Sauvageonne en approche! [Libre]

Elle avait compris ce qu'elle avait à faire. Du moins l'espèrait-elle. Ce n'était pas dans sa cabane qu'elle se sentait bien. C'était dans cette forêt. Dans ce pays. Ce pays qui l'avait vue naître. Elle se devait d'avancer. Son ancienne demeure n'était plus, depuis longtemps. Ce n'était que cendres et souvenirs douloureux. Jamais elle ne se souviendrait des moments anciens où elle avait vécu heureuse avec ses parents. Elle ne se souviendrait pas de ces moments d'insouciance bien trop anciens.

Mais elle pouvait essayer de s'en construire des nouveaux. Tirer une croix sur le passé. Sur le Shoraizen qu'elle portait comme une croix, justement. Sur Seitô qui l'avait bien plus brisée que soutenue. Sur ses années d'errance en solitaire. Elle en était à un croisement de sa vie, et en était bien consciente. Elle devait cesser d'avoir peur et affronter ce qui l'attendait. Sans regarder ces cicatrices du passé. Oui, il y en aurait certainement d'autres. Mais c'était cela la vie.

Et Nozomi voulait se sentir vivante de nouveau.

Car elle n'avait fait que survivre durant ces derniers mois, et non pas vivre. Elle avait même failli sombrer dans la folie. Mais c'était terminé. Les temps avaient changés. C'était terminé les jours passés à soigner les blessés avec son clan sur les différents champs de bataille. La guerre était finie. Elle n'avait plus à vivre cette vie d'errance. Et encore moins en solitaire. Cette solitude qui lui pesait de plus en plus.

Elle s'était plu dans cette « famille » du Shôraizen. Qui avait volé en éclats à la mort de leur leader. Elle aimait la foret et appréciait plus que tout vivre dans la nature. Plus jamais elle ne vivrait enfermée sous terre. La jeune femme aimait également les animaux et les respectait. Et elle n'avait entendu parler que d'un seul endroit qui réunissait tout cela à la fois. Un endroit d'où venaient les dernières personnes qui avaient compté dans sa vie, dernièrement. Konoha.

La jeune médecin se dirigeait donc vers le village caché. Caché car elle n'en connaissait pas l'emplacement. Mais Howaito lui avait indiqué qu'ils n'étaient plus très loin lorsqu'ils s'étaient séparés quelques heures auparavant. Il lui avait suffit de retourner là bas, puis de laisser faire ses sens super-développés. Et de se diriger vers l'énorme quantité de chakra ressentie. Ensuite... Les hauts murs suffisaient eux-mêmes à indiquer l'emplacement du village. Ils étaient immenses et n'étaient certainement pas là pour la discrétion.

Haru et elle parcourent ce qui leur restait, et arrivèrent finalement devant les grandes portes du village. Oui, elle avait compris que c'était ici qu'elle devait se rendre. Car celle qui l'avait sauvée à deux reprises devait certainement s'y trouver. Et elle n'avait personne d'autre vers qui se tourner, actuellement. La dernière personne rencontrée s'y dirigeait également. Il devait déjà être ici, d'ailleurs. Il devait l'avoir précédée de peu. Elle se stoppa à quelques mètres des portes, son caméléon toujours perché sur son épaule. Appuyée sur son bâton de clan, elle prit la parole d'une voix claire et assez forte pour qu'on puisse l'entendre.

- « Bonjour, je me nomme Myouga Nozomi. Et je viens ici en paix. »

Une phrase qu'ils devaient certainement entendre régulièrement. A tord... Ou à raison.

- « Je veux simplement voir Aburame Miko. »

Il fallait maintenant espérer qu'elle soit de retour dans son village natal. Sans quoi, elle se sentirait bien stupide. Peu importe, les dés en étaient jetés. On avait dû la voir et l'entendre. Sans parler des censeurs qui avaient du la sentir venir. Elle n'avait plus qu'à attendre.

