Ils avaient réussi.
Ils étaient dans la tour. Vivants.
Même si la demoiselle n’avait pas douté un seul instant de leur « union », il y avait bien eu un moment où ils auraient pu se vautrer. Mais ils l’avaient fait ! Grâce à cette première épreuve, la Gogyou avait découvert le travail en équipe, et avait surtout appris à faire confiance à des gens qu’elle venait à peine de rencontrer. De nature méfiante, la jeune femme n’avait jamais totalement foi en les personnes qu’elle rencontrait. Même si elle n’était pas non plus prête à confier sa vie à ses deux camarades, la nomade les considérait comme des… Amis ? Le mot était sûrement trop fort pour les sentiments qu’elle éprouvait à leur égard, mais ce n’était pas trop loin de la vérité. Peut-être qu’après avoir partagé une bonne portion de gnocchis, ils seraient de vrais amis ? Oh oui ! Ether reprenait doucement son souffle, aspirant goulûment l’air. Une fois bien remplie, elle vérifia auprès de ses équipiers si tout allait bien pour eux. S’ils étaient par terre, elle les aidait à se relever. L’élémentaire tint à remercier plus particulièrement Mizu pour son initiative avec le loup, puis enfin Asuka qui en avait dans le pantalon.

« J’sais pas c’que t’as fait, mais ça a marché !
Asuka, j’espère que t’as rien… Merci à vous deux ! »

Même s’ils n’allaient pas plus loin que cette épreuve, Ether savait qu’elle avait déjà beaucoup appris. Pas assez sur l’être humain en général, à son grand regret, mais beaucoup sur les comportements à adopter en tant que ninja. Toutefois, ce n’était pas parce qu’ils avaient réussi le premier acte qu’ils réussiraient le second. De l’intérieur, la tour était en ruine, sale et partiellement délabrée. L’atmosphère était maussade et l’ambiance morose. L’air était si « sale » que cela impactait sur le bien être profond de la jeune femme, même si elle ne dit rien. Un grand escalier était leur seule source de lumière et sur la première marche se trouvait un étrange petit objet technologique. Tiens ? Ils n’avaient pas ça dans sa tribu… Ether s’approcha doucement et vit soudainement apparaître des images d’humains. La nomade ne connaissait pas ce genre de choses et pensa d’abord à de la magie. Elle tapota de l’index le bidule, histoire de vérifier que ce n’était pas dangereux, avant de finalement essayer de toucher les hologrammes. Lorsqu’elle les traversa, leurs langues se délièrent et la demoiselle, surprise, retira brusquement sa main. Par quel sortilège ?! Mais… Elle reconnaissait ces visages ! C’était les deux Autres sur l’estrade, ceux qui avaient présentés l’examen ! Ether écouta attentivement leurs paroles. Grimper deux étages ? Bah… D’accord !

Avec ses camarades, ils empruntèrent donc l’escalier en colimaçon pour rejoindre le premier étage. Mais lorsqu’ils arrivèrent au bout de celui-ci, ils firent face au vide. Ahin. Bon, ok. C’est intéressant comme concept. La pièce n’était qu’un profond vide et l’escalier dont ils avaient besoin se trouvait à l’opposé. Si elle se métamorphosait en air, peut-être qu’elle pourrait traverser, mais et les autres ? Non, pas comme ça. Le but était donc de trouver un moyen de passer de l’autre côté ? Est-ce que c’était aussi simple que cela en avait l’air ? Autant il était possible que tout n’était qu’illusion – c’était la tour des mirages après tout – et qu’il suffisait de marcher droit devant soi sans craindre de tomber, autant cela donnait l’impression d’être simple pour mieux les berner. Et si les escaliers à emprunter n’étaient pas ceux-là ? Etait-il envisageable qu’ils se trouvaient plutôt au fond de ce trou ? La jeune femme baissa la tête pour observer le précipice. Pouvait-on discerner quoi que ce soit ? Par principe, elle attrapa l’un de ses mocassins en toile et dispersa le sable contenu dans celle-ci devant elle, espérant éventuellement dévoiler le passage tout bêtement.
Tout portait à croire que le premier étage était là pour leur faire dépenser inutilement leur chakra, et ainsi les épuiser pour la dernière épreuve qui devait assurément être des affrontements. C’était intelligent de leur part. D’un pied, elle se mit à tâtonner pour vérifier s’il n’y avait pas une plateforme invisible. Ce qui l’embêtait, c’était que tout était absolument possible ! L’idée que ce n’était qu’un mirage d’éloignement lui effleura également l’esprit et elle fut tentée de simplement se laisser aller au vide. Comment sortait-on d'une illusion ? La jeune femme ne connaissait que les mirages naturels du désert.

