Du travail, toujours du travail ! J'étais partie bien trop longtemps ces derniers temps entre Yuki et Ki no Kuni si bien que j'avais des tonnes de dossiers de retard... J'avais bien fait suppléer mes tâches le temps de mon absence mais il fallait croire que ceux qui m'entouraient n'étaient guère des actifs et qu'il y avait eu clairement dû laisser aller pendant mon absence. J'avais d'ailleurs donné une réunion à ce sujet pour remettre les pendules à l'heure et resserrer les vis.

La tête plongée dans les diverses affaires, j'épluchais les différents rapports et les preuves qui avaient pu être recueillies sur place ou via des témoins oculaires.
La plupart des éléments d'enquête n'étant pas suffisant pour prétendre à une fermeture du dossier après avoir confondu les coupables et certaines affaires étaient même classées parfois sans suite parfois avec une ré-ouverture possible si d'autres éléments venaient étoffer ce que nous avions déjà par la suite.

Pourtant, ma concentration fut compromise lorsque je sentis quelque chose d'inhabituelle... Rien qui ne soit perceptible par autrui ni visible d'ailleurs... C'était mon sang qui parlait pour moi... Mon hémoglobine s'agitait et je n'eus guère besoin de m'y attarder davantage pour comprendre de quoi il retournait : La était en difficulté, je pouvais le sentir à travers notre lien de sang...

Sans attendre davantage je me levais et quittais le Kakumeigun sans perdre un instant, accrochant ma faux a double lames dans mon dos tout en prévenant les membres de l'unité spéciale de mon départ. Tant pis pour l'assiduité il y avait plus important.

Je percevais à peu près la direction où elle se trouvait mais elle semblait être assez loin du village... Je savais qu'elle était partie en mission. Il était-il arrivé des bricoles sur le trajet du retour ? Je n'avais guère le temps de me poser plus de question et invoqua Hotep qui me porta dans les airs après que j'ai prévenu les gardes de mon absence. La voie des airs étaient bien plus rapide.

Après un moment de trajet, tandis que sa présence résonnait de plus en plus au creux de mes veines, nous finissions par arriver sur les lieux. Je ne voyais guère grand chose depuis les cieux mais visiblement se trouvait sur place un ancien temple perdu en plein milieu du désert ainsi que La retenue captive par une personne qui la maintenait tandis que deux autres semblaient s'acharner sur une tierce personne. La était-elle avec cette dernière ?

J'étais au moins soulagée d'être parvenue a temps sur les lieux : La était toujours en vie. Hotep me lâcha de façon a ce que je me réceptionne sur le sol afin de pénétrer rapidement dans le temple où se trouvait les protagonistes tout en m'entaillant l'index duquel jaillissait un filament écarlate qui vint enserrer le cou du ravisseur qui maintenait La.

« Lâche la. »

Me contentais-je de dire d'un regard noir tout en serrant un peu plus mon fin fouet qui lacérait peu à peu le cou de ma victime.

« Je ne le répéterais pas. »

Un tête allait bientôt tomber...

Le spectacle qui se jouait devant moi était surréaliste. Visiblement, le bourreau de La cherchait à obtenir quelque chose d'elle, arguant même que je venais compléter le schéma avec ma venue. Naga devait être la femme se trouvant près d'un corps emmailloté, momifié.

Six pantins se dressent devant moi tandis que je lâche mon emprise autour du cou du bourreau. Je pouvais aisément me débarrasser de ceux là mais je voyais du coin de l’œil cette femme se servir de La en la maintenant contre elle le couteau sous la gorge. Il était bien trop risqué de m'interposer alors qu'elle retenait ma cadette en otage.

Pourtant, les marionnettes me fonçaient dessus à vive allure et je ne pouvais guère rester passive pour autant. Naga semblait faire je ne sais quoi auprès du corps qui menaçait visiblement de se redresser de son linceul pour fouler de nouveau la terre des vivants.
Je dégainais ma faux et envoyais des salves fuuton dans leur direction. Mes lames tranchantes se fracassaient contre les pantins à bout portant, les ôtant de ma route.

