Une nouvelle chasse [C-Solo]

Encore un énième réveil avec la gueule de bois pour Jomei, c'était quatorze heure et quelqu'un tambourinait à la porte de son appartement. Se frayant un chemin parmis les bouteilles vides de saké et les bols de ramen de la veille que l'ex moine ouvrit la porte. Un homme était debout dans le couloir, tenant dans ses mains un rouleau de parchemin qu'il tendit à l'Heishi avec un air sévère,

"Tu ne t'es pas présenté au bureau d'assignation des missions aujourd'hui, ce n'est pas la première fois, mais c'est en tout cas la dernière, la prochaine fois on te vire et tu retourneras vivre dans la nature comme le sauvage que tu es."

Aussitôt son discours finit, le messager s'éclipsa en quelques secondes, ne laissant pas le temps au sauvage de lui répondre, mais ce dernier lâcha quand même un petit "Bonne journée" dans le vide, probablement par pur esprit de provocation, puis claqua la porte de sa résidence avant de retourner se vautrer sur son lit, laissant le parchemin rouler sur le sol. Mais les rayons du soleil qui passait à travers sa fenêtre l’empêchaient de retrouver le sommeil, Jomei se releva alors puis ramassa le parchemin. A en voir le sceau apposé dessus, c'était une mission, le barbu esquissa un léger sourire, malgré les nombreuses remontrances qu'on pouvait lui faire, les missions continuaient d'arriver, il était efficace après tout et ses supérieurs le savait.

Jomei quitta son appartement quelques minutes après la lecture de son ordre de mission, son énorme chapelet de pierre roulant sur son torse musclé. IL devait se rendre chez lui, à Kusa no Kuni pour un affaire de bête sauvage qui aurait attaqué un village et causé plusieurs morts. Un fait étonnant pour Jomei qui avait longtemps fréquenté et chassé dans les forets de Kusa pendant son adolescence, il n'avait jamais rencontré d'animal capable de faire autant de victime et de s'échapper sans laisser de traces. L'homme se mit alors en route vers le pays de l'Herbe, équipé simplement de ses protections aux bras, laissant flotter derrière lui son drapé blanc et or.

La route allait être un peu longue, Jomei subissait alors les assauts des vieux souvenirs du temps où il était encore un habitant du pays de l'Herbe, même si il n'était un soldat de l'Empire que depuis peu, le temps de sa vie de nomade lui paraissait des centaines d'années en arrière. Chacun des enseignements que lui avait inculqué son père avaient étés soigneusement bafoués un par un à la mort de ce dernier, parfois inconsciemment, d'autres fois non. La vie du maître des Portes avait été chamboulée par son arrivée dans le monde moderne, fini les chasses pour se nourrir, les heures à méditer et les repas avec toute sa tribut. Les journées de Jomei était maintenant faites de combats, d'alcool et de jeux d'argent. Il arrivait que des regrets fassent leurs apparitions dans son esprit, mais ils étaient vite noyés grâce à de grandes gorgées de saké. Mais ce liquide n'accompagnait jamais le pugiliste lors de ses missions, alors ses souvenirs refaisaient surface, encore plus violemment que d'habitude.

Grâce à ses grandes enjambées et sa cadence de marche rapide, il ne fallut que quelques heures à Jomei pour rejoindre la frontière de Kusa no Kuni, c'est l'esprit divaguant dans les images de son passé que l'ancien moine pénétra dans les vastes forêts du pays de l'Herbe, une végétation qui était aussi son domaine à l'époque où il y vivait. Pour commencer, il fallait se rendre sur les lieux du massacre de l'animal, apparemment c'était un petit village de la région en bordure du lac Towada au centre du pays. Sans attendre, Jomei se remit en route, marchant le long du Shoutai, un cours d'eau qu'il avait du remonter à la nage lors de son rite d'initiation de son ancien clan. Mais à cause de son départ tardif, le ciel commençait à s'assombrir et la température chutait en même temps que le soleil à l'horizon.

Durant son enfance, et tout son adolescence aussi, Jomei avait vécu sur ces terres, il connaissait les effets de la nuit sur son corps, c'est à dire aucun. Malgré la température assez basse, il continuait de marcher, torse nu, sans lumière, un filet de vapeur s'échappant de sa bouche à chaque expiration. Finalement, c'était agréable de fouler de nouveau le sol de sa terre natale. Même si il n'en avait pas l'air avec sa carrure impressionnante, Jomei restait très agile, toujours en alerte, et il allait devoir faire démonstration de son agilité pour esquiver les projectiles qui fusaient vers lui. D'un bond sur le coté, le pugiliste évita les senbons capillaire qui se plantèrent dans la terre.

