Je me trouvais encore à Konoha lorsque j’appris quelque chose qui perturba grandement mes plans. Bien sûr, j’avais prévu de me rendre dans le reste du monde et de visiter un peu chaque pays à la recherche de ce fameux Goren, comme l’esprit me l’avait demandé. Mais avant, il y avait bien d’autres éléments que je me devais de mettre en ordre. Je ne pouvais tout simplement pas prendre la poudre d’escampette ainsi, sur un coup de tête. Je me rendis donc chez l’armurier. J’avais décidé de me lancer en parallèle dans la chasse aux déserteurs pour le compte de cet étrange Kuma, il me fallait donc un arsenal différent. Je me rendis donc dans une échoppe connue de la vieille ville et y passais quelques minutes. Là-bas, je retrouvais un nombre incalculable d’armes et d’armures. Je savais que je n’étais pas à la recherche d’une protection, mais je recherchais quelque chose de bien particulier. Soudain, je les vis, m’appelant d’un chant étrange que seul moi pouvais entendre. Des chaines d’acier immaculé, rouge vif. Elles venaient certainement d’être peintes et dégageait une puissance incroyable. Je m’en saisis, les payais, et les enroulaient autour de mes bras. C’est à ce moment là que j’appris la nouvelle, en sortant de l’échoppe.

Un crieur était posté dans la rue, il faisait son métier. Lorsqu’il me vit, il m’interpella, me proposant d’acheter le journal. Il hurlait que le temple des moines de Ta no Kuni était au centre d’une affaire politiquement instable et que ces évènements étaient croustillant d’intérêt. Sur le coup, je ne m’y attendais pas. Je me rapprochais de lui et me saisis de son journal, lui laissant une pièce dans la main. Je me mis ainsi à lire. Il n’avait pas menti. Il y avait bien quelque chose qui se tramait dans mon ancienne nation. Mais c’était si loin de moi, je ne savais pas encore si je devais me sentir concerner ou non. Aussi je préférais rentrer chez moi pour réfléchir. Je passais une bonne heure assis, immobile, au milieu de ma chambre. Fixant le mur d’un air pensif, je me demandais si je devais effectivement intervenir. Etais-je réellement rattachés à ces moines. Faisais-je encore partie de leur cercle fermé ? J’étais le dernier survivant de ma Mission, mais n’avais rien fait pour aider mes frères. Avais-je pourtant tort de vouloir aller voir ce qui se passait ? Au final, je concédais le fait que tout cela appartenait à mon passé, mais qu’il me fallait tout de même passer au grand temple, histoire de m’assurer que rien d’important ne s’y passe.

Je fis mes sacs, rangeai mon bâton dans ma sacoche et entrepris de quitter le village. On ne me barra pas la route, Kuma dû s’en assurer. Aussi je fis marche directement vers mon ancienne nation. Je connaissais bien le chemin, c’était celui que j’avais emprunté pour me rendre dans ce même village dont je sortais. Mais ce dernier me procura cette fois un sentiment de rejet. Je ne me sentais pas à ma place sur ce sentier particulier qui devait me ramener chez moi. J’avais trahi mes frères, était-ce possible que mon ressenti s’apparentait à de la culpabilité ? Non, ça ne l’était pas. Il s’agissait au pire de mon cerveau qui me jouait des tours via une psychologie d’un autre âge que l’on aurait pas encore comprise. Mais non, j’en étais sûr, je me connaissais bien, il était impossible que je me mette à « ressentir. »
La route fut aisée à traverser. Je cadençais mes marches de quelques pauses ici et là, ce qui me permettait de prendre la température de mon environnement à chaque arrêt. Je me rendis alors compte que plus je me rapprochais du temple, plus les gens marchaient vite, suaient en nombre, se jetaient des regards inquisiteurs. Mais que diable pouvait-il bien se passer dans ce pays d’ordinaire si paisible ? Et, plus important encore, pourquoi tout le monde semblait être au courant sauf moi ? Je ne trouvais pas de réponse à cette question et cela me laissa pantois de frustration. Je continuais donc ma route, après chaque arrêt, un peu plus énervé et hargneux qu’au dernier.

Mais alors que je me trouvais à environ un kilomètre du grand temple de Maskine qui s’était dessiné à l’horizon depuis mon entrée dans le pays, je vis une silhouette des plus imposante quelques rizières plus loin. Elle aussi semblait faire route vers le temple. Je me rapprochais discrètement et pu constater avec effroi que cette personne était un véritable monstre. Habillée des plus simplement, il s’agissait d’un véritable géant. Il faisait au moins deux mètres et avait la musculature d’un ours. Néanmoins, en me rapprochant encore davantage, je cru le reconnaître. Son visage me disait quelque chose. Soudain, je compris ! De mes souvenirs le visage dessiné sur cet avis de recherche me revint en tête comme une bombe que l’on aurait laissé exploser. Cet homme debout au milieu des rizières était le golem de Suna, Goren.

Sans attendre, je vins à sa rencontre. Il était important qu’il sache qui j’étais, surtout s’il se rendait au même endroit que moi. Ainsi je me présentais à lui, lui barrant le chemin de ma musculature, dérisoire face à la sienne, mais tout de même non négligeable. Je plongeais mon regard dans le sien et tentais de lui transmettre toute ma personnalité par ce dernier. Quant à mon don de sensorialité de l’âme, il détectait une profonde noirceur chez cet individu. Un mal qui rongeait son cœur, qui rongeait toute son âme. En réalité, et ce fut la première fois pour moi, je ne ressentais presque que du mal émaner de lui. Il était aussi pure qu’un ange, mais de l’autre côté de l’éventail, s’en était fascinant.

« Goren, je suis Guerre. Un ancien ami à toi, dont je ne connais pas le nom, m’est apparu l’autre jour, il était blond, un air enfantin sur le visage, il s’est imposé comme mon guide dans cette vie et m’a dit de te rechercher. Il affirme que je peux te faire entièrement confiance et veut que je te colle à la peau. J’aimerais qu’à ton tour, tu m’expliques de quoi il en retourne… »

Je n’eus pas le temps de finir, une jeune fille fit éruption dans notre conversation. Elle connaissait le Golem de pierre, mais moi, je ne la connaissais pas. Je la fixais curieusement, elle respirait elle aussi la haine et la colère. Deux sentiments noirs qui avaient pris le dessus sur un bon cœur pourtant toujours présent. Je me rendis alors compte, en sondant son âme, que j’étais maintenant apte à détecter les changements dans le karma. Je me contentais de la regarder, je ne dis rien d’autre.

Spoiler:

Lorsqu’on lui donna l’ordre, il hocha uniquement la tête. Là était toute la simplicité, la rigueur d’un homme qui avait voué toute sa vie à des gens qu’il allait une nouvelle fois protéger, mais d’une menace apparemment bien directe. Des shinobis, des civils et même d’anciens moines venaient pour tenter d’offenser les maîtres. Profaner le temple était un péché inenvisageable et dans ces cas-là la sentence devait être prononcée avant que la faute soit commise. A vrai dire, l’idée même de vouloir violer un lieu sacré était déjà en soi un péché.

Des noms résonnèrent dans sa tête : Kaguya Shio, Miyamoto Miyuki, Howaito, Yoru… Tant d’étrangers si familiers puisqu’ils avaient un temps partager les mêmes coutumes, la même religion… Et aujourd’hui, que voulaient-ils ? Etrangement mais pas pour lui, le moine n’avait même pas cherché à savoir comment ses maîtres ou plutôt le patriarche avait pu anticiper à ce point les mouvements ennemis. Au fond, il n’avait pas besoin de le savoir. Il fallait les stopper.

Fin prêt, il se mit en route vers le côté qu’on lui avait assigné. Savoir que des shinobis des autres villages étaient venus pour soutenir les siens n’était pas quelque-chose qui lui plaisait, mais ce n’était pas la première fois qu’il voyait des ninjas parlementer ou aider le patriarche.

Une croisade de moins d’un kilomètre, pour finalement arriver devant trois shinobis : deux hommes et une femme. Le portrait de l’un deux était familier. Le maître Kiezan posa son regard sur chacun de ses opposants.

J’ignore la raison qui vous pousse à vouloir vous rendre dans notre temple, mais Maskine l'a décidé…

Il fit mine de tendre la main droite. Du ciel, une lueur scintilla avant de laisser place à un bâton lumineux qui s’écrasa au sol. Le moine l’empoigna sans plisser le regard.

… vous ne passerez pas.

Ao souleva son bâton qui s’extirpa du sol, laissant des cicatrices au sol pourtant si minimes comparées à celles qu’il laisserait à ses opposants si ces derniers décidaient de forcer le passage.

Spoiler:

Hrp:

Ami du mal ; c’est ainsi que le golem de pierre décida de m’appeler lorsqu’il ouvrit la bouche pour la première fois. Je dois dire que sur le coup, la remarque ne manqua pas de dessiner un petit sourire au coin de mes lèvres. Moi qui croyais avoir affaire à un soldat des plus sérieux, voilà que je me retrouvais devant un homme fort sympathique. Certes sa carrure et sa musculature imposaient le respect et la méfiance, mais d’un autre côté, son côté je-m’en-foutiste donnait l’impression qu’il serait bien agréable de passer quelques heures en sa compagnie. Il m’annonça avec perplexité qu’il avait fait le lien avec l’esprit que j’avais rencontré, non sans me préciser qu’il me croyait fou. Apparemment l’esprit était bel et bien mort, comme il me l’avait lui-même précisé. Encore une fois, je me confrontais à l’absurdité de la situation et commençais à m’interroger moi-même sur les causes de toute cette mascarade.

Je voulus répondre, je n’en ai malheureusement pas eu le temps. Alors que j’ouvrais la bouche, apparut à seulement quelques mètres de nous, alors que nous étions occupés à nous toiser du regard, l’un de mes frères moines. Vêtu de la très traditionnel robe de moine et accoutré de la manière adéquate, il n’y avait aucun doute sur sa provenance : un kilomètre plus loin, tout droit sorti du grand temple. Dans son regard, je ne retrouvais ni haine ni amitié, juste la neutralité maladive des hommes du clergé de Maskine. Un instant, je me surpris de son irruption en ce lieu de dialogue. Puis je l’écoutais, et les choses se firent un peu plus clair. Il profita d’ailleurs de cet éclaircissement pour matérialiser un bâton de lumière qu’il empoigna fermement. Moi qui ne connaissais pas encore le fameux moine, je fus surpris de le voir utiliser une telle technique devant de parfaits inconnus. Il ne désirait pas cacher son jeu, mais bien intimider de la meilleure manière qu’il le pouvait.

Il nous menaçait. Je demeurais cependant muet. La jeune fille qui avait fait son apparition tantôt, fut la seule à poser une question pour interrompre le silence. Elle demanda simplement la raison de tant d’hostilité. Je dois avouer que moi-même je ne comprenais qu’à moitié. Soudain, je fus surpris de sentir son aura changer, elle se faisait plus combattive, moins civile. Je tournais la tête vers sa svelte stature, elle me lança un regard rapide, à moi et au golem de pierre. Elle nous demanda si son aide s’avèrerait nécessaire. Goren répondit instantanément, mais en s’adressant uniquement à ma personne. Il me proposait un deal équitable, de plus, j’avais pour but premier de lui coller au baskets. Sa proposition était donc vraiment bien tombée. Sans un mot de plus, je me rapprochais des deux alliés, me plaçais aux côtés de l’imposante montagne de muscle et fis face entièrement à ce moine qui nous barrait la route.

« Je ne sais pas exactement pour qui est-ce que tu te prend, mon frère. Mais il se passe des choses ici en ce moment, et je me sens tout aussi concerné que toi ! De ce fait, je n’hésiterais pas à soutenir ces étrangers pour découvrir les secrets que vous essayez d’enfouir. J’ai passé trop de temps à me soumettre à vos règles pour le faire encore aujourd’hui. »

Je pris une profonde inspiration. Mes paroles avaient malgré moi révélée mon côté réticent au mode de vie des moines et avaient dévoilées à mon adversaire ma rancœur quant à l’existence qu’ils m’avaient fait vivre. Aussi, mon énergie spirituelle commença graduellement à augmenter. Mon chakra, allié à la puissance divine qui m’emplissait doucement le cœur s’alliait dans une symbiose parfaite avec mon environnement. Cela ne se voyait pas, ça se sentait plutôt. Alors, au milieu de ma concentration graduelle d’énergie, je parvenais à entrevoir l’âme de mon adversaire inconnu. Elle était pure, ni bonne ni mauvaise. Ou du moins pas de mon point de vue. Elle était purement centrée sur des convictions intimement liées aux convictions de son possesseur. J’avais en face de moi un fanatique de la plus grande espèce, et cela ne m’inspirait rien qui vaille.

« Nous pouvons régler ce problème par la violence, mais j’aimerais autant qu’il n’y ait plus de sang de moines sur le sol de ce pays… »

J’activais lentement ma technique, tout en pensant à cet horrible jour où tous mes frères s’étaient fait décimés. Je ne sais pas pourquoi je parle d’horrible jour, je n’ai pas verser le moindre larme. Mais d’un point de vue extérieur, le massacre de tant d’hommes d’église, cela ne pouvait pas être autre chose qu’horrible.
Mon regard se fit plus pénétrant et mon énergie plus flamboyante.

Spoiler:

Ses adversaires étaient puissants. Loin d’être le parfait maître des techniques de sensorialité, le moine restait un de ceux qui savaient le mieux jauger les gens. Le regard, l’assurance, la prestance, le chakra : des indicateurs primitifs et pourtant si cruciaux pour juger de la compétence de quelqu’un. S’il n’était pas attentif, il pouvait mourir. Et quand bien même sa mort lui offrirait un voyage vers les bras ouverts de Maskine, Ao n’avait nullement l’intention de dire adieu à sa vie. Aujourd’hui, il avait un rôle à remplir.

Mais si lui n’avait pas sous-estimé ses ennemis du jour, ces derniers semblaient l’avoir fait. Ils avaient pourtant eu l’initiative, mais aucune attaque n’était venue vers lui. Se préparaient-ils ? Kiezan Ao lui, était obligé d’attendre. Son code de conduite lui imposait d’attendre de vérifier la menace et les intentions de ceux qu’il avait en face de lui. Mais rien ne se passa. L’alliance du trio se concrétisa, c’était tout ce qui semblait s’être déroulé.

Puis l’un d’entre eux passa à l’action. Et malheureusement, ce fut Yoru…

A peine avait-il fait un pas en avant que son homologue l’avait frappé avec sa paume droite. Un éclat de puissance incroyable, et l’homme fut projeté à une distance phénoménale. Son corps disparut dans les profondeurs de la forêt.

La Paume Ancestrale, une technique religieuse qui avait été inspirée par la maîtrise aigue du chakra que certains médecins avaient développé. Si ces derniers utilisaient des sortes de sceau dans lequel ils déversaient continuellement un peu de chakra en l’attente de l’utiliser, le maître Kiezan avait accumulé du chakra dans sa paume durant tout le trajet et ses dernières prières de la journée. Toute cette énergie avait été déversée dans son unique coup porté à Yoru.

Cela avait été nécessaire, car combattre un « frère » aurait été plus difficile qu’autre chose. Et Ao n’allait pas plier face aux ordres du Patriarche.

Cet homme a fait l’erreur de croire que ma volonté n’était pas inflexible.

Soudain, un bruit sourd. Une explosion venant de derrière. Sans relâcher son attention, l’homme détourna son regard. Le temple était dans cette direction. Il refit face à ses deux adversaires.

Ne la commettez pas à votre tour.

Sur quoi il bondit pour s’enfoncer dans la forêt avec une détermination palpable.

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