C’était sans doute la tâche la plus importante qu’il allait devoir faire depuis son entrée dans l’organisation. Dans le couloir qui menait à la fameuse pièce, l’homme portait toujours la blouse blanche au coton parfois noirci par des surchauffes liées à ses travaux. Mais jamais il n’avait autant tremblé. Ses mains frissonnaient, ses genoux s’embrassaient parfois. Et il était hors de question qu’il rentre dans la « chambre » avant qu’il ne se soit calmé.

Sa peur était compréhensible. Il avait tant à faire, et c’était tant de monde qui lui ferait face. Le moindre échec dans son entreprise pourrait lui coûter la vie. Les sept autres membres de la Corporation n’était ni des idiots et malheureusement peut-être, ils étaient également tous des criminels, comme lui. S’il échouait la mort lui ouvrirait ses bras. C’était une évidence.

L’Électricien soupira, puis entra finalement dans la grande pièce. Il marcha devant une, deux, trois, quatre puis cinq personnes. Toutes attachées, elles avaient toutes des profils différents. Il y avait un nécromant désireux de reconstruire une ancienne cité, un fou qui voulait réduire l’humanité à l’état de souvenir primitif, une femme qui venait de perdre à nouveau un de ses proches, un amnésique qui était probablement l’ancien leader de la Corporation et enfin une kunoïchi qui avait forcément un lien avec Saibogu Satoshi.

« Si vous êtes là, tous, c’est parce que vous avez été dans l’incapacité de faire ce pourquoi la Corporation vous avait sélectionné. Pour certains, vous représentez une menace, pour d’autres, une source d’informations. Nous ne voulions que trois choses, trois numéros clés, appartenant chacun à Samui Kakeshuou, Saibogu Satoshi et Shinda Michiki. »

Saibogu Kanpeki, Shinda Michiki, Jisetsu Uji, Alpha et Kawaguchi Tsukiko étaient tous attachés sur une solide chaise en bois dont les pieds semblaient renforcés par du métal. Leurs chevilles étaient liées par des cordes robustes, tandis que leurs bras étaient menottés aux côtés de leur chaise, à la manière d’un fauteuil. Un sceau sur leur nuque bloquait toute émission de chakra de leur part et différents capteurs électriques parsemaient leurs visages.

Une chaise vide leur faisait face, et c’est sur cette dernière que le membre de la Corporation s’assit. Il dévisagea ses invités, qui n’avaient aucune entrave sur leurs yeux ou leurs bouches.

« Nous avons, au sein de notre organisation, quelqu’un qui est capable de fouiller les pensées et même de connaître le passé. Nous avons essayé de comprendre pourquoi ton numéro était le 102, Shinda Michiki, mais tu nous as fait perdre un temps précieux. Si bien que mon compère a du user plusieurs fois de ses pouvoirs pour trouver les nombres clés de Saibogu Satoshi et de Samui Kakeshuou. »

Il se releva un peu, et écarta sa chaise sur le côté. Derrière lui une mallette reposait sur une table. Il l’ouvrit avant de se rasseoir face à ses otages. Une sorte de mécanisme à la fois primaire mais également impressionnant était à l’intérieur.

« Voici l’Enveloppe. Grâce à ces trois nombres clés, nous allons pouvoir accéder à elle et aux informations les plus sensibles du monde entier. Et ce ne sera pas grâce à vous. »

Il tapa le premier code, 102, le nombre de meurtres que Shinda Michiki avait commis avant de devenir celui qu’il était aujourd’hui.

« Sachez que si votre mort a été décidée, il me semble opportun de vous en expliquer la manière. Vous serez envoyés à différents endroits de l’Examen international de Suna pour y faire des attentats suicides. »

L’Électricien rentra le deuxième code, celui de Samui Kakeshuou.

« Mais avant cela, vous allez me servir à vérifier la véracité de ce que contient l’Enveloppe… »

S’il était seul, c’était tout simplement parce que la Corporation ne voulait pas exclure l’éventualité d’un échec. Même si cela paraissait improbable, imaginez que l’un des shinobis présents puisse se libérer et ensuite libérer ses compagnons d’infortune : si la Corporation devait perdre cette bataille, c’était inutile qu’ils perdent plusieurs de leurs membres.

L’Électricien valida le code de Saibogu Satoshi. Le mécanisme s’enclencha. Des bruits aux tonalités différentes se succédèrent jusqu’à l’ouverture d’une sorte de tiroir. Mais à l’intérieur, il n’y avait qu’un simple morceau de parchemin. Et le seul mot qui y était marqué avait plus de sens que n’importe quelle phrase.

Un bruit sourd, celui d’un coup de feu. Puis l’Électricien comprit… qu’il avait perdu.

Les chevilles attachées, mais c’était loin d’être problématique. Ce qui était gênant, c’était ces menottes en métal qui le reliaient aux côtés de sa chaise. Mais avec un peu de chance… il y arriverait. Alors il attendit. Puis quand l’Enveloppe s’ouvrit, il relâcha son poing serré, et tira un coup. La balle traversa le corps de l’Électricien alors qu’il lisait sa défaite. Une scène très intéressante.

