La chambre dans laquelle Suna m’accueillait était grande, spacieuse, confortable, tempérée : je me sentais limite mieux dans cette pièce que dans ma propre chambre. C’était avec désarroi que, chaque matin, je me levai pour aller bosser – parce que quand même, même si je me faisais ma petite réputation (je suis Mizuki Aburame quand même… Mais siiiii, vous savez, la fille là, qui assiste l’Hokage ? Mais faites un effort ! … Bon l’espèce de poteau qui ouvre la porte du bureau et vous sert un café ? Ca y est, vous situez ?), j’avais des choses à régler et à préparer, je n’étais pas là en vacances (à mon grand désarroi). Je devais avouer que je me plaisais à faire ce que je faisais, même si j’avais hâte que ça commence enfin. J’étais de plus en plus impatiente, qu’enfin tout ce travail ait une finalité. La première épreuve allait commencer dans une petite semaine et, ce soir, la délégation de Konoha arrivait.

Ma journée avait été consacrée à faire la liste des Chûnin et des Jônin potentiels pouvant servir d’examinateur lors de la première épreuve. Des dizaines de gradés, venus des quatre coins du monde, et pourtant, la tâche s’avérait compliqué : on ne pouvait négliger aucune donnée. Un gradé avec des mauvaises intentions, sans pédagogie, voulant accomplir une vendetta ou une vengeance personnelle ? Non. Même si des systèmes de sécurité seraient assurés, même si tout serait surveillé : laisser trois genins en pâture à un gradé, dans un environnement aussi hostile que le désert, pouvait s’avérer, au final, être le plus grand danger de cette première épreuve. La deuxième et la troisième présentaient moins de risque dans l’organisation et la sécurité… J’aspirais vraiment à la deuxième épreuve, ma préférée, et surtout celle qui ne se déroulerait qu’après que tout se soit bien déroulé lors de la première.

La délégation de Konoha arriva. Natsuki, Senwashi et moi les accueillîmes, en compagnie d’une sécurité assez conséquente de Sunajins, qui leur avait préparé un accueil spécial pour l’occasion. Miko en tête de file, dans son habit blanc. Kihran sur ses talons, Strike suivant peu après. Mon équipe était là, au grand complet, et chacun d’entre nous avions des rôles bien définis durant cet examen. Je déglutis à la pensée d’échouer dans mon ouvrage. Après un bref échange avec Tata, qui devrait sans doute se rendre dans le « palais » du Kazekage pour signaler son arrivée et surtout pour saluer son pair, on convint de se rencontrer le soir-même.

Suna était un grand village mais, pourtant, la nuit, comme à Konoha au demeurant, tout était calme. Le côté militaire de la chose : les villages cachés n’avaient rien d’une station balnéaire. Pourtant, depuis quelques jours, le village se bondait. Aux abords, on pouvait voir des tentes se dresser. Les hôtels et les auberges étaient déjà tous pleins ou presque. Kibo et moi avions prévu des emplacements pour les délégations de chaque village important : Konoha avait un vaste terrain dans lequel planter des tentes derrière l’hôtel dans lequel nous étions hébergés. Miko avait, elle, sa propre chambre, non loin de la mienne. Je me sentais presque mal à l’idée de voir tous mes compatriotes devoir dormir sous une tente au vu du luxe que j’avais à disposition (ne vous en faîtes pas, c’est pas sérieux, hein. J’emmerde ces péons MUHAHAHAHA A MOI LES BAINS MOUSSANTS… Le soleil me monte à la tête, faites pas gaffe). Toujours est-il que les nuits n’étaient plus aussi calmes qu’elles ne l’étaient à mon arrivée : des fêtes improvisées, des repas interminables, des jeux, des conversations, des marchés : Suna proposait, en ces jours exceptionnels de fête mondiale, un monde de la nuit prolifique.

