Une nouvelle journée à Suna…
Si cela était tout à fait normal pour un sunajin, pour Ether, c’était une véritable victoire.
La simple nomade qu’elle était, Gogyou de surcroît, se trouvait actuellement dans un village caché… Hiiiiiii ! Debout sur le lit qu’on lui avait déployé pour l’examen dans une modeste auberge, la jeune fille sautillait d’excitation. Cela faisait déjà quelques jours qu’elle était là, mais le bonheur ne désemplissait pas d’un pouce. Elle se roula dans la couette de manière à faire un cocon, se libéra, avant de s’y ré enrouler de plus belle en riant. Un lit… Un vrai lit ! Non pas que c’était presque un mythe pour elle, mais carrément que si en fait ! Dans sa tribu, ils dormaient soit à même le sol, soit sur leurs nattes habituelles selon la préparation du campement. Depuis le temps qu’ils s’étaient établis à Kaze, ils avaient eu le temps de mettre au point des tapis plus confortables, mais l’élémentaire n’en avait cure. Dormir par terre ne la dérangeait absolument pas, mais se pieuter dans un lit rembourré non plus ! Lorsqu’elle eut enfin finit son cirque, la blonde sauta sur le sol depuis le matelas et se vêtit de ses habits habituels. Une fois apprêté, elle quitta sa chambre et dévala les escaliers à toute vitesse sans pour autant faire de bruit. L’aubergiste ne remarqua la petite que lorsqu’il leva les yeux et fit face à deux grands yeux bleus qui l’observaient avec un intérêt qui en devenait presque effrayant.
Le vieil homme sursauta de surprise, et ne répondit à son « bonjouuuur ! » seulement lorsque son cœur emballé récupéra un rythme cardiaque normal. Non mais c’était quoi cette gamine ?! Jamais il n’avait vu une fille aussi joyeuse, et bon dieu, c’est qu’il en avait vu passer des minettes, ça pour sûr que oui ! Ce n’était pas son comportement boute-en-train qui était ennuyant en soi, non, c’était le fait qu’elle courait dans tous les sens et ne faisait absolument aucun bruit. C’était juste carrément flippant ! L’avantage était que cette nomade ne venait que pour récupérer le croissant du petit dèj et disparaissait pour le reste de la journée. Des heures de paix, le pied.

Une fois sa viennoiserie en bouche, Ether quitta l’auberge en trottinant, se demandant bien ce qu’elle allait visiter aujourd’hui. La jeune fille était plusieurs fois allée à la bibliothèque, espérant découvrir la vérité sur ses croyances, et avait même fait des rencontres ! Alors pourquoi ne pas en faire d’autres ? L’élémentaire, toute guillerette, décida d’aller faire un tour dans le quartier qu’on lui avait indiqué la veille. Apparemment, nombreuses étaient les délégations des villages à se retrouver par là-bas. Bien qu’elle préfère généralement éviter les Autres (comprendre les ninjas), susceptibles de découvrir ce qu’elle était, la Gogyou était bien déterminée à prendre son courage à deux mains et s’y rendre. Elle ne pourrait pas fuir les ninjas pour toujours, il était temps de leur faire face. De plus, elle allait devoir faire équipe avec des Autres inconnus, donc autant commencer maintenant ! Sur son chemin, elle croisa beaucoup de Normaux (les humains/civils) et salua bon nombre d’entre eux, scrutant chaque trait de leur visage. Son fameux sourire sur les lèvres, elle batifolait d’échoppe en échoppe, posant toujours des questions aux marchands. Certains l’avaient déjà vue la veille et soupirèrent en l’apercevant de nouveau. Les nomades avaient franchement d’étranges manières. Aucune pudeur, aucune retenue… A se demander s’ils n’avaient pas avalé trop de sable !
Après s’être imprégné de chaque senteur, de chaque son, la demoiselle finit par enfin atteindre le fameux lieu de rendez-vous. Et effectivement, c’était bien animé ! Même si au fond, la Gogyou appréhendait la chose, elle n’en montrait rien, souriant toujours inlassablement. Ether remarqua plusieurs konohajins et les esquiva immédiatement, de profonds et douloureux souvenirs se rappelant à sa mémoire. Elle n’éprouvait aucune haine à leur égard – ne connaissant pas ce sentiment – mais n’appréciait pas pour autant leur compagnie. Pour les sunajins, ils étaient partout de toute manière, alors les chercher ne servait à rien. Pourtant, l’élémentaire chercha inconsciemment Genzai, un Autre qu’elle avait rencontré peu de temps avant et qu’elle avait étrangement toléré.

