Michiki venait de suivre à la trace le chakra qu’il recherchait depuis un moment. Celui de son récent allié Goren. Il avait parcouru quelques lieues avant de le retrouver. Cela faisait un moment qu’il ne l’avait vu et il tenait à s’entretenir avec lui sur plusieurs sujets. Ils n’avaient pas vraiment eu l’occasion de parler depuis la fameuse réunion les ayant unis face à Kumo. Le nécromancien arpentait donc les forêts de l’archipel à sa recherche.

Traînant en tête toutes ses idées, ses pas emportaient également le fil de ses pensées. Un sourire timide éclaircit son visage alors qu’il repensait au chemin parcouru jusque-là. Dire qu’il y a encore quelques mois, il refoulait ce sol si cher à ses yeux pour la première fois après quatre ans d’absence. La découverte des ruines de son village et sa volonté d’agir. Il n’avait pas mis longtemps pour s’entourer d’alliés importants. Tout aussi originaires d’horizons différents que de niveaux différents. Mais ces membres fondateurs, il savait qu’il pouvait s’y fier aveuglément. Le reste était accessoire mais nécessaire pour accomplir son objectif.

Le vent vint balayer des feuilles mortes au sol après le passage du Shinda qui se mit à reconnaître les lieux. Un endroit où il n’était pas allé depuis très longtemps. Il savait que s’il se dirigeait un peu plus vers le Sud en suivant cette rivière qu’il venait de survoler en sautant dans un arbre, il retomberait sur la maison de celui qui l’avait initié aux arts sombres de la Nécromancie. Il lui devait beaucoup aujourd’hui quand il y pensait. Son héritage, il lui avait arraché lors de leur dernière rencontre. Pour le prix d’un Kinjutsu tristement célèbre, Michiki avait mis fin aux jours de celui qui lui avait tout appris. Il devrait retourner sur les lieux un de ces quatre. Connaissant le vieillard, son environnement devait regorger d’encore beaucoup de secrets et de mystères.

Mais pour l’heure, il devait retrouver le Kyu. Son chakra était perceptible mais de manière très étrange. Comme s’il était à la fois effacé et éloigné. Mais la source émanait non loin du Shinda. C’était une sensation très curieuse. Ce qui le poussait à accélérer le pas en raison de la particularité de cette sensation. Il ne tarda pas à retrouve ce qu’il cherchait. Et quelle ne fut pas sa surprise de se retrouver face à un homme qu’il n’avait jamais vu. L’individu se présenta rapidement comme un membre Suzurane au service de Goren. Le colosse avait l’art de se faire des amis on dirait. Le plus étrange fut ce qu’il lui expliqua. Des rumeurs sur la mort du Kyu, une boutade pour faire croire que cet Ebiko avait participé à son assassinat qui n’avait bien sûr pas eu lieu et surtout sa volonté d’aider les deux hommes à refonder Kiri. trop d’éléments incompréhensibles en même temps qui laissèrent le Fossoyeur perplexe :

- Je crois qu’il va falloir tout reprendre à zéro car là vous m’avez totalement perdu. Si vous m’expliquiez plutôt votre rencontre avec Goren et tout ce charabia.

Une histoire bien abracadabrante que celle que Goren se mit à expliquer. Car il semblait clair que Michiki avait maintenant à faire au colosse et non à ce qui s’avérait être un pantin. Une utilisation intelligente et poussée de l’Edo Tenseï. De vieux souvenirs qui ne purent s’empêcher de jaillir lorsque le Shinda expérimentait ce jutsu interdit dans le cadre d’utilisations inédites mais utiles.

L’usage que pouvait avoir Goren était déjà intéressant en soit. La manière de faire ainsi que la finalité ne correspondait pas précisément au Kinjutsu suprême de la Nécromancie, mais il s’en rapprochait. Une idée intéressante qu’il faudrait étudier de près. Même si pour Michiki, l’heure n’était pas encore à ce genre de détails. Les préparatifs pour la reconstruction battait leur plein et demandait énormément de temps. Il saurait profiter de ses moments de libre pour se focaliser sur une technique utilitaire très puissante. Son esprit regorgeait déjà d’idées qu’il devait analyser convenablement avant de se lancer dans la conception d’un jutsu susceptible de le tuer.

