Tout commença lors d'un après-midi d'été, le ciel était ensoleillé avec un léger courant d'air frais qui passait de temps à autre. L'atmosphère était quelque peu étouffante par la chaleur, mais pourtant, elle restait humide par l'air. Agréable sentiment, apaisée comme un nourrisson dans les bras de sa maman. La jeune fillette ouvrit lentement ses délicates paupières. Le vent venait vers sa direction comme pour la pousser vers l'avant. Elle avait de jolis cheveux courts de couleur blanche. Non pas un blanc comme la lumière lui aurait enlevé toute couleur, mais un blanc comme celui des fleurs de coton, doux comme celles-ci. Elle se tenait juste là, debout, son regard était perdu dans le vide. Nul ne savait ce qu'elle pouvait voir à travers ces beaux yeux bleus. Mais à la voir ainsi, on pouvait croire qu'elle voyait des centaines d'étoiles scintillantes dans le ciel. Ses pupilles brillaient comme ceux d'un enfant venant de découvrir l'espoir. De petite taille, mais à l'époque, je trouvais qu'il s'agissait plutôt de mon entourage qui était grand. Immenses étaient les arbres, leur feuillage me protégeait du soleil et de la pluie. Les adultes me paraissaient également très grands, je devais lever ma tête vers le haut pour voir ne serait-ce que le bout de leur menton. Seules les petites fleurs me paraissaient de taille normale, je les prenais délicatement dans ma main pour ne pas leurs supprimer l'oxygène. Elles remplissaient tout ma paume rondouillée. Leur éclat était magnifique, bleu comme la gentillesse, jaune comme le bonheur, rouge comme l'amour. Les éléments sont différents selon la personne qui les observe, à travers mon regard, je ne voyais que la beauté des choses. Petite fille innocente que j'étais, je me souviens que dans mon grand jardin, vers le côté Ouest se trouvait tout un tas d'hibiscus. Des fleurs de cinq pétales qui émanaient un délicat parfum. J'appréciais leur odeur tout particulièrement, je saurais les reconnaitre parmi tant d'autres..

" ..i ...ki ...ki "

Tout à coup, la jeune fillette se retourna. Tiens, c'est moi que l'on appelle ? Semblerait-il que oui. Cette voix se rapprochait lentement, comme une main qui viendrait de mon avenir se tendant à moi. Seulement, pourquoi n'arrivais-je pas à entendre le début ? Pouvez-vous répéter plus fort s'il vous plaît ? Laissez moi entendre mon nom. "KI".. ? Je n'arrive pas à vous entendre.. "KI"..
Ha..Ha ha ! Je n'arrivais à entendre que la dernière syllabe, comme c'était bizarre. Mais à quoi elle correspondait ? "KI" comme.. Souffle de la vie ! Présent dans le bois, le cour d'eau et toute la nature qui m'entourait, c'était la respiration de tout élément vivant. Étrange mais joli nom, ne pensez-vous pas ? Voilà qu'un sentiment nostalgique s'emparait de moi.. "KI" ? Non, quel est le début ? Je veux connaitre le nom entier.. Pourquoi me demander vous ? C'est évident pourtant. Simplement, car il s'agissait de mon propre nom. Tu le sais, je le sais, KuKI n'est pas mon vrai nom. Le vrai nom, c'est le nom qui nous a été donné par notre parent, or KuKI n'est pas le nom que m'a choisit mes parents.. Ça me parait facile à comprendre. Oui, moi aussi, j'ai des parents en ce bas monde ! Alors maintenant, voudrais-tu me dire quel est mon "vrai" nom ?

" ..Ki !

On pouvait apercevoir au loin une petite fille allongée sous le grand chêne. Elle semblait calme à dormir paisiblement.

- ...Ki !  Chiyuuki !

Elle se réveilla soudainement de son sommeil. Elle se leva puis regarda la personne qui l'avait appelé ainsi. La voyant arriver, elle lui afficha un large sourire des plus sincère, sans une once de mensonge, puis annonça d'une voix chaleureuse et adorable.

- Oui Maman ?

