— Et voilà l'travail.

Essuyant la sueur qui coulait le long de son front, Kanpeki refermait enfin le le boîtier torsal de Metal Gear. Depuis quelques jours son armure montrait des défaillances dans le système énergétique. Du coup les propulsions en avait été affectées, ainsi que les armes. Bref, un bug dans le programme qui avait impacté sur la quasi-totalité des fonctionnalités de la carapace de métal de la Saibogu. La brune avait passé une bonne quarantaine d'heure à bosser dessus non-stop et finalement elle arriva au dénouement de cette histoire... emmerdante.

— Son', lance un diagnostic.
— LANCEMENT. DU. CINQ.MILLE.VINGT.QUATRIEME. DIAGNOSTIC.
— Et épargne moi le nombre. Tu me fous la loose là.
— MILLE. EXCUSES. MADEMOISELLE.

Soupirant, la rebelle décida de se vautrer dans le fond de sa chaise. Une main posée contre son front, elle était totalement avachie, fatiguée. Il fallait que ça soit la bonne. Elle avait tout passé au peigne fin. De la programmation aux détails mécaniques jusqu'au système d'énergie. Si le diagnostic s'annonçait négatif, elle ne saurait plus quoi faire. Elle n'avait plus d'option.

Les minutes passèrent alors que les capteurs laser de Sonzai tournoyaient autour de l'armure vide, posée sur la table métallique. Finalement une alarme discrète sonna, annonçant la fin de l'examen. Intriguée par ce que ce son annonçait, la rebelle se redressa sur son support attendant tranquillement à ce que la voix synthétique de son IA se manifeste. Et finalement...

— DIAGNOSTIC. TERMINE.
SYSTEME. ENERGETIQUE. ...krrr...
OPERATIONNEL.
— Yes !

Se relevant de sa chaise en brandissant ses poings vers le haut dans un mouvement de victoire. Dansant dans toute la pièce, la jeune femme savourait la délivrance de ce moment. Une quarantaine d'heure qui avait finalement payé.

Une fois la folie du moment passé, Kan' avait un choix à faire : Dormir ou tester Metal Gear directement sur le terrain. Ne pouvant pas attendre plus longtemps et considérant que dormir était pour les faibles, elle se décida à suivre le premier choix. Fonçant vers la sortie de la maison, elle enfila ses bottines de sécurités et s'en alla. Direction : La Voie Illusionnée. Pas besoin de vêtir l'armure directement. Elle possédait un tatouage qui lui permettait d'invoquer cette dernière.

Arrivée à destination, la Saibogu remarqua un visage familier qui s'apprêtait aussi à quitter la village. Une autre Saibogu : Oniri. Kanpeki était plutôt antisociale. Pourtant la femme à la chevelure d'ivoire avait le privilège d'être une personne que la rebelle appréciait et respectait. Plutôt bien placée dans la hiérarchie, cette femme était - pour elle - le symbole de la réussite du clan des Ingénieurs.

D'une démarche tranquille, la brune rejoignit sa comparse.

— Hey, Oniri ! La forme ?

Aujourd'hui était une journée comme une notre. Je faisais quotidiennement ma ronde pour m'assurer que tout était en ordre. A savoir de m'assurer que les équipes de gardes effectuaient correctement leur travail. J'inspectai les différents points stratégiques, vérifiait que l'équipement et le matériel était en ordre, tout en comptant du regard les équipes qui défilaient durant leur ronde. Le village ne devait pas présenter la moindre faille, ne serait-ce qu'un seul instant. Cela nous avait déjà coûté chers et ce à maintes reprises. Désormais je m'appliquai à ce que tout soit réglé de façon cyclique avec la précision d'une mécanique d'horloge tout en assurant suffisamment de renouvellement pour évite que d'éventuelles intrus puissent s'habituer au rythme du système. Longeant le sommet du Mur à pieds, lunette de soleil vissées sur le nez, j'arrivais finalement aux environs de la Voie Illusionnée signe que mon inspection touchait à sa fin.