Le Kyu avait donc décidé d’agir dans l’ombre, caché derrière une marionnette du nom de Suzurane Ebiko. Un membre de ce clan pouvait apporter un certain intérêt à Kiri. Ancien clan raffilié à la Brume par le biais de la conquête, il serait d’une grande utilité s’il parvenait à unifier son clan. Michiki se fit sourire tout seul. Il n’arrêtait jamais. Toutes ses pensées étaient focalisées sur Kiri et son développement à venir. Il n’y avait rien de plus compréhensible en même temps lorsqu’on voyait le chemin parcouru jusque-là. Le Shûkai lui offrait l’opportunité d’y arriver et il ne comptait pas laisser passer sa chance. Il devrait pour cela nettoyer l’archipel de la vermine. Ce serait un début.

Goren de son côté n’avait pas fait les choses à moitié. Il s’était posé les bonnes questions en primant sur la stratégie, pour une fois ! Sa réputation aurait pu porter atteinte à l’image de Kiri et de l’Empire. Le genre d’affront qui pouvait faire revenir le Kamui sur sa décision initiale. Préférant donc pérenniser la réputation du village, le colosse avait choisi ici de disparaître, sans pour autant mourir, afin de tirer les ficelles d’un pantin serviable agissant et parlant en son nom. La légendaire diplomatie resterait donc présente mais serait affublé à un homme qui ne serait pas susceptible de déclencher un conflit dans chaque pays qu’il visiterait. Si Kiri venait à renaître, il ne serait pas évident si cela devait se faire en commençant par une négociation pour échange de prisonniers ! Face à tout cela, la réaction première qui vint au Shinda fut d’applaudir l’initiative :

- Et certains osent encore dire que Kyu Goren agit sans réfléchir ! Voilà qui en choquerait plus d’un. A commencer par l’Empereur je pense. Mais cette couverture reste le meilleur moyen d’agir pour la Brume en effet. Non seulement pour que tu puisses t’en porter garant auprès d’interlocuteurs privilégiés, mais aussi pour agrandir nos forces.

Un sourire, témoin de son intéressement sur un certain point, illumina le visage d’un Michiki réjoui d’avance à l’idée de sa déclaration :

- Suzurane Ebiko donc. Ravi de faire ta connaissance. J’espère que ta délicate situation ne nous empêchera pas de collaborer et d’avoir toute confiance l’un en l’autre. Et je te propose de commencer par un petit « test ». Une mission devrais-je dire.

Les mains croisées dans le dos, Michiki fit quelques pas à gauche en regardant le sol avant d’en revenir à son interlocuteur.

- Tu portes le nom d’un clan autrefois unifié sous la bannière Kirijin. Il serait donc bon pour nous de nous assurer leur soutien, qu’en dis-tu ? Ce clan a beau être une « propriété » de l’Empire, il nous serait bon d’avoir leur avis sur la question. Tu ne penses pas ? Attention je ne te demande pas d’infiltrer leurs rangs ou de les retourner contre le Shûkai. Il s’agit de notre allié principal et nous devons agir de concert avec Kakeshuou. A contrario, l’apport d’un membre influent à ce clan serait un gain à la fois pour nous et pour l’Empereur. Le seul hic serait donc de convaincre les membres de cette famille à te suivre.

Accédant à la requête du fameux Suzurane, Michiki lui tendit une cigarette ainsi que le briquet pour l’allumer. Il connaissait la souffrance de voir quelqu’un fumer sans avoir la possibilité de le faire. Un supplice qu’il avait vécu la première fois qu’il s’était retrouvé face à l’Empereur. Le Samui lui avait infligé un pur supplice psychologique à tranquillement fumer sa pipe sous son nez. Un souvenir qu’il gratifiait maintenant d’un petit sourire en coin mais qu’il ravala dans la situation présente. Se mettre à sourire pour rien ne faisait pas très professionnel face à un collaborateur comme Goren, aka Ebiko.

Apparemment, l’homme face à lui se méprenait sur ce que le Shinda venait de lui demander. Ebiko lui conseillait de confier la tâche à un autre que lui pour éviter d’être importuné par un senseur détecteur de mensonge. Qu’à cela ne tienne, il lui reformula la chose :

- Je ne compte pas me charger de ça loin de là ! Je tiens juste à ce que tu te rendes auprès des membres de ton clan pour les unifier et renforcer cette famille ! Mon intervention serait inutile, je ne me permettrais pas de m’inviter dans des discussions d’un clan dont je ne fais partie. Mais ce serait un avantage pour Kiri et pour l’Empire. Les projets de l’Empereur concernant Kiri feraient des Suzurane des alliés de choix.