Le temps que les quatre autres shinobis ne se tournent vers lui, Alpha avait déjà retourné son pistolet vers la menotte droite avec ses doigts. Il tira, démontant la serrure de cette dernière. Le bras droit libre, il fit de même et tira une nouvelle fois pour libérer son bras gauche. Il se retira ensuite le sceau de sa nuque après l’avoir palpé un court instant, puis se libéra les jambes.

Alpha se leva, s’étira les bras, puis marcha vers l’Électricien. Une balle près du cœur, il ne pouvait s’en sortir… mais malgré le sang qui s’accumulait dans sa bouche, il était vivant. De haut, l’Autocrate le regarda, la tête légèrement penchée sur le côté.

» Et dire que tu m’as trahi après tout ce que j’ai fais pour toi. Sache, pour ta gouverne, que ce pistolet à la taille ridicule, c’est moi qui te l’ai donné. Quelle ironie de savoir que c’est ce qui te tuera, n’est-ce pas ?

Il tira une nouvelle fois puis détourna le regard de celui qu’il venait d’abattre. Quatre balles, il ne devait lui en rester une ou deux. Heureusement, malgré la taille ridicule de ces dernières, elles pouvaient faire de lourds dégâts.

Si Alpha s’en était sorti, c’était parce qu’il avait retrouvé la mémoire. Le capteur qu’il avait dans le crâne, qui « bloquait » l’accès aux conditions pour accéder à l’Enveloppe, n’était rien d’autre que la mémoire vide qu’on lui avait implantée. Lorsque l’Électricien avait surchargé et détruit ce capteur avec l’aide de Saibogu Kanpeki, Alpha avait retrouvé sa mémoire.

Il connaissait la puissance des renseignements que son organisation possédait, et il avait mis au point un plan pour arriver à ses fins. Faire croire que la perte de sa mémoire avait été faite pour avoir une nouvelle vie et échapper aux Huit Criminels, créer une sortie de sa mémoire vide qui lui rendrait ses souvenirs en plus de laisser croire à ses ennemis qu’il faudrait un certain quota de nombres clés pour accéder à l’Enveloppe… Tout avait été calculé, car l’Autocrate savait que si ses huit ennemis pensaient qu’ils connaissaient leurs identités, jamais ils ne prendraient le risque de le tuer tant qu’ils ne seraient pas sûrs que leur identité resterait secrète.

Et avec tout ça, il avait pu avoir l’un de ces huit traîtres. Et c’était un point de départ pour la reprise de son organisation.

Bien sûr, il aurait pu détailler l’ensemble de son œuvre, de son plan. Mais à quoi bon le faire devant quatre shinobis qui, somme toute, étaient probablement devenus sourds face à leur envie de liberté. Les mains du Nukenin parcoururent la blouse du cadavre, jusqu’à trouver la clé des menottes. Après avoir poussé le corps de l’Électricien, l’Autocrate s’assit à sa place.

» Vous rendez-vous compte de la situation ? L’Électricien, un chercheur civil des plus piteux, que j’ai pris sous mon aile… c’est grâce à moi qu’il a pu réussir tant de choses ! Et aujourd’hui, il me trahit ? Ah… La loyauté n’existe-t-elle plus dans ce monde ?

Sa tête se relâcha vers l’arrière. Puis quelques secondes plus tard, il se redressa et regarda le dossier qu’il y avait à côté du boîtier de l’Enveloppe.

» Saibogu Kanpeki, Shinda Michiki, Kawaguchi Tsukiko et… Jisetsu Uji, enchanté. Je me présente, je suis l’Autocrate. Autrefois, j’aurais tué tous ceux qui connaissaient mon visage, mais cette époque est révolue. Pour récupérer mon organisation, je vais devoir agir à visage découvert. Mais bref, passons à ce qui vous intéresse : votre liberté…

Il reposa le dossier qu’il avait eu le temps de lire.

» J’ai fondé la Corporation, une organisation criminelle puissante qui a toujours agi dans l’ombre. Note objectif a toujours été d’équilibrer les balances, éviter par exemple que trop de pouvoirs soit donné aux villages cachés. Mais j’ai été trahi, par huit de mes anciens collaborateurs. On peut le dire, ce sont eux qui ont la main mise sur l’organisation.

Sa main droite vit se dresser trois doigts.

» Vous avez trois options. La première c’est d’être libérés et de ne prendre le parti de personne. Néanmoins, je peux vous promettre que si je n’ai aucun désir de vous tuer, ce n’est pas leur cas. Et si je veux bien vous libérer, il est hors de question d’aider ceux qui ne veulent pas me rendre la pareille. D’ailleurs, vous libérer vous incombera d’une dette envers moi. Et je fais toujours en sorte d’équilibrer les comptes.

Il esquissa un rictus en pensant à ce qu’il allait dire ensuite.

» La deuxième, c’est de partir d’ici après que je vous ai libéré, et de choisir le camp des Huit. Bon, maintenant ils ne sont plus que sept. Bien entendu, je suis dans l’incapacité totale de savoir ce que vous pensez, et je vous laisserai partir. Mais si vous choisissez de vous opposer à moi, soyez prévoyants. Plus improbable que ma défaite, c’est le fait de penser qu’ils vous laisseraient la vie sauve une fois leur objectif atteint.

L’Autocrate regarda successivement chaque shinobi qu’il avait en face de lui.