Je ne m’y baladais pas trop, habituellement, fatiguée – et parce que CETTE CHAMBRE MON DIEU -, mais je devrais faire une entorse ce soir. En bas de l’hôtel où Miko et moi étions logées, j’avais rendez-vous avec ma senseï. Dans dix minutes, pour être franche, mais je commençais à la connaître par cœur : arriver à l’heure serait vu comme de l’incompétence. Et je ne me trompai pas : dix minutes plus tôt au point de rendez-vous, et je tombai nez à nez avec un jeune homme brun, un peu plus jeune qu’elle, mais au visage familier. Elle ne s’était pas vraiment foulée sur le Henge : c’était elle, en plus jeune et en masculin (elle était devenue ce type en fait). Mais j’ignorais pourquoi, mais sous tous les déguisements du monde, j’aurais su la reconnaître. Je lui adressai un sourire, sans doute aurait-elle compris que j’avais compris (et si elle ne comprend pas que j’avais compris, il faudra lui faire comprendre que je comprenais qu’elle comprenait que j’avais compris… Et vice-versa, quoi, hein, on va pas chipoter).

- Bonsoir gent damoiseau. Vous êtes perdu ?

Le voyage avait été pénible. Et pas seulement à cause de la durée, du fait qu’ils avaient dû manger à la bonne franquette, qu’ils avaient dû dormir inconfortablement, ou que ce voyage lui avait rappelé la période de sa vie où elle avait vagabondé comme une âme en peine pour infiltrer le Shoraizen. Non. Le plus pénible avait probablement été la présence constante des autres. Tous -à part Nozomi qui s’en était donné à cœur joie pour la faire se sentir comme une personne du troisième âge tout au long du trajet- avaient reçu un entraînement militaire adéquat, ce qui avait fait qu’ils étaient restés à leur place et n’avaient pas causé de débordement ou ne s’étaient pas trop emballé. Mais les murmures y étaient tout de même allés de bon train.

Ohlala l’examen, et si je tombe contre quelqu’un de plus fort que moi et qu’il me défonce ? Et si c’est par équipe ? Mince dans mon équipe on est que deux, génial on va avoir un handicap j’en suis sûr. Deux contre trois blablabla. Zut j’suis pas à jour niveau techniques, bon bah voilà j’ai encore oublié tous les mudras du coup j’connais plus rien et je suis condamné à échouer. Et ça y allait encore et encore, à présumer de ce qu’il pourrait se passer bien qu’ils n’en savaient absolument rien. Toujours critiquer avant de savoir. C’en avait été blasant. Mais bon, ils y étaient arrivés ! Enfin !

L’accueil s’était bien déroulé, Mizuki avait eu la décence de les accueillir et d’interrompre ses activités spa, et ils résidaient dans un coin plutôt sympathique de la cité. Mizuki … Pauvre fille, elle tenterait d’être plus relâchée avec elle ce soir à l’occasion de ce verre qu’elles devaient prendre ensemble. Les rapports avaient été réguliers et visiblement son assistante avait su tenir ses engagements. Un bon point pour elle, et elle essaierait de lui lâcher la grappe vis-à-vis de tout ceci et garder ses blagues de vacances au moins pour ce soir. Cette expérience l’avait sûrement aidé à mûrir d’avantage et à prendre sur elle. Son élève s’éloignait de plus en plus de cette image de gamine effrayée par sa propre ombre qu’elle avait laissé le jour de son départ de Konoha. L’heure de la reconnaissance avait-elle sonné ?

Bien, bravo, je suis content de voir que Suna t’a dévergondé au point de flirter avec des étrangers en pleine rue.

Roulant des yeux et affichant une mine sévère, Miko –ou plutôt Iroh pour la soirée au vu du henge pour se faire passer incognito-, fit un signe de la tête en direction de là où on lui avait promis qu’il y avait un bar digne de ce nom.

Marchons un peu, ça me permettra de découvrir Suna de nuit. On m’a parlé d’un bar assez « sympa » à quelques minutes d’ici – le Heaven’s Night, tenu par la chef du clan Kawaguchi, tu l’as déjà rencontré à Konoha d’ailleurs. Elle semble avoir changé … avoir plus de prestance que lors de sa visite. Son établissement devrait donc être assez classieux … respectable… Je pense.

Mains dans les poches –les deux, on se henge ou on se henge pas !-, Iroh se tourna vers Mizuki.

Mais sinon avant de parler boulot. Comment as-tu trouvé Suna ? Vous ont-ils fait aussi bon accueil que tu le suggérais dans tes lettres ? Bonne ambiance ? Avec les problèmes sur la mort de Zanshi, les attentats passés et l’arrivée de représentants étrangers, je me doute qu’ils ont sorti le grand jeu niveau sécurité et défense et que ce n’était pas facile tous les jours pour une étrangère…

Elle rigolait de mes genoux, là, Miko « Premier-Degré » Aburame ? Je ne relevai même pas son affront sur le fait de flirter avec des étrangers, espérant de tout cœur que son ton pince-sans-rire n’était qu’une blague. Je lui lançai quand même un regard noir, histoire de marquer le coup, mais la suivit lorsqu’elle se mit en marche. Le chef du clan Kawaguchi ?

