[C] L'escorte - Pv Kawaguchi Kuraudo ; Ketsueki Kamakura

Intitulé de la mission:

Nouveau réveil, nouvelle journée, nouvelle mission. Tel était la routine pour un ninja, certaines missions duraient bien entendu plus longtemps qu’une journée. Aujourd’hui le soleil tape déjà fort lorsque je me réveille. Il doit être onze heure et quart, au moins. Comme chaque matin j’ouvre ma fenêtre et contemple le village, Suna. Perdu au milieu de son désert et de ses dunes. C’est un beau village. Pour ne pas changer, ma mère a fait une soupe de nouille au bouillon de légumes. Les Ketsueki n’ont pas besoin de sang pour se nourrir et encore moins ma mère qui n’en est pas une. Je prends mon kimono et l’enfile, prend mon épée et descend pour prendre un bol de potage. Aujourd’hui une nouvelle mission s’offre à moi, un trio cette fois-ci. Il faut que je me rende au bureau des missions pour recevoir l’ordre de mission précis.

Sept minutes et vingt et une secondes, c’est le temps qu’il me faut pour me rendre au bâtiment qui règle les ordres de missions. Le chemin se passe sans embûches, comme à chaque fois, personne ne veut parler à un Ketsueki surtout s’il ne le connait pas. J’arrive enfin au bureau après sept minutes et vingt et une secondes, cette fois-ci je n’ai pas de retard. J’entre dans le bâtiment, me présente et explique pourquoi je viens. Les personnes présentes dans la salle se sont regardées avant de me donner ma mission, est-ce que je leur fais peur ? Bref, passons. La mission dit ceci ;

*Un petit bijoutier demande protection lors de son retour chez lui, dans un petit village perdu dans le désert, non-loin de la capitale shinobi, mais qui emprunte des routes dont les bandits raffolent. Il est accompagné de son jeune fils d'une douzaine d'années, alors faites votre possible pour que l'un et l'autre sortent sains et saufs de ce retour à la maison.*

Pour cette mission je vais être accompagné de deux autres genins. Un certain Kawaguchi Kuraudo et un autre Ketsueki, tiens, comment sera-t-il ? Gentil ? Comme certains Ketsueki que j’ai pu rencontrer ? Et comment notre coéquipier va-t-il réagir en apprenant qu’il sera entouré de deux Ketsueki ? Il va certainement prendre peur et demander à changer de mission, sauf peut-être s’il est fou ou s’il connait ce Kamakura. Enfin il faut faire bonne impression. Je me rends à la porte du village où le bijoutier et son fils nous attendent déjà.

"Bonjour, je suis Ketsueki Kazushi, je viens pour vous escorter. Deux coéquipiers ne vont pas tarder. Ravi de faire votre connaissance."
"Vous ne m’avez pas l’air bien puissant.", est la seule chose qu’il m’a dite.

Comme je m’y attendais, je ne suis pas bien accueilli par cet homme, la mission me donnera le temps pour que je le fasse changer d’avis. Je peux voir au loin un jeune homme qui s’approche, certainement un de mes coéquipiers. Je me réjouis de partir en mission avec eux.

"Bonjour, je suis Ketsueki Kazushi, vous devez être mon coéquipier pour cette mission, enchanté de faire votre connaissance !", j'apréhende la réponse, comme à chaque fois que j'adresse la parole à quelqu'un.

(#) Sujet: Une équipe de gagnants Mer 28 Oct 2015 - 14:59

Il régnait une tiédeur confortable dans la chambre de Tête Cachée dans le sable. Seul, au milieu du silence, se faisait entendre le lent ronronnement de la ventilation. Affalé sur son lit, le Kawaguchi entamait avec enthousiasme et béatitude sa quatorzième heure de sommeil lorsqu'un cri retentit depuis le chez de chaussée de sa maison, et qu'une voix féminine clama:

- Kuraudo ! Il serait temps de te lever !

Tête Cachée ne répondit rien, des fois que faire le mort suffise pour se faire oublier. Il jeta un oeil à sa pendule, qui indiquait midi. A-t-on idée de réveiller les gens à une heure pareille ?!

- Kuraudo ! Je sais que tu m'entends ! Lève-toi !
- Mais m'man ! Il n'est pas tard encore !
- Je te rappelle que tu as ta mission aujourd'hui ! Tu ne vas quand même pas être en retard dès la première fois !
- Oh, zut, j'avais oublié !!

Le jeune ninja se leva en trombe, et fila sous la douche. Là, tandis que le nuage de sable qui lui gravitait habituellement autour de la tête s'agglutinait sur son visage au fur et à mesure qu'il se gorgeait d'eau, il prit le temps de relativiser. Après tout, se disait-il, quitte à être en redard autant prendre son temps ! Et puis, avec un peu de chance, peut-être que les autres l'oubliraient et feraient la mission sans lui...

***

Bien plus tard, vêtu de son équipement flambant neuf, portant un sac à dos plein à craquer de provisions, son ordre de mission dans une main, un paquet de chips format familial dans l'autre, et un pain aux raisins dans la bouche, Tête cachée dans le sable arriva à la porte du village, le lieu de rendez vous.
Trois personnes s'y trouvaient déjà. Deux vieux (oui, à 18 ans tu es un vieux) et un mioche (d'à peine un an de moins que lui). Ses équipiers ? A moins que ça ne soit les gens à escorter.
L'un d'eux était clairement un ninja, certains signes ne trompent pas: il avait une mine patibulaire, de belles cicatrices, une pochette à kunaïs, et surtout un grand sabre dans le dos. C'est vers lui que Kuraudo s'avança en premier. Il lui tendit la main -ou plutôt trois doigts, les autres servant à tenir le paquet de chips- et lui dit:

- Salut ! Je suis tête Cachée dans le Sable ! C'est toi mon équipier ? Tu veux un pain aux raisins ?

Il avait dit ça sur un ton tout à fait jovial. De plus, en dépit de son visage entièrement caché, le jeune Kawaguchi avait depuis longtemps appris à laisser transparaître ses émotions par son attitude, sa gestuelle, et le ton qu'il employait. Tout laissait entendre que sous son masque de sable il affichait un grand sourire ravi.

Il est super pâle ce gars ! On se demande comment il fait pour vivre à Suna...
A cause des coups de soleil ? Hum... je devrai peut-être lui proposer un chapeau ?
Surement pas ! C'est encore un de ces Ketsueki. Décidément, tu es cerné par les cannibales !
Bah, s'ils sont tous comme Kamakura, ils ne sont pas aussi méchants qu'on le dit ! Juste un peu... bizarres. Je me demande pourquoi les gens ne les aiment pas à ce point.
Celui-là n'a pas de lunettes noires, ni de sourire niais. D'ailleurs en parlant de sourire niais, on dirait qu'il n'est pas là, lui.
Oh. Oui. Bah, si je ne suis pas le dernier c'est que je ne suis pas en retard, haha !
Oui, ou alors ça veut dire qu'il y a quelqu'un de pire que toi dans l'équipe. Ça promet !

