Oniri me disait de laisser tomber une relation n'étant qu'à sens unique, n'apportant que trop de douleurs, Kioshi me disait qu'il avait besoin de temps : depuis un moment... Et moi ? En avais-je du temps ? Ma maladie ne permettait pas vraiment d'y croire mais il existait un moyen d'y remédier que j'emploierais prochainement, lorsque tout sera prêt et que mon père reviendrait.

Si je n'avais pas de solution et que seule la mort m'attendait alors j'aurais sans doute choisi de continuer et éprouver des sentiments dans le vide, n'en parlant même pas au concerné pour ne pas l'y impliquer et le faire souffrir plus encore au moment de mon départ. Mais ce n'était pas le cas et même si l'on me conseillait d'abandonner, je n'étais pas du genre a abdiquer.

Je ne comprenais pas tout dans les mécaniques de l'amour, ce sentiment était bien trop nouveau et complexe pour que j'en saisisse toute la portée et comment l'aborder. Peut-être devais-je donc quérir des conseils auprès des personnes l'ayant déjà ressenties sans m'avoir dit de laisser tomber. Kibo était en cela parfait pour ce rôle. C'était l'élève de Kioshi et son bras droit. Il était le plus à même de le connaître et de pouvoir lui parler sans accroc. Il demeurait également un homme et donc comprenant la façon d'aborder les choses de la part de Kioshi. Peut-être pourrait-il m'expliquer certaines choses qui me permettrait d'agir au mieux, sans faux pas qui ne ferait que renforcer le mal aise...

C'est donc dans cet optique que je me rendais chez le rêveur. J'étais déjà venue dans ces bâtiments, non pas pour aller lui rendre visite à lui mais à Eichi. Je me demandais d'ailleurs comment ce dernier allait et s'il s'en sortait dans son nouveau rôle de père... Peut-être devrais-je aller lui rendre visite prochainement pour m'enquérir de ses nouvelles.

La soirée était déjà entamée lorsque je quittais l'hôpital après y avoir exercé mes fonctions de shinobi médecin. J'ignorais si Kibo serait chez lui ou même si je m'imposerais alors même qu'il serait en charmante compagnie... Cette image me refit penser aux paroles de Kioshi concernant la vidéo qu'il avait fait lui même porter à Oniri où se trouvait dessus son aventure avec l'élève de l'Ombre du Vent. Fort heureusement, je parvenais rapidement à me focaliser sur mes propres tourments pour oublier tout cela.

Je frappais chez Kibo qui se trouvait bien à son domicile, m'ouvrant la porte, l'air quelque peu surpris de me voir débarquer à cette heure tandis que je lui adressais un fin sourire.

« Bonsoir Kibo. Je peux entrer ? »

Il était sûrement difficile de savoir à quoi je pensais, ni même de savoir si j'avais l'air joviale ou au contraire abattue, j'étais perdue dans mes réflexions ce qui me laissait une expression assez neutre bien que quelque peu perturbée.

J'attendais son invitation avant de quitter le pallier pour m'engouffrer dans son appartement. La curiosité aurait pu me pousser à observer cet intérieur que je n'avais jamais vu mais mes pensées et la formulation à l'avance de ce que j'allais dire à mon hôte me privait de cette distraction.
Je le suivais donc dans le séjour alors qu'il me demandait ce qui m'amenait après m'être installée dans un fauteuil.

« Je viens te trouver car je pense que tu seras la personne la plus apte à m'apporter des conseils. »

Commençais-je avant de poursuivre :

« Je pense que tu n'es pas sans savoir les sentiments que j'éprouve pour Kioshi et dont il est au courant. Cela demeure complexe puisque même si ce n'est pas partagé, il m'évoque sans cesse son besoin de temps, que je peux comprendre suite à la mort de Zanshi encore récente malgré les mois passés depuis. »

Je n'aimais pas vraiment parler de ma vie dans le détail mais je devais lui resituer la situation si je voulais qu'il puisse m'aider.

