Le crane s'ouvre en deux et la hache qui en ressort fait virevolter des morceaux de cervelles sur l'herbe encore humide de la rosée du matin. Le poème s'arrête là, le corps encore prit de spasmes arrose les hautes herbes de sang avant de s'éteindre. Et le meurtrier déjà détourne son regard de sa dernière victime pour se retourner vers les habitations en flammes du village il y a encore une journée paisible de Nami no Kuni. Les pauvres gens n'ont guère le temps de comprendre le réel leitmotiv de l'homme au masque étrange. Le Susanoo a emporté la moitié des hommes valides dans la tombe avant que le Mamoru ne décide de s'adonner au plaisir du corps à corps. Ce n'est guère par méchanceté qu'il massacre, le genre humain ne représente pas quelque chose d'inépuisable. Mais il faut ce qu'il faut pour faire comprendre à ces culs terreux qu'on ne refuse pas un être de son gabarit dans l'auberge paumée de ce trou perdu. Alors sur un caprice il a décidé de raser ce village de la carte, il laisse la majorité fuir répandre l'histoire horrible qui s'accentuera et se déformera de village en village. Il est bon de savoir invoquer l'esprit des morts, les esprits seront rassasiés des âmes des mortels et lui passera une bonne nuit en compagnie de ses prisonnières.
Dans l'obscurité du bois voisin surgit une figure qui semble tout d'abord se précipiter sur lui pour finalement se positionner à ses côtés. Valkia singulière personne et criminelle également. Elle regarde cette peinture tragique et écoute les hurlements lointains des civils avant de poser une main sur l'épaule droite du Mamoru. La femme derrière son masque d'os dissimule un visage angélique, mais jamais le Mamoru n'a le loisir de l'observer. Même lorsqu'ils dorment côte à côte elle garde son masque. Même nue lors des soirées d'amusements auxquels le duo s'adonnent une fois un méfait accomplit elle garde son masque. Et si au début War'Ka s'en énervait à présent il est de plus en plus intrigué par ce masque et espère que le jour ou le retira il dévoilera un spectacle hors du commun.
-Et maintenant tu vas encore prendre plaisir avec des vierges ou sacrifier je sais pas la doyenne à un dieu chèvre?
- Tu ne serais pas jalouse femme? T'sé bien que t'es toujours ma ...
Elle souffle et s'éloigne, et lui reste comme un imbécile à souffler. Il a beau avoir de l'expérience dans le domaine de la guerre et du maniements des armes les émotions humaines il a du mal à s'en servir. Sa colère aussi et c'est généralement la présence de Valkia qui l'apaise et l'empêche de partir dans des délires sanguinaires trop longtemps. Il ne comprend rien aux femmes, il avance à travers les ruines et le feu qui désormais s'éteint sous une pluie lourde et continue. Il entend ci et là des gémissements et cherche du regard sa coéquipière osseuse, il enfonce la porte encore debout d'une maison dont le toit s'effondre sous la force de son entrée fracassante. Il entend des os craquer et en soulevant les morceaux de bois tombe sur le visage inerte d'un homme ravagé par la maladie. La lèpre? Le bas peuple souffre généralement en premier des maladies contagieuses, il a peut être rendu service à l'humanité en décimant ce foyer de contagion future. Il hausse les épaules faisant traîner sa hache sur les rues à peine dessinés du village. Il hume l'air, l'odeur de chair humaine cramé est infecte ça ressemble à du cochon et le cochon brûlé c'est la pire des odeurs pour lui. Il crache au sol et passe sa hache sur son épaule gauche tout en continuant à se baladant.
-T'es blessée idiote alors ferme la et mord dans ton chiffon si tu veux pas attirer l'autre fou.