Ayant fait la connaissance de son nouvel équipier, il approcha la masse de sable qui lui servait de visage de la figure du Ketsueki et lui demanda à voix basse:

- Dis, ce sont eux les gusses qu'on doit escorter ? A ton avis, on devrait leur mettre des menottes ?

Des menottes ?
Bien pensé hein ? Et peut-être une corde aussi, pour qu'ils ne s'échappent pas...
Abruti !! C'est une mission de protection, pas une surveillance de prisonniers !
Ah ? Mais c'est sûr, ça ?
Andouille, ce type est le client !
On ne me dit jamais rien à moi , aussi...
Plutôt que de dire des bêtises, regarde: on dirait que c'est cet ahuri de Kamakura là-bas, qui arrive.

***

Leur troisième équipier s'étant présenté, les ninjas ainsi que le bijoutier et son fils se mirent en route. Kuraudo se laissa emporter par l'enthousiasme de l'excursion, et il se mit en tête de bavarder un peu avec les autres personnes présentes, à commencer par le bijoutier.

C'était un homme d'une petite quarantaine d'années, à la peau tannée par le soleil. Il avait la mine plutôt bougonne, et à voir l'équipe chargée de l'escorter on le comprenait un peu. Il commençait d'ailleurs à se demander si l'argent investi dans cette mission en valait bien la peine...
Tout en marchant, Tête Cachée se rapprocha de l'homme et lui demanda:

- Dites, monsieur le bijoutier, vous habitez loin de Suna ? Au fait, moi c'est Tête Cachée dans le sable. Et vous c'est quoi votre nom ?

A tous les coups, ça allait être un jeu de mots douteux.

Le bijoutier adressa un regard dédaigneux au tas de sable qui venait de lui adresser la parole. Ce voyage dans son intégralité lui pompait l'air ! Il avait dû venir à Suna pour récupérer une commande, et la négociation s'était mal passée. En plus son fils avait été malade pendant tout le séjour après avoir mangé un melon un peu trop mûr. Ensuite, la mission d'escorte -indispensable lorsqu'on transportait une marchandise de valeur, comme c'était son cas- lui avait coûté une bonne partie de ses économies restantes, et il se retrouvait maintenant à marcher sur une route dans le désert en compagnie de ce qui lui semblait être le fin fond du tiroir des ninjas de Suna. C'était un brave homme en temps normal, mais les circonstances jouaient contre lui ! Agacé, il répliqua:

- Eh bah tu portes bien ton nom, coco ! Tu t'es fait manger par une dune, c'est ça ? Il soupira. Sans blague, ils n'ont que des numéros comme ça dans votre village de ploucs ?
- Ah, vous l'avez vu ? C'est mon nuage de sable ! Il est chouette hein ? Vous voulez que je vous en fasse un aussi ?

Le bijoutier regarda le genin d'un air désespéré. Aucun des trois gamins ne lui inspirait confiance, entre l'ensablé et les deux pâlichons -l'un couvert de tatouages et de cicatrices, l'autre avec l'air aussi bête que ses pieds- il se sentait cerné par des olibrius. Il finit par dire:

- Pour répondre à ta question, oui j'habite loin: à deux jours de marche. Alors j'espère que tu aimes la randonnée, Tête Cachée dans la Dune !

(#) Sujet: Trois kilomètres à pied... Sam 31 Oct 2015 - 0:04

Kamakura avait une conception bien à lui du temps. Bien à lui, non pas parce qu’elle était particulièrement originale, mais parce qu’elle reposait entièrement sur sa petite personne. Il estimait en effet que quelle que soit le moment auquel il arrivait, il était toujours parfaitement à l’heure. Les autres, ceux qui poireautaient depuis une heure ou deux, n’avaient qu’à ne pas arriver autant en avance.

Aussi, c’est un Kamakura radieux et parfaitement inconscient des regards désapprobateurs de ses futurs compagnons de route qui se présenta à la grande porte du village. Il n’avait pas lu l’ordre de mission, mais il savait qu’il s’agissait d’une escorte : sans doute fallait-il protéger cet homme barbu et bougon habillé en tenue de voyage et cet autre, plus jeune, en tenue de voyage aussi.

Il faut dire que dans le tas, les ninjas n’étaient pas durs à repérer : c’étaient les seuls dont l’équipement semblait parfaitement inadapté à une excursion dans le désert. Tête d’erg, l’air toujours aussi peu éveillé que d’habitude, devait crever de chaud sous son long et immonde kimono à fleurs. D’ailleurs, soit dit en passant, le jeune Ketsueki était persuadé d’avoir le même chez lui : un cadeau fait par une tante à ses parents le jour de leur mariage. Ces derniers s’en étaient servis comme serpillère. Histoire de dire que oui oui, c’était un cadeau utile.

Le second portait un kimono rouge méga-voyant, idéal pour être repéré à des kilomètres à la ronde. Tant mieux, se dit Kamakura : au moins, c’est lui qui attirera tous les ennemis. Avec ses cicatrices superficielles, son sabre dans le dos, ses cheveux coiffés d’une manière que l’on aurait dite négligée mais qu’il devait passer des heures à mettre en ordre, il avait la tête parfaite de ces mannequins qui posaient dans les revues de vêtements et armes pour ninjas.
Son bras gauche était soutenu par son baudrier : peut-être était-il blessé. Bravo, se dit Kamakura, on va se retrouver à l’escorter lui aussi ?

Mais un détail retint l’attention du tout nouveau genin : la peau pâle, les yeux (ou au moins, d’après ce qu’il pouvait voir, un œil) rouges… C’était un Ketsueki lui aussi ? A voir ! Contrairement à ce que l’on pourrait croire, beaucoup de ninjas avaient les yeux rouges. Ce serait beaucoup plus simple si les Ketsueki avaient un emblème de clan ou un signe distinctif ! Comme par exemple, le magnifique T-shirt marqué d’un « Je suis un Ketsueki (et je mange les enfants) » que portait Kamakura sous son propre kimono blanc.

Mais bon, pas le temps de se poser la question, l’homme à escorter parlait :

« Ca y est, encore un zouave ! Bon, on a assez attendu ! Comme je l’ai dit aux autres rigolos, moi c’est Tonkawa Okakkao, lui c’est mon fils, il s’appelle Tonkawa Heshô et vous devez nous escorter ! Allez on y va ! »

Et sur ces paroles engageantes, il se mit en route.