- Ouais, et pas que. Elle est devenue chef de clan il n’y a pas si longtemps et a organisé une espèce de cérémonie suivie d’une petite fête. J’y ai été invitée, et j’y suis allée pour « représenter » Konoha. Je crois que Senwashi y était aussi. Et je me suis retrouvée au milieu de Suna à vagabonder dans un labyrinthe. Elle a le sens du spectacle.

Ce qui s’était passé après ce labyrinthe, je vous le raconterai plus tard, une fois que je le saurais et que j’en serais sûre. Mais me connaissant, j’ai sans doute atteint le centre avec une facilité déconcertante et un talent inné, moi et mon pouvoir sensorialité. Ah non, non en fait. On me dit que mes insectes ont actuellement autant le sens de l’orientation que moi. Au temps pour moi. Enfin bon, direction ce bar. Je n’avais jamais mis les pieds ailleurs que dans mon hôtel et dans le palais du Kazekage depuis que j’étais là, travaillant d’arrache-pied pour cet examen. C’était la première fois que je sortais.

- Etrangement, ça allait. Les contrôles à notre arrivée ont été bien moins rudes que je ne l’avais imaginé puisque Kibo avait eu la présence d’esprit d’envoyer une espèce de laisser-passer par courrier avant. Pas sûre que ce soit vraiment protocolaire, en y repensant.

Le laisser-passer n’avait pas suffi à valider mon identité, mais tout de même : le contrôle à la Voie Illusionnée avait été rapide, et je doute qu’ils fassent la même chose à tout le monde. Un professionnel du déguisement, qui aurait intercepté le courrier, aurait très bien pu se faire passer pour moi. Enfin bon.

- Sinon, je dois t’avouer que je n’ai pas trop le temps de faire du tourisme. On a été dans un grand restaurant avec Kibo, Natsuki et Senwashi le premier soir et je passe mon temps entre ma chambre et le palais. Mais je sais pas si tu as la même chambre que moi, mais c’est… Spacieux.

Elle devait avoir théoriquement la même chambre, ayant demandé à ce qu’elle soit proche de la mienne. De mémoire, la chambre de Miko se trouve juste en face de la mienne. On sait jamais, un café en pleine nuit, ça peut arriver. Et cette bougresse en serait capable. Et bête comme je suis, j’ai même pas pensé à demander à ce qu’elle soit dans un autre hôtel pour éviter ce genre de situations. Je suis trop gentille. Applaudissez-moi.

- Et j’ai été très bien accueillie. Je n’ai pas le temps d’avoir soif qu’on me propose une boisson. Je pense qu’ils tiennent vraiment à cette alliance et au bon déroulement de l’examen.

Je crois avoir fait le tour de mon ressenti sur Suna. Je commence même à m’améliorer, parce que j’ai évité le « Putain t’abuses, t’aurais pu demander à ce que l’examen soit à Konoha, ça aurait évité que je perde 10 kilos juste en transpirant tellement la chaleur est insupportable dans ce village plein de sable ». Mais non. C’était propre. Tape m’en cinq, Mizu’ !

- Et quoi de beau, à Konoha ? Et la vérité, s’il te plaît. Quand on délègue les lettres qu’on envoie à l’administration, et que les signatures passent de « Miko » à « Village de Konoha » avec un ton bien plus solennel, ça m’étonnerait que ce soit parce que tu t’es désintéressée de m’engueuler dans les lettres.

Hmmm. Bien. Assimilant ce que son assistante lui disait, l’Aburame marchait à côté d’elle, les mains dans les poches. Quelques nano-insectes répartis tout autour de manière très discrète afin de détecter un éventuel assassin qui aurait vu clair dans leur jeu. Hochant la tête à quelques reprises, elle ne put s’empêcher de réprimer un sourire à la dernière remarque. Petite peste. Elle avait exactement touché au bon endroit. Instinct ou elle avait beaucoup plus de connexions que ce qu’elle pensait ...

