Une nouvelle mission confiée par l’Ordre. Comme de coutume, le message était parvenu au Kamikaze d’une façon inattendue. Mais toujours avec un certain rituel. Ce coup-ci, c’est dans la rue, alors qu’il se promenait tranquillement à travers les ruelles d’un village du pays de la Foudre qu’un mendiant est parvenu à sa hauteur. D’abord insistant par le regard, le bonhomme, une fois en face de Yoite l’obligea à s’arrêter dans la mesure où il se tint devant lui. Sortant un bras de son long manteau sales et déchiqueté, un petit gobelet tenu d’une main frêle fit tinter quelques piécettes.

_ Quelques pièces pour la cosa nostra !

Le shinobi se figea. Non pas par surprise mais parce que les mots prononcés par le mendiant pouvaient porter à confusion vis-à-vis de son passé. Était-ce fortuit ? Yoite choisit de réagir automatiquement tel qu’on le lui avait enseigné. À ce stade, de toutes manières, il n’était guère utile de se poser trop de questions. L’homme formula quelques paroles. Des propos en apparence anodins. Le visage du mendiant laissa voir, comme en réponse aux propos du Kamikaze, un sourire empreint de satisfecit et de sadisme. Il fit tinter à nouveau son gobelet, un regard espiègle porté sur son interlocuteur. Ce dernier comprit visiblement. Il porta sa main à sa poche en sortit quelques ryos qu’il plongea dans le gobelet du bonhomme. Seul un œil particulièrement attentif à la scène, somme toute commune, aurait pu voir ce qui se passa réellement.

Le Kamikaze eut un sourire à l’intention du mendiant et passa son chemin. Il marcha tranquillement jusqu’à un restaurant plusieurs mètres plus loin et pénétra dans l’enceinte. Il s’agissait du Coq Volant. Une bâtisse bien connue pour abriter des civils de la moyenne classe venu au centre-ville gagner à la sueur de leur front leur pain quotidien. Cet endroit servait également pour les shinobis dont la solde n’était pas très importante. Des Genins le plus clair du temps. Yoite après avoir passé l’embrasure de la porte, se dirigea droit vers une table du fond. Dès son premier regard à l’intérieur de l’établissement, il avait figé dans son esprit le visage, les postures de chaque personne présente dans cet espace où il se trouvait. Mais ce n’est pas tout, comme de coutume, le bonhomme s’intéressait également au chakra de tous ceux présent dans les environs. Une aptitude naturelle bien à lui dont il savait user et abuser de la manière la plus discrète possible.

Une fois arrivé à hauteur de la table qu’il s’était choisi. Il tira la chaise et prit place. Il était dos au mur et devant lui, l’ensemble des clients. Personne ne semblait visiblement s’intéresser à lui et personne n’usait de son chakra. Mieux, aucun de ceux qui étaient autour de lui au moment de son échange avec le mendiant, n’étaient présents ici, car faut-il le préciser ? Même à ce moment-là, l’homme avait sondé le chakra des uns et des autres. Il attendit qu’un serveur vienne prendre sa commande et qu’il se fasse servir avant d’inspecter l’élément qu’il avait retiré du gobelet du mendiant en lui donnant quelques ryos. Une pièce ordinaire avec les mentions ordinaires, sauf que l’effigie au centre de la pièce, elle, était loin d’être ordinaire. Le shinobi continua de tourner la pièce entre son pouce et son index tout en la préservant du regard des autres par le creux de sa main. Bien sûr, personne ne regardait, mais il s’agissait d’une simple mesure de protection. En moins d’une minute d’observation, le Kamikaze comprit. Il sut faire le lien entre l’effigie et une personne réelle : la nouvelle cible à abattre.

Le lendemain, après que la cible lui soit communiquée, Yoite prit congés du village de Kumo. Comme de coutume, par le biais d’une mission nécessitant de quitter le village, le shinobi se trouva un prétexte. Quitter le village en toute quiétude et éviter d’éveiller le moindre soupçon quant à ses déplacements, était nécessaire. Quoi qu’il en soit, même en découvrant, chose très peu probable, que derrière cette mission accordée pouvait se cacher des desseins personnels, suivre à la trace le Kamikaze relevait d’un défi quasi insurmontable. Il faudrait être un ninja de haut niveau dans le domaine de la sensorialité pour disposer de la moindre chance. Autant dire que dans ce domaine-là, il faudrait se lever tôt pour espérer dépasser les compétences du kumojin en la matière.

