Au croisement de deux kunais et d'un comptoir en bois [K.K]

Le voyage touchait à sa fin, du moins Mikami prenait le sens du retour. Un bras dans les bandages pour recouvrir ses plaies dont il avait eu le plus grand mal à les rincer du sable qui s'y était infiltré, il cogitait sur tout ce qu'il avait découvert et pas découvert en arpentant le Nord du pays de la Foudre et ses montagnes. Le sabre qu'il portait dès lors à nouveau à la ceinture, le village natal et les explications de Darete sur le départ de son clan, Yume, qui l'avait en quelque sorte conduit jusqu'au temple où il put retrouver son katana, et dont il n'arrivait pas encore à savoir si cette kunoichi était réelle où une émanation de son subconscient. Peut-être une tentative de sa vie passé de percer les barrières de l'amnésie en prenant la forme d'hallucinations... Ça lui semblait à la limite plus logique qu'une femme ne le surveille et n'intervienne dans sa vie à des moments qu'elle considérerait comme opportuns.

Alors quand cette hallucination au visage toujours inconnu s'approche, et permet d'entrevoir par on ne sait quel jutsu la scène de ce qui semble être un revirement politique du régime de Shozaichi, on ne sait plus vraiment trop en quoi croire ; si ce n'est que l'on avait peut-être les nerfs moins solides que ce qu'on le pensait et que la démence de cette terre commence petit à petit à le gagner...

Mikami se secoua la tête comme pour disperser toutes ces pensées. Au final, il ne pourrait commencer à avoir des certitudes qu'en retrouvant les terres de l'alliance. Alors autant se re-projeter dans le présent et profiter d'être en paix sur les sentiers de kaminari. Souvent les chemins au creux d'un val finissaient par se dévoiler être plus en hauteur que ce que l'on aurait pensé, et une vue dégagée sur des centaines de mètres de paysage s'offrait à lui s'en prévenir. Finalement, il n'était pas si difficile de découvrir un monde plus paisible que le monde shinobi. Si tant est qu'un nouveau conflit n'éclate pas pour se livrer le lendemain dans la vallée en contre-bas...

Puis des voix lointaines commençaient à se faire entendre, de plus en plus, trahissant son approche d'un lieu en activité. Quelques mètres et Mikami découvrait la silhouette d'un village civil. À en juger par les brides de conversation qu'il attrapait en traversant les foules, une mine d'extraction de fer se trouvait quelques parts dans les environs. Était-ce alors étrange de trouver un marchand d'arme dans un village ne demandant ni provoquant en apparence aucun conflit ? La personne conflictuelle qu'il était, forcément, s'y arrêta, attirée par les luisances du métal sous les rayons du soleil. Quelques katanas y étaient entreposés. Cette arme l'avait toujours attiré, aujourd'hui il comprenait pourquoi, il ne se sentait plus le même depuis qu'il avait remis le sien à la ceinture.

Mais après tout, pourquoi est-ce qu'il n'y aurait pas d'autres armes qu'il avait par le passé eu l'habitude d'utiliser et qui ne faisait plus partie de son équipement aujourd'hui ? « Allons faire un tour... », se murmura-t-il pour se plonger dans autre chose que ces derniers jours dont il n'arrivait pas encore à se forger des certitudes, et il poussa la porte du petit établissement en laissant entrer le bruit des ruelles avec lui.

- Bien le bonjour étranger ! Ici nous proposons des armes des plus communes et des plus spécifiques à l'esthétique embelli par le savoir-faire de nos forgerons travaillant avec amour et patience le fer extrait des mines voisines !

"Hmm..."

"Impossible de coupé une feuille avec ces objets. Ces kunais ne sont plus bons à rien. Un caillou aurait le même effet. Pas besoin de s'encombré avec ça."

"Yo Shino. Tu peux me remettre un lot de kunaï. Les meilleurs si poss..."

"Ouai, je disais quoi déjà... Ah oui, de qualité si possible. Et tiens, Dit-il en sortant son katana. Tu peux me l'aiguisé s'te plait ? Il commence à être en mauvais état."