***

Cela faisait maintenant une bonne heure qu’ils marchaient. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les alentours de Suna n’étaient pas un désert de sable à proprement parler : plutôt un désert de poussière rougeâtre où survivaient tant bien que mal quelques pousses d’herbes, se réfugiant à l’ombre des rares amas de rochers qui rompaient çà et là la monotonie du paysage. Le petit groupe suivait la piste, qui avait été tracée au fil des ans par les centaines de pieds des civils ou de ninas qui allaient et venait autour du village. Plus loin, à de dizaines de kilomètres, s’élevaient les grandes dunes qui faisaient tout le charme et tout le danger de Kaze no kuni.

Presque instinctivement, les ninjas s’étaient divisés en deux groupes : les deux Ketsueki marchaient devant, pour repérer un éventuel danger. Tonkawa Okakkao et Tonkawa Heshô, deux mètres en arrière, étaient escortés par Je-me-sens-un-peu-farineux-ce-matin…

A côté du membre de son propre clan, Kamakura réfléchissait. Mis à part sa famille proche, il n’avait pas rencontré de Ketsueki depuis qu’il était en âge de s’en souvenir. Existait-il une manière quelconque de s’adresser à un cousin ? Y-avait-il un protocole à respecter ? Bôf, de toute façon Kamakura ne l’aurait pas fait. Mais le jeune ninja restait un peu méfiant.
L'avantage d'être un Ketsueki pour Kamakura, c'est que tout le monde pense que tu es un dangereux psychopathe et donc tout le monde te déteste mais en même temps tout le monde te craint et donc tout le monde te fout la paix. Et puis c’est drôle. Le désavantage d'être un Ketsueki, c'est que tu es dans la famille d'autres Ketsueki...

Finalement, la curiosité l’emporta :

« Alors on est du même clan, hein ? Heu… Enchanté. T’as sans doute jamais entendu parler d’eux, mais je suis le fils du jônin-baron Ketsueki Genryaku et de Ketsueki Yowâ. »

Là. Il était sûr qu’on lui avait dit de se présenter comme ça, un jour. Peut-être. Enervé d’avoir fait exactement ce qu’il pensait qu’on attendait de lui, mais toujours curieux, Kamaruka leva la tête vers son coéquipier qui le dépassait de quarante bons centimètres et poursuivit :

« Ca fait un bout de temps que j’ai pas vu d’autre Ketsueki. C’est qui le chef maintenant ? Et à quoi ça ressemble, le manoir ? »

Il laissa le temps à Kazushi de répondre. Puis :

« C’est marrant, t’as pas vraiment une tête de Ketsueki je trouve… »

Mais la réponse de l’autre genin fut noyée par le cri d’alerte de Kamakura :

« Attention ! Une horde de gerbilles enragées ! »

Et en effet. Remontant le long de la piste, une centaine de petits mammifères, les yeux révulsés et la bave à la gueule, fonçaient vers le petit groupe. La horde était menée par un spécimen d’une taille impressionnante d’au moins… 30 cm.

« C’est dingue ça ! » Marmonna Kamakura en balançant une boule explosive attachée à un kunaï. « Tu peux pas te balader dans le désert sans être obligé à chaque fois de provoquer l’extinction de deux ou trois espèces de bestioles ! »

Le premier de mes coéquipiers s’appelle... Tête Cachée dans le Sable, je dois avouer ne pas être resté de marbre face à cette révélation. Mais il m’a l’air gentil et m’a même proposé l’un de ses pains aux raisins que j’ai poliment refusé, je viens de manger un gros bol de soupe. Après avoir marqué une courte pause, perdu dans ses pensées notre ami ensablé s’est penché vers moi pour me demander tout bas si les deux personnes en face de nous sont les « gusses » que l’on doit escorter. L’homme d’une quarantaine d’année a demandé à Tête cachée dans le sable si c’était tout ce que ce village de ploucs pouvait lui fournir ? Je n’apprécie guère cette remarque et je lui fait remarquer.

« Village de ploucs vous dites ? Vous voulez peut-être faire votre escorte vous-même ? Et auriez-vous menti sur les risques que vous encouriez pour que trois genins ne suffisent pas à vous escorter ? Contentez-vous de ce que vous avez, car c’est avec nous que vous devrez vivre les deux prochains jours. » Il ne va certainement pas être content de ce que je lui ai dit mais il doit se contenter de ce qu’il a et être poli avec nous, car c’est nous qui sommes chargé de l’escorter. Il n’a rien à redire, se renferme encore plus et se retourne, l’air vexé.

Quelques secondes après le troisième genin, le Ketsueki, chargé d’escorter les deux Tonkawa entre en scène, il n’a pas l’air de se soucier de quelque chose et parait presque un peu naïf, enfin ceci n’est que ma première impression. Il est pale et porte des lunettes noires, peut-être pour cacher ses yeux ? Le bijoutier n’est vraiment pas enchanté par son escorte, un impuissant, un plouc et un zouave, d’après ses dires. Bref, cela fait maintenant vingt-deux minutes et trente-cinq secondes que je suis arrivé au lieu de rendez-vous et on va s’en aller. La marche va durer deux jours, ce n’est toujours pas assez précis et comme à chaque fois, cela me rend nerveux. Je veux, ou plutôt dois, savoir combien de temps ma route va me prendre. Sans ça je ne peux être tranquille. Cela ne m’empêche pas de travailler mais je préfère et est beaucoup plus calme lorsque je sais que je vais arriver à destination dans deux jours, trois heures, vingt-cinq minutes et trente-trois secondes par exemple.

On marche depuis maintenant une bonne heure, en formation, Kamakura et moi devant, les deux Tonkawa au milieu et Kuraudo ferme la marche. Le désert rougeâtre qui entoure Suna est monotone et vide, il n’y a que quelques plantes çà et là qui ont réussi à briser la monotonie de l’horizon. Le chemin n’est pas forcément balisé mais a été créée par les nombreux pieds qui depuis maintenant quelques années forcent le passage à travers ce désert de sang. C’est à ce moment-là que Kamakura décide de m’adresser la parole, entre Ketsueki on ne doit pas se faire peur non ? Il se présente à moi un peu plus précisément en me parlant de ses parents, son père le jônin-baron Ketsueki Genryaku et de sa mère Ketsueki Yowâ, comme il l’a deviné, je n’ai jamais entendu parler d’eux.

« Et oui, ce clan qui nous vaut tant de malheurs, en tout cas pour moi... personne ne nous regarde sans se demander si l’on va boire leur sang, les écorcher et dévorer leurs cerveaux, ça en devient lourd à force, mais il faut vivre avec… cela dit. Je ne connais pas tes parents, tu l’as deviné. » Je lui ai répondu en souriant d’un air triste.