« Des idées ?
N’hésitez pas ! Mais pompez pas trop vot’ chakra.
On sait jamais. Obstacles, tout ça… », elle observa à nouveau le vide, « Hé, hé. Vous imaginez s’il suffisait seul’ment d’marcher ? J’tent’rais bien pour voir… »

Spoiler:

Ether faisait face au vide, le regardant avec une grande curiosité.
Malgré le fait qu’elle ne faisait que tâter l’impalpable et que son sable ne dévoila rien de plus, elle était certaine qu’il suffisait seulement de marcher. Etait-ce son côté nomade pacifiste – presque hippie quoi – qui l’incitait à seulement marcher droit devant elle ? La jeune n’en savait strictement rien, mais l’envie se faisait de plus en plus forte à mesure que le temps passait. Légère comme l’air, elle était le vent. Le vide ne l’avait jamais effrayé, ayant vécu une bonne partie de sa vie en hauteur, portée par les bourrasques du ciel. La demoiselle eut un petit pincement au cœur lorsqu’elle vit tomber un petit écureuil mort, qui attesta encore davantage de l’absence de tout pont. Alors qu’elle rêvassait à observer le gouffre, l’élémentaire sentit une douleur au niveau inférieur : Asuka venait de lui écraser le pied. Hhnnn… C’est vrai, elle était en humaine. Décidément, la blonde se demandait vraiment comment les Normaux et Autres pouvaient vivre dans un corps aussi exposé, et si apte à être blessé. Ravalant cette sensation désagréable, elle continua de faire bonne figure et fit un sourire légèrement figé. Aha aaah, ça fait mal quand même !
Son regard se reporta sur le vide, son intérêt grandissant de plus en plus. Mizu disparut pour vérifier s’il n’y avait pas possibilité de grimper les étages de l’extérieur. Durant le court laps de temps où il s’absenta, la Yamada fit remarquer qu’elle ressentait la chaleur d’autres participants ; certains avaient fait demi-tour, mais d’autres avaient tout simplement avancé dans l’abîme sans pour autant tomber. Et si son intuition était bonne ? Avancer en étant persuadé qu’ils ne leur arriveraient rien car ils ne faisaient que marcher ? L’idée était si profondément incrustée dans l’esprit d’Ether, qu’elle avançait inconsciemment vers le gouffre qui les attendait bien sagement.

La Gogyou fut coupé dans son élan par le retour du kumojin, porteur de mauvaises nouvelles.
Le garçon n’avait même pas pu sortir de la Tour, des hommes en noir l’ayant stoppé avant même qu’il n’ait eu le temps de respirer l’air extérieur ; « sortir était une disqualification sans précédent de l’épreuve ». Ce fut le déclic qui conforta la jeune femme dans son point de vue. Ils ne pouvaient pas sortir, des participants avaient seulement traversés, aucune chute n’avait été ressentie et Asuka n’avait pas parlé de chakra. C’était presque une évidence. Comme poussée par une force invisible, Ether se mit à avancer devant elle, sans se soucier du vide, car pour la nomade, il n’y en avait tout simplement pas. Ce vide n’était rien d’autre qu’un passage comme un autre, marcher suffirait. Faire confiance à son intuition, se faire confiance, leur faire confiance. Ses camarades la suivrait-elle ? L’élémentaire se retourna et leur adressa un immense sourire.

« Fait’moi confiance.
Y’a pas d’vide, ce n’est qu’un passage. Marchez droit d’vant vous et tout ira bien.
Ne doutez pas. »

Ether espérait que ses paroles auraient pour mérite de les rassurer, car faire confiance à une nomade un peu perchée comme elle devait sans doute être difficile, surtout lorsqu’ils s’étaient rencontrés le jour même. C’est ainsi que la jeune fille marcha tranquillement devant elle, persuadée que ce gouffre n’existait pas et qu’il leur permettrait au contraire d’atteindre l’escalier sans problème. Qu’est-ce que le vide après tout si ce n’est qu’un élément inconnu qu’il suffirait d’apprivoiser ? Oui, elle en était certaine ; Tout irait bien et ils atteindraient cet escalier sans problème, car tel était le but de cette épreuve.