« Si je viens te trouver ce soir c'est en ta qualité d'homme. J'ai beau comprendre la situation et le comprendre lui, jamais je ne pourrais aussi bien le comprendre qu'un homme ne pourra le faire. Peut-être que ton jugement me permettra de procéder d'une manière propice pour l'aider sur plusieurs points sur lesquels je vais venir et dont je me sens bien maladroite. »

Il y avait par exemple la question de la gêne excessive sur laquelle j'avais tenté de travailler avec lui mais dont j'étais peu convaincue par les résultats, même si je n'avais pas eu l'occasion de voir si cela avait changé quoi que ce soit depuis...

« Par exemple, il rougit facilement et se trouve mal à l'aise lorsque je me retrouve dans mon plus simple appareil devant lui. Ce qui pourrait se comprendre s'il s'agissait de la première fois mais ce n'est pas le cas... Même s'il ne se passe rien du tout il demeure gêné chaque fois qu'il me voit dénudée alors que nous avons pourtant poussé notre relation à plus loin à plusieurs reprises. »

Je n'avais aucune honte d'évoquer ce sujet pourtant intime. A vrai dire je n'avais pas honte de grand chose, au grand damne de Kioshi justement... Peut-être qu'il me reprocherait cette visite s'il en entendait parler mais moi j'y voyais là le moyen de tenter de le comprendre davantage...

Il semblait lui même... étonné d'entendre cela. Ce qui n'était pas pour me rassurer... Kioshi avait indéniablement été chamboulé par la mort de Zanshi et il était fort probable qu'il s'était dès lors refermé sur lui même en matière de sentiments et plus particulièrement d'amour. Peut-être hésitait-il pour ne pas avoir à être déçu par la suite : ne pas s'attacher et ne pas risquer d'être blessé si le coup du sort vous arrache l'être aimé... Ma maladie n'aidait en rien à le mettre à l'aise là dessus.

Kibo pensait alors que le rougissement pouvait être dû à de la honte plutôt qu'à de la timidité... C'était une idée à creuser. Je soupirais à ses autres propos d'argumentations. Zanshi... encore et toujours.

« Zanshi est encore très présente autour de nous. Il lui ait arrivé quelques fois de me confondre avec elle. Il ne m'en parle pas directement mais je sais que c'est comme si son fantôme continuait de rôder et en cela je pense que tu as raison. C'est aussi pour cela qu'il dit qu'il n'est pas prêt, qu'il a besoin de temps. »

Il ne voulait pas bafouer la mémoire de Zanshi en passant à autre chose en quelque sorte. Je fus tirée de ma réflexion par les nouvelles paroles de Kibo, lui adressant un regard assassin. Comment pouvait-il penser qu'il allait voir d'autres filles alors qu'il se comportait de manière si prude et si peu rassurée déjà avec moi ?! Bien sûr que non il n'y avait pas d'autres filles ! N'est-ce pas ?!

Tout en lui assénant un regard meurtrier, je me mettais alors à penser qu'en tant qu'homme, Kibo ne proférait pas cette idée insensé en l'air... Les hommes étaient-ils donc des animaux qui ne savaient se contenter d'une partenaire pourtant encline à céder à ses moindres désirs ?! Mon ton était acerbe et aussi emplit de venin que la langue d'un serpent.

« Tu te fiches de moi ?! Pourquoi irait-il voir d'autres filles alors que je suis prête à me donner à lui sur un plateau d'argent ?! Je lui rends visite tous les jours depuis la mort de Zanshi. Je voulais espacer ces visites puisqu'il avait besoin de temps mais nous en avons discuté tous les deux et il ne préférait pas parce qu'il apprécie ma compagnie ! »

Il avait été sincère dans ces propos alors je le voyais mal me dire à moi qu'il lui fallait du temps, alors qu'il s'avérait se sentir proche de moi, et d'aller tout de même voir ailleurs... C'était insensé et soulevait un problème que je n'avais jamais aperçu jusqu'alors : et si c'était tout simplement moi le problème... ?

« Je me suis même rendue dans le désert pour aller trouver ses parents et en discuter avec eux pour savoir comment agir et réagir. Ils m'ont expliqué que tant que je serais malade il ne pourrait pas sourire. »

Mon ton s'était adoucie et je soupirais une nouvelle fois.

« Cela prend du temps mais l'amorce de ma guérison ne devrait pas tarder à être fait. »

Est-ce que cela réglerait le soucis pour autant ? Qui sait comment j'allais ressortir de ce rituel... hormis sans douleur et au summum de ma puissance, prête à diriger les miens vers le renouveau de la gloire...