Assit sur une chaise dans une petite pièce avec trois autres shinobis, Natsuki essayait de travailler sur les documents étalés devant lui. L'humeur n'y était cependant pas. Il réfléchissait au programme d’entraînement auquel il voulait soumettre son étudiant, adapté à ses capacités et surtout à ses besoins. Habituellement, il avisait plutôt sur l'instant, mais aujourd'hui, il avait du temps à perdre, puisqu'il était coincé là où il était actuellement, alors autant rentabiliser.

En effet, aujourd'hui était le jour de sa garde aux Grands Remparts de Konoha. Un roulement imposé mais adaptable demandait chaque jour à ce que des shinobis de renfort soient placés à proximité des Portes du Village, cinq en général. Ces derniers n'étaient pas là pour assurer la régulation des entrées et sorties, mais plutôt pour prêter mains forte en cas de problème quelconque : si l'on avait besoin d'eux, ils étaient capable d'intervenir en une poignée de secondes seulement. Quatre restaient en station dans un petit baraquement, tandis que le cinquième profitait de l'air libre et gardait un oeil sur ceux qui entraient et sortaient . Une radio en permanence allumée sur lui retransmettait à ses collègues les conversations qu'il pouvait avoir. Parfois, les dialogues étaient cocasses, mais plus généralement, comme aujourd'hui, c'était surtout le brouhaha ambiant que l'on entendait, du bruit pénible à force que le relais radio crachotait à travers son transmetteur.

Pour sa part, Natsuki était donc dans le baraquement avec trois autres collègues. Deux jouaient aux cartes, alors que le troisième semblait concentré sur un petit boitier avec un écran dont il martelait les boutons. Lassé, le Nara tatoué repoussa sa feuille, et se bascula en arrière sur sa chaise. Son regard se porta vers la petite fenêtre de la pièce, laquelle offrait une superbe vue sur l'extérieur, dans le style prison grâce aux barreaux plantés devant. Le temps n'était pas trop moche, à en juger par le peu du ciel qu'il voyait. Ce n'était pas plus mal.

« Rien à signaler pour le moment. A votre tour de patrouiller Natsuki. » lança un shinobis en entrant dans le baraquement.

Le cinquième ninja était de retour, et son tour de garde était terminé. Il semblait pressait de venir s'ennuyer ici celui-là. Il se laisser tomber sur une chaise près de son collègue solitaire, et fit glisser sur la table la radio portative sans même la regarder. Natsuki la réceptionna d'une main, et avait déjà atteint la sortie lorsqu'elle fut attachée à sa ceinture. En refermant la porte derrière lui, il trouva le nouveau venu affairé lui aussi sur un boitier à écran, relié maintenant par un câble à celle de l'autre. Sans même hausser les épaules, il laissa ce beau monde derrière lui.

De corvée extérieure pour les deux prochaines heures, Natsuki se posa contre le mur même du baraquement, qui lui offrait une bonne vue d'ensemble sur ce qui allait et venait des Grandes Portes. Mais il n'avait pas fallu cinq minutes pour que son intervention soit nécessaire : un client sortant de l'ordinaire attendait à l'entrée. Il s'avança alors, en direction d'une femme qui était bien plus tatouée que lui, détail qui l'amusa.

« Certainement. » commença-t-il avant de se présenter d'une voix d'où ne débordait aucune méfiance, pas plus que de sympathie. « Mais encore ? »

Son haussement du sourcil droit signifiait qu'il attendait une suite dans les explications avant de la laisser passer.

« Non pas que je sois opposé à ce que vous voyez notre Hokage, mais en tant que membre de sa garde personnelle, et en l'absence de consigne de sa part, c'est à moi de vous conduire auprès d'elle. J'aimerai donc être en mesure de juger la raison qui va m'amener à vous annoncer.

