-Laissez-moi voir Kioshi !
Je me tenais devant sa tente, là, habillée en simple civile. Les deux gardes m'empêchaient de passer.

-Non, pas de Saibogu ici.
-Est-ce que je pourrais avoir vos noms ?

Les hommes se regardèrent, méfiant.

-Pourquoi faire ?
-Je tiens simplement à savoir qui est-ce que j'ai envoyé récuré les toilettes d'Ergastule à coup de pied dans le derrière pour avoir refusé d'obéir à un ordre de leur supérieur.
-Comment ?
-C'est un ordre !

Ils se regardèrent à nouveau passablement dérangés par la situation puis concédèrent à me laisser passer. Sans plus attendre j'entrais dans la tente. Déjà une boule s'était formée dans ma gorge. Je redoutai plus que jamais ce que j'allais y trouver. Jusqu'à présent je n'avais pas trouvé le courage d'aller à sa rencontre. Tout simplement parce que j'avais honte. Terriblement honte d'être la cause de ses tourments après tout ce qu'il avait fait pour moi.

Je n'avais pas le droit d'être ici. Je le savais.

Deux semaines, cela faisait deux longues semaines que je me torturai l'esprit, que je ne dormais plus et que je mangeai peu, ne cessant de me remettre en question. Devais-je l'aider ? Devais-je l'abandonner ? Méritais-je simplement d'être à ses côtés ?

Finalement je me retrouvai là. Peut-être parce que j'avais une promesse à tenir. Mon histoire n'était pas terminée, mais elle saurait attendre encore un peu.

Je le trouvai assis à une table, me tournant le dos. Il mangeai avec peu d'appétit, mais il mangeait tout de même. Un katana se trouvait à côté de lui. Je le reconnu et me contentait simplement de m'asseoir en tailleur sur le sable frais. Dehors la nuit était pleine.

 « Je mange. Contente cette fois ? Mais c'est bien pour toi que je fais ça, te méprends pas. »

Disait-il sans daigner m'adresser un regard. Il me prenait pour quelqu'un d'autre. Je savais. Désormais plus rien ne m'échappait dans Suna. Quelque part ses mots me faisaient souffrir en même temps qu'ils me rendaient heureuse.

-Toujours à agir pour les autres... Tu ne changeras donc jamais...

Ma voix était faible et douce. Je le vis se retourner, m'adresser un regard interloqué. J'étais la première étonnée à me savoir ici.

-J'espère que tu ne t'attendais pas à me voir. J'aurais voulus être présente plus tôt, mais... Il semblerait que je ne sois pas aussi forte que je l'aurais cru.

Je lui souriais timidement. Pourquoi le faisais-je ? Il n'y avait aucune raison. C'était mal venue de ma part, mais je le faisais. Et des larmes coulaient le long de mes joues.

-Regarde ça. Nous n'avons même pas encore commencé à discuter que je commence déjà à pleurer. Peut-être que moi aussi je suis irrécupérable dans le fond...

Une petite pleurnicheuse irrécupérable, mais qui était tout de même là dans l'espoir de rattraper ses fautes. Je m'essuyai le visage d'un revers du poignet. J'espérai qu'il ne s’aperçoit pas de mon état pittoresque qui avait subitement dégringolé depuis ce jour fatidique.

-S'il te plaît ne prend plus cas de ma présence. Finit ton repas. Nous pourrons discuter ensuite. Et si tu ne veux pas de moi et bien je parlerais toute seule.

Oui, prends des forces. Tu en as besoin... Moi aussi, car tu es la mienne...

Il s'était redressé, maladif, manquant de perdre pied. J'hésitai à me lever pour l'aider, mais finit par m'abstenir. Il prenait la peine d'agir et se par sa propre volonté. Je ne tenais pas à interférer. Puis il tomba à genou devant moi, effectuant ce geste qui semblait si naturel pour lui et que je n'attendais pas vraiment tout en l'espérant secrètement. Il me prit dans ses bras et me serra contre lui en s'excusant encore de ne pas être venu à mon secours. Même après tout ce qui s'était passé, il ne pensait qu'à m'aider et ce malgré son état.

-Espèce d'idiot !

Me contentais-je de dire dans sanglot étouffé. J'étais heureuse d'être avec lui. Simplement heureuse de voir qu'il ne rejetait pas la Saibogu que j'étais. J'hésitai encore un instant. Malgré tout ce qui s'était passé c'était toujours aussi difficile. Pourtant, cette fois, je passai enfin mes bras autour de sa nuque pour renforcer notre étreinte en le serrant à mon tour. Au fond de moi j'avais peur que Zanshi m'ait menti. Qu'il n'y ai aucun sceau qui puisse la ramener. Qu'elle ait dit cela pour me rassurer et m'obliger à passer à l'acte. Cela signifierait...

Non, je ne pouvais y croire. Parce que je ne me sentirai pas la force de vivre en sachant cela...

L'un contre l'autre, le temps continuait de s'écouler comme autant de grain de sable que l'on trouvait dans le désert.

Il ne chercha pas à se dérober. Et s'il avait tenté je l'aurai retenu. Je ne savais pas s'il mesurait ce que tout ceci représentait à mes yeux. C'était étrange, ironiquement, j'avais l'impression qu'il était le seul à me comprendre vraiment.

-Navrée, je me rends compte que je ne suis pas aussi douée que toi pour réconforter les autres. J'aurais voulu t'apporter plus.

A part le réprimander et le serrer dans mes bras je ne faisais pas grand chose. Je n'étais pas cette présence réconfortante, ni se savoir être qui apaiser les cœurs lourd et pansaient les plaies de l'âme. Je n'étais pas comme lui. Mais je pouvais toujours essayer de m'améliorer. Ainsi je m'écartai pour venir poser mes mains sur ses épaules lui qui avait coutume d'en faire de même pour moi. Mon front était contre le sien. La tête basse je laissai les dernières larmes couler.