» La troisième, c’est de collaborer avec moi dans la récupération de mon organisation et forcément, dans l’élimination des sept personnes qui m’ont trahies. Personnellement, je vous conseille cette solution. Et vous savez pourquoi…

Alpha se souvint de ce qu’il avait lu dans le dossier de l’Électricien. Son regard s’arrêta sur celui de Shinda Michiki.

» Votre bras a été infecté par une solution expérimentale. Je sais où l’on pourrait trouver l’antidote.

Il avait déjà rencontré Jisetsu Uji. C’était une personne très originale.

» Vous l’aurez remarqué, votre épée n’est pas ici. Inutile de vous dire que ne pouvant pas être détruite, vous pourriez la retrouver en m’aidant dans mon entreprise.

Il regarda ensuite Kawaguchi Tsukiko. C’était donc d’elle qu’Howaito avait été si proche. Mais ce dernier était mort. C’était regrettable.

» La mort de votre ami est regrettable, il était l’un de mes collaborateurs avec qui l’entente était la plus forte. Mais vos récents agissements et votre disparition à la veille d’un Examen international font que Suna va sans doute vous faire passer des interrogatoires poussés. Si vous arrêtez ces criminels, vous aurez du poids pour revenir dans votre village, si tel est votre souhait, et puis… j’aurais des choses à vous apprendre sur votre passé.

Saibogu Kanpeki ne l’avait pas aidé. Mais c’était tout à fait compréhensible, car à ce moment-là Alpha avait mimé la continuité de son amnésie. Elle allait être libérée comme les autres : l’Autocrate ne tuait pas sans raison.

» Suna se posera également des questions à votre sujet. Et j’ai également des choses à vous offrir, personnellement. Néanmoins, cela impliquerait votre retrait de votre village, du moins pour un certain temps.

Il croisa les jambes. Puis il redressa son dos. Quel plaisir de redevenir celui qu’il était. Mais il avait tant à faire.

» Dans tous les cas, je vous libèrerai. A chacun de vous de choisir votre camp, car malheureusement pour vous, vous avez été pris dans un engrenage qui est trop complexe pour que vous vous en sortiez sans qu’eux ou moi ne mourrions.

Spoiler:

L’obscurité laissa place à une lumière aveuglante. Il fallut quelques instants au Shinda avant de pouvoir discerner très distinctement son entourage. Il semblait déjà moins seul qu’à son premier réveil dans ce lieu si mystérieux. En tournant la tête de chaque côté, il put constater qu’ils étaient cinq dans cette pièce. Tous fortement ligotés à des chaises. Une mesure bien inutile contre des shinobis. Enfin s’agissaient-ils de shinobis ? Le Shinda connaissait l’un d’eux mais peut-être que les autres n’étaient que des civils. Difficile à dire. Son chakra était inutilisable pour s’assurer de l’état des autres. Le silence fut alors perturbé par l’entrée d’un nouvel arrivant.

La jeune demoiselle se faisant passer pour une infirmière n’était pas là. Il s’agissait d’un homme en blouse également mais pas en aussi bonne état que celle qui s’était chargée de Michiki. Tous avaient fini par ouvrir les yeux. Patient, le nécromancien préférait attendre la suite avant d’ouvrir la bouche. L’impulsivité n’était pas sa marque de fabrique. Pas toujours en tout cas. Il savait se contrôler. Et puis dans ce genre de situation, quelle meilleure réaction que de laisser son bourreau épiloguer sur leur fin éventuelle ?

Il commença donc à expliquer la raison de leur présence ici. Ils avaient échoués ?! Mais à quoi ?! Son discours était incompréhensible ! Apparemment, le Fossoyeur avait fait perdre un temps précieux à cette organisation qui cherchait à récupérer des codes. L’homme cita deux autres noms en prime de celui attribué à Michiki dont il avait eu l’explication précédemment par son infirmière particulière. Les autres concernés étaient un Saibogu et Kakeshuou. Encore plus incompréhensible. Quel était le lien entre eux trois ? Pourquoi eux ? Et pourquoi chercher un numéro aussi alambiqué ? Tant de questions qui ne risquaient pas de trouver réponse alors que la mort des cinq prisonniers semblait annoncer. La mystérieuse machine appelée Enveloppe émit divers bruits avant de finalement ouvrir un tiroir où reposait une simple note. L’homme qui avait actionné l’engin ne semblait pas avoir eu le temps de comprendre ou autre car il fut traversé d’une balle.

Le coup de feu attira l’attention naturellement. Et il était encore plus surprenant qu’il provienne d’un des détenus ! Le tireur se libéra donc simplement de ses liens, se débarrassa du sceau qui bloquait son chakra et il vint fouiller le cadavre. Enfin il commença par l’achever, puis il le fouilla. A ses dires, il le connaissait. Encore plus étrange. Puis l’assassin prit finalement place sur la chaise laissée à l’abandon par son précédent propriétaire qui gisait à terre. Il commença alors par les présentations d’usage. Ils faisaient donc face à l’Autocrate. Il était donc le chef de ceux qui les avaient enfermés ici. Ça devenait encore plus compliqué !