Michiki faisait bien sûr allusion à la nature de base militaire qu’allait prendre Kiri. Il ne savait plus s’il en avait parlé au Colosse mais il lui rappellerait si questions il y a avait à ce sujet. Et les Suzurane représentant les meilleurs combattants de ce monde pouvaient devenir des formateurs hors pair. Il devrait sûrement en reparler avec le Kamui mais cette initiative minime ne devrait pas poser problème. D’autant plus que la manœuvre n’était en aucun cas pour doubler l’Empereur, au contraire. Le Fossoyeur devrait donc avoir une discussion avec ce dernier par la suite.

Puis la conversation tourna maintenant au rôle à jouer de Goren dans cette entreprise. Rapidement, il en était venu à ce qui l’intéressait en premier lieu. Une place en tant que chef des services secrets. Et il était vrai qu’avec le contexte actuel, il devenait un prétendant idéal. Qui mieux qu’un homme en contrôlant un autre dans l’ombre pouvait remplir la tâche. Même si les choses n’étaient pas encore clairement fixées, Michiki ne pouvait que comprendre le vif intérêt de son collaborateur sur ce point. Il cherchait à fixer dès maintenant sa place au sein de Kiri, ce qui était naturel. Un accord tacite avait été pris entre les deux hommes dès lors qu’ils avaient décidés de s’allier. Une entente mutuelle basée sur le fait que Goren mériterait une place importante dans la nouvelle Kiri au même titre que Michiki en deviendrait le régent. Ne faisant pas plus attendre son interlocuteur, le Fossoyeur lui répondit :

- Je comprends bien où tu veux en venir. Il est naturel que tu te soucies de ça. Même si rien de précis n’est encore prévu à ce sujet, je pense que tu peux en effet prétendre à de telles fonctions. Néanmoins il sera nécessaire, voire indispensable, que beaucoup de précautions soient prises à ce sujet. Tu l’as dit toi-même, changer de corps est une bonne chose pour se refaire une réputation. Par conséquent, Ebiko doit devenir un membre à part entière de Kiri. Rien ne doit le rattacher à toi. Il faudra donc que tu sois mis à l’abri des regards. Qu’en penses-tu ?

Rapidement, le nouvel intermédiaire de Goren s’exprima sur la situation des clans susceptibles de se joindre au projet. Mais il perdait de vue un élément important. Il s’était mépris sur les intentions du Shinda. Michiki lui avait parlé de son clan afin qu’il puisse les unifier au maximum. L’idée de chef de clan était évidemment soulevée sans pour autant faire partie des priorités. Ce qu’il voulait avant tout, en tant que Gouverneur de l’Empire, c’était que ses forces n’en soient que renforcés.

Ebiko avait une puissance similaire à celle de celui qui le contrôlait dans l’ombre. Par conséquent, l’apport d’un tel membre pour rendre les Suzurane de l’Empereur plus forts permettrait à chacun de trouver son intérêt. Néanmoins, le Shinda ne pouvait se permettre de contrôler tous les actes de cet homme à qui il devait néanmoins laisser un peu de lest. Il abandonna temporairement l’idée de le réaiguiller sur sa tâche. Il verrait en temps voulu ce que le Shûkai aura à répondre de tout ça. Non pas qu’il risquerait d’y avoir des représailles violentes mais en cas de soucis, Michiki se retrouverait sûrement sollicité.

Le Suzurane se mit à évoquer d’autres clans, ainsi que le groupe des Sabreurs. Il ne fallait pas trop s’emballer avec eux. Leur place au sein de l’Empire était une chose précieuse que le Kamui devait surveiller jalousement. L’évocation d’un épéiste détenteur d’un sabre nommé Samehada ne fit pas sourciller Michiki qui se souvenait que trop bien de sa rencontre avec le dit garçon. Cependant, il se garda bien de le faire remarquer. Même si son avis sur les Sabreurs était tranché, il restait celui des deux autres familles dont Ebiko avait parlé : les Gekei et les Gogyous.