Il me demande aussi comment est le manoir et trouve que je n’ai pas une tête de Ketsueki, ah bon ? Pourtant le regard des gens ne trompe pas. Mais ma réponse a été noyée par son cri d’alerte nous avertissant qu’une horde de gerbilles enragées approchaient dangereusement sur le chemin en face de nous ! Le spécimen qui dirige la charge est énorme, les autres de tailles normales, pendant que Kamakura lance un kunaï explosif et que je sors mon sabre, je lance derrière moi :

« Kuraudo, passe devant avec nous, on va faire barrage ! Vous restez bien derrière nous et prenez ça si jamais une de ces bestioles devaient passer ! »

Je lance un kunaï au père ainsi qu’un au fils, on n’est jamais trop prudent. La kunaï explosif de Kamakura a fait son chemin et a tué une bonne dizaine de ces bêtes. Elles arrivent sur nous et je lance à mon tour une petite bombe et me met devant Kuraudo et Kamakura pour former un triangle et ainsi pouvoir utiliser mon sabre sans retenir mes coups, par peur de les blesser. Le combat fait rage et la moitié des gerbilles sont exterminées. Mis à part quelques morsures çà et là le combat doit se dérouler sans encombres.

(#) Sujet: Boss Souris de sable Mar 10 Nov 2015 - 23:55

C'était la première fois que Tête Cachée dans le Sable sortait aussi loin de l'enceinte de Suna. Ainsi, la découverte du monde extérieur était une totale nouveauté pour lui ! A vrai dire il était plutôt du genre casanier, et il n'avait encore jamais vu l'intérêt de quitter l'abri protecteur de la ville quand on pouvait déjà y trouver tout ce que l'on désirait.
Marchant à l'arrière, en compagnie des deux clients, le Kawaguchi laissait aller son imagination à propos des deux Ketsueki qui bavardaient devant.

Ils ont l'air bien copains tous les deux.
QU'est-ce que tu en sais, tu n'entends pas ce qu'ils disent.
Bein oui mais... ils n'arrêtent pas de parler.
C'est normal non ? Ils ont le même nom de famille, ils doivent se connaitre.
Ça ne veut rien dire du tout ! Toi par exemple, tu n'es ami avec personne de ta famille.
Oui, c'est vrai, euh...
D'autres idées idiotes ?
Je me demande s'ils peuvent manger autre chose que du sang ? Tekki, à l'académie, il disait qu'ils ne buvaient que ça.
Tekki est un abruti, alors ce qu'il dit ne vaut rien.
Mais tout de même, l'autre là, Kazushi, il a refusé mon pain aux raisons tout à l'heure !
Tu as raison pour une fois, c'est suspect... il faudra faire d'autres essais, et les surveiller à l'heure des repas.
J'ai peur que cette mission ne soit plus dangereuse que prévu, en fait !

La mission était effectivement plus dangereuse que prévue, mais pas pour les raisons que Kuraudo imaginait. Mais d'un autre côté, un vampire qui mange un bol de nouilles le matin est bien moins classieux qu'un buveur de sang raffiné !
Il fut soudain tiré de sa rêverie par le cri d'alerte du ninja au catogan. Une attaque ?! Déjà ?!
Alors que le bestiaire insolite de Suna proposait une variété quasi-illimitée d'adversaires à combattre, allant des bandits sanguinaires aux insectes géants et empoisonnés, la horde d'ennemis qu'ils allaient devoir affronter pour leur tout premier combat était composée de... gerbilles ?

Ça compte vraiment comme une attaque ça ?
Dans le doute, je ferais mieux de rester avec les clients pour... t'assurer que tout va bien, et regarder les autres faire, hein ? En plus, il faut quelqu'un pour les protéger au cas où !
Oui, autant laisser les autres se fatiguer et abimer leurs vêtements.
Mais tout de même... ça ne peut pas être dangereux une gerbille ?
Peut-être, qui sait ? Peut-être qu'un jour, pendant un cours à l'académie, le professeur a parlé des terribles gerbilles anthropophages du désert ; mais c'est difficile à savoir vu que tu passais ton temps à roupiller !

Devant, ses deux équipiers commencaient à vider le contenu de leurs pochettes à armes sur la horde de mammifères en approche. Tête Cachée dans le Sable espérait bien échapper à la bagarre et rester sans rien faire en compagnie du bijoutier et de son fils, dont il était difficile de dire s'ils prenaient réelement la menace au sérieux. C'était ce qu'il était bien parti pour faire, mais hélas, le tatoué l'appela en renfort.

Eh zut. Je peux peut-être faire semblant de ne pas avoir entendu ?
Mauvaise idée: s'ils survivent, ils risquent de t'en vouloir.
Roh, bon, j'y vais alors.

De mauvaise grâce, Kuraudo tira une poignée de shurikens de sa pochette à armes et les expédia en direction des attaquants.

***

Boss Sunanezumi, une imposante gerbille d'au moins trente centimètres de haut, guidait sa horde de guerriers enragés vers un but que même lui ignorait. Dans son esprit embrouillé, une seule chose comptait: courir. Courir, et anéantir tout ce qui croiserait sa route. A la tête de sa meute il était invincible !!
Soudain son instinct de créature sauvage se mit en branle. En face d'eux, sur la route, se trouvaient cinq créatures. Qui étaient-elles ? Il s'en fichait ! Sa horde les massacrerait !

Sur un signal de leur chef, des centaines de petits mammifères se ruèrent sur les trois ninjas et leurs deux clients, faisant fi des explosions et des armes qui décimaient leurs congénères.

***

Le combat ne dura que quelques minutes. Kazushi était en première ligne, arrêtant les gerbilles à coup de sabre, tandis que Kamakura et Tête Cachée se contentent de les éliminer à distance.

Kuraudo se prit assez vite au jeu: tuer de vrais animaux était bien plus amusant que s'entraîner sur de pauvres mannequins de paille. Dommage qu'ils n'aient pas eu ça à l'académie !

Mais alors que la situation semblait se calmer, et que les trois ninjas crurent être venus à bout de leurs adversaires, Boss Sunanezumi émergea du champ de bataille, au milieu de la poussière, du sang, et des cadavres de ses guerriers. Grâce à une contreplongée adéquate, il paraissait plutôt imposant et tout à fait menaçant ! Poussant un grondement de colère, il banda ses muscles et se jeta sur le premier adversaire à sa portée, à savoir Kamakura Ketsueki !