Cet homme avait donc été évincé de son pouvoir sur l’organisation qu’il avait lui-même créé. Un but noble qui avait motivé la fondation de cette fameuse Corporation. Michiki ne pouvait qu’adhérer à une telle manière de pensée depuis qu’il n’avait plus de village à proprement parler. Les choses changeaient depuis peu mais il gardait pour autant une certaine indépendance que l’on attribuait à l’infidélité Nukenin. Mais le sujet ne s’éternisa pas. Très rapidement fut mis sur la table la libération des hommes et femmes prisonniers ici. L’Autocrate pouvait décider à tout moment de leurs sorts. Il leur proposa donc trois options.

La première étant de sortir d’ici et de continuer à vivre leurs vies respectivement. La seconde était de rejoindre la Corporation en prêtant main forte à ceux qui avaient retourné l’organisation contre son créateur. Et la dernière, prévisible au vu de ce qu’il avait expliqué auparavant, était d’aider cet homme à récupérer son organisation. Il appuya cette dernière proposition en précisant auprès de Michiki qu’il pourrait récupérer l’usage de son bras gauche. Amusant d’ailleurs que de tels experts aient pris la peine de lui menotter un bras invalide ! Mais l’antidote pouvait être trouvé. Au même titre que l’épée d’Uji. Quant aux deux femmes, elles semblaient venir de Suna. Intéressant en soit. Il faudrait surveiller le parcours de ces kunoichis. Michiki leur jeta un rapide regard mais il se concentra de nouveau sur celui qui détenait littéralement la clé de leur libération. Elle semblait de toute évidence acquise mais les conditions de cette dernière dépendaient de la réponse apportée. Michiki prit donc l’initiative du dialogue :

- Puisque nous semblons être sous le joug d’une libération prochaine, autant éclaircir certains points d’abord. Vous nous avez dit avoir été évincé de votre propre organisation. Comment ont-ils fait ? Sauf votre respect ils m’ont l’air assez organisés pour ainsi kidnapper des shinobis de tous horizons et les maîtriser aussi facilement. Alors comment se fait-il que vous ne soyez pas dans le même état que lui ?

Sa dernière question avait été ponctuée d’un signe du menton en direction du cadavre criblé de balles. Face au mutisme premier de ses compagnons, le nécromancien tenait d’abord à comprendre le contexte de tout ceci. C'est pourquoi il s'était permis d'ouvrir le bal. Même si sa décision était déjà prise, il n’était pas du genre à s’engager sans en apprendre un peu au passage.

Les ténèbres l'avait envahie. Une violente décharge électrique, puis plus rien. Elle ne savait pas depuis combien de temps elle était dans cet état. 5 min ? 10 heures ? 25 jours ? Aucune idée. Cependant, la Bête sentait qu'elle commençait à se réveiller, qu'elle commençait à émerger. Doucement, elle ouvrit ses paupières, clignant de tant à autre. Grimaçant face à la douleur des courbatures, elle tenta de se masser la nuque. Cependant, un cliquetis métallique se fit entendre. Répétant le mouvement machinalement, la jeune femme comprit rapidement qu'elle était à nouveau clouée sur une chaise. Sa vue était encore brouillée, et elle se sentait sans force, deux de tension. Jurant faiblement face à la situation qui se répétait, la Brune entendit une voix qui semblait venir de loin, par écho. Pourtant, la silhouette assise qu'elle apercevait n'était qu'à quelques mètres de sa position.

Au départ, la jeune femme ne comprit pas grand chose, mais au fur et à mesure que ses sens se remettaient en place, le discours de l'inconnu se fit plus net. Sans compter qu'après quelques instants, elle reconnut son détracteur. Facile, puisqu'il n'était rien d'autre que celui de la dernière fois. Kan' pesta alors que les mots audibles traversèrent ses oreilles. Elle avait voulu coopérer pour avoir accès à des informations. Et résultat, cet homme lui avait craché à la figure alors qu'elle avait daigné l'aider ! Elle ne quitterait pas cette pièce avant d'avoir buté ce type.

C'est alors que l'Ingénieuse se rendit compte qu'elle n'était pas seule dans la pièce. En effet, trois autres personnes étaient à ses côtés. Ils étaient dans le même état qu'elle. Un binoclard, un autre type qui ne lui disait rien et enfin... La Surprise put se lire sur le visage de la Guerrière lorsqu'elle vit que la Blonde n'était rien d'autre que la patronne du Heaven's Night. D'abord à Ki et maintenant ici ?! C'était pas croyable ! A croire que c'est deux là étaient condamnées à se stalker pour le restant de leurs vies...

Son flot de pensée s'arrêta lorsqu'un coup de feu se fit entendre, faisant sursauter la Mécanicienne. Un regard incompréhensif en direction du son et elle put voir l'Electricien au sol, alors qu'un homme, qu'elle semblait reconnaître, se trouvait au dessus, un pistolet aux proportions ridicules dans ses mains. Après quelques mots, celui qui se faisait appeler l'Autocrate acheva sa victime et commença à s'adresser à son auditoire. Rapidement, Kan' comprit qu'elle pouvait choisir un camp. Bien sûr, elle pouvait être libérée sans jurer allégeance à qui que ce soit et c'est ce qu'elle aurait fait, si elle n'avait jamais su que ce type détenait des données sur l'ancien Chef de son Clan. S'apprêtant à parler, l'homme à Lunettes l'a prit de vitesse et posa sa propre question.