- Chiyuki, combien de fois t'ai-je demandé de ne pas t'assoupir comme ça n'importe où ?

- Héhé, Désolée maman.. Disait la petite fille en tirant la langue un peu gênée.

- Tu sais, ce n'est pas pour t'embêter que je dis ça. Mais ce n'est pas ce qu'il y a de mieux à faire.. Cependant à voir le visage de l'enfant, elle ne pouvait que pousser un soupir. Tu feras plus attention la prochaine fois.

- Oui ! s'exclamait-elle. Puis en tournant son regard vers le ciel, toujours avec une lueur brulante dans ses yeux elle se mit à parler d'un air songeur. Tu sais maman, j'ai fait un drôle de rêve. Enfin, je crois.. J'ai rencontré une jolie demoiselle avec une grosse fleur sur la tête. Elle semblait triste, ses yeux étaient ternes. Elle a voulu me dire quelque chose, mais je ne m'en rappelle plus.. Poursuivit-elle d'un air déçu.

- Ne t'en fais pas. Cela te reviendra peut être à l'esprit dans une prochaine nuit. Disait la mère d'une voix douce

Suite à ces paroles, elles se sourirent toutes les deux avant que la petite Chiyuki ne s'en aille. Elle ne savait pas trop vers où aller, elle vagabondait simplement.. Alors qu'elle passait devant le Vieux Jardin, elle s'aperçut de la présence d'une grosse stèle. La curiosité s'empara d'elle, comme tous les enfants de son âge. Elle se rapproche pour mieux voir, pour toucher cette pierre.

" Une tombe ? " se demandait-elle.

Soudainement, son visage se noircit. Oui, elle avait peur de ce qui était appelé "fantôme" mais plus de se faire détester par le mort.. Cependant, à regarder plus attentivement, on pouvait s'apercevoir qu'il ne s'agissait pas d'une stèle pour un défunt, mais d'une pierre qui aurait été gravée par un artiste ?

" Qu'est-ce qu'il aurait bien pu écrire ? "

L'envie de savoir s'emparait d'elle, mais elle n'arrivait pas à décrypter les signes inscrits sur la roche. Ça daterait d'il y a fort longtemps. Abîmée par le temps, elle était indéchiffrable. Seulement la moitié des calligrammes étaient présents, mais in-reconnaissables.. Quel poète serait bien venu ici ? Elle n'avait pas souvenir d'avoir entendu parler d'un quelconque artiste..

La nuit commençait à tomber, la petite fillette devait rentrer chez elle. Chiyuki connaissait le chemin du retour par cœur, passant derrière quelques arbres puis le grand pont qui traversait la rivière avant de voir sa maison. Une demeure de taille raisonnable avec seulement un rez-de-chaussée comportant deux chambres pour dormir, salon, salle à manger, puis une douche.
Elle se mit sur la pointe des pieds pour atteindre la poignée de la porte pour la pousser vers l'avant. Elle entra puis referma derrière elle.

" Je suis rentrée. Disait-elle avec sa petite voix dansante qui lui était habituelle.

- Chiyuki ! Tu es rentrée, viens dîner avec nous, ton papa t'attend ! " Annonçait la mère avec un charmant sourire.

Je rejoignis mes deux parents à table pour dîner. Durant le repas je parlais beaucoup, de tout et de rien. Certainement pour finalement ne rien dire d'important. Je racontais simplement ma journée, ce que j'avais découvert, ce que j'avais appris. J'allais à l'école quotidiennement, comme tous mes camarades. Souvent, je jouais avec Miko, sauf que ces temps-ci elle était partie chez sa grand-mère alors je me retrouvais seule. Cependant, ce n'était pas comme si je ressentais de la solitude, non loin de là. Chaque jour, je m'occupais à visiter tout notre village. Je me balladais partout, je grimpais sur les arbres, je courrais après les chats et pas que ! Mais après tout ce qui bouge. Je passais mon temps à observer les environs, c'est même très passionnant contrairement aux impressions car tu pouvais découvrir pleins de choses. Tout comme aujourd'hui ! La stèle que j'ai découverte était vraiment curieuse, seulement, je n'en connaissais ni sa provenance, ni sa signification.. Je voulais attendre après manger pour demander à maman si elle en saurait des choses. Elle était incroyablement cultivée sur la littérature, ma passion pour les livres venait probablement d'elle.