Ne le voyant pas, elle continua sa marche puis se mit à dire « bonjour » à tire-larigot, fidèle à elle-même et à son éternelle bonne humeur. Mais elle n’eut pour réponse que des regards méprisants et une impressionnante ignorance. Certains l’analysaient parfois de bas en haut, affichaient un rictus et se retournaient. Bah quoi ? Son physique humain ne correspondait pas à leurs critères ? Etaient-ce ses vêtements qui étaient trop usés par le sable pour eux ? Pourtant, elle avait fait énormément d’efforts pour paraître le plus amicale possible ! Et elle contenait sa joie en plus ! … Etait-ce parce qu’elle ne portait aucun bandeau, ce qui la catégorisait instantanément en tant qu’errante ? Voilà un comportement humain qu’elle ne parvenait pas à comprendre ; le mépris. Pourquoi ?
Un peu déçue, Ether ne se laissait pas abattre et continuait à sourire. Elle passa un groupe de kumojins peu fourni, embarqués dans une conversation qui semblait sacrément animé et s’arrêta finalement. La nomade se retourna et observa tous ces gens avec lesquels elle avait tenté une vague approche, sans succès. La Gogyou savait que son enthousiasme n’était pas forcément un avantage, et ses parents lui avaient bien fait comprendre que les Autres étaient pour la plupart, très centrés sur leur village, leurs compétences et se comparaient sans cesse à son prochain. La joie, très peu pour eux. Être nomade ne devait pas être une situation suffisamment convenable selon les ninjas de villages cachés. Pourtant, elle ne pensait pas qu’il existait de bonne ou de mauvaise situation, tout était d’abord une histoire de rencontre… Mais bref. C’est alors qu’elle remarqua un garçon qui se trouvait à l’écart de tous. Celui-ci semblait ruminer tout seul dans son coin. Curieuse, la jeune femme s’avança doucement et chercha du regard son bandeau ; Un kumojin. Mais… Pourquoi n’était-il pas avec les autres ? Ils sentaient mauvais ? Peut-être que lui accepterait de lui parler ! Revigorée, Ether trottina jusqu’à lui et sauta sur le banc pour atterrir directement en tailleur à ses côtés. C’était un grand jeune homme, peau claire, yeux bleus – ouais, comme moi ! – et avec deux tatouages sur chaque épaule. Il avait l’air tellement concentré que l’embêter était juste un devoir. Toute joyeuse, elle l’aborda sans aucune autre forme de procès. Aucune retenue les nomades j’vous dis.

« Bonjouuuuur ! Que’que tu fais tout seul ?
T’veux jouer au Uno ? T’aimes les Gnocchis ? T’es là pour l’exam ? T'veux goûter ? », dit-elle en lui tendant un sac de fruits secs enrobés d'une étrange poudre crème.

Si ces parents la voyaient, ils se gifleraient et lui diraient :
« Franchement Ether, faut sérieusement que tu travailles ta façon d’aborder les gens... Puis parle correctement, par Gaïa ! ». Mais dans la tête de l’élémentaire, c’était plutôt un petit poussin qui avait pris de la drogue et se prenait pour un kangourou. Autrement dit, c’était la compagnie créole dans son cerveau, la joie quoi ! Bah oui, il fallait profiter de la vie ! Ne pas faire la gueule comme tous ces Autres... Y'A D'LA JOIE !