(#) Sujet: Epic fight ! Oh yeaar ! Mer 18 Nov 2015 - 17:08

« Hé, vous, attention ! »

Jusque-là, Kamakura avait combattu sans trop réfléchir. Si on pouvait appeler ça combattre, bien sûr : les gerbilles avait beau être nombreuses et enragées, elles n’étaient pas très résistantes, ni très organisées. Du côté des ninjas cependant, Kamakura n’était pas très efficace non plus. Il avait vite arrêté de balancer des kunaï à tort et à travers, pour se mettre à décocher des coups de pieds bien placés aux bestioles, dans le seul but de les envoyer voler vers ses alliés. Kazushi était particulièrement visé et il avait arrêté le vol plané d’un bon nombre des pauvres bestioles. Pas de raison spéciale à cela : Kamakura adorait juste se faire détester.

Au cri de Tonkawa Okakkao, Kamakura lança un dernier animal en direction de Tête Cachée, puis se retourna. Une gerbille version XXL arrivait vers lui à fond de train, l’air bien décidé à en découdre.

***

La bataille se passait mal. Même le cerveau d’un petit mammifère comme celui de Boss Sunanezumi pouvait s’en rendre compte ! Sa horde, son invincible horde, se trouvait en difficulté ! Mais ce n’était pas une première pour Boss Sunanezumi, loin de là. Et il le savait : un rien pouvait redonner de l’ardeur à ses guerriers. Les pensées obscurcies par la rage et la colère, il repéra une cible. Celui de ses adversaires qui était le plus proche et qui avait l’être d’être le moins puissant. Beuglant un cri de colère que personne n’entendit, il prit son élan, fonça et arrivé à un mètre de sa cible, sauta en direction de son visage de Kamakura pour le labourer de ses griffes.

***

« La vache, le bestiau ! »

D’un retrait du corps, Kamakura esquiva l’attaque du Boss Sunanezumi. Puis, de la main gauche, il appuya l’élan du chef des gerbilles, tandis que sa main droite lui appliquait sur le dos un parchemin explosif. Boss Sunanezumi parcourut cinq mètres en vol plané, avant d’exploser dans une détonation d’anthologie et une gerbe de sang du plus bel effet. Le jeune Ketsueki sourit. Oui, le parchemin explosif n’était pas franchement nécessaire, mais c’était beaucoup plus drôle comme ça !

Son sourire ravi toujours aux lèvres, Kamakura observa ses collègues achever les dernières gerbilles. Puis son regard se tourna vers Tonkawa Heshô. Ce dernier rendit son kunaï à Kazushi puis, sentant qu’on attendait quelque chose de sa mauvaise humeur en passe de devenir légendaire, il grogna :

« Bon, quand vous aurez fini de maltraiter ces pauvres bestioles, on pourra peut-être se remettre en route ? C’est pas que votre compagnie me gonfle, mais j’ai vraiment pas le temps de faire un safari ! »

***

Sur ces agréables paroles, le groupe reprit sa route, les Ketsueki toujours devant, Kuraudo et les civils derrière. S’il avait eu une once de générosité, Kamakura aurait proposé à son ami de prendre sa place, tant le fait de cheminer avec le bijoutier ronchon devait être une purge. Mais justement : il était une vraie enflure. Si quelqu’un devait être obligé de supporter la mauvaise humeur d’un client, autant que ce ne soit pas moi, avait décrété le jeune Ketsueki. Et puis à tous les coups, le clan des ensablés de Vous-me-croirez-jamais-mais-en-fait-je-suis-allergique-à-la-poussière était blindé de mecs bougons. Et à tous les coups aussi, on l'obligeait à s'en occuper. Donc c’était parfait, il avait de l’entraînement… D’ailleurs, il n’avait rien dit, donc si ça se trouvait, supporter les vieux relous, c’était son activité préférée !

Kamakura et Kazushi cheminèrent un instant en silence. Le plus vieux des deux genin arborait un air sérieux, comme si… Comme si il marchait en comptant ses pas. Kamakura se remémora les paroles de son aîné : « ce clan qui nous vaut tant de malheurs », hein ? Le regard de gens qui se demandent si on ne va pas les écorcher ? Lui ne voyait pas du tout les choses comme ça, loin de là. Principalement parce que, peu porté à l’introspection et à l’auto-apitoiement, il ne s’était jamais posé la question de savoir si le fait d’appartenir au Peuple Noir lui avait été bénéfique ou non. Il était un Ketsueki, et c’était tout. Bon, d’un autre côté, il ne savait pas encore très bien ce que ça voulait dire…

Kamakura sortit de son sac un gobelet fermé d’un opercule en plastique, sur lequel on avait marqué « B- » à la main. Tout en sirotant le liquide contenu dans l’objet en carton avec une paille, il reprit la conversation où elle était restée, comme si le combat contre les gerbilles n’avait pas eu lieu.

« Bôf, moi je trouve ça drôle, justement. Le fils de mes voisins a mon âge. Il bégaie dès qu’il me voit et il ose pas m’approcher à moins d’un mètre ! Et il a toujours une gousse d'ail à la main. Mais ch'sais pas pourquoi. Enfin, ça me fait rire à chaque fois : il est persuadé que mon seul but dans la vie c’est de le tuer ! »

Le jeune ninja tritura sa paille pensivement.

« Bon, c’est pas que j’ai pas envie, parfois », admit-il presque naïvement. « Mais ça me gonflerait qu’au final, ce soit lui qui ait eu raison ! »

Kamakura laissa le temps à son interlocuteur d’assimiler ses dernières paroles, comme si elles recelaient un sens caché ou une vérité profonde d'une sagesse infinie. Puis, parce qu’il faisait partie des gens qui ont la désagréable habitude de couper la parole aux autres, il poursuivit sans attendre de réponse :

« Et puis bon, si on est un Ketsueki on y peu rien, alors autant en être fier ! Quitte à, heu… Être un peu souple avec les règles ! Tiens, et puisqu’on en parle… »

Il se retourna discrètement, autant pour vérifier que la faune locale ne faisait pas à nouveau de mouvement hostile que pour surveiller le bijoutier et son fils :

« Ils commencent à m’énerver sérieusement, ces deux-là. Enfin, surtout le père. Ca te dit, on les sème quelque part dans le désert et on rentre à Suna ? On n’a qu’à dire qu’ils se sont perdus parce que, heu… Parce qu’ils ne voulaient pas suivre nos conseils avisés. Puis on ajoute qu’on avait repéré des vers des sables géants dans le coin, et qu’à tous les coups ils se sont fait bouffer. Et le tour est joué, on n’a plus qu’à aller se boire un Ninja-Cola

! En plus, la mission est déjà payée, donc le type qui donne les missions s’en contrefiche qu'on la fasse ou pas ! »

Kamakura regarda son « cousin » avec un sourire complice. Elle était bien cette idée, non ?