On pouvait apercevoir l'astre de la nuit accrochée dans le ciel, entendre à l'extérieur le bruit des insectes nocturnes. J'étais chez moi blottie dans mon lit avec maman à mes côtés. Il me tardait de m'endormir, sauf que je voulais en connaitre d'avantage à propos de la pierre que j'avais aperçu aujourd'hui.

" Dit maman, tu sais la stèle dont je t'ai parlé ?

- hum.. "

Elle était allongée près de moi me tenant compagnie. Elle inspira profondément avant de commencer à me raconter une histoire.
" Il y a fort longtemps de cela, un poète fut envoyé ici comme assistant de la préfecture. C'était un homme bon, honnête et cultivé, de sa plume serait nées bon nombre d'œuvres toutes aussi incroyables les unes que les autres. Il inspirait le respect chez chaque personne, que ce soit par sa tenue ou bien par l'aura qu'il dégageait. Depuis la fenêtre de sa demeure, on pouvait apercevoir un grand arbre, qui lors de la saison de floraison donnait de très belles fleurs.. Le temps s'écoulait doucement, lorsqu'un jour, il fit une étrange découverte, surprenante même. Alors qu'il écrivait son poème sous les lueurs de la lune, la fatigue s'empara de lui. Il ferma alors ses yeux et se laissa emporter par le sommeil. Puis le lendemain, il se rendit compte que son poème inachevé avait été terminé pendant qu'il dormait. Surpris, ne comprenant pas, il désirait savoir ce qu'il s'était passé. Lors de la nuit qui suivait, il décida de faire semblant de s'endormir à coté d'un puit. Grâce à cela, il obtint la réponse qu'il recherchait. Il pouvait voir au-dessus du reflet de la lune sur l'eau du puit, un être radieux, l'esprit de l'hibiscus.. Le lendemain alors qu'il avait reçu l'autorisation de quitter les lieux, il préféra rester. Il était tombé sous le charme de l'image qu'il avait vue cette nuit-là. Il était fou amoureux de cette beauté, cette beauté qui ne pouvait être vue nul par ailleurs. Cependant, il ne la revit plus jamais.. "

" Mais c'est trop triste ? demanda la petite fille

- Tout à fait.. Vois-tu Chiyuki, c'est ce que l'on appelle la nostalgie. Expliqua la mère avec un sourire consolant.

La nostalgie, ce sentiment qui naissait en moi et qui me serrait le cœur. Je ne pourrais pas dire que cela était désagréable, c'était un ressentiment que j'éprouvais et qui constituait mon être.. Je me sentais triste pour le poète. Ne plus pouvoir voir celle que l'on a aimé.. Bien que j'étais trop jeune pour tomber amoureuse de qui que ce soit, mes parents s'aimaient l'un l'autre, ils seraient tristes de ne plus pouvoir être ensemble. Moi de même, je me sentirais mal de ne plus pouvoir voir les personnes qui me sont chères.

Cependant, je ne suis plus sûre de la suite de l'histoire.. Au fur et à mesure qu'elle me racontait le récit, je commençais à somnoler. La dernière partie m'échappa, je n'avais pas pu l'entendre. Le son de sa voix disparaissait peu à peu, jusqu'à ce que le sommeil me prenne dans ses bras. Légère, sereine, en paix, je m'endormais profondément. Peut-être bien commençais-je à rêver ?.. Cette délicate odeur.. d'hibiscus. " Au calme dans le jardin de bambou.. Au repos dans la solitude et le silence.." Quelle était la suite déjà ..? Hum.. Je la connaissais ?..