Le temps passait. Nous étions toujours là.

-Elle m'était précieuse. Avant je n'étais rien, mais elle m'a beaucoup apporté. Parfois je me surprenais à la considérer comme...

Je n'avais pas le droit de le dire.

-Comme...

Je n'avais pas le droit de le penser.

-La mère que je n'ai jamais eux...

Comme la lumière qui ne devait jamais s’éteindre. Kioshi non plus. Les mots me manquaient encore, mais quelque part je savais qu'il ne servait à rien de parler.

Il ne pourrai jamais l'oublier. Les plaies de l’âme pouvaient guérir avec le temps mais les cicatrices restaient à jamais à apparentse. Il lui faudrait apprendre à vivre avec, comme je le faisais à chaque instant de ma vie.

-Tu ne seras jamais seul. Pas tant que je serais là.

Je ne pouvais jurer pour les autres, alors je le faisais pour moi.

Le vent soufflait à l'extérieur, faisant claquer les pans de tissu de la tente. Je me redressais difficilement en prenant légèrement appui sur lui alors qu'il était déjà si faible. Puis je l'aidais à mon tour à se relever. Qu'il le veuille ou non. Je me grattai la tête, n'osant pas vraiment le regarder après cette révélation. Pourtant, l'espace d'une seconde, je risquai un œil dans sa direction.

-Maintenant va finir ton repas. Je me moque bien de ton état, mais je ne tiens pas à te traîner ton pauvre corps à travers tout le désert. Une longue route nous attend.

Je n'étais vraiment pas faite pour trouver les mots, alors je tentai de me rattraper d'une autre manière.

Ses lèvres avaient à peine bougée. Je n'avais rien attendu. Mais j'avais cru simplement lire le mot « femme » tandis qu'il baissait les yeux, n'osant plus me faire face. Il parlait de Zanshi, je le savais. Elle était cette femme. Celle de sa vie ? Sans doute qu'il l'aurait souhaitait. Il en avait tant besoin. Il le méritait tant.

Mes yeux s'écarquillèrent, je réalisai enfin à quelle point j'avais été sotte. Moi qui pensais que nous étions si différent, en réalité ce n'était nullement le cas. Sauf que contrairement à lui je n'avais pas été en mesure de m'en rendre compte. Lui aussi se cachait depuis le départ. Chaque fois que je tentai d'en apprendre plus sur lui, de lui poser quelques questions, il n'avait jamais eut de cesse de rediriger le sujet sur moi, sur mes problèmes. Pourquoi ne l'avais-je pas réalisé plus tôt ?

Décidément tu n'es qu'un imbécile et moi une idiote.

-Kioshi...

Il n'osait plus me regarder comme si le schéma s'était finalement inversé et moi j'étais pleine de compassion à son égard, de compassion et de chagrin.

Les paroles qui suivirent furent douloureuses d'autant plus qu'elles venaient de lui.

-J’essayai de recouvrer mes esprits. Je ne pensai qu'à venir te voir... Pardonne-moi... Cela à été si long...

A mi distance de lui, je penchai légèrement sur le côté. Je compris alors qu'il se cachait pour pleurer. Kioshi... Lui qui s'était toujours montré si sage, si attentionné, si fort. En réalité sa carapace était juste plus solide et épaisse que la mienne. Elle avait cependant finit par se briser et c'était entièrement de ma faute.

J'hésitai encore. Mes bras vinrent l'entouré et je le serrai contre moi. Cette fois-ci il s'agissait de mon initiative. C'était la première fois que j’agissais ainsi envers une autre personne que Yami. A croire qu'il commençait autant à compter pour moi.

-Tu m'as appris à montrer mes larmes devant de toi. Tu peux aussi le faire Kioshi. Tu n'as plus besoin de te cacher. Je suis là... Nous sommes tous là... Nous ferons tout pour t'aider.

A ces mots j'imprégnai mon étreinte d'une certaine douceur. Mon corps n'était pas aussi chaud que le sien. Ma présence n'était sans doute pas aussi réconfortante, mais cela ne m'empêcherai pas de continuer d'essayer. Encore et encore, parce qu'il était quelqu'un d'important pour moi.

Il parlait mais ses mots n'avaient aucun sens. Il cherchait la faille dans chacune de mes paroles pour les tourner en dérisions. Je ne lui en voulais pas, car je le comprenais, seulement je ne savais pas vraiment comment m'y prendre pour l'aider. Autrefois j'aurais parfaitement été en mesure de le manipuler, jouant avec moult formulation de langage alambiqué pour le mener exactement où je l'aurais souhaitai. Devais-je le faire ? Devais-je lui mentir ? Faire preuve de malhonnêteté pour son bien ? Quelque part je le faisais déjà.

J'avais parfois l'impression que tout ceci n'était qu'une immense farce, ou alors un cauchemar dans lequel j'avais un rôle principal. Cependant cette fois-ci je ne me réveillerai pas. Car ce fameux cauchemar n'était autre que la réalité. Il me faudrait vivre avec ce fardeau. Tout ce que je pouvais faire étant alors de tenter d'apaiser les souffrances des autres.

Il pensait pouvoir la faire revenir. J'écarquillai les yeux d'horreurs, comprenant immédiatement ou est-ce qu'il voulait en venir. Il se plaça devant moi pour constater ma réaction. J'étais presque tétanisée et ce par tant de choses. S'il y avait une chance que Zanshi ait survécu, Aare était certainement au courant et cela aurait pour conséquence de détruire tout ce pourquoi nous avions œuvré. Au contraire nombreux seraient ceux qui souffriraient des conséquences de cette révélation.

Pourtant, je me rendais compte que je n'en avais strictement rien à faire de mon sort. Pour moi, la vie ne rimait déjà plus à grand chose, mais il restait encore ceux que j'aimais et Kioshi en faisait parti.