"Écartez-vous Tohatsu, je n'ai rien qui mérite d'être volé", dit l'Heishi en s'adressant à l'obscurité de la nuit. Il connaissait bien ces projectiles et les méthodes des gens qui s'en servait. Les voleurs du clan Tohatsu étaient très actifs dans le pays de l'Herbe, et Jomei avait l'habitude des altercations avec ces individus, mais il n'était plus le même qu'à l'époque.

"Ça... C'est à nous d'en décider voyageur...", répondit un murmure provenant de la cime des arbres.

"Ces sauvages, ils n'apprendront donc jamais..", pensa l'ancien moine.

Les yeux fermés, tout ses sens à l’affût, le soldat de l'Empire guettait le moindre craquement ou bruissement qui pourrait dévoiler la position de son attaquant. Un nouveau sifflement alerta le pugiliste, ce dernier ouvrit les yeux, ils étaient d'un bleus éclatant, et une aura de la même couleur recouvrait subitement son corps, puis il s'éclipsa, laissant derrière lui la terre flottant dans les airs suite à l'impulsion de ses jambes. Il venait d'ouvrir la première porte, Kai Mon, il venait de s’élancer dans un des arbres à sa gauche, en une simple poignée de secondes, Jomei venait de parcourir une quinzaine de mètres pour saisir son assaillant, perché au sommet d'un arbre. Le pugiliste venait d'attraper le Tohatsu par le col de son kimono, ne lui laissant pas le temps de réagir, il le jeta dans les airs avant de foncer sur lui pour lui asséner un violent coup de pied qui l'envoya dans le fleuve Shoutai, avec assez de force pour heurter le fond du cours d'eau. L'Heishi retomba au sol, l'aura avait disparu, son corps luisait à cause de la transpiration provoquée par l'ouverture de la Porte Initiale, mais il n'était pas essoufflé, et il se remit en marche, en voyant le corps inerte du voleur s'échouer sur le rivage. Avec un sourire malsain et satisfait, il s'éloigna de la dépouille de son adversaire pour disparaître dans la pénombre de la nuit.

La lune brillait dans le ciel à son point le plus haut, mais la fatigue ne gagnait pas l'Heishi, surement grâce à sa dernière nuit de sommeil qui avait duré une bonne quinzaine d'heures, une durée rendue possible grâce au saké ingurgité dans la même soirée. Jomei arriva enfin au village de la tribut Michikusa, le pugiliste en avait entendu parlé dans sa jeunesse, ces gens sont des pacifistes qui vivent principalement de la pêche dans le Towada, dont ils sont les spécialistes. Mais ce clan était implanté sur ces terres depuis des centaines d'années, comment avaient-ils pu être attaqués aussi violemment par une bête sauvage alors qu'ils maîtrisent toutes les notions de survie dans cette végétation.

Le soldat de l'Empire espérait bien trouver la réponse à ses questions en trouvant des indices dans la village, qui d'ailleurs semblait désert. Toutes les cabanes étaient vides, plus Jomei avançait dans le hameau, plus il sentait une atmosphère pesante s'imposer. Après dix bonnes minutes de marche dans le village, l'ancien moine était certain que tout le monde était parti. Un fait bien étrange pour une tribut sédentaire aussi vieille que celle des Michikusa. Il fallait commencer à mener l'enquête, les traces dans la terre indiquaient un mouvement de masse vers le lac, à l'opposé de la forêt. C'était un premier indice, par contre il ne restait aucune marque du passage d'un animal sauvage, ni de ses victimes, peut être que les Michikusa avait eu le temps d'enterrer leurs morts avant l'arrivée de Jomei.

"Très bien...", pensa le maître des Portes.

Il fallait bien commencer quelque part, et l'Heishi se dirigea vers la forêt, traquant la présence d'un animal ou de n'importe quoi qui aurait pu chasser tout un village. Après tout, Jomei était bien placé pour savoir que cette jungle regorge de créatures exotiques et dangereuses. Alors que le soleil commençait à se dévoiler à l'horizon, l'ancien moine était toujours entrain de vagabonder dans la végétation du pays de l'Herbe, ce qui lui rappelait le bon temps mais faisait remonter à la surface des souvenirs qu'il préférerait garder enfouis dans sa mémoire. Si monstre il y avait, il était bien caché car le pugiliste ne trouvait aucunes traces de sa présence. Mais la traque allait prendre une toute autre tournure, les rôles allaient bientôt s'inverser.