Suite à cela, le poète fut assassiné et à sa mort, les Hibiscus du Vieu Jardin se tintèrent de fleurs de toutes les couleurs. À cette époque le Vieu Jardin avait un bien joli nom, il était surnommé le Jardin écarlate. Le Jardin rempli d'hibiscus était l'un des lieux les plus beaux au monde. Les pétales qui étaient d'un rouge flamboyant redevinrent petit à petit blanc, comme la neige.. "

Alors que je m'étais endormie sous ma couverture, une délicate odeur parfumée venait m'envelopper. Ce parfum, je le connaissais par cœur. Je pouvais deviner facilement qu'il s'agissait du parfum d'Hibiscus, cette plante que j'appréciais énormément. Cette douce senteur apaisante, une fleur belle et gracieuse. Je pouvais l'entendre très clairement, ou plutôt les mots me venaient à l'esprit.. "Au calme dans le jardin de bambou.. au repos dans la solitude et le silence.. " J'avais du mal à comprendre tout le sens de ces belles paroles, mais elles me venaient en boucle. Je n'arrivais pas à connaître la suite, alors comment connaissais-je le début ?
Je n'entendais rien, j'entendais tout. Le bruit des diverses choses que je ne saurais décrire, mais des bruits, des sons, joyeux. Je me sentais heureuse, contente, ou seulement mon corps l'était. Mon imagination ? Peut-être, mais d'où me venait-elle ? J'avais à ce moment les yeux fermés, mais pourtant, je pouvais percevoir mille couleurs à la fois.. Alors qu'en réalité, il faisait tout noir dans mes alentours..

" ...Hum ? "

La voilà de retour dans sa chambre silencieuse. Elle ouvrit lentement ses paupières, puis se leva doucement de son lit. Elle se colla contre sa fenêtre pour voir ces petites lumières scintillantes qui l'avaient interpelées. La curiosité encore, mais cette fois-ci, c'était plus comme un papillon de nuit qui était attiré par la lumière. Elle ne saurait pourquoi, mais elle se dirigeait vers cette source lumineuse. Descendant les marches de l'entrée, elle sortit vers l'extérieur de sa maison. En simple pyjama, mais elle ne tremblait pas. Elle avait l'impression que la chaleur tout autour d'elle la réchauffait, même si dehors c'était le froid nocturne. Parfois nous ne comprenons pas, il nous arrive de simplement suivre notre instinct, ce qui était le cas de la jeune fille.
Arrivée dans son grand jardin, elle tourna à droite. L'esprit dans les vapes, elle ne faisait pas bien attention vers là où elle marchait..

" Ouch ! "

Chiyuuki avait heurté quelqu'un.. Elle se retourna puis vit une charmante demoiselle. Des jolis cheveux noirs qui brillaient à la lumière faisant ressortir sa peau couleur blanche. La prunelle de ses yeux d'un brun sombre, ses vêtements semblaient être faits de soie, ornée de beaux bijoux pour décorer ses cheveux.. Ce qu'elle était belle, pensais-je..

" Mais regarde où tu vas ! Ne reste pas en plein milieu !

- D-Désolée.. ! "

Sa beauté m'avait surpris, elle était vraiment ravissante, encore plus belle que maman.. Puis suivit d'une autre jeune demoiselle arriva. Elles se ressemblaient comme deux gouttes d'eau, étaient-elles jumelles ? Je n'en savais rien, mais je me contentai de les observer.

" Regarde, c'est toi qui lui es rentrée dedans !

- Ne dis pas ça ! Tout le temps, tu te mets du côté des étrangers !

La deuxième arrivée se tourna vers Chiyuki, d'un gentille regard elle lui adressa la parole.
- Je m'excuse pour les désagréments qu'elle t'a causé.. Dis moi, voudrais-tu bien m'aider ? Là où nous vivons actuellement la lumière ne peut plus l'atteindre, si nous restons, notre beauté va faner.. Pourrais-tu nous aider à déménager ? On t'en serait très reconnaissante.

- O-Oui ! "

Je me suis empressée de répondre. Maman me disait souvent de ne pas parler à n'importe quel étranger, mais je ne pouvais pas refuser. La raison, je l'ignore, je la suivis simplement à travers les feuillages. Je m'étais peut-être perdu ? Mais tant que je la suivais tout se passera bien. Alors qu'elle s'enfonçait de plus en plus, j'accélérai le pas pour la rattraper...