Ether regardait toujours le kumojin avec un profond intérêt.
Ses yeux grands ouverts, elle le dévisageait tout en souriant sans faiblir une seule seconde.
Le garçon eut pourtant un mouvement de recul et demanda à la jeune fille d’y aller doucement avec lui. Doucement ? Pourquoi ? A part lui demander s’il voulait manger et jouer avec elle, Ether n’avait rien dit de particulier. La demoiselle, le bras toujours tendu, patienta sagement, clignant les yeux de curiosité. Jamais elle n’avait rencontré d’Autre kumojin, seulement des civils, et pourtant, elle était née dans les imposantes montagnes du pays de la foudre. Pour autant, la Gogyou ne considérait pas ces lieux comme sa terre d’origine. Après tout, elle y était seulement née et sa tribu avait quitté le pays peu de temps après sa venue au monde. Autrement dit, ce n’était pas son pays.
Malgré le fait que l’étranger semblait légèrement embêté par sa présence, son regard se posait régulièrement sur le sac de toile qu’Ether lui tendait. Finalement, il se laissa tenter et pris une poignée, tout en lui faisant remarquer qu’il aurait été judicieux qu’elle se fasse plus discrète, l’attention étant à présent porté sur eux. La nomade se retourna et vit encore quelques visages intrigués les observer. L’élémentaire répondit par un immense sourire et les salua frénétiquement de la main, avant de finalement se reconcentrer sur le kumojin. Celui-ci disait s’appeler Shirudo et trouvait ses fruits secs délicieux. Le visage de la jeune femme s’éclaira – s’il pouvait être plus joyeux qu’il ne l’était déjà – et lui répondit sur le champ.

« C’ma mère qui les a faits, c’bon hein ? », elle en grignota un avec plaisir.

Ether était ravie de voir que quelqu’un d’étranger à son clan apprécier la création d’Aura, sa mère. La nomade remarqua qu’il cherchait quelque chose sur elle, et se demandait bien quoi, jusqu’à ce que celui-ci lui fasse remarquer qu’elle ne portait pas de bandeau, amenant ainsi la question sur son appartenance. La blonde reprit un fruit et lui tendit de nouveau le sac s’il en souhaitait davantage, puis lui répondit avec le plus grand détachement du monde.

« C’normal, j’appartiens à aucun village. J’suis nomade !
J’suis là grâce à une sunajin que j’ai croisé y’a qu’ques mois, pour l’exam. Toi aussi ? »

Saibogu Oniri, la pistolero un peu trop sérieuse mais sympa, était à l’origine de sa venue ici, même si c’était également en partie grâce à la Kaguya qu’elle s’était décidée à participer. Pourquoi une nomade comme elle tentait-elle un examen chûnin ? Après sa rencontre avec la sunajin et la kirijin, la jeune femme avait compris que ses capacités ne suffiraient jamais à sauver quiconque si quoi que ce soit arrivait à son clan. C’était dans l’idée de se mettre en danger pour apprendre, qui l’avait poussé à venir jusqu’à Suna. Cependant, la seconde raison était qu’elle avait toujours rêvé de visiter le village caché de Kaze, et la troisième était qu’elle désirait rencontrer des humains différents de la côté, quitte à ce que ce soit des Autres. Sa tribu n’approchait jamais les villages ninjas, synonyme de danger mortel pour le peu d’élémentaires qu’il lui restait. Après la mort de Thresha, Kreth et Panthos, son clan se méfiait encore plus de ces cités et de leurs shinobis. Alors lorsque la jeune élémentaire de vent leur avait annoncé qu’elle comptait participer à un examen, où des centaines et des centaines de ninjas seraient réunis au même endroit, et à Suna en plus, il n’était pas étonnant que cela avait provoqué une sacrée inquiétude. Mais, habitué à ses disparitions fréquentes pour aller observer les humains, le clan avait décidé de lui faire confiance, même si cela avait en partie déclenché une sacrée colère de son père. Malgré tout, Ether ne regrettait pas d’être venue. Elle avait pu accéder à la bibliothèque et avait, par la même occasion, fait des rencontres. Le pied je vous dit !