Aussi, ne pouvais-je pas laisser ce monstre qu'était le Nidaime lui faire du mal.

-Rien ne me ferait plus plaisir de la retrouver, de te voir sourire à nouveau. Cependant, ma réponse est la même que lorsqu'il ma proposé de sauver Yami et de ressusciter Shinji.

Je posai ma main sur ma poitrine, sentant l'objet métallique froid collé contre ma peau. Depuis peu j'en possédai également une.

-Toutes ces personnes, tous ces noms. Le poids de leur vie que tu portes en permanence sur tes épaules. C'est pour cette raison que tu es aussi protecteur avec les autres...

Je n'avais pas été en mesure de le comprendre plus tôt. Cependant, je me demandai si cela aurait changé quelque chose. Comme moi, il semblait destiné à souffrir pour les autres. C'était pour cette raison que je le protégerai, quoi qu'il m'en coûte.

-Ne souille pas sa mémoire en jouant avec son âme. Nous le savons, elle nous aime, mais elle ne souhaitera jamais revenir ainsi. Aare n'est pas digne de confiance. Il s'en est prit à Yami. Zanshi a assez souffert, toi également. Si nous l'aimons vraiment, nous devons la laisser partir...

Mes doigts s'était resserré sur ses avant bras. Il s'était éloigné pour me dévisager, mais je le tenais toujours.

-Mais toi je ne te laisserai pas partir... Pas encore...

Mon regard était suppliant, les larmes que je versai pour lui l'étaient également.

-On ne lui a pas laissé le choix. Mais jusqu'au bout, elle s'est battu pour nous...

Et je continuerai d'en faire autant, de perpétrer sa volonté quoiqu'il advienne. Et toi, pourquoi refuses-tu de te battre ?

-Évidemment qu'elle aurait voulut rester ! Évidemment qu'elle ne voudrait ne plus nous voir souffrir ! Mais tu sais très bien qu'en appelant Aare c'est nous tous que tu condamnes à la souffrance. Aussi bien elle, que toi, que tous les autres.

Le ton de ma voix était monté d'un cran tout autant que le sien. Parce que j'étais réceptive à son état je me rendais compte qu'inconsciemment je me calquai sur ses propres réactions. Il continuait dans son discours imprégné de volonté mais dénué de raison. Je continuai de lui répondre comme si les mots venaient d'eux mêmes.

-Non ! Tu n'as pas le droit de partir ! Parce que si tu fais ça c'est moi qui souffrirait à mon tour. Tu m'as appris à me battre, à exister à travers et pour les autres alors fais en autant. Nous nous sommes encore là ! Si tu ne peux plus te battre pour toi-même ni pour Zanshi alors fais le pour nous, comme nous continuerons de le faire pour toi !

Comme si c'était aussi simple. Mourir n'était pas la solution. Cela ne faisait que rajouter des maillons à cette interminable chaîne de souffrance. Mais, elle n'était pas indestructible, elle pouvait être brisée. Cependant on ne pouvait le faire qu'avec l'aide des autres.

Mes doigts étaient serrés, raidis par la crainte. Mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Le voir ainsi, si faible, si maladif et moi impuissante, incapable de l'aider, cela me faisait si mal... Pourquoi n'y arrivais-je pas ? Pourquoi en étais-je incapable ? Il méritait de sourire. Alors pourquoi devait-il souffrir ainsi ?

Malgré le non sens que renfermaient son discours, il avait raison sur un point. On ne lassait pas partir quelqu'un que l'on aimait.

-Et qu'est-ce que tu crois que j’essaie de faire espèce d'imbécile ? Bien sûr que je t'aime ! Et c'est pour ça que je ne te laisserai jamais partir, que je continuerai de te soigner jusqu'à ce que tu ailles mieux, que tu le veuilles ou non !

Je tremblais. Je m'en rendais compte seulement maintenant, mais je m'en moquai bien. Je plongeai mon regard avec intensité dans le sien, le mettant au défit d'oser à nouveau prononcer de telles paroles...

-S'il te plaît... Restes avec nous...

Je le voyais, mais il n'était pas vraiment présent. Il vivait, mais agissait comme s'il était déjà mort. Il se croyait seul alors que j'étais là...

-Je te l'ai dis, rien ne me ferait plus plaisir que de la revoir. Si je m'écoutai... c'est ce que je ferai !. J'aurai demandé à Aare de la ramener et de soigner Yami également ! Mais je ne peux supporter que l'on puisse se jouer ainsi des vivants et des morts. J'ai le sentiment que l'on ne gagnera que souffrance en tentant d'aller à l'encontre de l'ordre continuel des choses...

Ce n'était pas dans mes principe, peut-être parce que j'étais une Saibogu. Mais je ne pouvais supporter cette idée car ce serait si mal honnête, si inéquitable. Nous finissions tous par perdre ce que nous aimions un jour jusqu'à finalement nous perdre nous-mêmes. Cela faisait parti de la vie. Si nous voulions avancer, nous n'avions d'autre choix que de l'accepter.
Il chercha à reprendre son calme. Et je m'efforçai d'en faire de même si c'était difficile.

-Elle est partie, nous ne pouvons plus rien y faire. Nous ne pourrons jamais nous en remettre c'est indéniable. Néanmoins nous sommes encore là. Partir ne ferait que transmettre notre souffrance aux autres qui se mettront à leur tour à nous pleurer, et cette chaîne continuera de perdurer sans fin. Ce serait égoïste, nous ne pouvons pas faire cela...

Tel était la différence. J'ignorai pourquoi je m'incluais dans ces paroles. Les mots me venaient naturellement. Dans son état actuel il aurait été irraisonnable de vouloir le raisonner, pourtant je continuai de le faire. Parce que moi aussi j'étais une imbécile capable d'aimer.