« Je ne veux pas le laisser tomber Kibo... »

L'amour était un sentiment que jamais je n'aurais cru m'effleurer un jour... et pourtant. Qu'importe ce qu'on pouvait en dire, qu'importe si cela prendrait du temps et serait difficile : je le voulais pour moi seule.

Kibo précisait sa pensée concernant les autres femmes mais cela ne me plaisait pas pour autant. J'arquais un sourcil avant de le lui faire comprendre.

« Lui faire voir volontairement des femmes dénudées ? Bien sûr que personne n'a intérêt à le toucher ou ne serait-ce que l'effleurer. »

Mon regard était devenu soudainement assassin à cette simple image. Je me voyais déjà faire sa fête à la traînée en question, cette victime que je prendrais plaisir à torturer pour son affront !

« Ton idée est stupide. Je connais la réponse, il rougira aussi. Déjà en présence d'une personne qu'il connaît il rougit alors une inconnue... Et être sous état alcoolisé ne compte pas ! »

L'alcool ou un aphrodisiaque pouvait totalement le désinhibé... comme le prouvait notre escapade dans une ruelle du village en pleine journée...

Je me radoucissais d'un coup lorsque Kibo évoqua ma perte d'humanité.

« Kioshi est au courant. Je voulais trouver une autre solution lorsque je disposais encore de suffisamment de temps mais il trouvait stupide que je prenne le risque de ne pas trouver et mourir alors que je disposais d'une solution. »

Je marquais une pause en repensant à toutes les réflexions que je m'étais faite sur le sujet.

« Sera-t-il heureux lorsque je mourrais ? »

Cela était bien gentil de ne pas vouloir guérir par crainte de perdre une part de moi même mais si je ne le faisais pas, seule la mort m'attendait...

« Je ne sais pas si cela m'ôtera vraiment mon humanité. C'est le sacrifice qu'il paraît que je devrais supporter mais je ne sais même pas comment se déroulera ce rituel ni en quoi il consistera. Peut-être resterais-je la même, peut-être pas. Quoi que je choisisse Kioshi sera malheureux mais il ne pourra pas me reprocher de ne pas l'avoir écouté. Si je meurs aucun retour en arrière est possible. Si je guéries mais change, cela ne s'avère pas impossible. Une solution existe peut-être et c'est là dessus qu'il espère miser je pense. »

Je m'étais posée la question un milliard de fois déjà, le fait qu'il me le rappelle ne me replongeait pas dans cet état d'esprit parce que ma décision avait eut le temps d'être arrêtée et réfléchie.

« Je dois retrouver le plein contrôle de moi même si je veux espérer le voir partager mes sentiments et lui doit tourner la page même s'il juge que cela n'est qu'une question de temps j'en doute. Le temps n'arrangera rien s'il n'effectue pas déjà un travail sur lui même et sur tout cela. »

Il ne pourrait jamais oublier... Avait-il pour autant envie de passer à autre chose ? C'était en soit la dernière chose qui le rattachait à elle : leur histoire. S'il décidait d'y mettre un terme et de tourner la page il aurait sans doute l'impression de définitivement faire une croix sur elle... Pourtant cela ne serait jamais possible car rien ne pourrait effacer ce qu'il avait pu éprouver pour elle, pas même le temps et son pendentif contenant tous ces noms, parmi lesquels figurait le sien, serait là pour le lui rappeler... Cette idée m'horripilait au fond de moi mais j'étais prête à l'accepter malgré tout parce qu'il avait besoin de cela... Jamais je n'aurais pensé dire cela un jour pour quiconque mais son bonheur faisait le mien.

Kibo affirmait que Kioshi ne supporterait pas ma mort, c'était sans doute vraie mais ce qui me faisait souffrir était de savoir que finalement si je mourrais, il en serait aussi chagriné que s'il avait s'agit d'une personne proche à ses yeux comme tous les noms présents sur son pendentif : ma mort ne me détacherait pas du lot. C'était une réflexion égoïste mais je n'en avais que faire. Je ne voulais pas passer à trépas et encore moins dans la « banalité ».

