Citation :

Précédemment: Un facteur inattendu

Pied. La porte s'ouvrit brusquement. Le souffle fit danser la poussière dans le bureau ; les paperasses d'Onpu lui volèrent à la figure.

- Yo, fit On'.

- Yo, fit Maïka.

- Ninigi est pas avec toi ?

- Il est à l'Académie.

- On est pas mercredi ?

- Y'a cours le mercredi.

- Ah.

Silence.

- Et sinon ?

- Et sinon fais chauffer le thé, y'a du Sunajin dans le hall. Natsuki l'escorte, Saibogu Rantan qu'il s'appelle.

- Good. Voilà qui va me changer les idées.

L'Hokage aurait fait n'importe quoi pour s'extraire du calvaire administratif stérile dans lequel il s'était volontairement enfermé depuis plusieurs mois.

Il sortit le réchaud, remplit la bouilloire.

- T'avais eu une confirmation de la Kazek' de sa venue ?

- Aucune. En fait j'ai pas vraiment de garantie que Zanshi soutient ce projet chelou. Je suis curieux d'en savoir plus.

- Moi aussi. J'peux rester ?

- Euh. Oui. Euh. Non. Euh. Je sais pas. Euh. Comme tu veux.

Indifférente à l'hésitation très horripilante de son Kage, Maïka mit le thé à infuser dans l'eau bouillante, bien décidée à en profiter.

Natsuki se pointa bientôt, précédant l'invité du jour. Maïka adressa un salut discret et complice à son supérieur secret de la Racine, pendant qu'Onpu se chargeait d'accueillir l'ingénieur. Il s'inclina légèrement.

- Rantan-san. Onpu, Hokage. Bienvenue chez nous.

Le luthier l'examina d'un air inquiet, puis bientôt déçu. Il aurait pensé que le Saibogu amenait avec lui une fabuleuse invention, en vue d'une démonstration. Mais non, juste une enveloppe.

Cela lui rappela la fois où cet autre jônin du sable, Hayato, s'était tapé désert, rivières et forêt pour lui livrer en personne un billet signé Kyoshi Rei, dont le contenu pouvait se résumer par « Bonjour, mes amitiés. Kyoshi Rei ». Onpu se surprit à espérer que le courrier de Saibogu Satoshi soit plus verbeux et moitié moins concis, mais sachant qu'il avait affaire à un scientifique de pointe, ses espoirs étaient tous relatifs.

Le thé était servi, il y en avait pour tous les quatre.

- Permettez, lui fit-il avec un léger sourire en le délestant dudit colis. J'aimerais que vous restiez avec nous le temps de ma lecture, si ça vous va. Si les termes de votre boss sont trop techniques pour moi, l'appui d'un ingénieur de votre trempe sera apprécié.
Santé, acheva-t-il en tendant à Rantan son bol de thé, sans prendre la peine de lui demander s'il en voulait vraiment.

De l'autre main – la plus habile, il ouvrait délicatement le courrier sur son bureau.

HRP:

Spoiler:

L'hokage était loin de s'imaginer ce que renfermait la missive. En effet, elle ne contenait aucune lettre manuscrite, mais l'objet que l'on pourrait considérer comme étant un avant goût de la technologie Saibogu.

Un disque composé de circuits imprimés venait de tomber dans sa main. A cet instant même, le dispositif se mit en marche. Des diodes intégrées dans la plaquette s'illuminèrent dans une série de bipement sonores et un scan fut lancé. Une voix robotique s'éleva alors dans la pièce.

*Utilisateur identifié. Myakudou Onpu. Rokudaime Hokage. Accès autorisé. Lancement de la communication en cours.*

Le disque disparut subitement des mains de l'ombre du feu pour réapparaître sur le sol au milieu de la salle. Un hologramme vint alors se matérialiser juste au-dessus. Ce dernier représentait un Saibogu Satoshi,droit et affirmé dans son costume.

-Je vous salut Hokage-dono. C'est un honneur pour moi de vous rencontrer. Je suis Saibogu Satoshi. Comme dit dans ma précédente missive je souhaiterai conclure un marché avec vous.

Sous leurs yeux se trouvaient l'apogée de l'art scientifique des Saibogus. Durant longtemps ce clan d'ingénieur s'était appliqué à exploiter des systèmes mécaniques basés sur des principes de fuinjutsu complexes. Le chef, lui, était parvenu à outrepasser ce principe en mettant au point un nouveau genre de technologie.

Désormais, les sceaux faisaient partis intégrante du système au point où ils se confondaient avec la matière. Cela permettait de mettre en place des programmations de sceau infiniment plus complexe en plus d'être totalement inviolable pour les utilisateurs classique du Fuinjutsu.

Le vénérable s'était volontairement tut, comprenant qu'il faudrait aux individus ici présent un certain temps d'adaptation face à cette innovation.

-Malheureusement et ce en raison d'une charge de travail importante, je ne puis venir en personne à votre rencontre. J'ose espérer que ce système communication sera à votre convenance.

Satoshi n’appréciait nullement prendre son temps pour dire ce qu'il avait à dire. Néanmoins, l'expérience lui avait apprit que la précipitation ne menait qu'à l'échec. Aussi était-il nécessaire de poser certaine base afin de clarifier la situation.

-Avant de poursuivre la conversation il est important que vous compreniez que je ne représente plus aucune entité de Kaze. J'ai récemment démissionné de mon poste en tant que chef du clan Saibogu.

La Kazekage ainsi que Suna ne sont aucunement impliqué dans cette affaire. Après avoir récemment passé un accord avec le Daimyo du vent, une partie du clan Saibogu possède désormais sa propre indépendance est n'a, de ce fait, aucun compte à rendre.

Satoshi marqua une nouvelle pause. Il était conscient que ces informations n'inspireraient que défiance à son égard, mais il n'avait en quelque sorte pas le choix. L'Hokage devait comprendre que ses réponses n'auraient aucune incidence envers Kaze et ce quelles qu'elles furent.

-Partez du principe que je suis actuellement le seul individu impliqué dans cette affaire. Sachez néanmoins que la proposition que je m'apprête à vous faire, sera également adressée à Samui Kakeshuou, Seki Zennosuke et Habashi Zanshi.

En effet, on pouvait trouver facilement ironique le fait que la Kazekage puisse être impliquée à part égal avec les autres dirigeants des grandes nations. Pourtant, tel était le cas. En soit, Satoshi savait d'avance que l’Écarlate serait probablement la plus difficile à convaincre.

-La technologie des Saibogu a beaucoup à offrir, mais la question est de savoir ce que vous attendez réellement d'elle. La suite des événements dépendra de votre réponse.

Entre ces murs allaient se jouer l'aboutissement d'une œuvre qui pourrait changer le monde. Il ne pouvait se permettre la moindre erreur.

Rantan s'était plié aux règles de Konoha concernant sa rencontre avec le Hokage sans faire d'histoire. Natsuki honora donc sa propre part du marché, et conduisit le Saibogu au Palais après avoir la eu la confirmation qu'Onpu s'y trouvait bien. Ils ne firent pas de détour pour le tourisme, et gagnèrent immédiatement l'accueil où le Nara tatoué envoya quelqu'un prévenir On' de leur arrivée et du motif de leur venu. S'en suivit un long silence durant l'attente d'un retour. Natsuki garda du coin de l’œil un regard sur le facteur improvisé, et ne pu s'empêcher de remarquer que tout dans ce dernier indiquait qu'il n'avait pas envie d'être ici, ce qu'il avait déjà plus ou moins manifesté aux Grands Remparts. Décidément, Suna choisissait bien curieusement ses shinobis pour faire le travail. D'un autre côté, il ne pouvait pas lui jeter la pierre pour cela : lui-même avait ses mauvais jours – sa mauvaise saison en fait – et bien qu'il était capable d'accomplir les tâches que l'on lui confiait sur cette période, il ne fallait pas s'attendre au moindre sourire ou à la moindre délicatesse de sa part. Il attendit donc sans piper mot, du moins, jusqu'à que Rantan ouvre la bouche, le faisant esquisser un sourire au passage. Des paroles vides pour en combler un autre.

« Moui. Il est vrai que je me souviens aussi avoir été marqué par le votre lors de mon séjour chez vous, pendant le Sommet des Kage. J'imagine qu'avec l'habitude, l'on finit par trouver banal tout ce qui est chez soi, contrairement à l'exotisme de son voisin. »

Il haussa les épaules, puis le silence reprit jusqu'à ce qu'ils soient tous deux autorisés à rejoindre le Hokage qui les attendait dans son bureau. Ils n'eurent pas besoin de guide pour cela, Natsuki connaissait déjà la route. Il frappa à la porte, puis entra. Pourquoi attendre une réponse, alors qu'ils étaient attendu ?

« Hokage. » salua-t-il avec respect.

Il remarqua en passant le pas de la porte la présence de Maïka. Difficile de la rater en même temps, avec la couleur de ses cheveux. Elle eu droit aux mêmes salutations.

« Rantan Saibogu ici présent a reçu pour mission de vous remettre en mains propres un colis. »

Des informations purement protocolaires, puisque le concerné était déjà au courant, mais au moins cela permettait d'introduire le Sunajin en bonne et due forme. Ses yeux se posèrent ensuite sur la table près d'eux. Inutile de demander s'il devait rester avec eux ou si c'était le courrier qui devait rester confidentiel : l'habitude d'Onpu de servir le goûté pour ses invités répondait toujours à cette question de façon éloquente. En l’occurrence, il compta quatre tasses. Il était de la partie cette fois-ci. Rantan de son côté lui sembla légèrement surpris : Suna ne recevait visiblement pas ses messagers de la sorte.

Le Luthier ouvrit son enveloppe, mais Natsuki remarqua qu'il ne s'agissait pas d'une lettre ordinaire. Ce n'était même pas une lettre tout court en fait, à moins que le format A4 classique ai connu une grande réforme au cours de la nuit. Le nouveau moyen pour les Saibogu de communiquer ? La réponse s'imposa très vite d'elle-même, tout comme les sens du Nara tatoué se mirent en éveil lorsque la curiosité commença à s'agiter. L'on n'était jamais sûr de rien concernant la technologie de ce clan élitiste. Un micro-onde ou une télévision, c'était accessible à tous de nos jours, et l'on savait à quoi s'en tenir avec, mais dès que l'on rentrant dans les inventions plus récentes des Saibogu, c'était une toute autre paire de manche. Ce que Onpu tenait pouvait être un nouveau modèle de rasoir électrique comme une bombe.

Prêt à bondir au moindre signe d'alerte, Natsuki demeura attentif, et esquissa même un mudra lorsque l'engin disparut un bref instant. Sa surprise fut clairement affichée dans ses yeux lorsqu'une sorte de projection fantomatique s'échappa du disque réapparut au milieu d'eux, et s'adressa à son public.

« Un enregistrement ? » songea-t-il.

Il pouvait difficilement concevoir autre chose spontanément. Aussi il resta barré de mutisme, écoutant attentivement ce que la projection avait à dire, laquelle révéla d'ailleurs ce qu'elle était vraiment. Non pas enregistrement, mais une sorte de radio avec vidéo intégrée. Cela voulait-il dire que le chef des Saibogu les voyait aussi ? Impressionnant.

Beaucoup de choses se précisèrent au fur et à mesure de la conversation. Natsuki risqua un coup d'oeil vers Rantan. Ce dernier était-il au courant qu'il agissait non pas pour son Village, mais pour le compte personnel de son ancien chef ? Était-ce la raison pour laquelle il n'avait pas spontanément présenté son origine aux Grandes Portes ? Un projet peut-être pas si personnel que cela en fait, au vu de qui était impliqué. Aussitôt, le Nara tatoué leva ses yeux vers Onpu, essayant de sonder ce que pouvait bien songer l'homme au visage balafré. Mais c'était déjà un exercice difficile en temps normal, vu que le Hokage avait un mode de pensée tout particulier. Alors maintenant, devant la proposition de l'ancien chef Saibogu...

Dans l'instant immédiat, il n'avait qu'une seule question à l'esprit : en contrepartie de quoi ? Il concevait difficilement que ce clan si secret décide soudainement de mettre à la disposition de chacun tout son savoir technologique. Il concevait d'ailleurs avec tout autant de difficulté que n'importe qui dans ce monde fasse démonstration d'une générosité importante sans avoir sa petite idée derrière la tête. Pourquoi donc proposer la technologie Saibogu alors ?

Natsuki n'en était même pas à se demander quoi faire avec, alors que la rumeur prétendait que rien ne leur était impossible, ou ne le restera éternellement. Et plus encore que ce que eux feraient avec, qu'est-ce qu'en ferait le monde ? Il panserait ses plaies avec, ou ferait passer la guerre à un nouveau niveau de destruction ? Aussi louables qu'étaient les intentions d'une collectivité, il y en avait toujours un pour se tenir du mauvais côté de l'éthique. L'utilisation du chakra en était une preuve à lui seul. Il avait considérablement amélioré les possibilités de la médecine et contribué à sauver bien des vies. Mais parmi toutes ces vies, combien ont justement été ravagées par ce même chakra, utilisé à des fins militaires cette fois-ci ? Alors avec cet autre domaine de possibilité tout aussi virtuellement illimité qu'était la technologie Saibogu, quelles en seraient les conséquences. Le fait que son accès était très limité à ce clan scientifique était une sécurité : même si l'un ou l'autre débordait du mauvais côté de l'éthique dans sa science, cela ne faisait pas trop de vagues. Alors que si c'était accessible à tous, à quatre grands pôles militaires dans ce monde ? Des conséquences un peu plus fâcheuses étaient à prévoir.

Lui n'avait pas de poids de parole ici, la réponse à fournir appartenait au Hokage. Mais même avec des idéaux édulcorés comme '' apporter la paix '', c'était au moyen pour y parvenir dont il fallait s'intéresser. Et ce qu'il adviendra après. Car partout où il est question de pouvoir, il y aura toujours une course pour être celui qui a la plus grosse.

Une course avec démonstration...

Les lueurs qui se déployèrent au centre de la salle rallumèrent les étoiles dans les yeux d'Onpu. L'enfant qu'il avait été se trouva subjugué par cette myriade d'étincelles technologiques. Son émerveillement fit un bond supplémentaire lorsqu'il comprit qu'il ne s'agissait pas d'un message enregistré, et que Saibogu Satoshi pouvait l'entendre et lui répondre.

Et pourtant, l'Hokage en lui était terrorisé. Son regard chercha instinctivement celui de Maïka, non moins affolé que le sien ; ils se comprirent. L'entretien qui allait se dérouler là-dedans s'annonçait bien plus confidentiel que prévu. On' fit un mudra ; sa technique de sensorialité auditive lui renvoya des échos du côté de l'escalier, sans doute du personnel du palais. Il adressa un signe de tête à Maïka, celle-ci s'empressa d'aller faire diversion pour les éloigner.

Pendant ce temps, l'hologramme de Saibogu Satoshi annonçait la couleur.

Et comme prévu, Zanshi était totalement étrangère à cette affaire. L'annonce de ce détail fit à Onpu l'effet d'une décharge, renforçant son impression d'être en présence du leader d'un groupe terroriste. Presque en même temps que Natsuki, il tourna des yeux curieux vers Rantan : à quel point le messager était-il dans le coup ? Son regard rejoignit alors celui du Nara qui semblait chercher le sien. Maïka revint en fermant soigneusement la porte, chercha le regard du luthier, celui de Natsuki. Tout le monde cherchait le regard de tout le monde, comme pour y sonder en vain des embryons de réponse. Un vrai feu d'artifice d'ignorance et de souffles coupés.

Puis vint la question fatidique. Celle du potentiel technologique des Saibogu.

Satoshi était comme il se l'imaginait : droit, concis, et subtilement barbu. Le fait qu'il lui adresse cette question était bon signe, car pour On' sentait qu'il allait s'agir là du point sensible de la discussion.

- Je comprends. Depuis votre premier courrier, j'ai pris le temps d'y réfléchir... et évidemment, il n'y a pas qu'une seule réponse. Du reste, chaque réponse soulève d'autres questions très délicates.

Il but une longue gorgée de thé, pour se donner le temps de compiler les idées qu'il voulait faire ressortir et et trier celles qu'il voulait garder pour lui. Dans un premier temps, la diplomatie devait l'emporter sur la franchise.

- Pour commencer, le protocole que vous êtes en train d'utiliser pour communiquer avec nous est un parfait exemple du genre de technologie que j'aimerais voir se déployer. J'ignore ce que cela vous a coûté et comment vous êtes parvenu à cette prouesse, mais j'y vois une alternative très alléchante au système de correspondance, en ce qu'il annule la latence du transfert d'information.

D'ailleurs, vous m'entendez ?

Il mesura silencieusement le temps de réponse de Satoshi, pour se faire une idée de la latence effective du système. Il comprit rapidement qu'elle était quasi inexistante ; un nouveau frisson d'admiration parcourut son dos.

- Cependant... d'une façon générale, j'estime qu'il s'agit de répondre aux besoins existants de nos populations, et non d'en créer de nouveaux. Je sais ce que représente la croissance économique, j'ai une approche plutôt libérale; cependant, comme je vous l'ai indiqué dans mon courrier retour, je reste sensible à la question de l'éthique.

Ce qui m'embêterait, par exemple, c'est que vos avancées technologiques débouchent sur une culture du simplisme, une addiction à l'instantané. Vos lumières doivent servir des causes nobles, et il me semble essentiel que vos créations ne tombent pas entre toutes les mains. Pour reprendre l'exemple de votre surprenant protocole de télécommunication... si vous me le proposiez, je serais en faveur d'un déploiement, mais pas d'un déploiement massif. Son utilisation devrait se limiter aux cas réellement pertinents, notamment tout ce qui touche à la diplomatie. Pour le commerce notamment, c'est plus délicat : songez aux dérives.

En songeant lui-même aux dérives, Onpu se surprit à se rappeler de sombres légendes datant de l'ère des Furyou, encore trop fraîchement achevée. Cela le mena à son dernier point:

- Enfin, sans savoir où vous en êtes de ce côté-là, j'avoue être particulièrement sceptique au sujet des automates. Certains de nos soldats ont pu goûter au désastre dont une intelligence « artifizielle » pouvait être capable.

Le fond de sa pensée était légèrement plus extrême. En réalité, il était totalement opposé à l'idée de standardiser toute sorte d'armes basées sur la technologie ; il se doutait que les Saibogu ne se gênaient pas pour en faire leur force, et que l'on les craignait pour cela, mais la perspective de voir leurs armes entre les mains de tous shinobis l'emplissait d'un sombre pressentiment.
Dans l'optique de se fermer le moins de portes possibles avec Satoshi, il préféra garder le sujet pour plus tard.

- Vous avez le fond de ma pensée, mentit-il pour les besoins de l'échange. A vous, maintenant.

Près de la porte, Maïka fronçait les sourcils, elle n'avait quasiment pas touché à son thé. Onpu avait trop parlé à son goût. De plus, de l'autre côté de l'hologramme par rapport à lui, elle ignorait si le Saibogu virtuel pouvait la voir ou même l'entendre.

Contrairement à ce que de nombreuses personnes pouvaient penser. Satoshi était loin d'être individu totalement hermétique aux interventions externes. Néanmoins, il fallait se donner la peine d'éveiller son intérêt afin qu'il put être en mesure d'en retirer quelque chose.

-Pour en revenir au sujet principal. Sachez qu'il n'est, actuellement, aucunement question de vous vendre la technologie des Saibogu. Vous serez en mesure d'apprendre à la fabriquer vous-même.

Ces mots pouvaient susciter de nombreux questionnements. Avec cette maigre révélation il était encore difficile d'estimer l'ampleur qu'allait prendre ce projet si l'Alliance des Pays Neutre venait à y participer.

-Comme vous le savez probablement le clan Saibogu n'a pas toujours existé. Nous ne sommes points liés par le sang, mais bel et bien par une même idée. Avant la création des villages nos fabrications étaient des plus rudimentaires, cependant, suite l'édification de Suna et aux nombreux efforts de guerre cette technologie à effectuée un formidable bond en avant pour en arriver à ce que vous avez à présent sous vos yeux.

Le vénérable ne faisait jamais rien au hasard. Il avait sciemment mis au point ce système de communication révolutionnaire également dans le but d'affirmer le caractère absolu du savoir faire de son clan.

-Avec le soutien des Kazekage qui se sont succédé jusqu'à aujourd'hui, nous nous sommes toujours appliqué à garder nos œuvres hors de portées de tous. Néanmoins les secrets ont leurs limites. Des Saibogu ont déjà commencé à apparaître à travers le continent. Les quelques nukenin de Suna contribuerons à cette expansion tandis que d'autre suivrons. Indubitablement, le monde va être mené à évoluer, les changements s'opèrent déjà. Comme toutes choses, notre savoir possède ses dérives. Le Furyou « Atifiziel » en est un bon exemple. Des terroristes commencent déjà à s'équiper de bombes pour fomenter des attentats au travers du continent.

La vérité elle-même venait appuyer ses dires car, le village ayant le plus souffert de la technologie des Saibogu n'était d'autre que Suna même.

-En tant que chef, vous avez pour rôle d'anticiper le futur et d’œuvrer dans l'intérêt de votre nation. Vous le savez déjà. Le monde à autant à gagner qu'à perdre avec la technologie. Il en a toujours été ainsi pour tout. Des armes seront fabriquées. Certaines tueront des milliers de personnes tandis que d'autres inventions pourront en sauver tout autant. Cependant, nous pouvons faire en sorte de ne pas nous laisser déborder par les événement devenant nous-mêmes les vecteurs de ce changement.

Satoshi arrivait désormais à la finalité de ses projets. L'avenir du monde dépendrait de l'acceptation de cette offre ou non.

-Afin que tout ceci demeure sous contrôle, il nous sera nécessaire de nous unir en un conseil de sorte à être en mesure de prendre les bonnes décisions. Il serait regroupé dans une cité état là où se concentreraient toutes les technologies du monde et serait équitablement géré par les dirigeants des nations.

La proposition venait d'être faite.

A l'annonce de l'idée principale, larguée comme une bombe à la fin du discours de l'ingénieur, Onpu pouvait déjà voir la ville se dessiner. Dans son esprit, d'immenses bâtiments jaillirent du sol comme des champignons, et des nuées de véhicules volants immatriculés Konoha, Suna ou Shûkai assombrissaient les cieux.

- Carrément, constata-t-il avec stupeur.

De l'autre côté de l'hologramme, Maïka semblait moins rêveuse. Elle plaça deux doigts sur l'une de ses tempes.

*Allo Onpu, ici la terre, modula-t-elle par télépathie. Ce type en blouse est en train de t'avoir, c'est EVIDENT qu'il va finir par nous demander des sous. Et puis, je ne vois pas en quoi le fait de centraliser et partager l'accès à ces prétendues technologies limitera les dérives extérieures.*

Onpu prit le temps de songer à cela, en buvant de longues gorgées de thé. D'après Satoshi, l'avantage d'un contrôle sur l'évolution des technologies était un moyen de limiter ces dérives si redoutées. La vraie question qu'il aurait volu poser à Satoshi était plutôt la suivante : « pourquoi vous êtes-vous désolidarisé de Suna ? » Après tout, le village du sable n'était-il pas une base descente pour la communauté d'ingénieurs composant le clan Saibogu ?

Cependant, il s'abstint. Ces raisons ne regardaient que Satoshi, et il avait lui-même précisé qu'il ne représentait pas (ou plus) l'ensemble du clan Saibogu, et que ce projet lui appartenait personnellement. La délocalisation était vraisemblablement un choix stratégique : si les remparts de Suna n'étaient plus capables de contenir les projets de développement qu'il avait en tête, c'est qu'il avait des ambitions gigantesques qui ne se contenteraient pas d'un laboratoire miteux au fond d'une cave.

- Vous voyez grand, Saibogu Satoshi. C'est tout à votre honneur, l'avenir appartient aux audacieux. Cette volonté de partager vos technologies montre également une approche humaniste et non purement commerciale : nos vents soufflent dans le même sens.

Votre projet mérite mon attention.

Maïka retint un grognement. Son regard chercha du soutien dans celui de Natsuki. Elle craignait un engouement précipité de la part d'Onpu.

- De nombreuses questions restent en suspens, poursuivit ce dernier, je pense notamment la localisation de cette fameuse cité-état dont il est question. Il nous faudra, par ailleurs, le soutien des autres dirigeants, en particulier celui de Habashi Zanshi. Vous n'êtes pas sans savoir que nos pays sont en bons termes, et je pense qu'elle est la plus à même de savoir si cette histoire tient la route ; de tous les avis de mes homologues, celui de la Kazekage sera celui qui pèsera le plus sur la balance.
Mais à froid, ça ne sonne pas faux. Du tout.

Il marqua un temps, finit son thé.

- Si vous avez davantage de détails à me donner dans l'immédiat, je vous écoute. En tous les cas, je vous mettrai en contact avec un de mes shinobis qui sera responsa...

- Haruno Maïka, jônin de Konoha. Volontaire.

Deal with it:

L'attention générale convergea vers la demoiselle. Elle venait de s'approprier la conversation sans la moindre espèce de gêne.
Onpu la dévisagea. Elle ? Alors qu'elle lui avait fait part de ses doutes sur le sujet ?
Il crut déceler une imperceptible malice sur son visage à travers l'hologramme. Elle voulait garder personnellement un œil sur cet affaire.

- Eh bien voilà qui est fait. C'est à Maïka qu'il vous faudra vous adresser pour la suite.

Micro-instant de vérité technologique : Satoshi allait-il pouvoir se retourner vers elle ? Le système de projection holographique permettait-il à son utilisateur de pivoter à 360° pour observer et communiquer avec chaque individu des lieux ?

Le Rokudaime sembla plus que séduit par l'idée. Satoshi n'avait nullement besoin d'être conforté dans ces choix, mais le ralliement de l'ombre du feu à sa cause consistait en une première victoire. Trois autres personnes restaient à convaincre, sans doutes seraient-elles beaucoup plus difficiles, mais un fait en entraînant un autre, chaque allié donnait un poids supplémentaire à chacune de ses paroles. Hanashi Zanshi serait donc la dernière personne à recevoir ce message, une fois qu'il aurait obtenu l'attention du Raikage et du nouveau dirigeant du Shukai. En attendant, l'ancien chef des Saibogu demeurait un homme de parole.

-Vous décidez de faire ce choix. Dans ce cas permettez-moi de vous montrer un avant-goût de ce que pourrait être notre avenir à tous si ce projet venait à aboutir.

Le dispositif de communication déploya d'autres projecteurs, envoyant des images holographiques qui se mirent à aller et venir dans l'espace de la pièce, permettant ainsi à chacun de voir leur contenu. On y voyait des ordinateurs, des barrages hydroélectrique, des appareils médicaux, des prothèses bioniques, des systèmes de purification des eaux et bien plus encore. Mais ce que Satoshi désirait réellement montrer était l'aboutissement d'un travail de toute une vie. Le déploiement holographique s'intensifia. Un bruit sourd laissait sous entendre que le disque de sceaux imprimés était poussé dans ses derniers retranchements.

Les murs de la salle s'effacèrent pour laisser place à un environnement extérieur. Alors, d'immenses constructions faites de fers et d'aciers venaient germer de la terre pour défier les cieux. Tous n'étaient plus que technologie, progrès et renouveau. Une ville moderne venait de prendre place. Tout était plus grand, plus riche, plus rapide. L'information circulait, la connaissance était partagé à chacun. On y voyait des écoles, déversant leur savoir sur de jeunes étudiants. D'immenses ateliers disponibles à tous afin que chacun laisse libre cours à leur imagination. Que chacun puisse apporter sa propre pierre à cet édifice qu'était le monde. Des laboratoires et hôpitaux œuvraient de concert avec la technologie pour guérir fléaux et maladies.

-Tout ceci peut paraître utopique, mais il nous est cependant possible d'en faire une réalité.

La projection global ce dissipa.

-Pour ce faire, nous aurons besoins des appuis politique et économique de chaque grandes nations. Vous êtes le premier à accepter Hokage-sama. J'ose pouvoir espérer quérir votre appuie afin de convaincre vos homologues.

Utiliser tous les atouts à sa disposition pour parvenir à ce but.

-Cependant tout est encore à faire. En ce qui concerne la localisation, elle sera à définir par le futur conseil qui présidera cette-même cité. Il sera composé de représentants de Konoha, du Shukai, de Kumo et finalement de Suna. Les pouvoirs seront distribués à part égal, ce qui permettra ainsi d'empêcher toute dérive tout en permettant d’œuvrer de concert. Les Saibogu neutre ainsi que certain Shinobi auront un rôle exécutif au sein de la cité.

Il ne comptait nullement cacher l'implication qu'allait avoir son clan dans cette affaire. Pour ainsi dire, l'appuie de ses ingénieurs seraient indispensables.

-J'ai pris l'initiative de démissionner de mon post afin que moi-même ainsi que certains Saibogu ne soyons plus ralliés à Suna de sorte à garantir l'équité de notre implication dans ce projet. La cité sera régit par cette même idéologie impartiale.

Le système commençait à atteindre ses limites. La connexion serait coupée sous peu. Néanmoins Satoshi était parvenu à atteindre son premier objectif.

-Ce fut un honneur pour moi de converser avec vous tout comme d'apprendre que vous seriez prêt à faire parti de ce projet d'envergure. Je vous recontacterai très prochainement par le biais de ce même dispositif.

Il y eut un moment de silence durant lequel l'ancien Chef laissa à tous le temps d'assimiler l’ensemble des informations qui venaient d'êtres fournis. L’hologramme ne bougea pas lorsqu'il s'adressa au messager.

-Saibogu Rantan. Votre prochaine mission consistera à vous rendre à Kumo pour vous entretenir avec Seki Zennosuke. Haruno Maïka vous accompagnera pour ce voyage.

L'imagerie se mit à clignoter brusquement.

-Il est à présent temps de nous quitter. Myakudou Onpu, Konohajin. Je vous présente mes plus sincères respects et vous remercies pour votre participations.

L'hologramme disparu. Le disque s'éteignit. Satoshi n'était plus là. Il ne l'avait jamais vraiment été...

Écoutant silencieusement son Hokage, Natsuki ne fut pas déçu de le voir à la hauteur de sa réputation. Onpu avait beau l'air d'avoir tout le temps la tête dans les nuages – ou à côté de la plaque en fonction des moments -, il n'en était pas stupide pour autant. Les pieds bien sur terre, il se montrait très réfléchit sur les possibilités et les conséquences qu’impliquaient le projet de Satoshi. Le Nara tatoué partageait donc son avis, retrouvant dans le discours du luthier ses propres appréhensions. Même en voulant la réglementer, tant de technologie finira forcément par tomber dans le domaine du public, avec un accès progressif à tous. C'est déjà le cas pour une partie de ce qui contribue au confort de vie du citoyen moyen. Beaucoup plus est-il forcément nécessaire ? Il avait déjà pu voir sur le champs de bataille ou dans les histoires de ses frères d'arme ce dont était capable la science militaire des Saibogu. Alors si elle était à la disposition de chacun...

Au final, Natsuki en retint surtout cette phrase : ils avaient autant à perdre qu'à gagner. Le monde changeait, avec ou sans eux, et il ne dépendait que de leur réponse de participer activement à ce changement. Lui donner la direction que l'on voulait, ou la subir. Présenté ainsi, évidemment... Cela pouvait-il marcher ? Au final, pourquoi pas ? La technologie n'était pas si différente de l'art de manipuler le chakra au final. Les Villages s'efforçaient de garder un contrôle dessus, mais n'importe qui pouvait plus ou moins parvenir à le maîtriser, et en faire ce qu'il voulait. Fallait-il donc se doter de la même force que l'Autre pour endiguer ce qui était appelé '' dérive '' ? Utiliser la science avec conscience, un point de vue qui restait tout subjectif, car qui pouvait vraiment définir ce qui était bien et ce qui ne l'était pas ? Il n'y avait pas de projets sans risque après tout. Si personne n'avait fait de pas en avant jusqu'à présent, l'on vivrait encore tous dans des grottes, dans un monde où l'Homme serait placé assez bas dans la chaîne alimentaire. Chaque avancé pouvait conduire le monde à sa perte sans maîtrise. Elle apportait son lot de souffrances, et d'avantages. Le tout était d'anticiper quand la balance penchera trop du mauvais côté : ce que prévoyait le Saibogu avec le Conseil dans la cité-état qu'il voulait bâtir. Concentrer toutes les technologies en un seul point, et accentuer les inégalités entre les peuples d'une même nation. Une de plus ou de moins cela dit...

Natsuki senti le regard de Maïka, à qui il en renvoya un similaire. Lui aussi restait mitigé quant à tout cela, autant sur le fond que sur la motivation de Satoshi. Ce n'était pas juste une question anodine, comme la répartition du budget annuel : il s'agit d'un projet d'une ampleur colossale, avec des répercutions qui le seront tout autant, positives ou non. Fallait-il craindre le changement et rester sur place, ou l'accepter avec méfiance ? L'histoire de l'évolution a plus souvent penché vers la deuxième option, et le monde tenait encore debout. Dans quel état, cela par contre...

En tant que dirigeant du Village de la Feuille, Onpu était plutôt partant pour ce projet. Restait à convaincre les autres Kage. Mais pourquoi se limiter à eux ? Les Ombres n'étaient jamais que les représentants d'un Village, une force militaire relativement indépendante. Relativement, car un Village appartenait au Pays qui l'hébergeait. Là était d'ailleurs le sujet d'un débat houleux avec les Daimyos, lesquels en avaient souvent assez que les shinobis n'en fassent qu'à leur tête, et amènent plus de tracas que de solutions à leur nation. Indépendance ou non ? Toujours est-il que si tant de technologies devaient devenir disponible, les Chefs des différents Pays risqueraient de le voir d'un assez mauvais œil si elles restaient à l'usage exclusif des Villages Ninjas. Cela pourrait conduire à des guerres internes, ou pire. Pourquoi donc, exclure les Daimyos de ce projet d'ampleur mondial ? Il posera la question plus tard, mieux valait pour le moment ne pas interrompre le cours de la conversation. Un cours qui prit une tournure tout simplement fascinante.

Ce fut comme être projeté au sein même de l'imaginaire. Le disque de communication les envoya tout droit dans un autre univers, où la technologie avait imposé sa domination sur tout. Rêve ou cauchemar, cela dépendait de la perspective, mais cela avait au moins le mérite d'être impressionnant. Natsuki ne pu que marquer sa surprise, les yeux écarquillés au point d'en masquer ses cernes. Il savait que ce qu'il voyait était une finalité possible, et non ce qui arrivera demain, mais pour sa part, il ne pouvait pas s'empêcher de penser que c'était effrayant. Il y avait trop d'un coup. Il resta encore figé dans sa stupeur lorsque la projection se dissipa, et les ramena dans la réalité bien solide qu'était les quatre murs du bureau d'Onpu.

Satoshi avait bien travaillé son projet, ne laissant aucune faille apparente. Celles-ci se révéleraient cependant au fur et à mesure, Natsuki en était sûr. Peut-être même trop tard... La suite allait se dessiner d'elle-même maintenant : Rantan allait continuer de ronchonner en faisant le facteur dans le reste du monde, et Maïka allait suivre l'avancement de ce projet de près. Konoha et la Racine avaient tous deux un pied dans l'affaire. Le premier pour le faire avancer, la seconde pour le surveiller.

« Bien... » commença Natsuki après que le silence se fit dans le bureau suite au départ du Saibogu holographique. « Vu la tournure des événements, il semblerait que vous n'allez pas directement rentrer chez vous, Rantan, ni même repartir tout de suite. Maïka et nous même allons avoir besoin d'un peu temps pour tout mettre en ordre avant son départ avec vous. Partir maintenant n'est de toute façon pas concevable. Kumo est à plusieurs jours d'ici, et nous craignons ne pas pouvoir nous déplacer aussi rapidement que vous avec votre tenue volante. Puis-je vous recommander un endroit pour vous détendre et passez la nuit ? Vous êtes notre invité après tout. »

Un invité qui une fois ses oreilles éloignées permettra une autre discussion entre les trois Konohajin présents dans le bureau. Les prémices d'une nouvelle page de l'histoire s'annonçaient.