-Tu veux que je me montre honnête ? Je n'ai jamais cessée de l'être. Chacun de mes mots, de mes faits et gestes était un appel à l'aide et tu es le seul à avoir réussi à me comprendre.

Il voulut ouvrir la bouche pour répliquer, mais je ne lui en laissait pas le temps, posa un index sur ses lèvres sans autres sommations.

-S'il te plaît tais-toi...

Je ne voulais pas que tout soit gâché par la perdition qui gangrenait son cœur. Il n'avait pas le droit, pas après tout ce qu'il avait fait pour moi. Aujourd'hui j'espérai pouvoir lui rendre ce qu'il m'avait donné.

-Tu veux vraiment savoir ? D'accord...

Je plaçai mes bras autour de sa nuque et l'attirai contre moi pour l'enlacer, laissant son visage reposer dans le creux de mon cou. Je le serrai avec toute la douceur, l'affection et la compassion qui lui était dû, à savoir tout ce que j'éprouvai pour lui. J'étais là pour le réconforter. Ma joue était collée contre la sienne et je pleurai une fois encore, cependant, cette fois-ci c'était pour lui que je versai ces larmes.

Parfois les mots sont si dérisoire face à l'assurance des actes. Je le réalise enfin. Et toi tu sais désormais à quel point tu comptes à mes yeux.

Il y avait cet adage qui disait que l'on faisait du mal à ceux que l'on aime, mais il oubliait de préciser que l'on souffrait tout autant en retour. Kioshi n'aurait d'autre choix que de vivre en ayant perdu sa bien aimée. De mon côté il me faudrait vivre dans l'ignorance et dans la crainte d'avoir commise l'irréparable. Je me surpris alors à tant souhaiter la retrouver à mon tour, incapable de réaliser la portée de mes actes. Était-elle réellement en vie ? M'avait-elle menti ? Je n'en savais rien.

En soit l'ignorance était une force. Elle me permettait de tenir bon pour celui, qui encore, continuait de s'inquiéter pour moi même après qu'il eut tout perdu.

-Je pleure pour toi, pour Zanshi, pour tous ceux qui me sont chers...

Étant petite je ne pleurais jamais, même lorsque j'étais seule. Ce qui arrivait très souvent. Cela avait finit par me rendre égoïste et amer. Maintenant, j'étais entourées ils étaient là et je pouvais enfin pleurer. Ces larmes, Kioshi n'avait pas idée de ce qu'il avait fait. Elles coulaient enfin, c'était une libération...

Pensait-il que je ne pouvais comprendre ?

-Et toi tu ne sais rien. Tu n'es qu'un idiot...

A ses paroles je le serrai davantage contre moi, comme par crainte de le laisser partir, lui, comme tous les autres. J'avais moi-même déjà perdu un être cher gardant aussi ce gouffre dans mon cœur qui encore aujourd'hui ne demandait qu'à être comblé.

-Oui, je sais qui tu es. Je sais ce que tu serais prêt à faire pour les autres. Mais tu ne sembles pas réaliser ce que les autres feraient pour toi.

Tous ensembles nous devions être unis pour braver les flots impétueux de l'existence. Cette dernière se montrait parfois si cruelle, si injuste, mais il y avait ces instants fugaces quand l'amour parvenait à transcender l'abîme que nous pouvions enfin goutter pleinement au bonheur. C'était pour ces quelques moments d'insouciances que nous continuions d'avancer. Je voulais lui redonner la possibilité d'y croire, d'entrevoir l'avenir en un lendemain nouveau...

-J'ai mal également...

Je passai une main dans ses cheveux, comme pour un enfant que j'aurais voulus réconforter. Quelque part c'était cela.

-Lorsque je t'ai connu, je n'étais plus grand chose. Seulement l'ombre d'une fille égarée. Toi, en grand imbécile borné, tu es parvenue à lire entre les lignes de mon cœur. Et sans que je ne m'en rende compte tu as, petit à petit, réussi à me reconstruire. Cela n'est par terminé. Mon travail ne fait que commencer. Mais pour la première fois de ma vie j'ai l'impression d'aller quelque part.

Nous le connaissions. Yamada Kioshi. Mais lui semblait l'avoir oublié. Il devait se rappeler ; savoir tout ce qu'il avait accomplit jusqu'à présent. Je me relevai. Le visage larmoyant, trouvant le courage de soutenir son regard.

-Tu ne seras plus jamais le même toi non plus. Aujourd'hui il est temps pour moi de te rendre tout ce que tu m'as donné. Non pas par devoir, ni par obligation. Simplement parce que je désir le faire, parce que je veux être là pour toi. Et en échange tu devras me faire une promesse...

Je me penchai légèrement en avant laissant mon visage à quelques centimètres du sien, le toisant de mon unique œil d'or d'un regard déterminé, presque sévère.

-S'il te plaît, reste cet imbécile borné que tu as toujours été...

Il y avait cet adage qui disait que ceux qui nous aimes nous font du mal. Mais il oubliait de dire que l'on continuait de les aimer malgré tout

Un mince sourire apparut sur ses lèvres. Le voir ainsi me rassurait tant. En ces temps troubles, il ne m'en fallait pas davantage. Il me demanda alors ce que j'aurais fais en retour s'il avait donné davantage. Je haussai des sourcils circonspects au-dessus de mes yeux rougis par les larmes.

-Je ne sais pas. Sans doute autant, peut-être plus. Qui sait ?

Sûrement pas moi. Je répondais simplement, sans réfléchir. Tant que cela aurait put l'aider, j'aurai sans doute été à prête à tout faire, mais déjà, ce sourire sur son visage sonnait comme une récompense. Il méritait tant, mais j'avais l'impression de ne pas le voir suffisamment ainsi. Alors je limitai également, sans honte ni effort. Un sourire honnête qui venait du cœur.

-Ma moto peut attendre encore... C'est la dernière de mes préoccupations...