Je n'avais aucune idée quant à la réussite ou à l'échec du rituel ni même de la façon dont il se déroulerait. Bien ou mal je ne pouvais pas reculer, il s'agissait là de ma seule porte de sortie, j'aviserais des conséquences ensuite, si j'en étais encore capable... Si tel n'était pas le cas je comptais sur mes proches pour tenter de le faire à ma place.

J'adressais un regard entendu et un fin sourire à mon hôte lorsqu'il énonça sa propre peine concernant son ex fiancée.

« La situation est différente. Tu as souffert de sa mort au moment où cela s'est produit puisque tes sentiments pour elle n'était plus à prouver. La souffrance que tu ressens aujourd'hui n'est pas la même, elle est vivante et tu le sais, c'est autre chose que tu dois affronter. »

La remise en question de tes sentiments depuis tout ce temps de séparation. Pour ce que j'avais pu en discuter avec elle, elle semblait enclin à reprendre sa relation, le blocage venait visiblement de lui.

« Toi aussi tu as besoin de temps. Kioshi n'oubliera jamais Zanshi, je le sais et ne suis pas idiote. Mais j'ai bon espoir qu'il finisse par tourner la page pour reconstruire sa vie et ouvrir de nouveau son cœur ton en gardant en mémoire les traces indélébiles de son amour pour elle et des instants passés ensembles. »

C'était dur à avaler et encore plus à exprimer. Elle serait toujours autour de nous, même si notre relation venait à évoluer. Il me suffirait de regarder son cou pour me rappeler sa présence, indiquée sur cette plaque de métal...

C'était dans cet état d'esprit que j'accueillais la solution de Kibo qui me fit retrouver contenance et esquisser un nouveau sourire, de satisfaction cette fois. Le rêveur parlait d'une solution qui pourrait accélérer cet oubli et même carrément le renforcer puisqu'il ne s'agirait là non plus de tourner la page mais de complètement oublier ce qu'elle avait pu représenté pour lui... Il avait déjà été amnésique une fois... Il ne s'agissait pas de le traumatiser une deuxième fois puisqu'il n'oublierait rien d'autre de sa vie que sa relation avec elle... Kibo n'avait pas conscience de la solution en or qu'il me proposait ! Plus jamais il ne pourrait me confondre avec elle, plus jamais il ne souffrirait de sa présence constante autour de lui, chaque jour, dans son rôle de successeur au poste de Kazekage...

Bien sûr la question de l'éthique était abordé mais ce n'était qu'un détail comparé a toute la souffrance que cela pourrait faire disparaître...

« Parfois des choses considérées comme inhumaines sont une bénédiction bien plus grande dans leurs résultats que si nous n'y avions pas recours... »

Le rituel était Ketsueki, j'étais certaine que lui non plus ne serait pas très humain et que du sang coulait en masse en ce moment même pour réunir les éléments nécessaires à son exécution.
Mon regard était plus sérieux et inquisiteur que jamais.

« Quel est le procédé ? Tu connais quelqu'un capable de faire cela ? Comment s'assurer que seuls ses souvenirs en rapport avec elle lui seront ôtés ? »

Je ne voulais pas changer le Yamada totalement via ce biais, bien sûr que non ! Sa personnalité et l'homme qu'il était devait rester le même, seul cette relation et ce qui s'y rapportait devaient finir aux oubliettes... Cette idée me ravissait si bien que j'avais dû mal a cacher ma satisfaction pendant que j'étais perdue dans ce constat semblable à un morceau de paradis. Mon sourire se faisait plus franc et affirmé tandis qu'une lueur perfide luisait dans mon regard.
Il n'y aurait plus que moi et plus aucun obstacle entre nous... Le spectre qu'elle était, arrêterait de le hanter...

Ce qu'avançait Kibo continuait de m'intriguer mais bien vite je retombais de mon petit nuage d'espoir...

« Les Yamanaka... Penses-tu vraiment, qu'avec notre alliance, ils accepteraient d'effacer une partie des souvenirs du Kazekage ? J'en doute fortement. »

D'autant plus que la proposition de Kibo d'en informer Kioshi était stupide...

« C'est sa mémoire, pour autant je doute que l'en informer soit une bonne idée en fait c'est même le contraire. Nous savons pertinemment qu'il n'acceptera pas qu'on touche à ses souvenirs, seuls vestiges qu'il garde de la Godaime. »

Il ne semblait pas vraiment se rendre compte que nous n'aurions jamais son accord pour faire une telle procédure... Et ce n'était pas là la seule ombre au tableau...