Nous verrons comment les choses se passent à l’examen mais aussi avec Kioshi. Pas de nouvelles de lui et tant mieux. Quelques jours de repos histoire de souffler avant de le revoir… Il doit attendre les autres Kages.

Intersection. Gauche ou droite … Droite.

Oui revoir … J’ai vu Kioshi il n’y a pas si longtemps en effet. À l’occasion d’une mission conjointe entre Konoha et Suna à Kawa no Kuni. Nous y avons affronté Envizib là-bas. Il est mort, j’y ai perdu mon bras -forcément l'autre hein-, et son cadavre, enfin ce qu'il reste, est actuellement examiné à l’Hôpital de Konoha. Nozomi m’a rafistolé mon bras –les miracles de la médecine comme on dit- donc j’avoue avoir eu peu envie de m’épuiser en période de convalescence à t’écrire une lettre pour te montrer à quel point j’étais heureux que les préparatifs avancent à grand pas. Voilà toute l’histoire.

Le bar enfin !

Quoiqu’il y a bien eu un petit moment … étrange. Une divagation comme quoi il était sous les ordres d’une personne beaucoup plus effrayante qui était présente avec lui, et un symbole laissé dans la caverne qu’il habitait comme un miséreux : cinq petits cercles rouges tangents à un cercle plus large. Peut-être cinq comme lui réunis autour de la fameuse présence, si tu vois ce que je veux dire … Enfin bon, il faudra creuser la chose et faire le compte de ceux qui restent à présent.

Finissant sa phrase alors qu’elle poussait les portes de l’établissement, elle alla s’asseoir à une banquette un peu en retrait par rapport à l’estrade devant laquelle toutes les tables étaient complètes pour assister au spectacle burlesque. Un bel établissement. Propre, spacieux. À peine assises purent-elles commander auprès de la serveuse … Soit. Chapeau Tsukiko.

Enfin bref. À part ça. Les actions à l’étranger dont nous avions parlé avant continuent mais à plus faible ampleur. Ah et Pô a donné signe de vie … Malheureusement c’est l’une de ses équipières totalement ensanglantée et qui est tombée dans le coma après avoir traversé ma fenêtre, qui me l’a signalé sur un petit bout de papier. Une équipe a été envoyée. Ils devraient bientôt donner signe de vie si tout s'est déroulé comme prévu.

La serveuse revenant avec les deux whisky et le jus de raisin commandé, le jeune homme qu'elle incarnait lui sourit aimablement la remerciant avant de ramener de sa main droite le verre d’alcool qui avait été déposé devant Mizuki. Non, non. Elle lui avait uniquement commandé le jus de raisin voyons. Le reste était pour elle. Le whisky était une boisson de bonhomme après tout, pas de fillette qui faisait ses débuts dans le dur monde shinobi.

Des nouvelles de la main que devait me faire fabriquer Natsuki sinon ?

- Qu… Quoi ?

J’essayais vraiment d’en placer une, mais on aurait dit que ça faisait huit ans que Miko essayait de caser tout ce qu’elle avait à dire, et rien ne pouvait l’arrêter. On aurait pu essayer de faire un collier de ses boyaux qu’elle aurait quand même fini son histoire avant de se défendre. Et comme j’avais pas pu répondre à une seule de ses informations, je dus tout encaisser et retenir alors qu’on entrait dans le bar de la Kawaguchi. Dans l’ordre, je crois que ça donnait Envizib, cette espèce de peur qui l’avait submergé et enfin les conquêtes au ralenti.

J’avais déjà rencontré le Messager, lors d’une mission assez spéciale avec Matabei et Onpu-Sama. Une étrange mission, durant laquelle on s’était retrouvé devant le Furyou, et durant laquelle on s’était très, très, très longtemps observé avant qu’il ne disparaisse dans la nature sans laisser de trace. Jusqu’à aujourd’hui, apparemment, les deux Ombres ayant réussi à le vaincre. Et non sans mal. Machinalement, j’oscillais mon regard entre le bras « valide » de l’Hokage et son regard pendant qu’elle continuait à parler. Ce qui me rassura, c’était que, cette fois, je n’avais pas été horrifiée par ce qui lui était arrivé, ni choqué : j’étais rassurée de voir qu’elle était devant moi et en forme, le bras valide recousu. Je pense que c’est ce moment qui m’a vraiment fait comprendre mon avancée dans la maturité. J’ai pris conscience que j’avais assimilé le monde shinobi et les risques que ça comprenait. Un bon point pour moi. Auto-high five.