Spoiler:

Son intuition s’était avérée juste et tous l’avait suivi.
Non seulement le gouffre n’existait pas, mais ses camarades n’avaient pas hésité à faire le grand saut pour continuer. La jeune femme était encore étonnée. Peut-être que les Autres, les ninjas, n’étaient pas tous les mêmes. Le groupe marcha donc en toute sérénité, puis grimpa à l’étage suivant. C’était quasiment la même pièce que la précédente, à la différence que celle-ci possédait deux immenses sabliers soutenant le plafond. Un gouffre se présentait toujours à eux et un escalier était à atteindre en face. Mais, étrangement, celui-ci descendait dans l’obscurité. Après l’étrange sensation qu’ils avaient eue en marchant dans le vide, Ether avait l’impression qu’ils avaient été retournés, ce qui expliquerait que cet escalier descendait alors qu’en fait, il les ferait monter. Mais cela ne pouvait pas être aussi… tordu ? La jeune femme ne savait pas trop quoi dire ni penser. Tout était très particulier, tout en étant très intéressant ! De nouveaux hologrammes apparurent pour leur octroyer les nouvelles consignes, et la nomade ne sursauta point. AHA, vous m’avez eu une fois, vous ne m’aurez pas une seconde ! Fière d’avoir percé à jour cette étrange magie, elle les écouta attentivement. Tout était donc permis, sauf le clonage. Boh, elle ne savait pas se cloner de toute manière alors hein…

Ils avaient donc cinq minutes pour trouver une solution.
Sa première pensée fut de briser les sabliers pour stopper le temps, mais n’en voyait pas franchement l’intérêt. Depuis leur bord, l’élémentaire regarda attentivement les escaliers qui descendaient dans une obscurité incertaine. Le danger ne lui faisait pas peur, mais ce qui l’ennuyait était le fait qu’une fois en bas, ils ne pourraient plus communiquer entre eux. Ils pourraient tous s’accrocher l’un à l’autre avec chaque bout de ses écharpes, puis Asuka les guiderait avec sa maîtrise de la chaleur. Mais d’un autre sens… Ils prenaient le risque de se perdre tous de vue, et avant d’être de simples participants, ils étaient une équipe ! Depuis peu, certes, mais cela suffisait pourtant à ce qu’ils restent ensemble. Le jeune kumojin semblait penser plus ou moins la même chose, et insinua même qu’ils étaient peut-être déjà au sommet. Au sommet, déjà ? Sur ce point-là, Ether eut un doute. Mais elle choisit de lui faire confiance, car les paroles qui suivirent traduisaient parfaitement ce qu’elle ressentait. Oui, ils avaient commencés ensemble, ils termineraient ensemble ! De toute manière, si la solution n’était pas d’attendre, le résultat était là ; pour des genins, ils avaient accomplis pas mal de choses et avaient beaucoup appris. C’était le principal. La Gogyou était ravie d’avoir pu apprendre à faire confiance à des gens qu’elle n’avait jamais rencontrés auparavant. Peut-être se reverraient-ils ? Elle l’espérait. Alors quand la blonde le vit s’asseoir en tailleur, elle fit de même. Un grand sourire fendit son visage.

« J’irais où vous choisirez d’aller.
Une équipe ne s’sépare jamais, et c’est c’que nous sommes aujourd’hui.
En bas, rien n’nous dit qu’on se retrouvera. Quitte à échouer, j’préfère vous savoir en sécurité. Puis…», elle les regarda tous les deux, « … J’vous aime bien ! »

Elle tourna la tête vers Asuka.

« T’en penses quoi ? Attendre te va ? »

Un ninja qui abandonne ses amis ne vaut guère mieux que le pire des criminels.
Quitte à choisir entre le but de l’épreuve, donc la mission, et la sécurité de ses amis, Ether n’avait pas hésité une seule seconde. Rien ne vaut la compagnie de ses équipiers. Sans eux, un groupe n’a pas lieu d’être. Ensembles, ils ne pouvaient qu’être plus forts. L’élémentaire était déjà ravie d’avoir pu faire partie de cette aventure, et espérait que sa présence leur avait été utile. Elle ne pouvait pas monter en grade par sa condition de nomade, mais eux y étaient autorisés. La Gogyou était prête à les aider jusqu’au bout pour qu’ils réussissent. C’est ainsi que l’errante se rendit compte qu’elle les enviait légèrement, mais juste légèrement hein ! Faire partie d’un village octroyait de nombreuses possibilités, des opportunités qui lui étaient encore inconnues. Si elle possédait la liberté, ils détenaient la sécurité. Pourtant, malgré son intérêt pour leurs vies, Ether restait profondément attachée à sa culture et n’était pas encore tout à fait prête à l’abandonner, voire jamais. En attendant, elle se sentait comme une shinobi d’un village, et cette sensation était bien différente de ce qu’elle avait connu jusque-là ! Etrange mais pas désagréable ! … Mh, elle se ferait bien un Uno là. Cependant, même si la gamine patientait, elle n’en baissa pas pour autant sa garde. Tout pouvait arriver.

« Restons prudents tou’d’même ! «

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