J'arrivais vers là d'où émanait la lumière. Face à moi se déroulait un spectacle grandiose, magnifique, je n'avais simplement pas les mots pour le décrire. Je ne pouvais pas dévier mon regard ne serait-ce que quelques secondes, ils étaient grands ouvert ne voulant pas rater un instant de la scène qui se présentait à moi. Elles étaient toutes aussi éblouissantes les unes que les autres. Des jeunes femmes élégantes aux cheveux soigneux, une belle peau blanchâtre, mais plus encore, des vêtements encore plus impressionnants que les deux demoiselles rencontrées plus tôt. Il s'agissait de la beauté pure et naturelle, seul une fois dans ma vie, j'avais pu voir une telle merveille. L'atmosphère qui émanait d'elles était agréablement douce, magique.. Certaines jouaient de la flûte, de la harpe, d'autres dansaient comme si elles flottaient dans les airs.. Légère, à hésiter en croire la réalité. Que puis-je dire d'autre ? Je ne pouvais que simplement observer en silence, aucun son ne pouvait sortir de ma bouche. Elles étaient tellement...
"..." Tiens, c'est étrange, des larmes se mettent à couler tout en longeant mes petites joues potelées. Je ne comprenais pas, mais je continuais de les admirer. Trop rayonnant, pourtant je n'arrivais à fermer mes yeux..

" Ne regarde pas ainsi. Si tu gardes les yeux grands ouverts tu les abîmera.

Quelqu'un derrière moi m'avait mis ses mains m'empêchant d'en voir plus, ou plutôt pour me protéger de ces lumières dangereuses pour moi. Alors que je me retournai pour la voir, elle apparut en face de moi. Sa beauté n'avait d'égale en ce monde.. Mais comment pouvais-je la regarder si mes pupilles ne peuvent en supporter la vue ?

Ce délicat parfum qui émanait d'elle.. Elle m'était familière, aucun doute..

- Vous êtes.. L'esprit de l'Hibiscus ? "

Mes yeux ne cessait de la chercher.. Je la voyais..

" Je crois que je commence à comprendre..

Ce qu'avait ressentit le poète à l'époque. Oui.. Ce sentiment qui s'agrandissait petit à petit dans mon âme.
La jeune femme détourna les yeux de la petite Chiyuki puis se mit à parler avec une once de tristesse dans sa voix.

- Vous les humains.. Vous êtes obsédés par la beauté alors que vous n'en supportez pas la vue. Tout comme cet homme.. J'étais sans doute trop naïve à cette époque..

À l'époque ? Il s'agit certainement de cette époque qu'elle veux parler, ce temps que je n'ai jamais connu.
Le poète avait accepté son destin. Pour lui, l'avoir une fois était suffisant, il était satisfait et n'en demanderait pas plus.

Cependant moi je cherchais à le revoir. J'étais moi aussi tombée sous le charme de ces yeux qui se sont posés sur moi..

Je ressentais des gouttes légères me tomber dessus. L'esprit de l'hibiscus semblait vraiment l'aimer, les pleures coulaient sur son doux visage. Même ainsi elle était ravissante. Elle avait l'air tellement triste, je ne pouvais m'empêcher de partager sa peine. Moi qui ne suis qu'un simple spectateur, une simple enfant, je ne pouvais m'empêcher d'avoir mal avec elle..

Si je ne peux pas être regardée par la personne que j'aime.. À quoi peut servir ma beauté ? Je n'ai pas compris.. Les humains sont des êtres bien trop fragiles.. Si dés lors de notre rencontre j'étais destinée à ne plus le revoir, alors nous n'aurions jamais dû nous rencontrer.

Je ne pouvais rien dire, rien faire, seulement verser mes larmes. Malheureusement, je n'avais pas compris à temps..

"Choses vues et sentiments éprouvés.. Désormais seront secrets." "

Les mots prononcés cette fois-là étaient tombés dans un temps infini, sans laisser aucune trace, sans faire un bruit..