- Mais du coup, pendant que tu gambadais main dans la main… Enfin… Tu vois ce que je veux dire… Avec Kioshi, qui s’est occupé du village ?

La conversation était volontairement menée vers autre chose que son bras : de toute façon, si je lui en parle, elle m’engueulera en me disant que c’était pas mon problème, et que de toute façon c’était de ma faute, que j’étais tellement mauvaise que les bras lui en étaient tombés. Et cette fois, littéralement. Puis, la question méritait d’être posée : Konoha est certes prospère, mais Miko a la particularité de régner presque seule, me déléguant certaines tâches en son absence. Mais Konoha reste un village shinobi : sans Hokage, ni personne pour la représenter, les machinations politiques peuvent aller bon train. Surtout que certains sont toujours hostiles soit à Miko, soit aux Aburame, soit au fait que ce soit deux personnes du même clan qui occupent les hautes sphères du village. Le chef Hyô aurait eu tout intérêt d’agir pendant l’absence de Miko qui, même si elle n’a pas été annoncée, aura été remarquée.

L’espèce de peur d’Envizib me laissa cependant perplexe. Je ne m’étais pas trop penchée sur le chapitre furyou, n’ayant pas vraiment accès aux mêmes données que j’ai aujourd’hui. Mais est-ce qu’ils ne sont pas décrits comme des êtres surhumains, n’ayant aucune peur et surtout, étant au-dessus du commun des mortels ?

- Il y en a combien, de ce genre de trucs ? Le cercle du centre n’était peut-être que Sa Majesté, et sa présence ne serait qu’un délire qu’il s’est fait. Ce ne serait pas étonnant, d’ailleurs : ces choses n’ont rien d’humain. Ca se trouve le gars s’est fait un pote imaginaire et ils se sont engueulés parce qu’il a pas partagé son Kiri goûter.

La serveuse apporta deux whiskies et un jus de raisin. Par réflexe, elle en posa un devant chacun d’entre nous : j’haussai un sourcil : deux, vraiment ? Ce n’était pas le moment de s’en soucier, mais au retour de Konoha, il faudra s’occuper de cette nouvelle dépendance qui pourrait créer des soucis. Vint ensuite le tour du sujet du chef Gekei, qui me fit froncer les sourcils, alors que la musique changea du tout au tout.

- Je sais ce que tu vas me répondre, mais… Entre les missions habituelles, cet examen, cette mission un peu particulière, et les équipes encore en place à Ki et Nami : Konoha est tout de même gravement affaibli en ce moment. Ca ne t’inquiète pas ? Même si la plupart des grands ninjas se trouvent ici actuellement, il reste le problème des déserteurs, des errants ou encore des diversions créées par la présence des hautes sphères ici. Le regard du monde est tourné vers le village du Sable. Le moment parfait pour attaquer ailleurs. J’ai d’ailleurs vu le nouveau Raikage arriver, hier. Crois-moi : Zennosuke semblait être un enfant de chœur à côté. La délégation de Kumo était… comme une armée d’un pays sous dictature. Ca faisait froid dans le dos.

J’avais assisté à l’ensemble des arrivées des délégations des grands villages. Le Shukai m’avait un peu déçu : moins impressionnant que le terme d’empire ne le laissait croire. Konoha avait été discipliné, protocolaire : mais les gens semblaient normaux, certains souriaient, d’autres étaient anxieux : mais rien de notable à noter. Kumo, ce fut autre chose. Rien que leur Ombre dégageait quelque chose de malsain.

- Ah et Natsuki me fait te dire – et littéralement – qu’il utilise ta prothèse comme porte-serviette, actuellement.

L’administration, les quelques conseillers … Tu sais, le village a tenu presque tout seul pendant un bon moment. Onpu n’était pas le plus sérieux des gratte-papiers.

Genius. Réfléchis un peu, en plus c’est toi qui m’a dit expressément la dernière fois que je n’avais pas à nommer d’intendants et que malgré le fait que nous étions toutes les deux à Suna, Konoha pouvait s’autogérer. L’Aburame écouta son élève alors qu’elle lui donnait sa vision de ce qu’il s’était passé avec les Edo Tensei … Prenant une gorgée, elle écouta la fin de ce qu’elle avait à dire, éveillant un semblant d’intérêt avec Kumo avant de se rembrunir totalement pour cette histoire de porte-serviette.