« Ce n'est également pas sécurisé et sécurisant comme procédé... Les Yamanaka pourront voir l'ensemble des souvenirs de Kioshi et il est hors de question qu'ils puissent lire en lui comme dans un livre ouvert. Non seulement parce qu'en tant que Kazekage il détient des informations essentielles mais qu'en plus son passé lui appartient. »

Moi même, bien que curieuse, je n'avais aucune envie de découvrir des fragments de ses souvenirs via l'ingestion de sang comme cela m'était déjà arrivé bien que très floue et que cela se traduisait bien plus par un ressenti des sentiments de la personne avec laquelle j'étais fortement liée par cette étrange connexion de sang.

Ses souvenirs lui appartenaient... Mais il en avait également certains qui me concernaient... Cela concernait notre vie privée et je ne pouvais toléré qu'un inconnu s'y infiltre impunément alors même qu'il y avait des révélations que je n'avais fait qu'à Kioshi. C'était définitivement inconcevable en tant que tel.

« C'est bien trop risqué en l'état actuel. Il nous faudrait nous assurer de certaines garanties pour être sûr que seuls les souvenirs de l'Ecarlate lui soient effacés... »

Parce que c'était ce qui le faisait souffrir. Etait-ce pour autant la seule chose ? Non. Kioshi traînait avec lui le fardeau de la culpabilité et se sentait responsable pour la mort de chaque noms gravé sur son pendentif. Si nous voulions qu'il arrête de souffrir il aurait fallut lui effacer également tout ces souvenirs douloureux mais alors que serait-il ? Bien qu'il en avait souffert, ces morts lui avaient permis d'appréhender certaines choses et de faire de lui celui qu'il était aujourd'hui. Lui ôter toute souffrance n'était pas une bonne idée car il y perdrait également une part de lui même.

Pour être franche, ces autres souvenirs, aussi douloureux soient-ils, ne me dérangeaient pas, seul sa présence à elle m'exaspérait car même ainsi disparue elle continuait d'être bien trop présente... Il y avait des obstacles a franchir dans la proposition de Kibo mais je ne souhaitais pas abandonner l'idée pour autant : il nous faudrait en revanche grandement l'affiner.

« Inutile d'en parler pour le moment puisque nous ne possédons guère d'alternative pour rendre cela sécurisant. »

Autant se montrer discret sur la question tant que cela serait inchangé donc. La prudence était de mise...

Je commençais à laisser de côté cette idée bien trop incertaine dont certains paramètres primordiaux ne pouvaient guère être garantis.
Dans mes pensées, cherchant une autre possibilité, je fus soudainement tirée de ma rêverie par Kibo qui déclarait avoir une autre idée. Je redressais ma tête dans sa direction, attentive, alors qu'il m'expliquait qu'il pourrait lui même s'en charger via un fuinjutsu.

Il parlait d'essais a réaliser, je m'inquiétais un peu avant de relativiser. Il s'agissait de sceaux apposés que l'on pouvaient levés si une erreur était commise ou si nous souhaitions revenir en arrière. Ce n'était pas une opération définitive et irrémédiable.

« Hum... Tu crois vraiment que le fuinjutsu pourrait faire ce genre de choses ? Quels sont les risques encourus d'après toi ? Quels en sont les limites ? »

Cela n'était pas applicable dans tous les cas de figure.

« Prenons par exemple ton cas personnel. Tu aimerais oublier Yuki je me trompes ? Pourtant tu n'as jamais eu recours à cette méthode sur toi même pour te « soulager » de ce que tu juges comme souffrance aujourd'hui. Comment sceller un souvenir précis alors même que tu ne peux pas les visualiser comme les Yamanaka ? Cela reviendrait a sceller complètement la mémoire d'une personne sans pouvoir faire le tri non ? »

Si tel était le cas, cela ne m'intéressait pas. Je voulais que Kioshi puisse rester celui qu'il était et non pas qu'il devienne un être perdu, sans identité, sans souvenir de qui il était et qui nous étions !

Kibo cherchait des cobayes pour son expérience mais il y avait un soucis.