La Brune bouillait à l'intérieur, sa colère montait rapidement. Sans attendre plus longtemps, elle se lança :

— Rien à foutre de ça ! Libère nous, donne moi les données sur Satoshi et j'te jure que tu finiras pas comme ton pote !

Des paroles bien téméraires, alors qu'elle n'était pas en position de réclamer quoi que ce soit...

Elle ne saurait dire comment elle était arrivée dans cette nouvelle pièce, mais elle ne s’en plaignait guère. D’une, elle n’aura plus à faire face au corps décapité d’Howaito, et de deux, elle ne subirait plus ce froid polaire intense et inhumain. Déjà elle sentait les premières conséquences néfastes de sa séance précédente : elle tremblait – de froid, ou de peur suite aux événements elle ne saurait dire -, elle « s’égouttait » - sa chaleur naturelle reprenait ses pleins droits sur ce corps froid – et elle toussotait – les poumons ne lui menaient que sa vie plus dure.

Autant dire, si beaucoup avait apprécié le merveilleux spectacle de l’Electricien tué d’un coup de feu, Tsukiko fit à peine attention, bien trop concentrée par ses toux aux tonalités graves. Enfin, lorsqu’elle releva la tête et vit la scène, cela ne lui fit un quelconque effet. A Suna, on était habitué au coup de feu traître …

- T’es un Saibogu, par hasard ? ne put-elle s’empêcher de demander, en toute première chose. Vos manières se ressemblent.

Si non, il avait alors à expliquer comment il a pu acquérir le même niveau de connaissance qu’un Saibogu de Suna. Elle pensait, tout d’abord, que c’était à cause de Saibogu Satoshi même avec son affreuse manie de vendre tout pour une poignée de piécette en or pour sa propre cause. Si c’était le cas, elle ne pouvait que trouver cela dommage : cet astucieux clan allait perdre main mise sur sa belle technologie, et finir dans les oublies du temps. En effet, ce n’était qu’une question de temps avant qu’un Non-Saibogu se montre encore plus inventif, et plus audacieux …

Elle voulut ignorer les dires de ce mystérieux homme qui se disait être le chef de cette organisation criminelle mais elle ne pouvait pas. Il disait avoir eu de l’affection pour Howaito et surtout, qu’il détenait des informations sur son passé.

- Mon passé, je le connais très bien. Il est impossible, m’entends-tu, que tu saches quoi que ce soit que je ne sache pas … disait-elle en le dardant avec un regard noir et haineux.

Cependant, Alpha avait semé la graine du doute … S’il connaissait vraiment quelque chose – et de compromettant de surcroît -, pouvait-il l’utiliser contre sa personne ? Une telle chose était importante à prendre en considération au vu de ses projets futurs, et surtout au vu de son parcours : elle avait trop donné et sacrifié pour être acceptée de tout son clan. Elle se refusait d’être à nouveau une paria.

Le mystérieux Jisetsu Uji finit par essuyer ce doute de la dette, en étalant sa théorie. Ah bien y réfléchir, effectivement, aucun des capturés n’avait une quelconque dette à leur égard. Ainsi, et à priori, il n'avait aucune raison à dévoiler ce soit-disant "passé"...

Quant à Shinda Michiki et Saibogu Kanpeki - quelle sangsue à toujours suivre la Kawaguchi ! -, chacun posait la question qui lui brûlait la langue. Si la question de Michiki avait attiré l’attention de Tsukiko, ce ne fut pas le cas pour la question de Kanpeki, non pas à cause de leur querelle passé, mais pour une tout autre raison personnelle.

- Je pense qu’un petit historique de ton organisation serait la bienvenue, ainsi qu’une petite carte d’identité comme ses valeurs ou ses objectifs, du point de vue de son fondateur ! disait-elle claquant encore légèrement des dents.

Elle se tut pour reprendre.

- J’ai perdu bien trop de choses jusqu’à maintenant. Je ne tenterais plus une quelconque folie sans réfléchir, et sans tout savoir, finit-elle par dire avec un ton lugubre et froid, le regard empli de haine et de peine.

Saibogu Lina, Kawaguchi Saya et maintenant Howaito … Cela faisait bien trop de mort. Plus jamais elle ne voulait risquer quoi que ce soit sans obtenir des garanties ou sans s’assurer de sa sécurité et de celle des siens.

Bien idiote aurait été la personne qui aurait fait son choix dans un mutisme. Chacun des quatre otages avait quelque-chose à dire à l’Autocrate, ce qui prouvait leur intelligence. Mais l’intellect pouvait revêtir de nombreuses formes. Quelle était celle de Shinda Michiki, Kawaguchi Tsukiko, Saibogu Kanpeki ou encore du dénommé Al Sa-Her ? L’intéressé avait déjà quelques éléments de réponse en écoutant celles de ses malheureux invités.

Alpha esquissa un sourire et porta son regard sur celui qui refusait de porter encore le nom de Jisetsu Uji. Un être tout à fait singulier, à la psyché du même acabit en termes d’originalité.

» Mais alors, mes parents sont encore plus responsables que moi, c’est à cause d’eux que je suis de ce monde… Non mais regardez-vous à désespérément chercher à qui incombe la responsabilité de ce qui vous arrive, alors qu’en réalité la seule personne dont cette faute ne peut être dissociée est vous-même.

