J’suis allongé. Un mec là, m’avait injecté quelque chose dans l’sang. Sûrement l’anesthésiant. J’commence à voir flou. La dernière chose dont m’rappelle, c’est la vision d’un homme ‘vec plein d’piercings qu’était là entrain d’mater ma gueule d’moitié-endormi. J’me rappelle même lui avoir chuchoté :
« -Pitié, j’veux pas ressembler à Michael Jackson. »
Comment j’en étais arrivé jusque là ? C’toujours bon d’le savoir.
Il f’sait nuit. J’avais bu quelques verres, et j’m’apprêtais à rentrer chez moi peinard pour pioncer. J’étais un peu bourré, mais juste un peu. C’pour ça d’ailleurs qu’au lieu d’marcher, j’rampais. R’marque, comme ça, l’trajet prendra plus d’temps, et j’pourrai profiter d’l’air frais.
Et donc, pendant que j’rampe, mon g’noux écrase un portefeuille. J’le prends, j’l’ouvre, j’découvre pas mal d’billets dedans, puis j’le ferme, j’le repose, et j’me remets à ramper.
Puis j’me dis : Pourquoi j’l’ai pas ramassé, moi?
J’me lève, j’oublie carrément que j’avais décidé de ramper, et j’cours ramasser l’portefeuille. J’compte les billets, il y en avait précisément trente-sept. C’était une assez grosse somme. Et…
J’en avais les larmes aux yeux.
J’lève mes mains, ainsi qu’mon regard vers le ciel, histoire d’remercier dieu pour cette offrande. Et c’là que mes yeux croisent l’casino d’la ville. En temps normal, j’aurai pas pris l’risque, mais là, j’étais vraiment tenté. Ca, ça doit être parce que j’suis bourré.
J’pénètre l’enceinte du casino. Les gardes, qui m’connaissent, s’étaient empresser d’me tenir les bras. Pour m’dégager dehors, z’avez du l’deviner. Et quand j’leurs ai montré l’joli paquet d’fric que j’avais trouvé, ils s’étaient presque mis à genoux, d’mandant mon pardon.
C’était assez sympa comme décor.
« -J’me demande si j’devrais pas aller voir ailleurs. Les clients sont affreusement négligés ici.
-Excusez not’ comportement. Vous pouvez profiter d’nos services gratuitement. »
S’ils disaient ça, c’parce qu’ils savent très bien qu’j’suis pas compatible ‘vec l’jeu. ‘Fin, ça, c’est ce que j’pensais, et eux aussi d’ailleurs. Parce que jusque là, toutes les fois où j’avais joué, j’étais clean, et sobre.
J’étais donc entré ‘vec trente-sept billets. Et j’en étais ressorti ‘vec tout un sac rempli à bloc. Bien évidemment, ils m’avaient accusé d’avoir triché. Et quand ils n’avaient rien pu trouver, ils avaient décidé d’me reprendre l’argent. Sans m’débattre, j’leurs avais rendu l’tout.
Nan, j’plaisante, j’les ai tous cogné, ces bâtards.
Après quoi, j’m’étais convaincu d’aller, cette fois pour de bon, pioncer un chuya. L’fric, j’allais l’utiliser l’lendemain. Donc, j’m’apprête à rentrer chez moi, quand j’croise ma voisine. Taille moyenne, trente-deux ans, veuve. Elle fait un jolie 90(E)- 66 -94. C’en la croisant – sans l’aborder – jour après jour que j’m’étais convaincu qu’le charme mâture est ce qu’il y avait d’mieux.
J’avais du fric, et elle, elle bossait pour un bar. J’en avais conclu que c’était l’genre d’femelles qui vendaient leurs corps. J’lui ai donc fait mon offre. Et la réponse était…pas vraiment satisfaisante.
« -Boulet, va voir ailleurs si j’y suis.Non, mieux. Va t’refaire la gueule, et j’reconsidérerais ton offre. »
C’pourquoi, j’ai décidé d’me refaire la gueule. Passionnant, hein ?