Sautant de branches en branche, tel le vieux cliché ninja sauce naruto le voudrait, le kumojin filait vers le lieu de sa mission personnelle. A plusieurs lieux de la Foudre, le pays visé se trouvait quasiment à l’autre bout de la map. Plus précisément en plein Kaze no kuni. L’effigie gravée dans la pièce de monnaie, que Yoite avait retirée du pot du mendiant, la veille, laissait voir un personnage inconnu du kumojin. Ses traits laissaient croire que l’individu était plutôt âgé. Son faciès, sa mise laissaient penser que c’était quelqu’un d’assez érudit ou du moins possédant une vaste connaissance du monde et de la vie, en dépit de son âge. Présenter les choses ainsi peut paraître ridicule et pourtant… La seule indication écrite en petite sur le bas de la piécette est le nom du pays où le Kamikaze devait se rendre.

Yoite mit plusieurs jours pour parvenir à Kaze no Kuni. Kazemori fut son point d’entrée dans ce vaste pays désertique. C’est dans ce village qu’il passa quelques deux jours histoire de récupérer, de s’acclimater un minimum au climat. Mais ce n’était pas tout. Il avait également en tête d’enquêter sur sa cible. Des visites dans les lieux habituels de prise d’information comme les endroits où les langues se délient. Une taverne, un bar à défaut de pouvoir accéder aux soirées de gala et autres endroit où ceux qui détiennent le sort de plusieurs échangent et se partagent le monde dans la plus grande discrétion. Kamikaze fit donc le tour de plusieurs bars. Il s’était fait un portrait-robot, un dessin reprenant à merveille l'image de sa cible. Pour éviter toute suspicion, le Kamikaze prit l’apparence de membre de la police locale : un shinobi de Suna en patrouille dans le coin. Si un sunajin se permettait de rechercher quelqu'un, alors la démarche porterait moins à suspicion. Il ne fallut pas beaucoup de temps à Yoite pour trouver une première réponse à ses interrogations : le nom de sa cible. Saybogu Matsuo. Une première information presque aussitôt confirmée et bonifiée par une autre : le personnage ciblé n’était autre qu’un éminent chercheur de Kaze.

Yoite passa deux jours supplémentaires à tenter d’obtenir des informations supplémentaires sur ce Saibogu. Il voulait en savoir le maximum avant de tenter quoi que ce soit. Connaître sa cible, connaître son état d’esprit général, savoir quelles sont ses habitudes, ses goûts et préférences, ses forces et faiblesses avant de l’assassiner. Un processus parfois long, éprouvant, il faut bien l’avouer, mais un processus nécessaire. C’est ainsi que les membres de l’Ordre avaient formé Kamikaze et c’est ainsi qu’il s’était exécuté pour les nombreux assassinats qu’il avait réalisé. Combien en tout ? Environ 300. Beaucoup moins si l’on considère les simples meurtres.

Au bout d’une semaine passée Kaze no Kuni, Yoite était opérationnel. Il connaissait tout de sa cible. Il semblait même la connaître sur le bout des doigts. La chose qui cependant venait couronner le tout et lui confirmer par les faits pourquoi le Yuukan souhaitait la mort de ce Saibogu était certainement les avancées sur son projet de recherche. Un projet intéressant, quoi que secrètement gardé par le Saibogu, était sur le point d’être révélé à la communauté scientifique. Quelque chose qui allait apporter une avancée majeure dans le domaine militaire, mais qui, entre de mauvaises mains pouvait s’avérer extrêmement dangereuxe. Le chercheur Saibogu, d’après les rumeurs, cherchait à travers la génétique, à cloner les êtres mythiques les plus puissants que le Yuuka eut connu les Bijuus, un en l'occure. Il va sans dire que cette découverte apportait un déséquilibre dans le Yin et le Yang. Il va sans dire que l’entêtement du Saibogu serait la cause de son décès...