« Moi, c’est Ether !
Ravie Shirudo ! »

Elle lui attrapa la main et la secoua avec force, n’ayant absolument rien perdu de son enthousiasme. C’est comme ça que font les humains. Si si c’est vrai ! Genzai avait rien dit lors de leur première rencontre, donc ça voulait dire que c’était bon ! Voyant qu’ils étaient toujours observés, la demoiselle sauta de son banc après avoir lâché la main de Shirudo – ouais, elle avait compris maintenant qu’il ne fallait pas garder la main ensuite… - et fit face au garçon.

« Tu t’ennuies ? Parc’qu’on pourrait sortir d’ici s’tu veux !
Ces Autres font de drôles de tête… P’tête qu’eux aussi veulent des fruits secs. »

Étrangement, contrairement à ce à quoi elle aurait pu s’attendre, Ether ne fut pas rejetée, et elle n’en fut que plus enthousiaste. Et lorsqu’il accepta une nouvelle prise des fruits secs de sa mère, un sourire éclaira à nouveau son visage. Au moins, quelqu’un appréciait ces gourmandises, contrairement à Milly qui avait même fait des grimaces en les goûtant. Malpolie va ! La question sur la nature de la poudre ne l’étonna guère, il était en droit de connaître sa nature. Le plus naturellement du monde, la jeune femme lui répondit avec un immense sourire des plus innocents.

« C’est d’la poudre d’insectes réduits en bouillie !
Et… Un petit ingrédient secret que j’dirais pas, aha ! Selon l’fruit, ma mère rajoute du scorpion pour relever le goût.», elle en ravala un autre, puis en voyant son inquiétude, rajouta, « T’inquiètes, ça donne d’l’énergie. Tu s’ras pas malade, à part si t’en manges trop ! »

Bah oui, il ne faut jamais abuser des bonnes choses, c’est normal !
Ether fut étonnée que sa condition de nomade intéresse le kumojin, alors que tous les autres l’avaient regardé avec beaucoup de mépris. Peut-être était-il différent et donc sympa ? En tout cas, il ne l’avait pas encore envoyé balader, ce qui était déjà un bon point en soi. A croire qu’au final, son exubérance n’était pas qu’une immense tare, l’empêchant de se faire des camarades. Depuis que l’élémentaire quittait davantage le campement pour partir en vadrouille, elle n’avait jamais autant adressé la parole à des humains qu’au cours de ses voyages ! Mais le progrès était qu’elle approchait à présent les Autres, ces ninjas qu’elle évitait généralement comme la peste. Tous n’étaient pas mauvais et ne souhaitaient pas forcément leur mort à eux, les Gogyous. Malgré cette avancée, la jeune femme n’en restait pas pour autant moins méfiante. Jusqu’à aujourd’hui, toutes les personnes qu’elle avait rencontrées ne détenait pas sa confiance, même si la Kaguya qui l’avait emmené jusqu’à Kiri était la plus proche de l’obtenir la première. De plus, le fait qu’elle avait découvert ce qu’Ether était, obligeait cette dernière à apprendre à faire confiance à cette grande blonde. Si dans le futur, elle venait à rejoindre le village de la brume, tous connaîtrait sa nature élémentaire et non humaine. Son clan et elle seraient-ils rejetés ? Ils cesseraient d’être nomades. Y arriveraient-ils ? Tant de questions sans réponse. La Gogyou répondit finalement en toute sérénité à Shirudo.