Hrp:

Bien, la fin du combat contre les gerbilles enragées et leur chef Boss Suna... Suna quelque chose, ce n'est pas bien important, s'est déroulé sans aucun problème. Kamakura n'a pas hésité à donner un peu de spectacle lors de l'assassinat de Boss Sunatruc. Un petit parchemin posé sur son dos, un beau vol plané et le tour est joué. J'ai quand même trouvé un peu bizarre son comportement à ce "cousin". J'ai comme l'impression qu'il envoyait valser les gerbilles dans ma direction à l'aide de son pied. Ma foi il faut bien qu'il se passe quelque chose, car il faut l'avouer un combat contre des gerbilles n'est pas forcément la chose la plus impressionnante et compliquée que j'ai eu à faire dans ma courte vie de shinobi.

Pour ne pas améliorer la relation client, celui-ci ne tarde pas à nous faire savoir qu'il n'apprécie guère notre petit safari et qu'il est pressé. Et bien dis donc, on dirait bien que l'hôpital se fout de la charité. Mais bref, on reprend notre chemin et je compte mes pas, l'air sérieux, toujours devant, accompagné par Kamakura. Je remarque d'ailleurs que celui-ci boit du sang pour son plaisir, je n'ai jamais essayé pour mon plaisir, uniquement en combat. Je devrais peut-être lui demander s'il n'a pas un verre pour moi ? Qui sait ce que cela va créer comme sensation en moi. J'allais lui demander lorsqu'il décide de continuer notre conversation interrompue précédemment par l'attaque des gerbilles.

D'après lui le fait d'être un Ketsueki ne le dérange pas, il a appris à vivre avec et profite même de la peur que sa vue peut générer. Je devrais peut-être m'en inspirer. C'est d'ailleurs ce que je vais faire.

"Dis, euh... Kamakura... tu n'aurais pas encore... un verre pour moi ? J'ai jamais essayé ça pour mon plaisir, enfin si tu vois ce que je veux dire."

Chose demandée, ça ne fait pas deux secondes que Kamakura sort un verre de son sac et me le tend. Je peux voir derrière moi la tête totalement choquée du Kawaguchi. Celui-ci n'a pas l'air d'être très rassuré d'être accompagné par deux Ketsueki. C'est ce moment que choisi Kamakura pour se retourner, un air suspect gravé sur son visage. Il me demande de semer nos très chers clients et de les faire passer pour mort. Je n'ai pas vraiment envie d'avoir à m'expliquer envers les gradés et risquer d'être renié de Suna, je vais donc poliment refuser son offre mais...

"Euh, non ça ira merci, on risque trop et c'est pas forcément une bonne idée que t'as là. Par contre... Je me rapproche de lui et m'assure qu'on ne m'entend pas derrière. Je sais pas si tu connais bien Kuraudo, mais lorsque tu m'as donné le verre j'ai pu entrevoir de la terreur dans ses yeux... Il doit avoir une peur panique des Ketsueki ou alors il ne se sent vraiment pas en sécurité. On devrait peut-être en profiter pour rigoler un peu non ? Je laisse ton imagination débordante trouver une idée géniale à ça... Une attaque, un clone métamorphosé en Comte... tu vois le genre ?"

Je rigolais intérieurement, c'est la première fois depuis longtemps que j'arrive à "vivre" un moment pareil sans tout compter, mes pas, le temps, bien sûr je garde un oeil sur le temps... mais j'ai perdu le compte de mes pas.

Les cinq voyageurs avaient marché toute la journée. Après l'attaque des gerbilles, ils avaient été attaqués par deux vautours assez moches, puis avaient été obligés de marcher en catimini pour ne pas se faire remarquer par en bande d'hyènes du désert. Sincèrement, on pouvait se demander si le désert du pays du vent était a ce point mal famé, ou si tous ces animaux sauvages étaient là uniquement à cause d'eux !

Au cours de leur journée de marche, Tête Cachée dans le Sable avait un peu discuté avec leur client ; comme il n'écoutait pas vraiment les réponses tranchantes que celui-ci lâchait à intervalles réguliers, il était presque certain d'avoir eu une conversation agréable avec lui. Cependant les choses s'étaient gâtées lorsque le bijoutier avait refusé le sandwich thon-fromage-tomates-salade-oignons-frites-saumon-mayo que le jeune ninja lui proposait, en ajoutant que "ça avait l'air dégeu". Tête Caché avait été franchement vexé, et son opinion à propos de l'homme avait chuté en flèche !!

Maintenant il en avait marre. Ils avaient passé leur journée à marcher, à courir, et à se battre, en plus il faisait chaud, soif, et même s'il ne risquait pas les coups de soleil il en avait assez du désert ! En plus la journée touchait à sa fin. Il était au moins 19h, et s'il ne se couchait pas bientôt il n'aurait aucune chance d'avoir ses 12h de sommeil, un minimum pour lui. Sans compter que personne de sensé ne marche la nuit dans le désert !

- Dites, les gars, il est temps de s'arrêter pour dormir non ? En plus j'ai faim !

Manger en marchant, comme il l'avait fait tout au long du voyage, ça ne compte pas. C'est juste un coupe la faim.
Se retournant vers Tonkawa et son fils, il ajouta d'un air vexé:

- Et j'espère que vous avez votre propre nourriture, parce que je ne partage plus rien avec vous !

***

Les cinq voyageurs en avaient globalement plein les pattes du désert ! D'ailleurs, aussi robustes qu'ils soient, les deux Tonkawa n'étaient pas aussi endurants que des ninjas entraînés.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, le désert n'est pas uniquement composé de sable à perte de vue: il y a aussi des rochers et des falaises, tout aussi inhospitalières mais au moins elles abritent un peu du vent. C'est à l'ombre d'un de ces affleurements rocheux que le groupe s'installa.
Utilisant son affinité avec le sable, Tête Cachée avait creusé une première fosse peu profonde pour abriter le feu -indispensable pour empêcher les innombrables bêtes sauvages du désert de rappliquer, comme elles l'avaient fait toute la journée-, et une seconde fosse qui lui servirait de cocon pour dormir cette nuit.

Alors que les trois ninjas et leurs deux clients étaient occupés à manger, Kuraudo décida de se rapprocher de ses collègues plutôt que du bijoutier dont il avait soupé. Il connaissait un peu kamakura, le plus jeune des deux, qui était un camarade de classe, mais il aurait aimé en savoir plus sur Kazushi leur aîné. Les deux sirotaient maintenant un gobelet intitulé "A+".
Le jeune Kawaguchi ne s'y connaissait pas assez pour reconnaitre dans l'inscription un rhésus sanguin, et puisque l'écriture était manuscrite il n'était même pas sûr d'avoir identifié les symboles. Mais il était toujours intrigué par le régime des Ketsueki ! Alors, 100% sang ou pas ? Vampires pour de vrai, ou juste pour effrayer les commères ? Il n'était pas sans avoir remarqué que les deux cousins avaient soigneusement évité d'accepter sa nourriture, mais comme le bijoutier avait fait de même ça ne prouvait rien.
Au fait, étaient-ils cannibales, ou seulement "sangivores" ? Ça devait faire vide dans l'estomac s'ils ne pouvaient que boire pour se nourrir...