J’espère que tu rigoles … Et dire que je croyais qu’Onpu avait un humour bidon ...

Roulant des yeux en se promettant de claquer Natsuki avec son porte-serviette, l’Aburame se craqua l’auriculaire tout en réfléchissant.

Pour ce qui est des cadavres … Il devrait rester … la mangeuse de chakra, la Gogyou aux cinq éléments, le cyborg … Hmmm tu sais quoi ? J’essaierai … ou tu essaieras de voir ça plus en détails. Il me semble que dans le lot un autre est définitivement mort, ça mérite la peine de creuser… Mais bon, oui ce n’est possiblement rien.

Faisant craquer son cou, Iroh se détourna un instant vers les musiciens, appréciant le nouvel air un peu jazz. Elle n’avait pas spécialement l’oreille musicale mais elle savait qu’On’ aurait adoré les entendre jouer.

Sinon à propos de Kumo … Vraiment ? Génial, déjà que Zennosuke n’était pas un cadeau, voilà que je serai bientôt forcé de rencontrer le bonhomme qui l’a viré de son poste. Une dictature hmm ? Je me demande combien parmi ses soldats pencheraient plus pour son prédécesseur que pour lui en cas de confrontation interne ... Quitte à évincer quelqu’un, il aurait dû le mettre hors d’état de nuire … définitivement. Et pour l’examen. Des prédictions pour le moment ?

Qu’il était agréable de parler sans se faire écouter, merci les nano-insectes.

- Non, non, je suis sérieuse. Je l’ai croisé il y a deux jours. J’ai pas tout compris ce qu’il m’a dit mais ça incluait du riz et des canards, alors j’ai pas vraiment cherché à comprendre.

J’adorais Natsuki. Sincèrement. Il avait ce côté bon enfant qui faisait son charme, tout en restant incroyablement pertinent. Puis, il dégageait quelque chose, une aura de puissance et de confiance. Honnêtement, à Konoha, actuellement, je confierais ma vie à deux personnes : Natsuki Nara… Roh allez, essayez de deviner, ce n’est pas compliqué… Faites un effort bon sang ! Voilà ! Vous avez compris ! A Yamanaka Inaho, bien sûr ! Quelqu’un qui est sur le point de remporter un examen en dormant, c’est quand même quelque chose. Il suffira juste que je le réveille et pouf ! Je serais en sécurité !

Blague à part, Miko était évidemment la deuxième (je sens que tu as paniqué quelques secondes, ne me mens pas). Je l’écoutais donc parler des furyous – sans doute pour la dernière fois vu les évènements à venir et le gavage dont elle allait subir les effets d’ici quelques jours, sous une tente sécurisée, inviolable et confortable. De toute façon, je ne m’étais jamais intéressée à ces choses. Un peu trop complexe et mystique pour moi. J’avais assez de problèmes avec le mysticisme concernant mon propre pouvoir, alors aller m’occuper de celui de pseudo-démons à la mords-moi-le-nœud, très peu pour moi.

Comme si le sujet suivant était prémédité et connu par le responsable du jukebox, la musique changea, laissant place à quelque chose de bien plus… différent, mais qui illustrait le nouveau sujet dans lequel le « jeune homme » m’emmenait.

Hôritsu. Le nouveau Raikage. A bien y réfléchir, c’est vrai qu’il n’avait rien de commode par les apparences. Mais je parle actuellement à une Hokage sous Henge à qui il manque une main et qui s’était retrouvée sans bras quelques jours avant, et qui fait plus craquer ses os que moi mes biscottes le matin. L’empereur était un espèce de vieux bien conservé encore plus froid que le pouvoir qu’il maîtrisait. Et le Kazekage vivait sous une tente. Dans le genre « Je voudrais le tirage gagnant s’il vous plaît », je crois qu’on a dégoté une bien bonne brochette de vainqueurs. Bon, ok, Miko était un peu (beaucoup) au-dessus des trois autres, mais c’était pas non plus la kunoichi la plus classique de Konoha, il fallait se l’avouer. Et c’était sans doute la raison pour laquelle elle avait accédé à ce poste : on ne pouvait se targuer d’être Kage sans être exceptionnelle et extraordinaire.