Il désigna du pouce un petit pin's relativement moche près de son col pour appuyer ses dires. Pieux mensonge en réalité, qui fonctionnait déjà au temps d'Onpu, et qui facilitait la tâche de tout le monde : l'autre se sentait l'impression de parler presque directement à l'oreille du Hokage, et lui avait les informations nécessaires plus rapidement pour déterminer à quel niveau d'urgence Miko devait être informée de la présence de son visiteur. Les filtres étaient nécessaires, sans quoi le Palais serait perpétuellement envahit, parfois pour pas grand chose. Et avec les temps actuels, c'était la dernière chose dont la Dame aux Insectes avait besoin.

Passé cela, Natsuki était prêt à accepter la requête, puisqu'il n'avait à priori pas de raison de refuser, mais cela se faisait sous les conditions habituelles : se délester de l'armement à l'entrée, escorte, et lors des rencontres avec le Hokage, le sceau inhibiteur de chakra made in ANBU.. Des détails dont il lui fit naturellement part. Et en parlant de sceau, il dévisagea de la tête aux pieds, ses yeux se posant sur toute la chair qui n'était pas couverte de tissu.

« Sympathique vos tatouages. »

Cela sonnait comme un vrai compliment, pour une fois. Entre tatoués, on se comprenait.

« Risquent-ils quelque chose si mon charmant camarade de l'ANBU vous appose le sceau inhibiteur ? »

Entre tatoués une fois encore, le sous-entendu était clair : les tatouages, bien qu'élégants, pouvaient parfois s'avérer être du fuinjutsu, et vice-versa. Il passait assez de batteries de contrôles à chaque fois qu'il se rendait dans un Village Caché pour le savoir.

Et l'on était jamais trop prudent.

Elle n'attendit pas longtemps. Un homme tatoué et imposant se présenta devant elle. Imposant moins par le physique que par la force qui se dégageait de lui. Elle pouvait le ressentir même sans activer ses sens, cet homme n'était pas n'importe qui. Des multiples tatouages semblaient parcourir tout son corps, et ses cheveux arboraient quasiment la même couleur que les siens. Le premier mot qui sortit de sa bouche lui confirma que Miko se trouvait ici. Ou du moins qu'il la connaissait. Mais elle ne s'attendait certainement pas à la suite.

- « Hokage... ?! »

La surprise était de taille ! La dernière fois qu'elles s'étaient vues, Miko lui annonçait avoir tué Seitô. Il y avait quasiment un an de cela. Et voilà que désormais elle était devenue Hokage. Contrairement à elle-même, l'Aburame n'avait pas chôme durant l'année écoulée. Comment en était-elle arrivée là ? Depuis quand était-elle à ce poste ? La Myouga s'était très peu renseignée sur ce qu'il se passait dans le monde, ces derniers temps. Peut-être aurait-elle dû le faire. Ça lui aurait évité de se trouver dans cette posture. A la rigueur, si Miko ne s'était pas trouvée à Konoha elle n'aurait eu qu'à faire demi-tour. Mais là...

Son regard suivit le doigt de l'homme qui lui montrait un objet sur son col. Elle n'avait strictement aucune idée de ce que ça pouvait être, mais en déduisit que c'était quelque chose qui signifiait son importance. Une garde personnelle ? Comme si la dame aux insectes avait besoin de quelqu'un pour la protéger. Elle était la femme la plus forte qu'elle connaissait. Elle avait vécu durant des semaines en croyant abriter un furyou, avait survécu à une attaque d'un autre. Elle l'avait même protégée de Seitô alors qu'elle tenait à peine debout et aurait dû rester couchée à se reposer. Et c'était elle qui avait tué l'un des hommes les plus puissants et dangereux du monde shinobi.

- « Je suis désolée, je ne savais pas qu'elle était devenue aussi importante. J'aurais juste aimé discuter avec elle, rien de plus. Comme des... Amies ? »

L'étaient-elles ? L'errante n'en avait aucune idée. Comment pouvait-on dire de quelqu'un qu'il était ou non notre ami ? Quand on passait beaucoup de temps avec ? Lorsque l'on se sentait bien en sa compagnie ? Ou que l'on lui confiait des secrets ?

