Le médecin tira le tiroir du réfrigérateur mortuaire pour elle. Comme si elle ne l’aurait pas fait d’elle-même. Bah. De la simple politesse, il la savait manchote certes, mais savait également qu’elle était déjà venue ici plusieurs fois au cours de sa carrière médicale. Pas de quoi s’offusquer pour si peu. Le remerciant d’un signe de tête, il la laissa là. Regardant le cadavre allongé devant elle, elle attendit que la porte derrière elle claque pour se déplacer à côté du tiroir ouvert.

L’autopsie n’avait rien révélé d’étrange, de spécial ou autre. La plaie avait été nettoyée, la peau était pâle, et le néon violent qui éclairait la pièce accentuait encore plus ce dernier trait. Les yeux avaient été retirés pour étude, mais les paupières fermées du jeune homme allongé-là ne le trahissaient pas. Une tentative de reproduction, d’identification de la mutation, de la cellule souche … elle avait approuvé une telle action, même si les médecins attelés à ce projet n’en tireraient très probablement rien. Mais bon … après tout, autant satisfaire la curiosité scientifique.

Demon … Quel sacré merdier. Mais il avait bien du falloir en faire un exemple. Que faire de lui maintenant … Il n’avait rien à faire ici. Soupirant, elle plaça sa paume au-dessus de lui, déclenchant un soupçon de chakra pour libérer ses serviteurs. Un nuage violet foncé s’en échappa alors. Un gaz, qui vint entourer le corps sans vie devant elle, le faisant virer vers la même teinte. Un gaz ? Pas tout à fait. Le fruit de ses années de travail sur le sujet. Ses nano-insectes. Regardant la peau fondre à vue d’œil en guise de dernier hommage, l’Aburame aurait souhaité que les choses se passent autrement. Mais elle avait retenu la leçon avec les différents nécromants qu’elle avait rencontré … Daken inclut.

Leur travail terminé, ses insectes se condensèrent à nouveau et retournèrent vers elle. Que personne d’autre ne soit leur victime par mégarde. Refermant le tiroir désormais vide, elle quitta la pièce, saluant à nouveau au passage le médecin légiste qui l’avait accompagné précédemment. La nuit venait tout juste de tomber. Retournant au palais, elle descendit dans son laboratoire. Assez long, à mesure qu’elle s’engouffrait sous terre. Il fallait dire qu’elle ne l’avait pas non plus placé tout juste en dessous. Rentrant dans la pièce, elle pendit son manteau et noua grossièrement ses cheveux en chignon à l’aide d’un stylo.

La pièce était assez grande, et une fois la lumière allumée, très éclairée. Abandonnés le style vieillot et la lumière tamisée. Tout l’équipement sentait le neuf, bien qu’elle ait ramené ici plusieurs de ses anciens instruments. L’endroit faisait toutefois beaucoup moins confortable et chaleureux que le laboratoire improvisé dans la cabine de son jardin qu’elle avait utilisé pendant de nombreuses années. La lumière de la serre et les plantes donnaient à l’endroit un certain charme. Ici … tout était … vide, angoissant. Mais elle s’en était accommodée.

Petit geste du poignet, et le même gaz violet que précédemment sortit à nouveau de sa peau pour aller se concentrer dans sa serre habituelle. C’était probablement grâce à ses nouveaux moyens qu’elle avait pu finaliser ses dernières expériences sur le sujet du nano-insecte. Elle se souvenait de ses nombreuses tentatives de domination. Mais comment être efficacement directive auprès d’êtres si petits ? Un grand temps d’incubation … Même accéléré via chakra.

Elle se souvenait avoir travaillé sur énormément de mutations pour arriver au résultat actuel. Et souvent … trop souvent … la chose avait dérapé, l’essaim nouvellement créé dévorant ses congénères, ou se faisant dévorer, ou même l’attaquant. La notion de symbiose, d’harmonie, propre aux Aburame, avait été difficile d’inculquer à cette nouvelle race d’insectes. Et quel soulageant d’y être enfin parvenue … D’une certaine manière, ses efforts et ses résolutions avaient payé. Oh bien sûr, elle aurait pu continuer ainsi, mais à chaque recours de ses nano-insectes jusqu’à maintenant, elle savait qu’un rien pouvait inverser la tendance et se faire elle-même contaminer. La preuve, ses insectes ne pouvaient même pas se protéger de l’espèce mutante issue originalement pourtant de leurs gènes.

Un temps révolu. Un nouveau gain en puissance. Une nouvelle race d’insectes obéissante. Et on disait que la science ne servait qu’à créer des machines. Comme quoi la biologie avait ses propres vertus. S’asseyant à son bureau, elle mit en marche son microscope. Quelques heures supplémentaires l’aideraient à se vider la tête et s’alléger l’esprit.