La prochaine fois que j'ouvris mes paupières, il faisait déjà jour. J'étais allongée à l'intérieur de mon lit douillé, dans ma chambre avec les rideaux légèrement écartés pour laisser entrer les rayons du soleil. Mes yeux me picotaient un peu, légèrement rouges et enflés. Je n'arrivais pas à comprendre..

" Était-ce seulement un rêve ?

Je suis pourtant sûre de les avoirs vus, sûre qu'au travers de mon regard avoir aperçu cette scène. Mais pourtant tout s'est passé comme un rêve, j'étais encore un peu endormie..
Je me levai doucement de mon lit puis enfilai mes pantoufles. Je me dirigeai vers la cuisine, là où ma maman s'y trouvait déjà.

" Bonjour Maman ! Sa sent bon, qu'est-ce que c'est ?

- Oh Chiyuki ! Viens, je t'ai préparé des dangos ! "

Des petites pâtisseries japonaise faites à partir de la farine de riz gluant. Moelleux, sucrés, délicieux. La jeune fillette était très joyeuse, elle adorait ça. Remerciant sa mère et se dépêchai de s'assoir à table pour manger sa part. En même temps qu'elle dirigeait ces boules de mochi vers sa bouche, elle racontai à sa mère son exploit de la veille.

" Tu sais maman, hier j'ai rencontré l'Esprit de l'Hibiscus ! Elle était vraiment belle ! Annonça la fillette d'un air innocent.

- Oh ? La jeune femme était quelque peu surprise de ce que venait de dire sa fille, mais ce n'était pas impossible. Elle lui avait raconté l'histoire juste avant qu'elle ne s'endorme, pas étonnant, pensait-elle. Tu as fait de beaux rêves alors. Répondit-elle calmement avec un gentil sourire.

- Hum ! Mais non, il ne s'agissait pas d'un rêve ! Je l'ai bel et bien vu ! Elle existe vraiment l'esprit de l'Hibiscus S'exclama la petite fille. Oui, elle en était convaincue. Elle est même d'une beauté éblouissante !

- Bien sûr, je te crois. Annonçait la mère toujours avec la même expression chaleureuse. Malgré ses mots, elle ne semblait pas vraiment prendre au sérieux les paroles de Chiyuki.

Il était difficile de convaincre ses parents d'une telle chose. La petite fille semblait déçut. Pourquoi ne me croient-ils pas ? Pensait-elle. Après avoir fini son petit déjeuné, elle se vêtit de sa robe blanche brodée de jolis motifs. Elle sortit, puis tout en sautillant, elle se dirigeait vers le Vieu Jardin.

" C'est nul. Personne ne me croît. Ils pensent tous que j'ai fait un rêve.. "

Or ce n'est pas vrai ! Alors qu'elle tirait de son pied dans un petit caillou se trouvant sur son chemin, elle revit la stèle qu'elle avait découverte hier. Encore une fois, elle se dirigea vers celle-ci. Cette fois aussi, elle essaya de lire les calligrammes inscrites dessus.. Elle posa ses petites mains tout en faisant attention, puis observait attentivement. Elle semblait regarder au travers de cette pierre avec la nuance bleu de ses yeux..

"  " Au calme dans le jardin de bambous, au repos dans la solitude et le silence. Choses vues et sentiments éprouvés désormais seront secrets. " "

Ces paroles lui étaient venues naturellement à l'esprit comme la nuit précédente, sans savoir pourquoi. Mais à regarder clairement les inscriptions sur la stèle abîmées, cela correspondait tout à fait. Oui, c'était ce qu'avait inscrit le poète.. La petite fille sourit, cela avait réellement existé, réellement eu lieu. Alors ça ne serait pas qu'un rêve ? Un sentiment de soulagement, mais aussi de peine pour ce qu'elle avait découvert. Une triste histoire entre un poète et l'esprit de l'hibiscus, mais pourtant tout autant incroyable. Jamais elle n'oublierait ce qu'elle avait vue, réalité ou imaginaire, elle garderait cette scène qu'elle avait aperçue gravée à jamais dans sa mémoire..
Elle leva la tête vers le ciel, peut-être pour observer les nuages ? Ou pour ressentir le souffle de l'air de l'été frais encore une fois ? Puis en tournant son regard sur le côté, elle remarqua que quelque chose brillait derrière la stèle. Elle poussa celle-ci pour voir de quoi il s'agissait..