- « Si elle est trop occupée, je peux attendre. »

Elle devait certainement avoir beaucoup de choses à faire. D'autres choses plus importantes que de la recevoir sans aucun motif. L'homme lui donna ensuite différentes indications. La question des armes fut rapidement réglée : Nzomi n'en possédait pas. Sauf si l'on considérait son bâton de marche comme d'une arme. Son escorte était aussi inexistante, Haru mis à part. Qui n'était rien de plus qu'un caméléon tout ce qu'il y avait de plus ordinaire. Si l'on oubliait le fait qu'il avait survécu plusieurs mois seul sur l'île aux furyous.

- « Merci. Les vôtres aussi.»

Elle lui adressa un franc sourire suite à son compliment. Elle avait d'abord frémit sous son regard, mais elle n'avait visiblement eut aucune raison de se méfier de lui. Sourire qui s'effaça lorsqu'il prononça la suite. Comment avait-il deviné ? Il devait être un expert en fuinjutsu. Un seul coup d’œil avait certainement dû suffire pour différencier de vrais tatouages de faux. Les siens étaient peut-être dans le même cas.

- « Ce ne sont que des sceaux neutres, ou de stockage. »

Dans le seul but de recouvrir sa peau.

- « Ils n'ont rien d'autre de particulier. »

Voulait-il vérifier par lui-même ? Voilà qu'il en savait désormais bien plus sur elle que la plupart des gens. Car seuls Kôhei et elle-même savaient de quoi il s'agissait. En pensant au Hyô, elle se remémora autre chose : elle possédait également un autre sceau, sur lequel elle ne savait au final pas grand chose. Elle avait été Aizuyake et pourtant elle n'avait aucune idée de comment pouvait fonctionner celui présent dans le bas de son dos. Elle espérait simplement qu'il ne s'activerait pas. Sans quoi l'accueil risquait de se dérouler bien différemment.

Spoiler:

La réaction de Nozomi lorsqu'il évoqua le titre de Miko lui confirma que la visiteuse ignorait tout de la '' promotion '' de celle qu'elle désigna ensuite comme une amie. Il passa donc l'éponge, ne lui reprochant pas la façon familière dont elle parlait de la nouvelle dirigeante du Village. Pour cette fois en tout cas. Cela avait beau être très protocolaire, mais c'était ainsi. Miko était maintenant Hokage, et devait donc être considérée avec le respect qui lui était dû – et éventuellement mérité, plus tard.

Natsuki ne fit pas mine de réfléchir longtemps lorsque la demoiselle évoqua le motif pour lequel elle souhaitait voir Miko. Elle devait se douter elle-même que cela la plaçait assez bas dans la liste des priorités. Néanmoins, ce n'était pas une raison pour formuler les faits comme tels, ni de laisser entendre que Konoha était mauvais hôte. L'étrangère avait en apparence joué franc jeu et accepté les règles imposées, c'était suffisant pour la laisser entrer.

« En effet, notre Hokage est assez occupée en ce moment. » répondit-il en l'invitant à se tourner vers lui pour que l'un des membres de l'ANBU puisse faire son travail de poseur de sceau sur la base de sa nuque. « Pour autant, cela ne veut pas dire que vous ne la verrez pas sous peu, ni que nous allons vous faire attendre dehors. Attention, cela va chatouiller un peu. »

Chatouiller n'était pas la sensation exacte que l'on ressentait lorsque ce genre de sceau s'imprimait sur la peau, mais les ANBU, à force de pratique, savaient probablement comment s'appliquer pour limiter les effets secondaires de la pose tels que la douleur, les nausées, les vomissements ou la mort. Il supposait. Vivre avec un chakra soudainement réduit pouvant donner une impression de corps très lourd, Natsuki la tint par les épaules pour éviter qu'elle ne chancelle, et la relâcha dès qu'il la sentit prête, ce qui pouvait très bien signifier immédiatement, voire même ne pas la toucher du tout.

« Si notre Hokage vous en donne l'autorisation, vous en serez débarrassée rapidement. Je lui ferai parvenir le message que vous êtes en ville. En attendant, je peux vous montrer l'endroit où vous pouvez être hébergée pour ce soir, à moins que vous ne préfériez errer en ville par vous-même pour le moment. Dans un cas comme dans l'autre, vous aurez un chaperon pour vous accompagner, au moins pour aujourd'hui. Il répondra à vos questions ou vous guidera au besoin, même si nous savons tous les deux qu'il sera surtout là pour vous surveiller. »

Il afficha ce qui ressemblait à un sourire accueillant, puis s'écarta sur le côté.

« Ceci ayant été dit, soyez la bienvenue à Konoha. »

L'homme lui confirma que Miko avait certainement d'autres priorités que celle de la recevoir, surtout sas aucun motif vraiment valable. Elle-même ne savait pas trop ce qu'elle était venue chercher ici. De l'aide, certainement. Car il fallait bien avouer que depuis qu'elle avait quitté le Shoraizen, Nozomi était perdue. Et elle espérait que Miko pourrait lui apporter des réponses, un soutien d'une quelconque façon. Mais elle n'avait pas imaginé que celle ci puisse être passée Hokage entre temps.

Elle se laissa faire, peu rassurée lors de la pose du sceau inhibiteur. Elle s’inquiétait pour celui présent dans le bas de son dos, mais c'était visiblement inutile. Il e réagit d'aucune façon. Par contre elle dut mettre une main devant sa bouche pour ne pas empoisonner l'homme qui la retint alors par les épaules. Juste le temps de se réadapter et de prendre le contrôle sur son pouvoir. Même si il devait en avoir l'habitude, ça ne devait pas être très agréable de savoir que quelqu'un risquait de vous vomir dessus. Heureusement pour lui ce n'était pas le cas. Quelques secondes suffirent pour se reprendre et elle le remercia alors. Tout comme pour la bienvenue ainsi que les informations données.

- « Un logement ? J'avoue que je ne serais pas contre déposer quelques affaires, si je le peux. »

Même si le logement réservé aux touristes n'était certainement pas très grand. Elle s'en fichait, ce n'était pas ce qui lui importait. Elle désigna son bâton et poursuivit.

- « Histoire d'être un peu moins... Voyante. »

Elle n'était également pas contre de savoir qu'elle avait un endroit où loger pour la nuit. Même si elle n'avait aucune idée de combien de temps elle comptait rester. Ni de combien de temps Miko mettrait pour la recevoir. Tout dépendrait d'elle. Peut-être même qu'elle risquait de l'envoyer aussi sec hors de Konoha. Après tout, si elle avait coupé la tête du Shoraizen ce n'était certainement pas pour recevoir les anciens membres de cette organisation dans son propre village. Ou bien peut-être l'enfermerait-elle. C'était aussi une possibilité. Mais maintenant qu'elle se trouvait là, elle ne pouvait plus reculer. Et autant en profiter.

- « Et ensuite j'aimerais bien visiter la ville, oui. Je n'étais jamais venue à Konoha. Avez-vous beaucoup de visiteurs ? »

Elle se stoppa quelques instants avant de se reprendre.

- « Enfin, je veux dire... J'imagine bien que ce n'est pas une ville touristique, ici. C'est un village shinobi avant tout. »

Nozomi le quitta des yeux pour regarder distraitement dans la rue, gênée. Comment était-on censé se comporter en arrivant dans un village qu'on ne connaissait pas ? Et surtout, un village shinobi aussi grand que celui-ci ?

- « En fait, je ferais peut-être mieux de rester à l'hébergement jusqu'à ce que Miko veuille bien me recevoir... »

Elle se tourna de nouveau vers lui, prête à le suivre.

- « Ha, mais... Peut-être n'est-ce pas vous qui allez me « chaperonner ». Vous devez avoir d'autres choses à faire? »

Comme garder une porte, par exemple. Il devait y avoir un temps de garde ou quelque chose du genre. Du moins se l'imaginait-elle, n'en ayant strictement aucune idée.