J'aurais tout aussi bien pu sauter dans le vide et déraper le long du mur pour parvenir jusqu'à la terre ferme. Seulement au vu de la qualité de mon titre je ne pouvais malheureusement plus me permettre ce genre de fantaisie. Aussi décidais-je d'emprunter tout simplement l'escalier menant jusqu'aux quartiers en contre-bas. Quelques minutes plus tard je me retrouvais finalement le long de l'allée principal faisant la jonction entre l'entrée et la sortie du village. Les lieux étaient particulièrement calme en cette période, notamment parce que nous étions en été et qu'un soleil aride abattait son joug sur l'ensemble du pays. Aussi habitués que nous pouvait l'être le peuple du désert, il était fortement déconseillé de s'exposer plus d'une heure d'affilée à l'extérieur. Moi-même je comptais dors et déjà me mettre à l'abri.

Pourtant et contre toute indication, je vis une personne se diriger vers l'extérieur. Et je ne fus qu'à moitié surprise en constatant de qui il s'agissait. N'ayant pas la prétention de réellement connaître Kanpeki son nom à lui seul suffisait à justifier ce comportement. Tout simplement parce qu'elle était une Saibogu, bornée, bourrue avec un penchant prononcé pour l'inconscience. Un peu comme les trois quarts des membres qui composaient notre communauté. Hors si je n'avais strictement rien contre elle, le ton familier qu'elle emprunta pour me parler me fit mal aux oreilles.

-Vous devriez aborder vos supérieurs avec davantage de respect Kanpeki. Ce n'est pas ainsi que l'on fonctionne dans un village militaire. Sinon, oui je vais bien. Et vous ? Que me vos l'honneur de votre présence en une heure aussi inappropriée ?

Les bras croisés, je désignai de l'index le soleil de plomb au-dessus de nos têtes. Si je me montrais strict envers elle ce n'était pas par plaisir et aucunement par loisir. Je le faisais avant tout pour elle, mais aussi pour le village. La vie de nombreuses personnes reposaient en permanence sur nos épaules. Nous ne pouvions nous permettre le moindre laissé allé et cela commençait par un rigoureux respect de la hiérarchie.

-Peut-être devriez-vous attendre la fin de la journée avant d'espérer sortir. En attendant pourquoi ne pas me suivre ? J'aurais quelque chose à vous montrer.

Ce faisant, je me mis à pianoter sur l'écran digital attaché à mon poignet. Dans les secondes qui suivirent nous pûmes entendre un lourd vrombissement s'élever dans notre direction. Puis sans prévenir davantage, ma moto Destiny jailli d'une ruelle dirigée par un pilote invisible. Dans un léger dérapage elle vint s'arrêter à mes côtés. La technologie de mon nouveau véhicule n'avait plus rien avoir avec le précédent. J'avais désormais en ma possession un des moyens de locomotions les plus rapides de tout Kaze.

-Montez si vous le souhaitez. Je me rends au sous-sol du Kenkyuujo. Au centre de recherche. Si une mise au point vous intéresse...

Évidemment je n'agissais jamais sans raison. Depuis peu, je désirais tester et découvrir par moi-même le potentielle des plus jeunes membres de notre communauté. Ceux n’ayant pas encore fait leur preuve.

Wow. C'est d'abord ce qu'a pensé la Saibogu lorsque la réponse d'Oniri tomba. Elle ne pensait pas se faire rembarrer de cette manière. Du respect ? Bien sur qu'elle en avait, mais ce n'était pas le genre de la rebelle de se plier aux modes de politesse poussés. Elle venait de lui dire bonjour ! Si ça c'était pas quelque chose ! Et puis qu'est-ce qu'elle en avait marre d'entendre ce terme "village militaire" à tout bout de champ. C'était juste dans le fond... mais quand même. Soupirant, Kanpeki avait l'impression d'entendre ses parents lui faire la morale. Ça en devenait lassant... Et comme toujours face à ce genre de problème, la jeune femme fit la sourde oreille. Ses yeux se posaient sur des détails inutiles de l'architecture, montrant bien qu'elle tentait de se désintéresser de ce que disait la conseillère.

Finalement, la morale fit place à des questions plus banales, au grand soulagement de la brune.

— J'allais faire quelques tests sur le terrain...

Levant les yeux dans la direction où l'index de l'autre Saibogu pointait, la jeune femme plissa les yeux sous l'éblouissement du Soleil. Il était non loin de midi, et l'astre en serait à son Zénith très prochainement. Grimaçante, elle regarda son interlocutrice en coin :

— Mais ouais... J'ferai peut-être ça plus tard...