La porte se referma en emprisonnant le silence avec elle.

* Faire des armes avec amour ? *

Mikami salua le tenancier avec un air un tantinet perplexe alors qu'un shinobi déjà présent lui tendait un katana à aiguiser. Le shûkaijin lorgna sur l'épée, lui qui avait été toujours attiré par cette arme. Mais maintenant qu'il avait le sien à la ceinture il ne regardait plus celui des autres du même œil. Les laissant s'atteler à leurs affaires, il fit un tour d'horizon de ses yeux jaunes et empreint des gènes de ce pays sur les différentes armoiries, ses prunelles se reflétait sur les tranches immaculés qui ne le resteraient sûrement pas longtemps.

Shuriken, kunai, makibishi, chacun avec leurs déclinaisons. Il repensa à ce kunai fin et allongé qu'il avait toujours eu sur lui lorsqu'il sortit du trou noir qui l'avait régurgité sans mémoire dans ce monde hostile, sur lequel était gravé son nom. En y repensant, s'il était dans son pays natal il aurait pu trouver ici un exemplaire similaire et peut-être en apprendre un peu plus. Malheureusement il avait pris pour habitude de le laisser pendu à un mur de sa chambre plutôt que de l'utiliser en combat et de le perdre dans la chair sanguinolente d'une énième victime de la jungle mondiale aux crocs qui ne cessaient de s'acéraient.

Bon, la prochaine fois. Il avait peut-être l'occasion de renouer avec certains de ces outils stratégiques du passé (sympa comme surnom pour un ustensile de mort non ?). Son regard parcouraient avec plus de recul et moins d'insistance l'ensemble des armoires, chacune leur tour, se défaisant à la fois de ses pensées et de sa concentration, créant un terrain propice à la réminiscence d'une brève vision passée ou autre chose par le biais de ce qu'il avait en face de lui. Chaînes, poids piqués, lances, petites lances, tantôs, rien qui ne lui procurait une quelconque émotion ou intervention subconsciente dans ces armes peu communes parmi celles dont il arrivait à se remémorer le nom. Dans les basiques ? Kunai, kunai lourds, bien d'autres... non. Shuriken, shuriken lourd, shuriken fûma...

Shuriken fuma. Comme un doute, il approcha sa main comme pour y ressentir vaguement quelque chose...

- EH ! On ne touche pas aux armes ici !

... comme s'il avait approché sa main pour s'en saisir et faire une tuerie, le tenancier s'était à moitié levé en glissant un bras sous son comptoir pour y saisir on ne sait quoi, sous le regard de la tierce personne ; et Mikami se sentait comme le troisième type.

Have fun ! Very Happy

La porte se referme derrière ce shinobi vêtue de bleu coupant ainsi toutes les nuisances sonores pour les oreilles. Kuroba n'y fait plus trop attention à cette interruption et continue à parler avec le tenancier.

"C'est plutôt calme les affaires en ce moment. Il paraît que vous n'allez plus trop tarder à fermer ?"

Shino souri en regardant toujours l’étranger et balance à Kuro :

"Non, mais tu es malade. C'est vrai que les affaires se sont calmé depuis quelques mois, mais ça, ça va vite être réglé. Mais juste le mois d'avant, on avait fait un gros chiffre d'affaire avec ce qui s'était passé. La, c'est calme, mais avec ce qui va s..."

Kuroba ne lui laisse pas le temps de continué et met la main sur la bouche de l'homme avant qu'il ne fasse une erreur. Il l'arrête en faisant un signe de tête qui montre le shinobi présent dans la pièce. Personne ici ne sait d'ou il vient, alors q'il apprend une information, ça pourrait être dangereux pour la suite des opérations. Il chuchote :

"Fais attention à ce que tu raconte. On ne sait qui est cet homme, alors... Tu comprends."

Il retire ensuite sa main tandis qu'au même moment Shino commence à se levé avec une main sous le comptoir en criant.