Natsuki s'apprêtait à ouvrir la bouche pour répondre, mais se figea en mouvement quand Nozomi essaya de rattraper ses paroles. L'expression de la jeune femme le fit éclater de rire, puis une brûlure dans sa poitrine le ramena à plus de sérieux quelques secondes plus tard. Il s'efforça cependant de conserver ce sourire de bonne humeur qu'elle avait réussit à lui dessiner sur les lèvres.

« Regardez autour de vous et voyez par vous-même. » proposa-t-il en balayant du bras l'entrée du Village et ses alentours immédiats. « Si les villages miniers n'étaient composés que de mineurs, alors cela ferait longtemps qu'ils seraient tous morts de faim au milieu de leurs minerais. Konoha, comme tous les autres Villages Cachés, est pareil : c'est une ville militaire, certes, mais pas que. Beaucoup de civils vivent ici, ils n'ont juste pas accès à ce qui ne les concerne pas. Et à partir de cela, vous avez l'essentiel des circulations nécessaire pour faire vivre la Feuille : commerçants pour échanger des matières premières et secondaires, voyageurs venu prospecter, des artisans souhaitant mettre leur talent au service de Konoha – contre rémunération – etc... »

Natsuki perçu du coin de l’œil que son collègue senseur avait terminé de sonder le caméléon, et poursuivit.

« Cela d'une part, l'autre regroupe tout ce qui est davantage du domaine militaire, comme les délégations, les émissaires, ou même les shinobis comme vous qui décidez de s'arrêter quelques temps dans le Village. Là-dessus nous nous montrons un peu plus regardant, bien entendu, mais nous refusons rarement les entrées sans raison. De fait, oui, il y a quand même pas mal de visiteurs à Konoha, même si ce n'est pas le commerce de la boule à neige souvenir qui nous fait vivre. »

Des informations communes et connues de presque tous, le Nara tatoué ne révélait pas de grands secrets dans ce qu'il disait.

« C'est la première fois que vous venez dans un Village Caché, je me trompe ? Je vous sens un peu perdue. » lui fit-il remarqué tandis qu'il l'observait regarder les rues.

Il l'avait déjà déduit en voyant qu'elle n'arborait aucun symbole d'appartenance. Elle était sans doute Nukenin, une condition qui ne pesait pas dans la balance du traitement auquel elle aura droit ici.

« Libre à vous de rester enfermée par ce beau temps ou de visiter plus en profondeur le Village, je ne vous force à rien. Mais si vous craignez que l'on vous regarde de travers lors de votre pérégrination, vos peurs sont infondées ici. Le Pays du Feu est la nation centrale du continent, le cœur de tous les échanges et de toutes les routes. Niveau exotique, vous trouverez difficilement un endroit plus mélangé. Sinon, ici n'est pas différent d'ailleurs. »

Il fit un signe du bras vers une autre shinobi qui d'apparence avait à peu près le même âge que lui, des cicatrices en plus. La femme aux cheveux blonds mi-longs s'approcha d'eux.

« En effet, ce sera Ikumi qui vous accompagnera, et répondra à vos questions. En ce qui me concerne, je dois rester ici pour garder les Grandes Portes. Surveiller que personne ne les vole tout ça... Néanmoins, si cela vous intéresse, je peux assurer le relais d'Ikumi à partir de ce soir. Je vous montrerai un endroit sympathique où manger si notre Hokage ne vous à pas encore reçu d'ici là. Si cela vous convient, je vous retrouverai vers 19 heures à l'auberge de la Coupe Enflammée, là où vous passerez la nuit. »

Il avait justement besoin d'un moyen pour arrondir sa fin de mois, et ces quelques heures supplémentaires qui se présentaient à lui tombaient à pique. Il jeta un coup d’œil en direction du Grand Rempart, comme pour s'assurer que tout allait bien, puis ramena son attention sur Nozomi.

« Profitez de votre séjour pour vous vider un peu la tête, j'ai l'impression que cela vous ferait du bien. » se permit-il.