C'est alors que la femme aux lunettes lui proposa de la suivre en indiquant qu'elle avait quelque chose à montrer. La curiosité aiguisée, Iron Girl hocha la tête, invitant Oniri à lui ouvrir la voie. Elle n'avait aucune idée de ce que la Saibogu allait lui montrer. C'est alors que, vrombissante, un engin sur deux roues arriva droit sur eux. Piloté par une intelligence qui était invisible au yeux de la mécanicienne, elle s'arrêta devant le duo en un dérapage contrôlé. De toute évidence, cette monture mécanique était celle de la femme aux cheveux d'ivoire.

Un sourire s'afficha sur le visage de la rebelle lorsque sa supérieure lui proposa de monter à ses côtés. C'était le moment rêvé pour faire des tests ! Secouant la tête, elle afficha un air mystérieux sur son visage.

— Nah, j'vais me débrouiller. Faut qu'je vois si ma beauté fonctionne. J'ai bossé comme une tarée pour la remettre sur pieds. J'vous suivrai... de la haut.

Les derniers mots filtrèrent que le tatouage sur son dos s'activa et son armure se déploya sur l'ensemble de son corps. Recouverte de sa carapace de métal, bleue et noire, elle abaissa son masque. Sa voix, transformée par le micro, retentit.

— C'est quand vous voulez.

Sans un son de plus, elle activa ses propulseurs et gagna de la hauteur.

Kanpeki faisait incontestablement partie des enfants capricieuses et irresponsable. Quelque part elle me rappelait moi à une époque antérieur et j'avais du mal à croire que j'avais pus être aussi énervante. Fort heureusement mon poste m'avait permit d'acquérir une certaine patience somme toute utile face à ce genre de personnes. Quand elle fit apparaître son armure je su rapidement ce qu'il en retournait. Malheureusement, et une fois de plus, j'allais devoir couper court à son entrain.

-Au cas où vous l'auriez oublié il est formellement interdit de voler dans le périmètre du village sans la moindre autorisation. Vous devriez perdre cette habitude car sous peu les gardes aurons pour ordre de tirer à vu.

Moi-même j'avouai que ce n'était guère très engageant, hors, nous n'avions actuellement aucune autre solution pour prévenir ce genre d'intervention. La voie des airs était le chemin accessible pour atteindre directement Suna en passant outre les systèmes de sécurité, mais également l'idéal pour les missions d'espionnages. Désormais, si Saibogu où autre Sunajin désiraient s'essayer à des prouesses aériennes, ils devraient le faire dans le désert, hors du village et seulement là.

-Ne vous inquiétez pas, vous aurez tout à loisir de tester votre équipement plus tard dans la soirée. Mais vous voir ainsi vient de me donne une idée. J'ai besoin de vos connaissances en matière d'aéronautique.

Les miennes n'étaient pas des plus abouties, mais celles que je possédais en ce qui concernait la motorisation d'engins se révéleraient complémentaires aux siennes. Ce faisant, je l'inviter à retirer son armure pour monter sur mon véhicule. Autant qu'elle commence à prendre les bonnes habitudes, sans quoi elle finirait par avoir des problèmes. Ainsi nous filâmes à vivre allure entre les ruelles de Suna, prenant soin d'accélérer avec modération pour ne pas prendre le risque d'écraser qui que ce soit en chemin. Nous pouvions entendre le vent siffler dans nos oreilles sans pour autant éprouver une once de soulagement. L’atmosphère était saturé par l'hardiesse de l'astre diurne tant et si bien que l'air ne faisait que nous brûler le visage à défaut de nous rafraîchir. Dès lors, il était plus que temps de rentrer. Par chance nous arrivions à destination jusqu'au garage du centre de recherches.

-Je vous avouerai que je suis curieuses de voir ce que vous valez. A Suna il n'y a que peu de Saibogu qui sont en mesures de fabriquer le type d'armure que vous portez.