Rien dans l'attitude de Kuraudo ne laissait deviner ses interrogations. Et pour cause: pour lire l'expression de son visage il aurait fallu être capable de voir à travers son épais écran de sable qui lui servait de figure ! Sa voix, elle, ne dévoilait qu'une interrogation sincère.

- Dis Kamakura, tu me fais goûter à ton "A T" ? Ou alors c'est du "A X" ? Je te passe une canette de Ninja-Cola^® en échange !

Je dois vraiment goûter à ça ?
Bien sûr ! Toutes les expériences culinaires sont bonnes à prendre !
Et si c'était plein de sang ?
Il faut espérer que c'en est !! Franchement, ce serait beaucoup plus inquiétant s'ils étaient obligés de se servir en sang frais sur leurs équipiers pour survivre! Et puis un pseudo-vampire qui ne boit même pas de sang c'est un peu la honte...
Heiiin ?! Mais je ne veux pas boire ça moi !! Et si ça contient du bouillon de chair humaine ? Avec des yeux dedans ?!
Il faut tout de suite que tu dramatises... ça ne peut pas être pire que quand on se lèche une coupure. En plus ce sera peut-être un grand pas pour la science culinaire ! Ou au moins une expérience étonnante pour tes papilles...

***

La nuit fut pauvre en rebondissements. Puisque Kazuchi vait refusé la proposition de son cousin d'abandonner les clients à leur sort, ceux-ci étaient toujours avec eux. Cette fois en revanche, TCDLS comptait bien voyager avec ses deux collègues car il ne supportait plus la compagnie de "cet ignare de bijoutier" !
Alors que le groupe s'apprêtait à partir, Okkakao, le bijoutier, demanda:

- Au fait, les branquignols, l'un de vous a vu mon fils ce matin ?

Pour ne fois, son ton bourru et cassant laissait percer de l'inquiétude.

- Heshô ? Où est-il encore passé ce crétin ?... HESHÔ ?! Eh bien, les ninjas, ne restez pas plantés là ! Cherchez le !!

(#) Sujet: Mais où est donc Heshô ? Mer 6 Jan 2016 - 19:54

« Ah ben oui, tiens, oui il est Heshô ? »

Kamakura prit un air le plus perplexe. En même temps, jusque là, tout s’était plutôt bien passé. Ca aurait pas été drôle, une première mission sans anicroche. Durant la pause repas, il avait donné de bon gré un de ses gobelets à « Je-ris-jaune-mais-ça-se-voit-pas ». Décidément, le sang, ça fascinait les gens. Le jeune genin doutait sérieusement que son collègue apprécie le doux nectar sanguin à sa juste valeur, aussi lui avait-il donné un verre de « O+ » classique, un peu coaguleux, proche de la date de péremption. Difficile de distinguer s’il avait aimé ou non, mais bon, au moins, le ninja-cola® reçu en échange était frais, donc il y avait plutôt gagné au change.

Au pire, même Tête Cachée avait trouvé ça mauvais, ça lui ferait un truc intéressant à raconter chez lui en rentrant de mission.

« Hé, les jeunes ! » Okkakao était franchement inquiet. « Bon sang, ça vous dirait d’arrêter de penser au menu d’hier soir et de vous mettre à sa recherche ? »

Kadashman sourit :

« Ben, c’est facile, qui était de garde en dernier ? »

Instant de réflexion. Ah oui, c’était lui.

« Ben non, j’ai rien vu. En même temps, j’ai pas vérifié si tout le monde était là. Kazushi, il s’est passé un truc pendant ta garde ? »

Tout en échangeant un regard complice avec le membre de son clan, Kamakura sortit un nouveau gobelet de sang. Tout frais.

« J’espère qu’il a pas fait un truc idiot, genre aller se balader tout seul dans loin du camp pour se soulager la vessie », ajouta-t-il en aspirant goulûment. « Qui sait ce qui traine dans le désert, la nuit ? »

***

Finalement, le groupe se mit à la recherche du disparu. Le soleil à peine levé faisait se dissiper peu à peu la fraîcheur de la nuit, et il n’avait aucun problème à se mouvoir de manière à peu près efficace. En revanche, les falaises et les rochers qui parsemaient la zone compliquaient sérieusement la tâche. En l’absence de tout indice, il fallait retourner le moindre caillou, aller chercher la moindre zone d’ombre pour voir si elle ne recélait pas une trace, un reste, ou pire, le cadavre du jeune bijoutier. De plus, les parois rocheuses étaient parsemées de cavernes de taille variable. Les ninjas n’avaient pas encore osé pousser à l’intérieur, parfaitement conscients qu’une exploration de toutes les cavités était impossible et leur ferait perdre un temps précieux. Il leur faudrait des semaines pour tout visiter et Heshô serait mort de déshydratation bien avant.

Tout en fouillant mollement, Kamakura s’interrogeait. Au fait, on avait droit à quel pourcentage de perte lors des missions ? L’espace d’un cours instant, il s’en voulu de ne pas avoir écouté Hokke Tekkui-senseï lors du cours sur les missions d’escorte à l’académie. Avec son petit côté sadique qui le caractérisait, le professeur n’avait pas dû manquer de le leur dire. Mais bon, durant ce cours-là, Kamakura avait participé à un concours de lancer de kunaï. Le jeu consistait à lancer les lames de métal au plafond, attachées à un fil de fer, puis de les tirer, pour recommencer à les lancer. Le but étant de dessiner le visage d’Hokke Tekkui avec les impacts des kunaï. Bon, bien sûr, de l’avis général, Tête Cachée avait gagné, mais Kamakura estimait que sa version était beaucoup plus ressemblante !

Au bout d'une heure de recherches, l'angoisse et la colère d'Okkakao grimpait vers des sommets inexplorés pour ensuite se déverser en cascade sur Kuraudo. Sudain, le jeune Ketsueki, qui avait vadrouillé au pif, s’arrêta derrière un rocher qu’il semblait avoir évité jusque-là.

« Oh ?! Monsieur Tonkawa, venez voir ! »

Le groupe se rassembla autour de Kamakura, qui pointait le sol du doigt. Là, sur le sable, une petite flaque de sang séchait doucement. Elle commençait à attirer un ou deux moucherons.