« Mon clan est nomade depuis des générations, voire des siècles !
Ce n’est pas une tradition en soi, plutôt un choix de vie qu’on fait nos ancêtres j’dirais.
Mais du coup, ouais, pas d’village. J’ai jamais mis les pieds dans un village caché, à part celui-ci.
C’pour ça que j’suis si excitée ! »

Il était donc bien là pour cet examen.
Peut-être se rencontreraient-ils pour une épreuve ?

« Pareil ! C’est ouvert à tous, alors pourquoi n’pas essayer ?
J’ai eu peur de n’pas pouvoir v’nir, mais si ! J’espère que c’est une bonne chose… Oui, ça n’peut qu’être utile ! »

Ether continuait de sourire, ne démordant pas de sa bonne humeur éternelle.
Le kumojin accepta sa proposition de quitter les lieux, et ils sortirent assez rapidement, le garçon désirant abandonner ses congénères au plus vite. Une fois dehors, l’élémentaire respira l’air pour s’imprégner à nouveau de son environnement et se tourna vers Shirudo, curieuse.

« Dis… Comment c’est Kumo ? Le village hein, l’continent j’le connais un peu. J’ai quelques souv’nirs. »

Si son séjour au sein du pays de la foudre avait été relativement court par rapport au temps passé à Kaze, l’endroit l’intéressait néanmoins. Bien qu’elle ne considérait absolument pas son lieu de naissance comme son chez-elle, au fond, Ether se demandait parfois comment aurait été sa vie si elle était née au sein du village caché. En tant que Gogyou, sa tribu aurait-elle été acceptée ? Même ceux n’étant qu’humain ? La jeune femme avait un doute. Le décès de ses trois aînés élémentaires lui rappelait chaque jour la cruauté dont pouvait faire preuve ces êtres qui pensaient leur être supérieur. Personne n’était au-dessus de quiconque, chacun devait accepter la différence de l’autre, même si elle lui fait peur. A croire que ce n’était pas prêt de changer…

« On peut s’promener s’tu veux !
… A part si j’t’embête, hein ? T’aimes les gnocchis ? »

Son histoire des insectes avaient fait son effet.
A voir sa tête, il n’avait pas l’air ravi des ingrédients… Peut-être ne digérait-il pas ces petites bêtes croustillantes ? La demoiselle tint à le rassurer pour qu’il n’ait pas à se faire de mouron.

« Tu n’mourras pas ! Ma mère coupe la poudre avec des plantes pour la digestion. »

Mais peut-être valait-il mieux qu’il n’en mange plus pour aujourd’hui par pure précaution.
Les questions quant à leurs raisons d'être libres des entraves que pouvaient instaurer l'appartenance à un village, se firent plus précises. Leur position pendant la guerre ? En quoi était-ce utile de savoir ça ? Et surtout, comment expliquer ça sans passer pour de bonnes grosses victimes ? La jeune femme hésita quelques minutes, puis tenta d'expliquer tant bien que mal leur situation sans jamais préciser ce qu'ils étaient réellement.

« Not' histoire remonte à bien trop loin pour se souv'nir d'la raison exacte. J'suppose qu'c'est l'besoin de liberté et la nécessité d'véhiculer des valeurs différentes de celles des ninjas. Des valeurs de paix, de générosité et d'modestie, et non de compétition, d’ambition et de violence. Pour la guerre, nous n'avons pas trop eu l'choix. Les pacifiques n’ont pas leur place dans c’monde. », elle marqua une pause, un léger sourire sur les lèvres.
« Être nomade signifie sans attaches. Ça n’aurait aucun sens d’être affilié à un village, tu n’crois pas ? », elle eut un petit rire, « Mais j’t’avoue que nous pensons sérieusement à nous arrêter d’marcher, oui. Pour cesser d’être rej’tés et être en sécurité. »