Il s'arrête, hausse un sourcil derrière son masque et vexé par les paroles qu'il reconnaît être celles de Valkia se dirige décidé vers l'origine de la voix. Il arrive une trentaine de secondes plus tard sur une place, probablement celle qui servait aux annonces importantes et sur une bâtisse plus importante que les autres. Celle du chef du village, il se souvient de la tronche de ce vieux consanguin horriblement balafré et rongé par un mal encore plus terrible que la folie. La parano, le vioc était fou à lié au point d'entourer sa maison de douves avec des poissons vraisemblablement carnivores et nourris avec des mélanges étranges. Dans des contrées aussi éloignés il devait se prendre pour un Empereur. Un Empereur qui n'avait pas l'eau courante et dont les sujets les plus riches se vantaient d'avoir une fois vu le continent. La misère humaine ma bonne dame, la misère humaine. Enfin là n'est pas l'important, sur le parvis de la maison une femme la trentaine se tortille et gémit tandis que la masquée tente de lui faire une attelle de secours. War' souffle et fait tomber sa hache, réaction immédiate de la civile qui en paniquant tente de ramper jusqu'à on ne sait ou.
-Hoy face de mérou si tu veux pas servir de bouffe aux poiscailles encore en vie, te conseille de fermer bien ta tronche et d'écouter c'que dit face d'os. T'as comprit la bouseuse? Tu bouges pas si tu veux encore pouvoir toucher les boules de la fortune.
Il rit gras fière de son sous-entendu et entend vaguement une insulte ou deux venant de Valkia. Et là la question logique serait pourquoi soigner une potentiel victime? Si il y a bien un truc que n'est pas le nukenin c'est pervers, il ne joue que rarement avec les sentiments et l'espérance de ses proies. Il ne tue pas méthodiquement chaque habitant des bled ou il se rend, il sème la terreur et disparaît. Et le plus souvent Valkia n'est pas du tout d'accord avec ses actes, pour elle les actions du Mamoru ne servent à rien et sont aussi misérables que les pillages de bandits. Des adversaires de poids et de chocs, de niveaux équivalents voilà ce que souhaite la Kaguya. S'attaquer à une cible grasse, grosse et avec des retombés. Un daimyo ou un ninja reconnu, le désaccord est là mais War' entend bien aussi ne pas massacrer des civils pauvres toute sa vie. Ce village était particulier, il sentait pas l'ambiance et il avait raison. Il fait volte-face et s'apprête à partir lorsqu'il entend la phrase et qu'il manque de s'étouffer.
-Je veux être comme vous.
Valkia en manque son bandage et War'Ka se retourne avec une expression particulière, un mélange de dédain, d'interrogation et de colère.
-Répète pour voir avorton?
L'autre déglutit ferme les yeux pour trouver la confiance en serrant les poings et en démord pas.
-Je veux être comme toi.
Encore une folle qui sait plus quoi dire pour vivre.
-Bon écoute j'allais t'épargner, des idioties venant d'imbéciles dans ton genre qui disent n'importe quoi pour survivre, qui vendent père et mère pour du répit j'en ai entendu mais alors toi t'es vraiment la...
-Moi ça me dérange pas
Et si elle s'y met aussi l'autre grognasse, il voit bien que c'est une vengeance et qu'elle lui fait comprendre que ses conneries se retournent contre lui. Que c'est à lui d'assumer, elle s'attend à ce qu'il balaye du tout ce qui lui pose problème. Elle ne l'a jamais vu gérer calmement et presque paternellement une personne avec du répondant sans se laisser envahir par sa colère et la force. Un test, une épreuve pour lui prouver que seul il est capable d'assumer ce qu'il sème. Des gens voulant le rejoindre c'est ce qu'il souhaitait non? Mais lui n'a rien à prouvé, bon après il refuse d'admettre ses défauts et surtout qu'il est en tort là dedans.
-C'est quoi ton nom demi-portion?
-Celui qui vous plaira Seigneur.
Au moment ou War'Ka allait l'insulter de tous les noms l'autre continu.
-Mais j'ai une préférence pour Izanami sourit la gueuse
Et le barbare de poser sa hache à ses pieds et d'applaudir le nom revendiqué.
Elle vivra.