Devant un Tonkawa Okkakkao dont l’inquiétude allait croissant, le jeune genin se pencha et ôta ses lunettes de soleil pour plonger son regard sanguin dans la tache marron. Puis, il trempa son doigt dans la flaque et le lécha consciencieusement. Il savoura le sang un instant, fit claquer son palais, puis il annonça :

« Bon, ça, ça doit dater de quelques heures. » Fit le Ketsueki en remettant ses lunettes. « Ca se trouve, c’est lui ! Monsieur Tonkawa, il est O+ votre fils ? »

« Quoi ? Qu’est-ce que j’en sais moi ? » fit Okkakkao complètement paniqué. « Oui, peut-être ! Vous… Vous croyez vraiment… »

« Vous savez pas ? Ah ben c’est malin. Faut pas se plaindre, ensuite, si… »

Mais Kamakura ne termina pas sa phrase. Il courut vers une autre tâche, plus petite, qui avait quasiment disparu à cause du vent, du sable et des mouches. D’un bon, il fut sur l’indice suivant. Seuls les insectes témoignaient du fait que du sang s’était trouvé là. Au-delà, plus rien.

« Damned », fit Kamakura d’une voix nettement plus blanche.

Il parcourut la ligne des falaises d’un regard inquiet. Tant de grottes…

« Kazushi ? » Fit Kamakura à voix basse.

Il n’ajouta rien. Avec le petit sourire gêné de celui qui a fait une bêtise et qui le regrette à peine, le regard de Kamakura était plongé dans celui de Kazushi en une interrogation muette.

*Oh merde... Ou'est-ce qu'il peut bien être ce sale gosse ?* Je ne peux m'empêcher de voir le regard inquiet et appuyé de Kamakura et ne peut m'empêcher de le laisser dans la même incertitude que moi : Où est Heshô ?! Discrètement je glisse à l'oreille de Kamakura ;

"Je sais pas, mais dans tous les cas, on a intérêt à le retrouver sinon on risque d'avoir des ennuis."

Je me retourne et regarde mes compagnons de fortunes, je décide de prendre les choses en main, d'ordres calmes et précis, je décide de séparer le groupe pour retrouver le fils du bijoutier le plus rapidement possible.

"Kamakura, tu fais toutes les grottes sur la droite, Kuraudo toutes celles de gauche, moi et le bijoutier nous iront un peu plus loin et chercheront à droite et à gauche, comme vous."

*Putain on est quand même pas très malin.*

Le quatuor se sépara donc dans trois directions, bien sûr me retrouver seul avec le bijoutier n'arrange en rien l'amour que je lui porte. Les insultes et les remarques désobligeantes du Monsieur me pousse gentiment à bout. Heureusement qu'on arrive aux grottes que l'on doit fouiller, je pensais ne pas le laisser seul mais sérieusement, je pense que s'il doit mourir on trouvera une solution explicative à tout ça. J'envoie donc mon aimable partenaire à droite, tandis que moi je prends les grottes de gauches. On est à l'intérieur du canyon, des grottes nous entourent de partout, j'entre dans la première, quelques chauves-souris s'envolent et rien d'autres. Rien, je fouille les grottes pendant des heures et rien. Des petits animaux, qui parfois m'attaquent mais rien de bien méchant. Je commence sérieusement à me demander qu'est-ce qu'on fait là. Ca doit faire au moins cinq heures qu'Heshô a disparu et toujours aucune trace. Merde alors, c'est à ce moment-là que j'entends un cris. Ce cris vient de quelques grottes en arrières, mais sur la partie droite de la falaise. Putain manquait plus que ce gros tas se fasse attaquer ou qu'il y arrive quelque chose, dans tous les cas je dois y aller. Je me précipite donc vers sa grotte, je reconnais sa marque à l'entrée, marque que chacun de nous appose pour pas que Kuraudo ou Kamakura fouillent une deuxième fois ces grottes. J'arrive dans la grotte, mais je ne vois rien, j'entends derrière moi des pas, je me retourne et vois mes deux camarades rappliquer, l'air inquiet.

"On n'est pas dans la merde, messieurs."

Il faisait déjà jour lorsque Heshô ouvrit les yeux. Il avait horriblement mal à la tête, et sa cheville le faisait souffrir.
Où était-il déjà ? Que lui était-il arrivé ? Il avait l'impression de s'être fait piétiner par un éléphant !

Il se souvenait de s'être réveillé en pleine nuit. Difficile de dire si c'était le froid qui l'avait tiré de son sommeil, ou les insupportables ronflements de Tête Cachée dans le Sable, mais toujours est-il que c'était à cause du mélange des deux qu'il n'avait pas réussi à se rendormir ! Il avait pris sa couverture et avait voulu s'éloigner du camp pour trouver un coin au calme pour finir sa nuit.

Après ça il avait enchaîné les malheurs ! Il s'était lacéré les jambes dans les épines, avait perdu son chemin dans le noir, et il était tombé par hasard dans les grottes. C'était alors qu'il avait glissé dans une espèce de petite crevasse, et après ça... le vide.

***

Les trois ninjas et leur client étaient bien désemparés. Après de longues recherches infructueuses, ils commençaient a entrevoir la pire des solutions: ils ne reverraient plus le fils du bijoutier. La dernière phrase de Kazuchi résumait assez bien la situation...

Pour Tête Cachée, c'était contrariant mais pas non plus dramatique. Ce n'était pas comme si c'était quelqu'un qu'il connaissait vraiment ! Et puis au pire, ils n'auraient qu'à mentir une fois de retour au village et dire que la mission s'était bien passée !

Euh... c'est ça qu'on appelle une mission échouée ?
Oh, échouée à 50% seulement ! Il vous reste toujours le père à escorter...
Oui c'est vrai ! Tout ne va pas si mal alors !
Tu parles ! Il avait raison sur un point ce gros râleur de bijoutier: vous faites une belle bande de branquignols.

C'est à peu près à ce moment que les cris entendus par l'aîné des Ketsueki se firent entendre de plus belle:

- Hé, ho ! Quelqu'un ? A l'aide...

***

Il ne fallut pas longtemps aux trois ~~branquign~~ ninjas pour secourir le jeune homme. En plus de ses multiples écorchures aux jambes il souffrait d'une légère blessure à la tête et sa cheville semblait foulée. Mais à part ça, au moins, il était en vie ! Finalement, ce qui semblait le plus le chagriner c'était la perte de sa couverture.

La fine équipe se remit en route, chacun se relayant à tour de rôle pour porter Heshô qui était dans l'incapacité de marcher. Dans l'ensemble la fin du trajet fut similaire au reste: ils souffrirent de la chaleur, d'ampoules aux pieds, et participèrent à l'extermination de plusieurs espèces de la faune du désert de Suna.
Jusqu'à ce qu'enfin ils arrivent en vue des premiers signes de la civilisation: leur destination.

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