« Comment être certain que la personne n'a réellement plus accès a certains de ses souvenirs et que cela a bien fonctionné si c'est une personne dont tu ignores tout ou un animal ? Il faut pouvoir vérifier que cela a marcher. C'est pourquoi il faut pouvoir s'entraîner sur quelqu'un que tu connais : lui bloquer des pans de sa vie dont tu as connaissances et l'interroger à ce sujet ensuite pour constater de sa réaction. Libre à toi de desceller ensuite le procédé pour laisser les idées claires à ton sujet d'expérience. »

Pour cette idée aussi il ne fallait pas foncer à l'aveugle et s'assurer de certaines garanties.

« Si tu as les réponses à mes questions, que tu es sûr de pouvoir sceller des souvenirs précis sans les voir alors je veux bien être ton cobaye. »

Sinon c'était hors de question. Je disposais de plus de souvenirs négatifs que positifs dans ma vie bien que, si certains avaient accès à ma mémoire, ils en considéreraient certains comme négatifs alors qu'ils résonnaient de façon contraire pour moi même.
Je serais sûrement bien embêtée si un Yamanaka pouvait lire en moi... J'imagine que nous possédions tous notre part de mystères, notre jardin secret que nous ne voulions exposer à nul autre que nous même : si j'avais ce genre de souvenirs c'était surtout les cadavres dans le placard que je ne voulais pas voir ressortir et être ainsi divulgués...

Tout cela demeurait encore très flou... Kibo affirmait être en mesure de sceller des informations précises détenues par autrui pour empêcher leur divulgation mais parviendrait-il pour autant à agir sur des souvenirs ?

« Je comprends... C'est à essayer en effet mais garde à l'esprit que les souvenirs constituent ce que nous sommes, ils font partis intégrante de nous même tandis que des informations à notre disposition sont, pour la plupart, de simple indications sur des notions particulières mais qui ne façonnent pas de la même façon l'esprit... »

S'il avait les connaissances que je n'avais pas en Fuinjutsu, de mon côté je m'appuyais sur mes connaissances en médecine, un domaine que je maîtrisais désormais de manière poussive. Cela semblait identique à traiter mais la souffrance était différente de la douleur sur bien des aspects. La souffrance était bien plus ancrée et persistante que ne l'était la douleur qui pouvait être passagère ou répétée.

Kibo proposait des alternatives pour vérifier sur un être vivant le fonctionnement de son nouveau sceau même sans pouvoir correctement appréhender la réaction de son cobaye mais là aussi quelque chose clochait.

« Il est vrai que cela semble plus simple d'agir sur le système neuronal d'une souris plutôt que d'un humain. Toutefois tu parles de la priver d'un instinct, quelque chose d'inné pour le rongeur. En soit, si tu y parviens, cela sera plus spectaculaire encore que d'effacer simplement quelques souvenirs précis. »

Retirer une faculté du système locomoteur me semblait bien plus ardu que d'isoler quelques souvenirs... Si Kibo y parvenait, il détiendrait entre ses mains des possibilités bien plus grandes et surtout bien plus dangereuses que ce à quoi il s'attendait au départ...
En effet, manipuler les souvenirs en scellant une partie de la mémoire était là une possibilité dantesque ! J'imaginais que cela prenait du temps à faire et qu'il faudrait que son sujet soit consentant sans quoi ses débattements auraient tôt fait de ruiner le processus ou de le biaisé.

« En effet il y a là une idée à creuser... Toutefois ne fait pas preuve de précipitation. Si tu dois agir sur Kioshi je veux que tu sois certaine que cela fonctionnera parfaitement comme tu t'y attends. S'il existe le moindre doute quand à un effet inattendu ou ce genre de chose, je ne concéderais pas à ce que tu t'y atèles. »

Il était hors de question de prendre des risques inconsidérés et là était ma condition, comme le soulignait mon regard écarlate sérieux plongé dans le sien.

« Non, je n'ai rien d'autre à aborder. »

Là dessus je me levais avant de l'interroger du regard.

« Et toi ? »

S'il n'avait rien de plus à dire alors j'allais le laisser bûcher sur la question du fuinjutsu amélioré et prendrais congé après l'avoir remercié pour ses conseils et ses démarches...