« Que cherches-tu ? Que veux-tu de La ? Mon sang est bien plus riche, laisse La partir et prend moi à sa place. »

Je maintenais toujours ma faux à double lames mais n'étais plus dans une posture offensive. Elle ne pouvait décemment pas savoir pour ma maladie clanique et j'osais espérer que ce qu'elle comptait en faire ne soit pas satisfait non plus de goûter à cette hémoglobine souillée.

Je ne pouvais me permettre aucun geste brusque. Heureusement, je n'étais pas seule. Hotep, sous sa forme camouflé visuellement et chakratiquement, se déplaçait dans le dos du ravisseur et modifia le terrain sous ses pieds afin de le rendre instable et l'immobiliser. Cette perte d'équilibre de quelques secondes me suffit pour lancer un nouveau fouet écarlate qui vint enserrer le poignet du bourreau, et tenter de le reculer du cou de La. Je serrais suffisamment fort pour lui faire mal et j'y ajoutais même de mon affinité fuuton pour rendre le filament écarlate plus tranchant encore : elle avait tout intérêt à lâcher prise si elle ne voulait pas perdre sa main.

La pu sans doute s'extirper de ses bras mauvais à cet instant tandis que je lui faisais un signe de tête pour qu'elle se tienne à mes côtés des fois que d'autres pantins viennent à se manifester ou que la chose dans le sarcophage finisse par se redresser. J'avais été accaparée par la captivité de La et n'avais guère pris le temps de m'attarder sur la momie...

Maintenant que je possédais une victime à ma merci, je la questionnais de nouveau :

« Que comptez vous faire ? »

Étaient-ils des adeptes d'un culte désuet ?

« Qui est cette momie que vous tentez visiblement de ranimer ?! »

Si les réponses tardaient je resserrais ma prise, lui taillant la chair sans ménagement. Elle avait plutôt intérêt à répondre.

« Vous dites que vous savez qui je suis hors vous ne possédez visiblement pas toutes les informations à mon sujet. Je n'ai pas suivi Kyoshi Rei, j'étais déjà dans l'enceinte de Suna avant même qu'il n'y emmène le clan que je n'avais alors jamais côtoyé. »

J'avais vécu mes deux premiers mois avec les miens avant que Megami ne trahisse mon père et le laisse pour mort en reprenant la tête du clan, se débarrassant de ce bébé bien encombrant. Ceci dit elle ne m'avait pas tué, elle m'avait simplement placé en orphelinat et transférer dans celui de Suna une fois le village crée. Là avait été l'erreur de ma mère : avoir fait preuve de condescendance en me laissant la vie.

« Je ne possédais aucune estime ni aucun attachement en notre ancien chef de clan. Nous sommes peu nombreux entre les murs de Suna mais bien plus à travers Kaze. »

Je comptais d'ailleurs réunir tout ce beau monde une fois le rituel accompli.

L'histoire autour de cette momie était assez édifiante mais je voulais bien la croire, alors même que je me tenais en retrait, je pouvais sentir son sang pulser à travers ses veines et son cœur battre faiblement. Cette chose n'était pas morte et de ce que j'en comprenais, elle était une Ketsueki. Elle avait visiblement besoin d'hémoglobine pour recouvrer ses forces et quitter son sommeil éternel. Pourquoi était-elle dans cet état ? Quelqu'un l'avait-il volontairement scellé de la sorte ? Je ne craignais pas une morte vivante rouillée ni même m'inclinerais devant elle sous prétexte de notre nom commun. J'étais même assez curieuse sur sa personne et sur son réveil. Je n'allais pas l'empêcher, voulant découvrir ce qui se cachait vraiment derrière ce tas de bandelettes.

La semblait du même avis et s'approcha du cadavre tandis que je gardais un œil sur Naga et l'hystérique. Je hochais la tête à l'encontre de ma cadette : elle pouvait le faire si elle voulait, je ne laisserais de toute façon pas cette « chose » la faire devenir une coquille vide comme cela avait été le cas à tout ceux qui avait offert son sang à elle.

