Un entrainement se devait d'être épuisant, au point de devoir se battre avec soi-même pour parvenir à progresser. Pourtant j'étais arrivé à un niveau de Taijutsu où progresser était quasiment impossible. Non pas que je me vantais d'avoir atteint ce niveau, c'était plutôt embêtant à vrai dire, d'autant plus que dernièrement nous avions été particulièrement occupés sur divers sujets assez important comme l'assassinat de la Godaime, les élections et les niveaux de sécurité augmentés au maximum. C'était donc bien de pouvoir se défouler. J'avais demandé plus tôt à quelques Jônin de venir s'exercer avec moi, chez moi, prendre des coups en somme, ce qui avait rendu la chose un peu plus divertissante. Désormais ne restait plus qu'à me reposer calmement chez moi, et si j'avais su à ce moment précis ce qui allait suivre, j'aurais sans doute prolongé l'activité encore quelques temps.
J'étais torse nu avec ma serviette autour du coup, j'étais plein de transpiration et je commençais à prendre la direction de la douche quand on vint frapper à ma porte. Tout d'abord surpris je me dirigeais vers cette dernière avant de l'ouvrir et de voir avec bonheur Yami me rendre visite, pourtant son expression était loin d'être très enjouée. Elle me demanda de rentrer et je la conviais à le faire. Nous nous avancions dans mon appartement jusqu'au canapé où elle prenait place tranquillement. Je la rejoignais après avoir été me chercher quelques croissants et un bon jus de fruit.
Elle voulait me dire quelque chose, et ce devait être assez important étant donné qu'elle s'était donnée la peine de venir jusqu'à chez moi malgré le travail qu'elle devait avoir en ce moment. Je m'asseyais sur la table basse, face à elle avec un sourire aux lèvres, assez maladroit de ma part peut-être, j'essayais de détendre l'atmosphère.
Bah, ne fais pas cette tête ! Et t'en fais pas, je suis préparé à tout !
Apparemment c'était très grave, qu'avais-je fais encore ? J'étais ravi de la voir et elle me faisait peur désormais avec ses paroles. Je prenais mon verre et le portais à mes lèvres quand elle lâcha cette petite bombe. Ma main cessa de serrer le verre de jus qui s'éclata au sol, mes yeux devaient être vides, témoignant de ce qu'il venait de se passer dans ma tête : Elle était enceinte... de moi ? Machinalement ma main vint soutenir mon front, ma tête entière me semblait faite de plomb. J'essayais d'attraper son regard du mien mais c'était incontrôlable. J'eus même des frissons, moi... Avec la chaleur du désert j'avais froid, quelque chose m'avait frappé en plein cœur. Eh oui Eichi, assume tes actes, j'allais entendre ça souvent désormais. Je me levais doucement, lui tournant le dos, avançant calmement dans la pièce en laissant ma main passer sur mon visage, passer doucement dans mes cheveux en les ébouriffant.
Elle ne me lâcherait donc jamais ? J'étais maudit, c'était ça ? Ou un immense Genjutsu qui agit depuis un bon mois ? Oui ! Non... Soyons sérieux, j'avais un grave problème. Et que dirait le village si cela s'apprenait ? Je sentais que mon visage trahissait mon inquiétude, je me retournais brusquement vers la Kestueki.
Tu ne penses pas à l'avortement si ? Bien sûr que tu y penses, qui n'y penserait pas dans telle situation ? Un fou... Je... Je n'ai jamais vécu une chose aussi étrange, tiraillé entre le bonheur et la tristesse... Je...
Mes jambes m'emmenèrent jusqu'au canapé où je m'effondrais près de mon amie, sans vraiment vouloir atténuer ma chute. J'étais plié vers l'avant, cachant mon visage de mes mains, les coudes sur mes genoux. Une situation grave, on ne peut plus grave étant donné que j'étais désormais conseiller du village. Je ne pouvais me résoudre à tuer ce petit être, même si il était le fruit d'une erreur inadmissible qui me conduirait peut-être bien plus bas que je ne l'étais actuellement.
Non. Définitivement non, je ne peux pas me résoudre à un avortement... Je vais être père Yami ! C'est tellement... Wahou... Et pourtant ça risque de me coûter plus que ma place dans le conseil... Je... Donne moi ton avis, et ne me balances pas au visage que je l'ai cherché ni que l'avortement est la seule possibilité...
Je prenais un croissant et le dévorais en une bouchée. Je me déplaçais rapidement dans la cuisine, prenais une bouteille d'eau, et revenais m'asseoir en avalant celle-ci d'une seule et unique traite. Ce mélange de sentiment était particulier, mais plus grave, plus concret que tous ceux que j'avais vécu auparavant, même ceux me concernant Hasü et moi. Cette fois-ci je n'étais pas le seul concerné par mes actes : il y avait cet enfant, qui n'était encore qu'un problème à l'heure où je parlais, loin d'être un nourrisson, mais il était là, et l'avortement était se résoudre à tuer un innocent... Comment pourrais-je me regarder dans une glace après ça ? Pourrais-je même tenté d'avoir une vie de famille ? Mes yeux se tournaient vers ma collègue, pour la première fois depuis longtemps, depuis toujours ? J'avais peur.