Dire que selon ce que les Huit avaient noté, c’était lui qui voulait la fin de l’humanité. Une logique particulièrement horrible et dont l’accomplissement semblait impossible. Mais le rêve était humain, songea l’homme au pistolet.

» Si vous êtes persuadés que vous pourrez récupérer votre épée en passant un marché avec ces personnes, grand bien vous fasse. Essayez juste de vous faire discret vis-à-vis de ma personne une fois libéré.

Ses prunelles ocres se placèrent face au regard du Nécromancien. C’était sans doute celui qui s’était montré le plus neutre et réceptif à tous les évènements qui s’étaient succédés.

» Ils voulaient me tuer, mais le fait que j’ai pu prendre les précautions nécessaires pour révéler leurs identités m’assure de rester en vie, pour l’instant. Quant à la raison de mon éviction…

Sa tête bascula vers le côté. Sa langue remua dans sa bouche, donnant à l’Autocrate une grimace signifiant une réflexion poussée d’une sorte de regret.

» Elle réside dans la seule erreur que j’ai faite en fondant la Corporation, celle de mon anonymat. Le manque de contact m’a fait défaut, et certains ont préféré accordé de l’intérêt à des choses physiques, à du relationnel plutôt qu’à ce que je représentais dans le secret. J’aurais du dévoiler mon visage plus tôt, mais j’imagine qu’on a tous sa période Homme Masqué. Quel plaisir de le savoir mort celui-là, quel crétin arrogant…

Son regard vacilla un court instant dans la direction de Saibogu Kanpeki, la moins à même de discuter. Pour preuve, elle n’en avait « rien à foutre ». L’Autocrate s’intéressa donc finalement à Kawaguchi Tsukiko.

» Gekei Howaito a bien plus déteint sur vous que je ne l’aurais pensé, mademoiselle. Votre tutoiement et votre méfiance sont des traits qui lui étaient instinctifs et ils sont désormais vôtres. Néanmoins, ne vous-êtes vous jamais demandé pourquoi tant de morts ont interféré dans votre existence ? Howaito est resté avec vous pour une raison qui vous a toujours échappé : il voulait vous protéger. Mais sa mort va donner le champ libre pour que des ennemis dont vous ne soupçonnez même pas l’existence se mettent à vos trousses.

Il reposa son arme sur son genou. Sa jambe droite était sur la gauche.

» Mais je ne suis pas Howaito. Si vous ne voulez pas de mon aide, vous n’aurez qu’à vous débrouiller.

L’Autocrate releva sa main libre et y suréleva trois doigts.

» Puisque mon organisation va irrémédiablement se faire connaître, je vais vous mettre au courant de trois choses à son propos. La première, c’est que la Corporation comme son nom l’indique a pour but premier le profit, son intérêt. La deuxième, c’est qu’elle a toujours veillé à ce que dans ses intérêts elle agisse comme balance, pour équilibrer les puissances qu’importe le secteur. Eviter un gang d’avoir le monopole de la drogue d’un pays, éviter qu’un village caché surclasse trop les autres en termes militaires… Enfin, la troisième, c’est que mon titre d’Autocrate n’est pas un hasard : je suis le seul qui doit diriger cette organisation.

Il rabaissa ses doigts. Sa main gauche attrapa le trousseau de clés et le Nukenin le fit tourner à l’aide de son index.

» Je n’ai aucune idée de comment les choses auraient du se passer si l’Électricien avait continué de vivre. De fait, les sept autres criminels peuvent envoyer du renfort ici n’importe quand. Mais je n’ai qu’une clé, et vous savez qu’au moindre bruit extérieur je partirai en vous laissant ici.

L’homme se releva et essuya la poussière de ses habits avec ses mains.

» Alors mesdemoiselles et messieurs, quelle est votre réponse ?

Un soupir aurait presque traversé les lèvres du Shinda si la situation n’était pas aussi particulière. Une réaction digne de la chef de clan Kaguya Milly qu’il avait eu l’occasion de rencontrer peu de temps avant ces évènements. L’une des Sunajins avait décidé d’ouvrir sa grande bouche pour faire prévaloir sa fierté avant tout. Etait-ce réellement le moment ? Un comportement immature qui ne faisait qu’inspirer la pitié chez le nécromancien.

Toutefois, Al-Sa-Her se distingua par ses propos. Enfin un peu de bon sens et d’intellectuel après des mots plats vide de sens de la part de la kunoichi du Vent. Mais pour sa part, l’homme si mystérieux ne semblait pas disposé à aider l’Autocrate. En tout cas il n’y voyait pas l’intérêt. Il lui démontra pouvoir se débrouiller tout seul pour récupérer son bien. Une remarque qui fit sourire Michiki qui eut un regard pour son bras. Il ne comprenait que trop bien le sentiment partageant son homologue errant.

Puis la dernière concernée s’exprima à son tour pour réclamer elle aussi des réponses à ses interrogations. Deux comportements similaires qui liaient le binoclard et la Sunajin. La parole revenait donc à celui qui pouvait les faire libérer. Mais qui d’après ses dires, ALLAIT les libérer. Il y avait juste à espérer qu’il ne ferait pas marche arrière dans son raisonnement. Ça serait fâcheux pour les quatre détenus.