Mon félidé se tenait lui aussi prêt à agir si les choses venaient à dégénérer mais pour l'heure, il maintenait toujours les entraves doton tandis que toute mon attention se reportait sur La. Une nouvelle fois, les marionnettes se ruèrent sur moi et je les balayais a nouveau avec ma faux a double lames parcourue de chakra fuuton. Hotep relâcha son entrave doton pour mieux souffler un tourbillon fuuton tranchant dans le dos de la folle alliée. Si elle cherchait à nous attaquer en douce elle allait en assumer les conséquences. Le tourbillon était lancé a bout portant, il lui serait bien difficile d'esquiver la puissance d'un tel jutsu façonné de si près.

Une fois débarrassée des marionnettes et probablement de l'autre, je me dirigeais aux côtés de La, gardant un œil plus que méfiant sur cette Naga qui ne m'inspirait guère confiance. Le corps inerte semblait littéralement absorber le sang qui s'écoulait sur sa carcasse asséchée...

Lorsque la momie se redressa pour se sustenter de La de tout son saoul, je faillis me ruer sur elle pour la faire lâcher ma cadette. Toutefois, je n'en eus guère le temps que cette Naga s'en chargea.
La suite des événements paraissaient bien trop étranges pour être réels.

Ma victime était aux portes de la mort, implorant du regard la ressuscité de venir à bout de La et moi au lieu de quoi elle servi de pitance pour celle qu'elle pensait être sa sauveuse. J'observais la scène sans broncher : me posant mille et unes questions sur l'identité de cette entité.

Elle venait de faire de l'ancien bourreau de ma cadette, son serviteur, avant de jeter un regard résigné à notre intention pour se présenter. Baronne... Carmilia Van Inima... Cela ne me disait rien aussi loin que remontait mes maigres connaissances sur le clan, hormis ce que je connaissais par cœur sur la lignée des Comtes et Comtesses qui appartenaient à la branche de laquelle j'étais issue. Une chose était cependant certaine, notre sang résonnait : aucun doute quant à son appartenance au clan.

Elle semblait sacrément âgée pour ne pas connaître le nom des Ketsueki... C'était Enma, mon grand-père et premier Ketsueki qui en inventa le nom, il y avait de cela plus de cinq siècles. Elle évoqua d'ailleurs sa pensée à son sujet : elle l'avait bel et bien connu.

Son attitude était étrange, je ne comprenais pas pourquoi elle posait un genou à terre malgré son ancienneté qui n'était plus à prouver. Pourquoi une telle dévotion et servitude ? Elle percevait en moi le sang de ma lignée tandis qu'elle appelait La... sa Reine ?

J'observais ma cadette comme pour l'interroger du regard pour savoir si elle connaissait réellement cette femme et si sa vue lui évoquait des souvenirs de son passé disparu. Elle semblait elle même perdue.

« Enma, le premier Comte et fondateur du nom des Ketsueki, n'est plus parmi nous ou du moins est-il scellé pour contenir sa puissance phénoménale et ses envies de destructions sans distinction. »

Il avait été scellé par ses trois fils, dont mon père, qui voyaient en lui une menace bien trop grande : mon grand-père voulant en effet éradiquer la plupart d'entre nous pour effectuer une purge entre nos rangs pour s'assurer d'être entouré d'éléments fiables, puissants et obéissants.

« Mais plus important... Votre Reine ? Vous comptiez parmi les rangs de l'armée de La autrefois ? Comprenez bien qu'elle ne dispose que peu de souvenirs de cet empire déchu et elle ne semble, visiblement pas vous reconnaître... »

Allait-elle mal le prendre ? Ma cadette en tout cas semblait bien perdu, comme ressassant certains faits du passé pour tenter d'y retrouver la présence de cette femme.

« Votre Reine n'a rien a voir aujourd'hui avec celle d'autrefois : sachez le. Elle est confinée dans le corps d'une adolescente et en adopte souvent le comportement. »

Ma main se posa sur l'épaule de l'intéressée en guise de réconfort et de protection.

« J'ignore ce que vous comptez faire maintenant que vous êtes éveillée. Peut-être allez vous vouloir prêtant de nouveau allégeance à celle qu'elle était jadis. Toutefois, sachez bien une chose, vous ne l’emmènerez nul part. »

Mon ton ne laissait pas place à la discussion, tout comme mon regard emplit de noirceur. La avait beau être ce qu'elle était, je tenais à elle et je n'allais pas laissé une inconnue revenue d'entre les morts après des siècles, l'emmener impunément sur simple demande...