" Oh mais c'est .. "

Une petite clochette brillait sous la stèle. Chiyuki le prit dans sa main et la contempla. Ses souvenirs étaient floutés, mais elle ressemblait à celle que portait l'Esprit de l'Hibiscus, la forme d'une petite fleur de clochette. Elle était très mignonne et ne semblait pas bizarrement avoir été endommagée par le temps. Depuis quand était-elle ici ? Pourtant hier, elle ne l'avait pas remarqué..

" Si elle n'appartient à personne, je peux la prendre ? "

La fillette était très polie, si elle ramassait de l'argent à quelqu'un d'autre elle lui rendra. Sauf que cette petite clochette en argent semblait avoir été abandonnée ici.. Il n'avait pas l'air d'appartenir à quelqu'un, alors la petite Chiyuki le prit avec elle.. Elle regardait et faisait refléter l'objet sur les rayons solaires qui l'éblouissaient..

" hum..? "

Peu à peu tout commença à blanchir, elle ne voyait plus rien à cause la lumière du jour. Elle ferma alors les yeux...

* * * * *

KuKI avait oublié de fermer ses rideaux, la lumière aveuglante du matin la réveilla de son long sommeil. Le ciel à Kumo était déjà bien éclairé, le village était déjà bien animé. Aujourd'hui contrairement aux autres jours, la jeune fille avait dormi un peu plus que d'habitude. Elle ouvrit lentement ses paupières pour voir le plafond de sa chambre. Elle tendit son bras vers celui-ci, comme pour attraper quelqu'un..? Son regard était terne, sans émotions, pas l'ombre d'un sourire. Mais que pouvait-elle voir à travers ce regard glacial ? Seulement les ténèbres, le désespoir.. ou bien rien du tout ? Le vide sans fin.. Beaucoup avaient du mal à la comprendre, elle-même aussi ne savait pas ce qu'elle faisait. Elle se leva et resta assise sur son lit à regarder autour d'elle. Elle semblait chercher quelque chose, comme si elle était perdue..

Étrange.. J'avais l'impression d'avoir fait un beau rêvé qui dura toute la nuit ? Pourtant non.. Je n'arrivais à me rappeler de rien du tout. Mon imagination peut-être ? Elle mit sa main sur son cœur et serra fortement. Bizarrement je sens mon cœur qui me faisait mal, comme si.. Puis de simples larmes coulèrent sur son visage inanimé.. J'avais l'impression d'avoir oublié quelque chose d'important, ou que quelque chose d'important venait de se produire. Sauf que j'avais beau réfléchir, je n'arrivais pas à me souvenir, de ce quelque chose que je n'aurais pas dû oublier. Elle n'aimait pas ça, cette impression, tout comme son passé qui n'existe plus, tout comme son vrai nom qui aurait disparu, elle ne veut plus oublier d'avantage..
Elle ressentait un gros sentiment de nostalgie naître en elle, c'était rare pour la jeune fille. Elle avait envie de pleurer à chaude larme, de crier, mais pourtant, elle ne pouvait que rester calme et laisser tomber l'eau de ses yeux en silence. Souffrir en silence..

" Ting ding ♪ "

..? Un simple petit son se fit entendre, comme une note de musique. Elle tourna son regard vers sa table de nuit sur lequel se trouvait son bandeau. Une étrange clochette qui n'était pas là hier y était déposée. Elle le prit dans sa main et regarda celle-ci, une clochette d'argent en forme de fleur. Quel étrange ressentiment..

" "Au calme dans le jardin de bambous, Au repos dans la solitude et le silence.. Choses vues et sentiments éprouvées désormais seront secrets. " "

Ces paroles lui vinrent naturellement, elle comprenait pas comment ni pourquoi. Mais pourtant, elle pouvait ressentir le poids de ces mots..

HRP:

PS: