce n’est pas compliqué d’imaginer ce qui puisse motiver l’un ou l’autre de nous – au fond il doit savoir que je vais accepter, si je viens. La moindre occasion présentant quelque chose de plus « distrayant » sera suffisante à ne jamais me faire venir et il avait, en connaissance de cause, accepté de faire ce pari risqué. Le bougre doit être bien sûr de lui.

Dès mon entrée dans l’enceinte du village, j’active mon masque mobile. Que je touche les gens, qu’ils m’entendent chantonner ou qu’ils croisent mon regard, leur perception de mon corps sera altérée au point où ils seront incapables de se remémorer mes caractéristiques, me changeant en fantôme ou presque. C’est moins efficace que la sensibilité d’Otoke (ou son masque), pour sûr – néanmoins c’est la seule alternative que j’ai. J’en connais les limites et je sais l’appliquer, à partir de là il n’y a pas vraiment de raisons à se faire de soucis. Et puis, m’imaginer cacher mon visage derrière un masque… Quand il s’agit d’infiltrer des groupes de gens, ce n’est vraiment pas pratique. Une rue, puis une autre et une dernière encore – je suis proche, et j’imagine fort qu’il le sait déjà en tant que ninja sensoriel. Heureusement que nous sommes du même côté.

D’un pas assuré, j’entre et me fait accompagner à sa table, affichant un sourire imaginaire à la serveuse qui me guide. Comme si j’en avais besoin. Il ne regarde que partiellement, feignant d’être perdu dans ses pensées – ou alors jubile-t-il de m’avoir vu arrivée, sachant qu’il a gagné son pari ? Peu m’importe.

« Raconte. »

Douce joie – je n’ai pas à jouer à la conne devant lui. Il sait comment je suis, jusqu’aux recoins violents que je décharge en étant mesquine. Pas de faux sourires, de signes de naïveté ou d’autres bagatelles du genre. Seulement deux monstres prêts à tout.

Lorsque je ressentis le chakra de la jeune femme, je fus rassuré. Même si nous nous connaissions bien, suffisament pour lui demander des services pareils, je restais incapable de prédire ses actes. Si nous étions identiques sur de nombreux points, nous restions totalement différents sur d’autres. En tout cas, je fus ravi de la voir arriver à l’intérieur du restaurant. Elle était particulière, mais elle était parfaite pour ce genre de travail. Je me surpris à sourire lorsqu’elle s’assit en face de moi. Un sourire parfaitement dissimulé sous mon masque, bien heureusement.

Sans faire preuve des politesses habituelles, elle rentra directement dans le vif du sujet en me demandant d’expliquer les raisons de sa présence dans ce lieu. C’était une des raisons qui faisaient que je l’appréciais, elle savait qu’amener la discussion progressivement n’était pas utile, alors elle ne le faisait pas.

- Déjà, merci d’être venue. Si je t’ai demandé de venir, c’est que j’ai besoin de ton aide. Pour obtenir des informations qui m’étaient utiles, j’ai accepté un contrat avec un civil. Ce contrat, bien rémunéré au passage, consiste à éliminer le chef d’un groupe de mercenaire travaillant à Kaminari.

Je marquai un pause en entendant la serveuse du restaurant s’approcher de nous.

- Bonjour, je peux prendre votre commande ?

Je réfléchis un instant, j’allais répondre que nous ne voulions rien, mais cela ne le faisait pas vraiment dans un restaurant. À vrai dire, si je commençais à avoir l’habitude de donner rendez-vous aux gens dans ce restaurant, je n’y mangeais presque jamais à cause de mes habitudes alimentaires particulières.

- Je vais prendre de la viande crue, n’importe laquelle, avec un verre d’eau.

Le regard ébahi de la serveuse était assez drôle à voir, j’avais fini par comprendre que manger de la viande crue n’était vraiment pas habituel pour un humain. Personnellement, même si j’appréciais la viande cuite, je n’étais jamais satisfait de la cuisson des autres, alors j’avais trouvé la solution idéale.

Je repris la parole lorsque la serveuse partit avec notre commande.

- La cible habite dans une demeure assez importante qui sert également de quartier général, ce qui lui permet d’avoir constamment des gardes pour veiller à sa sécurité. Si je te demande de l’aide, c’est qu’il y a des shinobi parmi eux et c’est possible que certains d’entre eux soient des senseurs. Si c’est le cas, je ne risque de ne pas être capable d’éliminer ma cible et de repartir sans être repéré. Si tu es là, je serais bien rassuré sur nos chances de réussite.

Mes oreilles enregistraient d’elles-mêmes les paroles de mon interlocuteur sans que je n’aie d’effort à fournir. Les mots étaient des sons après tout, et les sons m’aimaient. Je ne suis même pas étonnée qu’il soit capable d’aller jusque-là pour obtenir des informations qu’il convoite – il est un réel animal, différent de celui que je suis mais tout de même… Eliminer quelqu’un à Kaminari. S’il n’y avait que ça, il ne serait pas venu chercher mon aide.

« La même chose pour moi. »

De la viande crue, le côté le plus dérangé d’Otoke selon moi – je ne compte pas la manger, mais l’offrir à son piaf. Je lui dois bien ça après la dernière et, de toute façon, il serait stupide de perdre du temps à lire un menu pour commander quoi que ce soit. Le simple fait de le voir passer commande était étonnant en réalité, mais je ne pouvais faire autre chose que me plier à son jeu. Il aurait très bien pu me demander de placer la serveuse dans un Genjutsu, au point où l’on est. Des shinobis, une résidence et de la protection – je comprends beaucoup mieux pourquoi il est venu me demander de l’aide maintenant. Il ne pourra pas faire comme d’habitude non, et il doit jouer sur la complémentarité de nos talents. Je me demande si je pourrais faire passer ça comme quelque chose de bien auprès de l’autre médecin de malheur, de sorte à ce qu’il me soit redevable ? « Shigi, j’ai accompagné ton précieux Otoke sur une mission clandestine pour l’aider à ne pas mourir ! » Bon, ça ne lui plairait certainement pas mais il serait obligé de le reconnaître.

« J’ignore ce que tu recherches, et je ne m’y intéresse pas. J’accepte, mais tu te doutais certainement que j’allais le faire – alors j’écoute, quel est ton plan ? »

Il serait bien stupide de penser qu’Otoke ne s’attendait pas à se déroulement. Nous avons beau parler affaire, nous restons deux personnes liées par de l’amitié – le travail est bien plus simple avec lui qu’avec beaucoup d’autres, donc c’est une relation que je tiens à préserver. Mère nous verrait bien ensemble m’a-t-elle dit un jour, preuve supplémentaire de la stupidité profonde de cette femme. Que croit-elle, que nous aspirons toutes au mariage et à la vie en famille comme la faible qu’elle est ? Lascivement, je passe mon doigt en cercles autour de la table avant de croiser brutalement le regard du masqué et lui adressé un sourire en coin particulièrement mesquin.

« Tu me seras redevable également si j’ai besoin de toi un jour, pas de folies et d’excuses comme un certain médecin que nous fréquentons tous les deux... »

Après avoir annoncé la mission que je lui proposais, j’écoutai attentivement la réponse de Hak. Comme à son habitude, elle accepta sans demander d’explications supplémentaires. Je savais que cela n’aurait pas été le cas avec n’importe qui, mais je ne la voyais pas non plus avouer qu’elle acceptait parce que c’était moi qui le lui demandait. Elle me demanda alors mon plan, juste avant de préciser que je lui serais redevable après ce service. Je commençais à bien la connaître et cela ne m’étonna pas vraiment, pourtant, je n’appréciais toujours pas ce genre de parole.

- Tu sais très bien comment je suis, tu peux toujours me demander service, mais ne me parle pas de dette. Si me rendre service gratuitement ne te plait pas, je te donnerais la récompense promise par le marchand, l'argent ne m'intéresse pas.

Je marquai à nouveau une pause, voyant la serveuse qui apportait le repas. Je notai alors un véritable effort fait dans la présentation, malgré l’originalité de la commande. Évidement, pour une personne comme moi, c’était parfaitement inutile, mais j’appréciais tout de même l’attention. Si je fus surpris de voir Hak commander la même chose que moi, je compris mieux lorsque je remarquai qu’elle ne touchait pas à son assiette.

- Bon, pour être honnête, j’avais un plan assez complexe avant de t’envoyer le message, mais maintenant que tu acceptes, autant faire simple. On rentre dans le bâtiment par le toit, puis on cherche discrètement notre cible pour l’éliminer. Si l’un de nous se fait repérer, on abandonne la discrétion et on tue tout le monde jusqu’à ce que l’on tombe sur notre homme, puis on part.

En finissant ces mots, j’en profitai pour attaquer mon repas. Il s’agissait d’un morceau de boeuf, ce qui ne m’étonna pas vraiment. Quitte à servir de la viande crue, les cuisiniers avaient jugé bon de servir une viande adaptée. Cela ne me dérangeait pas vraiment, j’aimais bien, même si c’était un peu trop banal.

- Je ne te cache pas que je compte sur notre supériorité au combat pour réussir, on m’a assuré que les rares shinobi qui faisaient parti du groupe n’avaient pas un niveau élevé. De plus, comme il s’agit d’un groupe de mercenaire, ils ne parleront jamais de ce qu’il s’est passé pour éviter de perdre leur réputation. Et comme d’habitude, Karyuudo restera à l’extérieur pour s’assurer que la cible ne s’échappe pas.

Je savais que mon plan n’était pas parfait, il se rapprochait plus d’une décision arbitraire que d’une réelle stratégie d’attaque. Cependant, établir une stratégie sans connaître les détails de la cible était presque inutile. Je préférais ne pas avoir de plan qu’en avoir un inutile.

Mes dents grincèrent quelque peu à la réponse d’Otoke. Je le pensais réellement plus apte à lire entre les lignes de ce que je disais, sans se jeter sur la première conclusion qui lui venait à l’esprit. Tant pis, mon petit sauvageon se rendrait bien vite compte de son erreur. Lui adressant un sourire se voulant innocent – avais-je réussi à obtenir l’effet que je voulais ? -, je m’empresse de répondre le temps que la serveuse arrive.

« Agir comme si tu ne me connaissais pas, voilà qui est rude. Je n’aurai que faire de cet argent. »

D’un geste sourd, je repousse l’assiette qui se présente devant moi de quelques centimètres. Cela ne me gênerai pas forcément de devoir la manger, mais il y avait des règles pour les kunoichis qui ne s’appliquaient pas aux ninjas – nous devions établir un standard, être capable de nous montrer féminine pour les jours où il y aurait besoin de ce comportement. Dévorer de la viande crue à l’image d’un animal ne rentrait pas réellement dans le tableau, et déjà que j’avais du mal à m’y tenir… Eviter les égards trop importants semblait de mise. Alors qu’il m’exposait son plan, je ne faisais que sentir la violence monter en moi, consciente que notre escapade risquait d’être un réel carnage – et il m’était triste mais vrai d’avouer que les plans d’Otoke, s’ils n’étaient pas les plus élaborés et les plus fins quand il était dans l’ignorance de ce qu’il avait devant lui, gardaient toujours ce petit quelque chose qui les rendait… Tellement succulents.

Discrètement, alors qu’il recommence à manger en ayant fini son explication, j’attrape mon coude droit avec le bras gauche, prenant peine à mettre en valeur le peu de poitrine que je possède, puis d’un geste gracieux, je fais mine de lui lancer un shuriken avec ma main droite, me voulant enjôleuse et, enfin, je porte mon visage sur mes deux paume, coudes légèrement écartés – telle une jeune femme amourachée – clôturant le tout avec un sourire délicat, bouche semi-ouverte. Je me demande s’il va remarquer les efforts que j’ai mis à établir cette séquence gestuelle dans le but de séduire – mes capacités dans ce domaine étant encore déplorable, il n’y a rien de mieux qu’un assexué pas laid à regarder pour m’entraîner, même s’il va certainement en rire une fois de plus.

« J’adore ton idée, tu sais. J’y vois toutes les bonnes intentions envers moi que tu y mets, prenant garde à mon plaisir et à ma distraction. Un vrai amant parfait. On fait ça ce soir ? »

Je ferme légèrement les yeux, faisant battre mes sourcils avant de pousser délicatement mon assiette vers son côté de la table.

« Tu as l’air d’avoir faim, je te laisse ma part. Au pire, tu n’as qu’à la lui donner. »

Secouant brièvement la tête, je me reprends intégralement et récupère ma posture neutre d’avant – c’en est assez des petits jeux, je ne voudrais pas le froisser plus que nécessaire ce soir. Pas avant qu’on s’amure en tout cas.

« Alors, c’était comment ? »

Même si je la connaissais en partie, je n’arrivais jamais réellement à comprendre ce qu’elle sous-entendait. Sa réponse fut l’exemple parfait de l’incompréhension que j’avais pour cette jeune femme. Agir de manière sèche et détachée avant de changer totalement pour devenir amicale, voire séductrice. Enfin bref, je n’allais pas essayer de la comprendre sinon j’allais encore passer des heures dessus pour me retrouver avec une migraine inutile. Tant qu’elle restait de mon côté et qu’elle acceptait de m’aider, je n’allais pas lui reprocher quoi que ce soit.

- Quitte à te faire participer, autant que tu y prennes du plaisir également ! On peut faire ça dès ce soir si tu veux, mais ça risque de prendre du temps. Je ne voudrais pas faire cela dans la précipitation, ce serait dommage.

Tandis que je finissais mon assiette, Hak me proposa de récupère son morceau de viande, pour le manger ou le donner à Karyuudo. C’était sympathique de sa part de penser à lui, rares étaient ceux qui le faisaient.

- Je vais lui prendre, ça lui fera plaisir ! Il trouvera forcément quelque chose à redire sur le goût, mais globalement, c’est de la bonne qualité, ça lui ira.

Saisissant le morceau de viande, j’utilisai ma serviette en papier pour l’emballer simplement. Je sortis alors de quoi payer le repas et j’invitai mon invitée à partir. Sortant du restaurant, je lançai le morceau en l’air. Je savais parfaitement que Karyuudo attendait avec impatience notre sortie et il n’était pas du genre à laisser de la nourriture tomber par terre. Il fonça donc dessus, la saisissant au vol avant de se reposer à côté de nous.

- Merci bien !

- C’est Hak que tu devrais remercier !

- Tu parles, je commence à la connaître aussi, je suis prêt à parier que tu as gentiment payé le repas sans rien demander.

Il avait raison, mais cela ne voulait rien dire, je l’avais invitée pour lui proposer une mission, il était parfaitement normal pour moi de payer le repas. Je savais que Kary’ n’avait pas totalement confiance en Hak, il l’appréciait, mais il doutait de ma capacité à la cerner. Il n’avait pas tord, si je n’arrivais pas à la comprendre, cela ne m’empêchait pas de lui faire confiance, ce qui n’était pas naturel chez moi.

- Bon, on a de la route à faire, allons-y !

Il n’y avait qu’Otoke pour manquer suffisamment de tact et rester totalement hermétique à tout ce que j’essaye de faire, me donnant corps et âme – même si sa première réponse était connotée par la même ambiguïté que je m’étais efforcée à mettre. Comme quoi, il n’était peut-être pas la forteresse inébranlable qu’il pensait être, vu que je viens de le perdre dans mon jeu. Le jour où je le ferai craquer sera le plus grand exploit de mon entraînement, un atout majeur dans ma capacité à confondre les hommes. Bien sûr, je pourrais utiliser un Genjutsu pour faire ce que bon me semble, mais les intérêts en seraient limités – je n’apprécie pas particulièrement être totalement dépendante de mon Chakra. Lorsqu’il termina enfin de manger, prenant le morceau de viande pour Karyuudo, je savais que les choses allaient enfin devenir intéressantes – dans leur fond du moins, car le comportement du ninja compagnoneur ne me choque plus depuis le temps. Il a son aigle, s’occupe de lui, garde toujours ce dernier à proximité et entretiens une relation singulière, étant prêt à abandonner toute son humanité pour suivre ce dernier. Une symbiose parfaite qui ne fut que confirmée à mes yeux lorsqu’il lança la viande dans les airs dès la sortie du restaurant. D’un geste de la main ressemblant à un demi-salut militaire, je me vois saluer la majestueuse volaille en lui adressant un sourire avant de revenir sur les paroles du Dôbutsu.

« Oui, allons-y avant d’attirer l’attention. »

D’un nouveau geste de la main, je concentre les petites quantités de Chakra à nouveau dans mon corps, revêtant mon apparence polymorphe au moindre contact sensoriel avec quelqu’un de sorte à rester méconnaissable – bien que mon acolyte, conscient de qui je suis et me connaissant parfaitement, ne voyait pas défiler l’esthétique de mon visage. De toute façon, vu l’importance qu’il me prêtait quand je m’efforçais de le séduire à blanc, c’était à se demander s’il reconnaissait même mon existence en tant que femme – et tant mieux, lui au moins ne me prends pas pour une faible. Tiens, je n’ai pas informé mère que je ne rentrais pas ce soir, elle va encore s’imaginer que je découche chez lui. Me maudissant intérieurement de ce quiproquo – qui est bien le seul qui peut me gêner dans cette relation – je ne fais que suivre Otoke dans un silence absolu, tels deux fantômes qui s’approchent de la nouvelle proie qu’ils veulent hanter.

HRP: