De toute sa vie, Saibogu Shun ne se souvint pas avoir vu un homme ayant plus d’autorité que Kyoshi Rei. Endoctriné très tôt par ce dernier, le jeune Sunajin avait peu à peu abandonné l’idée de vouer allégeance à son village… Lobotomisé, naïf, endoctriné, terrorisé : qu’importe l’appellation, il était devenu un homme fidèle à celui qu’il avait rapidement considéré comme l’Homme Masqué.

C’est pour ça que lorsque ce dernier vint lui parler d’un plan pour purger son village, il n’eut pas le moindre remord à lui proposer son aide. Et il fut même ravi de considérer que le plan de Kyoshi Rei prenait en compte sa misérable existence. Pire encore, il était devenu un des rouages de l’action de celui qu’il avait décidé de servir aveuglément.

Kyoshi Rei pouvant surveiller son chakra et donc savoir s’il était toujours en vie ou non, décida de donner un rôle clé à Saibogu Shun. Ce plan serait bien entendu à deux facettes : l’une s’il remplissait sa part et l’autre s’il venait à mourir. Et son objectif était simple : survivre et venir en aide à l’Homme Masqué quand il en aurait besoin.

Mais rapidement dans l’élaboration de ce plan, l’ancien Kazekage avait pris en compte la possibilité que Suna apprenne que Saibogu Shun était une taupe. Encore plus lorsque le dénommé Howaito surprit l’une de leurs dernières conversations. Mais comme son visage n’avait pas été vu, Saibogu Shun serait au pire enfermé, avec d’autres personnes ayant un rôle assez important au sein de l’organisation du village. Et sa mission serait de se rendre disponible.

Forcément, s’il venait à être enfermé, la solution la plus simple serait de sortir. Mais comment le faire ? Saibogu Shun se devait de trouver la réponse tout seul. S’il n’y arrivait pas, les ordres de l’Homme Masqué étaient simples : il devait se donner la mort.

Et c’est à ce moment-là que le jeune homme commença à réfléchir à son propre plan, qui pourrait le mener jusqu’à sa libération.

Se débarrasser des autres suspects n’allait pas être difficile. En tant que spécialiste de la branche armement, il lui fut facile de se procurer un kunaï malgré les mesures de protection prises. Et bien avant qu’Howaito trahisse Kyoshi Rei en révélant l’existence d’une taupe au sein du village, le Saibogu avait eu le temps de se procurer différents poisons et de choisir lesquels amener avec lui. Expert en technologie, en armement et en procédures, il savait exactement ce qu’il avait besoin.

Tuer Yamada Kôichi fut simple, car personne ne s’attendait à quoi que ce soit. Avant le repas du midi, Shun n’eut qu’à disposer une quantité suffisante de poison dans le verre du premier suspect, qui mourut quelques temps plus tard.

Mort, suicide ou meurtre ? Il fallait forcément du temps pour que les autorités de Suna en sachent plus. L’Akuzu ou la marionnettiste auraient pu utiliser leurs talents et leurs techniques pour le déterminer, mais le chakra étant impossible à malaxer dans l’enceinte du bâtiment, un prélèvement de sang restait la seule solution. Et elle ne serait pas rapide.

Cela laissa du temps pour que le Saibogu aille rencontrer Akuzu Aya.

« Tu dis n’importe quoi, Shun… Je n’ai pas tué cet homme. Ca aurait pu être n’importe qui. Enfin, imaginons qu’il ait été empoisonné, n’importe qui aurait pu se procurer ce poison, vu notre position.
─ Alors si tu dis la vérité, j’ai une idée.
─ Laquelle ?
─ Le temps qu’on sache s’il a été tué ou pas, on peut agir. Imagine que le vrai coupable ait décidé de nous tuer mais que l’un de nous meurt avant qu’il agisse… Il sera déstabilisé. Mieux encore, ce faux mort pourra agir tranquillement.
─ Tu voudrais que je te fasse passer pour mort ? »

L’idée et le plan proposé séduit la jeune femme, qui finit par accepter. Bien entendu, Saibogu Shun avait prévu qu’elle refuse mais il est inutile d’en dire davantage. Il fit mima sa mort à la perfection et le médecin qu’était la Akuzu se contenta de jouer le jeu.

Est-ce que suite à ces deux morts, les choses bougeraient ? Oui, forcément. Mais est-ce que les autorités du village décideraient de séparer les suspects ? Cela aurait permis à Saibogu Shun de se libérer plus facilement, mais il ne pouvait pas en être sûr. Il était obligé d’agir et vite.

Il avait choisi Ariname Maki comme « coupable » et lui avait administré le poison à durée plus longue avant que l’agitation naisse.

Il cacha le kunaï et les deux petites fioles de poison dans le corps de Yamada Kôichi, au cas où une fouille aurait lieu, même sur les cadavres.

La suite alla très vite. Il tua Akuzu Aya en premier et bénéficia d’un effet de surprise, puis s’occupa aussitôt du vieux Ketsueki. En sortant, il fit assez de bruit pour attirer Ariname Maki. Il en profita pour aller vers sa chambre et jeta ensuite le kunaï ensanglanté, preuve qui accablerait alors la marionnettiste.

De là, le temps ferait le reste et le poison l’empêcherait de donner des indices ou des détails sur lesquels Saibogu Shun aurait pu ne pas avoir assez pesé ou calculé.

Mais dès lors que la coupable était trouvée, on décida de faire évacuer les quatre cadavres. C’était logique en plus d’être une procédure que le haut placé du clan Saibogu connaissait bien.
Quatre cadavres sortirent du bâtiment pendant que la prétendue coupable se faisait interroger. Mais parmi ces quatre cadavres, un était toujours en vie.

Et il était prêt à donner à Suna le coup de grâce.

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