Il pouvait parler lui, avec ses cernes creusées sous les yeux. Il n'avait pas franchement le visage de quelqu'un d'épanouie au travail, n'en démentent ses sourires.

« Et éventuellement, à ce soir. »

Dès que Nozomi fut éloignée, il entreprit le nécessaire pour faire savoir à Miko que quelqu'un souhaitait la voir. Il restait suspicieux à l'égard de la jeune femme, mais pas davantage qu'envers le reste du monde. Il en apprendrait un peu plus ce soir éventuellement.

Le rire de l'homme dont elle ne savait toujours pas le nom la surprit quelque peu. Se moquait-il d'elle ? Avait-elle dit une bêtise ? S'était-elle mal comportée ? Mais il ne semblait pas avoir prit ombrage de ses paroles. Il l'invita même à observer autour d'eux, ce qu'elle fit. Elle vit des mères avec leurs enfants, des restaurateurs, des fermiers et bien plus encore. Elle cru également voir quelqu'un qu'elle avait déjà vu dans la base du Shôraizen. C'était cela, un village shinobi ? Elle continua d'observer, jusqu'à ce qu'il fasse une remarque, qui lui fit tourner la tête vers lui.

- « Je ne suis pas shinobi. Pour répondre à votre question, j'ai déjà visité un village, une fois : Suna. Mais je n'y suis vraiment pas restée longtemps, c'était il y a quelques années déjà. Et je dois avouer que je n'avais pas été aussi bien accueillie... »

Elle lui adressa un sourire de gratitude. C'était vrai, elle se sentait perdue. Mais elle avait au moins quelqu'un pour la guider. Alors qu'à Suna... Il fallait dire qu'elle était arrivée pile après l'appel de Monwa. Peut-être est-ce que ça avait perturbé les shinobi présents à bas, à ce moment là. Du moins l'espèrait-elle. Car il fallait bien avouer qu'ils lui semblaient bien laxistes par rapport à Konoha. Du moins sur les entrées et venues, qui ne lui avaient pas parues très bien surveillées.

Puis l'homme la rassura sur le village. Elle n'y serait pas remarquée, malgré son apparence. Oui, tant qu'on ne saurait pas qu'elle avait fait partie du Shoraizen et qu'elle en avait même été une Aizuyake, tout irait bien. Les gens n'avaient pas de raisons de se méfier d'elle. D'autant plus que l'on avait bloqué son chakra. Ce n'était pas très agréable mais il fallait bien s'y plier, si elle ne voulait pas avoir d'ennuis. Et comme il l'avait souligné, rester enfermée ne lui plaisait guère. Elle préférait largement le grand air.

- « Bonjour, Ikumi. »

Elle s'était tournée vers la jeune femme qui s'approchait. Puis sourit de nouveau au tatoué lorsqu'il indiqua qu'il devait surveiller que les portes ne se fassent pas voler. Chose qui devait certainement être impossible. Puis elle baissa le regard, de nouveau légèrement gênée lorsqu'il annonça la suite. Une invitation ! Elle ne s'attendait pas du tout à ça ! Est-ce qu'il invitait ainsi tous les nouveaux venus ? Ou bénéficiait-elle d'un traitement de faveur ? Elle n'avait en tous cas aucune raison de refuser. Peu importe les raisons de l'invitation, l'homme était sympathique, accueillant, avait de l'humour et de plus aimait les tatouages. Voilà qui promettait une belle soirée.

- « Merci pour le conseil. »

Se vider la tête ? Oui, elle allait essayer de simplement profiter de sa journée. Sans se soucier du reste. Puis elle lui adressa un franc sourire.

- « J'y serais. »

Sauf si Miko décidait de la recevoir pile à ce moment là. Ce qui serait plutôt embêtant. Puis les deux jeunes femmes – et le caméléon – le laissèrent à son travail. Nozomi avait un village à visiter, et une tête à vider. Ainsi que des questions à poser à son chaperon.

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