Il a dit que tes muscles étaient comme de la brioche moisie. Une comparaison pas très agréable selon toi et qui a eut au moins un effet positif. Cela t'a vexée, car tu sais très bien ce que ça veut dire. Tes muscles sont mous et dégeulasse. Tu n'es pas faite pour être une Shinobi, c'est ce qu'il t'a répété plusieurs fois avant de te laisser en plan dans cette salle d'entraînement.

Depuis, tu n'as pas bougé. Peut-être un semblant de force morale est-il en train de se former en toi ? Tu n'en sais rien, mais pour l'instant, tu es bien décidée à faire ton possible pour progresser, c'est ce que l'on attend de toi.

Devant toi, il y a cet imposant sac de sable. C'est peut-être bien de commencer par là ?

Tu regardes autour de toi et tu constates que personne n'est présent, tu soupir de soulagement et finalement, tu te baisses pour retirer ton pantalon de toile et ta veste afin de te trouver dans une tenue plus adéquate à la pratique d'une discipline sportive. Un simple short et un débardeur dans lequel tu t'approches du sac en te tenant nerveusement le bras gauche. Tu ne sais pas trop bien comment t'y prendre alors tu commences par le toucher avec tes mains pour tester le balancement de ce dernier avant de le frapper avec toute ta force avec ta main en serrant le poing.

Un cri de douleur t'échappe au moment de l'impact et tu réalises que tu ne t'y prends pas forcément de la meilleure des façons, mais personne ne t'a jamais expliquer vraiment comment faire.

Tu secoues vigoureusement ta main pour essayer de faire partir la douleur puis une nouvelle fois, tu regardes le sac de sable en face de toi.
En toute honnêteté, tu es vraiment dépitée, mais tu ne peux pas te permettre d'abandonner comme ça. Alors tu essayes de nouvelles façons. Tu frappes du plat de la main, du côté de la main. Tu enchaînes avec le coude, le genou, puis le pied. Une demi-heure plus tard, tu es épuisée, allongée sur le sol de la salle pour reprendre ta respiration. Tu n'as pas l'impression d'avoir progressé d'un poil et tes muscles sont très douloureux au point même que tu as du mal à te redresser pour te mettre en position assise.
Tu commences à douter de toi et à te demander si cette décision était vraiment la bonne.

Tu es assise à même le sol et ça fait dix bonnes minutes que tu observes tes mains fines sans arriver à les quitter des yeux. Tes mains t'obsèdent, car tu sais que ce n'est pas des mains de guerrières. Elles sont douces et soyeuses. Habillent pour se faufiler dans les coins et les recoins quand tu bricoles, mais contre un sac de sable, elles ne servent pas à grand-chose. Tu frissonnes soudain en sentant une présence dans la pièce où tu t'entraînes. Tu as d'ailleurs à peine le temps de te retourner qu'un étrange fouet passe dans ton champ de vision et vient découper avec une facilité déconcertante ton outil de travail. Tu regardes avec stupéfaction le contenu du punching-ball se déverser sur le sol à tes pieds. Un monticule de sable se forme et tu restes légèrement ébahie par ce qu'il vient de se passer, tu n'oses pas vraiment regarder qui est à l'origine de tout ça. La vérité, tu as presque peur de le découvrir et honte de regarder cette personne en face après tes propres misérables performances.

Finalement, c'est la jeune femme qui a fait irruption dans la pièce qui s'avance vers toi et te tend un morceau de papier. Tu la regardes un long moment, presque éberluée par ses yeux carmin et sa chevelure de nuit. Finalement, tu baisses les yeux vers le papier en question et tu lis ce qui est marqué dans une encre rouge qui te fait dangereusement trop penser à du sang.

Pourquoi écrit-elle au lieu de parler ?

Tu lèves alors la tête pour regarder la jeune femme qui te montre le fond de sa bouche et sa bouche et sa langue coupée. Ta première réaction est immédiatement d'avoir un mouvement de recul et une mine dégoutée à l'image de ce que tu viens de voir, le spectacle en soit n'est pas vraiment plaisant à regarder et te fait même un peu peur, mais tu ne fais aucune remarque en constatant que ton comportement est ridicule. Tu ré-avances d'un pas et tu lis le second message que la jeune femme écrit avec sa … Tentacule. Tu approuves d'un mouvement négatif de la tête à sa deuxième phrase :

"N… Non, ça ne me dérange pas !"

Tu rougis alors de tout ton être avant de répondre à sa première question :

"Je … Je suis Saibogu Yae … Enchantée !"

Plus rouge, tu meurs ! Pourtant, cette jeune femme n'est pas si extraordinaire que ça quand elle ne découpe pas des sacs de sables avec son tentacule. Il faut que tu reprennes ton exercice, mais sans rien pour cela, ça va être difficile. Autant lui demander :

"T… Tu sais où je peux trouver un autre sac de sable pour remplacer celui-là ?"

D'un geste de la main, je désigne le cadavre qu'elle a éventré.