- Bah, j’te dis ça mais ce n’est qu’une impression. J’espère que ta rencontre avec se passera bien, même si je doute que dans sa position et celle de Kumo, il ne doit pas en mener large. Ce serait une erreur diplomatique de vouloir se montrer supérieure. D’ailleurs ça m’a étonné quand j’ai su que Kumo serait de la partie pour l’examen… Ce n’était pas vraiment dans l’ère du temps, de ce que je savais à propos des relations entre Suna et Kumo.

Kibo n’avait pas développé ce point, les secrets de son Kage restant secrets, à mon instar. Mais il fallait compter sur le village des nuages. Qu’importe : il y avait déjà tellement de monde qu’un village de plus ou de moins…

- Et très honnêtement… Le niveau va être très élevé. Tant au niveau des épreuves qu’au niveau des Genins. Le nombre incroyable de participants nous a obligés à revoir la difficulté des épreuves à la hausse pour… Permettre un tri rapide et réellement sélectif. Kihran et Strike sont comment, en ce moment ?

Du riz et du canard ? S’il s’était servi de sa prothèse comme spatule, cuillère ou fourchette, ça allait barder. Depuis le temps qu’elle l’attendait …

Oui je t’avoue que je n’ai pas non plus compris comment Kumo avait pu s’inviter à l’examen Chûnin. Déjà que l’Empire passait limite … Et dire que cet examen était un moyen pour Konoha et Suna de se rapprocher… Finalement c’est un gros melting pot et le Kazekage semble avoir oublié que nous étions censés nous entretenir pour possiblement considérer un renforcement de l’alliance qui n’est en ce moment que commerciale entre nos deux pays. Mais bon ! On verra bien, ce n’est pas comme si nous allions partir d’ici du jour au lendemain.

Trempant ses lèvres dans le liquide devant elle, elle tourna la tête vers la scène ou une autre artiste venait de faire son entrée. L’atmosphère de la salle changea à nouveau du tout au tout, la musique étant beaucoup plus orientale et rythmée que la précédente. Une musique du coin ? Du burlesque, de la pop, du traditionnel … Si cet endroit représentait la chef Kawaguchi, l’Aburame n’osait pas imaginer comment ça se passait dans sa tête. Peut-être devrait-elle consulter ? Konoha disposait d’excellents psychologues…

Je crois qu’on est tombés sur la soirée karaoké …

Soupirant bruyamment, Miko reporta son attention sur son élève tout en sirotant son verre. Elle n’avait pas tant que ça bronzé malgré son temps dans le désert. La crème solaire qu’elle lui avait acheté et laissé sur son bureau sans mot dire et qui avait disparu devait être efficace. Il faut dire qu’une protection 70 devait bien protéger en toute logique.

Tant mieux si vous faites le tri rapidement. En espérant que les Genins de Konoha se distingueront même si d’après ce que j’ai pu voir, Suna avançait beaucoup plus de candidats. Mais bon, ils auront plus de chances de perdre la face … Quant à Strike et Kihran, honnêtement je ne sais pas trop. Les deux sont assez bons. Cependant Kihran n’est pas assez agressif et confiant, et Strike l’est beaucoup trop… Sans connaître en avance les épreuves, je dirais que les deux ont une chance d’arriver à l’épreuve finale avec Strike qui durera un peu plus longtemps que Kihran. J’ai d’ailleurs mon discours de prêt pour quand il se fera éliminer...

*sourire carnassier*

Mais dans tous les cas, ça sera certainement intéressant de les suivre, ils peuvent donner de belles choses.

La soirée karaoké ? Ecoutant Miko tout en regardant vaguement les chanteurs du bar, je m’imaginai l’espace de quelques instants à leur place avec l’Hokage déguisé en homme à mes côtés. Le duo parfait pour faire quelques folies. Très vite, mon esprit s’enjailla (avec la réforme de l’orthographe, ils devraient faire passer ce verbe, ce ne serait pas plus ridicule) à imaginer quelles chansons en duo seraient les plus intéressantes. Et à toi, lecteur assidu de ma prose incroyable et inimitable (non je ne m’enflamme pas), laisse-moi te pourrir ta journée en te mettant dans la tête quelques musiques qui restent et qui t’entraîneront jusqu’au bout de la nuit. Attention, moment nostalgie.