Alors que Jomei marchait parmi les hautes herbes et les arbres de Kusa, un grognement qu'il n'avait jamais entendu auparavant parvint jusqu'à ses oreilles qui étaient sur le qui-vive, l'homme se retourna, montant ses mains au niveau de son visage par pur réflexe musculaire. Aucun animal ne se tenait dans son sillage, mais un autre grognement retentit, plus fort et plus agressif que le précédent, et toujours dans son dos. L'animal était rapide et intelligent, il n'avait rien à voir avec les habituels ours et loups de région. L'Heishi se mit alors à courir, utilisant les troncs des arbres comme support pour se projeter en avant, essayant de gagner de la distance avec la créature qui était après lui, la sensation d'être la proie était inconnue pour l'ancien moine qui entendait les lourds pas de la bête à ses trousses, il fallait un terrain dégagé pour pouvoir connaitre la nature de son ennemi. Grâce à plusieurs regards en arrière, Jomei avait pu discerner deux pupilles jaunes entre les arbres, la bête était vraiment rapide pour pouvoir le suivre de si près en pleine course.

Après une poursuite de plusieurs minutes, Jomei arriva sur le rivage de galet du lac Towada. Puis fit volte face à l'animal derrière lui, c'est la silhouette d'un énorme félin qui se dessina dans la pénombre de la forêt, puis l'animal s'avança, éclairé par les premières lueurs du soleil, le fauve était équipé de plaques en métal sur les pattes et le corps, comme une armure de combat. Surement le fruit d'une expérience d'un pays voisin pour l'utilisation d'animaux à la guerre. Mais l'animal était non seulement protégé par une armure, mais semblait aussi trois fois plus gros qu'un tigre normal, et à en juger les grognements qui s'échappait de sa gueule, il était prêt à se battre.

"Après tout.. Ce n'est qu'un gros chat..", se dit Jomei en resserrant les protections de ses avants bras en tirant sur les lanières en cuir.

Aussitôt que le soldat de l'Empire avait montré la volonté de se battre, la bête se mit à le charger, rapidement, peut être trop. C'est un coup de patte surpuissant qui envoya l'ancien moine rouler sur le coté, les plaques rouges de ses bras marquées de profondes entailles, il avait réussi à bloquer les griffes acérées du félin avec mais n'avait pas eu la force d'encaisser le coup. Ce fauve était vraiment spécial. Mais l'homme se remit en garde, les bras croisés devant son visage, la même aura que la veille enveloppa son corps, une lueur bleu s'alluma dans ses yeux, les cailloux autour de lui se mirent à bouger sous la force de l'énergie qui émanait du pugiliste, Kai Mon était ouverte, la première des Huit Portes Célestes. Jomei se mit en mouvement, à une vitesse fulgurante, il arma son poing et se jeta droit sur l'animal, le frappant dans le cou de toute ses forces, obligeant l'animal à se coucher au sol de tout son long pour ne pas avoir les vertèbres cervicales brisées, profitant de la position de faiblesse du fauve, l'Heishi exécuta un saut au dessus de lui, avant de lui asséner un coup de pied vertical qui fracassa l'armure latérale de l'animal qui laissa échapper un rugissement.

L'ancien moine bondit en arrière, observant les réactions de la bête qui venait de se relever. La cadence des respirations du tigre augmenta, ses yeux se couvrirent de blanc, ses poils se dressèrent sur tout son corps, l'animal dégagea à son tour une énorme puissance, comme si il était capable de maîtriser son énergie spirituelle tel un shinobi. Quelles expériences avaient put être pratiquées sur ce félin pour arriver à de tels résultats. le fauve chargea à son tour le soldat de l'Empire, qui esquiva l'assaut avec une roulade sur le coté, la vitesse de la bête avait encore grandement augmenté, et il semblait gagner de plus en plus en puissance. Jomei devait vite achever le combat sinon il pourrait bien être surpassé en force par l'animal. Le pugiliste se remit en garde, puis poussa un long râle, son aura s'amplifia pendant la terre se soulevait sous ses pieds, son rythme cardiaque accéléra subitement, des veines apparurent sur son front, c'était maintenant la Seconde Porte qui était déverrouillée.

Jomei se lança de nouveau sur sa cible, le poing levé et chargé de son chakra futon. Quand son attaque atteignit la gueule de l'animal, le chakra contenu dans sa main se libéra, provoquant une très forte pression sur le crâne de l'animal. Un sinistre craquement retentit, puis le fauve s'évapora en un énorme panache de fumée. Devant ce spectacle, Jomei regagna son apparence normale. Ses muscles le faisait légèrement souffrir, sa tête tournait un peu à cause de l'hyperventilation, mais il allait bien.

C'était donc un Kuchiyose qui avait probablement échappé au contrôle de son maître, ou peut-être une invocation qui datait de la dernière grande guerre ninja. C'était logiquement la seul explication à ses caractéristiques hors norme et à ses capacités spéciales.

L'Heishi pouvait être sur que c'était le seul animal qui avait pu causer autant de dégâts mais il était maintenant hors d'état de nuire. La mission était accomplie et il pouvait enfin retourner au village pour toucher sa récompense.

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