Lorsque Shirudo lui parla finalement de Kumo, la Gogyou l’écouta attentivement.
Le garçon semblait fixer le vide pendant qu’il décrivait son village, pourquoi ? Il hésita plusieurs fois avant de vraiment débuter, comme s’il ne savait pas réellement quoi dire au sujet de son chez-lui. Était-ce si horrible que ça ? Pourtant, à écouter les mots employés, cela semblait être l’endroit idéal. Alors, pourquoi tout cela sonnait-il faux ? Le sourire d’Ether perdit en intensité lorsqu’il lui rappela que la jeune fille pouvait faire tout ce qu’elle voulait, aller où cela lui chantait. Oui et non. Sa condition la mettait en perpétuel danger, elle et sa tribu, ce qui ne les empêchaient pas pour autant, effectivement, de vivre comme ils l’entendaient. Cependant, son clan en avait assez de mener une existence pareille. Il était temps que le monde change et accepte qu’il existe des créatures différentes de ces humains opportunistes et égoïstes. A écouter les Normaux, c’était comme s’ils avaient été les premiers êtres sur terre. Faux ! Mais allez expliquer ça à une personne qui en est pourtant persuadée. La demoiselle ne répondit pas tout de suite et attendit de quitter les lieux avant de prendre la parole. Ils sortirent donc ensemble de la pièce pour prendre un peu l’air. C’était marrant de ne pas être rejetée à chaque tentative. Avec son approche un peu brutale, Ether aurait presque trouvé normal de se faire éjectée à coups de tatanes. Et pourtant ! Ce qui intrigua l’élémentaire était le fait qu’il n’aimait pas son Kage. La blonde ne comprenait pas pourquoi il restait dans un village qu’il n’appréciait pas. Une fois membre d’un tel endroit, était-on obligé d’y rester à jamais ? Qui étaient ces « chefs » pour décider de la vie d’autrui ? Voilà une coutume qu’elle ne pouvait pas comprendre. Dans sa tribu, personne ne commandait, tous avaient choisi d’écouter l’Ancien pour sa sagesse et son expérience, non pas pour se plier à son autorité. La Gogyou fronça les sourcils et lui jeta un air interrogateur.

« Alors pourquoi restes-tu ? »

La question était idiote, ce qui la rendait d’autant plus nécessaire.
Si faire partie d’un village signifier ne plus être libre de ses mouvements, Ether n’en voyait donc pas l’intérêt. Tous étaient égaux. Ces traditions étaient-elles purement humaines ou propres seulement aux villages cachés ?

« Qu’as fait ton Kage pour qu’tu n’l’aimes pas ? Il est méchant ?
Est-ce que l’Kage décide de tout pour vous, êtes-vous libres de rien ? », elle réfléchit quelques instants avant de reprendre en souriant, « Si j’repasse un jour par Kaminari no Kuni, on pourrait s’promener pour t’donner une impression d’liberté ! … Enfin, pour quelques jours au moins. »

Ether eut l’impression d’avoir fait une bêtise lorsqu’elle vit l’expression de Shirudo et afficha une mine déconfite. Son sourire perdit un peu de son éclat.

« S’il t’arrive quoi qu’ce soit, j’dirais qu’c’est d’ma faute… Excuse-moi si tu t’sens mal, j’voulais pas ! »