Sitôt je me dépêchai d'essuyer les quelques larmes encore présente sur mes joues. Kioshi s'écarta, semblant chercher quelque chose. Je ne le quittai pas du regard. Il renouvela ma proposition de sortie. J’acquiesçai d'un signe de tête, l'attrapa par la main pour l'entraîner lentement vers l'extérieur. Il éprouvait encore de grandes difficultés pour marcher tant et si bien que je restai à ses côtés, le tenant par le poignet, prête à lui venir en aide à tout instant.

Les deux jônin gardant l'entrée de la tente manquèrent de s'exclamer, désapprobateur, en voyant le Yamada sortir, mais un simple regard sévère de ma part suffit à les remettes à leur place. A l'extérieur la nuit était pleine et la lune fuyante dans son croissant d'argent vers le lointain. Le ciel était parfaitement dégagé. Lentement, pas à pas, nos pas foulaient le sable frais.

Nous avancions.

Prenant la direction vers la voix illusionnées j'aurais espéré partir beaucoup plus loin, mais je savais que l'état de Kioshi ne nous le permettait pas. Il nous faudrait nous contenter de la bordure du village pour cette fois.

-L'autre fois, tu disais que nous devrions prendre la peine d'en apprendre un peu plus sur les coutumes des autres clans. J'ai donc essayé de m'intéresser au tien. Je t'avouerai que certaine chose sont difficiles à comprendre pour moi. Cependant, une histoire où plutôt une légende conté par les votre à attirée mon attention. Celle du Yamada qui aurait façonné le désert de Kaze. Peux-tu me la raconter ?

Le côté traditionnel et rustique de son clan était quelque chose que j'avais beaucoup de mal à assimilé, moi qui était une Saibogu. Pourtant, s'il y avait bien une chose qui me passionnait, c'était les mythes et légendes issue des différentes cultures. J'abordai ce sujet là car je savais que cela ferait plaisir à Kioshi. Son clan, ses origines, seraient certainement plus positifs que de parler de Suna.

Le voile fantomatique de la nuit nous enveloppait. Kioshi s'était arrêté un instant à la Voix Illusionnée afin de récupérer ses forces puis nous avions repris notre route sans aller vraiment loin, seulement une suite successive de pas pour rejoindre le désert. La Mur n'était même pas à une centaine de mètre dans notre dos. Immense, il jetai son ombre sur nous.

Le Yamada rejoignit ce sable qu'il semblait tant chérir. Avant de m'apporter la réponse à cette fameuse histoire aux multiples facettes. Je sentis son regard se poser sur moi alors que durant un instant, ma conscience s'était perdue dans les méandres infinies des cieux étoilés. Il faisait sombre, la lune n'était pas pleine. Le sable avait perdu de sa couleur d'or. L'air était frais, la brise inexistante. Le monde n'était plus tandis que le temps se retrouvait en suspens. Il aimait le désert parce qu'il s'agissait d'un lieu où il pouvait se retrouver. J'aimais le désert parce que je pouvais m'y perdre.

-Toutes, je veux toutes les connaître. Chaque légende contient une part de vérité...

Mais ce ne fut pas à cela dont j'eus droit. Je ne comprenais pas. Il recommençait à me questionner. Je restai impassible, debout devant son corps allongé, le regardant dans les yeux tandis que le silence imposait en maître d’œuvre sa douce mélodie. Celle-la même que je finis par briser d'un murmure, telle une douce brise effleurant les dunes.

-Pourquoi ? Pourquoi chercher à me connaître ? Je n'ai jamais rien fais de spécial pour toi. Je n'ai rien fais qui mérite tant d'attentions. Es-tu ainsi avec tout le monde ? C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui s'intéresse à moi de la sorte.

Mais aussi et surtout le premier à vouloir connaître mon passé. Yami elle-même ne savait pas car elle ne m'avait jamais posé la question. Je tombai dénue. Attendant sa réponse. Que devais-je faire ? Après tout ce qu'il avait fait, il méritait sans doute de savoir. Mais la vérité était beaucoup trop longue et contenait également son lot de noirceurs auxquelles je ne voulais pas de nouveau faire face en étant obliger de tout narrer.

Un nouvel instant, je poussai un soupir.

-Très bien, tu as gagnés. Je vais te raconter le début. En retour tu feras de même. Tu me diras qui est Kioshi, non pas cet homme renommé de Kaze, mais ce Yamada ayant grandit dans le désert qui du mettre de côté ses traditions nomades pour élire domicile à Suna. Tu ne me l'a jamais dit, mais je sais que tu souffres depuis longtemps et cela remonte certainement bien avant notre rencontre.

A ces mots je m’essayai en tailleur sur le sable, juste à côté de lui. J’essayai de me préparer psychologiquement à ce qui allait suivre.

-La vérité est que je ne suis pas originaire de Kaze, mais de ce pays enneigé situé à l'autre bout du continent qu'est Yuki. Mes parents se sont rencontrés là-bas. J'y ai vécu jusqu'à mes quatre ans, cependant je n'en garde que peu de souvenirs.

Des souvenirs qui n'en étaient pas moins marquant. Mes pieds nus foulant la neige. L'immense forêt de pins bordant cette montagne. La chute continue des flocons sur mes vêtements. Ce petit chien dont j'avais oublié le nom. Et puis il y avait elle, son visage...

-Mes parents se sont rencontrés là-bas, mais ont finit par se séparer. Mon père ma alors ramené avec lui à Kaze. Il n'a jamais voulu me parler de ma mère. En réalité, il ne m'a jamais vraiment parlé tout court...

Mes doigts se resserrent sur les pans de tissus de mon short. Toute l'histoire de mon enfance, l’incompréhension, la solitude, la peine, la souffrance.

-La... la suite tu la connais... En grandissant je suis tombée dans de nombreux travers. J'ai multiplié les erreurs dans l'espoir de me faire un jour remarquer par mon père, mais cela n'a mené à rien...

J'expirai lentement car tout ceci m'avait coûté grand. Je tremblais légèrement revoyant toute ma vie défiler devant mes yeux. Cela faisait mal. Je n'aimais pas cela. Mes larmes commençaient à remonter, mais je tentai de les réprouver. Je n'étais plus une petite fille. Je devais arrêter d'être si faible...

-Voilà, tu sais à présent. Ce n'est pas toujours facile, mais j'ai des amis sur qui compter à présent...

Instinctivement, je posai le bout de mes doigts dans la paume de sa main. Il ne savait pas qu'il s'agissait que le début de mon histoire, la suite était bien plus horrible. Parfois je me demandai comment celle-ci allait finir...

Les souvenirs étreignaient mon cœur. C'était si douloureux. Seulement quelque part au fond de moi, j'avais enfin l'impression de me sentir un peu plus légère.

Il était-là pour m'écouter, me réconforter, me comprendre... Je réalisai à présent à quel point j'avais besoin de cela. Parfois je me disais qu'il était trop tard pour revenir en arrière et accorder ma confiance aux autres. Heureusement il y avait de ces personnes comme Kioshi qui, petit à petit, me réapprenaient à vivre.

Souhait-il que je parle encore ? En effet, ce n'était pas tout, il y avait encore tant à dire. Seulement je ne me sentais pas le courage de tout lui raconter. Lui parler de mes origines, de mon passé avait consisté en une épreuve pour moi car, en quelques instants, j'avais vu ressurgir sous mes yeux tous les fantômes de mon enfance. De nombreuses questions subsistaient. Dont la principal étant « Pourquoi ? ». Pourquoi étions nous partis ? Pourquoi ma mère m'avait-elle abandonnée ? Pourquoi mon père se montrait-il si distant ? Encore à ce jour je ne trouvais pas le courage d'aller directement le lui demander.

-Oui, ce sera tout. Pour cette fois... Dis-je en lui adressant un regard triste.

Le problème n'était pas résolu, il ne le serait sûrement jamais. Néanmoins l'espace d'un instant au milieu du désert par cette nuit étoilé, je n'avais plus à porter ce fardeau. Mon regard quitta celui du Yamada pour contempler le firmament, rêveuse que j'étais. Les souvenirs seraient toujours là. Ils faisaient parti intégrante de moi. Depuis ce jour où j'étais redevenue moi-même, je m'étais promise de ne plus jamais oublier.

-C'est parce que j'ai décidé d'accepter mon passé que je suis devenue celle que je suis aujourd'hui.

Les yeux rivés vers les étoiles, j'eus sourire mélancolique.

-Et crois-moi, ce n'est pas toujours facile... Mais je continue d'avancer, pas à pas...

J'étais encore loin d'entrevoir la sortie de ce dédale sombre et sinueux. Mais au moins je savais à présent vers où me diriger. Les paroles qui suivirent furent pour moi d'un grand réconfort. Savoir que Zanshi m'avait remarquée et que je comptais certainement à ses yeux. Au départ je recherchai la gloire. Finalement je ne m'étais entraînée afin qu'elle soit fiers de moi. L'opinion qu'elle avait à mon égard m'importait plus que quiconque.

Lorsque Kioshi se releva j'eus un léger mouvement de recul. Je ne voulais surtout pas le gêner, lui qui était si affaibli par ces longues semaines de jeûne. Mais il n'en fit rien. Sa main resta agrippée autour de mes doigts. Il s'approcha pour coller son front contre le mien. Nous étions si proche. Je n'osai pas le regarder dans les yeux. Lorsqu'il renvoya une mèche de mes cheveux derrière mon oreille, je cru qu'il allait m'embrasser. Hors ce ne fut pas le cas et je me retrouvai de nouveau contre lui. Décidément cet homme était vraiment trop tactile..

Seulement cette fois ce ne fut pas pour me déplaire. Je n'étais pas habituée à ce que l'on me porte tant d'attention. Qu'importait la raison ou encore les sentiments. J'étais contente qu'il soit là pour moi. La tête posée sur son épaule, une larme apparut. Une seule et unique larme qui glissa le long de ma joue pour atterrir sur mes lèvres souriantes.

-Elle me disait qu'un jour mon père saurait reconnaître ma valeur...

Je ne savais pas si je devais y croire. Cette idée avait cependant le mérite d'exister.

Mes bras entourèrent sa nuque tandis qu'il me contait toutes ces différentes histoires. La plupart finissaient tristement. Puis vint la partie qui m'intéressait le plus, à savoir le passé du Yamada. Qui ne semblait guère se démarquer des autres, mais je n'y croyais pas totalement. Si son enfance en tant que nomade ne recelait rien de particulier alors peut-être que son problème venait d'ailleurs.

-C'est étrange, à entendre toutes ces histoires. On a l'impression que votre pouvoir et une malédiction. Pourtant quand je te vois toi, j'ai l'impression que c'est l'inverse...

Je m'écartai lentement de lui, avant de lui administrer une petite pichenette sur le front.

-Tu réchauffes le cœurs des autres...

Je m'écartai un peu plus, reprenant ma position assise juste en face de lui. Les bras croisés j'essayai d'attirer son attention.

-Continu de me parler de toi. J'imagine que ton histoire ne s'arrête pas là. Tu as également du vivre de nombreuses choses pour devenir celui que tu es.

Musique ♫:

-Ce que je cherche à savoir... C'est qui tu es réellement...

La question m’interpellait depuis déjà longtemps. On ne venait pas ainsi en aide aux autres sans raisons. Lui a qui je n'avais jamais rien demandé avait toujours été là. Et c'était ce qui nous avait permit de nous rapprocher. Sans que je ne m'en rende compte et sans que je en sache trop pourquoi, j'avais appris à lui faire confiance. De ce fait il était naturel pour moi de vouloir en apprendre plus à son sujet.

Il me tourna le dos puis posa sa tête sur mes genoux. Je ne réagis pas immédiatement. S'il agissait ainsi, ce qui signifiait-il qu'il tenait à moi ? Quelque part cela me rassura. Cela voulait dire que je comptai pour lui, que j'existai... Mon regard se plongea dans le sien. Ses yeux reflétaient les étoiles. Au milieu de la nuit ils paraissaient presque noir. Je glissai mes doigts dans ses cheveux pour venir renvoyer vers l'arrière ces quelques mèches qui retombaient devant son visage. Une nouvelle fois il voulu lancer ce jeux des questions. Le même que nous avions échangé le jour où j'étais venue chez lui. Dans le fond cela me paraissait honnête, car il nous permettait à tout les deux d'avancer, d'effectuer un pas l'un vers l'autre.

-D'accord. Alors dis-moi. Qu'est-ce qui te fais le plus souffrir ? A part Zanshi.

Je voulais connaître l'origine de ce mal présent en lui. J'étais parvenue à le ressentir. S'il m'estimait secrète pas nature lui l'était tout autant que moi.

« Difficile à dire... Surtout elle en ce moment... Sinon il y a eu chacun des noms gravés sur mon pendentif... Chacun de mes échecs... »

Quelque part cela ne m'étonnait guère. Graver des noms sur des pendentifs, nous ne le faisions pas à tous a moins que cela ait une signification particulière. Moi-même je n'avais pas encore eut le courage d'inscrire ceux des personnes que j'avais perdu.

« Que me caches-tu encore ? »

Je cachai tellement en plus de certaine chose dont j'ignorai l'existence.

-Tout ce que j'ai pus gagner et perdre en devenant une Kunoichi.

Il y en avait temps. Le fait de ne plus pouvoir enfanter, mon œil gauche, d'avoir une famille, d'avoir prit le risque d'aimer certaine personne qui m'ont fait souffrir en retour. Et aujourd'hui je me retrouvai là, dans le désert, avec la tête de cet homme posée sur mes genoux. Il avait besoin de réconfort, et pour ce faire, j'avais besoin de le comprendre.

-Qui sont ces noms gravés sur ton pendentif?

Il plongea sa main dans col de sa chemise pour me montrer ce fameux pendentif. La nuit était pleine, ce qui n'était pas le cas de la lune ne qui nous éclairait que brièvement. Pourtant, en me concentrant suffisamment mon œil droit s'adapta instantanément à l'obscurité, je fus en mesure de lire les nom qui y était gravé. Yamada Kizoku, Ao Kuroi, Samui Yuki, Habashi Zanshi. Je connaissais les deux derniers, mais pas les deux premiers.

« Quel est ton plus grand regret ? »

Il aurait s'agit de Yami, de tous les autres, des nombreuses erreurs que j'avais commise. Pourtant ce fut cette réponse qui me vint directement à l'esprit.

-De n'avoir jamais eut de famille...

C'était sans doute pour cela que j'avais voulu considérer Zanshi comme une mère de substitution.

-Qui sont Yamada Kizoku et Ao Kuroi ?
« Ca fait deux questions... »
-Je répondrais aux deux prochaines.

Il marqua une longue pause, semblant hésiter. Légèrement penchée sur lui je l'observai attentivement. Mes doigts continuaient de caresser ses cheveux. Si c'était difficile pour lui d'en parler, je voulais qu'il trouve en moi le courage de le faire.

« Ao Kuroi est un Jonin qui s'est sacrifié pour me sauver la vie... Et Yamada Kizoku est mon petit frère »

Je me figeai d'étonnement. Ao Kuroi me disait quelque chose, mais Kizoku... Kioshi avait un petit frère ? Je l'ignorai et cette révélation me laissa sans voix. Était-ce donc la raison de son caractère si protecteur ? Je fus éprise d'un profond sentiment d'empathie à son égard. J'avais de la peine pour lui. Je voulais le protéger...

« Quel est ton plus grand secret ? Et si tu retrouvais ta mère, que lui dirais-tu en premier ? »

J'étais encore secouée par cette révélation. Il me fallut davantage de temps pour donner une réponse. Mon plus grand secret n'était pas celui lié à Zanshi pour qui j'avais accomplis mon devoir jusqu'au bout, mais il concernait une autre personne.

-J'ai aimé la mauvaise personne Et par ma faute elle a blessé quelqu'un qui m'était cher.

L'être aimé fut Yusuke et il avait fait du mal à Kioshi. Cette erreurs de jugement était ma plus grande honte. Par ma faute, il avait faillit perdre la vie. Lui n'en savait rien et continuait de me faire confiance...

La deuxième réponse, bien qu'aussi douloureuse, fut plus facile à donner

-Si je la retrouvais, je lui demanderai pourquoi est-ce qu'elle m'a abandonnée...

Que lui est-il arrivé? A ton frère?

Une fois encore il mit un certain temps avant de répondre, preuve que cette blessure n'avait jamais cicatrisé.

« Je croyais que tu étais venue pour me remonter le moral... On en parlera une autre fois... »

Alors il tentant de se redresser malgré son état. Il voulait partir. Moi je ne voulais pas. Il avait besoin d'aide... Je comprenais l’erreur que je venais de faire, mais je ne regrettai pas mes paroles, enfin je savais. Il venait tout juste de se relever, que je me penchai en avant pour attraper l'une de ses mais et entouré sa taille de mon autre bras, le tout avec une infinie douceur. Mon buste était plaqué contre son dos et mon front reposait sur sa nuque. Il était troublant pour moi de constater à quel point je me sentais en sécurité en étant ainsi proche de lui.

-Je suis venue pour toi. Je cherche à te comprendre, à t'aider. Alors s'il te plait reste. Nous n'en parlerons plus...