Hors cette fois-ci ce n'était pas sur une armure que j'allais lui demander de travailler. J'avais une idée précise de ce que j'attendais d'elle. Cela faisait désormais plusieurs mois que je travaillai avec ma propre équipe sur ce projet. Peut-être que Kanpeki saurait se montrer à la hauteur. Je comptais découvrir par moi-même de ce dont elle était faite. Ce faisant nous empruntâmes l’ascenseur menant jusqu'au troisième sous-sol du Kenkyuujo. L'air y était plus frais et la climatisation fonctionnait à plein régime dans ces locaux. Ici les murs étaient faits d'acier.

Nous empruntâmes une série de couloir et de porte blindé. Parfois les échos des soudures, des scies circulaires découpant les métaux parvenaient jusqu'à nos oreilles. Finalement nous parvînmes jusqu'au secteur D-7. Lorsque la porte s'ouvrit, nous pûmes déboucher sur un véritable hangar construit dans les profondeurs du Kenkyuujo. Si la Saibogu s'était jusqu'à présent demandé où passait les fonds d'investissement donnée par le Daimyo du vent, elle avait désormais la réponse. Une équipe composée d'une dizaine de personne était actuellement en train de travailler sur une machine d'un nouveau genre.

-Je vous souhaite la bienvenue dans la cours des grands.

Dis-je avec une pointe d'amusement dans la voix.

Alors que ses pieds quittaient le sol, Kanpeki fut stoppée nette dans son élan par un avertissement vocal. Encore une fois, ce dernier émana de sa consœur Saibogu. Il était interdit d'emprunter la voie aérienne dans l'enceinte du village. Voilà encore un détail que la rebelle n'avait jamais retenu. En même temps ce village était littéralement quadrillé de lois ! On ne pouvait pas faire un pas sans se faire réprimander, parce qu'on est rentré en infraction avec telle règles, etc... Evidemment, de telles dispositions étaient nécessaire, surtout par rapport aux derniers événements. Mais la Mécanicienne n'aimait pas toutes ces procédures, elle avait l'impression qu'on l'enfermait peu à peu... Enfin, tout ce qu'elle espérait c'est que cette période de crainte et de peur prenne fin un jour. Ils n'étaient pas seulement des soldats ou du bétail, ils étaient aussi des êtres vivants !

Un jour la Saibogu deviendrait assez puissante pour protéger la communauté Sunajin sans avoir à cloisonner leur magnifique cité. Elle avait encore du chemin à faire... Mais chaque jour, elle sentait qu'elle se rapprochait de son but. Plus personne n'aura à avoir peur quand elle aura acquis ce qu'elle voudra. Seuls ses ennemis trembleront.

Soupirant ouvertement, Kanpeki se posa lentement. Lorsque ses pieds touchèrent le sol brûlant, elle fit disparaître son armure. Cette dernière se recroquevilla sur elle même et s'effaça dans le même tatouage qui la fit apparaître. Elle aurait presque supplié Oniri de la laisser voler, mais lorsque elle croisa son visage sérieux, elle se retint. La bourde n'était pas loin. Blasée, elle monta sur la machine, obéissant à la seule alternative qu'on lui proposait. Cependant, sa curiosité fut légèrement aiguisée, quelques secondes plus tôt, lorsqu'elle entendit ce que sa "Cousine" lui avoua. Elle avait besoin de ses connaissances ? Voilà qui toucha l'Ego de la Saibogu dans le bon sens. Attrapant les hanches de la conductrice, elle attendit que le bolide démarre. Dans un crissement fumant, l'engin fonça tel un félin enragé. Vrombissante, le décor filait à toute allure sous la vitesse de cette invention véloce. Les yeux plissés, la frange de la rebelle lui fouettait le visage. Malgré tout, elle tentait de garder un contact visuel avec son environnement en regardant par dessus l'épaule de sa supérieure.

Après plusieurs minutes de pure adrénaline, la course s'arrêta. Elles étaient arrivées à destination. Descendant du bolide, mains dans les poches, Kan' observa cette merveille de technologie quelques secondes de plus. Finalement, elle retourna aux côtés de sa guide.

— Sympa ce bolide.