Deux clans sur lesquels, là encore, le Fossoyeur avait une idée toute faite. Les bras croisés sur la poitrine, il revoyait dans sa tête le pour et le contre de ses propositions soulevées. L’une étant plus sage que l’autre. D’un côté les Gekei, clan emblématique de Kiri, et de l’autre les Gogyous, clan emblématique de la redoutée Makka. Michiki ne savait que trop bien la position actuelle des Gekei. Son affiliation particulière au clan et ses liens avec Pô lui permettait d’au moins avoir une piste à leur sujet. Il fallait dire ce qui est, il ignorait tout de même ce qu’ils pouvaient en dire. Se faire une place à Konoha avait déjà dû être assez compliqué comme ça. Si c’était pour au final se tourner vers la Feuille, les chances qu’ils rejettent cette place tant méritée étaient minimes. Mais l’appel de leur foyer natal pouvait surpasser ça ? Difficile à dire. Le Shinda n’était pas un membre à part entière confronté aux aléas de la vie du clan des polymorphes. Il fallait donc éclairer cette piste.

Quant aux Gogyou, ce serait pure folie. Le meilleur moyen de se faire des ennemis étant donné le passé de cette famille maudite. Non pas qu’ils étaient responsables de quoique ce soit mais cette image leur collait à peau. Et même si Michiki était le dernier à se fier toujours à l’image publique, il ne pouvait aujourd’hui passer outre pour la simple et bonne raison qu’il était responsable de chaque décision. Si lui personnellement n’y voyait aucun inconvénient, l’Empereur lui en dirait tout à fait autre chose. Il n’avait pas vu d’un très bon œil certaines des alliances du nécromancien et il pouvait à tout moment décréter de son inaptitude à prendre des décisions éclairées. Si Michiki perdait sa place à Mizu pour de si futiles détails, il serait bien embêté. Et dans une colère morbide. Face à sa réflexion, il prit enfin la parole après ses quelques instants :

- Je préfèrerais éviter les Epéistes pour l’instant. Leur place au sein du Shûkai n’est plus à faire et il serait malheureux que je sois amené à être en différent avec l’Empereur pour ça. Rien que pour les Suzurane, si tu ne fais pas preuve de finesse et de diplomatie, ça s’avèrera compliqué. Je les juge intouchables et contrairement aux Suzurane, tu n’as pas la prétention de faire partie d’eux, ni moi d’ailleurs, pour que l’on se permette d’aller les trouver dans ce but.

Venait maintenant le cas des deux familles :

- Je me charge personnellement des Gekei. Je pense être le plus à même dans ce monde à pouvoir traiter directement avec eux. Mais leur position privilégiée à Konoha les empêchera peut-être d’accepter. Mais c’était dans mes intentions d’aller les voir. Et en ce qui concerne les Gogyou, je préfèrerais m’abstenir d’alliance concrète avec la famille entière. Si des ressortissants se présentent, leur cas sera étudié, mais jamais l’Empire n’acceptera une alliance avec eux. Par conséquent, je ne peux moi aussi accepter que cela se produise.

La logique était claire. Ses choix étaient libres mais pas dénoués de sens. Au moindre problème, c’était sur lui que serait reportée la faute. Il devait agir avec la plus grande sagesse et le plus grand soin pour ne pas y perdre plus que sa crédibilité. Il n’y avait pas tant de différence entre un Daimyô et un Gouverneur. Ils pouvaient finir de la même façon… Mais Michiki fit table rase de cette pensée pour répondre à la question de son allié quant à l’éventuelle réponse qu’il devrait donner aux Nukenins susceptibles de les rejoindre sur la place que Kiri pourrait leur offrir :

- Si d’aventure tu croises des Nukenins intéressés par notre projet, tu pourras leur dire que Kiri n’aura rien à leur offrir.

La déclaration devait faire son effet, à savoir celui d’une bombe jetée dans la mare. Toute la subtilité résidait en la deuxième partie du discours qui arriva deux secondes à peine après cette déclaration :

- JE pourrais avoir quelque chose à leur offrir. Mais je ne peux rien promettre. L’Empire statuera également sur leur sort. Alors si certains viennent à toi, renvoie les moi et je verrais en temps voulu ce dont ils sont capables et ce qu’ils pourront accomplir pour nous.

Et en parlant de ça, les obligations du Shinda ne manquaient pas de le rappeler à l’ordre. Remontant ses lunettes et plongeant les mains dans les poches, il accorda donc un regard à son homologue avant de lui demander :

- Y-a-t-il autre chose que tu voulais voir avec moi ? Si ce n’est pas le cas je me dois de te quitter. Nous avons énormément de travail chacun alors il serait bien que nous nous attelions à nos besognes respectives.