Nous étions si différent et si similaire. Comme moi il fuyait devant les affres de son passé. Et comme lui je serais là pour panser les plaies de son âme.

S'est parent ? Que pouvait-il bien faire dans cette histoire ? Je n'avais jamais entendu parler d'eux. En réalité je me rendais compte à quel point je ne savais que peu de choses sur la vie de Kioshi. Je m'écartai légèrement, tenant toujours son poignet et me plaçait devant lui.

-Tu parles de moi, mais tu es également si secret.

Le jeu du miroir, à croire que la situation s'était inversé. Il voulut alors remettre les choses en ordre, qu'une fois encore on cherche à parler de moi. Peut-être s’intéressait-il aux autres pour se fuir lui-même ? Au font et d'une certaine façon il était quelqu'un d'égoïste. Un jour je lui parlerai de cela. Dans l'immédiat, il n'était pas prêt à l'attendre. Il ne saurait comprendre.

-Yami ?

M'exclamais-je dubitative. J'avais été tellement focalisé sur la personne de Yusuke en parlant de cette histoire qu'elle ne m'était pas venue à l'esprit.

-Non ce n'est pas elle. Mais je pense que nous avons eux assez de révélations pour ce soir. Passons à autre chose.

Je passai ma main dans la sienne, celle que je tenais déjà par le poignet pour l'attirer dans la direction opposé au village. Le désert était immense et froid. L'infinité et le firmament nous tendait les bras.

-Cela n'ira pas mieux enfermé entre quatre mur ou dans une tente. Suis-moi, nous allons par là.

Je prenais soin de lui, m'assurant de ne pas trop susciter son corps affaibli, l'aidant à avancer si nécessaire, nous arrêtant si nécessaire. Rien ne pressait. Le temps, la vie, le monde, tout ce qui était à côté ne devait plus avoir d'importance.

Oui, j'avais toujours été telle quelle que ce soit durant mon enfance ou maintenant. Je ne savais pas pourquoi, mais j'avais l'impression que ses paroles sonnaient presque comme un reproche. Il était vrai qu'il avait fait tant pour moi en persévérant là où de nombreuses personnes auraient abandonnées. Malheureusement ce n'était pas aussi simple. Certains fait s'avéraient fermement ancrée en moi. Même si je savais qu'ils n'avaient pas lieu d'être je ne pouvais m'en débarrasser si aisément.

-Ce n'est pas si facile. J'ai grandi seule au milieu d'un monde mondain, là où les apparats et la facétie étaient maîtres d’œuvres. Ne jamais montrer ses faiblesses, ne jamais laisser paraître ses émotions. Toujours marcher droitement et fièrement comme une demoiselle digne de ce nom... C'est ainsi que j'ai forgé ma carapace...

Désormais il ne m'était pas si facile de m'en défaire. Je n'avais jamais eux personne à qui me confier. Ce qui rendait cette notion tellement abstraite, tellement difficile à aborder. Et celle de Kioshi ? Comment s'était-elle formée ? J'aurais voulu le lui demander, mais il n'avait pas besoin que l'on éveille davantage de souvenir douloureux.

-Voilà, maintenant tu sais pourquoi.

Gênée, je me frottai l'épaule comme pour chercher à me redonner contenance tout en détournant le regard. Au moins c'était dit. J'espérai que m'aide à me faire pardonner pour l'avoir en quelque sorte été obligée à supporter mon mauvais caractère.

Nous reprîmes ensuite notre route, marchant à une douce allure, qui ne cessait de décroître. Finalement nous n’eûmes à aller bien loin. Après quelque dunes traversées, nous ne parvenions plus à apercevoir Suna. Autour de nous il ne restait plus aucune trace de civilisation. Nous étions dans le désert. La brise était légère, il faisait frais, peut-être même un peu trop. Nous décidâmes de nous reposer. J'aidais Kioshi à se rasseoir délicatement sur le sable pour ne pas trop susciter son corps affaibli. La remarque qu'il me lança à ce moment là me fit sourire.

-Te kidnapper ? Quel idée ! Qu'est-ce que j'irais faire d'un gros bêta dans ton genre ?

Je m'exprimai d'un ton ironique, tout en lui tirant la langue. Il y eu un petit moment de silence durant lequel il ne répondit pas, semblant réfléchir. Je m'attendais à recevoir une autre de ces répliques passe-partout dont il avait le secret, mais ce ne fut pas le cas. Au lieu de cela j'eus droit à une tout autre remarque bien étrange.

-Prêt pourquoi ?

Je haussai un sourcil circonspect, ne comprenant pas vraiment où est-ce qu'il voulait en venir. Sa phrase était hors contexte. Il me fallut la retourner dans tous les sens. Évidemment je n'étais pas sotte. De nous deux, j'étais sans doute celle ayant l'esprit le plus mal tourné. Cependant je n'avais pas vraiment voulu y croire, préférant chercher une autre piste de réflexion probante. Seulement il s'agissait visiblement de ça.

-Ho...

Je levais les mains devant moi, innocente et sur la défensive.

-Heu... non non pas du tout ! Tu te fais des idées très cher. Le soleil t'as définitivement trop tapé sur la tête. Je suis juste là pour t'aider à te changer les idées.

Je marquai une pause, puis renchéri sur ce que je venais de dire. Juste au cas ou. Qu'il n'y ai pas de mauvaise interprétation.

-Et pas de cette façon là !

Je parlais vite, mâchant presque mes mots et agitant des mains comme pour chercher à balayer cette idée grossière. Je soupirai légèrement, me grattant le haut du crâne, consternée et surtout très gênée.

-Bon cela n'a pas d'importance. Tu veux peut-être manger quelque chose ? Moi si.

Dis-je en laissant briller un sceau dans la paume de ma main. Mes talents culinaires étaient assez limité, mais il s'agissait d'un bon moyen pour nous occuper l'esprit à autre chose.