Suivant Oniri, la Saibogu reçue à nouveau un compliment de la part de cette dernière. Un sourire satisfait, elle ne pipa mot, mais intérieurement, elle était fière d'entendre que son invention était rare à Suna. Assez rare pour attirer l'attention d'une personnalité telle que sa supérieure. Marchant à travers les couloirs du complexe, le duo descendit jusqu'au troisième sous-sol en utilisant les ascenseurs mis à disposition du personnel. Excitée, Kanpeki savourait cet instant : Elle n'avait jamais mis les pieds à cet endroit. Cette partie était l'une des plus sécurisée et seuls les personnes habilitées étaient autorisées à y entrer. Enregistrant chaque détails, la Saibogu passa devant un mur où était marqué, à la peinture, "D-7". Juste à côté se dressait une porte : Un modèle réduit de celle qui se trouvait sur la voie Illusionnée. S'ouvrant dans un écran de fumée, les deux femmes pénétrèrent dans le laboratoire. C'est alors que notre protagoniste vit un engin qui ne lui disait strictement rien. S'approchant, elle examina la bête puis se tourna vers celle qui l'avait emmenée ici.

— Eeeet, ça fait quoi ?

La symphonie du métal retentissait de toute part. Un peu plus loin dans le fond de la salle, deux chaudronniers martelaient des plaques d'aciers de sorte à leur donner la forme convenu sur les plans accrochés au mur. Ici la technologie n'était pas aussi avancée que dans les dernier sous-sol. Nous n'étions pas sur de l'électronique, ou de la nanotechnologie, mais davantage sur de la mécanique de pointe. Ainsi le sceau des soudures à chaud mêlés aux sont des perceuses et des scies circulaires s'accordaient dans un concert des plus stridents.

L'atmosphère était imprégné de poussière sèche tant et si bien qu'il nous fallut rapidement revêtir des lunettes de protection pour ne pas être gênées. L'odeur agressive du métal fondue planait dans l'air, mais nous ne tardâmes pas à nous y habituer. En me voyant arriver la plupart des travailleurs me saluèrent brièvement sans pour autant interrompre leurs activités. Par nature j'étais assez a chevale sur les règles et le protocole, mais je n'en demandai pas davantage de leur part, simplement le minimum syndical ce qui faisait actuellement défaut à Kanpeki. Celle-là même qui s'était approchée de la machine pour commencer à l'examiner sous toutes les coutures avant de se retourner vers-moi, l'air quelque peu interloquée par cette nouvelle invention. Lorsqu'elle demanda ce dont il s'agissait réellement, je ne pus m'empêcher de croiser les bras en arborant un sourire mi-fiers, mi-amusé.

-L'avenir ma chère. Il s'agit de l'avenir. Suivez-moi, je vais vous montrer...

Ce faisant je lui fis signe de me rejoindre. Et contrairement à ce que l'on pu croire je ne l'invitai pas à continuer d'observer la machine, plutôt à prendre place en face d'un des nombreux plans de travailles. Sur l'un d'eux était disposés un écran d'ordinateur accompagnés d'un clavier. Je fis pivoter la souris, entrait une série de mots de passes avant d'afficher les plans de notre machine. Ainsi la Saibogu put-elle voir une modélisation en trois dimensions de l'aboutissement du projet « Kamikaze » signifiant littéralement Vent Divin. Si ce dernier parvenait à son terme Suna ainsi que l'ensemble de Kaze entrerait dans une nouvelle ère technologique et d'échanges commerciaux, tout en nous permettant de palier aux nombreuses contraintes que nous imposaient la vie dans le désert.

-Il s'agit d'un engin de transport aérien motorisé. Sa vitesse sera incomparable à ce qui se fait dans le monde connu. Malheureusement nous nous heurtons à de nombreux obstacles, tant sur le plan financier que sur le plan technique.

Le plan financier n'était pas une grande surprise, et en soit nous ne pouvions rien faire pour y remédier à notre niveau. Mettre au point une telle machine coûtait une fortune d'autant plus que les matières premières se faisaient rares dans le désert. En l'état, le projet ne pouvait être rentable sans un soutien externe. Cependant, là encore, ce n'était pas mon travail. Je devais commencer par réussir à faire voler cet engin et cela allait passer par celle qui m'accompagnait.

-Deux bras et un cerveau supplémentaire ne seront pas de trop si nous voulons finir dans les temps. Notre Daimyo finance le projet et il veut des résultats avant la fin du mois prochain. Actuellement nous bloquons sur le système de propulsion et sur un éventuel système d'empennage afin de stabiliser le trajectoire.