L’homme le regarda après avoir répondu à Al-Sa-Her. Les réponses aux questions du Fossoyeur furent simples et concises. Il avait dit le strict nécessaire. Il semblait accélérer la cadence. Il n’accorda pas la moindre attention à la gueularde pour se concentrer sur l’autre demoiselle. Elle semblait avoir perdu un proche dans toute cette mésaventure. Un prénom qui ne lui disait rien mais un nom chargé de sens pour le Shinda. Gekei. La Corporation avait lâchement abattu un membre du clan de son senseï. De son clan à lui-même ! Cette information qu’il préférait garder pour lui n’en faisait pas moins un membre de la famille des polymorphes. La connaissance de la perte d’un de ses membres ne l’enchantait pas et le poussa à se souvenir en temps voulu de l’identité de cet homme. Peut-être Pô le connaissait-il.

Les doutes du Shinda se confirmèrent lorsque l’Autocrate souligna le côté urgent de la situation. Une organisation telle que celle qui les menaçait tous pouvait à tout moment envoyer du renfort pour achever le travail. Michiki comprenait un peu mieux les réponses expéditives de leur potentiel sauveur. Mais le Fossoyeur n’avait pas terminé de parler. Il fallait seulement savoir situer ses priorités.

- Le temps semble en effet compté mais j’avoue ne pas en avoir terminé avec cette histoire. Et surtout avec vous, « Autocrate ». Ainsi je vous propose de nous libérer. Et pour ma part j’aimerais continuer cet entretien dans un endroit plus serein. Et également, je me permettrais une seule petite demande…

L’œil avisé et expert du nécromancien se porta sur le corps inanimé de l’Electricien. Oui, il ne perdait pas le Nord :

- Puis-je le ramener avec moi ? demanda-t-il.

— Quoi ?! Répète ça pour voir ?!

Encore une fois, la Blonde se la ramenait ! Pour qui se prenait-elle à comparer le Clan qui symbolisait le futur avec une personne -autre qu'elle- de cette pièce ? Surtout qu'avec ce genre de question cynique, elle ne mettait pas la communauté des Inventeur sous un beau jour... Pestant, la jeune femme se tût et laissa toute la joyeuse troupe s'exprimer. Leur discussion dura un certain temps. De nombreuses minutes de blabla incessants qui n'étaient pas vraiment la tasse de thé de la Brune. Vivement qu'ils en finissent, et que l'Autocrate la libère de ses entraves, afin qu'elle puisse récupérer ce qui lui revenait de droit. Enfin, rien n'était moins en ce qui concernait le don que lui ferait le Chef de la Corporation. La Mort pouvait très bien l'attendre au bout du chemin.

Mais finalement, au fur et à mesure, la conversation se rapprochait de plus en plus de la fin et il arriva, enfin, que le seul homme libre de ce comité leur posa une question qui semblait lourde de conséquence. Le choix aurait du être pesé plus longuement de la part de Kan. Mais cette dernière n'en avait cure. Elle souhaitait en finir et ce rapidement. Silencieuse, elle laissa le binoclard morbide demander, tel un corbeau, le cadavre de son ancien détracteur puis finalement, n'ajouta rien de bien nouveau.

— J'm'arrache dès que j'aurai eu ce que j'veux.

Butée, son regard agressif n'avait pas changé d'un poil. L'Inconnu lui faisait peur, mais pas quand alle avait un visage. Elle faisait face, sans craindre la Faucheuse qui lui faisait face à chaque fois qu'elle se mettait en danger.

Désormais l'attente serait à nouveau sa seule compagne pendant les quelques minutes où son interlocuteur écouterait les autres réclamations de ses "camarades". Ces derniers avaient tous fait un choix. Bon, mauvais ? La Saibogu ne pouvait pas réellement juger. Elle ne savait même pas si cette fameuse Organisation était une chose qui n'aurait jamais du exister ou si elle était le contraire... C'est vous dire...

De toutes manières, elle devait rentrer au village. Son Clan avait besoin d'elle. Et il y avait toujours des obsèques qui attendaient d'être faites. Lina avait été enterrée. Mais une Saibogu morte au combat méritait plus que ça.

- Mes proches sont mortes pour des raisons … naturelles.

Sa mère était morte au combat par sa faute – petite, elle avait inconsciemment guidé l’ennemi à leur camps -, son grand père était également mort au combat lorsqu’il a rejoint le mouvement donc le but était la fin des Uchiha – et indirectement, la fin de la grande guerre -, sa grand-mère morte par vieillesse, sa belle-mère suit à l’attaque de Kyoshi Rei sur les civils de Suna, Akuzu Shinji des mains d’un nécromancien fou – et elle haïssait déjà l’homme aux lunettes suite à sa demande morbide -, Saibogu Lina suite à la catastrophe de Ki no Kuni, et Howaito par sa stupidité à avoir cru en cette mystérieuse et bancale organisation. Elle avait bien trop perdu pour à nouveau se jeter dans un feu inconnu, aux conséquences sûrement lourdes mais inconnues à ce jour.