On pourrait d’abord faire le duo le plus kitsch, avec des hits comme cette musique qui vante les mérites des vaches rouges, blanches et noires, sur lesquelles tombe la pluie et les cerisiers blancs made in Normandie. On aurait pu chanter l’amour, que ce soit en italien où il me susurrerait vivo per leï ou ti amo, où l’on hurlerait que aimer, c’est ce qu’il y a de plus beau, où il me jurerait qu’il n’a besoin de rien, envie de moi, qu’il n’était qu’un fou et que par amour, j’ai fait de lui un fou, un fou d’amour et me demanderait si je l’aimerais si on devait mourir demain et qu’il ferait de ma vie un un rêve bleu. Il me crierait alors « Tell me more, tell me more », et je lui dirais que j’irais où il ira, que j’irais même là-bas, et même si c’est sous le vent parce que c’est ce qu’il ferait à ma place. Et qu’après tout, je ne suis qu’une barbie girl, in a barbie world.

Alala… Tout aurait pu être tellement génial. Une soirée inoubliable, des comme on en fait plus. Et pourtant, on était à Suna. Dans un bordel. Du coup on a eu le droit à la place à la chanson la plus romantique qui existait. La moustache du gars qui se mit à chanter me laissa perplexe, mais soit. Mes rêves de chanteuse internationale venant d’être étouffés dans l’œuf (alors que j’étais en train de me dire que de chanter avec Miko (et non Iroh) ça ou encore ça, ça aurait quand même été la classe… M’enfin, tant pis. Le monde n’est pas encore prêt à accepter mon talent). Du coup je me tournai vers Miko, l’ambiance étant devenue légèrement gênante après que le chanteur s’était mis à se tripoter en chantant.

- Je pense qu’il n’y aura aucun problème pour Kihran. J’émets des réserves pour Strike. Surtout pour les deux premières épreuves qui ne demandent pas forcément de foncer dans le tas. Et Strike est assez sanguin. Quant à la troisième épreuve…

Je souris légèrement. Miko s’était bien gardée de nous prévenir la particularité de Strike. Ce n’est qu’en rentrant d’Ame que je m’étais posée des questions sur le Sakebi et que j’avais été lire son dossier. Un Gogyou ? Je connaissais la réputation qu’ils trainaient avec eux, mais peut-être aurait-il été judicieux de prévenir qu’on aurait à faire avec ce genre de pouvoir… Surtout quand on le force à se rendre à Ame.

- Suna en est où avec son acceptation des Gogyou ? Tu crois qu’il saura se battre sans dévoiler sa vraie nature ?

Ainsi elle avait fait le lien. Pas une grande surprise depuis le temps que l’équipe s’était formée. L’Aburame avait eu du mal à assurer un suivi convenable à son équipe ces derniers temps et avait malheureusement délaissé quelque peu Strike. Elle le savait honteux de sa capacité. Avait-il avoué à ses coéquipiers ou Mizuki l’avait-elle appris au cours de son rôle d’organisatrice ?

Hmmm je suis curieux de voir qui se démarquera. Peut-être as-tu raison pour Kihran. Pour ce qui est de l’acceptation des Gogyous …

Petite pause boisson.

… Je n’en sais trop rien. Mais je t’avouerai que c’est le dernier de mes soucis. Il n’a pas à avoir honte de ses talents, et si le bon peuple de Suna n’en est pas content, qu’ils restent dans leur ignorance et leur ressenti. J’ose espérer que Strike se rend compte qu’il n’a pas à s’en cacher ici, car si quelqu’un venait à lui demander des comptes pour les actions d’une autre, je m’occuperai personnellement de son cas.

Finissant le verre, Miko ou plutôt Iroh se leva.

Dans tous les cas, il en tirera quelque chose, qu’on l’acclame ou qu’on le hue. Sur ce, rentrons … le répertoire musical de ce bar commence à me taper sur le système, j’avoue que je m’attendais à mieux, on me l’avait recommandé chaudement …

Payant sa part et la sienne seulement en bonne rapiat qu’elle était, Miko sortit du bar, Mizuki à sa suite.

Avec le début de l’examen proche, je me doute que tu dois plutôt appréhender sa réussite … Tout devrait bien se passer et au pire si la chose devait déraper, tu n’aurais qu’à reporter la faute sur la sécurité de Suna. Je suppose que maintenant que tu as abattu ce travail plus que colossal, je vais pouvoir me reposer d’avantage sur toi une fois de retour à Konoha …

Spoiler: