Voilà plusieurs minutes qu’il survolait les environs sur une créature volante en argile, à une distance assez grande pour ne pas être repéré par les moines et les shinobis qui se disputaient tour à tour l’entrée du temple. Il voyait de loin certains arriver à se raisonner, d’autres se battre sans la moindre hésitation. Il avait même cru voir un homme être projeté à des centaines de mètres, si bien que le Bakushô eut pitié de ce dernier. Les moines étaient terribles, vraiment…

Mais ce qui était le plus horrible, c’était ce secret qu’ils cachaient depuis si longtemps. Shinobis, moines de Maskine… Comment avaient-ils pu être aussi monstrueux. Un ninja devait se battre, certes, mais il devait également respecter une ligne de conduite. Pour Yôh, un shinobi sans honneur n’était rien de plus qu’un vulgaire criminel. Et la criminalité, c’était justement le point central de toute cette affaire.

Même s’il aurait préféré attendre encore un peu, Bakushô Yôh ne pouvait que regarder avec agacement de nombreux shinobis et même des moines converger vers le temple. S’il voulait agir, c’était maintenant, pour ne pas risquer la vie d’innocents. Sans la moindre hâte, le Bakushô laissa tomber une petite masse d’argile sur le temple, avant de lui-même se laisser tomber.

L’explosion retentit à des centaines de mètres à la ronde. Et malgré la puissance de cette dernière, les protections divines réduisirent les dégâts à un trou d’à peine deux mètres de diamètre, dans lequel le Bakushô se laissa tomber.

Un instant passa. Puis le Kumojin se retrouva propulsé à l’extérieur du temple sur la grande cour, évitant de peu Kiezan Naela et les quelques shinobis qui l’accompagnaient.

Enfoiré d’moine… Alors c’est toi, le patriarche ?

En effet, un moine au crâne rasé flottait en position de méditation. Le patriarche des moines de Maskine. Pour les moins minutieux ou éloquents, c’était le chef. Bakushô Yoh se releva sans trop de difficulté.

Je sais, je sais toute la vérité. Vous et des shinobis bien placés de chaque village caché… votre marché !

Il toussota un peu, tandis que le grand maître Kiezan faisait signe à ses quelques hommes pour qu’ils n’interviennent pas. Qu’il soit coupable ou non de ce dont ce Bakushô allait l’accuser, il savait qu’en l’arrêtant devant d’autres shinobis il affaiblirait sa position et leur ferait croire qu’il avait quelque-chose à se reprocher.

Personne ne s’est jamais demandé ici comment les moines de Kiezan n’ont jamais eu à parlementer avec des dirigeants des grandes nations ou de nos villages ? Comment ont-ils pu vivre seuls sans jamais rien foutre à part prier dans leur temple et pourtant faire de Ta no Kuni une nation qui avait tout ce qu’elle voulait : économie, paix, soutien extérieur…

Yoh remit ses lunettes en place, et se tourna progressivement vers tous les shinobis et moines qui venaient d’arriver. La grande place extérieure du temple se remplissait au fur et à mesure qu’il parlait.

Lors de la Grande Guerre, les clans envoyaient littéralement des hommes à la mort, dans des missions qualifiées comme suicidaires mais nécessaires. Les villages shinobis ont été fondés pour arrêter avec ça, mais il n’en est rien ! Je ne sais pas quand exactement, mais vous avez passé un contrat avec des gens bien placés dans nos villages cachés ! Vous avez… vendu vos moines à la mort !

Le chef des Bakushô chercha quelqu’un du regard, sans le trouver. Mais où était-il ? Après tout qu’importe, cet « allié » lui avait donné toutes les preuves nécessaires. Yoh était convaincu de ce qu’il s’était passé depuis des années ici, à Ta no Kuni.

En l’échange de soutien financier et de la non-violation de votre territoire, vous avez vendu certains de vos moines et moniales pour des missions quasiment suicidaires. Et ces moines sont ceux… qui ont eu des visions, qui ont vu ou prétendu avoir vu Maskine, votre dieu de merde ! En les écartant, vous assuriez en même temps votre place de patriarche.

Les poings du shinobi des Nuages se serrèrent.

Je ne sais pas si vous vous rendez compte que ce que vous avez fait durant toutes ces années avec certains salopards de nos villages, c’est du trafic d’être humains bordel ! Croyez-moi, je vais personnellement nettoyer Kumo, mon village, des enfoirés qui ont participé à ça…

Son regard, derrière ses lunettes noires, se fit menaçant. Le chakra de l’homme à la coupe afro monta d’un cran. Nettement.

… mais je vais commencer par vous !

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