L’Autocrate perdait également patience, poussant ces hommes et ces femmes à faire rapidement un choix et arrêter ces mystérieux « criminels ». Ironie du sort, n’en est-il pas un lui-même en détenant autant d’informations sur les villages, en se disant être la balance du monde alors que rien ne se balançait, que seul le plus fort ou le plus astucieux gagné ? Ce n’était qu’un énième oisillon qui se battait pour une cause « noble » perdue. Combien avait tenté ? Beaucoup. Combien avait échoué ? Tous. Par contre, elle se retint de le dire.

- Il est impossible, ou alors difficile, que cette organisation pénètre à Suna même. Si elle y arrive, je la rejoindrais juste pour connaître le nom de nos énièmes traîtres, qui ont pu échapper à toutes nos mesures de sécurité. D’ailleurs, comment avez-vous pu encore récolter des informations sur Suna ?

A l’entrée de Suna, les questions se répétaient : fuite d’information de Suna, désir de faire du mal à Suna … le tout avec une patte de chat posée sur le torse, pile sur le cœur. Ce n’était évidemment pas un simple chat mais un Kuchyose de l’actuelle chef du Kakumeigun. Si un quelconque traître était passé, toutes ces mesures drastiques et radicales n’avaient été qu’une perte de temps dès lors.

« Tout n’a été que mensonge et faux-semblants, quoique. Le danger n’avait jamais existé » finit-elle par dire ironiquement, encore plus lasse par toutes ces intrigues. Si elle avait le pouvoir, elle préférait briser la nuque de cet homme ainsi que celui de la Tempête. Pensant à ce dernier, elle ouvrit bien vite la bouche.

- Howaito ne m’a nullement aidé ou protégé. Il suffit de parler derrière les morts, et de mentir sur eux, par respect, dit-elle froidement, se retenant sincèrement et du mieux qu’elle pouvait de transformer ce lieu en un désert de sable baigné du sang de cet inconnu. Je ne peux aider que sur un point : m’aider à attraper ce fameux « Tempête », et me laisser le droit de le tuer tel que je l’entends.

Quant à aider, elle devait faire une petite nuance, au cas où.

- Je n’aide que si cela n’entre pas en conflit avec les intérêts de Suna, et sa sécurité.

Elle n’oubliait pas qu’il y avait cette maudite Saibogu, élève de Saibogu Oniri, et était un brin trop bavarde. Dire une chose, pour qu’elle déforme le tout dans un rapport et que Tsukiko risque une énième honte ou fâcheux événement … voilà une chose que la Kawaguchi ne souhaitait pas.

La réponse de « l'autocrate » était en soi une manière simpliste de botter en touche. Il ne souhaitait certainement pas reconnaître cette simple vérité et donc surenchérissait afin de me tourner en ridicule. C'est une manœuvre commune des gens ayant un peu d'aisance à l'oral, j'avais assez observé d'humain pour m'en rendre compte, malgré tout je souhaitais apporté une réponse à cela. Celle-ci :


« Vos parents sont peut-être vos créateurs mais ils n'ont aucun lien direct avec cette organisation. Vous oui. C'est votre choix d'avoir crée ce groupe, vos choix d'en avoir choisi les membres, et les votre encore d'avoir promu ces gens là à la tête de celui-ci. Et c'est cette succession d'erreurs qui nous mènent nous tous à ce moment précis. Donc même si nous sommes en partie responsable du à notre faiblesse de ne pas avoir contrecarrer notre enlèvement. Mais soit, vu qu'aborder ce point et en discuter n'amènera à rien de plus, passons. »


Passons maintenant à la partie la plus intéressante, mon épée. Comment la récupérer. Je pouvais attendre ici qu'un homme du groupe intervienne, me rendre à lui et discuter des termes d'un échange de bon procédé. Malheureusement, vu mon précédent entretien, il semblerait que le détenteur soit un homme qui déteste les Jisetsus. Aucun doute que je n'obtiendrai mon épée qu'en échange d'un très grand service. Si je suivais cet homme pour un temps, je ne perdais rien mais je réduisais les chances de récupérer mon bien rapidement. Je me décidais de répondre cela :


« J'évalue mes possibilités et effectivement je pense pouvoir marchander avec ces individus. Malheureusement ma précédente expérience avec l'homme qui détient sans doute mon épée m'a révélé qu'il détestait les gens possédant mes pouvoirs héréditaires. Quant à vous, le problème est que vous n'annoncez aucune temporalité entre le moment présent et le moment où je récupérerai mon bien. Cela ne semble pas une priorité à vos yeux, tandis qu'au mien, il s'agit de la plus haute priorité. »


Je laissais maintenant la parole aux autres et c'est l'homme que j'avais rencontré à Kiri qui s'exclama en premier afin de déclarer qu'il était prêt à continuer l'entretien ailleurs pour voir ce qu'il en ressort. J'allais suivre sa manière de procéder. Mais avant que je ne puisse parler à nouveau, une des jeunes femmes s'exclama de manière vulgaire afin d'affirmer son contentement. Puis ce fut au tour de l'autre avant que je puisse à mon tour m'exprimer.


« Je vais vous suivre pour l'instant. Cela ne sera sans doute pas définitif. Nous verrons ensemble quels sont les moyens de nous entraider, j'ai après tout un objectif très précis et je ne m'encombre pas de personnes n'ayant aucune utilité. »


Après ces paroles je laissais un instant avant de dire ces mots :


« Libérez-moi. »