Cette Carmilia semblait encline à me faire un cours d'histoire sur les nôtres, de son point de vue. En effet, elle laissait suggérer qu'il y avait deux branches Ketsueki : la lignée des Comtes à laquelle j'appartenais, et les autres.

Le prestige de mon sang noble suscitait les convoitises et ce n'était guère étonnant lorsque l'on savait que seuls les Comtes et Comtesses pouvaient s'offrir le don d'immortalité. Faire couler notre sang ne changerait rien en cette règle pour quiconque d'extérieur voudrait se l'approprier.

Il était plutôt rare d'entendre l'un des nôtres clamer sa peur et pourtant c'était ce qu'elle faisait. Enma et ses fils l'avaient terrorisé par le passé et en particulier mon oncle Kyofou. Cela ne m'étonnait gère... Même si je ne l'avais pas connu, il était dépeint de lui un tableau assez similaire à celui de son père, Enma, qu'il avait lui même aidé à scellé en compagnie d'un autre de mes oncles et de mon père. La folie avait dû prendre fin et Enma les conduisait trop dangereusement sur cette pente incontrôlable, lui qui n'hésitait pas a sacrifier les siens sans distinction.

La momie nouvellement née voulait visiblement retrouver des compagnons puisqu'elle ne tarda pas a soulever d'autre sarcophages pour en extirper un corps tombant en poussière jusqu'à trouver celui ne voulant pas trouver son répit. Son sang coula sur cette chose, pour l'animé de nouveau. Ces personnes anciennes n'appartenaient pas à la lignée des Comtes et pourtant, eux aussi avaient su traverser les âges. L'immortalité avait dû leur être attribué via un autre procédé... Je me demandais bien lequel.

La semblait abasourdie par les événements. Visiblement, son crâne lui lançait, lui évoquant sans doute des souvenirs d'antan. Celle qui l'appelait « Reine » lui suggérait de s'abandonner et de recouvrer sa mémoire de celle qu'elle était jadis. Ma cadette se tenait derrière moi, une main posée sur la tête tant celle-ci devait la vriller si bien que je posais une main sur son épaule pour la rassurer.

Il était alors évoqué l'art de la nécromancie et des Mamoru... Il ne s'agissait pas là d'être immortels mais bel et bien de morts qui revenaient à la vie.
Le corps fut envoyé je ne sais où et tout cela ne me plaisait guère. Quel était le but de cette femme ? Restaurer la grandeur de La d'autrefois ? Réunir les nôtres ? De ses convictions dépendraient mon soutien. La deuxième option faisait également partie de mes objectifs et en tant que Cheffe du Kakumeigun et toute les informations à ma disposition que cela signifiait, j'étais naturellement prête à l'aider alors que si cela concernait La, j'étais bien plus sur la réserve...

Comme si elle pouvait lire dans mon esprit à travers notre sang commun, elle apporta des réponses précisément là où je m'en posais. Elle comptait attendre que La retrouve ses souvenirs et en attendant elle sillonnerait le désert pour retrouver des membres de notre clan. Toutefois un point me chagrinait.

« Vous dites que réunir les nôtres est votre façon pour vous de nous exprimer votre gratitude sur notre patience et pour prouver de vos bonnes intentions... Qui me dit que vous ne voudrez pas les asservir pour reconstruire le Royaume oublié de La ? »

J'avais haussé un sourcil tandis que mon regard demeurait froid et inflexible.

« Une poignée des nôtres se trouvent à Suna et j'ai pour projet de sillonner Kaze à la recherche de ceux s'étant enfuis lors de la trahison de Kyoshi Rei ou ceux n'ayant jamais voulu rejoindre le village caché du sable. Nos deux branches pourraient s'entraider plutôt que de se mettre des bâtons dans les roues, comme autrefois. Nous sommes désormais peu nombreux et l'union fait la force. »

Mais est-ce qu'une seule armée pour deux causes étant tout bonnement faisable ? Là était toute la subtilité : il ne fallait qu'un seul chef pour la diriger... Cela ne signifiait qu'une chose, si cela se passait comme Carmilia le présentait, alors il se pourrait que ma petite sœur adorée devienne, un jour ou l'autre, une cible à abattre...