Il ne donna pas l’impression de lui en tenir rigueur, ce qui la réconforta légèrement.
Ah non, la blonde se sentirait coupable si ses confiseries donneraient des crampes au kumojin durant l’examen… Shirudo semblait comprendre la vision qu’avait sa tribu du monde, et cela eut le mérite de la surprendre. « Être bon », que cela voulait-il dire au final ? Etait-on considéré comme juste selon son propre point de vue, puis mauvais par un autre ? La bonté et la gentillesse différaient de personne en personne, et de continent en continent. Au final, quelqu’un se jugeant bon pouvait s’avérait être un parfait criminel du point de vue d’un voisin, et inversement. Le Bien et le Mal… Son clan était-il dans le vrai ? Pouvait-il exister plusieurs vérités au lieu d’une seule, unique et universelle ? Son cerveau réfléchissait à toute vitesse avant de finalement se reconcentrer sur le moment présent. Le garçon comprenait leurs intentions, leurs raisons qui faisaient qu’ils ne s’attachaient à aucun village, tout en approuvant leur désir d’en rejoindre pourtant un. La sécurité qu’ils offraient pouvait être la solution à leur problème.
Ether remarqua à l’écoute des paroles du shinobi, qu’il nourrissait une profonde amertume à l’encontre de son chef, le Raikage. Ce dernier avait pris le contrôle du village par la force, à l’aide de moyens purement répréhensibles ; La violence, la prise d’otage et le coup d’état. La jeune femme ne comprenait pas un tel comportement de la part d’un homme censé gouverner tout un peuple. De plus, à l’entendre, un chef avait le pouvoir de vie ou de mort sur leur vie, leurs pensées et leurs actes… Être au service d’un seul homme qui n’est rien de plus qu’un humain comme un autre, et qui agissait comme s’il était un dieu. Pourquoi était-il écouté après ce qu’il avait fait ? Tout ça n’avait aucun sens ! Troublée, la Gogyou fronçait les sourcils d’incompréhension. Si ce Raikage agissait en dictateur, il suffisait que les citoyens fassent entendre leurs voix pour que cet homme s’en aille, non ? Pourtant, malgré son discours, Shirudo assurait devoir énormément à son village et espérait que le Kage serait un jour renversé. Oui mais…

« Sauf qu’si vous attendez qu’le voisin se soulève pour vous soulever aussi, ça risque d’prendre du temps, non ? Mh… Attends. »

Ether se mit à chercher une fontaine mais n’en trouva guère.
Elle se rabattit finalement sur un marchand auquel elle demanda un bol de terre cuite, avant de le faire remplir de liquide. Une fois son outil en main, la demoiselle revint vers le kumojin et lui tendit le récipient. Sans précipitation et en toute délicatesse, l’élémentaire toucha du bout du doigt la surface de l’eau, créant ainsi de nombreux ronds dans l’eau.

« Regarde… De simples ronds dans l’eau, et vois comme ils se propagent.
Mais il faut savoir faire l’premier pas ! », dit-elle en souriant fièrement.
« Un jour, vous trouv’rez la force d’faire bouger les choses, j’en suis sûre. », une fois son exemple terminé, la nomade but une gorgée du bol et le tendit à Shirudo, « T’en veux ? C’du jus d’cactus, c’bon ! … Enfin, j’sais pas si tu peux l’digérer. »

Son visage s’illumina à nouveau lorsqu’il proposa d’éventuellement lui faire visiter Kumo. Oh chouette ! A croire que oui, tous les Autres n’étaient pas aussi renfermés et égoïstes qu’on lui avait raconté. Au contraire, elle venait de rencontrer un ninja qui comprenait ses intentions de paix et son désir de non-violence. Ironique pour une fille qui s’apprêtait à participer à un examen chûnin, non ? S’il lui promettait que le village lui plairait, alors ça devait sûrement être vrai ! Même si ce Kage semblait être un odieux personnage. Toutefois, un point la chiffonna.

« Mais Kumo laisse entrer les étrangers ?
A part Suna, j’ai jamais réussi à mettre l’pied dans un village caché, c’est ma première fois ! C’tait trop dangereux pour nous d’nous approcher. Puis, vot’ chef a l’air d’êt’… inhumain, pour un humain. J’n’arrive pas à comprendre comment on peut être comme ça. Quel est l’but du pouvoir ? D’où qu’il vient vot’ kage ? », elle marqua une pause avant de changer totalement de sujet, « Comment c’est un examen chûnin ? C’dangereux ? On peut s’faire des amis ? Pourquoi nous, étrangers, pouvons v’nir cette fois ? Tu l’sais toi ? »