J'insérai un port de stockage dans l'ordinateur afin d'y transférer une partie des données concernant le système de motorisation de la machine. Un fois cela fait je tendis la clé à Kanpeki.

-Voici ton livre de chevet pour les semaines à venir. Et j’oubliais... Ce n'est pas négociable. Désormais tu travail pour nous.

Oui, elle venait de se faire piéger. Je ne comptai certainement pas la laisser partir alors qu'elle avait vu tout ceci. Nous manquions par ailleurs cruellement d’effectif. Il s'agirait d'une façon pour elle de faire ses preuves. Ce faisant je la conduisait cette fois-ci vers notre invention pour qu'elle apprenne à en appréhender les différents aspects le tout en lui ayant au préalable présenté notre équipe.

Cette boîte de conserve faisait une taille impressionnante et Kanpeki regarda cet engin d'un œil critique. De toute évidence, la carrosserie était déjà en place et l'engin semblait visiblement prêt à l'usage. En tout cas c'est ce que les apparences laissaient à penser. C'est alors qu'une personne s'approcha du duo et leur fournie deux paires de lunettes imperméable à la lumière et à la poussière, en effet, les personnes travaillant le métal étaient nombreuses et les étincelles bleutées volaient ici et là à foison. De quoi rendre aveugle plus d'un abruti. C'est alors que Oniri lui indiqua que cette machine était une nouvelle avancée technologique pour Suna. En tout cas, c'est à peu près ce que sous entendait "Avenir"...

Invitant la brune à la suivre, la Conseillère ouvrit la marche et mena cette dernière près d'une table où un ordinateur de facture industrielle attendait sagement qu'on s'occupe de lui. Bras croisés, Kanpeki attendit que la femme à la chevelure d'Ivoire s'occupe de toutes les procédures nécessaire pour montrer ce qu'elle souhaitait faire voir. Des images numériques identiques à la machine qui se dressait devant ses yeux firent leurs apparitions, Kanpeki compris que ces données étaient des plans en 3D de la machine. Ses pupilles dorée ne quittaient pas le moniteur alors que les paroles de la Conseillère fluctuaient jusqu'à ses oreilles. De toutes évidence, ce projet ambitieux était loin d'être fini...

Baladant ses yeux sur les fichiers, elle put voir le nom du projet : Kamikaze. Un nom qui lui allait à ravir. Continuant à s'imprégner des informations notées sur l'écran, la jeune femme voyait que de nombreuses inconnues étaient visibles. Finalement, voyant que son interlocutrice sous entendit facilement qu'elle voulait ajouter la brune au projet, cette dernière releva la tête en direction de sa supérieure. Etonnée par les paroles, elle haussa les sourcils davantage lorsque Oniri lui annonça que le Daimyo voulait des résultats dans la trentaine de jours à venir. Ne sachant pas quoi dire, c'est hébétée qu'elle regarda la clé USB que sa comparse lui tendit.

— Euuuh... Z'êtes sur de...

Finalement, la Conseillère coupa net la discussion. Sur ce coup, Kanpeki n'aurait pas son mot à dire. Elle n'arrivait pas à croire, qu'elle, une femme qui n'avait jamais vraiment voulue s'investir dans la vie du village soit choisie pour un projet d'ampleur. Se reprenant en bombant le torse, elle s'empara de la clef sans plus de procédures. Finalement, un sourire taquin apparut sur son visage.

— Ok, je marche... Mais seulement parce que vous m'avez tutoyé, "votre seigneurie".

Faisant une courbette exagérée, elle mit, finalement, ses mains dans ses poches. Redevenant sérieuse, elle porta un regard à ce qui l'entourait, ses yeux s'arrêtèrent sur le projet "Kamikaze". C'est alors qu'Oniri se remit en marche, l'emmenant tâter la bête de près.

Ne se faisant pas prier, elle commença à contourner le Vent Divin. Tapotant la surface de la machine du dos du doigt, elle était quasi-certaine que c'était plus qu'un simple métal. Un alliage plus résistant. Finalement, elle se tourna vers sa guide.

— Ce n'est pas de l'aluminium ? Si ?

Finalement, Kanpeki retourna aux côtés de la Conseillère.

— Dîtes moi c'qui cloche. Que je sache où est-ce que je devrais commencer.