"EH ! On ne touche pas aux armes ici !"

Sur cette phrase, Kuroba se retourne et voie le shinobi proche d'un fuma shuriken. Kuroba attrape le bras de l'armurier en lui faisant un signe de la tête pour qu'il se calme.

"T'inquiète, je suis la si ça dérape et comment veut tu qu'il achète une arme, si il ne peut pas voir la qualité de celle ci ?"

Il se retourne vers le shinobi de passage et s'excuse de la part du propriétaire du magasin.

"Veuillez l'excusé. Il est pas très courtois, mais c'est dans son métier. Il en a vu des gens passer et tenté autre chose que de simplement regardé les armes."

Avoir l'esprit tourné vers le passé et des objets destinés à tuer le cernant de toute part n'empêchait pas Mikami de tenir ses oreilles ouvertes et le son des seules voix présentes dans l'échoppe de parvenir jusqu'à lui. En bon être distrait, il était loin d'être imperméable aux mouvements extérieurs, tourné vers le présent, rare étaient les évènements qui lui échappaient lorsque ceux-ci ne s'entre-bousculaient pas dans un flot incessant d'activité. Surtout parce ce qu'il avait mis son esprit en mode attentif à tout ce qui survient pour attraper un peu de son passé, aussi parce qu'il avait cette vile curiosité à toujours laisser traîner ses oreilles autour de lui - réflexe instinctif, veuillez l'en excuser.

Et malgré tout quand il entrevit le mouvement du tenancier et devina l'emprise de sa main sur une arme dissimulée, il agrippa le shuriken auquel ses doigts se trouvaient déjà dans l'anneau. L'autre shinobi l'arrêta, d'un geste qui semblait calme et sûr, accordant une part de confiance à Mikami, allant même jusqu'à s'excuser à la place du tenancier. Un excès de civilité qui avait au moins le mérite de mettre les deux ninjas en relation à travers le jeu de regard qui s'installait entre eux, se sondant l'un et l'autre à travers de simples mots pourtant destinés à rassurer « je suis la si ça dérape ». Du moins ce fut la réaction du shûkaijin. En revanche la façon de faire de cet inconnu et sa manière de ne pas s'emporter à son tour dans un assaut qui aurait très bien pu déjà commencer le laissa agréablement surpris, contrastant du noir au blanc avec les quelques rencontres kumojin qu'il avait faites ces derniers jours.

- 'pas de mal... C'est normal d'être en constante méfiance lorsque l'on est entouré de tant choses faites pour tuer plutôt que l'inverse.

À méditer, non ? Ses doigts vinrent soulever le shuriken fuma de son présentoir alors que d'un quart de tour, il était toujours tourné vers ses deux vis-à-vis. Il le fit glisser sur son autre-avant bras et en saisit un second en avançant vers eux.

- Deux, c'est bon ?

L'atmosphère semblait s'être calmée, le marchand acquiesça de la tête en reprenant un comportement plus banal pour son statut, déballant ses cahiers de comptes et son petit attirail. Il enregistrait sa vente, Mikami voulait engager un nouveau contact avec ce second shinobi tout en essayant de faire abstraction de ce qu'il avait entendu, des sujets qui fâchent. « Là, c'est calme, mais avec ce qui va s... » L'arrêt avait était si net qu'il en avait attiré son attention et fait se remémorer les quelques mots qui avaient précédés. Bon, il pourrait toujours lui demander comment Kumo organisait sa politique d'accueil envers les ninjas « étrangers », les quelques rencontres qu'il avait faites n'avaient pas engendrées plus de paix dans son esprit.

Le shûkaijin s'approcha alors des deux hommes, posant les shuriken sur le comptoir, pensant à éviter les sujets ambigus. Et enfin, au jeune homme plutôt qu'au tenancier, sur un ton défait de toute hostilité et en tentant de trier ses pensées :

- Et donc, qu'est-ce qu'il va se passer après ?

Merde, raté.

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